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cale, o On dit aussi cobée s. f. : La codée est une plante chérie des Parisiens, gui la mettent partout, sur leurs croisées, sur les terrasses et dans’les.jardins. (Tollard.)

— Encycl. On n’est pas bien d’accord sur la place que ce genre doit occuper dans la classification naturelle. Rapporté par les divers auteurs à la famille des bignoniacées ou à celle des polémoniacées, il est devenu pour quelques-uns le type d’une petite famille distincte, sous le nom de cobéacées. Il renferme des arbrisseaux grimpants, à feuilles alternes, ailées, terminées en vrille. Les fleurs, grandes et belles, solitaires à l’aisselle des feuilles, ont un calice pentagonal, ailé ; une corolle campanulée, a limbe divisé en cinq lobes égaux ; cinq étamines, insérées au bas du tube de la corolle, à filets d’abord déclinés, puis tordus en spirale ; un ovaire à trois ou cinq loges inultiovutées, surmonté d’un style simple terminé par un stigmate à trois ou cinq divisions. Le fruit est une capsule à trois ou cinq loges polyspermes. Ce genre comprend aujourd’hui trois ou quatre espèces, qui habitent l’Amérique tropicale. La plus connue est le cobëa grimpant (cobœa scandens), découvert au Mexique par le P. Cobo, et introduit en Europe vers 1792. Cette plante est devenue aujourd’hui très-populaire ; c’est une de celles qu’on voit le pjus fréquemment sur les fenêtres des Parisiens, qui l’appellent par corruption gabéa. Sous nos climats, on le cultive en plein air, mais comme plante annuelle ; en le tenant dans de grands pots, qu’on rentre durant l’hiver en orangerie, on peut le conserver plusieurs années. On le propage de graines, semées sur couche en mars, de boutures et de marcottes. Ses tiges, si on a soin de les faire grimper contre des ficelles, atteignent la longueur de 10 m. et portent un grand nombre de fleurs violacées.

COBÉACÉ, ÉE adj. (ko-bé-a-sé). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte aux cobéas.

— s. f. pi. Tribu de la famille des polémoniacées, ayant pour type le genre cobéa, et regardée par quelques auteurs comme une famille distincte..

COBEL s. m. (ko-bèl). Erpét. Espèce de couleuvre, fi On dit aussi cobelle s. f.

COBENZL et non COBENTZL (Charles, comte de), homme d’État autrichien, né à Laybach (Carniole) en 1712, mort à Bruxelles en 1770. Il entra de bonne heure dans la diplomatie, remplit des missions importantes, reçut le titre de conseiller d’État, et fut nommé, en 1753, ministre plénipotentiaire, chargé d’administrer, sous le prince Charles de Lorraine, les Pays-Bas autrichiens. Dans ce poste, Cobenzl se montra un homme d’État plein d’habileté : il fit plusieurs réformes utiles, interdit aux communautés religieuses la faculté de faire sans cesse de nouvelles acquisitions, donna par de sages mesures un élan nouveau à l’agriculture, à l’industrie et au commerce, fonda une Académie des sciences et une école gratuite de dessin à Bruxelles, etc. Il était doué des plus charmantes qualités de l’homme du monde ; il aimait beaucoup les femmes et la dépense ; mais, quel que fut son goût pour les plaisirs, ce goût ne lui fit jamais oublier ses devoirs d’administrateur, et, grâce à sa prodigieuse facilité de travail, il put suffire à tout.

COBENZL (Louis, comte de), diplomate autrichien, fils du précédent, surnommé par Napoléon l’Onr* du IVont à cause de sa laideur, né à Bruxelles en 1753, mort en 1S08. Il fut d’abord ambassadeur à Copenhague (1774) et à Berlin (1777), puis à Saint-Pétersbourg, où il resta de 1779 à 1797. Il descendait souvent aux moyens les plus vulgaires et les moins dignes pour arriver au succès, poussant la complaisance jusqu’à jouer la comédie sur le théâtre de la cour, en présence de Catherine II. Signataire de la deuxième coalition contre la France (1795), il fut appelé à conclure le traité de Campo - Formio avec Bonaparte, qu’il’séduisit par ses prévenances de courtisan, et dont il eut plus d’une fois à essuyer les boutades, notamment le jour où le bouillant général en chef de l’armée d’Italie lui brisa le fameux service de porcelaine, qu’il tenait de la munificence de Catherine. Il signa aussi la paix de Lunéville (1801), devint chancelier et ministre des affaires étrangères, mais fut sacrifié au ressentiment de Napoléon, après la bataille d’Austerlitz (1805).

COBENZL (Jean-Philippe, comte de), diplomate autrichien, cousin du précédent, né à Laybach en 1741, mort en 1810. Il accompagna Joseph II pendant son voyage en France, fut ministre plénipotentiaire aux négociations de Teschen (1729), ambassadeur à Paris après la paix, de Lunéville (1801), et partagea la disgrâce de son parent en 1805.

COB1DAS, COBIDIUS ou GOB1DAS (Jean), jurisconsulte grec du ve siècle de notre ère. 11 écrivit des commentaires sur divers titres du Digeste et du code, et un traité des peines (Poinulion), dont il existe des fragments dans YAppendix de Léon et de Constantin.

COBIER s. m. (ko-bié). Techn. Nom d’un réservoir qui, dans certains marais salants de l’Ouest, fait suite à la vasière ou jas, et qui est divisé en plusieurs compartiments rectangulaires, au moyen de petites chaussées hautes de quelques centimètres.

COBIJA, ville d’Amérique. V. Puerto-De-la-Mar.

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COBION s. m. (ko-li-on). Espèce de tithymale.

Cobir-Bnr (le), célèbre banian de l’Inde, à Guzerate, à l’extrémité occidentale de l’Indoustan. Cet arbre immense "couvre, avec ses rejets multipliés et entrelacés, un espace de plus de 650 m, de circonférence. Il est impossible de se former, par l’imagination, une idée exacte de cette forêt de feuillage, dont le tronc principal occupe le centre. Les rameaux de cet arbre immense sont portés par des tuteurs naturels, dont la formation offre la plus intéressante étude. Une branche légère comme une liane tombe d’un point quelconque de l’arbre ; aussitôt qu’elle atteint la terre, elle se transforme elle-même en véritable tronc, et rapporte la sève à la tige principale. L’art du jardinier vient ensuite en aide à la nature, et revêt d’un étui protecteur les plus jeunes branches qui touchent le sol. Le1 cobir-bar est le plus célèbre de ces arbres gigantesques, qu’on appelle souvent figuiers des pagodes, parce que les Indous, qui les regardent comme sacrés, en font l’ornement obligé de tous les temples.

COBIT s. m. (ko-bitt). Métrol. Mesure de longueur usitée aux Indes.

COBIT1DE adj. (ko-bi-ti-de). Ichthyol. Qui ressemble aux cobitis ou loches.

— s. m. pi. Famille de poissons abdominaux, ayant pour type le genre loche ou cobitis.

COBITIS s. m. (ko-bi-tiss — mot latin). Ichthyol. Nom scientifique du genre loche.

COBLENCE (Samuel-Victor), industriel français, né à Nancy (Meurthe) en 1814. Entré fort jeune dans une imprimerie de Nancy, Coblence, tout en apprenant l’art typographique, étudia la chimie, puis se rendit à furis, fit des recherches sur l’application de la galvanoplastie à la typographie, et découvrit des procédés nouveaux de clichage par la pile électrique. M. Coblence a fondé un établissement où il applique ses procédés, qui sont exploités d’ailleurs par plusieurs industriels. Il a été décoré de la Légion d’honneur. M. Coblence appartient au culte israélite.

COBLENTZ (Confluentia ou Confluentes des Romains), ville de Prusse, ch.-l. de la province du Rhin et de la régence de son nom, à l’embouchure de la Moselle dans le Rhin, à lOSkilom. S.-E. de Cologne, à 718 kilom. S.-E. de Paris par le chemin de fer et les bateaux du Rhin, par 50" 2l’ de lat. N. et 5° 15’ de long. E. ; SG,000 hab Importante place de guerre ; direction des "ouanes ; consistoire évangélique ; résidence d’un président supérieur, sous l’autorité duquel sont réunies les régences de Coblentz, Cologne, Trêves et^ Aix-la-Chapelle ; siège d’une cour d’appel ; quartier général du 8<s corps d’armée ; gymnase catholique. Fabriques de bronzes, quincaillerie, tabacs, cotons, produits chimiques et toiles ; tanneries, imprimeries, carrosserie ; chantier de construction. Port franc ; communication par bateaux à vapeur avec Manheim, Mayence, Strasbourg, Trêves, Cologne, etc. Commerce actif en vins, houille, grains, gypse.

Située dans l’angle formé par la jonction de la Moselle et du Rhin, entourée du côté opposé a cet angle par une enceinte bastionnée, la ville de Coblentz, par sa position et par les ouvrages de défense qui la protègent, est un point stratégique très-important. Les portes de Mayence et de Lœhr font partie de ces ouvrages ; elles sont easematées et servent de caserne a l’artillerie et aux pionniers. Du reste, les véritables fortifications de Coblentz sont les forteresses qui la dominent de tous côtés. « Ses trois forteresses, a dit Victor Hugo, font face de toutes parts. La Chartreuse domine la route de Mayence ; le Petersberg garde la route de Trêves et de Cologne ; l’Ehrenbreitstein surveille le Rhin et la route de Nassau. » Cette dernière forteresse s’élève en face de Coblentz, au sommet d’un rocher escarpé, sur la rive droite du Rhin, que l’on passe sur un pont de bateaux. L’intérieur de Coblentz est peu intéressant ; il se divise en vieille ville et ville neuve, autrement appelée Clemenstadt. La vieille ville, la partie la plus rapprochée de la Moselle, est un peu animée, mais elle n’a que des rues étroites, tortueuses, malpropres. Si la Clemenstadt a des rues régulières et droites, des maisons bien bâties, elle paraît inhabitée, tant est grande l’absence de circulation. Les principaux édifices de Coblentz sont ; l’ancien château électoral, dans le style antique et orné de colonnes d’ordre ionique, qui au temps de l’occupation française avait été converti en caserne, après avoir servi de retraite aux comtes de Provence et d’Artois (Louis XVIII et Charles X) ; l’ancien collège des jésuites ; l’hôtel de Metternich-Winebourg, habité par le commandant de la place ; l’hôtel des comtes Leyen ; l’hôtel de Boos-Waldeek, habité par le président supérieur.

C’est dans la vieille ville, tout a fait à l’angle de jonction des deux fleuves, que s’élèvé l’église Saint-Castor, fondée au ix= siècle, incendiée au xi«, rebâtie de 1157 à 1208 et restaurée en 1830. Les voûtes sont peintes en bleu et parsemées d’étoiles. Les parties les plus anciennes sont l’intérieur du chœur et les murs inférieurs des tours occidentales. Cette église est fameuse par ses souvenirs historiques. Les envoyés des fils de Louis le Débonnaire s’y réunirent en 843 pour y partager l’empire de Charlemagne, saint Ber COBL

nard y prêcha la croisade, et enfin, en 1338, Louis le Bavarois y nomma Édouard III vicaire de l’empire. On remarque dans cette église de belles fresques et le tombeau de l’archevêque C. d. : Falkenstein (1388). Le Burg, ancien château archiépiscopal, fut commencé en 1280 ; sa masse imposante commande le pont en pierre de la Moselle, bâti en 1344. Coblentz doit son nom à sa position ; 13 ans av. J.-C, les Romains élevèrent un fort au confluent de la Moselle et du Rhin, et lui donnèrent le nom de Confluentes ou Confluentia. De ce mot latin légèrement germanisé est venu celui de Coblentz. À l’époque où Antonin écrivit son Itinéraire, cette forteresse avait environ 1,000 habitants. Aux Romains succédèrent les rois francs qui s’y bâtirent un palais appelé Cop/ielnuci ; quand les trois fils de Louis le Débonnaire se partagèrent l’empire de Charlemagne, les préliminaires du fameux traité de Verdun, en 843, furent discutés dans une diète impériale qui se tint, Comme nous l’avons dit, à l’église Saint-Castor, la cathédrale de Coblentz. À la suite de ce partage, après avoir fait partie du royaume de Lorraine, Coblentz se vit réunie k l’empire d’Allemagne, en 978, par Othon le Grand. En 1018, Henri le Pieux la donna à Poppo, l’archevêque de Trêves. Les successeurs de ce prélat la cédèrent aux comtes palatins du Rhin ; elle passa par mariage aux ducs de Nassau ; puis elle revint sous forme de gage à ses anciens possesseurs, les archevêques de Trêves (1253), Vers la fin du xme siècle, les archevêques de Trêves voulurent fortifier cette ville sous prétexte de la mettre à l’abri d’une attaque extérieure, mais en réalité pour augmenter leur autorité et reprendre à la bourgeoisie les privilèges qu’elle avait conquis. Les bourgeois, apercevant le piège qui leur était tendu, s’opposèrent à ce projet. Une insurrection éclata ; après une guerre sanglante qui dura deux années, l’archevêque Henri 1 emporta. Toutefois, sous son successeur Diether, la bourgeoisie de Coblentz reconquit les libertés et les privilèges dont elle avait été dépouillée. Mais le successeur de Diether, Baudouin de Luxembourg, en 1354, la soumit de nouveau à son autorité absolue. Du reste, il fut le bienfaiteur de la ville asservie ; il l’entoura de fortifications nouvelles, bâtit le Vieux-Pont sur la Moselle, détruisit tous les châteaux situés sur son territoire, où des barons et des chevaliers exerçaient impunément la profession de voleurs de grands chemins, rétablit partout l’ordre, et, à sa mort (1367), laissa Coblentz, sinon libre, du moins florissante. À partir de cette époque. l’histoire de Coblentz peut se résumer par quelques dates principales. Pendant la guerre de Trente ans, elle fut prise en 1632 pai les Suédois, puis par les Français en 1636 par les impériaux ; en 16S8, Bouffters, ne pouvant s’en emparer, la réduisit en cendres ; en 1786, elle devint la résidence des électeurs de Trêves ; en 1792, elle fut l’asile principal de l’émigration française et le foyer de la réaction royaliste. Prise par Marceau en 1794, elle fut plus tard le cheflieu d’un département de 1 empire français (Rhin-et-Moselle). Depuis 1815, elle appartient à la Prusse. Patrie du prince de Metternich et de la cantatrice Henriette Sontag plus tard comtesse de Rossi.

COBLENTZ (Régence de), division administrative de la Prusse, dans la province du Rhin, comprise entre celles de Cologne au N., d’Aix-la-Chapelle et de Trêves à l’U., des dépendances du grand-duché de Holstein-Oldenbourg et du landgraviat de Hesse-Hombourg au S., la Bavière, le grand-duché de Hesse-Darmstadt, le duché de Nassau et la province prussienne de Westphalie à IE. Superficie, 603,020 hectares ; 500,000 hab. La régence de Coblentz, traversée au S. par les montagnes du Hundsriick, et au N.-O. par les monts Eifel, arrosée par le Rhin, la Moselle et la Nahe, est très-tertile en fruits, légumes, tabacs, céréales ; viticulture importante sur les bords du Rhin et de la Moselle ; elle possède plusieurs mines de fer, plomb, cuivre, houille, ardoise et marbre. Subdivisée en douze cercles.

Cobienh (conciles de) 860. Ce concile fut convoqué le 5 juin, par les rois Louis de Germanie, Charles le Chauve et leurs trois neveux, Louis, Lothaire et Charles, dans le but d’établir une paix solide, après les longues discordes qui affaiblissaient l’empire de Charlemagne. Treize évêques et trente-trois seigneurs furent chargés de rédiger une formule de serment, que les cinq rois devaient se prêter mutuellement. Ils y firent entrer deux articles intéressants pour le maintien de la discipline ecclésiastique et pour la tranquillité des États. Lé premier porte que si un excommunié ou un coupable change de royaume pour ne point se soumettre à la pénitence, le roi dans les États duquel le coupable se sera réfugié le contraindra de retourner à son évêque. Dans le second article, il fut ajouté que l’évêque ne retrancherait de l’Église un pécheur qu après l’avoir averti de faire pénitence, et avoir imploré inutilement le secours du roi ou de ses officiers pour l’y contraindre. Il fut aussi décidé par "un troisième article que ceux qui reconnaîtraient leurs fautes et reviendraient sincèrement à l’Église en obtiendraient leur pardon et seraient, non-seulement rétablis dans la possession de leurs biens, mais encore admis à la distribution que les princes font des honneurs de leurs royaumes.

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922. Charles le Simple, roi de France, et Henri, roi de Germanie, firent convoquer ce concile, où se trouvèrent huit évêques, quelques abbés et plusieurs prêtres. Parmi les prélats, on remarque Hériman, archevêque de Cologne, et Hériger de Mayence. On y dressa huit canons, dont cinq seulement nous restent ; les deuxième, troisième et quatrième sont perdus. Le premier défend le mariage entre parents, jusqu’au sixième degré inclusivement ; le sixième porte que les moines obéiront en tout temps aux évêques et leur seront soumis, ’ ainsi que les églises qu’ils desservent ; le septième déclare coupable d’homicide celui qui vend un chrétien ; le huitième défend à ceux qui donnent des biens à quelque église de priver des dîmes l’ancienne église dont ils dépendaient auparavant.

1012. Le roi de Germanie, Henri, fit tenir ce concile pour condamner Thierry, évêque de Metz, et les autres rebelles de Lorraine. Thierry s’était révolté contre Henri, son beaupère, parce que ce dernier avait donné a l’église de Bamberg les terres du douaire de sa sœur. Le concile le suspendit de ses fonctions, jusqu’à ce qu’il se fût justifié.

Coiiicixi ou le Petit- Cobieniz, nom donné, pendant le Directoire, à la portion du boulevard comprise entre la rue de la Chaussée-d’Antin et la rue Drouot actuelle. Ce

boulevard était loin d’être alors ce qu’il est aujourd’hui, mais c’était déjà la promenade favorite des élégants. La portion dont nous parlons dut son nom à la réaction royaliste. Coblentz étant un des foyers de 1 émigration, les royalistes demeurés à Paris, ou rentrés sous le Directoire, établirent, en quelque sorte, leur quartier général sur ce coin de Paris, et lui imposèrent ce nom. Le Petit-Coblentz devint le rendez-vous des incroyables et des merveilleuses, ces lions et ces lionnes d’alors : lions dangereux, cachant sous un grasseyement féminin et quasi poitrinaire une force athlétique, et tout prêts, au moindre prétexte, à redresser leur échine mollement penchée pour assommer d’un gourdin noueux un patriote fourvoyé ; merveilleuses qui avaient transporté l’opposition jusque dans le costume, et dont les broderies de robes représentaient la famille royale, Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame, etc., etc. Tout ce

monde parlait librement, insolemment, raillant le Directoire et Barras, assurant que la République n’en avait pas pour quinze jours, s’abordant par des espèces de mots de passe : « Quelle est la moitié de trente-quatre ?-Dix-sept !

» (Louis XVII) ; étalant sur les

chaises de paille des jambes chaussées de bas de soie sur lesquels étaient brodées des fleurs de lis d’argent." Coblentz, a dit un historien, c’était un Paris dans Paris ; c’était le rendez-vous des mécontents, la protestation des élégantes, la promenade des jolies femmes, le camp du bon ton, la galerie de la mode... Sur les six rangs de chaises de paille de Coblentz siégeaint les rancunes, les ressentiments, la vengeance, mais une vengeance rieuse.» Rieuse ! entendons-nous : Coblentz fut pour la République un danger permanent, que le Directoire eut peut-être raison de tolérer pour montrer à quel point il respectait la liberté même de ses ennemis, mais dont il ne sut pas conjurer les progrès : Mme Tallien frayait avec le Petit-Coblentz. Elle, la reine de Tivoli, d’Idalie, de l’Élysée, de tous ces jardins féeriques éclos, comme par miracle, au lendemain de la l’erreur ! La République avait vécu ; la réaction commençait ; la dictature n’était pas loin. Plus d’une conspiration commença à Coblentz, et Dieu seul eût pu lire dans les âmes de ces élégants et de ces élégantes, occupés en apparence à débiter des fadeurs, et qui rêvaient uniquement l’entrée triomphale des alliés et l’asservissement de la France L’ancien régime

était bien mort ; mais, vingt ans plus tard, ces mêmes élégants, devenus des personnages mûrs, purent voir l’accomplissement d’une partie de leur ancien rêve : Paris, la France, au pouvoir de l’étranger, et fredonner cette phrase que Béranger stéréotypa plus tard :

Vivent nos omis les ennemis !

COBO (Jean), dominicain espagnol’, né à AIcazar-de-Consuegra, près de Tolède, mort en

1592. Envoyé en 1586 au Mexique, pour se livrer à l’œuvre des missions, il passa de là à Manille, dans les îles Philipines, où il fut chargé de prêcher l’Évangile à une colonie de Chinois. En 1592, il reçut du vice-roi espagnol la mission de se rendre auprès de l’em-pereur du Japon, afin de conclure avec lui un traité, et le moine diplomate obtint de ce souverain des conditions avantageuses, ainsi que le libre exercice de la prédication évangélique au Japon. Ensuite il retourna aux Philippines ; mais, ayant fait naufrage à l’île Formose, il fut tué par les indigènes. Il a laissé un Dictionnaire chinois, un Catéchisme et un Traité d’astronomie dans la même langue, etel

COBO (Barnabe), jésuite espagnol, né à Lopera (province de Jaen) en 1582, mort à Lima en 1657. Pendant plus de cinquante ans, il fut missionnaire au Mexique et au Pérou, et laissa en mourant des manuscrits (10 vol. in-fol.) que possède la bibliothèque de Séville et comprenant des Observations sur l’histoire, naturelle du Pérou, une Histoire des Indes, etc. C’est en l’honneur de ce jésuite naturaliste

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