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en chardons, dont les graines forment sa nourriture habituelle, avec celles du mouron, du séneçon, etc. Il est aussi très-friand, surtout dans son jeune âge, des chenilles et des vers. Dès son premier printemps, il fait entendre son ramage, très-agréable, bien qu’un peu aigu. Le chardonneret niche dans les jardins, les vergers, ou sur les arbres isolés, ordinairement sur les ormes, les mûriers ou les pruniers, et toujours dans l’enfourchure d’une branche grêle et flexible. Le nid est construit avec un art admirable. La femelle seule y travaille ; le mâle se borne à l’accompagner dans les nombreuses courses qu’elle fait à la recherche des matériaux nécessaires. La charpente de ce nid se compose de graminées, de lichens, do fibres de plantes ou de crins entrelacés ; l’intérieur est toujours une couche molle formée de laine, de poils, de duvet recueilli sur diverses plantes, particulièrement sur les capitules mûrs du chardon bénit. La ponte, qui se renouvelle trois ou quatre fois par an, est toujours de trois à cinq œufs, d’un rose tendre tiqueté de brun foncé. Le mâle et la femelle apportent des vers et des chenilles a leurs petits. Le chardonneret s’apprivoise très-facilement, surtout si l’on a soin de le prendra jeune dans le nid ; on recommande, pour avoir de bons chanteurs, de choisir la dernière couvée, qui a lieu dans le courant de septembre. En captivité, le chardonneret peut vivre dix-huit ou vingt ans. Il se plie facilement à cette position, devient familier, reconnaît la voix de ses maîtres et retient assez bien les airs qu’il entend siffler. On peut même le dresser, comme le font souvent les bateleurs, à certains petits exercices amusants, par exemple à faire le mort, à tirer de petits seaux remplis d’eau ou de graines, a vivre à la galère, etc. Son chant est beaucoup plus varié, si on l’enferme avec des fauvettes, des linottes ou des serins. On sait avec quelle facilité le chardonneret s’accouple avec ces derniers oiseaux ; il produit alors des métis, généralement stériles, dont le plumage est moins éclatant, mais dont le chant est plus doux. Les chardonnerets sont très-pacifiques entre eux ; mais ils se querellent tréquemment avec les linottes et les serins, surtout pour occuper pendant la nuit la plus haute branche do la volière. On les nourrit île graines de navette et de chènevis. Il est singulier que cet oiseau aime avoir un petit miroir dans sa cage ; on dirait que c’est par coquetterie, et comme s’il avait la conscience de sa beauté. Son plumage, qui en fait un des plus jolis oiseaux d’Europe, s’est beaucoup modifié par la domesticité. On compte jusqu’à neuf variétés bien tranchées, qui sont : le chardonneret isabelle, ou blanc, ou blanchâtre, on noir, ou noir à tête orangée, à poitrine jaune, à sourcils et front blancs, a tête rayée de rouge et de jaune, à capuchon noir.

Parmi les autres espèces, dont plusieurs ne sont peut-être que de simples variétés de la précédente, on remarque le chardonneret à quatre raies, dont le plumage est varié de blanc, de gris, de noir et de roux, et dont les ailes sont traversées par quatre raies blanches, noires ou rousses, et le chardonneret à tête rouge, qui est d’un vert olivâtre dans la plus grande partie de son corps, avec la têtu et le cou écartâtes, le bec noir, les ailes et la queue bigarrées de noir et de blanc ; ces deux espèces habitent la Suède. Le chardonneret à face rouge est de la grosseur du notre ; son plumage est en général vert foncé, avec la tête, la queue et les grandes pennes de.» aites rouges. Le chardonneret jaune, plus petit que celui d’Europe, dont il a du reste le chant et les habitudes, est d’un jaune éclatant, avec quelques parties du corps d’un blanc jaunâtre, le front noir et le bec rougeâtre ; il habite l’Amérique. Dans la partie méridionale de ce continent, on trouve le chardonneret perroquet, qui doit son nom à sa livrée agréablement nuancée de vert et de rouge.

CliHrdoBiicroi (la Yikiwjk au), chef-d’œuvre de Raphaël. V. Vierge.

CHARDONNERETTE s. f. (char-do-nerré-te

— rad. chardonneret). Bot. Ancien nom des carîines, dont les graines servent de nourriture aux chardonnerets.

CHARDONNET s. m. (char-do-nè — du lut. cardo, gond). P. et Chauss. Partie de la maçonnerie d’un sas de canal, contre laquelle s’appuie chacune des arêtes verticales d’une porte d’écluse, lorsqu’elle est fermée : Les ceiardonnets se construisent en pierre de premier, choix et de fartes dimensions, en ayant soin d’arrondir leur refouiilement ; ils forment un angle droit avec les enclaves des bojoycrs.

— Archit. Montant de bois qui termine les grandes portes cochères du côté du mur, et sur lequel pivotent les battants de la porte.

— Vitic. Variétédejraisin appelée aussi CHAKnKNAi.

CHARDONNETTE s. f. {char-do-nè-tedimin. de chardon). Bot. Nom vulgaire du cardon d’Espagfic ou de l’artichaut sauvage. H On l’appelle aussi camionnette.

— Mar. Pièce de bois dont on se sert pour assujettir les barriques et autres objets sur les navires.

GHARDONN1ÈRE s. f. (char-do-ni-crorad. chardon). Agrïc. Champ où l’on cultive des chardons : La ciiardOnnièru sera sarclée curieiisement. (Oliv. de Serres.)

CHABDONNIN s. m. (char-do-nuin — rad.

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chardon). Chim. Substance particulière que l’on extrait du chardon bénit

CHARDOUSSE s. f. (char-dou-se — du lat. çarduus, chardon). Bot. Nom vulgaire donné à diverses carduacées, telles que les carîines, le chardon-Marie, le cardon d’Espagne, etc.

CHARDR1ER s. m. (char-drié). Ornith. Nom du chardonneret dans quelques départements.

CHARÉE s. m. (eha-ré). Entom. Genre de lépidoptères nocturnes, de la famille des noctmdes, comprenant cinq espèces.

CHARENCEY (Charles-Léonce Gouhier de), homme politique français, né à Charencey (Orne), en 1804. Lorsqu’il eut achevé son droit, il entra dans la magistrature (i82S), et il se trouvait, en 1848 ; substitut près le tribunal do la Seine. Destitue à cette, époque, M. Léonce de Charencey fut élu représentant à la Constituante par le département de l’Orne, puis réélu à la Législative. Partageant les idées politiques et religieuses de M. de Montalembert, il vota constamment comme lui avec la majorité, et protesta contre le coup d’État du 2 décembre. On a de lui : Des causes principales de la révolution de 1830, et Des devoirs que commande la situation (Paris, isai).


CHARENTAIS, AISE s. et adj. (cha-ran-tè, è-ze). Géogr. Habitant du département de la Charente ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants : Les Charentais. L’industrie ciia-

RKNTAISB.

— Encycl. Chevaux charenlais. Les chevaux du bassin de la Charente sont très-variés. Du côté du Limousin, ils se confondent avec les chevaux de cette contrée ; mais, dans les marais de Rochefort et de Mareunes, ils ont la peau épaisse, les crins forts, les pieds larges, les canons longs et grêles ; ils sont très-sobres, mais aussi très-difficiles à dompter. L’assainissement des marais et le croisement transforment cette race, lui donnent plus de légèreté et des. formes plus régulières. Dans les marais, les poulains vivent, pour ainsi dire, à l’état sauvage, et souvent deviennent indomptables. On en a vu qui, renfermés dans

des écuries, brisaient leur licol et étaient inabordables. Ces chevaux sont toujours difficiles à dresser et jamais bien maniables. Les pâturages de la contrée ne peuvent suffire pour l’entretien des poulains, qu’il faut, non-seulement rentrer l’hiver, mais nourrir avec de bons aliments. Un débouché est donc nécessaire dans la Charente pour permettre aux éleveurs de vendre les poulains à l’âge de six ou sept mois. Ce débouché existe en partie : les agriculteurs de Saintes et des environs de Saint-Jean-d’Angély achètent ces poulains et les élèvent, tout en les faisant travailler ; mais ce débouché ne suffit pas, soit parce que, dans le sud, on fait travailler les bêtes à cornes, soit parce que ces pays achètent aussi des poulains et des mules dans le Poitou.


CHARENTE (Carantonus), petit fleuve de France, qui donne son nom à deux départements de la région occidentale de l’empire français. Il prend sa source dans la chaîne du Limousin, dans le département de la Haute-Vienne, près de Chérouac, coule d’abord au N.-O., entre dans le département de la Charente, où il traverse l’arrondissement de Confolens, pénètre dans le département de la Vienne, où il baigne Civray, puis tourne au S., rentre dans le département de la Charente, passe à l’E. de Ruffec, serpente en mille détours dans les fraîches prairies d’une vallée que Henri IV appelait le plus beau fossé de sou royaume, baigne le pied du coteau qui porte Angoulème, puis, se dirigeant à l’Ô., arrose Châteauneuf, Jarnac, Cognac ; ensuite il entre dans le département de la Charente-Inférieure, baigne Saintes, et prend la direction du N.-O., passe par Tounay-Charento et à Rochefort, où il forme un port magnifique, et se jette enfin dans l’Atlantique, en face de l’île d Aix et de celle d’Oleron, après un cours de 400 kilom., dont la moitié est navigable. Daus ce trajet, la Charente reçoit plusieurs affluents, dont les plus importants sont l’Antenne et la Boutonne à droite ; la Touvre, le Né et la Jeugne, à gauche. Le bassin de la Charente présente une surface de 108,000 hectares.-


CHARENTE (département de LA), division administrative de la France occidentale, formée de l’Angoumois et de parties du Limousin, du Poitou, de la Saintonge et du Périgord. Elle tire son nom du fleuve de la Charente, qui l’arrose et la parcourt du N. À l’O. Compris entre les départements des Deux-Sèvres et de la Vienne au N., de la Haute-Vienne et de la Dordogno à l’E., de la Dordogne et de la Charente-Inférieure au S. et à l’O., ce département a une superficie de 501,543 hectares, divisée en cinq arrondissements : Angoulème, chef-lieu ; Ruffec, Confolens, Cognac et Barbézieux ; 40 cantons, 427 communes. Il renferme une population de 378,218 hab, tl forme le diocèse d’Angoulême et la 3e subdivision do la 14« division militaire ; il ressortit à la cour impériale de Bordeaux, à l’académie de Poitiers, à la 24e conservation des forêts et à l’arrondissement minéralogiquo de Périguuux.

Le territoire du département, sans être montagneux, est accidenté par do nombreuses collines peu élevées, qui so rattachent à l’extrémité occidentale de la chaîne du Limousin, et au plateau de Gàtine. Si cette contrée n’a pas lus vastes horizons des pays de montagnes, elle offre (■’•pondant sur plusieurs points dos as CHAR

pects magnifiques et de riants paysages, principalement sur les bords de la Charente. Dans les bassins secondaires des principaux affluents du fleuve, le temps a laissé les traces des grands cataclysmes qui changèrent la face du globe. Ainsi les étroites vallées des Eaux-Claires, de la Boësnie et de la Cbarrau sont bordées d’une ceinture de rochers nus, brisés quelquefois en blocs énormes ou dressés en aiguilles. Les cours d’eau les plus importants qui parcourent les vallées du département sont, après la Charente, la Vienne, la Dronne, la Tardoire, la Touvre, le Né, l’Auzonne, les Eaux-Claires, la Charrau, la BoSsme, l’Antenne, la Soloire, le Charenton, etc. On y trouve aussi plusieurs étangs, entre autres ceux de la Courrière, de Sérail, des Sèches et quelques marais, parmi lesquels nous citerons ceux des vallées de Gensac, de l’Antenne et du canal de Jean-Simon.

Le sol de la Charente est en général see, aride et brûlant, reposant sur des calcaires sillonnés par des bancs d’argile et de silice. U renferme, comme richesses minérales, du granit, de la pierre à chaux, des carrières do pierres à bâtir, du gypse, de l’antimoine, du plomb, de l’argent et du minerai de fer ; les seules exploitations sont, avec quelques carrières de pierres, des mines de plomb ot de fer. Il existe des souices minérales à Gondéon et à Availles.

Le climat du département est agréable et tempéré ; l’air y est pur et le ciel presque constamment serein. Les fortes chaleurs et les grands froids ne s’y font que rarement sentir. Le sol, en général peu feïtile, produit des céréales en quantité bien insuffisante pour la consommation locale ; mais la principale production agricole, c’est le vin, avec lequel se fabriquent les meilleures eaux-de-via de France. Les vignes y occupent 97,425 hectares, produisant, année ordinaire, 648,809 hectolitres de vin rouge et 1,075,315 hectolitres do vin blanc. Ces vins, de qualité très-ordinaire, sont convertis en eaux-de-vie, et les distilleries occupent sans contredit le premier rang dans l’industrie charentaise. Viennent ensuite les papeteries, la métallurgie, les filatures de laine et de coton, les fabriques de ganses et de lacets, les tanneries, les corroieries et mégisseries, les brasseries, minoteries, tuileries, etc., l’exploitation des tourbières, des carrières de pierre de taille, de pierre c : il-caire, moellons, etc. Tous ces divers produits industriels, principalement les eaux-de-vie, donnent lieu à un grand mouvement commercial, que favorisent un système de roules bien entretenues, le chemin de fer de Paris à Bordeaux, traversant ce département dans toute sa longueur, et la navigation de la Charente.

Dans ce département, les habitants des campagnes se distinguent de ceux des villes par des caractères bien tranchés. Tandis que ces derniers ont été plus ou moins entraînés par le courant de la civilisation, les autres se sont presque partout maintenus en dehors de son action. Il s’en faut assurément que le paysan charentais manque d’intelligence : il est même très-fin et très-rusé ; mais, d’un autre côté, on le trouve défiant et sceptique à l’égard de toute méthode agricole inconnue à ses pères. Il aime avec passion le petit coin de terre dont il est le possesseur, et néanmoins il le cultive avec mollesse. On peut dire de lui qu’il n’est jamais pressé. Grâce b. cette disposition d’esprit, ou, si l’on veut, à ce tempérament, il suit sans écart la route tracée ; ennemi par principe de toutes les nouveautés, qu’il regarde indistinctement comme le résultat d’illusions funeste ?, il s’en tient aux vieilles pratiques de ses aïeux.


CHARENTE-INFÉRIEURE (département de LA), division administrative de la France, formée de quelques parties de la Saintonge, de l’Aunis, de l’Angoumois et du Poitou, et tirant son nom de la Charente, qui la traverse dans sa partie centrale du S.-É. au N.-E. Situé entre le département de la Vendée au N., celui des Deux-Sèvres au N.-E., ceux do la Charente et de la Gironde au S.-E. et au S., et l’océan Atlantique à l’O., ce département a une superficie de 682,569 hectares, partagée en six arrondissements : La Rochelle, chef-lieu ; Marcnnes, Rochefort, Saintes, Jonzac et Saint-Jeand’Angély ; 40 cantons, 479 communes, dont la population totale s’élève à 479,559 hab. Il forme le diocèse de La Rochelle, la2c subdivision de la 14e division militaire ; il ressortit à la cour impériale de Poitiers, à l’académie de Poitiers, à la 24e conservation des forêts et à l’arrondissement ininéralogique de Périgueux.

Le territoire de ce département est généralement bas, sans montagnes, ni lacs ni torrents ; le sol est ondulé, dans l’intérieur, par de petites collines, et sur le littoral par des dunes de sable mouvant, qui ne tarderont pas à être fixées par des semis de pins. Les coteaux sont couverts de vignes, les vallées, surtout vers Taillebourg, et sur les rives de la Charente, sont fertiles et pittoresques. Los côtes présentent des sites

variés ; elles sont entrecoupées par différentes îles et par un promontoire, qui forment les meilleures rades du golfe de Gascogne. Les plus importantes de ces îles sont celles de Ré, d’Oleron, d’Aix et l’île Madame. Les principales rivières qui arrosent le département de la Charente-Inférieure sont la Charente, la Gironde, la Boutonne, la Sèvre mortaise, la Vendée, l’Antenne, la Dronne, la Gravouze, le Né, la Suye, etc. Do plus, d. ; nombreux ca CHAR

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naux sillonnent ce département ; nous ne citerons que les plus importants : le canal de Niort à La Rochelle ; celui de la Charente à la Seudre ; celui de la Moulinette ; ceux de Vue, des Sables, de Villedoux, de la Brune, de Saint-Fort. de. Saint-Agnant, de Pont-1’Abbé-de-Champagne, etc.

Le sol du département de la Charente-Inférieure est formé do terrains jurassiques, de terrains crétacés, de terrains tertiaires et d’alluvions. Au point de vue agricole, on distingue : l" Les vareimes, c’est-à-dire les terres silico-argileuses ou silico-calcaires. Elles sont

f>rofondes et assez riches, occupent en général a crête et le flanc des collines, et couvrent à peu près le tiers de la surface cultivée du département ; 2° des calcaires argileux et rocheux, ou bien oolithiques et crayeux, qui sont connus dans le pays sous le nom de groics. Le degré de fertilité de ces terres est très-variable ; on ne saurait l’évaluer d’une manière absolument exacte ; 30 les alluvions d’eau douce, qui recouvrent Je fond de plusieurs vallées. Elles varient, .quant à leur nature, de la tourbe pure a l’argile et au calcaire argileux plus ou moins mélangé de matières organiques ; 4° les alluvions marines. Elles constituent, sur le littoral, de vastes plaines marécageuses, qui sont remarquables par leur

fertilité ; 5° des dunes de sables mouvants. Naguère encore elles étaient tout à fait stériles, maintenant elles sont presque complètement fixées par de belles plantations de pins maritimes ; 6» enfin des laudes siliceuses et argileuses occupant, dans la partie méridionale du département, des espaces assez étendus.

Sur les 682,569 hectares qui forment la superficie totale du département de la Charente-Inférieure, plus de 320,000 sont occupés par des terres labourables. Cette vaste étendue est utilisée en céréales, en cultures sarclées, en plantes fourragères, oléagineuses ou industrielles. Grâce à une plus grande facilité des débouciiés, le fermage des terres s’est beaucoup accru depuis quelques années, sans que la culture se soit sensiblement améliorée. Les divers assolements suivis sont même essentiellement vicieux ; ils épuisent très-proinptement le sol, et généralement, au bout de trois ou quatre rotations, quelquefois même plus tôt, on est obligé de laisser le sol en pâture. Dans les terres marécageuses, on ne laboure qu’une fois par an. Ces terres sont si argileuses qu’elles se lèvent par quartiers énormes, se dessèchent pendant tout 1 été, et ne s’ameublissent qu’aprés avoir été délitées par les pluies d’automne. 11 ne faut pas moins de dix à douze bœufs de forte taille attelés au joug double, pour traîner une seule charrue.

Le département de la Charente-Inférieure est, après ceux de la Charente et de l’Hérault, le plus grand vignoble de France ; il ne contient pas moins de 111,000 hectares de vignes. Cette culture n’a lieu que dans les groics et les varennes ; elle produit, année moyenne, environ 3,200,000 hectolitres de vin. Un quart seulement de ces vins est consommé ou exporté en nature, tout le reste est distillé et converti en eau-de-vie. La culture de la vigne a lieu presque partout à bras ; cependant la rareté des bras et le haut prix de la maind’œuvre, qui en est la conséquence, forcent maintenant les cultivateurs à se servir d’instruments attelés.

Il n’y a pas, à proprement parler, de bois de haute futaie, mais on trouve çà et là quelques taillis de chênes et de châtaigniers, qui sont exploités à dix ou à, quinze ans. La plus grande richesse forestière du département consistera bientôt dans les plantations de pins maritimes que l’on a faites pour fixer les dunes.

La population animale est assez nombreuse. Comme dans la Charente, on élève peu de bœufs, excepté dans la partie du département appelée le Marais, où il existe une race bovine connue sous le nom de maraichine, et une variété de la race chevaline du Poitou, excellente pour le trait léger. Les bètes ovines sont divisées en trois races distinctes. L’une d’elles, très-légère et ne dépouillant presque pas de laine, est particulière aux terres calcaires du plateau de Gâtine. Une autre, dite race de Champagne, se trouve sur les bords de la Charente, aux environs de Jarnac. Les animaux de cette race, très-forts et à oreilles pendantes, ne sont tenus que par petits lots de cinq ou six au plus dans chaque maison. La troisième race est celle qui habite le Marais. Elle est remarquable par la propriété qu’elle a de vivre les pieds dans l’eau, pendant -la plus grande partie de l’année.

L’industrie des salines, autrefois florissante dans le département de la Charente-Inférieure, est aujourd’hui en pleine décadence, bien qu’elle occupe encore une superficie de plus de 12,000 hectares. On s’accorde généralement à voir dans cette situation le résultat de l’incurie et de l’obstination des habitants, qui sui vent avec un respect superstitieux les procédés anciens, sans vouloir en admettre de nouveaux, bien que l’expérience ait cent fois démontré que ces derniers sont préférables. Telles qu’elles sont, les salines de la Charente-Inférieure produisent encore annuellement à pou près 170 millions de kilogrammes de sel, acquittant à l’État un droit de 50 millions de fr.

La pêche est aussi très-importante. On compte plus de 300 bouchots à inouïes, occupant sur la côte, particulièrement entre Charron et Esnandes, une longueur de 8 kilom Les huîtres donnent lieu à une exploitation