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nastère le plus somptueux du raonue. On y arrive par une avenue spacieuse qui commence au hameau de Torre deL Mangano, et qui aboutit à un pont jeté sur un canal et fermé à son extrémité par une grille en fer. Après avoir franchi cette grille, od passe sous un portail monumental décore de fresques à demi détruites, et qui s’ouvre sur un vestibule où l’on admire deux maguifiques figures colossales de Saint Sébastien et de Saint Christophe, peintes par Bernardino Luini. De là, on entre dans une cour de 100 m. de long, au bout de laquelle se dresse la façade en marbre de l’église, « joyau d’architecture si riche d’ensemble et de détails, si inouï de hardiesse et de caprices, qu’on croit d’abord à une apparition fantastique ; l’œil s’y attache obstinément et n’ose s’en détourner, de peur de voir disparaître toutes ces fantaisies du style gothique mêlées aux lignes régulières et nobles de Bramante ; fouillis de sculptures grandioses ; et de fines ciselures. Soixante-six statues de saints, soixante médaillons d’empereurs et de rois, une foule de bas-reliefs représentant des scènes de l’Écriture sainte, des arabesques, des candélabres en forme de colonnes sveltes, élégantes, et servant d’encadrement à quatre fenêtres arrondies eu arcades ; tout cela en marbre blanc et se détachant en relief net et pur sur le fond des mosaïques et des marbres de couleur. Quand le ciel est bleu, quand le soleil ruisselle sur cette façade splendide, elle rayonne comme un écrin énorme de pierreries dressé tout à coup dans l’air. Derrière la façade s’élève la coupole, à triple étage de colonnettes à jour, et surmontée d’un petit dôme que couronne une croix.» (M"" L. Colet.)-On croit que l’architecte de l’église fut Heinrich von Gmunden (Enrico da Gamodia), le môme qui commença la cathédrale de Milan ; mais la façade qui vient d’être décrite est l’œuvre d’Ambrogio da Fossano. Les colonnes des quatre croisées, en forme de candélabres, ont été sculptées par Cristofano Solari, dit la Gobbo, ainsi que les bas-reliefs exquis de la porte d’entrée. Peut-être y a-t-il une surcharge de petits détails dans 1 ornementation de la partie inférieure de cette façade ; mais, au-dessus de la première galerie, l’architecte a eu le bon goût de substituer aux. ciselures une marqueterie en marbres de couleur qui est du plus bel effet.

A 1 intérieur, l’église, construite en formede croix latine, se divise en trois nefs : au centre delà croisée s’élève la coupole, remarquable par la hardiesse de ses proportions. Toute la voûte de l’église scintille d’étoiles d’or qui se détachent sur un ciel d’un bleu vif ; la frise est ornée de figures de patriarches, de prophètes et de saints, peintes à fresque par le Borgognone. De chaque côté des nefs latérales sont sept chapelles fermées par des grilles, et communiquant entre elles par des portes percées dans un mur en marbre sculpté ; elles sont décorées de mosaïques et de bas-reliefs exécutés dans l’espace de trois siècles par des artistes appartenant à une même famille (les Sacchi) ; les peintures sont en général assez médiocres. il faut en excepter la Vierge adorant l’Enfant Jésus ; un Christ en croix ; Saint Sire ; Saint Arnhroise, et d’autres figures de saints, par le Borgognone ; le Père Eternel entouré d’anges, par le Pérugin, et un tableau d’autel, par le Guerchin. Une très-belle grille sépare la nef des transsepts. Au fond du transsept de droite est la chapelle de Saint-Bruno, que défcore une fresque du Borgognone représentant la Famille Visconti offrant à la Vierge un modèle de la Chartreuse. Du même côté s’élève la mausolée du duo Galéas, fondateur du monastère, dessiné, en 1490, par G. Peltegrini et exécuté seulement en 15C2 : «Ce monument en marbre blanc est d’un travail inouï, dit M™0 Colet : le sarcophage se dresse derrière de légers arceaux tout revêtus de sculptures ; la statue du duc est couchée sur le couvercle, la tête appuyée sur un coussin, le corus enveloppé d’un manteau qui laisse les jambes à découvert ; à sa droite repose son épée. Une Renommée est assise au pied du cercueil, un Ange à la tête. Au milieu d’un second compartiment, couvert de bas-reliefs et s’élevunt sur la frise des arceaux, est une belle statue de la Vierge, abritée par une demi-niche que dominent les armes des Visconti, soutenues par deux figures de femmes portant des palmes ; de chaque côté sont d’autres figures allégoriques formant le couronnement du mausolée. Le corps du duc assassin ne repose pas dans ce monument somptueux, qui ne lui fut élevé qu’un siècle et demi après sa mort ; le corps, provisoirement déposé par les chartreux dans leur humble cimetière, ne fut pas retrouvé ; les pauvres moines ascétiques avaient oublié la place où leurs prédécesseurs ensevelirent Galéas. Sa poussière se confondit à celle des saints religieux ; elle ne méritait pas tant d’honneur. » Dans le transsept de gauche, devant une chapelle peinte à fresque par Daniel Crespi, sont les statues funéraires de Louis le More et de Béatrix d’Esté, son épouse, dues au ciseau de Gobbo. Quatre grands candélabres de bronze, du travail le plus élégant, exécutés sur les dessins de Fontana, sont placésdevant les deux chapelles. Dans le chœur, on remarque des figures da saints d’une belle tournure, peintes par V. Crespi ; les stalles en bois de chêne sculpté et en marqueterie, ouvrage de Bart. da Pola (1485), et le maître-autel surchargé de basreliefs, de bronzes et de pierres précieuses.

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La vieille sacristie, qui s’ouvre sur le trans-sept par une porte de marbre sculptée et ornée de médaillons des ducs et duchesses de Milan, contient plusieurs tableaux intéressants et un triptyque en dent d’hippopotame sculpté par le Florentin Bernardo degli Ubriachi. Dans la nouvelle sacristie est une belle Assomption d’Andréa Solari, terminée par Campi.

Le lavoir des moines, qui communique avec le chœur de l’église par une porte décorée de médaillons des duchesses de Milan, renferme une ravissante fresque de Luini, la Vierge à l’œillet, et une urne avec un bassin destiné aux ablutions des moines : on croit que le buste placé sur ce lavoir est celui d’Heiarich von Gmunden, l’architecte de la Chartreuse. Parmi les autres constructions du couvent, on remarque, à droite de la grande cour d’entrée, un édifice appelé le Palais ducal, destiné autrefois à loger les étrangers de distinction. À gauche sont les communs, les écuries et les remises.

Le monastère a deux cloîtres : le grand cloître, dont la plus grande longueur est do 125 m. et la plus petite de 101 m., est formé d’une série d’arcades dont les colonnes de marbre sont surmontées d’ornements en terre cuite ; sur trois des côtés de ce cloître s’ouvrent les cellules des chartreux, petites habitations à un étage ayant chacune son petit jardin ; le petit cloître, dit de la Fontaine, est orné de beaux bas-reliefs en stuc dont l’auteur est inconnu, et de fresques de Crespi qui ont malheureusement beaucoup souffert de l’humidité.

C’est dans la plaine où s’élève la Chartreuse de Pavie que fut livrée, en 1525, la fameuse bataille où François Ier fut fait prisonnier. Le roi vaincu se fit conduire à l’église pour y faire ses prières, et il y entra, dit-on, au moment où les chartreux chantaient ce verset du psaume : « Bonum trahi quia humiliasti me, ut discara justificationes tuas. C’est un bien pour moi, Seigneur, que vous m’ayez humilié afin que je connaisse vos jugements. » C’est de la Chartreuse de Pavie que le roi captif écrivit à sa mère, le soir même de la bataille, le mot célèbre : < Madame, tout est perdu fors l’honneur. »

Supprimée par Joseph II, empereur d’Autriche, qui confisqua son million de revenu, la Chartreuse de Pavie fut en outre dépouillée de plusieurs de ses richesses artistiques pendant la Révolution ; elle n’a été rendue a sa destination première qu’en 1845, époque où plusieurs religieux de la Chartreuse de Grenoble vinrent la repeupler. — Une Vue de la Chartreuse de Pavie, peinte par Lesueur, ornait le cloître de l’ancien couvent des chartreux à Paris ; on ne sait ce qu’est devenu ce tableau.

Cbartrenso (LA), petit poEme de Gresset, publié en 1735, sous forme d’épUre. C’est une satire du monde, écrite dans une mansarde du Quartier latin, une bouderie contre les salons et leurs commérages. L’auteur vante les douceurs de la retraite et le charme de l’étude. De là le nom de chartreuse donné à sa mansarde. La solitude et l’isolement du poète se peuplent de fictions et de rêves engendrés par une imagination féconde. Le style est généralement faible ; quelques’vers rappellent seuls de loin l’auteur de Vert- Vert :

D’une fausse philosophie

Je hais les vains raisonnements,

Et jamais lu bigoterie

Ne décida mas jugements.

Une indifférence suprême.

Voilà mon principe et ma lot :

Tout lieu, tout destin, tout système,

Par là devient égal pour moi.

Où je vois naître la journée,

La, content, j’en attends la fla.

Prêt à partir le lendemain,

Si l’ordre de la destinée

Vient m’ouvrir un nouveau chemin.

Je me suis fait du sort humain Une peinture trop fidèle ; Souvent dans les champêtres lieux Ce portrait frappera vos yeui. En promenant vos rêveries Dans le silence des prairies, Vous voyez un faible rameau, Qui, par les jeu* du vague Eole, Enlevé de quelque arbrisseau. Quitte sa tige, tombe, vole Sur la surface d’un ruisseau ; Là, par une invincible pente Forcé d’errer et de changer, Il flotte au gré de l’onde errante Et d’un mouvement étranger ; Souvent il parait, il surnage. Souvent il est au fond des eauN j Il rencontre sur son passage Tous les jours des pays nouveaux : Tantôt un fertile rivage ’ Bordé de coteaux fortunés, Tantôt une rive sauvage Et des déserts abandonnés ; Parmi ses erreurs continues H fuit, il vogue jusqu’au jour Qui l’ensevelit a son tour Au sein de ces mers inconnues Où tout s’abîme sans retour.

Cela est facile, trop facile et trop banal, surtout en un sujet qui a la prétention d’être philosophique.

Le poème des Ombres est une suite de la Chartreuse ; Gresset y achève la description

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du collège des Jésuites, tout en tirant vengeance de quelques censeurs de Vert-Vert. Chartreuse de Parme (LA.), roman par

Henry Beyle (Stendhal). Paris, 1839. C’est une dés meilleures œuvres de l’auteur ; c’est un livra d’amateur dont Balzac a dit : « La Chartreuse de Parme ne peut trouver de lecteurs habiles à la goûter que parmi les diplomates, les ministres, les observateurs, les gens les plus éminents, les artistes les plus distingués, enfin parmi les douze ou quinze cents personnes qui sont à la tête de l’Europe. • Douze ou quinze cents, ce n’est pas assez, en vérité, et si l’éloge était juste, il équivaudrait à une sanglante critique. Voici l’analyse de ce roman. Fabrice, jeune seigneur italien du duché de Parme, .assez mal élevé, mais doué d’un cœur généreux, d’une âme noble et d’une imagination exaltée, transporté d’admiration pour l’empereur Napoléon à la lecture des bulletins de la grande armée, quitte sa famille, s’enfuit, âgé de dix-sept ans à peine, pour venir défendre la France contre l’invasion des alliés. Il veut se battre, voir un champ de bataille, s’immortaliser avec le héros corse ; c’est là son idée fixe, et, dans sa naïve inexpérience, il ne songe qu’à rejoindre les bataillons français, sans se douter le moins du mondo de toutes les formalités nécessaires pour être admis sous les drapeaux. On le prend d’abord pour un espion, et sans la bienveillante amitié d’uDe jolie geôlière qui le fait évader, le pauvre Fabrice serait probablement fusillé dans les vingt-quatre heures, grâce à un faux passe-port et a son ignorance presque absolue du français. Sa libératrice lui donne l’uniforme d’un hussard français mort dans la prison, et, affublé de cet habit d’emprunt, armé d’un grand sabre de cavalerie, Fabrice s’approche gaiement du champ de bataille de Waterloo. Une vivandière, que sa jeunesse et sa bonne mine intéressent, lui procure un cheval. Ainsi monté et équipé, le jeune enthousiaste, malgré la terreur involontaire que lui cause le triste spectacle qui l’entoure, brûle de se jeter au milieu de la mêlée afin de voir de près une véritable bataille de la grande armée. Un incident vient bientôt le mettre à même de satisfaire son désir. Son cheval, qui avait sans doute appartenu à. quelque officier supérieur ou aide de camp, se lance au galop à la suite d’une escorte qui passe, et Fabrice se voit entraîné au milieu de sept ou huit hussards qui accompagnaient le maréchal Ney. Il parcourt ainsi tous les corps de l’armée au milieu d’une grêle de balles et de boulets, enivré par l’odeur de la poudre et par quelques verres d’eau-de-vie, se croyant déjà un héros, et s’imaginant être comme les guerriers du Tasse, entouré d’âmes nobles et sympathiques dans la société desquelles la mort doit être aussi douce que glorieuse. Mais hélas 1 quelques biscaïens viennent détruire tous ces beaux rêves : un général tombe à ses côtés, des chevaux sont tués, et comme celui de Fabrice est à peu près le seul en état de galoper, on enlève lestement notre jeune cavalier, et le général blessé, prenant sa place, part aussitôt à bride abattue. Fabrice furieux se met à le poursuivre en criant : Ladri ! ladri ! voleurs 1 voleurs ! et l’indignation le transporte à la pensée d’une pareille perfidie. Mais sur un champ de bataille, il ne s’agit pas de faire du sentiment, surtout au milieu d’une déroute. Fabrice le comprend bientôt, s’empare d’un fusil et s’attache à une petite troupe de voltigeurs, avec laquelle, après maintes aventures, il parvient à se tirer de la bagarre. Toute cette scène de la bataille est magnifique et restera un des beaux morceaux de la littérature au Xixe siècle.

La fin du roman est consacrée aux aventures de Fabrice rentré dans la vie privée. Par convenance de famille, il est destiné à l’état ecclésiastique, et se voit promptement porté aux plus hautes dignités ; mais son caractère turbulent ne s’accorde guère avec sa nouvelle vocation, et lui cause encore de nombreuses mésaventures.

Cet ouvrage marque l’apogée du talent de Stendhal. Jusqu’alors il n’avait fait que chercher son idéal ; dans la Chartreuse de Parme, l’idéal a un corps ; il marche, il est animé du souffle de la vie. Balzac professait un ardent enthousiasme pour Stendhal, et mettait au premier rang sa Chartreuse de Parme, il est vrai de dire que l’auteur répondit à l’avalanche d’éloges insérés dans les Lettres parisiennes en 1840 : « Cet article étonnant, tel que jamais écrivain ne le reçut d’un autre, je l’ai lu, j’ose maintenant l’avouer, en éclatant de rire. Toutes les fois que j’arrivais à une louange un peu forte, et j’en rencontrais à chaque pas, je voyais la mine que faisaient mes amis en le lisant. »

Quoi qu’il en soit de la modestie goguenarde de l’auteur, et des critiques quelquefois très-dures qu’on a faites de cet ouvrage, nous croyons que c’est l’œuvre principale de Stendhal, en tant que romancier, et que c’est là qu’il a donné la mesure de ses qualités d’observateur, de critique, de philosophe et d’écrivain.

CHARTREDX s. m. (char-treu — de Chartruusse, nom du village près duquel fut fondée la première maison de cet ordre). Religieux de l’ordre fondé par saintBruno en 1086.

— Chat qui a le poil d’un gris bleuâtre, couleur de la robe des chartreux, il On dit aussi adjectiv. : Chat ciiartueux.

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— Bot. Espèce de champignon qui a la couleur du chat chartreux.

— Pharm. Poudre des chartreux. Kermès minéral.

— Encycl. His*t. relig. Nous avons raconté ailleurs (v. Bruno) l’histoire de la fondation des chartreux. En 1257, saint Louis fit venir cinq ou six chartreux, et les établit à Gentilly, près de Paris. Fidèles aux habitudes des religieux de tous ordres, ceux-ci acceptèrent sans mot dire l’asile qui leur était offert ;* mais, dès qu’ils en eurentpris possession, ilr songèrent a l’échanger contre quelque vaste et riche habitation, et comme on ne parlait dans Paris que du fameux château de Vauvert, qui était, disait-on, hanté par le diable et dont chacun s’éloignait avec terreur, les chartreux, que leur sainteté mettait à l’abri des attaques de Satan, demandèrent ce château à saint Louis, sous prétexte qu’ils seraient là plus à portée de l’université, dont ils suivaient les leçons ; le roi le leur accorda en 1259. Mais comme ce prince accompagna ce don de libéralités pécuniaires, le clergé vit avec jalousie les chartreux recevoir de telles faveurs, et le curé de Saint-Séverin s’opposa de tout son pouvoir à ce que les nouveaux venus eussent le droit d’avoir une église, des cloches et un cimetière, toutes choses indispensables à une communauté religieuse. Les chartreux, en gens bien avisés, ayant pris l’engagement de servir une rente au curé, celui-ci s’apaisa et permit les cloches, la messe et le reste.

Au bout de quelque temps, les chartreux, qui se trouvaient parfaitement logés dans le château de Vauvert, remarquèrent cependant que l’ancienne chapelle de ce château se trouvait bien insuffisante, et, en ayant touché un petit mot au roi, celui-ci rie fit aucune difficulté pour leur procurer un local plus vaste. En 1260, il fit commencer à leur intention une nouvelle église dont il posa lui-même la première pierre ; malheureusement pour les chartreux, ce prince, protecteur des ordres religieux, vint à mourir, et l’église demeura inachevée, le successeur de saint Louis ne portant pas la môme affection aux institutions monacales. Cependant, grâce aux offrandes de personnes pieuses, 1 édifice, tour à tour repris, abandonné, puis repris, finit par être achevé en 1324, c est-à-dire soixante ans après la pose de la première pierre. La communauté avait deux cloîtres, un grand et un petit ; ils étaient, au dire de Dulaure, entourés d’appartements composés chacun de deux ou trois pièces et d’un petit jardin. On comptait dans les deux cloîtres quarante logements de cette espèce. C’est dans le petit cloître que l’on peignit, à diverses époques, les principales actions de la vie de saint Bruno. « La maison des chartreux, ajoute l’auteur de l’Histoire de Paris, était une des plus riches de l’ordre. Ses bâtiments et son enclos avaient en superficie environ 60,450 toises carrées. » En 1613, Marie de Médécis, pour former le jurdin du Luxembourg, acheta plusieurs parties de celui des chartreux ; et leur donna on échange de vastes terrains situés au delà du chemin qui conduisait à Issy.

Lors de la Révolution, non-seulement les chartreux de Paris, mais encore ceux du Dauphiné, furent dispersés. Grenoble et les villes voisines s’enrichirent de leurs dépouilles, et la bibliothèque de Grenoble s’empara do 500 manuscrits rares et précieux tirés de lu bibliothèque des chartreux. Toutefois, les bâtiments du monastère étaient restés debout ;* en 1816, ces bâtiments furent rendus à leur* première destination : quelques-uns des anciens moines y revinrent, plusieurs néophytes les y suivirent. Aujourd’hui ils se livrent avec ardeur à la fabrication d’une liqueur dont la vente leur assure, dit-on, un produit annuel de 2 millions, sur lequel le pape pré. lèverait une bonne part. Le Conoersations Lexicon ne porte le bénéfice annuel qu’à 5O0 ;00O fr. ; ce chiffre semble trop faible et ne comprend pas sans doute la part du saintsiége. Cet ouvrage ajoute que la fabrication de Ta chartreuse a été formellement interdite aux religieux en 1864. Cette assertion est peut-être fondée, mais elle nous paraît bien invraisemblable.

La règle des chartreux est assez austère ;

l’usage de toute nourriture animale leur est

interdit, et ils font vœu de mutisme absolu.

Leur physionomie est généralement froide et

contemplative ; mais elle n’a rien de maladif

ni de désagréable, car ces religieux sont ex . ceptionneliement propres. « Néanmoins, dit

; un écrivain qui les visita, on plaint les char-

. treux plus qu’on ne les admire ; on les visite

, sans ennui, mais on les quitte sans regret. »

L’habillement actuel de ces moines consiste

en une robe de drap blanc, serrée par une

| ceinture de cuir blanc ou une corde de chan , vre, avec une petite cuculle ou un scapulaire,

auquel est attaché un capuchon aussi de drap

blanc. Ils portent au chœur une cuculle plus

grande et qui descend jusqu’à terre. Voici la

formule de leurs vœux : « Je promets stabilité, obéissance et conversion de mes mœurs,

devant Dieu et ses saints, et les reliques de

cet ermitage, qui est bâti en l’honneur do

Dieu, de la bienheureuse Vierge Marie et de

saint Jean-Baptiste, et en présence de doin

N..., prieur. »

CHARTRIER s. m. (char-trié — rad. chartre, pour charte). Recueil de chartes ; salla