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auteurs trop pressés de perpétrer des vaudevilles sans queue ni tête en pleine actualité. Le laid n’est possible dans les arts que transformé et traduit d’une certaine façon magistrale. Un acteur vêtu de haillons et portant sur le dos la hotte d’un chiffonnier ne diffère en rien de l’industriel d’aspect peu récréatif qui, la nuit, pique des chiffons au coin des bornes, à la lueur rougeâtre de sa lanterne. Il n’intéresse qu’à la condition de s’animer, et si des tons inattendus chauffent ses loques, son nez vineux, sa barbe inculte et ses sourcils en broussailles ; si son œil jette un éclair de philosophie, si sa lèvre se plisse sarcastique et mystérieuse, si enfin sa personne prend cette allure puissante, sauvage et rabelaisienne que Traviès a su donner à son chiffonnier Liard.

CHIFFORNION s. m. (chi-for-nion). Argot-Chiffon, il Mouchoir, foulard.

CHIFFRAGE s. m. (chi-fra-je — rad. chiffrer). Art ou action d’écrire en chiffres : Cet homme possède une grande habileté de chiffrage. Le chiffrage d’une dépêche exige un temps assez long.

CHIFFRANT (chi-fran) part. prés. du v. Chiffrer :

Griffon est bon chiffreur, et tient pour idiot
Quiconque ne sait pas son art qu’il croit suprême :
Que prouve-t-il par la ? que Ton peut i ! tre sot
Même en chiffrant comme Barême.

Noel.

CHIFFRE s. m. (chi-fre. — Espag. cifra, italien cifra, ci fera, de l’arabe ça far, vide, puis zéro, parce que le zéro est dénué de toute valeur. De la signification de zéro, chiffre a passé à la signification générale de signe de numération. Ou sait que notre système de numération nous vient des Arabes, et il n’est pas étonnant que, pour le désigner, nous leur ayons emprunté le nom du signe particulier dont le rôle est si important dans ce système). Caractère servant à indiquer les nombres : Chiffres romains. Chiffres arabes. Les chiffres arabes qu’on emploie atrjourd’hui furent connus en France dés le xe et le xie siècle. (Chéruel.)

— A signifié Calcul, art de chiffrer : Connaître le chiffre. On dit abusivement la. chiffre dans certaines provinces.

— Par est. Total d’une somme, valeur en nombre : L’insalubrité des logements entre pour un chiffre énorme dans la mortalité qui frappe les classes ouvrières. (L. Cruveilhier.) Le diable seul sait le chiffre des incendies produits par l’assurance. (ïoussenel.) Les opinions du commun des hommes se calculent sur la moyenne du chiffre de leur fortune. (Lamart.) La science porte à un quart le chiffre des décès occasionnés par le froid dans le jeune âge. (F..Pillon.)

Il Numéro : Mettre le chiffre au haut d’une page.

— Entrelacement de deux ou de plusieurs lettres initiales des noms d’une personne : Les chiffres enlacés de Henri II et de Catherine de Médicis, ceux de Henri IV et même de Louis XIV couvrent les frises et panneaux du Louvre. (Bachelet.)

Je dois vaincre : j’ai de ma belle Et les chiffres et la couleur.

BÉKANGËtt.

— Nom donné à des caractères de convention qui n’ont de sens que pour les personnes qui s’en servent, ce qui leur permet de correspondre sans craindre l’indiscrétion des tiers : Écrire en chiffres. Les dépêches de Pomponne étaient en chiffres. (St-Sim.) Il Conventions de langage au moyen desquelles des personnes peuvent converser ensemble sans être comprises par ceux qui les écoutent : Nous auons un chiffre. C’est un chiffre entre nous. Il Clef du chiffre, Explication des signes et des conventions au moyen desquelles on peut lire, traduire ce qui est écrit en chiffres : Trouver

la CLEF DU CHIFFRE.

— Signe servant à traduire les idées : On ne peut penser sans se servir d’aucun idiome connu, et sans doute il y a des chiffres pour la pensée comme pour l’écriture. (Cabanis.) n Figure, symbole : Le vieux Testament est un

CHIFFRE. (PuSC.)

— Fam. Personne qui fait nombre, qui compte comme individu, et non par sa valeur propre : L’égoïste ne hait pas plus qu’il n’aime ; Un y a que lui ; pour lui, tout le reste des créatures sont des chiffres. (Mme de Staël.) Dès qu’un homme tombe entre les mains de la justice, il devient à ses yeux une simple question de droit ou de fait, comme aux yeux des statisticiens il devient un chiffre. (Balz.) L’individu ne vaut que comme chiffre dans un total. (C Dollfus.)

C’est un zéro en chiffre, C’est un homme sans importance, sans valeur.

— Politiq. Art de grouper les chiffres, Art trompeur, qui consiste à. présenter des nombres, à les comparer, à les combiner de façon à changer leur signification, et à déguiser la nature des résultats financiers que 1i on a intérêt à cacher. Ce groupement habile ne manque pas d’analogie avec ce que le peuple nomme des comptes d’apothicaire. On attribue à M. Thiers l’invention de cet art utile ; mais c’est sans doute à tort, car il a dû exister du moment où a surgi 1 intérêt que pouvaient avoir les administrateurs responsables des finances publiques à embrouiller leur gestion.

— Comm. Signe ou numéro inscrit sur une étiquette attachée à la marchandise, et qui

CH1F

indique son prix d’achat et son prix de vente, au moyen de certaines combinaisons inventées par le marchand, et oui laissent le prix inconnu a la pratique : Marchandises marquées en chiffres. Si vous vendez à ep, inscrit sur la marque, vous aurez 0 fr. 25 de guelle.

— Cost. milit. Chiffre de pompon, Numéro d’ordre placé sur le shako des soldats de la ligne, et indiquant la compagnie à laquelle ils appartiennent.

— Musiq. Numéro que l’on place au-dessus de chaque note de la basse dite chiffrée, pour indiquer un accord de tierce, de quinte, etc., selon que le chiffre est un 3, un 5, etc.

■— Enoycl. Arithm. Les chiffres, dont l’usage est devenu à peu près général, sont communément appelés chiffres arabes, parce que nous avons emprunté aux Arabes, non ces chiffres tels que nous les traçons, mais seulement le système de notre numération, et partant la valeur représentative des signes que nous employons. Et même cet emprunt est révoqué en doute par plusieurs savants, qui prétendent qu’il n’est pas possible que les Égyptiens, les Chaldéens, les Chinois, etc., dont les connaissances astronomiques étaient assez avancées, eussent pu les pousser aussi loin, si leurs méthodes de calcul avaient été aussi imparfaites que celles des Grecs et des Romains. On a répondu à cette objection que cette opinion n’est pas opposée à celle qui admet l’origine indienne des chiffres arabes, puisque la civilisation indienne remonte à une époque très-reculée. Suivant M. Chasles, ces chiffres nous viennent des Romains, qui faisaient usage de Y abaque, machine à calculer au moyen de cailloux, analogue ausuan-pan, instrument en usage chez les Chinois. Il faudrait donc admettre que les Romains, a côté de leur système si défectueux, possédaient le système si simple et si naturel de notre numération écrite, et qu’une longue routine les a seule empêchés de renoncer à la méthode vraiment barbare qui a conservé leur nom.

On a invoqué, en faveur de l’origine romaine de nos chiffres, l’ouvrage de Boëce, dans lequel on trouve des chiffres dont la forme est analogue aux nôtres ; mais on sait aujourd’hui que le passage où ils se trouvent est une interpolation.

CH1F

M. Florian Pharaon, dans l’histoire qu’il a faite du voyage de l’empereur Napoléon III en Algérie, fait connaître l’origine des chiffres, ou plutôt delà forme donnée à ces caractères : suivant lui, tous les caractères de la numération seraient tirés du chaton de la bague de Salomon, qui représentait un carré divisé en quatre parties par deux lignes transversales partant des angles et se croisant au centre. Tous les chiffres, en effet, se trouvent inscrits dans ce chaton ; qu’on arrondisse les angles des dix figures tracées sur le chaton de la bague de Salomon, et’Von obtiendra les dix chiffres dont nous nous servons.

La théorie est au moins ingénieuse. Il y a grande controverse sur le point de savoir quand et comment ce nouveau mode de numération fut introduit en Europe. On croit généralement que l’introduction en est due à Gerbert d’Aurillac, qui fut, au xe siècle, le premier pape français, sous le nom de Sylvestre II. Cependant quelques auteurs reculent jusqu’au xme siècle 1 époque de l’introduction des chiffres arabes. Ils ne furent pas admis en même temps par tous les peuples de l’Europe. Quand les chiffres arabes eurent été adoptés, ils reçurent de nombreuses formes différentes pour pouvoir s’adapter à tous les genres d’écriture. Voici leur forme actuelle : 1, 2, 3, 4, 5, 6,.7, 8, 9, 0.

Autant les chiffres arabes sont commodes et se prêtent avec facilité à toutes les combinaisons des nombres, autant sont compliquées et embrouillées les numérations des peuples qui ont emprunté leurs chiffres à l’alphabet littéral. Les Hébreux étalent dans ce cas. Les neuf premières lettres de l’alphabet hébreu, composé de vingt-deux lettres, dont cinq peuvent recevoir une forme finale, servaient à indiquer les unités ; les neuf caractères suivants marquaient les dizaines ; les quatre dernières lettres et les cinq finales étaient employées pour les centaines ; les mille, les dizaines de mille et les centaines de mille étaient représentés à l’aide des mêmes caractères placés dans le même ordre, mais surmontés de deux points ; dans les nombres composés de plusieurs lettres, celle qui représentait la valeur la plus élevée était placée à droite. Le tableau suivant donnera une idée de la numération des Israélites :

UNITÉS.

Iod,

Caph, Lamed, Mem, Noun,

h

c.

i

"D, M,

a, n,

Samech, D, s,

Ain, y, ô,

Phé, 2, ph,

Tsadé, ïj ts,

10 20

30 40 50 60 70 80 90

Koph, Resche, Schin, Thau, Caph final, Mem final, Noun-final, Phé final, Tsadé final.

De même que les Hébreux, les Grecs employaient comme chiffres les vingt-quatre lettres de leur alphabet, en y intercalant trois signes particuliers:l<> le ç, a-ci-^a, correspondant au waou des Hébreux, et que, dans le système de numération, on nomme Si-finii », comme ayant une valeur double du •faniJ. » ; 2° le L(, xonna, qui correspond au caph des Hébreux, et vaut 90 ; 3° le’S, oûiini, ainsi nommé parce qu’il représente un it dans un ancien ij’iYj « .a renversé, et valant 900.

Les lettres, prises comme chiffres, ont pour signe distinctif une sorte d’accent placé au-dessus et à droite des unités, dizaines et cenp> a,

1j R,

'IB, SCH,

n, —TH,

1’<=,

Ej M,

Y’ « .

100

eoo

300

400

500

600’

700

800

900

taines, au-dessous et à gauche des mille, dizaines et centaines de mille; ainsi :

UNITÉS.

DIZAINES. CENTAINES.

1 é. 10 i’100 f

2 P’20 x’200 a’

3 y’ 30 V 300 a’

4 S’40 |x’400 u’

5 i’50 v’500 y’

6 ç C0 E’000 //

7 C 70 o’700 ii'

8 à 80 s’800 ii

9 0’90 V 900  ? b' En se combinant, les chiffres les plus forts

se plaçaient à la gauche des plus faibles :

UU.LE.

1OOO a

2000’p

3000 y

1000 ]î

5000’•

GOOO ç-

7000’ï

8000 |

9000 0

11 ti

12 16’

13 if’

n i ?

15 u’

16 iç’

17 tï’

18 » j

19 (8’

21

22 xî’

23 xy’

24 xS’

25 xi’ 20 xç’

27 xÇ’

28 x>j

29 xO’

31 W

32 16’

33 )y’

34 15’

35).t’ 30 V 37 ! £• R8 M 39 lt>’

41 p.<x

42 |t8’

43 M-

44 n*’

45 i.t'

46 hç’

47 nï’

48 H-ij

49 fiS’

5l’vtt

52 v6’

53 vT’

54 v5’

55 55 vç’

57 vÇ’

58 vij

59 vB’

61 li

62 ES’ G3 il'

04 Eâ’

65 U’

66 e<t’

67 K’

08 li

m 5 « ’

71 o »

72 oS

73 o/

74 oS’

75 oi’

76 oç'

77 oÇ’

78 ci ;

79 ai

81 r.i

82 isS’

83 irT’

84 ni’

85 ne

86

87 T.r

88 Tij S9 TtO’

Il y avait plusieurs manières de noter les myriades ou dizaines de mille. D’abord on pouvait les écrire à la manière ordinaire jusqu’à  ? è) qui valait 900.000 ; ou en négligeant l’accent, ’souvent omis comme inutile dans les opérations arithmétiques ; mettre à la droite du nombre les initiales Mu, comme ^’.^Mv, pour représenter 999, 000 ; ou" bien encore inscrire le nombre des myriades au-dessous de

l’initiale M, comme — », g ; ou enfin remplacer

les initiales Mu par un point placé à la droite du nombre exprimant les myriades, comme

Une autre manière de chiffrer, fort semblable à celle des Romains, consistait à employer les lettres, I, n, A, II, X, H, indiquant toutes le nombre dont elles commencent le nom. Ainsi l (îa pour fita) i ; n (tsîvts) 5 ; (Sixa) 10 ; H OU F (Hîxmov ou Futaràv pour txaxiv) 100 ; X (billot) 1, 000 ; M (n’if.oi) 10, 000. Toutes ces lettres, hormis le n, pouvaient se redoubler elles-mêmes jusqu’à quatre fois, comme IIII, 4 ; Aiia, 40 ; ou se combiner avec les autres phur faire tous les nombres’, n, 5 ;

91 1.&

92 Up'

93 UY’

94 1, 5’

95 Û’

9s vr’

97 1, 5’

98 l-h 69 d'

m, 6 ; IIII, 7 ; IIIII, 8 ; mm, 0 ; A, lu ; AI, U ; AU, 12 ; AIII, 13 ; AIIII, 14, AO, 15.

Chacune des lettres A, H, x, M, renfermée dans un n, se trouvait multipliée par 5 ; ainsi, I a] vaut 10 X 5 ou 50 ; fn| vaut 100 x 5 ou

500 ; | x| vaut 1, 000 X 5 ou 5, 000 ; fjT] vaut 10, 000 x 5 ou 50, 000. En général, une lettre renfermée dans une autre lettre représentait Je produit des nombres exprimés par ces lettres

ainsi, ^™X= 10,

000 X 10 OU 100, 000 ;

« |= 10, 000 X 100 OU 1, 000, 000.

Comme les Hébreux et les Grecs, les Romains employaient des lettres en guise de chiffres; toutefois, nous ferons remarquer que toutes les lettres de l’alphabet n’étaient pas employées pour figurer les nombres : il n’y avait que les lettres suivantes : C, D, I, L, M, V, X. Leur système, tel qu’il est encore employé aujourd’hui, a été légèrement modifié par les modernes. Dans ce système, I = ] ; II = 2 ; 111 = 3 ; IV = 4 ; V= 5 ; VI = 6 ; VII = 7 ; VIII = 8 ; IX = 9 ; X= 10 ;

CHIF

XI = 11 ; XII = 12 ; XIII = 13 ; XIV = 14 ; XV = 15 ; XVI = 16 ; XVII = 17 ; XVIII = 18 ; XIX = 19 ; XX = 20 ; XXX = 30 ; XL = 40 ; L = 50 ; LX = 60 ; LXX = 70 ; LXXX = 80 ; XC = 90 ; C = 100 ; CC = 200 ; CCC = 300 ; CD = 400 ; D = 500 ; DC = 600 ; DCC = 700 ; DCCC = 800 ; CM = 900 ; M = 1, 000. Nous ne pousserons pas ce tableau plus loin, car il est rare aujourd’hui que l’on aille au delà de 1, 000. La règle générale à suivre dans l’emploi de ces chiffres est la suivante : touté lettre numérale placée à la droite d’une autre, qui est d’une valeur supérieure ou égale, ajoute à celle-ci ; ainsi 11, c’est-à-dire 10+1, s’écrit XI ; 15, ou 10 + 5, XV ; 55 ou 50 + 5, s’écrit LV ; 123 ou 100 + 20 + 3, CXXIII ; 557 ou 500 + 50 + 7, DLVII ; 1868 OU 1000 + 800 + 60 + 8, MDCCCLXVHI, etc. Au contraire, on retranche de la lettre supérieure en valeur nominale celle de moindre valeur quand celle-ci est placée à sa gauche : 40, ou 50 — 10, s’écrit XL ; 90, ou 100 — 10, s’écrit XC ; 449, ou 500 —100 + 50 —10 + 10 — l, CDXLIX, etc. On voit, d’après cela, quelle complication présentent ces chiffres dans les calculs. Les Romains avaient assurément des règles ; mais elles étaient, même pour les opérations les plus simples, d’une effrayante complication. « La numération romaine, dit Lemare, est si pénible, si embarrassante, si éloignée de la perfection de celle des Arabes, qui est devenue la nôtre, qu’il faut la laisser tout entière aux Trissotins et déterreurs de médailles et faiseurs d’inscriptions. • Du reste, le système que nous avons expliqué n’est pas le seul, et n’est même pas le plus compliqué. F. Didot, dans une édition des Maximes de La Rochefoucauld, a noté par des chiffres romains les 537 maximes de cet ouvrage ; pour donner une idée du calcul compliqué qu’il faut faire pour connaître ces divers nombres, il suffira de citer les suivants : XL1X, CCXCIV, CCCCXLIX, CCCCXCVIII. « Nous avons pris notre temps, ajoute Lemare, et nous avons calculé que ces chiffres en lettres signifient 49, 294, 449, 498. A moins de refondre toute cette édition, nous ne voyons de remède à un mal aussi considérable que d’ajuster un barêrae, "qui nous évalua les 537 chiffres des Maximes ; car, en conscience, Didot ne peut obliger le public à faire sans cesse des additions et des soustractions, qui occuperaient six fois plus de temps que la lecture de l’ouvrage, encore faudrait-il que chacun fût susceptible de les faire. ■

Les chiffres romains, si absurdes, n’en restent pas moins usités pour les inscriptions, les médailles, les cadrans horaires, et, dans les livres mêmes, pour indiquer le siècle, le numéro d’ordre des princes du même nom, le numéro d’ordre des chapitres, etc., etc. C’est un abus peu grave pour les inscriptions et médailles, à qui un air d’hiéroglyphe ne messied pas, mais bien plus sérieux pour les livres, qui sont, avant tout, destinés à être lus et compris. Il est vrai que cet inconvénient perd de sa gravité, en raison des nombres peu élevés pour lesquels les chiffres romains sont d’ordinaire employés.

■— Mus. Les chiffres placés au-dessus des notes de basse sont destinés à indiquer l’harmonie qu’elles doivent porter. Les ouvrages anciens dont l’accompagnement est indiqué par une basse chiffrée —présentent une multitude déchiffres différents pour indiquer le même accord ; c’est un inconvénient très-grave, qui existe encore en partie de nos jours ; il serait à désirer qu’un comité d’hommes compétents en cette matière fût chargé de fixer un système de chiffrage à l’usage des élèves des écoles publiques de musique, de façon à éviter un fatras inutile de complications dans l’étude de l’art de l’accompagnement au piano. Nous allons donner la nomenclature des caractères usités pour le chiffrage, ainsi que les règles qui concernent leur emploi.

Faisons d’abord remarquer que, les chiffres arabes se présentant beaucoup plus souvent que les autres signes, on a été conduit à leur donner à tous le nom générique de chiffres. On représente les intervalles de seconde, tierce, quarte, quinte, etc., jusqu’à la neuvième, par les chiffres 2, 3, 4, 5,…(9. Un accord étant composé de plusieurs intervalles devrait, par conséquent, être représenté par plusieurs chiffres ; il n’en est rien ; on se contente d’indiquer parle chiffre l’intervalle principal représenté par le nom de l’accord. Ainsi l’accord de septième se chiffre par un 7 ; l’accord de sixte par un 6 ; l’accord de quinte et sixte par un g, etc. On voit, par l’exemple qui précède, que quand l’accord prend le nom de deux intervalles, on le représente par deux chiffres. Généralement, quand deux chiffres (ou exceptionnellement trois ou plus) se présentent au-dessus d’une note de basse, on place Je plus faible au-dessous du plus fort ; ainsi l’accord de quarte et sixte se chiffre ]j, et très-rarement. Nous dirons immédiatement que l’accord parfait {accord de quinte qu’on représente ordinairement par un 5, un 3 ou un 8, selon que l’une de ces trois notes a le plus d’importance) peut se représenter sans aucun chiffre, c’est-à-dire que toute note de basse qui n’est accompagnée d’aucun signe porte l’accord parfait. La petite croix [+] indique l’augmentation de l’intervalle représenté par le chiffre devant lequel elle est placée, mais elle indique encore plus souvent la note sensible ; par exemple, l’accord