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qui sert de début à l’unique Elégie de Berchoux. Le poète s’élève avec une verve des plus comiques contre la tyrannie que la langue et l’histoire des Grecs et des Latins, exerçaient sur la littérature de cette époque : Qui me délivrera des Grecs et des Romains ? bu sein de leurs tombeaux ces peuples inhumains Feront assurdment le malheur de ma vie. Mes amis, écoutez raon discours, je vous prie. À peine je fus né", qu’un maudit rudiment Poursuivit mon enfance avec acharnement. La langue des Césars faisait tout mon supplice : Hélas ! je préférais celle de ma nourrice ; Et je me vis fesse1 pendant dix ans et plus, Grâces à Cicéron, Tite, Cornélius, Tous Komains enterrés depuis maintes années. Dont je maudissais fort les œuvres surannées.

Dans le monde savant je me vis introduit. J’entendis des discours sur toutes les matières, Jamais sans qu’on citât les Grecs et leurs confrères, Et le moindre grimaud trouvait toujours moyen De parler du Scamandre et du peuple troyen. < Ce fut bien pis encor quand je fus au théâtre : Je n’entendis jamais que Phèdre, Cléopltre, Ariane, Didon, leurs amants, leurs époux, Tous prinoes enrages, hurlant comme des loups ; Rodogune, Jocaste, et puis les Pélopides, Et tant d’autres héros noblement parricides... Et toi, triste famille, à qui Dieu fasse paix, Race d’Agamemnon, gui ne finis jamais. Dont je voyais partout les querelles antiques Et les assassinats mis en vers héroïques...

O vous ! qui gouvernez notre triste patrie, Qu’il ne soit plus parlé des Grecs, je vous supplie ; Ils ne peuvent prétendre h de nouveaux succès ; Vous serait-il égal de nous parler français ?

Et le poète finit par ce trait si plaisant, où l’on regrette de trouver une méchanceté et une calomnie à l’adresse de M. J. Chénier : Dis-moi, toi qui sais tout et qui chéris tes frères. Les Grecs me payeront-ils mes rentes viagères ?...

Ce cri alexandrin : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ? n’est cependant pas do Berchoux. L’auteur de la Gastronomie n’a fait quo le populariser en le reprenant en sous-œuvre ; il appartient à Clément le critique, Clément l’inclément, comme l’appelait Voltaire. Quoi qu’il on soit, co vers exprime admirablement l’ennui, la fatigue que l’on éprouve à entendre vanter constamment tout ce qui o rapport à Rome ou à la Grèce, et, par extension, tout ce qui donne lieu h des répétitions trop fréquontes. En voici quelques applications :

■ Il y a évidemment une lacune dans l’enseignement public, et le bon sens exige que dans les études dites classiques l’éducation d’art soit élevée au niveau de l’éducation littéraire et scientifique, que l’exécution libre remplace le procédé imposé, et qu’on nous débarrasse une fois pour toutes de ces têtes apocryphes qui représentent des Romulus et des Brutus de contrebande. Qui nous délivrera des... Romains du collège ? »

Ed. Texier. « Qui nous délivrera, — non pas des Grecs et des Romains, — mais de la question romaine ? Que le gouvernement français la résolve, puisqu’il tient la solution dans ses mains, qu’il la résolve dans le sens qu’attend l’opinion publique ; mais, pour Dieu ! ne discutons plus la question du pouvoir temporel de la papauté ! Assez de livres, de brochures, d’articles ont été publiés, assez de discours ont été prononcés. L’affaire est entendue, comme on dit au palais. »

LOUIS JOURDAN.

Qui nous délivrera... des teinturiers du visage féminin ? Ils pullulent, parce que leur petite spéculation réussit. Tel qui se ruinerait Il inventer de nouvelles pommades contre les plaies du corps, ou des spécifiques souverains contre les migraines et les catarrhes, s’enrichit aujourd’hui à vendre des cosmétiques et des parfums.»

Victok Poubnbl, les Françaises peintes par elles-mêmes’.

« Qui nous délivrera... On le disait encore il n’y a pas longtemps, mais personne n’achèverait plus la proverbiale boutade. Les Grecs et les Romains reviennent de mode. Nous avions fait comme le paysan d’Aristide qui s’ennuyait d’entendre vanter le Juste, nous avions proscrit ces grands anciens. Aujourd’hui, qu’on nous les ramène, nous les accueillons comme do vieux amis, écartés dans un mouvement d’humeur, mais toujours tendrement aimés. »

(Revue de l’instruction publique.)

« Une tragédie ! dira-t-on, on en a fait d’innombrables, et l’on sera tenté de répéter le vers fameux :

Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ? Nous sommes assez d’avis que nous n’en serons jamais délivrés, parce que l’âme et le cœur humain sont ainsi faits que le beau et le merveilleux seront toujours des sources inépuisables de jouissances intellectuelles. » T.-N. Bknar», le Siècle.

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Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?

■ Peut-être en sommes-nous délivrés maintenant et en avons-nous fini avec la tradition, qui menaçait de devenir une ornière. »

(Journal.)

DÉLIVREUR, EUSB s. (dé-li-vreur, eu-ze — rad. délivrer). Fam. Libérateur, libératrice :

... Le délivreur d’Andromède Vit moins de monts et moins de vaux. Voiture.

— s. m. Officier du roi qui était chargé de distribuer les vivres.

— Manège. Domestique qui donne l’avoine aux chevaux.

— Techn. Chacun des deux cylindres qui, dans les machines industrielles, distribuent la matière qui doit être travaillée. Il Adjectiv. : Cylindres délivreurs. Dans certains appareils, comme dans les foulons à percussion pour te foulage, le dégraissage et le lavage des tissus, les cylindres délivreurs sont des espèces de laminoirs entre lesquels l’étoffe est plus ou moins fortement comprimée.

DELLA MÀRGÀRITA (Clément SoLAR, comte), homme d’État piémontais. V. La Margarita.

D ELLA-MARI A (Dominique), compositeur français, né à, Marseille, d’une famille d’origine italienne, en 1764, d’après M. Fétis, en 1768, selon d’autres, mort h Paris en 1800. Les heureuses dispositions naturelles de cet artiste se révélèrent de bonne heure et, à l’âge de dix-huit ans, il avait déjà fait représenter un grand "opéra sur le théâtre de sa villa natale, tour de force qui, nous le croyons, était sans précédent et n’a été renouvelé par personne depuis lors. Cet opéra était une œuvre d’instinct, pleine de défauts, car le jeune auteur ne connaissait encore aucune des règles de la composition. La pièce toutefois ne tomba point, et, en considération san ; doute pour la grande jeunesse de l’auteur, elle eut même plusieurs représentations. Un air de bravoure du plus grand effet fut surtout applaudi. L’auteur racontait lui-même, dans ia suite, qu’enflé de ce premier succès il partit pour l’Italie, à dix-neuf ans, non pour étudier, mais, comme il le disait en souriant, a pour se perfectionner dans son art. » Une petite mésaventure vint bientôt rabattre son orgueil. Il na mettait pas moins de franchise à la raconter. Dans une des maisons où il avait été présenté, il rencontra un vieux maestro di cappella qui se plut à le louer à outrance, à le flatter, et qui l’invita à venir faire de la musique chez lui. Un jour que l’assemblée était nombreuse chez celui-ci, Delta-Maria s’y rendit ; le vieux et malin maître lui fit sur la musique plusieurs questions qui embarrassèrent Deaucoup le jeune Français ; il le poussa même au point de lui prouver publiquement qu’il ne savait pas les premières règles de la composition. Della-Maria, confus, déconcerté, sortit de la maison, moins courroucé contre l’auteur de cette scène qu’affligé de son ignorance. Aussi, dès le lendemain, revint-il chez son rigoureux censeur, et lui demanda-t-il humblement ses soins et ses leçons. Il ne cessa de visiter la maison du professeur qu’après avoir acquis la certitude qu’il n’avait plus rien à craindre des interrogations des vieux musiciens.

Il passa près de dix ans en Italie et y étudia sous plusieurs compositeurs. Le dernier fut Paisiello, qui conçut pour lui la plus sincère amitié. Sous sa direction, il composa six opéras-bouffes, dont trois eurent beaucoup de succès. Mais celui de tous qu’il estimait le plus, et dont il se plaisait à répéter souvent des morceaux, avait pour titre le Maestro di cappella.

Délia-Maria revint en France, à vingt-huit ans, désireux de faire à Paris l’essai de ses talents. Il y arriva, en 1796, absolument inconnu de tous les hommes qui font les réputations ; mais il n’eut pas besoin de preneurs. Un hasard heureux le servit et aplanit pour lui les difficultés que rencontrent presque toujours, à leur début, les artistes et les auteurs qui se livrent au théâtre. Il avait une lettre de recommandation pour un ami d’Alexandre Duval, un des auteurs comiques alors le plus en vogue ; il fut présenté à ce dernier. La physionomie spirituelle du jeune compositeur, ses manières franches et simples, vives et originales, frappèrent Al. Duval et lui attirèrent aussitôt sa sympathie, à Je finissais alors, a ditjilus tard Duval, ma petite pièce du Prisonnier que je destinais au Théâtre-Français. Le désir de l’obliger m’eut bientôt décidé à en faire un opéra. Quelques coupures, quelques airs l’eurent aussitôt métamorphosée en comédie lyrique. Il ne mit que huit jours à en faire la musique, et les artistes de l’Opéra-Comique, qui, séduits comme moi, l’avaient accueilli avec intérêt, mirent aussi peu de temps à l’apprendre et à la jouer. Cette pièce commença sa réputation. » Elle fut jouée pour la première fois au théâtre Favart le 2 février 1798. Le succès fut grand, mais il ne faut pas l’attribuer uniquement à la valeur de la partition. Voici comment M. Denne-Baron explique la chose : « Indépendamment du talent du compositeur, une circonstance toute d’opportunité vint concourir à l’éclatant succès de l’ouvrage. Depuis 1789, l’école fran DELL

caise avait fait un pas immense sous le rapport de la richesse des combinaisons harmoniques et de la vigueur du coloris ; mais les partisans de l’ancien opéra-comique goûtaient peu la sévérité d’un genre de musique où le sentiment mélodique ne se faisait apercevoir que d’une manière secondaire, et ils appelaient de tous leurs vœux un compositeur qui écrivit dans le style qu’ils affectionnaient. Délia-Maria parut ; ses mélodies gracieuses et naturelles, auxquelles la voix d’Elleviou et celle de Mme Saint - Aubin ajoutaient un nouveau charme, réunirent tous les suffrages. Dans ce mouvement rétrograde vers la musique légère, la première représentation du Prisonnier fut un véritable triomphe pour l’auteur. » « On se rappellera longtemps, écrivait Dalayrac, l’ivresse qu’a excitée dans toute la France la musique du Prisonnier. Petits airs, romances, duos, quatuors, tout y est facile, pur, naturel. Parler des morceaux que l’on y distingue, ce serait les citer tous : les chants, tour à tour gais, tendres et naïfs, ont été soupires sans effort ; ils ont plu à tout le monde, ils ont été retenus et viennent pour ainsi dire d’eux-mêmes se placer sur toutes les lèvres. » En moins de deux ans, Della-Maria donna au théâtre Feydeau quatre autres ouvrages, savoir : le Vieux château (trois actes), l’Opéra-Comique (un acte), l’Oncle et le valet (un acte) et Jaeguot ou l’École des mères (un acte), qui attestèrent le talent de l’auteur et sa fécondité, mais qui ne valent pas le Prisonnier, resté son œuvre capitale.

Par son caractère doux et affable, Della-Maria s’était fait de nombreux amis. Il aimait à aller travailler loin du bruit et des importuns, dans les maisons de campagne que plusieurs d’entre eux possédaient aux environs de Paris, et particulièrement à Sèvres, dans la maison Erard, où l’on avait pour lui les plus douces attentions. Un soir, il revenait chez lui après un dîner qu’il avait fait avec plusieurs de ses compatriotes, lorsqu’il tomba évanoui dans la rue Saint-Honoré. Les soins qu’il reçut dans une maison voisine furent inutiles ; il avait cessé de vivre. Comme il ne se trouvait sur lui aucune indication de son nom ni de sa demeure, la police fut plusieurs jours à découvrir qui il était. Ce jeune compositeur laissait deux opéras en trois actes qui furent représentés sans succès, et auxquels il n’avait pas eu le temps de mettre la dernière main. Ces ouvrages sont : la Maison du Marais (1800) et la Fausse duègne (1802).

Della-Maria, comme la plupart des musiciens qui ne sont que gracieux, manquait de souffle et de profondeur ; il mérite pourtant d’occuper une place honorable dans le panthéon musical français. Ses petites mélodies faciles, coulantes, naïves, ont été beaucoup chantées, comme le sont aujourd’hui quelques airs d’Adam, qui nous semble appartenir un peu à cette éiole bien vieillie.

DELLA MÀRMORA (Alphonse Ferrero, marquis), général italien. V. La Marmora.

DELLA ROCCA (Henri Morozzo’, comte), général italien. V. La Rocca.

DELLA ROYERE (Alexandre, comte), général italien. V. La Roverb.

DELL-DENE, peintre italien du xvue siècle. Il fut élève de Pierre Berettini, dit le Conone, et fut appelé en Pologne par Casimir Sapieha, hetman du grand-duché de Lithuanie, auprès duquel il resta jusqu’à sa mort. Ses fresques décorent l’intérieur d’un grand nombre d’édifices en Pologne, entra autres de l’église des jésuites de Vilna et de celle des camaldules, près de Kowno. Son œuvra la plus admirée est le plafond du château d’Antokol, l’une des résidences de Sapieha ; il représente le Festin des dieux.

DELLE, en allemand Dattenried, bourg de France (Haut-Rhin), ch.-l. de cant, arrond. et à 22 kilom. S.-E. do Belfort, sur la Halle, près des frontières de la Suisse ; pop. aggl. 1,213 hab.— pop. tôt. 1,219 hab. Moulins, fabriques de chandelles, de savon, de tuiles. Ce bourg, autrefois ch.-l. d’une châtellenie dont il est fait mention en 728, passa au comte de Montbéliard au xmo siècle et fut cédé à la France par le traité de Munster. Le château de. Délie, situé sur un rocher et surmonté de trois tours, fut dévasté en 1674 par les troupes françaises.

DELLE (Claude), historien français, né à Paris, mort en 1699. Il appartenait à l’ordre des dominicains. Il a écrit : Histoire ou Antiquités de l’état monastique et religieux (Paris, 1699, 4 vol. in-12), ouvrage plein d’érudition, mais sans méthode et dénué de tout esprit critique.

DELLEGLACE (Joséphine), née à Lyon vers 1775, d’une famille de la bourgeoisie, Elle restera un modèle de piété filiale, de courage et d’inébranlable fermeté. C’était au temps de la tourmente révolutionnaire, en 1793 ; M. Delleglace est arrêté comme suspect, jeté dans un cachot de Lyon, puis désigné pour être transféré à la Conciergerie de Paris. Joséphine ne veut point le laisser partir seul et demande h monter dans le chariot près de lui ; on le lui refuse. N’importe, elle 1 accompagnera. Et on la’ vit, en effet, la toute jeune fille, la toute frêle et délicate enfant, suivre à pieds et pendant plus de cent lieues, la nuit, le jour, par tous les temps, le chariot

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qui portait son père. Lorsque, au loin devant elle, elle apercevait la cime d’un clocher, elle doublait le pas, dépassait le cortège, courait vers le village et implorait la charité, et la charité n’osait pas lui refuser. Bientôt on la voyait accourir et, tout heureuse, laisser tomber de son tablier aux pieds de son père quelques aliments, un peu de linge, une couverture pour la nuit qui s’annonçait devoir être froide... Puis elle marchait à côté de lui et lui disait que rien n’était désespéré encore ; que, quant à elle, elle se sentait bien forte ; que bientôt ils reviendraient à Lyon, où ils seraient heureux ; elle causait, elle babillait, elle riait, elle s’efforçait de faire oublier à M. Delleglace l’horreur de sa position. Devant cet ange consolateur, M. Delleglace faisait semblant d’oublier.

Mais, une nuit, les lourdes portes de fer de la Conciergerie s’ouvrirent pour laisser entrer le triste cortège ; puis elles se refermèrent sur lui. MU» Delleglace se trouva seule. Tout à coup, et comme se détend un ressort qu’aucun obstacle ne retient plus, n’étant plus soutenue par la présence de son père, elle se laissa tomber sur le pavé, dévorée par la fièvre, épuisée par la fatigue, et s’endormit. Quand elle se réveilla, il Taisait grand jour ; elle fut tout étonnée d’abord de se trouver la dans une rue de Paris, et seule ! Elle avait tout oublié durant son bienfaisant sommeil. Mais bientôt elle se souvint ; elle se souvint qu’elle n’avait accompli que la moitié de sa tâche, et, surmontant sa fatigue, ne songeant plus à la fièvre qui la brûlait, rappelant tout son courage, elle se disposa à l’achever. Durant trois mois, on la voit, allant de porte en porte, en suppliante ; sans cesse rebutée, brutalisée, humiliée, elle trouve en son noble cœur la force de recommencer sans cesse. Sans appui, sans conseil, sans guide, seule et tout enfant encore, faible, souffrante, elle ne perd pas courage un seul instant, une seule minute, elle ne désespère pas de triompher de tous les obstacles. Elle réussit en effet. Par ses larmes seules, elle sut désarmer ceux qu’on appelait les oppresseurs, les tyrans, les monstres ; elle obtint du comité de Salut public la liberté de son père, un suspect. Et, comme elle l’avait promis, comme elle se l’était juré, tous deux refaisaient peu de temps après lo chemin déjà, parcouru, mais cette fois, lui heureux, elle lièro. Ils s’en allaient retrouver le foyer domestique. Mais la pauvre enfant se sentit tout à coup faiblir au milieu du chemin ; c’est qu’elle avait vécu au centuple depuis trois mois et qu’elle avait jusqu’au bout usé sa vie. Elle ne put pas aller plus loin ; elle mourut.

Telle est l’histoire de Joséphine Delleglace, do cette digne sœur de M11^ de Sombreuil et de la fille de Cazotte, de la jeune Sibérienne dont Xavier de Maistre a conté ia touchante odyssée. Elle nous a paru digne d’être rappelée ici.

DELLEY D’AGIER (Claude-Pierre), publiciste français. V. Dbdelay d’Agier.

DELLICS (Quintus), historien romain qui florissait vers le milieu du i<* siècle avant notre ère. Pendant les guerres civiles qui suivirent le meurtre de César, il embrassa et quitta successivement le parti de Dolabella, celui de Cassius et celui d’Antoine. Envoyé par ce dernier vers Cléopâtre pour la sommer de se rendre devant lui à Tarse, en Cilicie, il conseilla à cette reine d’employer ses charmes à captiver le triumvir, ce qu’elle fit avec un grand succès, et depuis cette époque il lui écrivit plusieurs lettres, dont quelques-unes, extrêmement licencieuses, existaient du temps de Sénè’que. Peu de temps avant la bataille d’Actium, Dellius abandonna Antoine pour s’attacher à Auguste, et depuis lors on ne sait plus rien de sa vie. Il avait composé un ouvrage, entièrement perdu, sur l’expédition d’Antoine contre les Parthes.

DELLO, peintre italien, né à Florence en 1372, mort en 1421. Il étudia d’abord la sculpture, puis se livra à la peinture, et s’attacha surtout à reproduire les bahuts, les meubles, etc. On voit de lui dans l’église de Sainte-Marie-Nouvelle, à Florence, une peinture à fresque en camaïeu représentant Jacob bénissant Esaù.

DELLON (C), voyageur et médecin français, né vers 1649. Poussé par le goût des voyages, il s’embarqua à Port-Louis en 166S, se rendit successivement k l’île Bourbon, a Madagascar, à Surate, sur la côte de Malabar (1671-1672), puis partit pour se rendre en Chine par la voie de terre. Dellon s’arrêta à Daman, où, sur les instances du gouverneur, il consentit k s’établir pour y exercer la médecine ; mais, au bout de quelque temps, le gouverneur, dont la bienveillance s était changée en haine, résolut da le perdre et la dénonça comme hérétique au tribunal do l’inquisition. Dellon fut conduit à Goa(1674), jeté en prison, soumis au supplice de la torture, et, après deux ans de détention, condamné à. cinq années da galères en Portugal. Dellon, les fers aux pieds, fut jeté dans un navire et conduit à Lisbonne. Là, grâce à l’intervention du médecin de la reine, son procès fut revisé. Remis en liberté, Dellon regagna la France, continua l’exercice do son art et fut attaché à la personne du prince de Conti, qu’il accompagna, en 1685, en Hongrie. À partir de cette époque, on n’a plus