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dant qu’il en revenait pour la troisième fois. Il donna ou plutôt il vendit quelques chartes favorables a l’émancipation des classes agricoles.— Foulques IV, dit le Béchin, pelit-rils du précédent, né à Chàteau-Landon en 10-13, mort à Anger3 on 1109, dépouilla son frère aine, Geoffroy le Barbu, de l’Anjou et de la Touraine (lOOS).Une querelle entra lui et Raoul, archevêque de Tours, faillit lui être funeste ; mais il gagna à prix d’argent les commissaires nommés par le pape et fut déclaré par eux innocent de tout ce dont on l’accusait. Il eut trois femmes et répudia les deux premières pour épouser Bertrade de Montl’ort, qui, au bout de trois ans, le quitta pour devenir la femme de Philippe Ier, roi de Franco (v. Bkiitradb).Foulques V, le Senne, comte d’Anjou, du Maine, de Touraine, et roi de Jérusalem, né en 1000, mort en 1142. Il secourut Louis le Gros contre les Anglais, mais en exigeant, comme récompense, la dignité de grand sénéchal, maria plus tard son his, Geoffroy Plaïuagenet, à la fille de Henri Ier, roi d’Angleterre, et prépara ainsi l’élévation de sa maison au rang royal. Il alla ensuite combattre eu Palestine, épousa la fille de Baudouin II, roi de Jérusalem, a qui il succéda en 1131, rétablit l’ordre dans son nouveau royaume et mourut d’une chute d« cheval, dans la plaine de Ptolémaïs.

FOULQUES, en latin Fulco, prélat français, mort en 900. Il appartenait à une maison illustre. Il était chanoine de Reims et abbé de Saint-Berlin (877), lorsqu’il fut appelé à Ut cour de Charles le Chauve, où il remplit d’importantes fonctions. Nommé archevêque de Reims en 883, il fit revivre les études ecclésiastiques dans son diocèse et prit une

grande part aux affaires politiques après la mort de Louis III et de Carloman. Bn 893, il couronna solennellement Charles le Simple, qui le nomma chancelier de son royaume et lui donna l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras. Baudouin, comte de Flandre, irrité de voir passer entre les mains de Foulques cette abbaye, dont il convoitait les revenus, le fit assassiner par un de ses officiers.

FOULQUES DE NEUILLY, prédicateur français, mort en 1201.11 était curé à Neuilly-sur-Slarne et acquit une grande réputation par son éloquence ; il s’attachaitsurtout à convertir les courtisanes et les usuriers et se signala par le courage avec lequel il reprochait publiquement aux princes les fautes qu’ils

avaient commises. Ayant exhorté un jour Richard Cœur de Lion k se débarrasser de ses trois méchantes filles, Superbe, Cupidité et Luxure, le roi répondit par cette mordante épigranime : « Pour me conformer aux vœux de cet hypocrite, je donnerai mes trois filles en mariage : Superbe aux templiers, Cupidité aux moines de Citeaux et Luxure aux prélats de mon Église. » La renommée de Foulques parvint jusqu’à" Rome, et le pape l’engugoa à prêcher, en 11D8, la quatrième croisade, ce qu’il lit avec succès.

« Ce Foulques de Neuilly enflammait tellement, dit l’historien des Croisades, tous les peuples par ses paroles plus simples que nombreuses, et non-seulement les plus petits, mais même les rois et les princes, que nul n’osait ou ne pouvait lui résister. Ils accouraient donc en grande foule des pays éloignés pour l’entendre et voir les miracles que le Seigneur "opérait par lui, .. Ceux qui pouvaient déchirer la moindre petite portion de ses vêtements s’estimaient heureux.

« Aussi, comme on recherchait beaucoup ses vêtements, et que la multitude des peuples les lui arrachait sans cesse, presque tous les jours il était obligé d’avoir une nouvelle soutane. Et comme habituellement la foule le pressait d’une manière intolérable, il frappait fortement les importuns d’un bâton qu’il tenait à la main, pour ne pas être étouffé par ceux qui désiraient le toucher. Et, bien qu’il blessât quelquefois ceux qu’il frappait, ceuxci cependant n’en étaient point offensés et n’en murmuraient point ; mais, dans l’excès do leur dévotion et dans la fermeté de leur foi, ils baisaient leur propre sang, comme étant sanctifié par l’homme de Dieu. Un certain jour, comme un homme déchirait trop violemment sa soutane, il parla a la foule, disant : « Gardez-vous de déchirer mes vètements, qui ne sont pas bénits ; mais je vais bénir la robe de cet homme. » Alors il fit le signe de la croix, et aussitôt le peuple déchira en mille pièces la robe de cet homme et chacun en conserva un petit morceau, t

FOULQUES (Gui de), pape. V. Clemknt IV.

FOULQUES DE MA1ÎSEILLE, évêque et troubadour. V. Folquet.

Foulque* FUi-Wnpîu, poiime français du moyen ùge (1264). Il a été composé par quelque trouvère normand, passé en Angleterre, et il célèbre les exploits de Foulques, fils de Warin (Fulco, filins Warini, dans les chroniques), un des ulus turbulents barons de Jean sans Terre. D abord révolté contre Jean et contre son fils Henri III, Foulques remplit ces deux règnes de ses méfaits, puis il se rallia à la couronne et mourut dans la bataille de Lewc, livrée par le roi contre les rebelles, en combattant ses anciens compagnons d’armes.

Le potime, qui, pour donner la généalogie du héros, remonte jusqu’à l’histoire de la conquête, est rempli des combats et des aventures de ce haut baron ; il ne manque pas d’intérêt. Il est écrit eu français, le français

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étant encore à cette époque la langue de la noblesse anglo-normande, et il avait été composé en vers ; un copiste s’amusa à le mettre en prose, exercice alors fréquent, et c’est cette copie qui nous est seule parvenue. La peinture des mœurs et des localités est très-exacte, surtout en ce qui regarde le Shropshire et les frontières du pays de Galles, où l’action se passe le plus sauvent.

l’OULSTON (Jean), architecte anglais, né à Plymouth en 1772, mort en 1842. Le nom de cet artiste est étroitement lié à l’histoire de sa ville natale, dans laquelle il exécuta, pendant les trente dernières années de sa vie, presque tous les édifices publics. La réputation qu’il acquit dans ces travaux fut telle, qu’il en vint à être regardé comme l’architecte par excellence et qu’il reçut le surnom pompeux du Christophe Wreu de Plymouth. En 1838, il publia les dessins des principaux édifices qu’il avait fait construire. Parmi eux on remarque, à Plymouth : l’Hôtel royal, regardé comme son chef-d’œuvre, et le théâtre (1811), la Bourse (1813), l’Athénée (iSl8-1S19), la chapelle Saint-André (1823), la Bibliothèque publique ; à Devonport : l’hôtel de ville (1821-1822) ; la bibliothèque civile et militaire (1823) ; la chapelle de Mount-Sion (1823-1821) ; à Bodmin : l’hospice des aliénés du comté de Cornwall (1818), etc. Les deux styles dominants de ces constructions sont le dorique et l’ionique ; mais il a aussi essayé du style égyptien et du style indou ; il les a même mis tous les quatre on contraste direct dans les édifices qu’il a fait construire à Devonport.

FOULTA, ville de l’Indoustan anglais, présidence du Bengale, à 39 kilom. S.-E. de Calcutta, sur la rive gauche de l’Hougly. Bon ancrage. En 1756, les Anglais en furent chassés par un nabab du pays.

FOULTITUDE S. f. (foul-ti-tu-do — du fr.

fout’ ;, fait par analogie avec multitude). Mot burlesque, employé par plaisanterie comme synonyme de multitude : Donner une i-’oultitude de raisons.

FOULURE s. f. (fou-lu-re — rad. fouler). Blessure d’une partie foulée ; Les foulures sont souvent longues à guérir.

— s. f. Véner. Marques légères imprimées par le pied du cerf sur l’herbe ou sur les feuilles.

EOUIS AÏ, ville du Japon, dans l’île de Kiou-Siou, à 18-1 kilom. N.-E. do Nangasaki. Ville très-considérable, faisant beaucoup de commerce.

FOUNG-HOANG-TC111NG, ville de la Chine, proy. de Ching-King, près des frontières de la Corée, avec laquelle elle fait un grandcommerce, par 40° 30’ do latit. N’ et 121» 53’ de longit. E. On y fabrique beaucoup de papier do coton fort usité dans le Céleste-Empire pour remplacer les vitres.

FOUNG-TAO, ministre chinois, né en 887, mort en 960. Il devint, en 930, un des minis•tres de l’empereur de la Chine, Ming-Tsoung, conserva ses fonctions sous dix princes de Quatre dynasties, jouit de la plus haute influence et fit preuve d’autant de désintéressement que de capacité. On lui doit le plus ancien monument connu de l’imprimerie chinoise ; c’est une édition des Kinys, imprimée avec des planches do bois. Commencée la seconde année du règne de Ming-Tsoung, elle fut achevée l’an 952, c’est-à-dire en iron vingt ans après.

FOUNG-THIAN, ville de l’empire chinois.

V. MOUKDEN.

FOUiNG-THSIAI>(G, ville de la Chine, prov. de Chen-Si, ch.-1. du département de son nom, sur le Sin, affluent du Houang-Ho. Sa position sur la rivière est fort agréable ; le climat y est doux et salubre. Le département, environné de montagnes, -est fertile et bien ar rosé ; on y élève beaucoup de faucons et de vautours qu’on dresse et qu’on envoie dans les autres provinces de l’empire.

FOUiVG-YANG, ville de la Chine. V. FongYang.

FOUN1NGO s. m. (fou-nain-go — mot madôcasse). Ornith. Espèce de pigeon qui habite Madagascar.

FOUNTAINE (sir Andrew), archéologue anglais, né à Norford (Norfolk), mort en 1783. 11 devint vice-chambellan de la reine Cari* fine et conservateur de la monnaie Fouutaine avait réuni une magnifique collection d’objets d’art et était consulté comme un oracle en matière d’antiquités. On a de lui : Nw mixmata Anglo-Saxunica et Anglo-Daniea, ouvrage que Hickes a inséré dans son Thésaurus.

l’OUiNTAlNS-AUB’ÊY, monastère d’Angleterre, à 3 milles et demi de Ripon. Il passe à juste titre pour le pins curieux et le plus beau des édifices de la Grande-Bretagne. ■ L’emplacement de ce monastère, dit M. A. Esquiros, fut concédé en 1132 par Thurstan, archevêque d’York, à une communauté de moines qui résolurent d’adopter la règle de Citeaux. Huit ans après, le couvent fut brûlé, mais il trouva moyen de renaître de ses cendres. L’église fut fondée en 1204. L’abbé de Fountàins devint avec le temps un des plus riches du royaume, et ses domaines s’étendaient sur une surface de 30 milles. À l’époque de la dissolution des ordres religieux, l’abbaye et une partie des terres qui en dépendaient furent

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vendues à sir Richard Gresham. L’édifice, avec ses dépendances, couvrait jadis dix arpents de terrain. Les ruines, qui n’occupent pas, il s’en faut de beaucoup, une pareille étendue, sont admirables et se trouvent encore relevées par le feuillage luxuriant qui les entoure. Les tours et les murs sont encore debout ; il n’y a que le toit qui se soit écroulé. Miss Lawrence, ancienne propriétaire de l’abbaye, dépensa des sommes d’argent considérables pour disputer au temps et aux causes de dégradation naturelle ces précieux restes d’antiquité. Grâce à ses soins, on a aujourd’hui devant les yeux un beau monument gothique, s’affaissant, il est vrai, sous le poid3 de la vieillesse et de la décadence, mais encore rayonnant do beauté au milieu de la jeune et triomphante nature qui l’encadre de toutes parts avec tant de charme. »

fouque s. f. (fou-ke — lat. fulica, même, sens), urnith. Ancien nom do la foulque.

FOUQUE, écrivain français, mort en 1844. Il exerça la profession d’avocat à Gap. Il a publié, entre autres ouvrages : Esprit de la monarchie française ou le Vrai libéralisme démontré pur le progrès des franchises et prospérités nationales (Lagny, 1835-1S36, 2 vol. in-8°J) ; Jùistes de ta Provence ancienne et moderne (1S35-1S37, 2 vol. in-8°) ; Histoire raisonnée du commerce de Marseille (1S43, 2 vol. in-S°).

FOUQUÉ (de La Motte). V. La MottkFouqué.

FOUQUES- DESHAVES (Guillaume-François), dit Ucsfoiiiaiiica-Lavntlco, littérateur français. V. DliSi-’Oivr. UNES-LAVALLÉii.

FOUQUET s. m. (fou-kè). MamM. Ancien nom de l’écureuil.

— Ornith. Oiseau peu connu, qui habito l’île Maurice : La chair des jeunes fouQUETS est bonne à.manger. (V. de Bomare.) ,

— Encycl. Ornith. Les voyageurs désignent sous le nom de four/uet deux oiseaux palmipèdes, marins, d’habitudes nocturnes, peu connus d’ailleurs, qui habitent l’île Maurice. Ils ont tous deux la grosseur d’un petit canard, le bec recourbé à l’extrémité et les pieds palmés. L’un est tout noir ; l’autre a le ventre et le dessous des ailes blancs. Ces oiseaux vivent au sommet des montagnes de Maurice ou dans les trous de rocher des petites îles avoisinantes. C’est là qu’ils font, dans le courant d’octobre, un nid composé d’herbes sèches et de plumes, que la femelle arrache sous son ventre. La ponte est de deux œufs parfaitement semblables à ceux de la cane. Les petits, en naissant, sont couverts d’un duvet gris fort épais et très-doux, On a cru pendant longtemps, mais à tort, que les fouquets étaient des oiseaux de proie nocturnes. Il est vrai que c’est la nuit seulement qu’ils sortent de leur trou pour aller pêcher aans la mer les poissons dont ils font leur nourriture habituelle. Alors on les entend souvent pousser un cri aigre et fort qu’on a comparé à celui des chouettes et des hiboux. Les habitants prétendent que c’est un présage de beau temps pour le lendemain. On dit que la chair de ces oiseaux est bonne à manger. D’après quelques auteurs, ce palmipède serait le même que le diablotin de la Guadeloupe. II est probable, du reste, que les deux oiseaux confondus sous le nom de fouquet ne sont que deux variétés de la même espèce. Suivant M. P. Gervais, ils appartiennent au genre sterne ou hirondelle de mer.


FOUQUET (Jean Foucquet ou), le peintre français le plus éminent du XVe siècle, né à Tours vers 1415, mort vers 1485. Jeune encore et déjà célèbre, il lit le voyage d’Italie. « En 1443, dit Chalmel dans ses Tablettes chronologiques de Touraine, le pape Eugène IV lit placer dans l’église de la Minerve, à.Rome, son portrait peint par Jean Fouquet. Un Florentin, qui suivit’ en France le comte d’Armagnac, vers les premiers temps du règne de Louis XL et qui se fixa à Tours, Francesco Florio, nous a laissé un grand éloge de ce portrait et de son auteur ; il n’hésite pas à proclamer Jean Fouquet supérieur à tous les peintres de son siècle et même avix maîtres les plus illustres de l’antiquité. Ce témoignage d’admiration accordé à un artiste français par un littérateur italien est digne de remarque. Tout en faisant la part de ce qu’il peut avoir d’exagéré, on est bien obligé de reconnaître que 1 artiste qui fut jugé digne dépeindre le portrait d’un pape, pour une des principales églises de Rome, devait être un des maîtres les plus estimés de sou temps.

À son retour en France, Jean Fouquet fut employé à enrichir de miniatures des manuscrits exécutés pour de grands personnages. Le premier ouvrage en ce genre qui s’offre à nous avec une date certaine est la série de quatre-vingt-onze miniatures dont le maître de Tours illustra la traduction française d’une curieuse compilation de Boccacc, intitulée : les Cas (c’est-à-dire les infortunes) des nobles hommes et femmes malheureux. C’est à la bibliothèque de Munich qu’appartient aujourd’hui ce précieux manuscrit, dont la transcription fut terminée, comme l’indique la dernière ligne du texte, • le 24 novembre 1458, au lieu d’Habervilliers-lez-Saint-Denis, en France, pour Étienne Chevalier, conseiller du roi Charles VII, maître des comptes et trésorier de France. » Ces miniatures, éparses

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sur les 350 feuillets du volume, varient do dimension, do mérite et d’importance. Le frontispice en est le morceau capital ; il représente le roi Charles VII siégeant en un lit de justice, au milieu de prés de trois cents personnages, qui, bien que réduits à des proportions microscopiques, ont beaucoup de caractère et de style et ont d’ailleurs été évidemment peints d’après nature pour la plupart. « Cette composition, dit M. Valet do Viriville dans l’intéressante étude qu’il a publiée sur J. Fouquet, est peinte avec un ensemble, une variété, une harmonie qui décèleraient dans tous les temps un souverain maître de l’art. Datée de France et de 1458, elle a été attribuée par une méprise absurde, mais qui s’explique, aux frères Van Eyck, bien que le dernier de ces deux illustres artistes fut mort depuis 1441. 1 Aucune des miniatures du manuscrit de la bibliothèque do Munich ne porte de signature ; maisleur style, la manière dont elles sont peintes et le personnage pour lequel elles ont été faites ne permettent pas do douter qu’elles ne soient de la niai n de Fouquet ou tout au moins qu’elles n’aient été exécutées sous la direction de ce maître. Dans ces compositions, dit encore M. Valet de Viriville, « on remarque l’influence de l’antique et de l’Italie. Dans l’architecture ou l’ameublement, l’ogive et tout le système ogival disparaissent pour faire place au plein-cintre, à des attiques, à des rotondes, a des piliers et à des chapiteaux assortis... Partout aux plis roides, aux formes gauches, aux types sans dignité de l’art gothique succèdent des éléments plus libres, plus nobles et plus purs, inspirés par l’antique. Et pourtant le sentiment naïf et parfois délicat, cette fleurde l’art du moyen âge, y fait encore sentif son charme et son parfum. Les

fiaysages dénotent une science avancée de a perspective. Ils nous font jouir de vues plus vastes, plus franches, où les tons aériens sont mieux gradués, OÙ tout est disposé avec une intelligence plus éclairée, plus savante que dans les autres ouvrages du même temps et du même genre. La plupart des sites paraissent empruntés à la France ; mais d autres semblant attester le ciel, le climat et la topographie de l’Italie. •

Un autre recueil de miniatures exécutées par Jean Fouquet pour Étienne Chevalier est le célèbre livre à’Heures, dont une admirable reproduction chromolithographique a été publiée, il y a quelques années, par un de nos plus intelligents éditeurs, M. Curmer. Ces Heures, qui s’étaient conservées dans toute leur intégrité jusqu’au commencement du xvmo siècle, subirent a. cette époque la plus stupide mutilation ; les feuillets, arrachés page par page de leur reliure, ont été dispersés ; M. Louis Brentano, do Franoforl-sur-le-Mein, en possède quarante ; M. Feuillet de Couches et lady*Pringle un quarante-ct-unième et un quarante-deuxième. Les autres sont perdus ou gisent enfouis et ignorés dans quelque bibliothèque do province. Les quarante-deux

miniatures qui subsistent sont autant de chefsd’œuvre do candeur et de grâce naïve dans les figures do saints, de vérité dans les attitudes, de force dans l’expression des passions, d’exactitude dans les costumes, d’intimité danS les intérieurs, de charme dans les paysages, de sincérité et de fermeté dans les portraits. Dans l’une de ces miniatures, représentant 'Adoration des Jtois, l’artiste a peint l’un des mages agenouillés sous les traits du roi Charles VII, âgé de cinquante à cinquante-cinq ans. Ce dernier prince étant mort en 1461, à l’âge de cinquante-huit ans, il y a toute apparence que le livre d’heures d’Étienne Chevalier fut exécuté de 1455 à 1160.

Je»n Fouquet peignit encore pour Étienne Chevalier un diptyque dont ce seigneur fit don à la paroisse de sa ville natale, Notre-Dame de Melun, et qui orna cette église jusqu’en 1793. À cette époque, ces doux volets furent dispersés : l’un d eux, représentant la Vierge et l’Enfant Jésus entourés d’anges, appartient au musée d’Anvers ; l’autre est la propriété de M. Louis Brentano et nous offre le portrait de messire Chovalier, accompagné de son patron, saint Étienne. Ce portrait, suivant l’appréciation de M. Valet de Viriville, représenterait le trésorier de Charles VII plus jeune environ d’une dizaine d’années que celui qui est peint en miniature dans le livre d’heures exécuté de 1455 à 14G0. On serait ainsi amené ù penser que le diptyque de Melun dut être peint avant 1450, du vivant d’Agnès Sorel, dont Étienne Chevalier fut le contident. Or, une tradition fort ancienne veut que justement la Vierge de ce diptyque ne soit que le portrait de la charmante et célèbre maîtresse de Charles VII.

Après la mort de ce dernier prince, Jean Fouquet devint peintre d’office et enlumineur du roi Louis XI ; tel est le titre qui lui est donné dans une note écrite Sur un précieux manuscrit de la Bibliothèque nationale, intitulé : les Antiquités des Juifs, par Josêphe, traduites en frunçois. Cet ouvrage, commencé en 1416 pour Jean, duc do Beriy, et orné de trois miniatures par Andrieu Beauneveu, enlumineur de ce prince, fut terminé vers 1465 pour Jacques d’Armagnac ; il contient onze peintures de la main de Fouquet, pages admirables d’ampleur et de délicatesse, de science et de grâce, qui ont servi de point de départ à la critique pour restituer l’œuvre du vieux maître français. C’est à MM. de Bastard, P. Paris et de Laborde que revient l’honni «£