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CHARETTE DE LA CONTRIE (François-Athanase), fameux chef de bandes vendéennes, né à Couffé, au manoir de la Contrie (Loire-Inférieure), en 1763, mort en 1796. Sa famille était ancienne et avait de grandes prétentions généalogiques. Il y avait cependant des Charette dans la robe ; un d’eux fut condamné à mort dans l’affaire de la Chalotais. Son père, Charette de Briord, étant capitaine d’infanterie, passait avec deux autres officiers dans un bourg, près d’Uzès ; les trois étourdis voient à un balcon trois jeunes filles, et, par une sorte de gageure, se promettent de les épouser. Ils montent en effet, présentent bravement leur demande, et sont agréés. Charette naquit de cette union fantasque. Il fit quelques études chez les oratoriens d’Angers, entra dans la marine à l’âge de seize ans, parvint au grade de lieutenant de vaisseau et donna sa démission à l’époque de la Révolution. Cadet de famille, il était sans fortune, et il épousa une femme âgée et riche, veuve de l’un de ses parents. En 1790, il émigra à Coblentz, où il fit des pertes considérables au jeu, rentra bientôt en France, et figura, dit-on, parmi les défenseurs des Tuileries dans la journée du 10 août. Après cette journée, il se confina dans son petit manoir de Fonte-Clause, près de Machecoul, où il s’abandonna éperdument à la chasse et aux plaisirs. Vivant dans les forêts, à la poursuite des bêtes fauves, il s’endurcit aux fatigues, et fit ainsi, à son insu, l’apprentissage du rôle que bientôt il allait être appelé à jouer dans la guerre civile.

Au moral, c’était un homme sans scrupule et sans conviction sérieuse, insouciant et féroce, avide de pouvoir et plus encore d’indépendance personnelle ; perdu de mœurs, orgueilleux et grossier, infiniment propre enfin à devenir un chef de bandits bien plutôt qu’un chef de parti. Au physique, c’était une figure étrange et fantasque, le front bas, le nez fortement retroussé, la bouche plate, l’air impudemment audacieux. « J’ai vu, dit M, Michelet, un monument bien étrange, c’est le plâtre complet de la tête de Charette, moulé sur le mort. J’ai été frappé de stupéfaction. On sent là une race à part, fort heureusement éteinte, comme plusieurs races sauvages. À regarder par derrière la boîte osseuse, c’est une forte tête de chat. Il y a là une bestialité furieuse, qui est de l’espèce féline. »

À ces traits, il faut ajouter une lubricité dont il y a peu d’exemples. Ce gentilhomme avait les passions d’une bête de proie, et la guerre civile semblait être pour lui une chasse à la femme plus encore qu’une lutte de parti. Son camp était un lieu de débauche, et Savin, son lieutenant, disait à sa femme : « Je crains moins pour toi l’arrivée des bleus qu’une visite de Charette. »

En mars 1793, lors du soulèvement des Vendéens, les paysans de Machecoul allèrent chercher Charette pour le mettre à leur tête. Les égorgements avaient commencé quand il arriva ; il ne fit rien pour les empêcher, mais il ne semble pas que ce soit positivement lui qui les ordonna, ainsi qu’on l’en a accusé. Toutefois, comme les exécutions de patriotes durèrent sans interruption plusieurs semaines, avec un redoublement de fureur et de barbarie, il est à croire qu’elles ne s’accomplissaient qu’avec le consentement, du moins tacite, du chef de ces hordes, qui sciaient les poings de leurs prisonniers ou les enterraient vivants, etc. Dans cette Vendée du Marais, d’ailleurs, les mœurs étaient plus sauvages, et les excès furent plus grands que dans l’Anjou et le haut Poitou.

Charette était digne de commander à de tels hommes. Son premier combat fut l’attaque et la prise de Pornic, dont il traita les défenseurs comme auparavant il traitait les bêtes fauves qu’il chassait dans les forêts. C’est lui-même qui l’a révélé dans une lettre au Comité central : « Les brigands de cet endroit s’étant réfugiés dans différentes maisons, je ne trouvai que le feu qui pût faire sortir ces coquins de leurs cavernes. » (Pièces publiées par M. Benjamin Fillon). Ces brigands et ces coquins étaient les magistrats et les gardes nationaux de Pornic, qui défendaient la République et leurs foyers. Dans l’origine, le commandement de Charette ne s’étendait que sur les paroisses des environs de Macheeoul ; mais, quelques mois plus tard, il était le chef de presque toute la basse Vendée, de l’embouchure de la Loire au Marais du bas Poitou inclusivement, et de la mer à la Maine et au Lay. C’était là son royaume, le pays où, au nom de l’autel et du trône, il promenait, avec ses bandes sauvages, l’extermination, le pillage et la débauche. Il commanda parfois jusqu’à 30,000 hommes et plus ; mais il voulut rester indépendant, et il ne se réunit à la grande armée vendéenne que momentanément et dans quelques grandes occasions. Son armée, cela est bien connu, se battait pour le butin, pour la proie. Il était, d’ailleurs, peu estimé des chefs des autres bandes qui composaient la grande armée, et il ne les aimait guère ; les nobles l’appelaient avec mépris le Petit Cadet et le Savoyard ; ils lui reprochaient ses fuites continuelles ; et, dans le fait, avec ses bandits indisciplinés, il était souvent fugitif ; mais il les aguerrit à force de fuir et en fuyant avec eux.

Après divers échecs, à Challans, à Saint-Gervais, etc., il eut à lutter contre une révolte de ses propres soldats, agités par les manœuvres d’autres chefs qui commandaient diverses paroisses de la même contrée ; mais il se tira d’affaire à force d’audace et de violence. Chassé de Machecoul par le général Beysser, il parvint à se maintenir quelque temps à Légé, et enfin reprit Machecoul le 20 juin. Cette victoire affermit son autorité dans le Marais, où il avait été jusqu’alors contre-balancé par d’autres chefs royalistes, notamment La Cathelinière et surtout Joly, qui devait être assassiné.

Après la reprise de Machecoul, il reçut de Lescure une lettre de félicitations, et fut invité à appuyer le mouvement de la grande armée contre Nantes. Cette riche cité était, pour les bravi qu’il commandait, une tentation suprême, un magnifique rêve de pillage ; ils en désignaient les habitants sous le sobriquet de culottes de soie ; Charette s’était plus d’une fois enivré à l’idée de cette splendide conquête ; mais il sentait que, s’il y entrait avec l’armée d’Anjou, sa bande ne viendrait qu’en sous-ordre et qu’il aurait une part inférieure au butin. Toutefois, il se décida à marcher : il traînait alors à sa suite au moins 30,000 hommes, et vint prendre position au pont Rousseau, à l’embouchure de la Sèvre, pendant que les autres barbares qui composaient la grande armée investissaient Nantes sur divers points, en hurlant dans leurs cornes de bœuf et en poussant des clameurs sauvages (28 juin). La noble et patriotique cité n’ignorait point le sort qui lui était réservé ; dénuée de forces, elle opposa à ce déluge effroyable sa garde nationale, ses robustes ouvriers et marins, une poignée de soldats de ligne et les intrépides canonniers envoyés par la commune de Paris. On sait comment Cathelineau fut tué et comment échoua cette grande attaque. Charette se borna à canonner la ville, et, après le départ de l’armée d’Anjou, il demeura par bravade encore un jour, puis il regagna ses repaires. Quoique profondément blessé de la décision qui plaça toutes les bandes insurrectionnelles sous le commandement de d’Elbée, il se joignit cependant à ce que l’on continuait d’appeler l’armée catholique et royale, et vint, le 14 août, concourir à l’attaque de Luçon, où les royalistes furent complètement battus. Il retourna de nouveau à son camp de Légé, peuplé de femmes de mauvaise vie, et où les danses et les plus grossières débauches étaient en permanence. Au commencement de septembre, l’année de Mayence et autres troupes républicaines entrèrent dans le bas Poitou ; Charette, se sentant hors d’état de résister, remonta vers la Sèvre, se joignit encore à la grande armée dont il partagea les succès à Torfou, à Montaigu et à Saint-Fulgent. Mais, incapable de supporter des supérieurs et même des égaux, il se sépara une fois encore des autres chefs, après de vives querelles, pour un partage de butin, et, apprenant que ses cantonnements étaient évacués, il regagna la basse Vendée, où il était en quelque sorte roi, et qui était d’ailleurs officiellement son territoire de commandement. Il se borna, dès lors, pendant les premiers mois de 1794, à une guerre de surprises et de coups de main, fort indifférent aux revers essuyés par l’armée d’Anjou ; mais lui-même éprouva de nombreux échecs. Souvent fugitif, errant au fond des bois, changeant à chaque instant de retraite, puis reparaissant quand on le croyait perdu, reformant de nouveaux rassemblements, attaquant les postes républicains, pillant les convois, surprenant les cantonnements, il demeura finalement toujours en armes et toujours redoutable aux républicains, malgré l’affaiblissement des grandes insurrections de l’Ouest, malgré les nombreuses défaites que lui-même avait subies. Poursuivi par le général Haxo, il eut la bonne fortune de l’écraser aux Clouseaux, où le brave soldat se fit sauter la cervelle pour ne pas tomber vivant et blessé aux mains des brigands. Il tenta ensuite quelques expéditions, de concert avec Stofflet, mais ne tarda pas à se séparer de ce chef, par rivalité d’influence et d’autorité. Cependant, depuis le 9 thermidor, la Convention se montrait plus disposée à la conciliation ; quelques ouvertures furent faites aux chefs vendéens, fort affaiblis d’ailleurs par leurs pertes et par leurs divisions ; le 12 frimaire an III (2 décembre 1794) fut rendu le décret qui promettait le pardon et l’oubli à tous ceux qui, dans le délai d’un mois, auraient posé les armes ; enfin des conférences s’ouvrirent au château de la Jaunaie, et le 29 pluviôse an III (17 février 1795) un traité de pacification fut signé, traité qui restera d’ailleurs la honte des réacteurs thermidoriens, qui dominaient alors la Convention, et qui ne fut, en réalité, qu’un pacte entre la bassesse et le mensonge.

Stofflet n’avait point voulu prendre part à ces conférences. Charette, réduit presque à la dernière extrémité, signa la paix, mais avec l’intention bien arrêtée de la rompre, et uniquement pour éloigner les troupes républicaines et se donner les moyens de rassembler de nouvelles forces ; dans le moment même, il échangeait avec Monsieur des dépêches secrètes qui le prouvent d’une manière irréfutable.

Chose monstrueuse, par des articles secrets du traité, les chefs royalistes devaient recevoir en numéraire une indemnité proportionnée à leur grade dans l’armée. Charette eut 2 millions ; de plus, il conservait le commandement et la police du territoire occupé par ses soldats. Enfin l’humiliation infligée à la République par d’indignes négociateurs fut complétée par l’entrée de Charette à Nantes, un panache blanc au chapeau, escorté de ses officiers, qui tous portaient la cocarde blanche et manifestaient une joie insolente et grossière. Il retourna ensuite à son quartier général de Belleville. Le 27 juin, il reprit les armes, au mépris de ses serments, surprit et massacra un poste de républicains, et, après les exécutions accomplies à la suite de l’affaire de Quiberon, fit froidement assommer tous les prisonniers qui étaient entre ses mains. Profondément découragé par cette grande défaite de son parti, il continua cependant les hostilités, sur la promesse d’un débarquement du comte d’Artois, de troupes anglaises et d’émigrés. Louis XVIII lui envoya le cordon rouge et le titre de lieutenant général ; mais le prince, que les insurgés attendaient, se contenta de paraître en vue des côtes de France et d’envoyer à Charette un sabre magnifique qui portait cette devise : Je ne cède jamais. Découragé, indigné, le chef vendéen écrivit au prétendant la fameuse lettre : « Sire, la lâcheté de votre frère a tout perdu. » Il continua néanmoins une lutte dont l’issue n’était plus douteuse, et où il n’essuya plus que des revers. Poursuivi sans relâche, n’ayant plus autour de lui qu’une poignée d’hommes exténués, blessé au combat de la Prélinière, il finit par être capturé dans le bois de la Chaboterie, par le général Travot, traduit devant une commission militaire, à Nantes, pour sa rupture de la pacification, condamné à mort et fusillé le 29 mars 1796, sur la place Viarme ; il marcha au supplice avec un mâle courage et commanda lui-même le feu.

Charette (Fr.-Ath.). Iconogr. Parmi les nombreux portraits du célèbre chef vendéen qui figurent dans la collection iconographique de la Bibliothèque impériale, le plus intéressant est celui au bas duquel se lit cette inscription.Charette dessiné après son arrival (sic) à Nantes le 7 où il était fusillé le 9 germinal. Ce portrait, exécuté d’après nature, nous montre le chef royaliste souffrant de ses blessures, dévoré par la fièvre, abreuvé d’humiliations, mais respirant encore une mâle fierté : ses grands yeux sombres, sa tête enveloppée d’un mouchoir d’où s’échappent des cheveux longs et incultes, sa barbe clair-semée, son feutre orné d’une cocarde blanche, tout concourt à lui donner un aspect farouche et à justifier le nom de brigand que lui avaient décerné ses ennemis. — Un autre portrait, gravé par Bautran d’après un dessin de Paulin Guérin, le représente en costume de général et dans l’attitude d’un homme qui commande ; il a le front bombé, le nez long et droit, le menton proéminent, l’œil vaste et plein de feu, les traits durs et énergiques ; sa tête est enveloppée d’un mouchoir et recouverte d’un feutre retroussé par devant et orné d’un plumet ; une large cravate blanche entoure son cou ; un médaillon représentant un cœur surmonté d’une croix décore sa poitrine. Ce portrait a été fréquemment reproduit, notamment par Couché fils, Joubert, Château, etc. — Une estampe sans nom d’auteur nous montre Charette, ayant le bras en écharpe et la tête enveloppée d’un mouchoir, tel qu’il fut ramené prisonnier à Nantes : au-dessous, pour toute indication, est dessinée une charrette, ce qui nous donnerait à penser que ce portrait tut publié clandestinement peu de temps après l’exécution du chef vendéen ; la physionomie est loin, d’ailleurs, d’avoir l’énergie que l’on remarque dans les deux portraits précédents. — Une variante de cette estampe représente Charette coiffé d’un grand chapeau semblable à celui dont le général Bonaparte a la tête couverte dans les portraits de la même époque. Un portrait gravé par Levachez donne au généralissime de l’armée vendéenne le costume et presque la tournure d’un incroyable du Directoire : au-dessous est une petite eau-forte de Duplessis-Bertaux représentant Charette arrachant l’écharpe qui enveloppe son bras blessé, et marchant au-devant des soldats qui le couchent en joue pour le fusiller. Une notice d’une quinzaine de lignes accompagne cette estampe : nous y lisons que, « quand on voulait désigner quelqu’un comme mauvais citoyen, c’était une expression assez généralement reçue que de dire : Il est patriote comme Charette. » — Un autre petit portrait, finement gravé, mais dont l’expression est assez fade, est accompagné de l’extrait suivant du compte rendu adressé au gouvernement par le général Hoche, le 17 brumaire an IV : « Ce cheval de bataille des émigrés qu’il déteste a un pouvoir absolu sur tout le pays qu’il commande. Les lois draconiennes qu’il a données aux pays qu’il occupe l’ont en quelque sorte fait déifier par une multitude ignorante, que son seul nom fait trembler. Son caractère est féroce et singulièrement défiant. Son ambition est de gouverner son pays féodalement. Il n’a point d’ami… Des femmes sanguinaires le dirigent dans ses cruautés. » Voilà en quels termes le brave Hoche peignait le caractère de Charette et flétrissait ses cruautés. Après la réprobation, l’apothéose ; le méchant quatrain suivant se lit au bas d’un portrait représentant Charette en costume de chasseur de la garde royale :

Héros par la valeur et par l’adversité,
Sa gloire du tombeau perce la nuit profonde.
     Il vécut trente ans pour le monde ;
Il en a vécu trois pour l’immortalité.

Une planche gravée par Alès d’après un dessin de A. Lacauchie, et une gravure de F. Bonneville représentent Charette sous les traits et le costume d’un vrai brigand de mélodrame. Signalons encore une image (genre Épinal) publiée « chez veuve Romé et Romé fils jeune, fabricants de cartes à jouer et de dominoterie, quai Cassard, à Nantes » : le chef vendéen y apparaît en grand costume de général, l’épée à la main, monté sur un cheval fougueux qui enjambe une pièce de canon et une pile de boulets ; il n’a aucune ressemblance, d’ailleurs, avec les portraits que nous avons décrits ; au-dessous, on lit ces vers :

Pour sa religion, pour son roi, sa patrie,
Cent fois, en cent combats, il prodigua sa vie ;
Mais, quand le sort trahit ses efforts généreux,
Ne pouvant les servir, il sut mourir pour eux.

On devine de quelle officine royaliste sortait l’image publiée chez la veuve Romé et destinée à prendre place, dans la demeure des paysans du Marais et du Bocage, entre le portrait authentique du Juif errant et le fusil du chouan pendu à la cheminée,


CHARETTE DE LA CONTRIE (Athanase, baron DE), neveu du précédent, né à Nantes en 1796. Il entra dans les gardes du corps à la première restauration, s’associa aux soulèvements royalistes de l’Ouest pendant les Cent-Jours, et fut nommé pair de France en 1823, puis colonel des cuirassiers de Berry. Particulièrement attaché à la duchesse de Berry, il coopéra très-activement aux tentatives de cette princesse pour rallumer la guerre civile dans l’Ouest, fut son fidèle compagnon dans ses courses et ses dangers, et, après le mauvais succès de ces entreprises, parvint à se réfugier à l’étranger, et ne rentra en France qu’après l’amnistie de 1837. Il ne sortit plus de la retraite et mourut en 1848. On a de lui : Quelques mots sur les événements de la Vendée, en 1832 (Paris, 1840) ; Journal militaire d’un chef de l’Ouest, contenant la vie de Mme  la duchesse de Berry en Vendée (Paris, 1842), où l’on trouve d’intéressants détails.


CHARGE s. f. (char-je — rad. charger). Faix, fardeau, ce qui pèse dessus : Charge pesante, lourde. Charge légère. On a donné trop de charge à ce plancher. (Acad.) || Ce que porte ou peut porter un homme, un animal on un véhicule d’un genre quelconque : La charge d’un homme, d’un mulet. La charge d’un wagon, d’une charrette, d’un bâtiment. Déposer sa charge. Avoir sa charge complète. C’est une chose étonnante de voir quelle était la charge des soldats romains. (Hollin.) Un homme haut et robuste porte légèrement et de bonne grâce un lourd fardeau ; un nain serait écrasé de la moitié de sa charge. (La Bruy.)

Me fera-t-on porter double bat, double charge ?
               La Fontaine.

Celui-ci, glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
               La Fontaine.

— Fam. Série de coups aussi nombreux qu’une personne peut les supporter : Donner, recevoir une charge de coups de poing, de coups de bâton.

— Pop. État d’une personne qui a pris de la nourriture ou de la boisson autant qu’elle en peut porter : Il a sa charge.

— Par ext. Obligation onéreuse ; objet pénible à supporter : Avoir des charges nombreuses. Être exempt de charges. Accepter les charges d’une succession. Le service militaire est la seule charge dont la femme n’ait point à supporter sa part. (Mme Romieu.) Comme ses avantages, la gloire a ses charges, (Cl. Tillier.) Le peuple a les charges de la société, d’autres en recueillent les bénéfices. (Lamenn.) La meilleure alliance est celle qui impose le moins de charges et donne le plus de sécurité. (É. de Gir.) L’imprimerie remit à chaque homme la charge de sa propre croyance. (E. Pelletan.) Chacun doit contribuer aux charges sociales en raison des avantages qu’il trouve dans la société. (Ott.)

C’est une charge bien pesante
Qu’un fardeau de quatre-vingts ans.
          Quinault.

L’égoïste est un monstre, et la mort salutaire
N’enlève, en le frappant, qu’une charge à la terre.
          Voltaire.

                        … Aidons-nous mutuellement ;
La charge des malheurs en sera plus légère.
         Florian.

|| Se dit particulièrement des impôts que l’on est astreint à payer : Toute charge mise sur la production pèse en définitive sur le consommateur. Le tiers état portait la plus grande partie des charges. (Acad.) Le peuple gémit sous le poids des charges que le malheur des temps a rendues nécessaires. (Mass.) Les villes de Lycie payaient les charges selon la proportion des suffrages. (Montesq.) Faut-il que les propriétaires payent toutes les charges, et tout citoyen ne doit-il pas contribuer aux dépenses publiques ? (Condill.} La Chambre des députés fixe par ses allocations la mesure des charges dont il sera permis de grever le pays, (Dupin.) Les charges publiques sont ce qu’il y a de plus sensible pour le contribuable. (Viennet.)

— Ordre, commission que l’on donne à quelqu’un : On lui a donné charge de faire ces recouvrements. La conscience a charge de Dieu de nous avertir. (Boss.)

— Fonctions publiques, obligations et privilèges qui y sont attachés ; se disait particulièrement, sous l’ancien régime, des offices pour