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restera-t-il ? On sera donc forcé d’avoir du talent pour (Vue des pièces ? Il fnut avouer que oc serait bien dur t » 11 <»st. vrai que l’auteur des Français de la décadence éclabousse de son irrévérence bien mure chose ; qu’il rit, par exempta, fort, cavalièrement au nez des nommes providentiels : « Il me semble que depuis quelque temps on iibuse singulièrement de la mission providentielle. Il devient impossible de faire à un homme d’État une observation sur la manière dont il tient le gouvernail, sans qu’il réponde immédiatement que ce n’est pas son affaire, qu’il a une mission providentielle. Je crois qu’il est temps de s’arrêter sur cette pente glissante, sans quoi nous sommes exposés à tout. Que demain on essaye de faire comprendre à M’10 Gredinette qu’elle mené une conduite atroce, et qu’elle dévalise audacieusement les jeunes gens de bonne maison qui la déshonorent de leur confiance : « Moi, répliquera-t-elle, je

« ne dévalise personne ; j’ai une mission providentielle. Ces jeunes gens riches n’arri

« vent à rien. En les plongeant dans la plus profonde misère, je leur donne l’idée du travail. D’ailleurs, quand la Providence parle, je suis bien forcée d’obéir. * Que les hommes providentiels s’en tirent comme ils pourront. L’originalité du livre consiste dans ce mélange de gaieté et de piquante audace, d’imagination humoristique et de bon sens raffiné ; l’auteur otfie de plus ce trait caractéristique que rien ne lui est étranger, et que son ironie se promené à travers toutes les régions sous prétexte de raconter jour par jour, scène par scène, la comédie du temps, en se promenant partout dans Paris, la lanterne de Diogene à la niam.

Ffantui» (lk). Divers journaux ont été publiés sous ce titre :

Le Français ou Guerre aux abus (in-8°, (1790) ;^

Le Français à Madrid, ou Correspondance du comte de **’ sur la situation politique actuelle de l’Espagne, etc. (1870, 2 nos jn-s) ;

Le Bon Français, avec cette épigraphe : Dieu et le roi (1816-1818, 542 nos in-ful.) ;

Le Français, Dieu, la France et le roi, la loi, l’honneur et les dames, etc. (1829) ;

Le Français politique et littéraire (1831, in-fol.) ;

Le Bon Français (1833), politique, hebdomadaire ;

Un autre Bon Français, en 1836 ;

Le Vrai Français, journal mensuel, politique, philosophique et littéraire (1830-1831, 9 nos) ;

Le Français, politique, quotidien, organe du catholicisme libéral, dont la publication a commencé en 1869,

Ce dernier journal, dont les débuts furent assez pâles, a acquis une certaine vogue depuis la réunion de l’Assemblée nationale, dont il soutient les aspirations rétrogrades. Il représente, en religion, les idées de M. Dupanloup ; en politique, celles de M. de Ravinel.

FRANÇAIS (CAP-). V. CAP-HaÏTIEN.

FRANÇAIS (Antoine), plus connu sous le nom de Français de Nanic», homme politique et pubiieiste, né à Beaurepaire (Isère), mort à Paris en 1836. Le père de Français était notaire et signait François. Avant 1789, Antoine était avocat et directeur des douanes à Nantes, poste brillant qu’il occupait avec un certain éclat. La Révolution le surprit ; mais il consentit à perdre sa place, prévoyant qu’il jouerait, dans le drame politique qui commençait, un rôle plus grand et plus applaudi. Les philosophes du xvme siècle

avaient préparé son esprit à cet immense revirement ; il fut à Nantes un des patriotes les plus exaltés, et son éloquence le mit à la tête de la Société des amis de la Constitution, fondée dans cette ville. Il était déjà membre de la municipalité de Nantes, quand les électeurs de la Loire-Inférieure le nommèrent député à l’Assemblée législative. On connaît ses fameuses harangues qui lui firent, dès l’abord, une réputation dans cette réunion, où les orateurs ne manquaient pas. Les honneurs arrivèrent en foule ; il fut nommé membre du comité de l’agriculture et du commerce et de la commission extraordinaire des Douze, chargée d’une enquête à propos des troubles. Français en’profita pour se livrer a toute la fougue de son éloquence. Il proposait de déporter les prêtres non assermentés, et d’autres mesures aussi violentes ; le pape, comme on le.pense, ne fut pas épargné. On accueillit par de frénétiques applaudissements ces paroles assez singulières : « Ce prince, burlesquement menaçant, cherche à prendre l’attitude du Jupiter tonnant de Phidias ; mais ses traits impuissants viennent s’émousser contre le bouclier de la liberté placé sur le sommet des Alpes. » Cette emphase régnait dans tout le pamphlet. Que dire de ce déchaînement ? « Depuis que le fanatisme a étendu sur les campagnes des crêpes ensanglantés, j’ai vu les morts sans sépulture ; j’ai vu les liens les plus sacrés rompus, les flambeaux de l’hyménée ne jeter qu’une lueur pâle et sombre... J’ai vu le squelette hideux de la superstition s’asseoir jusque dans la couche nuptiale, se placer entre la nature et les époux, arrêter le plus impétueux des penchants. > Vous reconnaissez là une charge à fond contre le clergé. Ces magnifiques périodes eurent un succès incroyable. L’orateur fut interrompu plus de trente fois, son discours fut imprimé aux frais de l’État et

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répandu avec profusion dans le public. Un peu plus tard, répondant aux sinistres pressentiments du ministre Roland, et lui reprochant ses atermoiements : « Eh ! quel est celui des Français qui pourrait so livrer à un lâche abattement, lorsqu’il considère que les despotes ne pouvaient faire en plusieurs années cette levée de 100, oûo hommes que le cri seul de la liberté a faite en un jour ; lorsque nous avons tant de peine à retenir cette bouillante ardeur, qui semble entraîner la France libre sur l’Europe esclave ou ennemie ; lorsque dix millions de bras n’attendent plus que le premier coup de canon pour aller vers les peuples qui les appellent et préparer l’affranchissement du genre humain ? Et nous aussi, nous avons eu à gémir en parcourant l’histoire des troubles que cette etïervescencea fait naître ; mais lorsque, après avoir payé à l’humanité ce tribut de sensibilité, nous avons considéré de sang-froid les causes de ces troubles, nous n’y avons trouvé aucun caractère qui puisse présager des périls pour la liberté. Nous avons entendu, à la vérité, une poignée d esclaves décorés crier : À la noblesse ! d’autres, armés de poignards, crier : À la monarchie ! d’autres, couverts d’habits lugubres, «ier : À la religion ! et quelques-uns. A la République ! mais, au milieu de tous ces cris, nous avons entendu une voix toute-puissante qui les couvrait tous ; cette vx)ix retentissait de tous les points de l’empire ; c’était celle de la nation ; elle disait : Périssent toutes les factions ! Nous voulons la constitution et la loi. ■ De justes applaudissements accueillirent ces accents véritablement patriotiques, et la popularité de Français s accrut de jour en jour, au point qu’il fut nommé président de l’Assemblée.

Il occupait ce poste honorable, mais difficile et périlleux, quand eut lieu l’orageuse séance du 20 décembre. Effrayé peut-être de la marche que prenait la Révolution, il s’effaça complètement, et alla dans l’Isère « bêcher tranquillement son jardin. » La Convention ne l’avait pas réélu ; et la réaction, prenant avec raison pour un blâme tacite ce silence gardé par 1 orateur, commença contre lui un système de persécutions, jusqu’à ce que le 13 vendémiaire vînt lui rendre son titre d’administrateur du département de l’Isère octobre 1795). Mais ce ne fut que le 18 fructidor an V (septembre 1797) qu’il fut reporté à la représentation nationale. L’an Vit, le département de l’Isère l’envoya au conseil des Cinq-Cents, où il se distingua. Ce fut lui qui rédigea la proclamation adressée au peuple français (même année), pour le pousser à la défense des frontières menacées de toutes parts. Cinq jours après, il lisait une diatribe virulente contre les royalises du Midi, qui égorgeaient les patriotes, et appelait à la défense du pays les citoyens grenoblois. On se souvient aussi de ses discours sur la liberté de la presse, sur les services que l’imprimerie avait rendus à l’humanité. Il fit partie de la commission des Onze, chargée d’un rapport sur les moyens que l’Assemblée devait prendre pour assurer les résultats de la Révolution : « Plus de régime arbitraire, décriai t-ii, plus de tyrannie..., la liberté, la constitution, voilà notre devoir à tous. » Bientôt il eut à lutter contre le 18 brumaire ; mais le gouvernement consulaire parvint àtriompher de sa répugnance pour la constitution de l’an VIII, et lui fit accepter une place de préfet dans la Charente-Inférieure. En l’an XII, le même gouvernement le mit à la tête de l’administration des droits réunis, emploi qu’il conserva pendant toute la durée de l’Empire. 11 se laissa parfaitement faire comte, grand officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre de la Réunion, en dépit de ses anciennes professions de foi. Il eut des bureaux et un nombre considérable d’employés, qu’il traitait avec une douceur et une indulgence incroyables. C’étaient pour la plupart des gens de lettres qui avaient essayé de parvenir. Français se plaisait dans ce milieu turbulent. Napoléon, qui avait l’œil sur lui, témoignait quelque mécontentement de ce club littéraire : « C’est un véritable nid d’aiglons, disait-il, que cette maison de Sainte-Avoye ! » Et pourtant, la politique était peut-être la moindre de leurs occupations, témoin ce fait. Un jeune diplomate avait la coupable habitude de ne jamais arriver à son poste à l’heure indiquée, et, le chef de bureau s’étant plaint, Français se décida à faire à l’incriminé les observations de rigueur. Le jeune homme avoua qu’il s’arrêtait toujours, malgré lui, sur le boulevard du Temple, devant un polichinelle : « Bah 1 lui dit Français avec une surprise tout à fait naïve, et comment se fait-il donc que je ne vous y aie jamais rencontré ? »

Il perdit sous la Restauration sa direction des droits réunis, mais fut, en revanche, nommé conseiller d’État. Il fut maintenu lors du retour de l’Ile d’Elbe. Après 1S15, il retourna à sa bêche. Les électeurs de l’Isère l’envoyèrent siéger à la Chambre des députés (1818). Inutile d’ajouter qu’il était de la gauche. Dans une discussion du budget, il prit la parole à l’occasion des contributions indirectes, et sema de tant de fleurs le domaine de l’impôt, naturellement peu poétique, qu’on aurait pu l’appeler VAnucréon de la fiscalité. Son rôle politique était fini ; il se retira dans sa propriété de Seine-et-Marne, où il écrivit des ouvrages pleins de finesse et d’esprit, qui eurent beaucoup do succès.

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Nommé pair de France par Louis-Philippe en 1831, il fut emporté c’n9, ans après par une attaque de paralysie.

On doit à Français de Nantes t Projet d’une adresse de l’Assemblée nationale au roi (in-8°), relatif aux mesures à prendre contre les émigrés ; Rapport et projet de décret concernant le jais brut et le jais travaillé (1792) ; Almanach des républicains, pour la troisième année de la République (Grenoble, an III, in-12) ; Coup d’ceil rapide sur les moeurs, les lois, les contributions, les secours publics, les sociétés politiques, les cultes, le théâtre, etc., et sur tous les moyens propres à affermir la constitution de l’un III (Grenoble, an VI, in-12) ; le Manuscrit de feu M. Jérôme, contenant son œuvre inédite, une notice biographique sur sa personne, un fac-similé de son écriture et le ortrait de cet illustre contemporain (Paris, 1825, in-s°) ; Recueil de fadaises, composé sur la. montagne, à ’usage des habitants de la plaine, par M. Jérôme, en son vivant littérateur distingué et consommateur accrédité dans le faubourg Saint-Marceau (Paris, 1826, 2 vol. in-8">) ; Voyage dans la vallée des originaux (Paris, 1828, 3 vol. in-12), sous le pseudonyme de feu M. du Coudrier ; Tableau de la nie rurale ou l’Agriculture enseignée d’une manière dramatique (Paris, 1829, 3 vol. in-8°), sous le pseudonyme des feu Desarmeaux, fils naturel de M. Jérôme. Français de Nantes a donné des articles à la France littéraire, de M. Charles Malo, et à plusieurs autres recueils périodiques de Paris.

FRANÇAIS (François-Louis), peintre français, né à Plombières (Vosges) le 17 novembre 1814. Ses parents voulaient qu’il étudiât les mathématiques, mais l’esprit du jeune homme rêvait une autre carrière. En 1829, il vint à Paris et entra chez un libraire comme garçon de magasin. La lutte fut longue et difficile. Enfin, au bout de cinq années, ayant acquis un certain talent comme dessinateur, il exécuta des vignettes sur bois pour les éditions de luxe ; puis, dans ses moments de loisir, il étudiait la peinture, à laquelle il devait bientôt s’adonner exclusivement. MM. Gigoux et Corot furent ses professeurs, sinon ses maîtres.

Le peintre d’Orphée a obtenu une troisième médaille en 1841, une première en 1848, et trois premières médailles en 1848, 1855 et 1867. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1853. Ses premières toiles trahissaient une sorte de pesanteur native, dont les paysagistes, en général, ne parviennent pas toujours à se débarrasser ; mais chaque année a affirmé un progrès de sa part, et il a su bientôt donner à son pinceau l’exquise légèreté de son crayon.

Il a exposé à presque tous les Salons de 1837 à 1865. Son premier paysage : Une chanson sous les saules, a été peint en collaboration avec M. Baron ; il fut très-remarqué, et l’artiste comprit dès lors que son genre était celui-là. On lui doit depuis : Jardin antique, le Parc de Saint-Cloud, avec des figures de M. Meissonier ; Soleil couchant en Italie, le Paysan rabattant sa faux, la Fin de l’hiver, le Ravin de Nepi et une Vue des environs de Rome (1853). Il reparut à l’Exposition universelle de 1855, avec ces quatre dernières toiles et un Sentier dans les blés, qui révèle un paysagiste de premier ordre. Indiquons ensuite le Ruisseau de Neuf-Pré, et plusieurs toiles de moindre importance, entre autres : un Buisson (1857) ; les Bords du Gapeau, les Hêtres de la côte de Grâce (1859) ; Vue prise au Bas-Meudon, Au bord de l’eau (environs de Paris), et le Soir (1861) ; Orphée (1863) ; le Rois sacré (1861), et les Nouvelles fouilles de Pompéi (1865).

Mais l’œuvre capitale de M. Français, celle à laquelle il a attaché son nom, est son tableau d’Orphée. « La vue d’un clair de lune, dit M. Maxime Ducamp, l’a fait penser à Orphée, et, s’aidant de ses études, il a composé un paysage qui rend et communique l’impression qu’il a ressentie. C’est là une méthode excellente et vraiment digne d’un artiste. M. Français a voulu réunir dans une même œuvre la double tradition de l’école classique et de l’école romantique. Cependant il n’a point fait un paysage de pure fantaisie, comme les classiques qui, croyant s’inspirer de Claude Lorrain, renversent absolument sa tradition ; il ne s’est pas contenté non plus, comme les romantiques, de copier servilement la nature. D’autre part, l’artiste n’a point cherché si, dans les mythes antiques, Orphée, le joueur de lyre, déchiré par les joueurs de flûte et de tambourin, ne symbolisait pas la grande lutte qui divisa le monde ancien, la lutte de l’esprit contre la matière, de la lyre contre la Mute, d’Apollon contre Bacchus, du dieu hyperboréen contre le dieu méridional, lutte traversée d’aventures diverses, donnant parfois la victoire à Apollon, lorsqu’il écorche Marsyas vaincu, et parfois à Bacchus, lorsque ses prêtres tuent l’amant d’Eurydice, lutte qui dura jusqu’au jour où, dans les fêtes d’Eleusis, on réunit les flûtes aux lyres, où l’on réconcilia la matière et l’esprit dans le culte de la Bonne déesse. »

L’artiste ne s’est point préoccupé de cette querelle mythologique ; mais, inspiré par un sujet spiritualiste, il a créé un paysage d’une beauté idéale. La légende lui a suffi, et deux vers murmurés à son oreille par Virgile lui ont révélé tout ce mystère. C’est la nuit ; la lune arrondit son pâle croissant dans un ciel d’améthyste tout parsemé d’étoiles, dont la lumière nacrée donne à la composition une incomparable douceur ; de hauts cyprès immobiles poussent dans l’éther leur tiges vigoureuses, débordantes de sève ; des lauriers se contournent dans leur robuste vigueur ; les indécisions de la nuit humide noient les masses profondes de la forêt, au delà de laquelle on aperçoit la mer immense ; auprès d’un grand tombeau de forme grecque, et portant le nom cher d’Eurydice, Une théorie de ses compagnes vient jeter des fleurs et verser des larmes. Isolé au premier plan, appuyé contre un jeune laurier, sa lyre tombée près de lui, Orphée, les pieds sur l’herbe ruisselante de rosée, toute fleurie de marguerites, crie le nom adoré, auquel répond seul l’écho :

Ah ! miseram Eurydicen !

Dans ce tableau d’Orphée, le dessin et le coloris sont égaux, d’une pureté et d’une puissance rares chez les peintres de la nouvelle école ; les harmonies nocturnes, rendues avec une extrême fidélité, imprègnent le paysage de la même poésie qu’elles donnent à la nature. Tout y est lumineux, tout y est en rapport, malgré les tons obscurs qu’avait à rendre l’artiste. C’est une symphonie d’une mélancolie et d’un charme extraordinaires : c’est la lyre qui pleure, c’est le deuil d’Apollon.

Ce tableau a été conçu à un point de vue très-élevé. Il montre que la nature, dans sa loi fatale, est implacable pour l’homme, qu’elle regorge de vie, pendant que celui-ci s’enfonce dans la mort. « 0 marâtre ! pourquoi ne veux-tu pas me consoler ? Je souffre tant ! » Les poëtes ont compris cela, et ce n’est point sans motif que Byron a mis pour repoussoir aux affreuses péripéties du naufrage de don Juan un ciel bleu et une mer paisible. Cet horrible et nécessaire malentendu de l’homme et de la nature, M. Français l’a rendu de main de maître et avec une grandiose simplicité. Cependant la critique lui a fait le reproche, s’étant inspiré de Virgile, d’avoir corrigé Virgile ; en d’autres termes, de n’avoir pas compris que l’isolement rend la douleur plus âpre et plus profonde. Le poëte ne s’y est point trompé ; son Orphée est seul sur le rivage solitaire.

Ipie cava solans ægrum testudine amorem,
Te, dulcis conjux, te solo in littore secum
Te, veniente die, te, decedente, canebat.

Après Orphée, la toile la plus importante de M. Français est sans contredit son Rois sacré. Ce n’est plus la mystérieuse tristesse de la nuit que l’artiste, cette fois, a essayé de rendre ; c’est une fête de la nature, une aube de printemps, où tout est lumière, fraîcheur et parfum. Cette toile restera comme une des meilleures de M. Français. Cet artiste a exposé depuis lors : Enuirons de Paris, Environs de Rome (1866) ; Maison de campagne, et divers tableaux déjà exposés (1867) ; les Regains, la Vallée de Munster (1868) ; le Mont Blanc, vu de Saint-Gergues (1869), etc. M. Français est officier de la Légion d’honneur.

M. Français a collaboré, en 1855, avec MM. Girardet et Catenacci, à l’illustration de la Toumine, publiée par la librairie Maine, de Tours. On lui doit également des aquarelles dont les connaisseurs font le plus grand cas. Il n’a guère de rivaux en ce genre que MM. Baron et Harpignie.

FRANÇAISE (La), bourg de France (Tarn-et-Garonne), ch.-l. de cant., arrond. et à 16 kilom. N.-O. de Montauban, à 1 kilom. de la rive droite de la Garonne ; pop. aggl., 1,017. hab. — pop. tot., 3,578 hab. Moulins ; commerce de grains et de bestiaux.

FRANC-ALLEU s. m. Féod. V. franc.

FRANC-ALLEU, ancien pays de France, sur les confins de la haute Marche et de la basse Auvergne. Ses villes principales étaient Semur et Mainsat. Son nom lui venait de ce qu’il n’était soumis à aucune charge ni redevance ; il fait aujourd’hui partie du. département de la Creuse.

FRANC-ARCHER s. m. Soldat d’une milice établie par Charles VII, et qui se composait d’hommes dont chacun était fourni par une paroisse.

— Encycl. Il n’y a jamais eu de francs-archers à cheval. Le nom des francs-archers différait de celui des autres archers à pied, parce qu’ils étaient exempts de taille, de guet et de garde, ce qui leur tenait lieu de solde.

« Cette exemption tenait lieu d’une paye royale ; car ils n’étaient pas rétribués par l’Etat. C’est pourquoi les écrivains les ont regardés comme le type de notre garde nationale. Mais la comparaison n’est pas juste, parce qu’ils vivaient, en temps de guerre, sur l’extraordinaire des guerres. » (Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre.) Les francs-archers recevaient, à l’armée, une solde de 4 livres par mois, suivant Velly ; 50 sous, suivant Bontemps, et 18 livres, suivant Servan.

Charles VII institua les francs-archers par l’édit de Tours du 28 avril 1448. Chaque paroisse de 50 feux était obligée de tenir en armes un homme apte à faire campagne, le plus avisé pour l’exercice de l’arc. Ces francs-archers étaient aussi nommés archers de réserve dans l’édit, et devaient s’exercer, les dimanches et fêtes, à tirer de l’arc ou à berser (décocher un trait), suivant une expression du temps. L’édit de Tours «est le premier régle-