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Les causes de la conjonctivite sont nombreuses ; on les distingue en prédisposantes et en efficientes, en locales et en générales, La prédisposition n’est pas nécessaire à la production d’une conjonctivite, cependant on regarde comme étant plus fréquemment atteints de cette maladie les enfants, les vieillards, les femmes, les individus à constitution pléthorique et, d’après Béer, ceux qui ont l’habitude de se laver tous les matins à l’eau froide. Parmi les causes efficientes, il faut placer en première ligne toutes les violences externes amenant des solutions de continuité. L’usage abusif des boissons spiritueuses, les veilles prolongées, les excès de table et des plaisirs vénériens, l’arrêt accidentel des menstrues ou de toute autre hémorragie périodique, et surtout un courant d’air froid et des changements hr.usques do température, sont considérés comme les plus puissantes parmi les causes déterminantes de la conjonctivite. Enfin, on cite encore une vive lumière, qu’elle provienne du soleil ou d’un corps incandescent ; c’est ce qui explique la fréquence de cette maladie chez les fondeurs, les verriers, les porcelainiers, et chez les habitants de la zone torride et des régions polaires, qui reçoivent les rayons lumineux réfléchis par un terrain sablonneux ou couvert de neige. C’est encore là la raison des conjonctivites graves si fréquentes dans les villes d’Afrique, où toutes les maisons sont extérieurement blanchies à la chaux.

Les émissions sanguines, les purgatifs, des topiques et quelques opérations chirurgicales, tels sont les moyens à l’aide desquels la conjonctivite aiguG est combattue avec succès. Les émissions sanguines, saignée du bras et sangsues appliquées à la tempe ou derrière les oreilles, sont indiquées toutes les fois que la phlegmasîe présente une certaine intensité. Kn même temps, on débarrassera les voies digestives par un purgatif, calomel ou sulfate de magnésie. Parmi les topiques, les collyres de sultate de zinc ou de cuivre, d’acétate de plomb, sont ceux auxquels on doit donner lu, préférence dans le traitement des conjonctivites légères ; mais, dans celles qui présentent de l’acuité, on doit se hâter de recourir au nitrate d’argent cristallisé. Ce médicament s’administre à la dose de 0 gr. 10 à 0 gr. 50 dans 30 gr. d’eau distillée, et on instille quelques gouttes de cette dissolution dans l œil, trois à quatre fois par jour. Kn cas de photophobie, on prescrira avec avantage des frictions autour de l’orbite avec la pommade mercurielle belladonée, et on donnera au malade, d’heure en heure, un mélange de calomel et de belladone, à des doses variables, selon l’âge des individus ; enfin, comme collyre, si Von a h craindre l’inflammation de l’iris, on obtiendra de bons résultats en instillant entre les paupières une solution d’atropine. Les insufflations de calomel, conseillées par Dupuytren, augmentent parfois la phlegmasie ocufaire ; mais nous avons vu très-bien réussir les collyres secs composés de sels zinciques et plombiques mélangés et de sucre de lait. Quand le chémosis est très-prononcé, il est quelquefois utile d’en opérer l’excision, opération qui amène assez promptement la résolution du bourrelet, et s’oppose à l’un des plus graves accidents que l’on ait à redouter, la porte de la cornée. Enfin quelques chirurgiens ont proposé la ponction de cette membrane, pratiquée à n’importe quelle époque de la maladie, Wardrop prétend avoir guéri rapidement, par ce moyen, de très-graves conjonctivites ; dans tous les cas, nous croyons qu’il ne faut recourir à ces opérations, que lorsque tous les autres agents sont restés sans effet.

Le traitement de la conjonctivite partielle n’offre rien de spécial ; cependant, s’il se produit de petits abcès, on doit les ouvrir avec la lancette, et, pour hâter la guérison, on peut cautériser les ulcérations aphtheuses avec la pierre infernale. Nous ne saurions trop recommander d’éviter l’usage de toutes ces eaux merveilleuses, de toutes ces pommades dont tant de commères prétendent être seules à posséder la recette. Si ces médications empiriques réussissent quelquefois, elles produisent le plus souvent de funestes effets, dont le plus sur est d’inspirer au malade une sécurité trompeuse, et de permettre ainsi à l’affection de faire des progrès auxquels il est plus tard impossible de remédier.

CONJONCTORION s. m. (kon-jon-kto-ri-on

— du lat. conjuuctus, conjoint.) Bot. Opercule permanent, qui couvre le sommet de l’urne dans certaines mousses apogones.

CONJONCTURE adj. (kon-jon-ktu-re — du lat. cum, avec ; jdnctura, liaison). Concours de circonstances, occasion : II y a des conjonctures otl la prudence même ordonne de ne consulter que. le chapitre des accidents. (Card. de Retz.) Toute confiance est dangereuse si elle n’est entière ; il y a peu de conjonctures oi il ne faille tout dire ou tout cacher. (L’i Bruy.) La nature sociale, à Paris surtout, comporte de tels hasards, des enchevêtrements de conjonctures si capricieuses, que t’imayina’ion est à tout moment dépassée. (Balz.)

Jugea ce qu’il faut craindre en cette conjoncture.

Corneille.

UIys« était trop fin pour ne pas profiter P’uae pareille conjoncture.

La Fontaine.

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Faut-il que, malgré nous, il soit des conjonctures Où le cœur égaré ilotte entre les parjures !

Yoltaiue.

— Sytl. Conjoncture, circonstance, occasion, occurrence, V* CAS.

CONJOUIR v. n. ou intr. {kon-jou-ir — du préf. cou, et de jouir). Jouir, se réjouir avec quelqu’un : Dans tous ces cas d’actions charitables, l’homme est mû par un attrait intérieur pour son semblable, par une secrète sympathie qui le fait aimer, conjouis et condouloir. (Proudh.) Il Vieux mot.

Se conjouir v, pron. Se réjouir avec quelqu’un : Ceux qui étaient présents me vinrent embrasser et su conjouir de ma promotion. (Bassompierre.) Permettez, mes frères, qu’à l’occasion de cette sainte solennité je me conjouisse avec vous de la consécration de ce nouveau temple dans votre ville. (Le P. Bridaine.) Il Vieux mot. On a dit plus anciennement SK CONJOYKR.

CONJOUISSANCE s. f. (kon-jou-i-san-serad. conjouir) Joie inspirée par la joie des autres ; jouissance que l’on partage : Je ne m’attends à aucune conjouiSSanciî sur les fortunes du monde. (Boss.) Le roi icçut une réponse de conjouissancb-et de remerciment. (St-Siinon :) Il Vieux mot.

CONJOUISSEMENT s. m. (kon-jou-i-se-man

— rad. conjouir). Congratulations, félicitations mutuelles. Il Vieux mot.

CONJUGABLE adj. (kon-ju-ga-ble — rad. conjuguer). Qu’on peut conjuguer : Verbes

CONJUGABLKS

CONJUGAISON s. f. (kon-ju-ghè-zonrad. conjuguer). Gramm. Tableau de toutes les formes et désinences d’un verbe, suivant les voix, modes, temps, personnes et nombres  : Notre tangue, par le défaut de déclinaisons et de conjugaisons, est plus sujette que les langues anciennes à l’amùiyitïté des phrases et des tours. (D’Alemb.) La conjugaison est ce qui offre le plus de champ aux variations dialectiques. (Littrè.) il pn a classe les verbes en un certain nombres de conjugaisons, suivant les types principaux auxquels on les a rapportés : Première, deuxième, troisième, quatrième conjugaison, h Conjugaison régulière, Celle qui est entièrement conforme à l’un des types adoptés. Il Conjugaison irrégulière, Celle qui s’écarte de ces mêmes types.

Il Conjugaison simple, Celle de la forme active pour les verbes actifs et neutres, et de la forme unique pour le verbe être, formes qui n’admettent pas d’auxiliaires dans les langues grecque et latine. Il Conjugaison composée, Celle des verbes passifs et de tous les autres qui, en grec et. en latin, admettent l’auxiliaire dans quelques-uns de leurs temps.

U Conjugaison passive, Celle de la forme qui exprime un sens passif, il Conjugaison réfléchie ou pronominale, Celle dans laquelle le verbe est précédé d’un pronom personne], son régime vrai ou apparent, comme je me blesse, je me repens.

— Anat. Conjugaison des nerfs, Se disait autrefois pour paire de nerfs, il Trous de conjugaison, Ouvertures latérales de la colonne vertébrale, donnant passage a des paires dé nerfs.

— Encycl. Gramm. Étant donné un certain nombre de racines verbales qui expriment une action ou une manière d’être, un certain nombre de notions, si on le préfère, il s’agit, pour parvenir à se faire comprendre, d’exprimer les rapport ou relations de ces notions, de ces racines primordiales. Pour exprimer Sa pensée par la parole, il faut, de toute nécessité, outre l’expression des notions, les racines, qui sont en quelque sorte les matériaux du langage, l’expression des rapports entre ces notions, rapports qui sont la forme du langage. Une langue parfaite devrait exprimer dune manière acoustiquement complète ses éléments matériels et ses éléments formels ; les langues imparfaites se contentent de signaler plus ou moins les rapports entre les notions.

11 y a des langues où la signification, la notion seule se trouve exprimée phonétique- ■ ment, tandis que la relation ne l’est point. Certes, la relation n’y manque jamais ; elle peut pourtant rester latente, et, dans ce cas, elle doit être rendue de n’importe quelle autre manière, par exemple par la place qu’on lui fait occuper dans la phrase, par l’accentuation et l’intonation, par le geste, etc. Cela se fait dans les langues monosyllabiques qui se composent uniquement de racines, comme le chinois. Il y a une seconde catégorie de langues qui expriment les relations par des mots affixes et attachés, ayant une signification générale ; ce sont les langues agglutinantes, qui embrassent toutes les langues da la famille touranienne.

Enfin il y a une troisième catégorie de langues où la signification et la relation sont incorporées dans des mots particuliers, et cela sans déroger à l’unité ; U y a là, comme dans la pensée elle-même, fusion complète de la relation et de la signification, qui se pénètrent réciproquement. Ce sont les langues a flexion, qui embrassent les langues de la famille indoeuropéenne et celles de la famille sémitique. « La fusion indissoluble, dit Schleicher, fusion intellectuelle de la signification avec la relation, s’exprime, dans les langues à flexion, par l’inséparable fusion matérielle ou phonétique ; c’est-à-dire que le radical lui-même

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peut subir une flexion. C’est le caractère es- t sentiel de la troisième classo de langues ; les éléments qui étaient encore roides et récalcitrants dans la deuxième classe sont enfin devenus souples et vraimentvlvaces. Une langue à flexion peut, dans sa sphère phonétique, suivre à pas égal tous les mouvements, si multiples et si compliqués, de l’activité intellectuelle. Au delà, il n’y a pas de structure supérieure possible. •

La liste ou suite de ces lettres ou syllabes qui expriment les relations, c’est-à-dire qui, servent à distinguer les cas, les genres et les nombres dans les noms, à marquer les nombres, les personnes, les temps, les voix et les modes dans les verbes, avait reçu des anciens grammairiens le nom de déclinaison ; niais, dans la suite, on a appliqué le mot conjugaison à la liste ou arrangement des terminaisons des verbes, et on a gardé le mot déclinaison pour les noms seuls. V. déclinaison.

Nous allons étudier successivement la conjugaison dans les langues agglutinantes, et la conjugaison dans les langues à flexion ; nous consacrerons ensuite quelques détails à la conjugaison dans les langues romanes, et particulièrement dans la langue française.

— I. De la conjugaison dans les langues agglutinantes. Dans)a langue inonosy lia bique par excellence, le chinois, il n’y a ni conjugaison ni déclinaison ; c’est par la place qu’on fait occuper à une syllabe qu’on exprime la relation. Le verbe n’est donc reconnu comme tel que par sa place dans la phrase, il ne se distingue en rien de tous les autres mots de la phrase ; l’actif et le passif ne diffèrent que par leur place, quelquefois aussi le passif doit être exprimé par un détour, par exemple : uoir protection, c’est-à-dire être protégé. Le mode et le temps sont reconnus à l’aide des mots environnants ; quant au nombre et à la personne, ils ne s’expriment jamais dans les verbes chinois.

La conjugaison des langues agglutinantes proprement dites, comme le turc, le finnois, est fort curieuse à étudier. Le verbe turc, par exemple, qui produit une foule de formations donnant à la signification une relation transitive, passive, etc., exprime ces relations à l’aide de certaines syllabes interposées entre le radical et la terminaison du temps ou des personnes. Or, ces syllabes pouvant être employées plusieurs à la fois, il en naît des combinaisons très -nombreuses. Ainsi, d’après la grammaire de Kasem’-beg, le verbe se», aimer, ne produit pas inoins de cinquante formes verbales distinctes, enfantantelles-mêmes une foule de formes, de temps et de modes, dont chacun a sa désignation caractéristique, à laquelle s’attachent les terminaisons personnelles, c’est-à-dire les pronoms suffixes et même les pronoms absolus. Souvent aussi on s’y sert d’un verbe auxiliaire, qui dispose à son tour de toutes ces terminaisons. Les syllabes qui, soit isolées, soit combinées, forment les variations si nombreuses du verbe turc, sont :

lo Me, ma, c’est la négation du verbe ;

A, e, placés devant cette négation, marquent l’impossibilité ;

30 Dir, dyr, ou dur, forment le transitif ;

II, forme le passif ;

In, en, forme le réflexif ;

Go Iseh, ouseh, forment le réciproque.

Kn magyare, il y a deux séries de terminaisons personnelles pour les verbes transitifs ; l’une est employée quand l’objet de l’action ayant l’article défini ou étant déterminé par des suffixes se trouve apposé au verbe, ou lorsque le verbe se rapporte à Un objet déjà connu : c’est la forme déterminée. L’autre, la forme indéterminée, est d’usage quand on ne pense guère 2ll’objet de l’action ou qu’il n’a pas l’article défini ; ainsi ir, il écrit (dans un sens très-gènéi al), mais ir-ja, il (’écrit (par exemple, une lettre dont on avait parlé) ; la’ lom az erdôt, je vois la forêt, la forêt eu question ; mais la’ tok erdôt, je vois une forêt. Ainsi la phrase je n’écoute pas ce qu’il me dit ne saurait se traduire pour le verbe écouter qu’avec la forme du pronom personnel en om, la forme déterminée, parce que l’action du verbe écouter se rapporte ici a une chose déterminée, ce que : nem hallommit beizel. Selon Schleicher, les formes déterminées contiennent virtuellement le sens de l’accusatif du pronom de la troisième personne, le, la ; elles le contiennent aussi phonétiquement et se distinguent des formes indéterminées surtout parce qu’elles ont le suffixe delà troisième personne intercalé devant la terminaison personnelle.

Voici les deux formes du temps présent, par exemple :

FORMK INDÉTERMINÉE.

Ir-ok, j’écris ;

Ir-sz, tu écris ;

Ir, il écrit ; ^

Ir-unk, nous écrivons ;

Ir-tok, vous écrivez ;

Ir-nak, ils écrivent.

FORME DBTKRMINÉK,

Ir-om, je.l’écris ;

Ir-od, tu l’écris ;

Ir-jn, il l’écrit ;

Ir-julc, nous l’écrivons ;

Ir-jatok, vous l’écrivez ;

Ir-jak, ils l’écrivent.

En magyare, le temps présent n’a pas de signe spécial ; l’indéfini ne se distingue que

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par la modification des terminaisons personnelles, par le prolongement de la voyelle intermédiaire. Les autres temps et modes disposent d’expressions phonétiques déterminées oui se rattachent au radical ; quelquefois on y fait concourir des verbes auxiliaires.

Les genres du verbe magyare se dessinent comme ceux du verbe turc : tal, tel, od, ôd donnent les passifs ; at, et, les caiisatifs ; hat, het désignent un vevbe potentiel ; dos, dos, le verbe fréquentatif, etc., etc. ; par exemple : il écrit, ir. ; il fait écrire, i’r-fl< ; je peux l’écrire, ir hat-om, etc.

Dans la langue basque, qui appartient aussi à la classe agglutinante, mais qui fait partie des langues proprement appelées langues incorporantes, la plupart des verbes ont un auxiliaire avec des appendices ; il est rare que ceux-ci s’attachentdirectement au radical du verbe même. Dans le premier cas, on appelle la conjugaison régulière ; dans le second, irrégiihère. Les verbes auxiliaires n’ont qu’une conjugaison irrégulière, comme cela doit être. Le radical du verbe peut être simplement une seule voyelle ou consonne, et, quand elle se modifie, le radical tout entier subit une modification ; mais cela n’est pointun changement organique intérieur de flexion, ce n’est, comme dans le magyare, qu’un changementextérieuret mécanique qui s’opère d’après la loi phonétique par le conflit du radical avec les terminaisons. Lesdiverses sortes de relations qui s’expriment dans le verbe sont déjà en partie connues parce que nous avons dit, plus haut de La structure incorporante ; seulement on y inarque aussi la personne à laquelle on parle ou celle qui s’y trouve impliquée secondairement. Il fa aimé, 0 homme/ je l’aime pour toi, etc. En outre, les relations causaliue, active, passive, etc., sont marquées ; de même, les modes de pouvoir, vouloir, devoir, avoir l’habitude, .etc., se marquent à l’aide des auxiliaires. Oi-tou, accoutumer, donne la relation de : avoir l’habitude ; nai et goura exprimentle vouloir, etc. Les temps s’expriment par l’auxiliaire et par le participe du verbe. De tout ceci il naît nécessairement une masse énorme de formes.

En outre, chaque forme du verbe peut devenir^ un participe par un simple n : nous l’aimons, mailetouten doyou, et nous aimant lui, maitetouten dogoun.

D’après Guillaume de Humboldt, on fait bien d’appeler genres ou voix les diverses espèces de formes naissant de la diversité des ’ états actif, passif ou mixte, y compris la circonstance ou une personne secondaire accède à l’idée exprimée par le verbe ; on appelle conjugaisons, dans un sens tout différent du sens ordinaire, les variétés qui sont produites pâlles variétés des personnes auxquelles le verbe se rapporte, soit directement, soit secondairement. Chaque «verbe dispose de huit voix, chaque voix dispose de plusieurs conjugaisons ; somme toute, deux cent six conjugaisons dans toutes les voix ; chaque conjugaison, comme ailleurs, forme ses modes, temps, nombres et ■ personnes. Les eoiyupaisons sont classées d’après les diverses personnes auxquelles un verbe peut se rapporter principalement ou secondairement. Le duel n’existe pas ; la tangue a un pluriel et un singulier. Il y a huit personnes, car la deuxième du singulier est triple ; dans une conversation amicale, on distingue par deux, formes différentes 1 hommo et la femme, et, en outre, il existe une forme spéciale de la conversation polie, et quand le verbe amène la première ou la troisième personne à l’accusatif, alors la conjugaison se subordonne à la qualité de celui auquel on adresse le discours.

— II. De la conjugaison dans les langues à flexion et particulièrement dans les langues indo-européennes. Tandis que chez beaucoup de peuples les nuances de personnes, de temps et de modes sont marquées par des termes isolés, qui, disséminés dans la phrase, laissent la racine nue et inerte, les Sémites et les Aryas ont choisi dès la plus haute antiquité une série de flexions pronominales dont les modifications régulières, duns leur liaison intime avec le verbe, constituent cet harmonieux système qu’on appelle lu conjugaison.

Tous les verbes, chez les peuples aryens, se conjuguent de la même manière, c’est-à-dire qu’ils adoptent en principe les mêmes terminaisons personnelles. Mais, comme le fait observer avec raison M. liicbbotV, dont les savantes recherches sur la conjugaison indo - européenne nous serviront particulièrement de guide en ce travail, ces terminaisons présentent, dans leur réunion avec le radical, qu’elle s’opère soit immédiatement, soit par l’intermédiaire de voyelles ou de consonnes, des différences do forme constituant plusieurs classes, souvent confondues dans les langues modernes, mais très-apparentes dans l’antiquité. C’est ainsi que lesgrammairiensindiens ont distingué dix séries dans la conjugaison sanscrite, et les grammairiens romains quatre conjugaisons. La grummaire grecque, et à son exemple les grammaires germaniques et slavomies, ont sagemant restreint ce nombre. Dans l’ensemble du système Eichboff reconnaît quatre groupes principaux : "flexion simple ou radicale, flexion directe ou forte, flexion contracte ou faible, flexion nasale ou articulée. La base de toute conjugaison est la désignation des personnes, celle qui parle, celle à qui l’on parle, celle dé qui l’on parle. Cette distinction fondamentale est mar-