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rôles s’enfoncent dans la rainure du collier qui, devenant de moins en moins haute, les resserre de plus en plus.

On désigne encore sous le nom de col-

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liera des couronnes qui entourent un arbre vertical tournant de façon à guider le mouvement. Un des plus employés est le collier à galet. La figure 2 le représente : l’arbre

Fig. 2.

tournant’est prismatique ; il porte fixé à lui un cylindre plein, de même axe et de très-petite hauteur. Ce nouvel arbre, qui tourne avec le premier, porte de petits galets disposés symétriquement tout autour, et tangents à des murs solides ; ils ne peuvent, par suite, se déplacer sous l’influence des poussées de l’arbre tournant, qui est alors maintenu vertical, et roulent sur le mur.

Une autre disposition est représentée par la figure 3 : l’arbre traverse une boite Contenant des étoupes, et le coffrer est dit avec boite à étoupes. Mais ta première disposition développe moins de résistance par frottement, le frottement de roulement étant toujours beaucoup plus faible que le frottement de glissement :

Collier (affaire du). Nous allons esquisser cette affaire étrange et si fameuse avec la réserve que commandent l’incertitude et l’obscurité dont elle est encore enveloppée, au moins en quelques-unes de ses parties, et que les publications les plus récentes n’ont pas entièrement dissipées.

Aujourd’hui que Marie-Antoinette est l’objet d’une véritable canonisation, par une de ces réactions de la pitié si touchantes au point de vue du sentiment, si décevantes parfois au point de vue de la critique historique ; aujourd’hui, disons-nous, il est admis et consacré, parmi les panégyristes enthousiastes de la reine, que cette princesse doit être mise absolument hors de cause dans cette ténébreuse intrigue qui a fixé l’attention de toute l’Europe, et qui fut un des épisodes les plus caractéristiques des derniers jours de la monarchie.

Sans discuter pour le moment cette donnée, nous ferons remarquer que, dans cette hypothèse, de nombreux détails du fameux imbroglio demeurent tout à fait inexplicables. Au surplus, sans insister davantage sur ce point délicat, qui probablement ne sera jamais complètement éclairci, nous allons exposer simplement les faits, tels que les documents nous permettent de les entrevoir, et nous laisserons au lecteur le soin de les apprécier, de les juger et de les comprendre, ce qui ne nous paraît pas toujours facile, quoi qu’on en ait dit.

On était en 1785, a la veille de la Révolution, à un moment où les moindres incidents servaient d’aliment à la surexcitation des esprits ; l’effervescence produite par les cent représentations du Mariage de Figaro n’était pas encore refroidie, lorsqu’un drame réel et bien autrement émouvant éclata sur la scène du monde, et vint livrer aux commentaires ironiques et méprisants de la multitude tout ce que l’ancienne société avait de plus illustre et de plus grand.

Le 15 août de cette année 1785, jour de l’Assomption, la cour attendait dans la grande galerie du château de Versailles l’heure à laquelle Louis XVI et Marie-Antoinette devaient se rendre à la chapelle royale ; le cardinal Louis de Rohan, grand aumônier de France, évêque de Strasbourg et prince de l’empire, attendait également, revêtu de ses habits pontificaux et entouré de son clergé, lorsque tout à coup parut sur le seuil de la porte de glace le baron de Breteuil, ministre de la maison, qui s’écria d’une voix retentissante : « Arrêtez M. le cardinal de Rohan ! »

Au milieu de la stupéfaction générale, le duc de Villeroi, capitaine des gardes, s’avança pour exécuter cet ordre. Le cardinal fut conduit d’abord à son palais, rue Vieille-du-Temple (aujourd’hui l’Imprimerie impériale), puis transféré, vers minuit, à la Bastille.

Ce prince de l’Église et de l’empire, l’un des plus grands personnages du royaume, était accusé d’outrage à la majesté royale, d’escroquerie et de vol, de compte à demi avec une courtisane, une aventurière qui avait dans les veines quelques gouttes de sang royal.

Tel fut le premier éclat de cette étonnante et scandaleuse affaire, dont nous allons brièvement raconter les causes premières et les péripéties.

Depuis longtemps les joailliers de la couronne, Bœhmer et Bassenge, avaient réuni à grands frais les plus beaux diamants en circulation dans le commerce pour en composer un collier à plusieurs rangs, qu’ils se proposaient de vendre à la reine, accablée déjà de pierreries, mais dont on connaissait les goûts fastueux. Primitivement, cette parure merveilleuse était destinée à Mme  Du Barry ; mais la mort de Louis XV avait anéanti ce projet. Quoi qu’il en soit, les joailliers, après avoir vainement tenté de décider M. Campan à proposer cette acquisition à la reine, obtinrent du premier gentilhomme de service qu’il mit leur joyau sous les yeux du roi. C’était une dépense d’un million six cent mille livres. On sait dans quel état étaient les finances, Louis XVI, si parcimonieux cependant et qui inscrivait dans son livre de dépenses jusqu’à un port de lettre de six sous, Louis XVI, ébloui, dit-on, par la beauté et la prodigieuse quantité des diamants, proposa le fameux collier à la reine, en décembre 1778, alors qu’elle venait de mettre au monde son premier enfant. Marie-Antoinette, comblée déjà de pierreries, comme nous l’avons dit, répondit, suivant Mme  Campan et la Correspondance secrète de la cour de Louis XVI', qu’il était préférable de consacrer une telle somme à la construction d’un navire. On ne pouvait mieux répondre, il faut le reconnaître, et l’on a d’autant plus lieu d’être charmé de cette réponse, que Marie-Antoinette, comme on le sait, se préoccupait généralement assez peu des intérêts de l’État. Suivant d’autres versions, ce serait Louis XVI, qui, toutes réflexions faites, aurait rompu l’affaire en évoquant l’image du vaisseau.

Bœhmer, qui avait épuisé ses ressources dans cette affaire et qui s’était engagé pour des sommes considérables, fut désespéré de ce refus. Il essaya vainement de placer son collier dans les cours étrangères. Un an plus tard, suivant Mme  Campan, ou seulement à la naissance du premier dauphin, en 1781, d’après d’autres récits, car tout est incertain dans cette mystérieuse affaire, le joaillier offrit de nouveau son joyau à Louis XVI et à la reine, mais, cette fois encore, sans plus de succès. Il parcourut de nouveau l’Europe, échoua partout, et enfin vint se jeter aux pieds de Marie-Antoinette, la suppliant de le sauver de la ruine et de la banqueroute en lui achetant son collier. La reine lui donna le conseil fort raisonnable de le diviser pour le vendre, et de ne se point noyer, comme il en annonçait l’intention. On ne conçoit pas en effet un tel désespoir, puisqu’on partageant son bijou en plusieurs parures il était certain d’en trouver le placement et de rentrer dans ses fonds. Quoi qu’on puisse penser de la réalité de ces scènes, il paraît certain que le collier avait beaucoup plu à la reine, et que l’état des finances avait été l’un des principaux obstacles à son achat. Ici nous touchons au drame, et il est nécessaire de dire un mot des personnages qui vont y jouer le rôle principal. Ces personnages sont la comtesse de La Motte-Valois et le cardinal de Rohan.

Jeanne de Saint-Remy de Valois, par son mariage comtesse de La Motte, descendait en ligne directe d’un bâtard de Henri II, roi de France, Depuis longtemps cette famille était tombée dans l’obscurité et la misère. Orpheline de bonne heure et réduite à la mendicité, Jeanne de Saint-Remy fut recueillie par la marquise de Boulainvilliers, élevée dans le pensionnat de Longchamps, puis placée comme apprentie chez une couturière, et enfin, après une suite de pénibles épreuves, mariée au comte de La Motte, officier dans la gendarmerie, qui, quelque temps après, donna sa démission. Il est inutile d’entrer ici dans de plus amples détails sur cette intrigante fameuse. Nous ne prendrons de sa vie que ce qui sera strictement nécessaire pour expliquer l’affaire du collier. On trouvera le reste à l’article spécial consacré à sa biographie. Bornons-nous à dire que les deux époux vivaient dans un dénùment bien faiblement atténué par une petite pension accordée par la pitié royale à la descendante des Valois, qui fatiguait sans beaucoup de résultats la cour de ses sollicitations. Un jour même, elle attendit la reine dans la galerie de Versailles et se jeta à ses pieds ; mais cette fois encore elle n’obtint rien.

Au milieu des péripéties romanesques de sa vie, elle fut mise en relation avec le cardinal de Rohan (1781), en reçut des secours, et ne tarda pas à prendre une grande influence sur son esprit. S’il faut tout dire ici, il est hors de doute que des rapports de la nature la plus intime ont existé entre eux : cardinal et favorite de sang royal, ce n’était pas une mésalliance.

Le cardinal de Rohan, connu dans sa jeunesse sous le nom de prince Louis, avait été d’abord coadjuteur de son oncle le cardinal Constantin de Rohan, évêque de Strasbourg. En cette qualité, il avait reçu solennellement dans cette ville Marie-Antoinette à son arrivée en France pour épouser le dauphin (1770). Deux ans plus tard, il obtint l’ambassade de Vienne, à laquelle aspirait le baron de Breteuil, qui naturellement devint son plus ardent ennemi. Le nouvel ambassadeur suscita contre lui une haine plus redoutable encore, celle de Marie-Antoinette, en se faisant à Vienne l’écho des accusations de légèreté dont elle était l’objet. « Cette princesse, dit Mme  Campan, recevait souvent de Vienne des remontrances dont la source ne pouvait lui demeurer longtemps cachée ; et c’est à cette époque qu’il faut rapporter l’éloignement qu’elle n’a jamais cessé de témoigner au prince de Rohan. » (Mémoires, chap. III).

Un trait souvent rappelé vint combler la mesure. L’ambassadeur, suivant ses instructions secrètes, devait faire connaître à Louis XV les particularités les plus intimes du caractère et de l’intérieur de Marie-Thérèse. Dans une lettre particulière, séparée de la dépêche officielle et adressée au duc d’Aiguillon, ministre des affaires étrangères, pour être communiquée au roi seul, il représentait l’impératrice tenant d’une main un mouchoir pour essuyer les larmes qu’elle feignait de verser sur le démembrement de la Pologne, tandis qu’elle étendait l’autre main pour concourir au partage. Rien n’était plus vrai ; mais, pour un ambitieux, il n’était pas prudent de le dire. Le duc d’Aiguillon commit l’indiscrétion perfide de communiquer cette lettre à Mme  Du Barry, qui la lut à haute voix à l’un de ses soupers. La dauphine en fut instruite, et sa haine personnelle s’envenima d’un ressentiment de famille. Il faut ajouter que le prince de Rohan n’appartenait pas à la coterie autrichienne : il n’en fallait pas tant pour faire solliciter son rappel ; de puissantes influences y travaillèrent sourdement. Les griefs allégués étaient l’éclat scandaleux de ses galanteries, sa morgue et son orgueil, son mépris pour les choses de la religion, jusqu’à couper une procession avec toute sa suite en habits de chasse, un jour dé Fête-Dieu, enfin les dettes immenses qu’il avait contractées. Tout cela était vrai, mais ne tirait pas à conséquence chez les prélats grands seigneurs de l’ancien régime.

Quoi qu’il en soit, le prince Louis fut rappelé en 1774, deux mois après la mort de Louis XV, et il se trouva dès lors en butte aux ressentiments de la nouvelle reine de France. Mais il sortait d’une maison si puissante, que, malgré la haine dont il était l’objet, il devint successivement, à la suite d’intrigues laborieuses dont le détail ne peut trouver place ici, grand aumônier de France et cardinal. Il avait remplacé son oncle comme évêque de Strasbourg, et fut en outre pourvu de riches abbayes et d’autres dignités ; mais son ambition n’était pas rassasiée encore ; il aspirait à être premier ministre, et, pour arriver à ce but, il s’épuisa en efforts infructueux pour regagner les bonnes grâces de Marie-Antoinette. Dans une lettre de cette princesse à son frère Joseph, datée du 16 juin 1782, nous trouvons l’anecdote suivante : « Vous savez mon aversion pour le cardinal de Rohan, à qui je n’ai parlé depuis son retour de Vienne ; concevez-vous qu’il ait eu l’impudence de se glisser dans les jardins à mon insu, à la faveur d’un homme de service, et qu’il se soit présenté plusieurs fois en ma présence ? J’ai été fort offensée de cette audace sans exemple. »

Il ne faut pas confondre cette scène avec celle du bosquet, qui n’eut lieu que plus tard et dont nous parlerons plus loin. Remarquons en passant que le cardinal, attaché à la cour par la plus haute charge, a besoin de la connivence d’un homme de service pour se glisser dans les jardins, tandis que la comtesse de La Motte, pour jouer cette comédie du bosquet, entrera la nuit avec ses affidés ; mais peut-être s’agit-il ici de jardins particuliers.

Les choses étaient à peu près en cet état lorsque Mme  de La Motte, en mars 1784, assura au cardinal qu’elle avait trouvé accès auprès de la reine, qui s’était intéressée à son sort et l’honorait de sa bienveillance. Le prélat espéra trouver dans le crédit naissant de la comtesse un moyen pour rentrer en grâce, et la décida à négocier adroitement dans ce sens. Les démarches commencèrent ou furent censées commencer. Bientôt Mme  de La Motte se flatta d’avoir dissipé peu à peu les préventions de Marie-Antoinette, et annonça au prélat que cette princesse lui permettait de lui adresser sa justification. Enfin une correspondance s’établit, toujours par le même intermédiaire, correspondance qui malheureusement a été entièrement détruite, et qui, d’abord froide et réservée, s’anima peu à peu, et devint tout à fait intime, à ce point que le grand aumônier, qui était âgé de cinquante ans, finit par se croire sérieusement aimé, et qu’il ne mit plus de bornes à ses divagations épistolaires. Enfin, s’il fallait s’en rapporter aux lettres insérées dans des Mémoires de la comtesse de La Motte publiés en 1846, les deux correspondants en arrivèrent, d’épître en épître, à se tutoyer.

Ce qui est certain, c’est que le cardinal était, dans sa prison, fort inquiet de ses propres lettres, dont l’expression était d’une vivacité telle, qu’il avouait que, seules, elles pouvaient causer sa perte. C’est ce que rapporte, non sans embarras, son grand vicaire l’abbé Georgel, dans ses volumineux Mémoires (t. II, p. 122).

Et maintenant, Mme  de La Motte avait-elle été réellement admise dans l’intimité de la reine ? Les lettres qu’elle remettait, et que le cardinal jugeait authentiques, étaient-elles vraies ou supposées ? Elle n’était elle-même qu’une vile intrigante, cela n’est pas douteux ; mais ne servait-elle pas d’instrument à de cruelles vengeances et à de sanglantes mystifications, comme quelques-uns l’ont pensé ?

Qui pourrait répondre avec une certitude absolue à ces questions ?

Les lettres, il est vrai, paraissent avoir été écrites par un personnage dont nous dirons un mot tout à l’heure ; mais n’était-il pas autorisé ? L’indulgence dont les juges usèrent envers lui, pour un faux qui constituait un crime de lèse-majesté, a de quoi surprendre et peut sembler bien singulière.

Mais poursuivons le récit des faits.

M. de Rohan, plongé dans l’enthousiasme et le ravissement, sollicitait vivement une audience, ou plutôt une entrevue secrète. Il y apporta tant d’insistance que Mme  de La Motte se mit en mesure de la lui procurer. À la fin de juillet ou au commencement d’août 1784, une scène étrange se passait dans un des bosquets des jardins de Versailles. Entre onze heures et minuit, un homme déguisé sous une lévite bleue, portant son chapeau en clabaud, comme on disait alors, c’est-à-dire rabattu sur le visage, descendit discrètement jusqu’au bas du Tapis vert et entra dans le bosquet de Vénus. Il y rencontra une femme coiffée d’une thérèse blanche, qui leva sa coiffe avec son éventail et lui dit qu’il pouvait espérer qu’elle oublierait le passé. (Premier interrogatoire du cardinal.) Muet d’émotion, il s’inclina profondément ; la personne lui présenta une rose en murmurant : « Vous savez ce que cela veut dire. » Il pressa la fleur sur son sein, et, comme il se préparait à balbutier quelques mots de reconnaissance, quelqu’un parut tout à coup en disant ; « Venez vite, voici Madame et Mme  la comtesse d’Artois ! » Tous les acteurs de cette scène disparurent aussitôt.

Il faut rappeler ici que Marie-Antoinette, sans être véritablement belle, était pleine d’attraits, vive, sémillante, femme enfin dans toute la force gracieuse de cette expression, frétillante et à l’emporte-pièce ; descendue du trône et jetée au milieu d'un Prado quelconque, elle eût été encore la reine du bal et aurait tourné toutes les têtes ; le cardinal de Rohan en était éperdument amoureux.

Le cardinal de Rohan, suivant les termes mêmes de son interrogatoire, se retira convaincu qu’il venait de voir la reine, que cependant il devait bien connaître, depuis des années qu’il était son grand aumônier ; sa conviction à cet égard était si complète, si absolue, qu’il ne paraît pas l’avoir jamais perdue. À la Bastille même, il n’était point désabusé, malgré les efforts qu’on faisait pour lui persuader qu’il avait été dupe d’une intrigante, qui avait joué cette farce indigne. Nous lisons en effet dans les Mémoires de l’abbé Georgel (t. II p. 148) : « Je suis sûr, me disait-il, que j’ai parlé à la reine dans les bosquets de Versailles ; mes yeux et mes oreilles n’ont pu me tromper. Ce fait seul repousse (a pensée que ma correspondance avec Sa Majesté est une invention de Mme  de La Motte, et que l’autorisation pour l’achat du collier est de la main d’un faussaire. Comment, ajoutait-il, pouvoir se persuader que, pour mieux m’enfoncer dans l’erreur, cette femme aurait osé hasarder de faire jouer à une demoiselle d’Oliva le rôle de la reine dans le bosquet ? L’artifice eût été trop grossier et trop périlleux pour en faire usage. »

Cependant la demoiselle d’Oliva, dans son interrogatoire, déclare que c’est elle qui a figuré dans la scène du bosquet. Du reste, sa déclaration est faite en termes assez embarrassés. Elle était, dit-elle, fort troublée, et ne comprenait rien à la scène qu’on lui faisait jouer. Cependant, comme nous le voyons par la citation ci-dessus, cette comédie si mal jouée produisit une illusion complète et laissa une conviction bien arrêtée dans l’esprit du cardinal.

On a parlé beaucoup d’une certaine ressemblance de visage entre la d’Oliva et la reine, et c’est cette circonstance qui aurait inspiré aux La Motte l’idée de la scène dont nous venons de parler. Nous ne voyons pas que cette ressemblance ait été judiciairement constatée ; mais en l’admettant, même sans la discuter, il est difficile de comprendre qu’elle fût telle, qu’un homme qui voyait la reine tous les jours pût y être si facilement trompé. Recrutée par les époux La Motte, cette fille, qui faisait métier de ses charmes, fut naturellement payée pour ce service. Amenée à Versailles, elle fut introduite à dix heures du soir dans le parc par Mme  de La Motte, qui lui persuada que ce petit spectacle était désiré par la reine, qui voulait s’en amuser. M. de La Motte et un certain Réteaux de Villette, dont nous parlerons, simulèrent, dit-on, les pas et les voix qui abrégèrent l’entretien.

Le lendemain, la d’Oliva fut ramenée à Paris, et, chose étrange, qui, nous le croyons, n’a pas été relevée, dans une voiture de la cour. (Interrogatoire de la fille Leguay, dite