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mières syllabes de l’Évangile de la liberté. Il alla ainsi jusqu’au delà de la Loire, semant partout sa parole enflammée, et communiquant le délire sacré dont il était transporté.

Chose infiniment touchante, cet Allemand, ce noble, ce millionnaire, seigneur dans son pays, se fait le serviteur de la France, l’apôtre des ignorants et des petits, le soldat de la justice et de l’égalité ! Grande et mémorable époque que celle où l’on voit de telles choses !

Un certain nombre d’autres étrangers, la plupart riches, titrés, éloquents, instruits, entraînés par un enthousiasme dont les générations actuelles ne soupçonnent pas l’intensité, abandonnèrent également leur patrie, leurs dignités et leur rang pour se donner à la France nouvelle, à la Révolution, aux droits de l’homme, à la religion de la liberté. Presque tous ont été broyés dans les luttes de nos factions, et leur histoire même a été défigurée par nos historiens. Mais telle était la puissance de l’idée, qu’en mourant ils adoraient encore cette France qui les tuait.

Quand Burke publia ses diatribes contre la Révolution française, Cloots, qui l’avait connu en Angleterre, écrivit une chaleureuse Adresse à Edmond Burke, panégyrique enthousiaste de tout ce qu’attaquait le membre du parlement. Il publia encore à la même époque divers autres écrits politiques.

Le 19 juin 1790, anniversaire du serment du Jeu de paume, Cloots parut à la barre à la tête d’hommes de tous les pays, dans leur costumes nationaux, pour réclamer en leur nom une place officielle à la fête de la Fédération. C’étaient là les ambassadeurs des souverains opprimés, c’est-à-dire des peuples, par opposition aux ambassadeurs des tyrans, qui remplissaient la tribune diplomatique. Cette manifestation, très-imposante et très-digne, est connue dans l’histoire de la Révolution sous le nom de l’Ambassade. Des journalistes de la cour ont prétendu que Cloots avait fait jouer ce rôle par quelques domestiques et porteurs d’eau travestis, et cette historiette est encore gravement racontée ainsi dans des ouvrages publiés de nos jours. Mais M. Georges Avenel a recomposé presque entièrement l’Ambassade, qui fut accueillie avec enthousiasme et respect par l’Assemblée constituante et haranguée par le président, le baron Menou, le futur général d’Égypte. Elle se composait de savants, d’ex-mimstres ou diplomates, de banquiers, de proscrits, de publicistes, d’anciens magistrats, etc., dont plusieurs ont occupé depuis les plus hautes positions. Il y avait là Pio, premier secrétaire de l’ambassade de Naples, qui donna l’exemple à nos porte-cordons, et le premier déposa ses décorations pour devenir simple citoyen français ; don Pablo Olivadès, emprisonné et proscrit par l’inquisition pour avoir colonisé avec de laborieux Allemands les solitudes de l’Espagne ; le baron de Trenck, le Latude des bastilles prussiennes ; les patriotes hollandais bannis par le stathouder, comte de Boetzelaer, baron Van de Pol, de Capellen, vertueux magistrats qui jouèrent depuis un rôle considérable ; de Nyss, futur aide de camp de Dumouriez ; le célèbre banquier Abbéma ; de Kock, père de notre romancier populaire Paul de Kock ; les Brabançons Balsa, de Raet ; le Liégeois Van de Stenne ; le publiciste anglais Robert Pigott, etc. Enfin l’Arabe même et le Chaldéen étaient parfaitement authentiques ; ils sortaient du Collège de France et de la Bibliothèque : c’étaient les interprètes orientaux Chavis et Chammas.

Ces prosélytes des droits de l’homme étaient trente-six, et ils avaient choisi pour leur orateur Cloots du Val-de-Grâce, qui reçut et porta depuis ce jour le surnom d’Orateur du genre humain. Dans son discours, il avait marqué avec grandeur le caractère de la grande Fédération du 14 juillet et l’universalité de notre Révolution.

« Cette solennité civique ne sera pas seulement la fête des Français, mais encore la fête du genre humain. La trompette qui sonna la résurrection d’un grand peuple a retenti aux quatre coins du monde, et les chants d’allégresse d’un chœur de vingt-cinq millions d’hommes libres ont réveillé les peuples ensevelis dans un long esclavage. La sagesse de vos décrets, messieurs, l’union des enfants de la France, ce tableau ravissant donne des soucis amers aux despotes et de justes espérances aux nations asservies… »

Cloots fut dès lors populaire ; son discours fut traduit dans toutes les langues, et de toutes les parties de la France et de l’Europe il reçut de nombreuses félicitations. Quant à lui, en bon patriote, il alla vaillamment, de ses mains patriciennes, brouetter la terre au Champ-de-Mars, avec tout Paris, pour préparer le lieu sacré où allait se célébrer aux yeux de l’univers la grande Pâque de la liberté, où lui-même figura à la tête des députés du genre humain.

Peu après, il donna l’exemple de se débaptiser, comme il s’était déféodalisé, même avant la suppression des titres. Il choisit le nom d’Anacharsis, le philosophe nomade qui était venu chercher la sagesse en Grèce, comme lui en France. À ce moment, le rêveur enthousiaste datait ses lettres du chef-lieu du globe. On sait que l’exemple des changements de noms fut suivi par un grand nombre de patriotes,

La doctrine de Cloots, telle qu’il l’a formulée dans l’Orateur du genre humain, dans la République universelle, dans ses Bases constitutionnelles de la république du genre humain et dans ses autres écrits, peut être résumée en quelques mots. Parti des profondeurs du panthéisme, il ne reconnaît d’autre Dieu que l’humanité, et il aboutit en politique à la nation unique, à une seule république comprenant le monde entier. « Esprit enthousiaste et subtil, naïf et pénétrant, moitié Allemand et moitié Gaulois, il n’adorait Dieu que dans l’universalité des êtres, croyait à la solidarité des peuples, jusqu’à les vouloir confondus en un seul, aimait passionnément la France, comme le nécessaire instrument de l’unité du genre humain, aimait passionnément Paris, comme l’âme de la France et la capitale prédestinée du monde. » (Louis Blanc.)

En effet, Paris était pour Cloots le lieu sacré. « Paris, disait-il, est une assemblée nationale par la force même des choses. C’est le Vatican de la raison… Pourquoi donc la nature aurait-elle placé Paris à distance égale du pôle et de l’équateur, sinon pour être le berceau, le chef-lieu de la confédération générale des hommes ? Ici s’assembleront les états généraux du monde… Rome fut la métropole du monde par la guerre, Paris sera la métropole du monde par la paix… La langue française doit être la langue universelle… Le point d’appui qu’Archimède chercha vainement pour soulever la terre et que le clergé trouve dans le ciel, vous, mes frères, vous le trouverez en France pour renverser les trônes. Que n’ai-je les cent mille voix de la renommée pour faire entendre à toute la terre l’éloge du nom français ! … Le peuple est le souverain du monde, il est Dieu, et la France est le point de ralliement du peuple-Dieu… Le genre humain est le souverain. Il n’y a pas deux genres humains, il n’y a pas deux souverains… La famille du souverain compte autant de princes du sang que d’individus… Plus je réfléchis, plus je conçois la possibilité d’une nation unique, la facilité qu’aura l’assemblée universelle, séant à Paris, pour mener le char du genre humain… Émules de Vitruve, si le civisme échauffe votre génie, vous saurez bien nous faire un temple pour contenir tous les représentants du monde. Il n’en faut guère plus de dix mille… Les hommes seront ce qu’ils doivent être, quand chacun pourra dire : le monde est ma patrie, le monde est à moi. Alors plus d’émigrants. La nature est une, la société est une… Ne dites pas que la nation unique est une chimère : la France divisée en départements par les mains de la liberté semblait aussi une chimère… N’arguez pas des distances. Quand je vois un tyran à Madrid et un tyran à Saint-Pétersbourg se partager pour ainsi dire les deux hémisphères ; quand un lama de Rome et un lama de la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Malais ; quand des marchands d’Amsterdam et de Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je conçois la facilité d’une assemblée siégeant à Paris, etc. »

Et, pressentant pour ainsi dire les découvertes modernes, le noble rêveur s’écrie :

« Il n’y aura plus ni provinces, ni armées, ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan sera couvert de navires qui formeront un superbe pont de communication, et les grandes routes de France se prolongeront jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin comme de Bordeaux à Strasbourg, sans que rien nous arrête, ni barrières, ni murailles, ni commis, ni chasseurs. Il n’y aura plus de déserts ; toute la terre sera un jardin. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ de la Fédération… »

Ces citations, prises au hasard, indiquent assez les tendances d’Anacharsis. On raconte qu’un railleur, à propos de la république universelle, disait : « En ce cas, le mont Athos servira de tribune, et les représentants de l’univers seront assis sur les Cordillères. » Mais Cloots poursuivait imperturbablement sa route, en se moquant des moqueurs, suivant son expression, et en poussant de toutes ses forces aux moyens d’exécution, c’est-à-dire à la propagande armée. Le 21 avril 1792, il présenta son ouvrage à l’Assemblée législative, et fit l’offrande de 12,000 francs pour soutenir la guerre que l’on venait de déclarer à l’empereur d’Allemagne. Sur la motion d’Hérault de Séchelles, il fut arrêté que ce don serait le noyau d’un fonds destiné à soutenir les soldats étrangers qui viendraient se ranger sous les drapeaux de la France libre. Le 12 août, deux jours après le renversement du trône, l’infatigable Orateur du genre humain vint demander, à la barre, la mise à prix des têtes de Brunswick et du roi de Prusse, qu’il appelait le Sardanapale du Nord. Il demandait en même temps qu’on utilisât le zèle des réfugiés prussiens, en les organisant sous le nom de légion vandale. L’Assemblée lui accorda, le 26 août, le titre de citoyen français, ainsi qu’à Thomas Payne, Priestley, Washington, Klopstock, et à d’autres illustres étrangers, qui avaient manifesté leurs sympathies pour notre Révolution. Déjà il était Français par l’adoption des patriotes, même de ses adversaires, et, avec une confiance magnanime dans la Révolution, il avait lié son sort à celui de la sans-culotterie, en mettant toute sa fortune en France et en achetant des biens nationaux, des fermes en Picardie, au moment même où toute l’Europe marchait contre nous. Dès lors il signa : Anacharsis, cultivateur.

Nommé député à la Convention par les électeurs de Saône-et-Loire et de l’Oise, il opta pour ce dernier département. Jusque-là, il était resté en dehors des partis, poursuivant, seul, ce qu’il appelait ingénument son utopie.Un de ses amis le mena chez Roland, dans ces réunions où l’on attirait tous les hommes qui avaient une notoriété, pour les façonner aux projets des girondins. On y tournait en plaisanterie ses projets de république universelle, et il vit avec surprise y développer les avantages du système fédératif. Il brisa bientôt avec les girondins, et, dans une brochure intitulée : Ni Marat ni Roland, il dévoila, le premier, les tendances fédéralistes de ce parti. Le titre même de cette brochure indique la position indépendante qu’il avait prise entre les deux grandes fractions qui divisaient la Convention nationale. Néanmoins, il votait avec la Montagne dans toutes les grandes questions. C’est ainsi qu’il se prononça pour la mort de Louis XVI, ajoutant « qu’il condamnait également à mort l’infâme Frédéric-Guillaume. » Il se prononça successivement pour les annexions à la France de la Savoie, de la Belgique et de la Hollande, dans lesquelles il voyait un acheminement à l’unité. Pour arriver plus promptement au but, il fit aux Jacobins, le 9 septembre 1793, un discours sur la nécessité d’une croisade civique. Au 31 mai, il se prononça énergiquement contre les girondins ; et, sans avoir des relations suivies avec les hébertistes, il se rattachait évidemment à ce parti par ses opinions anticatholiques, par son culte pour la grande ville révolutionnaire, par ses idées de propagande armée et par ses principes ultradémocratiques.

« Rien ne caractérise plus la rare originalité d’Anacharsis Cloots, dit M. Michelet, que le sentiment profond qu’il eut de Paris, en qui il reconnaissait le précurseur du genre humain, l’ardent, l’aveugle messager, instinctif et inspiré, qui court devant la Révolution, portant son flambeau. »

À la Convention, Anacbarsis fit partie des comités diplomatique et d’instruction publique, où il rendit de grands services par sa connaissance des affaires de l’Europe, et par ses lumières et ses idées hardies.

Lors du mouvement contre le culte, dont il fut un des promoteurs, il décida avec Chaumette l’archevêque de Paris Gobel à déposer ses fonctions, et il joua un rôle important dans l’établissement des fêtes de la Raison. V. Raison (fêtes de la).

On sait que Robespierre, fort opposé à ce mouvement, saisit cette occasion pour frapper les hébertistes, à la faveur des luttes déplorables qui avaient éclaté parmi les hommes de la Révolution. Cloots, le grand hérétique, ne pouvait échapper à ses coups. Il le fit d’abord attaquer par Camille Desmoulins, dans le Vieux cordelier ; puis profita d’un scrutin épuratoire fait aux Jacobins, le 22 frimaire an II, pour se prononcer lui-même. Quand vint le tour de Cloots de passer à la censure, Robespierre monta précipitamment à la tribune : « Pouvons-nous, dit-il, regarder comme un patriote un baron allemand ? Pouvons-nous regarder comme un sans-culotte un homme qui a plus de 100,000 livres de rentes ? » Il l’accuse ensuite d’avoir augmenté le nombre des fédéralistes par ses extravagances, et d’avoir dédaigné le titre de citoyen français pour celui de citoyen du monde. Le reproche le plus grave qu’il lui fit, ce fut d’avoir préparé la mascarade philosophique du 17 brumaire. Il résuma d’ailleurs tous ses griefs en ce seul mot : Cloots est un Prussien. Tout cela était d’une mauvaise foi insigne : Anacharsis Cloots était sincèrement attaché à la France, comme il eût pu le prouver par l’ensemble de sa conduite. N’avait-il pas donné des gages à sa patrie adoptive, même avant la Révolution, dans un livre que nous avons cité et dont le titre indique l’esprit : Vœu d’un gallophile (1786, in-12). Écrasé, en quelque sorte, sous tant d’injustices, il ne répondit rien. Personne n’osa prendre sa défense contre Robespierre, déjà tout-puissant dans le club, et sa radiation fut prononcée. Ce n’était là que le premier acte de la tragédie ; quinze jours plus tard, le 12 nivôse, on l’arrêtait, comme étranger, avec Thomas Payne. Par une coïncidence digne de remarque, le numéro du Moniteur qui donnait cette nouvelle contenait des lettres de Londres annonçant une tentative de soulèvement des républicains de la Grande-Bretagne. C’était l’effet des principes de fraternité universelle proclamés en 1792, par l’initiative de Cloots. Rien ne pouvait être plus avantageux à la République française que cette propagande européenne qui lui gagnait les cœurs et lui valait des armées. La campagne de persécutions entreprise contre les étrangers réfugiés chez nous, sous prétexte de conspirations chimériques, pouvait plaire aux rois, mais devait refroidir les peuples. L’arrestation de Cloots ne suffisait pas à la haine de Robespierre : il le destinait à l’échafaud. L’Orateur du genre humain était depuis deux mois et demi dans la maison d’arrêt de Saint-Lazare, lorsqu’il se vit comprendre dans l’affaire des hébertistes, à laquelle il était étranger. Il fut condamné à mort avec eux, bien qu’il ne s’élevât contre lui aucune charge. Cette sentence inique le trouva impassible. Il donna à ses compagnons l’exemple du courage, et, jusque sur l’échafaud, où il monta en souriant, il prêcha le panthéisme et la république universelle, avec autant de calme qu’à la tribune des Cordeliers ou des Jacobins (4 germinal an II — 24 mars 1794). Il n’avait pas quarante ans.

Cloots (Anacharsis), l’Orateur du genre humain, œuvre historique remarquable, par Georges Avenel (Paris, 1855, 2 vol. in-8o, chez Lacroix et Verboeckhoven). Sous le titre et sous la forme d’une simple biographie, ce livre est en réalité un panorama de la fin du XVIIIe siècle et surtout de la Révolution jusqu’en germinal an II. C’est l’histoire d’un personnage, mais c’est aussi l’esquisse de la société au milieu de laquelle il a vécu, des événements auxquels il a été mêlé. Ce personnage, tout le monde le connaît ou croit le connaître. C’est le grand rêveur cosmopolite, l’apôtre de la république universelle, le don Quichotte de la philosophie naturaliste, une sorte d’abbé de Saint-Pierre enrôlé dans la sans-culotterie ; en somme, une des physionomies les plus originales de la Révolution. M. Avenel l’a dessiné avec amour. Il prend son héros, pour ainsi dire, dès le berceau ; il le suit avec une sollicitude enthousiaste dans toutes les péripéties de son existence ; il monte avec lui les gradins du tribunal révolutionnaire, l’accompagne dans la charrette et le conduit pieusement jusque sur les degrés de l’échafaud. C’est donc là une vie complète de l’Orateur du genre humain, curieusement fouillée et travaillée, et à laquelle notre cadre restreint ne nous a malheureusement pas permis, dans l’article ci-dessus, d’emprunter autant de détails que nous l’aurions désiré. Nous n’avons pas à juger les vues et les idées de l’auteur, qui a peut-être un peu trop fait la pastorale de la Terreur, car il ne fait pas le procès au temps : il vit de sa vie et de ses passions ; il suit le cours des événements, en les racontant, ou plutôt en les peignant, avec la partialité naïve d’un intéressé. En résumé, cette histoire est écrite dans un esprit hébertiste qui choquera sans doute beaucoup de lecteurs ; mais elle est remplie de recherches curieuses, de détails piquants, d’aperçus neufs et de révélations.

La vie du philosophe avant la Révolution est largement esquissée, mais avec une sûreté de touche qui indique de longues recherches. Ses études, ses voyages, ses aventures, la publication de ses écrits, ses séjours à Paris, ses enthousiasmes philosophiques et ses déceptions présentent une suite d’épisodes remplis de charme et d’intérêt. Nous signalerons encore, dans cette vigoureuse étude, les luttes de l’Orateur contre Fauchet et les mystiques révolutionnaires ; le duel émouvant de la Gironde et de la Montagne ; les travaux du comité diplomatique de la Convention ; la distinction nettement établie entre la guerre de propagande entamée en 1792 et la guerre exclusivement nationale de 1793, guerre plus sanglante, car alors on ne distinguait plus les peuples de leur gouvernement ; la preuve de négociations prématurées entamées par le comité de Salut public pour obtenir la paix ; le mouvement anticatholique de brumaire an II, les fêtes de la Raison, l’insurrection cordelière, toute l’instruction et le procès des hébertistes, etc. ; tout cela, bien entendu, au point de vue particulier de l’auteur. M. Avenel est enthousiaste de son héros, comme tous les biographes ; mais ce qui n’arrive pas toujours, c’est qu’il le fait aimer au lecteur. Après tout, c’est un original intéressant et sympathique que ce pauvre Prussien, millionnaire et baron, disciple ardent de nos philosophes, élevé dans nos écoles, qui donne à la France nouvelle sa fortune et sa vie, qui n’a jamais proscrit personne, et dont les rêves, les actions et les écrits, tant de fois ridiculisés par des scribes ignorants, sont dans cet ouvrage sérieusement étudiés pour la première fois.


CLOP adj. et s. m. (klopp). Boiteux. || Vieux mot.


CLOPANT (klo-pan) part. prés. du v. Cloper : IL faut que je m’en aille en clopant. (G. Sand.)


CLOPAS, que plusieurs versions françaises écrivent Cléopas pour l’identifier avec le disciple de Jésus qui portait ce nom (v. Cléopas), nous est présenté dans l’Évangile de Jean comme l’époux de Marie, sœur de la mère de Jésus et mère de Jacques le Mineur (d’après Marc), Clopas est très-probablement le même personnage que les Évangiles synoptiques donnent sous le nom d’Alphée.


CLOPÉE s. f. {klo-pé — rad. cloper). Art vétér. Piétin, maladie des moutons. || On dit aussi clopin s. m.


CLOPÉMANIE s. f. (klo-pé-ma-ni — du gr. klopê, vol, et de manie). Méd. Penchant irrésistible à dérober.


CLOPER v. n. ou intr. (klo-pé — de l’allem. klopfen, battre, ou du gr. chôlopous, boiteux). Boiter. || Vieux mot.


CLOPEUR s. m. (klo-peur — de l’allem. klopfen, battre). Instrument à l’usage du raffineur de sucre. || On dit aussi clopeux.


CLOPIN s. m. (klo-pain — gr. chôlopous, même sens, ou de l’allem. klopfen, battre). Boiteux. || Vieux mot. On disait aussi clopinel.

— Art vétér. Inflammation du tissu cellulaire de l’onglou des brebis, avec décollement de la corne, désunion de la paroi et des parties qu’elle recouvre, et suintement léger d’une humeur d’apparence oléagineuse. || On dit aussi clopée et piétin.


CLOPINANT (klo-pi-nan) part. prés. du v. Clopiner :