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tan fut appelé par son ami, HippolyteCarnot, aux fonctions de secrétaire général du ministère de l’instruction publique et des cultes, Dans ce poste, il participa, avec Jean Reynaud, à la fondation de 1 École d’administration et à l’étude d’une nouvelle loi sur l’instruction primaire. Aux élections d’avril, 35,608 suffrages envoyèrent M. Édouard Charton représenter le département de l’Yonne à l’Assemblée constituante. Il vota constamment avec le parti républicain, et appuya l’amendement Grévy sur la question de la présidence, amendement qui proposait la rédaction suivante des articles 41, 43 et 45 delà Constitution : « Art. 41. L’Assemblée nationale délègue le pouvoir exécutif à un citoyen qui reçoit le titre de président du conseil des minisires. — Art. 43. Le président du conseil des ministres est nommé par l’Assemblée nationale au scrutin secret et à la majorité absolue des suffrages. — Art. 45. Le président du conseil est élu pour un temps illimité. Il est toujours révocable. «On se rappelle que cet amendement fut repoussé par 643 voix contre 158, dans la séance du 7 octobre 1848.

Le 15 février 1849, M. Charton, secrétaire élu delà commission pour la loi électorale présidée par M. BiHault, développa a la tribune un amendement tendant à ce que le droit d’électeur ne fût accordé qu’aux citoyens sachant lire et écrire. Cette proposition, conforme aux convictions et aux efforts de toute sa vie, ne trouva d’appui que dans une forte minorité ; la majorité, préoccupée avant tout du succès des élections qui allaient composer l’Assemblée législative, avait craint de voir écarter, par cette restriction du suffrage universel, les électeurs des campagnes. Au mois d’avril suivant, "31. Cbarton fut élu par l’Assemblée constituante membre du conseil d’État (section de législation), où il siégea jusqu’en février 1852. Il fut notamment chargé du rapport sur la loi des théâtres, rapport cité avec éloge par Vivien, dans ses Études administratives. Durant la même période, il fut nommé membre de la haute commission théâtrale près du ministère de l’intérieur. Au 2 décembre 1851, M. Charton signa, avec dix-sept conseillers d’État, ses collègues, une protestation contre le coup d’État. Aussitôt après, il revint à ses travaux littéraires, et s’y consacra exclusivement.

En 1853, il fit paraître les Voyageurs anciens ; en 1854, les Voyageurs au moyen âge, et, l’année suivante, les Voyageurs modernes, ouvrages qui furent réunis sous le titre général de : Voyageurs anciens et modernes (4 vol. in-8°). Ils comprennent un choix des relations de voyages les plus intéressantes et les plus instructives, depuis le ve siècle avant Jésus-Christ jusqu’au xixe siècle, avec des biographies, des notes et des indications iconographiques. Cet ouvrage a été couronné par

l’Académie française, dans sa séance du 20 août 1857, sur le rapport de M. Villemain, secrétaire perpétuel, lequel s’exprimait ainsi. «... Sur le même rang d’honneur et de récompense, l’Académie a dû placer l’ouvrage plus étendu d’un écrivain moraliste, digne d’éloges à bien des titres, mais qui surtout a réussi dans l’art de donner à la curiosité un but salutaire, et d’instruire le grand nombre des lecteurs même peu préparés, en leur offrant un habile mélange d’amusements, de saines leçons, de surprises agréables pour l’imagination, et de vérités sensibles à l’âme. Tel est le livre de M. Édouard Charton, les Voyageurs anciens et modernes, collection ingénieuse, distribuée avec art, savamment

éclaircie et partout accompagnée de nouveaux détails. On a, pour ainsi dire, devant soi la découverte graduelle du monde, et, à mesure qu’il se dévoile aux yeux de l’homme, on voit en’même temps se dégager et ressortir les principes essentiels de la nature humaine, les vérités qui la dirigent, qui la soutiennent et qui la consolent. > Les Voyageurs anciens et modernes ont été, en outre, recommandés par la commission spéciale du ministère de ï’instruciion publique, pour être donnés en prix dans les lycées et classés parmi les livres composant les bibliothèques scolaires.

En 1856, M. Charton publia, mais sans y attacher son nom, un recueil illustré en deux parties, l’Ami de la maison. Au commencement de 1860, il créa, à la librairie Hachette, le recueil de Voyages illustrés intitulé le Tour du monde, dans lequel paraissent successivement les relations les plus dignes de confiance, et qui offrent le plus d’intérêt a l’imagination, à la curiosité ou à l’étude. Tous les récits publiés par le Tour du monde sont contemporains ; nous citerons, parmi le» plus remarquables ; les voyages de liane à la mer

Polaire, de Barth au lac Tchad et à Toinbouctou, de Guillaume Lejean dans l’Afrique orientale, de Mme Ida Pfeitfer à Madagascar, de Biard au Brésil, de Gustave Doré en Espagne, de Speke et de Baker aux sources du Nil, de M. et M’ne de Bourboulon de Shanghaï u Moscou, de Ferdinand de Hoehstetter à la Nouvelle-Zélande, de Varabéry dans l’Asie centrale, de David Livingstone sur les rives du Zambèse, des Schiagenweit dans la haute Asie, de Hmnbert au Japon, etc. Tous ces récits sont complétés par des cartes qui constatent l’état le plus récent des connaissances géographiques, et illustrés de photogTaphies ou de dessins rapportés Par les voyageurs, et qu’ont reproduits sur Dois les artistes les plus habiles : Gustave Doré, Karl Girardet,

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Thérond, Catenacci et autres. Le nombre des gravures publiées depuis sept ans s’élève à quatre mille. Le Tour du monde est ainsi tout a la fois un livre, un atlas et un album. Le succès de cet intéressant recueil, qui a été traduit en quatre langues, a démontré que la frivolité des esprits est loin d’être aussi générale qu’on l’avait supposé, et qu’on peut même . compter par dizaines de mille les lecteurs qui n’ont pas besoin qu’on leur altère la réalité par des fictions, pour s’intéresser aux narrations des voyageurs, faites en vue non-seulement du simple amusement, de la curiosité, de l’inconnu, du goût des aventures eu de l’observation des mœurs, mais aussi de l’art, de l’industrie et de la science.

M. Charton est encore, avec M. Henri Bordier, auteur d’une Histoire de France illustrée, depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, d’après les documents originaux et les monuments de l’art de chaque ëpof/ue (2 vol. in-8° illustrés, publiés en 1863). Cet ouvrage, dont les nombreuses gravures sont des représentations fidèles de monnaies, de sculptures, de tableaux, d’estampes, d’édificeSg de costumes, d’armes, de portraits, ’etc., qui éclairent notre histoire nationale, a obtenu une médaille de la Société-pour l’instruction élémentaire, et a été recommandé par la commission spéciale du ministère de l’instruction publique, comme les Voyages anciens et modernes.

En 1864, la maison Hachette a confié a M. Charton la direction de la Bibliothèque des merveilles, collection d’ouvrages instructifs et intéressants rédigés par une société de professeurs, d’historiens et d’hommes de lettres, et destinés à former une sorte d’encyclopédie unissant le pittoresque à l’exactitude. Toutes les merveilles de la science, de l’art, de l’industrie, de l’histoire, de la morale font partie du domaine de cette collection, qui se composera d’environ 100 volumes. Déjà plus de trente de ces petits livres ont paru ; un grand nombre d’autres sont en préparation.

En 1864, la librairie Hachette a publié les Histoires de trois enfants pauvres, racontées par eux-mêmes et abrégées par Édouard Charton. Ce volume fait partie de la Bibliothèque populaire, spécialement destinée aux ouvriers des villes et des campagnes.

Lors du procès dit des Treize, en 1864, M. E. Charton revendiqua noblement, avec MM. Marie, Jules Simon et Henri Martin, l’honneur de partager avec les prévenus la responsabilité des actes qui leur étaient reprochés. Voici la lettre qui fut publiée à cette occasion dans le Siècle du 12 juillet 1864, et dans plusieurs autres journaux : « À MM. Carnot et Garnier-Paçès, députés au Corps législatif ; Corbon, ancien représentant ; Hérold et Hérisson, avocats a la cour de cassation ; Clamageran, Dréo, Durier, .Ferry et Floquet, avocats. Paris, le 9 juillet 1864. Chers collègues et amis, membres comme vous du comité électoral de 1863, nous tenons à vous dire que nous ne comprenons ni le procès qui vous est fait, ni l’exception qui, jusqu’ici du moins, nous a laissés en dehors des poursuites. L’instruction se continue ; nous n’y avons pas été appelés même comme témoins ; nous ne pouvons garder le silence plus longtemps. Dévoués à la liberté électorale et à toutes nos libertés, nous ne cesserons de réclamer celles qui nous manquent, et d’user, comme vous et avec vous, de celles que nous tenons de la loi. Marie, député au Corps législatif ; Jules Simon, député au Corps législatif ; Charton, ancien représentant ; Henri Martin. »

Aux élections de 1864, M. Charton fut élu membre du conseil municipal de Versailles, où il a établi sa résidence depuis plusieurs années, et où il a fondé une bibliothèque populaire qui compte aujourd’hui plus de 3,000 volumes et environ 600 sociétaires. M. Charton est aussi un des membres du conseil de la Société de Franklin, société quia pour but, comme on sait, la propagation des bibliothèques populaires. Il est, en outre, membre du conseil de la Société de géographie et de plusieurs autres. Il a été nommé récemment, en remplacement de M. Guerry, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, qui a voulu rendre hommage à l’écrivain moraliste, dont l’existence presque tout entière a été consacrée à lalittérature utilcet pratique.

Outre les ouvrages dont nous avons fait mention, et la part considérablé qu’il prend à la collaboration du Magasin pittoresque, M. Édouard Charton a écrit, à diverses époques, plusieurs brochures : Lettres sur Paris (1830) ; les Doutes d’un pauvre citoyen (1847), et un grand nombre d’articles dans divers recueils ou journaux, tels que : la Revue encyclopédique, l’Encyclopédie nouvelle, le Bon sens, le Temps, Je Monde, le Messager, etc.

Comme on le voit par cette longue énumération, voilà une vie laborieusement, et surtout utilement remplie ; elle se déroule de toutes pièces, et par là nous voulons dire que le souffle libéral s’y fait partout sentir.

CHARTOPHYLAX s. m. (kar-to-fl-lakssdu gr. chartes, papier ; phulax, gardien). Hist. ecclés. Dignitaire de l’Église de Constant’uiople, chargé de la garde des chartes, ; actes et diplômes ecclésiastiques : Nul- ne pouvait être promu à un éuêché, à une abbaye, sans l’approbation du chartophylax. (Complém. de l’Acad.) i

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CHARTOPTÉRYX s. m. (kar-to-pté-rikss

— du gr. chartes, papier ; pterux, aile). Entom. Genre d’insectes hétéroméres de l’Australie, dont les élytres sont marquées de lignes imitant une carte géographique.

■ CHARTRAIN, AINE s. et adj. (char-train, è-ne). Géogr. Habitant de Chartres ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : Les Chartrains. La population chartraiue.

CHARTRAIN {pays), ancien pays de France, entre la Normandie et l’Ile-de-France au N., le Gàtinais à l’E., l’Orléanais au S. et le Perche à l’O. Il faisait partie de la contrée qu’on appelle la Beauce, et était compris dans le gouvernement de l’Orléanais ; le chef-lieu était Chartres. Il a 48 kilom. de long sur 40 kilom. de large. Une fraction du pays chartrain, la partie N. et Emportait le nom de Chartrain français, et dépendait du gouvernement de l’Ile-de-France.

CHARTRAN (J.-Hyacinthe-Sébastien), l’un des plus braves généraux des guerres de la République et de l’Empire, né à Carcassonne en 177S, fusillé à Lille en 1816. Entré à’quatorze ans dans les armées de la République, il se distingua aux Pyrénées, en Italie, sur le Rhin, sauva une division presque entière pendant l’expédition de Russie, reçut le commandement du département de l’Aude pendant les Cent-Jours, combattit vaillamment à Waterloo, et fut envoyé en surveillance à Lille lors du second retour des Bourbons, puis traduit devant une commission militaire et condamné à mort. On a donné comme motif de cette terrible sentence un entretien que le général aurait eu, après la journée du 20 mars, avec le baron Trouvé, entretien dans lequel il aurait fort maltraité les Bourbons, et dont les détails avaient été publiés. Les habitants de Lille ont élevé un monument par souscription au générai Chartran.

CHARTRE s. f. (char-tre — lat. earcer, même sens). Prison :

De son étui la couronne est tirée ;. Dans une chartre un dragon la gardait.

La Fontaine.

Certaine chartre est faite de façon Qu’on n’y voit goutte, et maint geôlier s’y trompe. La Fohtaime.

a Vieux mot.

Tenir quelqu’un en chartre privée, Le séquestrer sans autorité de justree : // n’est pas permis de tenir un homme en chartre privée. (Acad.)

— Méd. Nom vulgaire du carreau ou atrophie mésentérique : Tomber en chartre. Cet enfant est en chartre.

CHARTRE s. m. (char-tre). Forme corrompue du mot charte, qui a été longtemps en usage, et que-même l’Académie admet, à tort selon nous, concurremment avec l’autre : Le serf pouvait, par une chartre de son seigneur, combattre contre toute personne. (Montesq.)

— Homonyme. Chartres.

CHARTRE (la), bourg de France (Sarthe), ch.-l. de cant., arrond. et à 29 kilom. S.-O. de Saint-Calais, sur le Loir, au pied d’un coteau ; pop. aggl. 1,255 hab. — pop. tôt. 1,564 hab. Fabriques de chandelles et de chaux hydraulique, tanneries, moulins à blé et à tan. Commerce de graines de trèfle, de céréales et de bestiaux ; vin blanc estimé, particulièrement celui du cru des Jan’ières. Restes d’un château fort démantelé par Henri IV ; nombreuses habitations creusées dans la colline qui domine le château.

CHARTRE, ÊE adj. (char-tré — rad. chartre, pour charte). Qui possède une chartre, un privilège accordé sous forme de chartre ; One ville chartrée.

CHARTRÉE s. f. (char-tré — de Duchartre, botaniste français). Bot. Genre de plantes, de ta famille des gesnériacées, tribu des gesnériées.

CHARTRES, ville de France (Eure-et-Loir), ch.-l. de départ., d’arrond. et de deux cantons, ancien chef-lieu du pays chartrain, à 88 kilom. S.-O. de Paris, par le chemin de fer de l’Ouest, sur une hauteur, au pied de laquelle coule l’Eure ; pop. aggl. 17,032 hab.pop. tôt. 19,442 hab. L arrondissement comprend 8 cantons, 166 communes et 112,458 hab. Tribunaux de ]re instance, de commerce et de justice de paix ; collège communal ; école normale d’instituteurs et d’institutrices ; bibliothèque publique de 30,000 volumes ; musée ; jardin des plantes ; chef-lieu de la 8« subdivision de la ite division militaire. Nombreuses tanneries, fonderies de fer et de cuivre, construction de turbines, faveurs de grains, pressoirs, moulins, pompes ; fabriques de bonneterie, chaux, oriques et carreaux ; pâtés renommés. Grand commerce de céréales, laines, peaux brutes, vins, alcools, filasse, bestiaux, cercles, balais, chocolat, café, pain d’épice.

Par sa situation au pied et sur la croupe d’une colline, Chartres est divisé en deux parties : la ville haute et la ville basse. La première ne présente guère que des rues tortueuses, étroites et sombres, bordées de vieilles maisons, qui sont, pour la plupart, construites en bois ; néanmoins, l’aspect général de ce quartier est assez pittoresque. La ville basse a des rues plus régulières, plus larges, et possède quelques maisons modernes assez élégantes.— Hist. Les auteurs latins donnent à Char CHAR

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très les noms à’Autricum et de Carnuium civitas. Elle était, en ettet, à rénoque de la conquête romaine, la principale cité des Carnutes, peuplade belliqueuse oui lutta avec une énergie désespérée contre le conquérant des I Gaules. Quand l’invasion des barbares eut anéanti la puissance romaine dans les Gaules, Chartres devint la possession des rois francs. Au ixc siècle, elle fut prise et brûlée deux fois par les Normands ; en 911, ces derniers, sous ta conduite de leur chef Rollon, l’assiégèrent de nouveau ; mais ils furent défaits par Richard, duc de Bourgogne. Durant les longues guerres entre la France et l’Angleterre, Chartres tomba et resta longtemps au pouvoir des Anglais ; elle fut reprise par Dunois en 1432. Pendant les guerres de la Ligue, "après l’assassinat du duc de Guise, cette ville se souleva contre le roi ; mais, trois ans après, en 1591, elle fut prise par Henri IV, qui, après avoir abjuré le protestantisme, s’y fit sacrer dans la cathédrale, le 27 février 1594. Le comté de Chartres fut érigé en duché par François Ifir. Il devint peu après l’apanage de la maison d’Orléans, et, dès ce moment, le titre de duc de Chartres fut dévolu au fils aîné de cette famille.

Chartres a donné le jour à un assez grand nombre d’hommes distingués ; parmi les principaux, nous nommerons le philosophe P. Nicole, l’historiographe Félibien, les poètes Régnier et Desportes, les célèbres conventionnels Fleury, Pétion, Dussaulx, Chauveau-Lagarde et le général Marceau.

La ville de Chartres avait ses comtes particuliers, sous les successeurs de Charlemagne. Dans la seconde moitié du xe siècle, elle appartenait à Thibaut, dit le Tricheur, comte do Blois, de Chartres et de Tours, dont le petit-fils, Eudes, forma la seconde maison de Champagne. Lorsque cette dernière se bifurqua, au milieu du xne siècle, le comté de Chartressuivit la^estinée de la branche de Blois. Cette branche avait pour auteur Thibaud, fils puîné d’un autre Thibaud, comte de Champagne, et d’Alix de France, fille du roi Louis VII, qui, entre autres enfants, laissa Elisabeth, dont la fille, Mahaud, fut comtesse de Chartres, mais mourut sans postérité, léguant le comté de Chartres aux descendants d Elisabeth. Celle-ci, autre tille de Thibaud, avait épousé Gautier, ’ sire d’Avesnes, dont la fille, Marie, épousa Hugues de Châtillou, comte de Saint-Pol, père de Jean de Châtillou, lequel assuma le titre de comte de Chartres. Jeanne de Chàtillon, sa fille, vendit le comté de Chartres a Philippe le Bel, qui le donna à son frère Charles de Valois, père de Philippe de Vatois, lequel, à son avènement au trône, réunit le comté à la’couronne. François Ié l’érigea en duché, en 1528, en faveur de Renée do France, duchesse de Ferrare, d’où il passa a sa fille Anne d’Esté, mariée successivement à François de Lorraine, duc de Guise, et à Jacques de Savoie, duc de Nemours. Louis XIII le racheta, en 1623, et le donna en apanage à Gaston d’Orléans, son frère. Louis XIV en gratifia son frère Philippe, et, depuis, il est resté dans la maison d’Orléans. Le fils aîné de Louis-Philippe a porfé le titre de duc de Chartres jusqu’à 1 avènement de son père au trône, en 1830.

— Conciles. Trois conciles se sont tenus à Chartres ; nous allons donner l’analyse suivante de leurs travaux.

849. Dans ce premier concile, qui ne mérite, à proprement parler, que le titre d’assemblée, on donna la tonsure à Charles, frère cadet de Pépin, roi d’Aquitaine, et neveu de Charles le Chauve. Il s enferma, après cette cérémonie, dans le monastère de Corbie, et, sept ans après, il fut fait archevêque de Mayence par Louis, roi de Germanie.

1124. Ce concile fut tenu par le légat Pierre de Léon, plus tard l’antipape Anaclet. Ses actes sont perdus.

1146. Une troisième assemblée se réunit à Chartres pour décider la croisade. One foule d’évèqiïos y assistèrent ; tous, d’un consentement unanime, voulurent élire saint Bernard pour chef de l’expédition ; mais il déclina cet honneur, et écrivit néanmoins une lettre au pape Eugène, pour l’exhorter à presser avec tout le zèle possible cette entreprise, et à employer en cette occasion les deux glaives de l’Église.

— Monument». Au point de vue pittoresque et artistique, Chartres est une ville très-intéressante. • Malgré le vandalisme qui s’est rué sur elle, dit M. Lefèvre (Eure-et-Loir pittoresque), la ville de Chartres n’en a pas moins conservé la physionomie des temps passés, tant la coquetterie de notre siècle a de peine à la rajeunir. Les édifices romans bu gothiques, les vieilles maisons aux pignons aigus, aux portes historiées, aux portiques sculptés, aux étages à encorbellement, aux fenêtres ogivales et renaissance portent encore leur cachet d’intéressante originalité. • — Des anciennes fortifications de Chartres, construites au xi» et au xn* siècle, il ne reste que quelques pans de murailles flanqués de tours et la Porte Guillaume, monument historique du xivf siècle, encore important, bien qu’il ait été affreusement mutilé, surtout dans l’intérieur. La façade extérieure de cette porte se compose d’un massif central défendu par deux tours et percé d’une porte ogivale et d’une poterne aujourd’hui murée. Deux ouvertures, au-dessus des jambages de la porte, étaient occupées par les leviers du pont-levis ;

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