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CHAU

— v. n. ou intr. Être chauffé, devenir chaud : Le four chauffe. Le bain chauffe,

— Fig. Prendre de l’animation, de l’entrain, de la gravité ; entrer dans une crise violente : Ça chauffe, disait-on dans les groupes. (Ch. de Bernard.) Il parait que ça chauffe dur en Afrique. (Bulz.) Ohi tonnerre ! ca va chauffée. (E. Sue.)

~ Fara. Le four chauffe, La chose se prépare : Allons, bon. l’affaire va, le four chauffe. Ce n’est pas pour lui que iie four chauffe. (Volt.) || C’est un bain qui chauffe, Se dit lorsque, par un temps nuageux, un soleil brûlant brille par une éclaircie, ce qui est regardé comme un présage de pluie.

— Techn. Tirer le soufflet dans une forge quand le fer est au feu : Allons, chauffe.

— Mécan. Avoir ses feux allumés, en parlant d’une machine à vapeur qui s’apprête a fonctionner : Dépêchez-vous, le paquebot chauffe et va partir. La locomotive chauffe, le train partira bientôt.

Se chauffer v. pron. Devenir chaud : L’air se chauffe par le contact du sol bien plus que par l’effet des rayons qui le traversent.

— Se tenir près du feu ou prendre quelque autre moyen pour donner de la chaleur à son corps : Venez vous chauffer. Quand Diogàne se chauffait au soleil, on pouvait dire qu’il se chauffait gratuitement. (F. Bastiut.)

— Chauffer à soi, exposer à l’action du feu quelque partie de son corps, ou la rendre chaude pur un moyen quelconque : Se chauffer les mains à la lampe. Se chauffer les pieds en sautant. Se chauffer les doigts en soufflant dessus.

— Loc. prov. Voir, savoir de quel bois se chauffe quelqu’un, Connaître ce dont il est capable, quel homme il est : S’il m’attaque, je lui ferai voir de quel bois je me chauffe. (Àcad.) Voyant de quel’bois ce brave se chauffait, je m’en défis. (St-Sim.) Il Nous ne nous chauffons pas du même bois, Nous n’avons pas les mômes sentiments, les mêmes opinions, les mômes habitudes : Mais il ne se chauffe pas tout à fait du même uois que nous : il fait l’ombrageux dès qu’il s’agit des prétentions de monseigneur. (Vitet.) il Ailes lui dire cola et vous chauffer au coin de son feu, Vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage.

— Syn. Chauffer, échauffer. Chauffer, c’est rendre chaud en présentant au feu ou <: n approchant d’un corps qui a de la chaleur et qui peut en transmettre. Echauffer, c’est faire sortir hi chaleur de l’objet lui-même en le frappant, en le frottant ou par tous autres moyens qui demandent une suite d’efforts, une action plus ou moins prolongée ; c’est aussi chauffer quelque chose de grand, même en employant le moyen du feu : on échauffe une chambre ; on chauffe une chemise.

— Antonymes. Attiédir, glacer, morfondre, rafraîchir, refroidir.

CHAUFFERETTE s. f. (chô-fe-rë-te — rad. chauffer). Sorte de boîte munie d’un couvercle percé de trous, dans laquelle on met du feu pour se chauffer les pieds : Les médecins blâment l’usage de la chaufferette. La devise de René était une chaufferette pleine de charbon. (Volt.)

— Petit réchaud qu’on met sur la table pour tenir les viandes chaudes.

— Techn. Coffret où l’on met du feu, et dont on se sert pour donner un apprêt au velours et en redresser le poil.

CHAUFFERETTIER s. m. (chô-fe-rè-tié). Ouvrier qui fait des chaufferettes, il Peu usité, la fabrication des chaufferettes n’étant, en général, qu’une branche accessoire de divers

états.

CHAUFFERIE s. f. (chô-fe-rî— ra.à, ’chauffer). Techn. Fourneau dans lequel on réchauffe le fer ou tout autre métal, pour achever de l’étirer sous les cylindres eu sous le marteau. Il Partie des ateliers de grosse forgo où l’on chauffe le fer pour le forger. Il Partie d’un four à briques.

CHAUFFEUR s. m. (chô-feur — rad. chauffer). Ouvrier chargé d’allumer e£»d’entretenir le feu d’une forge, d’un fourneau, d’une machine à vapeur : Le chauffeur a été tué par l’explosion de la chaudière.

Allons, chauffeur, allons, du charbon, de la houille I Allons, h large pelle.a grands bras plonge et fouille ! Nourris le brasier, vieux Vulcain !

A. Barbiep..

— Pop. Homme.de complexion amoureuse. Il Homme très-gai, boute-en-train de société.

— Hist. Nom donné à des brigands qui, à la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci, infestaient le centre et l’est de la France, et les États voisins, exposant à un feu violent les pieds de leurs victimes, afin de les contraindre à leur livrer leur argent.

— Adjectiv. : Ouvrier chauffeur.

— Encycl. Chem. de fer. L’emploi de chauffeur, qui, avant les nombreuses applications de la vapeur, n’avait guère sa raison d’être, est devenu aujourd’hui une profession qui occupe un grand nombre d’individus. En ce qui concernu l’exploitation des chemins de fer et la manœuvre des locomotives, les chauffeurs sont recrutés parmi les ouvriers monteurs et ajusteurs les plus soigneux, ou qui montrent le plus de capacité, et qui ont travaillé pen CHAU

dant au moins un an dans les ateliers ou les dépôts. Ils sont chargés, sôus la surveillance des mécaniciens, du nettoyage de la machine, de la manœuvre du frein et de l’alimentation du foyer ; ils suppléent les mécaniciens en cas d’empêchement, ou lorsqu’ils ont été reconnus posséder les connaissances nécessaires pour alimenter le feu et la chaudière, régler la pression, manœuvrer le régulateur et le levier de marche. Sur la plupart des lignes, les chauffeurs sont divisés en trois classes, et passent plus tard mécaniciens. Pendant le trajet, le chauffeur doit se tenir debout auprès de la manivelle du frein ou à côté du régulateur, si le mécanicien est empêché. En cas de détresse, il doit se porter en arrière sans la moindre hésitation et au pas de course, afin de faire des signaux d’arrêt au moyen de drapeaux pendant le jour, et de lanternes pendant la nuit ; il ne doit’remonter sur la machine que s’il a pu assurer le service des signaux de détresse. On peut voir par ce qui précède que le chauffeur d’une locomotive doit posséder, outre certaines connaissances spéciales, une santé à toute épreuve, une excellente vue et tout le calme nécessaire en cas d’accident. Malgré cela, le chauffeur, dont les appointements sont modiques, dont l’existence est constamment menacée, se trouve exposé, en cas de malheur, s’il réchappe d’un déraillement ou des autres accidents analogues, a toutes les poursuites judiciaires qu’entraîne l’homicide par imprudence.

— Hist. On a donné le nom de chauffeurs à une espèce de brigands qui, de 1795 à 1803, désolèrent surtout les départements de l’est et du centre de la France. Ils s’introduisaient la nuit dans les fermes et les maisons isolées, le visage masqué ou barbouillé de suie, garrottaient leurs victimes et leur brûlaient la plante des pieds devant un grand feu, pour les contraindre à révéler le lieu où elles avaient caché leur argent ou leurs bijoux. Il n’est sorte de crimes que ces brigands ne commissent dans leurs expéditions : meurtres, viols, incendies, pillage, torture, etc. Leurs bandes se composaient de malfaiteurs de toute espèce, qui, selon quelques-uns, étaient excités et soudoyés par l’Angleterre et par les royalistes. Ils inspiraient une telle terreur, que, lorsqu’on en saisissait quelques-uns, les juges hésitaient parfois à les condamner. Malgré les mesures prises successivement contre eux, ils ne disparurent entièrement que sous le Consulat. v. Vie de Schinderhannes et autres chefs de brigands, dits chauffeurs et garrotteurs, par Sevelinges (Paris, 1804),

M. Élie Berthet a écrit un roman sous ce titre : les Chauffeurs, que nous nous contenterons de mentionner ici. Si le Grand Dictionnaire qui, le premier, a introduit la bi■bliographie analytique dans ses colonnes, se croyait obligé de consacrer un compte rendu à toutes ces élucubrations éphémères qui se pavanent au rez-de-chaussée de nos journaux,- rédince que nous élevons dégénérerait bientôt en une véritable tour de Babel.

CHAUFFEUSE s. f. (ehô-feu-ze — rad. chauffer). Chaise basse sur laquelle on s’assied lorsqu’on veut se chauffer devant la cheminée : M"*c de Grandlieu prit place sur une chauffeuse. (Balz.)

CHAUFFOIR s. m. (chô-foir — rad. chauffer). Salle chauffée, qui sert d’asile aux pauvres pendant les hivers rigoureux : Il manque dans nos villes des chauffoirs publics, il Salle d’un monastère ou d’un établissement où l’on se réunit pour se chauffer : C’est l’heure où les religieuses sont au chauffoir. Les hôpitaux bien construits ont tous des chauffoirs pour les convalescents.

— Théâtr. Lieu où les comédiens, les spectateurs allaient autrefois se chauffer : Les anciens chauffoirs sont devenus les foyers actuels.

— Techn. Caisse-de tôle dans laquelle le cartier fait sécher les feuilles de carton qu’il veut coller, il Nom donné, dans les salines du Midi, aux premiers bassins dans lesquels on introduit l’eau de mer pour en commencer l’évaporation.

— Méd. Pièce de linge chaud qui sert à essuyer et à réchauffer les malades.

CHAUFFOOfi (Ignace), jurisconsulte et homme politique français, né à Colmar en 1808. Il était un des avocats les plus remarquables de sa ville natale, et l’un des chefs du parti avancé, lorsqu’il fut nommé, en 1S48, membre de l’Assemblée constituante, par le département du Haut-Rhin. M. Chauffour vota avec la gauche jusqu’en novembre 1848, époque où il se démit de son mandat et rentra dans la vie privée.

CHAUFFODR (Victor), homme politique français, frère du précédent, né à Colmar en 1819. Il devint, fort jeune encore, professeur à la Faculté de droit de Strasbourg. Ses idées démocratiques lui valurent d’être élu dans lu Bas-Rhin membre de la Constituante en 1848. 11 siégea à l’extrême gauche, fut un des adversaires déclarés de la politique présidentielle, et continua, à l’Assemblée législative, de combattre par ses discours et par ses votes toutes les mesures proposées et adoptées par la majorité réactionnaire. Forcé, après lo coup d’État du 2 décembre, de renoncer à la vie publique et à l’enseignement, M. Chauffour s’est fait industriel. On a de lui : Eludes sur les réformateurs du xvi» siècle, Ulrich de Hxilten et Zwingle (Paris, 1853, 2 vol.).

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CBÀUFFOURT (Jacques de), lieutenant général des eaux et forêts du bailliage de Gisors, né à Veruon. Il vivait vers le commencement du xviie siècle. On a de lui une Instruction sur le fait des eaux et forêts, contenant en abrégé les moyens de les gouverner et admiinstrer suivant les ordonnances des rois, etc. (Paris, 1609, in-S°), ouvrage excellent pour connaître l’ancienne jurisprudence, principalement celle de Normandie sur les eaux et forêts, et un Recueil des lieux où l’on a accoutumé mettre les relais pour faire la chasse au cerf (Rouen, 1618, in-8°).

CHAUFFURE s. f. (chô-fu-re — rad. chauffer). Métall. Défaut du fer ou de l’acier qui s’écaille pour avoir été trop chauffé.

CHAUFOUH s. m. (chô-four — de chaux, et four). Techn. Four à cliaux. Il Magasin où le chaufournier serre le bois, la pierre et la chaux.

— Ornith. Autre nom vulgaire du pouillot.

CHAUFOURNERIÉ s. f. (chô-four-né-rîrad. chaufour). Art ou action de fabriquer la chaux : La chaufournerie est une industrie qui marche guidée par la théorie non moins que par l’expérience. (Francœur.)

CHAUFOURNIER s. m. (chô-four-niérad. chaufour). Ouvrier qui fabrique la chaux.

CHAUFROIX s. m. Autre orthographe du mot chaud-froid.

CHAUGOUN s. m. (chô-goun). Ornith. Vautour d’Afrique.

CHAULAGE s. m. (chô-la-ge—rad. chauler). Agric. Action de chauler, d’amender les terres avec la chaux : On corrige l’acidité du sol par le chaulage. (Bon jardinier.) Le chaui.âge ne tient pas lieu d’engrais. (A. Malo.) Quelques mécomptes ont répondu à des chaulages trop énergiques. (A. Malo.) Les maraîchers n’ont recours au chaulage que pour des essais relatifs à des graines précieuses et exotiques. (Raspail.) Il Opération qui consiste à tremper les semences dans la chaux, avant de les mettre en terre : Toutes les préparations de chaulage appliquées aux grains de semence sont entièrement inefficaces contre le charbon. (Math, de Dombasle.) il Action de barbouiller les arbres avec.de l’eau de chaux, pour détruire les insectes et les végétations parasites. Il Action d’asperger les fruits avec de l’eau de chaux, pour empêcher les passants d’en prendre. Il Chaux employée pour ces diverses opérations : Quelques agriculteurs accompagnent le chaulage d’une forte saumure. (Raspail.)

— Encycl. Chaulage des terres. Le chaulage des terres, c’est-à-dire l’opération par laquelle on ajoute à certains sols une quantité variable de chaux, est une pratique agricole qui remonte jusqu’à l’antiquité ; les auteurs géoponiques grecs et latins en font mention ; Olivier de Serres la recommande, et les agriculteurs français du xvme siècle ne cessent d’en vanter les merveilleux effets ; Arthur Young a longuement écrit sur les avantages que l’emploi judicieux de la chaux a procurés à l’économie rurale de l’Angleterre ; mais c’est seulement dans le siècle actuel que cette pratique s’est généralisée en France, moins cependant qu’elle ne devrait l’être. Le chaulage offre, en effet, un excellent moyen d’ameublir et d’amender le sol. Il s’applique h toutes les terres, à l’exception de celles qui sont trop sèches, ou suffisamment pourvues de matière calcaire, ou assises sur un sous-sol crayeux. On l’emploie le plus souvent sur les terres argileuses, sur les défrichements, sur les fonds épuisés et sur les marais desséchés. Observez, du reste, les terres sur lesquelles croissent vigoureusement tes fougères, .l’avoine à chapelet, les arbres résineux, le châtaignier, l’oseille sauvage ; ce sont celles auxquelles l’application de la chaux apportera la plus grande augmentation de la valeur. Néanmoins, si le sol est humide, on devra l’assainir avant d’y répandre lu chaux’, afin qu’elle puisse exercer son action.

La chaux a pour effet d’ameublir les terres compactes, de donner de la liaison à celles qui sont trop meubles, et surtout de favoriser la dissolution des matières fertilisantes qui, sans elle, resteraient inertes dans le sol. Mais ce serait une grave erreur de croire que la chaux suffit à elle seule pour entretenir la fé-condité du sol ; elle l’épuisé, au contraire, par suite de l’activité qu’elle imprime à la végétation. Tout chaulage doit donc être accompagné d’abondantes fumures. Pour produire de bons résultats sur les sols très-pauvres, il est même nécessaire d’y enfouir d’abord des récoltes ertes. C’est pour n’avoir pas tenu compte de ces règles qu’on a abouti a tant de déceptions, et qu on a pu dire souvent avec raison : La chaux enrichit les pères, mais ruine les enfants. "

On peut employer de io à 60 hectolitres de chaux par hectare dans les terres légères, le double au moins dans les terres argileuses et sur les défrichements. On renouvelle l’opération tous les huit ou dix ans. Dans quelques pays, on chaule à plus forte dose et pour plus longtemps. En Angleterre, par exemple, 1 emploi de la chaux est fait avec une sorte de prodigalité, car on met jusqu’à 200 hectolitres de cette substance dans les sols siliceux, et près de 400 dans les terres argileuses. On voit, en automne, dans les comtés d’York et d’Oxford, des terrains de plusieurs lieues carrées recouverts de chaux éteinte ou simple CHAU

ment délitée à l’air, au point que, vus de loin, ils offrent l’aspect d’une vaste nappe da neige. D’après M. A. Malo, c’est grâce a ces moyens appuyés par de fortes fumures, et singulièrement aidés par le drainage, dont l’application s’est généralisée, que les cultivateurs anglais obtiennent une abondance de récoltes vraiment extraordinaire. < Mais, ajoutet-il judicieusement, la température, qui sa montre en Angleterre toujours si humide et si débilitante pour l’organisme en général, exige sans doute ce grand renfort de calcaire pour aider au développement et à la maturation des plantes. Les chaulages à très-haute dose des Anglais produiraient des résultats tout différents sous notre climat ; ils agiraient trop énergiquement sur la masse des matières organiques contenues dans le sol, et en dissoudraient beaucoup plus que les récoltes no peuvent en absorber ; de sorte que ces principes fertilisants auraient une grande tendance à s’échapper au dehors sous forme dflj gaz, sans aucun profit pour l’agriculture, j

Le chaulage peut se faire de plusieurs mal nières, suivant la nature des lieux et les res. sources dont on dispose. Ainsi, lorsque lai chaux est destinée à des terrains chargés del détritus végétaux, il convient de l’employé/ vive ou caustique autant que possible ; si elll est destinée seulement à neutraliser l’ucidi/ d’un terrain ou à l’enrichir tout simplemef de l’élément calcaire, ou bien encore à fornul des composts par son mélange avec du ft| mier, du terreau, etc., il est préférable il l’employer éteinte. Dans certaines localités]] les cultivateurs répandent la chaux telle qu’elle sort du four, et l’enterrent à la charrue avant !. qu’elle ait eu le temps de se déliter ; cette méthode est vicieuse ; mieux vaut procéder de la manière suivante : on dispose la chaux sur le terrain, en petits tas qu’où recouvre de terre ; lorsqu’elle commence à se gonfler pour fuser, on bouche les fissures qui se sont formées, et lorsqu’elle est complètement réduite en poudre, on la mélange avec la terre qui la recouvre ; on répand ce mélange bien uniformément sur la surface de la terre ; on herse plusieurs fois, et, par un léger labour, on l’enterre très-peu profondément. Dans les circonstances ordinaires, on se trouve bien de chauler faiblement, à raison de 15 hectolitres de chaux par hectare, et de réitérer l’opération tous les trois ans. Ces chaulages à petites doses, mais souvent répétés, valent mieux que des chaulages abondants plus distancés, et gênent moins tes cultivateurs.

Tout le monde est d’accord aujourd’hui sur les bons effets de la chaux, non-seulement quant à la quantité et à la qualité des produits, mais encore pour l’amélioration du sol, car ici les faits parlent d’eux-mêmes. « Dans un terrain convenablement chaulé et bien Cultivé, dit M. Malo, les plantes acquièrent plus de vigueur, leurs tiges et leurs feuilles prennent une coloration verte plus prononcée ; les prairies artificielles, le trèfle violet entre autres, présentent un développement plus considérable ; les plantes racines sont plus abondantes et de meilleure qualité ; les céréales réussissent mieux qu’auparavant, sont moins sujettes à la verse et rendent davantage ; le blé donne un grain plus lourd, plus riche en farine, moins chargé de Son que dans les sols argilo-siliceux et même calcaires ; enfin, les insectes nuisibles aux cultures et quantité de " mauvaises herbes, telles que les agrostis, le chiendent, les fougères, les joues, les rumex, la mousse, etc., tendent à disparaître. »

De toutes les espèces de chaux, la meilleure pour le chaulage des terres est la chaux grasse ; la chaux maigre et la chaux hydraulique doivent être rejetées ; la chaux magnésienne peut être employée dans certains cas, mais avec circonspection ; en général, elle est trop énergique et ne tarde pas à épuiser le sol.

Chaulage des arbres. Cette opération consiste à couvrir la tige et les rameaux des arbres d’un lait de chaux, ou mieux d’une bouillie épaisse composée do chaux éteinte et d’un peu de terre argileuse. M. du Brenil la recommande pour les jeunes arbres élevés en pépinière ; transplantés, ces arbres se troU7 vent éloignés les uns des autres, exposés à l’action desséchante de l’air et du soleil, qui empêche les fonctions physiologiques de la jeune écorce ; le chaulage a pour résultat de modérer l’évaporation, dont l’excès serait nuisible, surtout aux jeunes sujets qui ne seraient pas suffisamment pourvus de racines. Quelquefois on pratique un chaulage sur les vieux arbres, pour détruire les mousses, les lichens, ainsi que les œufs et les larves d’insectes.

Chaulage des grains. Les grains qu’on emploie pour semences sont souvent infestés des germes de cryptogames parasites, dont le développement exagéré produit les maladies désignées par les cultivateurs Sous les noms de carie, charbon, rouille, etc. Le moyen le plus facile, le plus économique, le

filus efficace d’en débarrasser les grains est e chaulage, c’est-à-dire la mise en contact d» grain avec la chaux vive ; celle-ci u une action à la fois mécanique et chimique ; elle enlève les germes des cryptogames et les tue par sa causticité. Mais comment doit-on employer la chaux ? La meilleure manière, d’après Bosc, est celle que l’on suit le moins : elle consiste à laver d’abord à grande eau le blé destiné à être chaulé, puis à le mêler tout mouillé avec une petite, mais suffisante quan-