Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 2, Cim-Coi.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

380

CLAI

s’abattre ne l’avait jamais connue, ou plutôt l’avait complètement oubliée, d’autant plus que cette créature avait alors soixante-cinq ans. Elle écrivit à un ami : « Vous me demandez quels sont mes maux ; tous ceux qu’on peut avouer sans honte : trente ans de travaux destructeurs, le poison qu’on a fait couler dans mes veines, les chagrins que me causent l’envie et l’ingratitude, la misère la plus absolue, la terreur, l’horreur de l’abandon, l’ennui de la solitude ne m’ont laissé d’entier que le cœur. Il est vraisemblable que je suis restée dans votre mémoire fraîche, brillante, entourée de tous mes prestiges. Changez, changez vos idées 1 je vois à peine, j’entends mal ; je n’ai plus de dents, les rides sillonnent mon visage : une peau desséchée couvre a peine ma faible structure. En me venant voir, vous imiterez les anciens héros qui descendaient aux enfers pour communiquer avec les âmes ; vous ne trouverez près de moi ni de Cerbères ni d’Euménides ; la sensibilité vous recevra ; elle est toujours ma fidèle compagne. »

M. Arsène Houssaye, qui a fait de notre héroïne, avec son délicat burin, un médaillon que nous recommandons à nos lecteurs, raconte sur les. dernières années de M1’" Clairon une anecdote qui montre a quel degré de pauvreté et d’oubli était tombée la triomphante reine que nous avons connue : • Un matin, qu’elle balayait son unique chambre en robe plus que fanée et en bonnet de nuit, un étranger se présente : « Mademoiselle Clairon ?

— Elle n’y est pas, dit la comédienne. — Dites-lui que M. du Rouvray res’iendra sur le soir. » M"<= Clairon laissa tomber son balai, ■ Du Rouvray ! murmura-t-elle en voyant « descendre le visiteur ; si j’osais lui dire... Mais puisqu’il reviendra...» Il ne revint pas. Loin de s’en plaindre, l’ancienne et radieuse Frétillon, la pauvre vieille remercia le ciel. Elle ne voulait pas que celui qui l’avait adorée quand elle avait seize ans vît la fraîche et séduisante Clairon métamorphosée en vieille fille de soixante-dix ans : « Mon souvenir vaut mieux que moi-même, écrivait-elle à M"" Drouin. » M Un Clairon mourut en la paroisse de Saint-Thomas-d’Aquin le 11 pluviôse an XI et à

l’âge désoixante-dix-neuf ans. La même année, disions-nous en commençant, mouraient M’n Duinesnil, sa maîtresse, sa rivale, et 11"11 Sophie Arnould, son élève ; toutes deux, comme M’ic Clairon, pauvres et oubliées.

CLAIRONADE s. f. (klè-ro-na-de). Mot de circonstance créé par Voltaire, pour désigner le jeu pathétique de la fameuse Clairon : Ce sera une triomphante claironade, (Volt.)

CLAIRONES s. m. pi. (klè-ro-ne). Entom. Tribu de coléoptères malacodermes serricornes, ayant pour type le genre clairon ou trichode.

— Encycl. Les clairones sont des insectes coléoptères pentamères malacodermes. Ils forment, dans la famille des serricornes, une tribu qui a pour type le genre clairon, et qu’on peut caractériser ainsi : antennes grossissant insensiblement et terminées en massue ; palpes saillants, les labiaux plus longs et terminés le plus souvent en hache ou en cône très-allongé ; corps allongé, presque cylindrique, plus étroit en avant ; élytres recouvrant l’abdomen, qui est mou et terminé carrément ; tarses à articles intermédiaires bilobés et membraneux en dessous. Cette tribu comprend, d’après Latreille, les dix genres suivants : cylidre, tille, priocère, axine, euripe, thanashrie, opile, clairon, néerobie, énoplye. Les auteurs venus plus tard ont supprimé quelques-uns de ces genres, ou en ont ajouté de nouveaux, en sorte qu’on est loin de s’entendre sur la circonscription de la tribu. Les larves des clairones sont carnassières et vivent aux dépens de celles d’autres insectes. Il est probable que leurs femelles pondent leurs œufs dans les demeures de ces derniers, notamment des xylophages. Mais on se demande comment certains clairones à téguments mous peuvent pénétrer dans les ruches des abeilles et des bourdons, malgré l’aiguillon dont sont armés ces hyménoptères. On suppose que ceux-ci, en récoltant le pollen sur les fleurs, se chargent ainsi involontairement des œufs des clairones, et de cette manière inf-oduisent l’ennemi dans la place. Si peu satisfaisante que soit cette explication, on est réduit à s’en contenter, faute de mieux. Quant aux insectes parfaits, ils vivent, les uns sur les (leurs, les autres Sur les bois cariés.

CLAIRONNER v. n. ou inlr. (klè-ro-nérad. clairon). Sonner du clairon, il Vieux mot.

CLAIR-SEMÉ, ÉE adj. Qui est fort épars, fort dispersé, fort espacé, fort éparpillé, en

Earlant des semences ou des végétaux : Du clair-semé. Des raves clair-suméus. Des arbres clair-semés. Nous découvrîmes la mer vers l’est, à travers un bois d’oliviers clairsemés. (Chateaub.)

— Par anal. Epars, fort distants, en parlant d’objets quelconques : Des cailloux clairsemés sur le chemin. Des livres clair-semés dans une bibliothèque. Des passants ci.air-semés dans la rue. Des spectateurs clair-semés dans la salle. Des cheveux clair-semés sur la tête d’un vieillard. La tête et le haut du cou du casoar n’ont que quelques petites plumes ouplutôt quelques poils noirs et clair-semés. (tiurf.)

— Par ext. Rare, peu nombreux : La simplicité, même celle qui est ornée, disparait si les épilhèlcs ne sont pas rares et claiu-semées.

CLAI

(Jôubert.) Les gens contents sont clair-semés en tout pays. (Redern.) Les écoles à l’usage du peuple sont clair-semées dans la campagne romaine. (E. About.)

— Antonymes. Compacte, pressé, serré, intense et dense.-

CLAIRURE s. f. (klè-ru-re — rad. clair). Partie d’une étoffe de laine où le tissu est peu serré,

CLAIR VAL s. m. (klèr-val — nom d’un acteur). Théâtr. Nom que l’on donnait aux rôles de jeunes premiers chantants de l’Opéra-Comique, au xviiis siècle, parce que l’acteur Clairval remplissait des rôles de ce genre : Jouer les clairvai.s d l’Opéra-Comique.

CLAIRVAL (Jean-Baptiste GuiGnard, dit), célèbre acteur et chanteur français, né à Etampes en 1737, mort en 1795. Il était fils d’un jardinier du marquis de Valori, ambassadeur de France en Prusse. La comédie de salon était alors en vogue, et le châtelain de Bourgneuf (résidence du marquis) s’essayait souvent avec ses nobles hôtes à représenter tant bien que mal les pièces en vogue. Clairval, encore enfant, doué d’une figure et d’une tournure agréables, fut souvent invité à prendre une part active dans ces divertissements.

Cependant, le moment arrivé de choisir une profession, Clairval, trouvant le métier paternel trop pénible, entra comme apprenti chez un perruquier, son parent, .dont la boutique, voisine de la Comédie-Italienne, était hantée par les acteurs et les auteurs de ce théâtre, Ce contact quotidien ne manqua pas d’enflammer l’imagination de Clairval, qui, abandonnant rasoir et savonnette, s’en vint, à peine âgé de vingt ans, débuter à l’Opéra-Comique de la foire Saint-Laurent, en 1758. Clairval n’était pas musicien ; mais il avait une jolie voix, du goût et de l’expression. En outre, son intelligence scénique et surtout ses avantages physiques attirèrent vite sur lui l’atten-tion, éveillée-, d’ailleurs, par son début heureux dans le rôle de Dorval du petit opéra ; On ne s’avise jamais de tout. À la suppression de l’Opéra-Comique, en 17S2, Clairval passa à la Comédie-Italienne, et devint un des plus fermes soutiens de eu théâtre, jouant avec ia même supériorité le drame, la comédie et l’opéra-comique, quoi qu’en puisse dire l’épigramme du poëte Guichard, qui se vengea du refus d’un rôle par ces doux vers :

Cet acteur minaudier et ce chanteur sans voix

Ecorche les passants qu’il rasait autrefois.

Presque tous les rôles de ténor, qu’on appelait alors rôles d’amoureux, furent créés par Clairval dans les opéras de Duni, de Philidor, de Monsigny et de Grétry. Il se distingua surtout dans les personnages de Monteauciel du Déserteur, ce Pierrot du Tableau parlant, d’Azor dans la Belle et la bête, du marquis des Evénements imprévus, de Blondel de Jiickard Cœur-de-Lion, enfin, dans le Convalescent de qualité.

À une jolie figure, à un timbre de voix charmant, Clairval unissait à la fois la noblesse, la grâce et la gaieté franche, qualités qui le rendaient propre aux emplois les plus divers. Dans la pièce : On ne s’avise jamais de tout, il remplissait tour à tour, avec une étonnante flexibilité de talent, les rôles de jeune étourdi, de vieillard in firme, de laquais bègue, de vieille femme décrépite. Clairval avait reçu le surnom de Mole de la Comédie-Italienne, surnom qu’il dut autant à la perfection de son jeu qu’à ses bonnes fortunes (on sait le fatal dénoûment de la passion qu’il inspira à Mme de Stainville). Sa création du Convalescent de qualité fut son adieu au théâtre ; il se retira en 1732, après trente-trois années de services actifs.

Clairval était aussi bon camarade qu’excellent acteur, et pour faire briller Caillot, dont il était l’ami, » il voulut, dit Grétry dans ses Mémoires, par une complaisance bien rare, tant que Caillot demeura en possession des grands rôles, ne jouer à ses côtés que des rôles accessoires. »

Le nom de Clairval est resté dans le langage du théâtre pour désigner les premiers rôles de l’Opéra-Comique, les jeunes premiers chantants, dont il était le modèle.

CLAIRVAUX (Clara vallis), hameau de France (Aube), dépendant de la commune de Ville-sous-La-Ferté, arrond. età U kilom. S.-E. de Bar-sur-Aube, entre deux collines boisées, sur la rive gauche de l’Aube ; 900 hab. Forges, fabriques de toiles de coton et de fil. Ancienne abbaye de l’ordre de Citeaux, fondée on U14 par saint Bernard. L’abbaye de Cîteaux étant devenue trop étroite pour la foule sans cesse. croissante des moines qui se pressaient dans son enceinte, l’abbé Étienne envoya, en 1114 ou 1115, le moine Bernard et douze autres religieux fonder une colonie dans le diocèse de Langres, dont la population sollicitait l’établissement d’une de ces maisons religieuses que l’abbé do Cîteaux avait déjà accordées aux habitants des diocèses d’Auxerre et de Chalon-sur-Saône. Bernard, qui n’avait alors que vingt-cinq ans, conduisit ses compagnons à travers des forêts sauvages et des landes incultes ; ils s’arrêtèrent, à deux lieues de la ville de Bar, dans une vallée encaissée, humide, marécageuse, couverte de bois épais qui interceptaient les rayons du soleil ; cette gorge était un repaire de voleurs ; on l’appelait la vallée d’absinthe, soit que l’herbe de ce nom fût la seule production du lieu, soit, dit l’abbé Fleury, à cause de l’amertume que ressentaient ceux qui étaient dévalisés et mal Irai CLAI

tés. par les voleurs. Hugues, huitième comte de Champagne, abandonna en toute propriété cette vallée à Bernard ; désormais, ce ne fut plus la vallée d’absinthe, mais la vallée de lumière, la claire vallée, Clairvaux.

Aucun obstacle, aucune privation ne rebuta le fondateur de Clairvaux ; dans les premiers temps de leur installation, la misère et la détresse des pieux émigrants furent épouvantables ; ils furent réduits à se nourrirde feuilles de hêtre cuites dans l’eau salée. Les moines de Clairvaux ne se laissèrent pas décourager ; ils se reposaient par la prière d’un travail ingrat et incessant ; on croirait à tort que ces moines fussent des serfs des campagnes habitués aux privations, des hommes du commun ; on comptait parmi les religieux de Clairvaux des princes, des nobles, des évoques, des archevêques qui avaient tout abandonna pour vivre en esprit de mortification sous la règle rigoureuse de Saint-Benoît ; la plupart de ces hommes avaient vécu dans les honneurs, dans les plaisirs et l’opulence ; attirés par l’admiration de leurs vertus, les prosélytes affluèrent en si grand nombre, que l’abbé Bernard, cédant aux instances de ses religieux, construisit une nouvelle abbaye plus vaste à l’entrée de la vallée, dans un terrain moins élevé, plus propre à la culture. On sait quel rôle labbé Bernard, que l’Église catholique a mis au rang des saints, joua dans l’histoire de son temps ; tour à tour arbitre des rois, conseil des papes, défenseur éloquent de l’orthodoxie, il remplit le monde entier du bruit de son nom, de l’éclat de ses talents et de ses vertus. Cet homme éminent mourut à Clairvaux en 1153, laissant 700 religieux dans l’abbaye qu’il avait fondée. Sous les premiers successeurs de saint Bernard, l’abbaye de Clairvaux atteignit l’apogée de sa puissance et de sa splendeur ; sa juridiction embrassait près de 50 bourgades ou villages ; l’abbé crosse et mitre jouissait de presque toutes les prérogatives attachées à l’épiscopat ; il avait sous Sun obéissance 800 maisons de l’ordre répandues dans toute l’Europe.

La règle do Clairvaux était des plus sévères ; le vœu de chasteté était si rigoureusement observé dans cette abbaye, que les reines de France n’y étaient môme pas admises pour assister aux offices ; cette discipline ne se relâcha qu’au xvie siècle ; la loi du silence était strictement prescrite. Les cérémonies du culte avaient à Clairvaux un caractère d’austère simplicité ; les ornements de soie étaient interdits ; dans les grandes cérémonies, saint Bern.’ird ne portait qu’une chasuble en coton ; les orgues, les pavés ornés, les vitraux de couleur, les statues étaient proscrits. Pendant les offices de nuit, la clarté de cinq misérables lampes semblait encore épaissir les ténèbres de l’église. Il était de principe que les religieux devaient trouver dans l’abbaye tout ce dont ils avaient besoin ; il y avait parmi eux des ouvriers de tous les corps d’état ; ainsi les moines entretenaient eux-mêmes leurs vêtements, faisaient le service de la cuisine et se livraient aux travaux des champs. L’usage de la viande était interdit à tous les religieux qui n’étaient pas malades ; pendant longtemps, le pain de la communauté fut un grossier mélange de millet, d’orge et de vesce. Les vêtements étaient de laine commune et consistaient, en une tunique ou robe étroite à manches, tenant lieu de chemise, en une coule ou robe plus large se plaçant sur la tunique, en une ceinture, en bas et en souliers. Les moines couchaient tout habillés. Par un esprit de mortification poussé a l’exagération, les premiers cisterciens considéraient les soins de propreté comme incompatibles avec la perfection monacale. Qu’on nous permette de reproduire à ce sujet, d’après l’excellent ouvrage de M. d’Arbois de Jubainville (Eludes sur l’étal intérieur des abbayes cisterciennes et principalement de Clairvaux, au xne et au xiii« siècle), une anecdote rapportée par Césaire : « Un chevalier qui avait un nom connu dans la chevalerie entre dans l’ordre de Cîteaux. Il avait ou pour ami, dans le monde, un autre chevalier également habile dans le métier des armes, et, un jour, il l’exhortait à se faire aussi moine. Celui-ci lui répondit d’une manière qui prouvait une grande pusillanimité : « Oui, mon ami, j’entrerais volontiers dans votre ordre, si ce n’était une chose que je crains. • Le moine lui demanda quelle était cette chose, n La vermine de vos vêtements, répondit le chevalier, car vos étoffes de laine nourrissent beaucoup de vermine, u Alors le moine se mit à rire : ■ 0 courageux chevalier, dit-il, vous qui à la guerre, dans ce monde pervers que le diable inspire, ne « craignez pas l’épée de l’ennemi, vous craiguez les poux dans la milice de Jésus-Christ. » Probablement convaincu par cette réponse, le chevalier entra dans l’ordre. Après sa profession, il rencontra un jour son ancien ami qui lui dit : « Eh bien, mon frère, craignezvous encore les poux ? » Le nouveau moine se rappela à quoi cette question faisait allusion, et il répondit par une bonne parole, par une parole mémorable. « Croyez-moi, mon frère, et tenez ceci pour certain : quand la

■ vermine de tous les moines se réunirait sur

■ mon corps, elle ne pourrait, par ses morsures, me faire sortir de l’ordre. • L’autre fut très-édifié de cette réponse, et il la répétait souvent pour l’édification de ses auditeurs. • C’était, il faut l’avouer, pousser un peu loin le renoncement aux vanités de ce monde.

CLAI

Quoi qu’il en soit, Clairvaux acquit au xme siècle un développement immense ; des établissements industriels et agricoles de toute espèce étaient réunis sur ses domaines ; les produits de ses ateliers s’écoulaient dans les toiresde Champagne. De bonne heure, les vignes appartenant à l’abbaye de Clairvaux furent renommées ; des celliers immenses recevaient les produits de ces vignobles. Tout le monde a entendu parler de la fameuse tonne de Clairvaux, qui mérite de rivaliser avec le tonneau d’Ileidelberg ; cette tonne avait la forme d’un tonneau ordinaire ; elle était composée de grosses pièces de bois parfaitement liées ensemble, et supportée par deux poutres énormes qui lui servaient de chantier ; une

ftorte y avait été pratiquée pour y entrer et a nettoyer, quand cela devenait nécessaire ; elle était ouverte par en haut et disposée de façon à pouvoir recevoir facilement le vin de quatre grands pressoirs voisins, La tonne ou le foudre de Clairvaux contenait environ S00 tonneaux de vin, ou près de 2,400 hectolitres, que l’on y conservait quelquefois pendant plus de dix ans. Cette tonne n’était pas la seule de grande dimension qui existât dans l’abbaye ; on en comptait d’autres qui pouvaient contenir de 140 à 400 tonneaux.

Le développement de ces richesses finit par être fatal à 1 abbaye, dont les commencements avaient été si pauvres et si pieux ; les moines, amollis par le bien-être, devinrent durs pour les paysans dont ils avaient d’abord été les bienfaiteurs ; des désordres de toute espèce s’ensuivirent, et l’abbaye de Clairvaux était bien déchue de sa grandeur et de son influence, quand, en 1789, elle fut supprimée en même temps que toutes les communautés religieuses. À cette époque, on ne comptait plus à Clairvaux que 20 religieux.

L’abbaye de Clairvaux possédait avant la Révolution une bibliothèque de manuscrits curieux ; un grand nombre de ces manuscrits, signalés par les inventaires anciens, sont perdus ou appartiennent à des collections particulières.

Depuis sa fondation, l’abbaye a eu successivement quatre églises, les trois premières bâties au xne siècle, et la quatrième au xvme ; il ne reste rien de ces diverses églises. Les bâtiments claustraux se développaient sur une immense étendue ; l’enclos avait près de 2 kilom. de tour. Le cellier est le seul débris qui subsiste du monastère cistercien du {{{1}}} siècle.

Après la Révolution, les vastes bâtiments de 1 abbaye de Clairvaux, reconstruits à diverses époques, notamment dans le courant du xvin« siècle, furent affectés à une destination pénitentiaire. Ils forment encore aujourd’hui une maison centrale de détention, dont la population moyenne est de 1,050 hommes et 550 femmes. Cette maison est un superbe établissement industriel qui renferme de vastes ateliers où les condamnés sont employés à fabriquer des draps, mérinos, tissus de soie, couvertures de coton et de laine, etc. On y trouve aussi des ateliers de lingerie et et de ganterie dont les produits sont très-recherchés. Nous nous contentons d’indiquer

ces faits, sans entrer dans la discussion des graves questions soulevées par la concurrence entre les produits établis à bas prix de main-d’œuvre dans les prisons, et les produits du travail libre.

« La disposition de la règle qui ordonnait aux religieux de l’abbaye de se suffire à eux-mêmes semble avoir été conservée dans ta prison ; tous les objets nécessaires aux détenus se confectionnent dans l’établissement ; on y trouve des ateliers de tailleurs, de cordonniers, de sabotiers, de menuisiers, de cordiers, etc. ; le service de la boulangerie, des cuisines et des infirmeries est confié à ceux des condamnés qui se distinguent par leur bonne conduite, sous la surveillance d’employés libres. Les femmes détenues qui n’ont pas d’état spécial sont employées, suivant leurs capacités, à la confection et au raccommodage des habillements, au blanchissage, etc. Il II existe en France deux autres localités du nom de Clairvaux : l’une, gros bourg de l’Aveyron, à 21 kilom. N.-O. de Rodez, sur un affluent du Dourdon ; pop. aggl. 570 hab.

— pop. tôt. 2,450 hab. Commerce de chênes, échalas, vins et fruits. Aux environs, belle grotte de Salles-Pinson avec des stalactites et des stalagmites. L’autre est un chef-lieu do canton du département du Jura, arrond. et ù 24 kilom. S.-E. de Lons-le-Saunier, près do la rive gauche de la Drouenne ; pop. aggl. 1,007 hab. — pop. tôt. 1,139 hab. Haut fourneau, forges importantes, papeteries, fromageries. Commerce de bêtes à cornes, chevaux et cochons. Vieille tour, reste d’un ancien château,

CLAIRVILLE (Louis - François Nicolaie, dit), fécond auteur dramatique français, né à Lyon, le 28 janvier 1811, de parents comédiens. Son père avait pris à la scène le nom de Clairville ; il le prit également, et c’est sous ce nom qu’il s’est fait connaître. Sa jeunesse se passa dans les coulisses de Mme Saqui, puis au théâtre forain du Luxembourg, où il débuta dès l’âge de dix ans, et où il fut à la fois acteur, auteur et régisseur, aujourd’hui souffleur, demain jeune premier ou père noble. En 1829, il lit représenter sur cette scène, que dirigeait son père, sa première pièce, suivie d’environ quarante autres. Ces pièces n’ont pas été imprimées, à l’exception de Quatorze ans ou la Vie de Napoléon, en