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nombreuses, que les chemins de fer sillonnent en tous sens le vieux sol européen, que les privilèges sont abolis pour ces marchés comme pour beaucoup d’autres choses, que la liberté et la concurrence commerciales répandent partout leurs bienfaits, les foires ne se soutiennent guère que par l’habitude. La foule y est attirée moins par le besoin d’acheter que par désœuvrement. Celles-là seules qui sont destinées à la vente des produits spéciaux jouiront encore longtemps de leurs anciens avantages : telles sont les foires de Caen, pour les toiles et les chevaux de trait ; de la Chandeleur, à Alençon, pour les chevaux de selle ; de Guibray, à Falaise, pour les chevaux normands non vendus aux deux marchés précédents : de Bordeaux, de Beaucaire, pour les produits industriels du Midi ; de La Martire, en Bretagne, pour les chevaux de cette province ; et, faut-il le dire ? la foire de Brée, près de Guingamp, pour les mariages ! celles de la Toussaint et de Noël, dans la plupart des centres importants, pour la location des domestiques, etc., etc. Enfin n’oublions pas la fameuse foire de Saint-Cloud, qui se tient tous les ans dans le parc, au mois de septembre ; foire si chère aux bonnes d’enfant, aux ouvriers, aux garçons épiciers, voire même aux commis de magasin. Dieu ! quel tumulte ! quel vacarme ! quel infernal charivari ! quels effroyables mugissements d’ophicléides et de trombones ! quels roulements de tambours ! quels battements de grosses caisses ! quels éclats de voix des saltimbanques appelant les badauds à contempler les vastes appas de la femme géante, ou à s’émerveiller devant la femme à barbe, sans compter les sensations voluptueuses que vous fait éprouver la vue du veau à deux têtes ou du coq à trois pattes !... Que dire surtout de cet effroyable concert de mirlitons nasillards, qui vous entoure, vous enveloppe, vous suit, vous poursuit, sans repos ni trêve ? Mirlitons par-ci, mirlitons par-là ; mirlitons par devant, mirlitons par derrière ; mirlitons à droite, mirlitons à gauche ; mirlitons en dessus, mirlitons en dessous, mirlitons partout : mirlitons ! mirlitons ! mirlitaines ! Ah ! il faut avoir le tympan joliment solide pour qu’il ne soit pas perforé ; mais enfin, tout cela c’est de la jeunesse, et il faut bien que jeunesse se passe. Cependant, il y a là peut-être un côté utile à exploiter : que les sourds, par exemple, se rendent à Saint-Cloud au beau milieu de la foire, et qu’ils y séjournent seulement une heure. Il y a tout à parier que cette énergique médication produira les plus brillants résultats. Que s’ils résistent à cette épreuve, eh bien, ils auront du moins acquis la certitude absolue qu’ils sont incurables.

Une chose curieuse à voir, mais nullement agréable à entendre, c’est, le soir, le retour de Saint-Cloud à Paris. Chacun est armé de son mirliton ; tout le quartier Latin a émigré à la foire ; étudiants et étudiantes s’y sont donné rendez-vous, et, au milieu de la nuit, toutes ces vierges folles, toutes ces Phrynés banales rentrent à Athènes en franchissant les barrières de l’Étoile et d’Auteuil, et, sur leur passage, épiciers et épicières qui dormaient tranquillement dans leur lit, se réveillent en sur saut, croyant entendre toutes les trompettes du jugement dernier.

Enfin, donnons aussi un souvenir à la foire aux pains d’épice, qui se tient annuellement à Paris, pendant trois semaines, à partir du lundi de Pâques, et qui s’étend à travers le faubourg Saint-Antoine, de la place de la Bastille à l’ancienne barrière du Trône. L’imagination la plus fantasque ne pourrait rêver, l’arithméticien le plus intrépide ne pourrait calculer ce qu’il se consomme là de pains d’épice les dimanches et les lundis de la foire. À partir d’une heure après midi, le faubourg est envahi par une foule énorme qui se presse, se pousse, se coudoie, jusqu’au rond-point qui le termine, et qui est couvert de baraques de saltimbanques ; mais le coup d’œil le plus curieux, c’est la descente. En remontant le faubourg, vers six ou sept heures, on se heurte à des flots d’hommes, de femmes et d’enfants chargés de pains d’épice. Ils en ont leurs poches bourrées, ils en tiennent à chaque main, ils en tiennent sous chaque bras, ils en portent de suspendus aux cannes et aux ombrelles : pains d’épice de tous les goûts, de toutes les formes ; aux amandes, au citron, à l’orange, à l’angélique, aux fruits, à ceci et puis encore à cela ; en pavés, en galettes, en couronnes, en carrés, en rectangles, en losanges, en cœur, en forme de bonshommes surtout ; grand Dieu ! que de bonshommes, depuis la taille d’un Lilliputien jusqu’à celle d’un tambour-major ! Jamais on n’a tant vu de bonshommes : il n’y a pas un bébé, pas un enfant qui n’ait le sien, que son papa lui a acheté le plus grand possible, de sorte que le plus souvent c’est le bébé qui paraît le bonhomme.

— Disons maintenant quelques mots des principales foires de l’étranger qui ont eu ou qui ont encore de la réputation.

En Angleterre, le prieuré et l’hôpital de Saint-Barthélémy, à Londres, fondé au commencement du xiie siècle, avait le privilège de tenir une foire de trois jours. L’importance de cette foire, où se vendaient des articles de toutes sortes, mais surtout de la laine et des lainages, ne fit que s’accroître jusqu’au xvie siècle, époque à laquelle elle déclina rapidement, jusqu’à devenir un lieu de plaisir de bas étage, fréquenté par tous les gens sans aveu de Londres. Elle se releva un peu au xviiie siècle, où elle prit surtout un caractère politique. En 1838, elle fut tout à fait supprimée, et cette foire si célèbre n’est plus aujourd’hui qu’un rassemblement de quelques baraques où l’on débite du pain d’épices. Les autres foires d’Angleterre sont principalement agricoles. Une grande foire de moutons a lieu, le 10 octobre de chaque année, à Weyhill, dans le Hampshire. À Ipswich se tiennent deux foires : l’une en août, où plus de 100,000 agneaux sont amenés ; l’autre en septembre, pour la vente du beurre et du fromage. La plus grande foire de chevaux a lieu en août, à Horn-Castle, dans le Lincolnshire ; plusieurs milliers d’animaux y sont exposés, et il y vient des marchands et des amateurs de toutes les parties de la Grande-Bretagne, du continent et même des États-Unis. Il se tient également des foires importantes dans le Yorkshire, à Suffolk, à Bristol, à Exeter, et dans plusieurs autres villes d’Angleterre. La foire de Greenwich, à Pâques et à la Pentecôte, attirait de nombreux visiteurs à Londres ; mais elle fut supprimée par la police en 1857, parce qu’elle était devenue le rendez-vous de fripons et de gens dissolus, et que les habitants en considéraient le voisinage comme des plus désagréables et des plus dangereux. La plus renommée des foires d’Écosse est celle de Falkirk, pour les bêtes à laine et à cornes. En Irlande, c’est celle de Ballinasloe, dans les comtés de Galway et de Roscommon ; elle a lieu annuellement du 5 au 9 octobre, et on y amène en moyenne 12,000 bœufs et 90,000 moutons, provenant, pour la plus grande partie, des fermes du comté de Connaught.

Les foires annuelles d’Amsterdam et de Rotterdam, en Hollande, sont des scènes de grande réjouissance populaire. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, une foule joyeuse encombre les rues, et la sobriété habituelle, le flegme proverbial des Hollandais, font place, en ces occasions, aux manifestations de la gaieté la plus bruyante et la plus turbulente. Les théâtres et les baraques en plein vent y fourmillent. Parmi les friandises qui s’y débitent se trouve un gâteau très-mince, particulier au pays, sorte de gaufre confectionnée dans un moule en fer, et dont il se fait une consommation prodigieuse.

La principale foire d’Italie est celle de Sinigaglia, dans les anciens États de l’Église ; elle se tient en juillet et août, et elle est fréquentée par les négociants de toutes les parties de l’Europe centrale et septentrionale, du nord de l’Afrique et du Levant. Parmi les divers produits de l’industrie italienne qui s’y vendent, la soie est le plus important.

Des foires moins considérables se tiennent en diverses autres parties de l’Italie, aussi bien qu’en Espagne et en Portugal. La plus fameuse foire de Madrid a lieu annuellement le 15 mai, à l’hermitage de San-Isidro del Campo, à l’époque où le grand pèlerinage et la fête du saint attirent en cet endroit une foule énorme.

Les grandes foires hongroises se tiennent principalement à Pesth. Quatre fois par an, en mars, mai, août et novembre, les produits industriels de la Hongrie y sont apportés et mis en vente. Les foires de Debreczin, presque aussi importantes, au point de vue du commerce de l’Europe orientale, sont, à coup sûr, bien plus intéressantes pour le voyageur et l’observateur, sous le rapport des mœurs et des usages.

Les foires les plus considérables de l’Europe sont, sans contredit, celles de l’Allemagne. Là, comme dans bien d’autres pays, elles ont pris leur origine dans les fêtes religieuses, qui attiraient un grand concours de peuple. Aussi les foires ont-elles reçu le nom de kirchmessen (kermesses, dans les Flandres), foires de l’Église, le mot allemand messe (foire) étant dérivé de messe. Des foires se tiennent sur un grand nombre de points en Allemagne ; mais quatre surtout ont une importance hors ligne : celles de Leipzig, de Francfort-sur-le-Mein, de Francfort-sur-l'Oder, et de Brunswick. Les foires de Leipzig datent du xve siècle et sont les plus célèbres de toutes. Elles ont lieu trois fois par an : au nouvel an, à Pâques et à la fête de saint Michel. Celle du nouvel an est relativement insignifiante. La foire de Pâques est renommée pour le commerce des livres qui se concentre à Leipzig ; les transactions dépassent souvent 30 millions de francs. La valeur totale des marchandises vendues annuellement à Leipzig est évaluée à 250 millions de francs ; il s’y rend environ 60,000 visiteurs. On y rencontre des représentants de tous les peuples du monde ; les Orientaux, dans leur pittoresque costume, y sont fort nombreux.

Dans la Russie centrale, à 425 kilom. E.-N.-E. de Moscou, se tient annuellement, pendant huit semaines, commençant le 1er juillet, la fameuse foire de Nijni-Novgorod. Elle avait lieu jadis à Macariev ; elle fut transférée à Nijni-Novgorod en 1816, après un incendie qui détruisit Macariev. Cette foire est fréquentée par un nombre de négociants qui varie de 300 à 400 mille. Les marchandises sont distribuées dans plus de 3,000 boutiques distinctes. Les boutiques sont réparties en quartiers réguliers, chaque quartier étant affecté à une classe spéciale de marchandises, l’un aux soies, l’autre au thé, un troisième aux fourrures, et ainsi de suite. L’un des quartiers les plus imposants est celui où le fer de Sibérie est échafaudé en piles énormes. La quantité des navires qui débarquent ou embarquent des cargaisons est telle, que les eaux de l’Oka et du Volga, au confluent desquels est située la ville, en sont littéralement couvertes. La valeur totale des marchandises apportées à la foire de Nijni-Novgorod s’élève, année commune, à 150 millions de francs, dont sept dixièmes environ en produits russes, un dixième en productions européennes et coloniales, et le reste en productions de la Chine, de la Perse et d’autres parties de l’Asie. En Sibérie, une foire annuelle a lieu à Kiakhta, prés de la frontière chinoise ; c’est le grand entrepôt du commerce entre la Russie et la Chine. Là, les fourrures, les bestiaux, les peaux d’agneaux, les draps, la toile grossière, l’argent monnayé, les lainages et la quincaillerie russes sont échangés contre le thé, les soies et les autres productions du Céleste-Empire. De longues caravanes de marchands russes et chinois se rencontrent, au mois de décembre de chaque année, à cette foire, qui existe depuis 1727 et a puissamment contribué à étendre les relations commerciales des deux pays. Des foires de moindre importance se tiennent sur divers points des frontières chinoise et sibérienne, et les Chinois y échangent leurs produits contre les précieuses fourrures des Cosaques. La valeur collective des marchandises apportées annuellement aux foires de l’empire russe est estimée à 750 millions de francs, en moyenne, et celle des marchandises vendues à 500 millions de francs.

Les principales foires de la Turquie sont celles de Yenidge, de Vardar et de Seres, la première commençant le 3 décembre et durant trois semaines, et la dernière commençant le 21 mars pour se prolonger pendant trois ou quatre semaines ; d’Okri (3 mai), de Varna (23 mai), de Philippoli (27 août) et d’Eski Agra (10 novembre), chacune desquelles dure quinze jours ; de Yatar-Bazari (15 septembre) et de Tshaltadeh (6 novembre) durant dix jours. Elles sont surtout fréquentées par des marchands grecs et arméniens. Mais la plus grande foire de l’Orient est celle qui se tient à La Mecque, à l’époque des pèlerinages annuels. Quoique cette foire soit bien déchue de son antique importance, il s’y rend encore annuellement, en moyenne, une centaine de mille personnes.

La plus grande foire de l’Inde a lieu, à l’équinoxe du printemps, à Hurdwar, dans Sœharanpour, célèbre lieu de pèlerinage pour les Indous septentrionaux. Chaque année il ne s’y rassemble pas moins de 200 à 300 mille individus, et chaque douzième année, le nombre des pèlerins et des visiteurs dépasse fréquemment 1,500,000. Cette foire est le grand entrepôt des productions du Népaul, du Punjaub, de l’Afghanistan et du Boukhara ; les transactions ont principalement pour objet les chevaux, les chameaux, les fruits secs de Perse, les épices, les drogues pharmaceutiques, les tissus, les châles, etc.

En dehors de leur immense intérêt commercial, toutes les foires dont nous venons de parler en dernier lieu sont excessivement curieuses au point de vue social et national. Nulle part la vie orientale ne se dévoile d’une façon plus pittoresque que dans les foires tenues durant les pèlerinages de La Mecque, en Arabie, et d’Hurdwar, dans l’Indoustan. Nulle part la religion ne se confond plus intimement avec le commerce que pendant ces grands rassemblements de l’Orient, où brahmines, marchands et derviches, symboles de foi et de charlatanisme commercial, s’entremêlent en groupes fantastiques d’hommes, de femmes et d’enfants, enveloppés dans des vêtements qui déploient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et présentent le plus bizarre assemblage de contrastes. C’est ainsi que la foire de Kiakhta, en Sibérie, offre une épreuve vivante et de la plus grande exactitude de la vie russe et chinoise, tandis que la foire de Nijni-Novgorod éclipse probablement toutes les autres par la variété pittoresque des mœurs et des costumes russes et orientaux.

Dans son Histoire de la conquête du Mexique, Prescott nous apprend que des foires avaient lieu tous les cinq jours dans les principales villes de l’ancien Mexique, et quelles étaient fréquentées par un grand concours de peuple. « Un quartier particulier était affecté à chaque espèce de denrées. Les transactions s’effectuaient sous la surveillance de magistrats spéciaux. Le trafic avait lieu, soit par voie d’échange, soit au moyen d’une monnaie courante, réglementée par l’État et qui consistait en tuyaux de plumes transparents remplis de poudre d’or, en morceaux d’étain taillés en forme de T et en sacs de cacao contenant un nombre spécifique de grains.» Des foires pour la vente des esclaves se tenaient régulièrement à Azcapozalco, localité peu distante de la capitale. Le marché de Tlascala était une sorte de foire où l’on vendait surtout des poteries, égales aux meilleurs produits européens de même genre. Mais la plus grande foire avait lieu à Mexico. La ville regorgeait alors d’une population bigarrée, et les eaux du lac disparaissaient sous les canots des trafiquants. L’ordre le plus parfait régnait dans cette immense agglomération. Un tribunal de douze membres siégeait en permanence dans un des tiauguez (hangars) ; les juges étaient investis d’une autorité absolue, qu’ils exerçaient avec une grande énergie. Le même historien (Prescott), dans son Histoire de la conquête du Pérou, affirme que les Incas avaient institué des foires pour l’écoulement des produits agricoles. Elles se tenaient trois fois par mois, dans une des villes les plus populeuses, où, à défaut de monnaie courante, les transactions s’opéraient par voie d’échange.

Aux États-Unis, les foires les plus importantes sont celles de la Société nationale d’agriculture des États-Unis, des sociétés d’agriculture des États particuliers, de l’institut Franklin (à Philadelphie), de l’institut des arts et métiers (à Boston), de l’institut Américain (à New-York) et de divers autres établissements publics. Ces foires, toutefois, sont purement et simplement des concours d’animaux domestiques et de produits industriels ; le commerce y est complètement étranger. Avant l’affranchissement des noirs, une foire antiesclavagiste avait lieu annuellement à Boston. On trouve également, dans diverses parties du pays, des foires qui ont un caractère exclusivement charitable ou religieux, et dont les produits sont appliqués à des buts déterminés.

— Législ. Bien qu’on confonde quelquefois, dans le langage usuel, ces deux mots : foire et marché, il existe entre eux une différence notable, qu’il convient de signaler. Une foire est une assemblée qui n’a lieu qu’à de rares intervalles. Elle est, pour cette raison, bien plus importante qu’un marché, qui se tient à des époques beaucoup plus rapprochées, tous les quinze, huit jours, et même deux ou trois fois par semaine, dans certaines localités.

Sous l’ancienne jurisprudence, le roi seul pouvait accorder l’autorisation d’établir des foires et des marchés. Plus tard, un décret de la Convention nationale, rendu le 14 août 1793, déclara qu’il était libre à toute commune d’établir, quand bon lui semblerait, des foires et des marchés, sans l’autorisation de l’administration supérieure. Ce décret fut modifié par la loi du 18 vendémiaire an II, qui maintint les anciens marchés existants avant 1789, mais défendit d’en instituer de nouveaux, pour les céréales, jusqu’à ce qu’il en eût été autrement ordonné par la Convention nationale.

Depuis le 18 brumaire an VIII, le gouvernement établit ou supprima les foires, ou en changea les époques par de simples arrêtés ou décrets.

Divers arrêts, entre autres celui du 8 février 1708, défendit de donner à jouer dans les foires et marchés, et prononça contre les contrevenants, outre la confiscation des enjeux, une amende de 100 livres.

Un arrêté consulaire du 7 thermidor an VIII décida que les jours de foire et marchés resteraient fixés conformément à l’annuaire républicain et aux arrêtés des administrations centrales et municipales, et qu’en cas de réclamations pour un changement, les jours de foire se régleraient par les consuls, sur le rapport du ministre de l’intérieur et sur l’avis du préfet. Quant aux jours de marchés, ils sont également déterminés, suivant le même arrêté, par le ministre de l’intérieur, d’après l’avis du préfet.

« C’est cette disposition, dit M. Foubert, qui sert encore aujourd’hui de règle pour la création des foires. Elle a toujours été entendue en ce sens, que les foires ne peuvent être régulièrement établies qu’en vertu d’une autorisation émanée du chef de l’État, sur le rapport du ministre qui a les affaires commerciales dans ses attributions. Depuis longtemps, d’ailleurs, les créations de foires et les changements d’époque de ces réunions ont été rangés au nombre des affaires sur lesquelles la section du commerce du conseil d’État doit être entendue. Quant aux marchés, ils étaient tous, jusque dans ces dernières années, institués par arrêté ministériel ; mais, depuis le décret du 25 mars 1852, sur la décentralisation administrative, il n’y a que les marchés aux bestiaux et les marchés dans l’intérieur de Paris dont la création ou le changement soient soumis à l’autorisation du ministre ; tous les autres sont du ressort de l’autorisation préfectorale, qui prononce le rejet ou l’admission de la demande. »

Suivant les dispositions de la loi du 10 mai 1838, l’administration doit appeler les conseils généraux et les conseils d’arrondissement à donner leur avis sur la création, le changement ou la suppression des foires et marchés ; mais, au préalable, les communes qui y ont intérêt doivent être consultées.

C’est aux maires qu’appartient la surveillance des foires et des marchés et c’est à eux de désigner les emplacements ou doit se vendre chaque espèce de marchandises. Ils doivent régler l’ouverture et la fermeture de la vente, faire vérifier les denrées susceptibles de se corrompre promptement, assurer la facilité de la circulation, en un mot, prendre toutes les mesures nécessaires dans l’intérêt de l’ordre public.

La perception des droits de place est ordinairement mise en adjudication et déléguée à un ou à plusieurs fermiers, moyennant payement d’une somme annuelle. Un avis du conseil d’État, en date du 9 janvier 1833, dispose qu’une commune ne doit point se des-