gu’on va indiquer plus loin. Jean laissa pour successeur Pierre de Choiseul, troisième du nom, père : 1° de Philibert, baron d’Aigremont, dont la descendance directe s’est éteinte vers 1710, en la personne d’Alexandre de Choiseul, baron d’Ambouville, dit le comte de Choiseul ; 2° de René de Choiseul, baron de Beaupré. Celui-ci épousa Mahaud, dame de Francières, dont naquirent : Chrétien de Choiseul, baron de Beaupré, qui a continué la filiation directe ; Maximilien de Choiseul, auteur du rameau des barons de Meuze, et Jean de Choiseul, qui a formé le rameau des barons de Francières, qu’on va indiquer plus loin. Chrétien de Choiseul laissa deux fils : Louis-François, dont la postérité a jeté un rameau en Allemagne sous le nom des seigneurs de Fremestrof, et qui avait pour représentant, à la fin du XVIIe siècle, François-Joseph de Choiseul, gouverneur de l’Île de Saint-Domingue, marié à Nicole, sœur du comte de Stainville. Ce François-Joseph eut pour successeur son fils, François-Joseph, deuxième du nom, marquis de Stainville, envoyé extraordinaire du duc de Lorraine en France, père d’Étienne-François, duc de Choiseul, ministre de Louis XV et promoteur de l’expulsion des jésuites du territoire de la France ; 2° Antoine de Choiseul, père de Jacques-François de Choiseul, dit le marquis de Beaupré, et dont la postérité s’est continuée. Jean de Choiseul, troisième fils de René de Choiseul et de Mahaud de Francières, a formé le rameau des marquis de Francières, éteint en la personne de Claude de Choiseul, marquis de Francières, maréchal de France, mort sans enfants en 1711. Pierre de Choiseul, deuxième fils de Pierre II de Choiseul, seifneur d’Aigremont, est l’auteur de la branche des seigneurs de Doncourt et de Chevigny. Il eut pour fils Jean de Choiseul, qui a continué la filiation, et dont sont sortis les rameaux des seigneurs d’Esquilly et de Bussières, et Nicolas de Choiseul, auteur du rameau des ducs de Praslin. Nicolas eut pour fils et successeur Ferry de Choiseul, seigneur de Praslin et du Plessis, père : 1° de Charles
de Choiseul, marquis de Praslin, maréchal de
France, dont sont issus les Praslin, perpétués jusqu’à nos jours, et 2° de Ferry de Choiseul, colonel général de la cavalerie légère en 1593, père de César, duc de Choiseul, maréchal de France, en faveur de qui la seigneurie de Polify lut érigée en duché-pairie sous le nom de Choiseul, en 1665, et dont la postérité mâle est éteinte. Les membres les plus célèbres de cette famille sont les suivants :
CHOISEUL (Charles de), comte du Plessis-Praslin, maréchal de France, né vers 1563,
mort en 1626. Il servit contre les protestants
sous le maréchal de Matignon et sous
Mayenne ; mais sa modération l’éloigna de la
Ligue, et il préserva le Bassigny et la Champagne
des fureurs de cette faction. Il fut un
des premiers à reconnaître Henri IV, qui le
nomma capitaine d’une compagnie de ses
gardes et gouverneur de Troyes. Il se trouva
à la réduction de Paris (1594), et ce fut lui
qui reçut, en 1602, la mission d’arrêter au
Louvre le maréchal de Biron. Après le meurtre
du roi, il servit la régente, puis Louis XIII,
qui lui donna le bâton de maréchal en 1619.
Il se distingua depuis aux sièges de Saint-Jean-d’Angely,
de Montauban, dans les guerres contre les protestants du Midi, et reçut
avant sa mort le titre de gouverneur de l’Angoumois et de l’Aunis.
CHOISEUL (César, duc de), sieur du Plessis-Praslin, maréchal de France, neveu du précédent, né à Paris en 1598, mort en 1675.
Enfant d’honneur du dauphin, fils de Henri IV,
il obtint un régiment à l’âge de quatorze ans,
eut fort jeune un duel avec l’abbé de Gondi
(depuis cardinal de Retz), servit dans les
guerres contre les protestants, et, pendant le
siège de La Rochelle, empêcha le débarquement
des Anglais dans l’île d’Oléron et battit
Buckingham dans l’île de Ré. La ville prise,
il en reçut le commandement, et se distingua
encore aux sièges de Privas, de Montauban
et de Pignerol. Investi de la confiance de Richelieu,
il fut chargé de négociations diplomatiques
en Italie, où il détacha des intérêts
de l’Espagne les ducs de Savoie, de Parme et
de Mantoue. Dans les guerres du Piémont, il
joua un rôle très-brillant et emporta un grand
nombre de places, tantôt sous le commandement
de Créqui, du cardinal de La Valette, du
comte d’Harcourt, et quelquefois en qualité de
commandant en chef. Envoyé en Catalogne,
il y gagna la dignité de maréchal, en emportant
la forteresse de Roses, après trente-cinq
jours de tranchée ouverte (1645). Il retourna
ensuite en Italie, où, par les armes et les négociations,
il contraignit Innocent X à abandonner
le parti des Espagnols, sur lesquels
Choiseul remporta la victoire de Trancheron,
qui ouvrait le Milanais à l’armée française.
Dans cette campagne cependant, Mazarin
l’avait laissé manquer de tout, et il dépensa
450,000 livres de sa fortune pour nourrir son
armée. Pendant les troubles de la Fronde, il
défendit la cour, fut chargé de couvrir la
Champagne et battit Turenne à Rethel (1650).
Ce fut lui qui apprit la guerre à Louis XIV,
qu’il accompagna aux sièges de Stenay, d’Arras,
de Dunkerque. Plus tard il pacifia la
Provence et dirigea la construction des fortifications
de Perpignan. Il fut créé duc et pair en 1663. Dans ses dernières années, il fut employé aux négociations diplomatiques et
ménagea le traité d’alliance de l’Angleterre
et de la France contre les Hollandais. Ses
Mémoires ont été publiés en 1676. Deux recueils
de ses Lettres sont à la Bibliothèque,
CHOISEUL (Gilbert de), prélat, frère de César, né vers 1613, mort en 1689. Il fut évêque de Comminges, puis de Tournay, prit part
aux affaires ecclésiastiques de son temps, et
concourut à la célèbre Déclaration du clergé
de France. Il a laissé, entre autres ouvrages,
des Mémoires touchant la religion (Paris, 1681-1685).
CHOISEUL (Claude, marquis de Francières, comte de), maréchal de France, né à Langres
en 1632, mort en 1711. Il se fit remarquer
au combat de Vitry-sur-Seine et surtout dans
la campagne de Hongrie (1664). En 1669, sous
le maréchal de Noailles, il défendit vaillamment
l’île de Candie contre les Turcs, servit
dans la campagne de Flandre, sous Turenne
et Condé, vainquit l’habile Marcin, général
des Espagnols, s’illustra à Senef (1674), enleva
Deux-Ponts (1676), soumit Liège pour l’électeur
de Cologne, couvrit la France contre les
attaques de l’électeur de Bavière et reçut le
bâton de maréchal en 1693. Il laissa la réputation
d’un des plus habiles capitaines de son
temps.
CHOISEUL-BEAUPRÉ (François-Joseph, comte de), mort en 1711. Il combattit au bombardement d’Alger, fut nommé gouverneur de
Saint-Domingue et périt à son retour dans un combat de mer. Par son mariage avec sa cousine Nicole de Stainville, il devint la tige des
Choiseul-Stainville.
CHOISEUL (Étienne-François, duc de), homme d’État, né en 1719, mort en 1785. Il fut connu d’abord sous le nom de comte de
Stainville, et obtint un avancement rapide
dans la carrière des armes. En 1759, il était
lieutenant général. Spirituel, élégant, présomptueux,
homme à bonnes fortunes, quoique
d’un extérieur peu agréable, il se fit remarquer
à la cour de Louis XV, et gagna, par des
moyens plus ou moins honorables, la faveur
de Mme de Pompadour, qui le fit nommer ambassadeur
à Rome. Il y obtint de Benoît XIV
la fameuse lettre encyclique sur les billets de
confession et le refus de sépulture, qui apaisa
sans les terminer les disputes sur la bulle
Unigenitus. Chargé de l’ambassade de Vienne
en 1756, il fit avec Marie-Thérèse le traité
d’alliance contre la Prusse qui fut l’objet de
tant de controverses. À la chute du cardinal
de Bernis, il reçut le portefeuille des affaires
étrangères (1758), puis celui de la guerre après
la mort du maréchal de Belle-Isle, enfin les
titres de duc et pair et de lieutenant-colonel
des Suisses. Il conquit rapidement un ascendant
presque absolu, sous le patronage de
la favorite ; premier ministre sans en avoir le
titre, il dirigeait seul toutes les affaires et
disposait de toutes les places. Sans avoir un
talent supérieur et un système bien arrêté, il
accomplit cependant des réformes utiles, et
laissa de son administration un souvenir éclatant.
Il réorganisa l’armée, releva la marine
et les colonies, répara les désastres des
guerres précédentes, rétablit l’influence française
en Europe, négocia le fameux pacte de
famille, qui unissait en un faisceau les souverains
de la maison de Bourbon, réunit la
Corse à la France, malgré l’opposition secrète
de l’Angleterre, combattit avec succès les
prétentions de cette puissance sur les possessions
espagnoles, traversa les projets ambitieux
de la Russie sur la Pologne, poussa la
Turquie à déclarer la guerre à Catherine, et
l’eût aidée sans l’opposition formelle du roi,
retrancha les subsides accordés à des princes
étrangers, qu’il sut maintenir dans l’alliance
de la France sans les soudoyer, diminua les
dépenses des services qui lui étaient confiés,
enfin contribua à l’expulsion des jésuites,
protégés en vain par le dauphin. Une intrigue
de cour, conduite par les ducs d’Aiguillon et
de Richelieu, l’abbé Terray et le chancelier
Maupeou, amena sa chute en 1770. Il eût pu
se maintenir s’il ne se fût aliéné la nouvelle
favorite, Mme Dubarry. Exilé dans sa terre de
Chanteloup, il reçut à son départ les témoignages
les plus flatteurs de l’estime publique.
Il reparut un moment à la cour à l’avènement
de Louis XVI ; la reine, dont il avait négocié
le mariage, lui fit un accueil gracieux ; mais
le roi, prévenu contre lui, le traita avec une
froideur qui l’engagea à retourner dans ses
terres. Le duc de Choiseul était d’une prodigalité
sans bornes ; malgré son immense fortune
et ses traitements considérables, il laissa
en mourant des dettes que sa veuve n’acquitta
qu’en se ruinant. On a publié sous son nom,
en 1790, des Mémoires qui sont d’une authenticité
douteuse.
CHOISEUL-MEUSE (Jean-Baptiste-Armand de), général, né en 1735, mort en 1815. Il fit
avec distinction la guerre de Sept ans, et fut
nommé dans la suite gouverneur de la Martinique.
Lors de la Révolution, il émigra, servit
dans l’armée de Condé, devint capitaine des
gardes du prince et rentra en France à la
Restauration. On a de lui quelques poésies.
CHOISEUL-MEUSE (Félicité, comtesse de), de la même branche que le précédent, vivait au commencement de ce siècle. Elle a publié
de nombreux romans : les Amants de Charenton (1818) ; la Famille allemande ; l’Héritier de mon oncle l’abbé (1822) ; Camille ou la Tête de mort (1822). etc.
CHOISEUL-GOUFFIER (Marie-Gabriel-Florent-Auguste, comte de), diplomate et antiquaire,
né à Paris en 1752. mort en 1817. Il
puisa dans les leçons de l’abbé Barthélémy
une passion éclairée pour les antiquités de la
Grèce, partit pour cette contrée en 1776, emmenant
avec lui des artistes et des savants,
explora toutes les ruines, dessina les monuments
et les sites, observa avec discernement
les mœurs, les usages, les costumes, recueillit
les traditions et revint en France avec de précieux
matériaux qui lui servirent à la composition
de son Voyage pittoresque en Grèce,
dont il publia le premier volume en 1782 (les
deux autres parurent en 1809 et 1820). C’est
un ouvrage plein d’intérêt, où les renseignements
abondent, et qui est écrit d’un style
agréable et limpide. Avant la publication,
l’Académie des inscriptions avait appelé le
noble voyageur dans son sein, et l’Académie
française le donna pour successeur à d’Alembert
en 1784. À cette époque, le comte de
Choiseul fut nommé ambassadeur à Constantinople,
où il déploya un beau caractère diplomatique,
s’efforçant d’introduire dans l’empire
ottoman l’organisation militaire et la
civilisation des Européens, et jouant le rôle
honorable de conciliateur dans la guerre entre
la Porte et la Russie. Pendant son séjour, il
explora la Troade et les lieux chantés par
Homère et rassembla une grande quantité
d’objets précieux, de dessins et d’inscriptions.
La Révolution de 1789 trouva en lui un ennemi
passionné. Nommé en 1791 ambassadeur à
Londres, il resta à Constantinople, envoya sa
correspondance diplomatique aux princes
émigrés, et finit par se retirer en Russie, où
le czar Paul Ier lui confia la direction de l’Académie
des arts et des bibliothèques impériales.
Il rentra en France en 1802, redevint
membre de l’Académie, et fut nommé, sous la
Restauration, ministre d’État et pair de France.
Vers 1802, il voulut reprendre la publication
de son bel ouvrage sur la Grèce ; mais les
grands progrès accomplis dans la science archéologique
depuis vingt ans le forcèrent à
recommencer son travail ; il se mit à l’œuvre
avec le plus grand courage, fit de nouvelles
recherches et rajeunit complètement son premier
volume. La première partie du second
parut en 1809 ; la seconde partie seulement
après sa mort. Outre cet ouvrage, il a inséré
dans le recueil de l’Académie des inscriptions
d’intéressantes dissertations sur l’Hippodrome
d’Olympio, sur la réalité de l’existence d’Homère, etc. Sa belle collection de monuments antiques, acquise par le gouvernement, est
aujourd’hui au Louvre.
CHOISEUL-STAINVILLE (Claude-Antoine-Gabriel, duc de), né en 1762, mort à Paris en 1838. Il fut élevé à Chanteloup par les soins
de son parent le célèbre ministre de Louis XV,
hérita de son titre de duc et de la pairie en
1787 et était colonel du Royal-Dragons à
l’époque de la Révolution. Placé sous les ordres
de Bouillé, il fut chargé de protéger avec
un détachement la fuite du roi en 1790, attendit
vainement le cortège royal à Pont-Sommevelle
et fut lui-même arrêté à Varennes.
L’amnistie proclamée à propos de l’acceptation
de la constitution lui rendit la liberté.
Nommé chevalier d’honneur de la reine, il
partagea tous les périls de la famille royale
pendant les journées de la Révolution, émigra
seulement après les massacres de septembre,
et leva un régiment de hussards avec lequel
il servit sous les drapeaux anglais contre la
France. Jeté par une tempête sur les côtes de
Calais (1795), il fut retenu prisonnier jusqu’en
1800 : l’année suivante, Napoléon l’autorisa à s’établir en France et lui fit dans la suite une pension de 12,000 fr. À la Restauration, il fut
nommé pair de France et se prononça dès
lors pour les principes constitutionnels, qu’il
ne cessa de défendre de ses votes et de ses
discours. Dans le procès du maréchal Ney, il
refusa, malgré toutes les sollicitations, de
prononcer la peine de mort. À la révolution
de Juillet, il fut inscrit à son insu sur les listes
du gouvernement provisoire, devint aide de
camp de Louis-Philippe, gouverneur du Louvre,
et reprit sa place dans la chambre haute.
CHOISEUL-D’AILLECOURT (Anne-Maxime-Urbain, comte de), né de 1782 à 1783, mort en 1854. Il fut préfet sous l’Empire et sous la
Restauration. L’Institut couronna en 1809 son
livre : De l’influence des croisades sur l’état des peuples de l’Europe, et l’Académie des inscriptions le reçut dans son sein en 1817. On a
aussi de lui un Parallèle des révolutions d’Angleterre et de France sous Jacques II et Charles X (augm. en 1851).
CHOISEUL (Charles-Laure-Hugues-Théobald Duplessis-Praslin). V. Praslin.
CHOISI, IE (choi-zi) part. passé du v. Choisir,
dont on a fait choix : Je vais faire bâtir ;
le terrain est déjà choisi. Les métaux, comme
les plus faciles à transporter. ont été généralement choisis pour termes moyens de tous les
échanges, (J.-J. Rouss.) Mes liaisons ne semblaient-elles pas tout exprès choisies du sort
pour tourmenter un cœur comme le mien ?
(X. Marmier.) il Pris de préférence parmi
d’autres choses ; de même nature : Œuvres
choisies. Poésies choisies.
— Par ext. Excellent, distingué, supérieur en mérite : Une société choisie. Des expressions choisies. Le commerce du monde choisi donne un air de politesse gu’on ne perd jamais. (MHe de Scudéri.) La vie monastique avait
CHOI
173
(avantage de soustraire à la vulgarité quelques
âmes choisies. (Renan.) ... Tu n’obtiendras rien sans cette hypocrisie Qui répugne toujours à toute âme choisie.
Rolland et Du Bots.
— s. m. Ce qui est choisi, excellent, distingué ; C’est du choisi.
— Statistiq. Têtes choisies, Nom que l’on donne, dans les tables de mortalité, aux personnes qui ont des chances spéciales de survie.
CHOISIR v. a. ou tr. (choi-zir. — Bullet
prétend que ce mot est formé du breton choas,
chois, option, choix ; mais il serait, ce semble,
plus naturel de dire que le breton choas, chois,
est, au contraire, emprunté au français. Selon
Bourdelot, le français choisir a pour racine
le verbe latin quœsitare, fréquentatif supposé
de quœrere, chercher, supin quœsitum. Cette
opinion est également celle de Charles de
Boville. Ménage le dérive, au moyen d’une
série de mots iorgés, soit du latin cotligere,
recueillir, excolligere, excolligire, scolligire
ou colligire, colgtre, ehoilsir, choisir, soit du
verbe seligere, seligire, segire, choisir. Inutile
de discuter ces.procédés naïfs et ces étymologies
fantastiques. Skinner, Junius, G.Wachtes,
Ihre et Scherzius, l’annotateur de Ménage,
ont retrouvé avec plus de vraisemblance le
français choisir, anciennement coisir, anglais
to choose, dans l’ancien allemand kiusan,
chiusan, kuzen, biosan, chiosan ; gothique
kiusan, kusan, kausjan ; anglo-saxon keosan,
ceosan, cysan ; islandais kiosa ; allemand kiesen ; suédois kesa ; hollandais kiezen. Cette
opinion a été adoptée par M. W.-A. de Schlegei.
Ce savant distingué remarque que l’éditeur
de Ménage et ceux qui ont proposé cette étyraologie
auraient dû citer les formes du mot
choisir dans le vieux français et dans le provençal,
par| lesquels la chose est constatée
jusqu’à 1 évidence. Ainsi, du gothique kiusan,
kausjan, se forme assez naturellement l’ancien
provençal causir, d’où le vieux français coisir.
Math. Martinius, J. Schilter, G. Wachtes,
J. Ihre J. Christ. Adelung, etc., s’accordent à
dire que, vu l’alternation des lettres r et s, très-fréquente
chez les peuples du Nord etdonton
retrouve égalementdes exemplesdons le latin,
il est impossible de révoquer en doute l’identité
des divers mots que nous avons rapportés
avec le Scandinave ou ancien islandais kiara,
choisir, et kior, choix ; gothique kora, choisir ;
teuton kùren, koren, choron, même sens).
Prendre, adopter de préférence : Choisir une
étoffe. Choisir un chenal. Le livre des Fables
de ta Fontaine ressemble à un panier de cerises :
on veut choisir les plus belles, et le panier reste
vide. (M"16 de Sév.) La nation s’attache à ses
représentants, quand c’est elle-même qui les 'a
choisis. (Mme de Staël.) Le peuple acceptera
toujours ses maîtres et ne les choisira jamais.
(J. de Maistre.) Jésus-Christ choisit ses apôtres parmi les pauvres et les simples. (Lacord.)
L’humeur d’une femme choisit celui dont elle
veut faire son esclave. (Mœe Guizot.) La première dès garanties pour un peuple est le
droit de choisir le gouvernement qui lui convient. (Napol. III.) Le thaumaturge a toujours
choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu
et choisi le public. (Renan.) Choisir ses alliances, c’est risquer de se tromper. (E. de Gir.)
Home a choisi mon bras, je n’examine rien.
Corneille.
À qui choisiriez-vaus, mon 61s, de ressembler ?
Racine.
Quand on choisit un gendre, il faut le choisir bien.
Piaou.
L’archet rustique part, chacun choisit sa belle, On s’enlace, on s’enlève, on retombe avec elle.
Delille.
Le timide bouvreuil, la sensible fauvette Sous la blanche aubépine ont choisi leur retraite.
Michaud. ■
Ainsi qu’on choisit une rose Dans les guirlandes de Sarons,
Choisissez une vierge éclose Parmi les lis de nos vallons.
Lamartine.
— Opter entre deux alternatives : Choisir de partir ou de rester. Choisir d’une chose ou d’une autre. Choisis d’épouser dans quelques jours monsieur, ou un couvent. (Mol.)
C’est à nous de choisir mon amour ou ma haine.
Corneille.
Choisis de leur donner du sung ou de l’encens.
Corneille.
Qu’il choisisse, s’il veut, d’Auguste ou de Tibère.
Racine.
— Absol. : Il y a de quoi choisir. Je vous donne à choisir. Parfois c’est choisir bien de ne choisir pas. (Montaigne.) L’homme a l’intelligence pour comprendre et le sentiment pom-ciioism. (Ballanche.) L’imagination peint, l’esprit compare, le goût choisit, le talent exécute. (Lévis.) Choisir est le mot de l’avenir, condamner est le mot du passé. (E. de Gir.)
On relit tout Racine, on choisit dans Voltaire.
Dëlillb.
Mais aussi bien que moi vous avez oui dire Que fille qui choisit bien souvent prend le pire. Th. Corneille.
Je ne choisirai point dans ce désordre extrême ; Tout me sera Pyrrhus, fût-ce Oreste lui-mêmu.
Racine.
Pourquoi, dites-vous, une belle D’ordinaire à changer a-t-elle du plaisir ? La raison en est naturelle :
Elle en trouve tant a choisir !