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FOU

Cependant Floriano a été aperçu d’une autre femme, Phèdre, nièce du directeur do l’hôpital. La curiosité d’abord l’attire vers oc cavalier arrivé du matin même ; bientôt l’amour ausai s’en mêle ; mais il est impossiblo de tirer du jeune homme deux mots qui aient le sens commun.

Floriano. Avez-vous trouvé par ici quelque chose que j’ai perdu ?

Phèdre. Et moi, ne me vois-tu pas, moi qui marche en peine par ici ?

Floria.no. Soeur, si vous marchez en peina votre gloire en est plus certaine Ditesmoi ce que j’ai perdu ; je vous ferai cadeau d’un fromage 1

Phèdre ! Plut à Dieu que je pusse savoir aussi bien où tuas perdu 1 esprit, je tôle rapporterais.

Floriano. Faites-le, pour le cadeau, ô friande jeune fille ; vous êtes la plus jolie et je vous dirai mes secrets.

Phèdre. Celle que tu as aimée était-elle « moins belle que moi ?

Floriano. Ses dents et ses gencives Bont de la neige et du piment. Je l’aimais, je l’aime encore : je ne mens pas, car elle est de même naissance que moi, et elle meurt du mal qui me tue.

Phèdre. En effet, c’est pour elle, fou quo tu es, que tu as perdu la raison ?

Floriano. Quand par hasard je perds l’esprit, je suis fort discret k ce sujet, mais ce n’est pas là ce que je cherche, c’est autre chose que j’ai perdu. Ma foi, c’est bien employer le temps que tout perdre quand on a perdu le sens. Voyez-vous ces haillons quo jo porte ? Eh bien, j ai perdu...

Phèdre. Quoi donc, sur ma vie ?

Floriano. Une bourrique avec sa toque à volants !

Impossible à Phèdre d’en tirer autre chose. Elle se résout, pour être plus souvent auprès de lui, lifaire la folle également ; sa suivante Laïs, éprise à son tour de Floriano, contrefait également l’insensée. Floriano est placé entre trois femmes qui se le disputent ; mais c’est Eriphile, l’abandonnée, qu’il préfère et il lui confie en secret son aventure. Celle-ci est surprise par Phèdre au moment où elle reçoit un baiser de son amant, et la nièce du directeur tombe aussitôt dans un tel état d’égaroment que, pour la calmer, le médecin de l’endroit ordonne un mariage feint entre elle et Floriano. Affaire conclue ; Phèdre redevient tranquille ; mais Eriphilo, trompée par les préparatifs de la cérémonie qu’elle croit vraie, s enfuit de l’hôpital.

Pendant tout ce temps, Floriano a couru Quelques dangers ; la justice le fait chercher jusque dans la maison des fous, et un archer est survenu, le portrait dd meurtrier à la main, inspectant chaque pensionnaire. Floriano en est quitte pour se teindre en noir : ■ "Vous comprenez, dit-il, je joue aux échecs, parce que c est un jeu très-malin. Un roi, avec deux mille pions, me poursuit, moi qui ne suis qu’un pauvre cavalier, jusqu’à ce qu’il ait assouvi ses vengeances dans mon malheur. Il a envoyé ici son fou, qui, par un subtil échec, essaye de me faire mat. Moi, de pièce blanche que j’étais, je me suis changé en pièce noire. » Ce danger passé, il en survient un autre. Les fous de Valence, suivant l’usage, demandent l’aumône à la porte de l’hôpital. Survient un riche cavalier portugais, qui, en distribuant ses générosités, s’informe de la folie de chacun. On lui raconte en riant le faux mariage de Floriano avec la tille du gouverneur, devenue folle d’amour pour lui, et il se fait montrer ce curieux personnage. Mais aussitôt Eriphile, revenue près de son amant qu’elle ne peut quitter, s’écrie qu’elle n’a jamais été folle, Floriano non plus ; qu’il s’est réfugié là. après avoir tué le prince royal. Etonnement du riche Portugais. •— C’est moi le prince royal, s’écrie-t-il. On s’explique, et il se trouve que Floriano n’a tué qu’un page qui avait revêtu les habits du prince pour courir l’aventure. Le faux mariage avec Phèdre est dissous et le héros de cette équipée épouse Eriphile.

Il y a, dans cette pièce, que M. Damns-Hinard n’a pas traduite dans son Choix des œuvres de Lope de Vega, de l’intrigue et du mouvement pour deux ou trois comédies. La plupart des scènes sont d’une originalité de dialogue inimitable. La librairie Batidry en a donne le texte dans le toma II» du l’esoro dot Teatro espanol (â vol. in-8°).

Folie journée (la), sous-titre du Mariage de Figaro, comédie de Beaumarchais. V. mariage.

Folie (la), paroles de M. Poretde Morvan, musique d’Albert Grisar. Il se rencontre peu do romances aussi passionnées et d’un accent aussi vrai que cette belle inspiration, qui ht briller tout à Coup le nom de Grisar au grand soleil de la renommée. Nourrit la produisit dans les salons et les concerts ; puis Mme Malibran et M">e de Sparre (Mlle Naldi) s’en emparèrent et la popularisèrent dans touto l’Europe. Malgré quelques expressions malvenues ou baroques, malgré la singulière idée du poëte de construire son dernier couplet en vers blancs, pour donner, sans doute, plus do vérité à son personnage, les paroles no jurent point trop avec la mélodie. En résumé, la composition de Grisar est un chef-d’ocuvro.

FOU

1" Strophe.

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FOUC

Tra la la la !

tra la la la ! Quel est donc cet

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air ?

Tra la la la !

^±h=^zzzjz^zzjzzx'iz^'z±2iz'^J^^'j2z

Tra la la la ! Quel est donc cet

^=^ËÊEEÊ^1

air ?

Ah ! oui, je me soute

^mmmm

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viens ! l’or-ches-tre harmo-ni - eux,

Pré - lu- dait vi - ve - ment

par ses ac-cordsjoy- euxl

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T^T-

II s’a- van- ça vers moi ;

sa voix, ti mi- de et

sa voix, ti mi- de et ten - dre,

Mur-mu-ra quel-ques mots

zfcài~*.zzzzzzzz*izdtzTzz

pg=S=^=jiggi^

que je ne pus en - ton - dre ;

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zî=Ji=Qz

Je vou- lais re - fu - ser,

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et je ne pus par - 1er ;

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Et lui sai - sit ma main,

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—F—g- je le sen- tis trem - bler !

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fc=te=P=Eïe

Moi je tremblais nus - si,

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ses longs rc-gards de flam-me

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fer-V- vaient je- té mon i- me ! Et peu ■

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dant tout le bal

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na par - eal qi’4 lu !, Et pen ■m

Lh-eï—'t=e—Fï'z= ?—£z

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ne pen- sai qu’à lui ! Pour terminer après la 3= strophe.

tbur [ Ar - thur !

dant *■ tout le bal

4r - thur ! Ar - thur !

DEUXIÈME STROPHE.

Tralala la ! tra la la la ! D’où me viennent ces sons ?

Ah oui ! je m’en souviens ! quinze jours écoulés,

Le soir, au bal brillant, par la valse entraînés,

0 comble de bonheur ! félicita suprême !

Su bouche, t mon oreille, a murmuré je t’aime !

Et, faible que j’étais, je ne pus résister !

Puis sur mon front brûlant, je sentis un baiser.

Ah, seulement alors, je connus l’existence !

L’nmour et son bonheur, sa force et sa puissance !

Et je ne virais plus, car j’étais toute a lui ! (bis).

troisième strophe. Tra la la la ! Ira la la la ! Que ces sons me font mail Ah oui ! je m’en souviens ! je fus heureuse un mois. Et depuis ce moment je soupire toujours ! Cette valse... écoutez... C’est pendant sa durée, Qu’il était à ses pieds, que sa bouche infidèle Lui jurait qu’il l’aimait... et ne m’aima jamais ! Je sentis a ces mois ma tôte se briser !

Uu horrible tourment tortura tout mon être

Que j’aime le plaisir... la parure... et la danse !... Que je souffre, ô mon Dieu, rien qu’en pensant a. lui !...

(bis.) FOU s. m. (fou — lat. fagus, le même que le grec phêgos, chêne ; de la racine sanscrite bliay, manger. Le latin fagus désigne l’arbre aux faînes, considérées comme aliment). Bot. Ancien nom du hêtre usité encore dans certaines provinces.

FOUACE s. f. (fou-a-se — du bas lat. focadus, cuit au foyer ; de focus, foyer ; d’où fovicus). Sorte de pain fait de fleur de farine, en forme de galette, et ordinairement cuit sous la cendre.

FOUACIER s. m. (fou-a-sié — rad. fouace). Celui qui fait ou vend des fouaces.

FOUAGE s. m. (fou-a-je — du lat. focus, foyer). Ane. COut. Sorte de redevance qui, en certaines provinces, se payait par maison ou par feu : Le fouace était une espèce de tailie exigée par chaque feu. sur les biens roturiers. (Chateaub.)

— Encycl. L’origine de cette taxe est fort ancienne ; elle était perçue déjà dans les premiers temps de la domination franque. Le taux n’en a pas toujours été uniforme ; il a varié suivant lo< ; temps et les localités. Charles V (1370) le fixa à 6 livres dans les villes et a 2 livres dans les campagnes. Charles VU rendit perpétuel cet impôt qui n’avait été jusqu’alors levé qu’en cas de nécessité, et il prit désormais le nom de taille. La dénomination de fouage ne se conserva que dans les localités où les seigneurs, les évêques, les abbés, et môme les simples curés, jouissaient de ce droit.

FOTJA1I ou FOUÈH, la Naucratis des anciens, ville de la basse Égypte, sur la rive droite du bras occidental du Nil, à 25 kilom. S.-E. de Rosette, en face du canal Mahmoudieh qui unit le Nil au port d’Alexandrie. Fabriques de toiles, maroquins, bonnets dits tarbouchs.

FOUAILLE s. f. (fou-a-lle ; Il mil.). Véner. l’art que l’on fait aux chiens après ta chasse au sanglier, et qu’on appelle curée dans la chasse du cerf.

— Eaux et for. Grands roseaux.

FOUAILLE, ÉE (fou-a-Uè ; Il mil.) part, passé du v. Fouailler : Cheval fouaillé.

FOUAILLER V. a. OU tr. (fou-a-llé ; Il mil. rad. fouet). Fouetter à plusieurs reprises : Ce cocher ne fait que fouailler ses chevaux. (Acad.)

— Intransitiv. Pop. Fréquenter les femmes de mauvaise vie.

— Avoir peur, être lâche.

— Art milit. Détruire par l’artillerie : Fouailler une redoute.

FOUAILLEUR s. m. (fou-a-fleur ; Il mil.rad. fouailler). Celui qui aime à fouailler, à battre les animaux ou les enfants.

— Pop. Homme qui court après toute espèce de femmes.

FÛUANNE s, f. (foua-ne). Pêche. V. foène.

FOUARRE s. m. (foi-re). Autre forme du mot foaiîrb ou feureb, qui signifiait paille : Il existe encore à Paris une rue du Fouahrb.

FOUC s. m. (fouis). Agric. Variété de pomme U cidre du Cotentin.

FOUCABMONT, villageetcomm.de France (Seine-Inférieure), canton de Blangy, arrond. et h 18 kilom. de Neufchûtel, sur les bords do l’Yèros ; 717 hub, lies restes de cavoa ot do

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souterrains, des sépultures, des poteries rouges en terre de Samos, des meules a broyer en poudingue, des monnaies des règnes d Agrippa, de Constantin, etc., découverts à Foucarmont, prouvent son antiquité. L’église, sans valeur architecturale, possède un autel élégamment sculpté. Les halles furent bâties, dit-on, par le prince de Dombes. A 1 kilom. au-dessous de Foucarmont Re voient les débris de l’antique abbaye de Foucarmont, fondée en 1130, détruite en 1791, dont Une reste plus que le moulin, un pressoir, les écuries et la salle de billard, transformée en cellier. FOUCART (Emile-Masséna-Victor), jurisconsulte français, né à Compiègne vers 1S00. Il se fit. recevoir licencié, puis docteur en droit (1824) à la Faculté de Poitiers, où depuis lors il est devenu professeur de droit administratif. M. Foucart a été nommé doyen de cette Faculté. On a de lui, outre des articles dans le recueil de la Société des antiquaires de l’Ouest, dont il est membre : Poitiers et ses monuments (1S42, in-S°) ; Éléments de droit public et administratif, qui a eu do nombreuses éditions, et un Précis de droit administratif (1844).

FOUCACD (Jean), littérateur et fabuliste français, né à Limoges en 1747, mort dans cotte ville en 1818. Il était prêtre au moment de la Révolution, et ce fut lui qui célébra dans sa ville natale la messe de la première fédération. Bientôt après, Foucaud abandonna l’état ecclésiastique, devint un des principaux orateurs de la Société des Amis de la constitution, collabora au Journal du département de la Haute- Vienne, et fut successivement payeur des armées, juge de paix, professeur à l’École centrale de la Haute-Vienne, chef d’institution, etc. Lorsqu’il fut sur le point de mourir, l’évêque de Limoges se rendit auprès de lui pour le confesser. Foucaud s’y refusa et lui dit, en lui montrant son petit doigt ; o Voilà mon confesseur. » Le prélat lui ayant alors déclaré que l’entrée de l’église lui serait interdite, le moribond lui répondit : « Et moi, je vous interdis ma porte. ■ Foucaud finit néanmoins, dit-on, par se confesser, sur los instances du grand vicaire. On a de lui des Chansons et pièces fugitives en patois limousin et les Fables de La Fontaine, imitées et traduites en vers patois (Limoges, 1809, 2 vol. in-12). Ses poésies ont de la naïveté, de ia grâce et sont écrites avec facilité. Les quatre-vingts fables de La Fontaine qu’il a traduites sont une œuvre originale plutôt qu’une traduction.

FOUCAULD DE LAUD1MALÏE (Louis, marquis de), célèbre constituant, né ou château de Lardimalie (Périgord) en 1755, mort en 1805.11 était ofticier de cavalerie lorsque ses compatriotes l’élurent député aux états généraux. Doué d’un caractère énergique jusqu’à la témérité, il défendit les débris de l’ancien régime avec une vigueur peu commune. Son langage était rude et violent. Un jour, les membres du côté gauche ayant demandé qu’il fut envoyé à 1 Abbaye avec son collègue Faucigny, il s’écria en joignant lo geste à la parole : « Il ne reste plus d’autre parti à prendre que de tomber à coups do sabre sur ces b....-là. » Il se faisait quelquefois pardonner ces habitudes peu parlementaires par des aperçus pleins de justesse, et Mirabeau disait de lui : « Je redoute plus son gros bon sens que l’esprit et l’éloquonce de beaucoup d’autres membres du côté droit. ■ Après la session, il émigra, servit dans l’armée de Condé, et rentra en 1801. Il périt sous les décombres do son château, qui s’écroula au moment où il montait un escalier en ruine, au refus des maçons, qu’il traitait de lâches.

FOUCAULT OU FOUCAUD S. m. (fou-kô). Ornith. Un des noms vulgaires de la petite bécassine.

FOUCAULT (Louis de), comte Daugnon, maréchal de France, né vers 1G16, mort à Paris en 1650. Il servit avec distinction dan3 la marine, fit, en qualité de vice-amiral, les campagnes de 1640 à 1C42, battit les Espagnols devant Cadix, et sur les côtes de Catalogne, et devint successivement lieutenant général au gouvernement du Brouage (1043) et au gouvernement d’Aunis et de La Rochelle. Pendant la Fronde, Foucault embrassa le parti du prince de Condé et fut destitué de toutes ses charges ; mais il fit, en 1C53, sa paix avec la cour et reçut, la même année, le bâton de maréchal.

FOUCAULT (Nicolas-Joseph), administrateur et archéologue, né à Paris en 1643. mort en 1721. Il était rils d’un secrétaire du conseil d’État. Ses succès au barreau et la protection do Colbert lui valurent d’être nommé, fort jeune encore, procureur général aux requêtes du l’hôtel, avocat général au grand conseil et maître des requêtes. Nommé plus tard et successivement intendant de Montauban, de Pau, de Poitiers et de Caen, Foucault se montra, dans des circonstances difficiles, administrateur éclairé, hnbiie et ferme. Dans toutes les généralités où il résida, il fit pratiquer des routes, construire des ponts, des hôpitaux et des écoles. Excellent intendant, il tut en même temps un archéologue distingué. Il cultiva les lettres, forma un cabinet de médailles et d’antiques, obtint la création d’une Académie des bulles-lettres à Caen, découvrit près de cette ville l’ancienne cité des Viducassiens, publia le traité des Origines de la lungue, de Caseueuvn, etc. Ce fut dans son château de Ma-