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des Enfants jouant avec un lévrier, par Grott, etc.

CHATTACK s. m. (cha-tak). Métrol. Mesure agraire employée dans l’Inde, et valant 4 centiares.

CHATTANOOGA, Ville des États-Unis d’Amérique, dans l’Étatdu Tennessee, à 150 kil. S.-K. de Nashville, sur le Tennessee et au point d’intersection des trois chemins de fer de Nashville, de Chattanooga, de l’Ouest et de l’Atlantique ; 4,000hab. Belle usine ; grand commerce d’entrepôt et de transit, bois, charbon de terre ; navigation active sur le Tennessee. Chattanooga est devenue célèbre par la bataille décisive que le général Grant y livra du 22 au 25 novembre 1863 à l’armée des confédérés sous les ordres de Bragg. Pour Grant, dont l’armée avait été bloquée par l’ennemi dans Chattanooga, à la suite de la défaite essuyée le 20 septembre précédent, près de Chicamanga, par le général Rosencranz, il s’agissait de s’emparer du mont Lookont et de la colline du Missionnaire (iJissionary ridge), qui dominent le fort au sud, et qui étaient occupés par les confédérés ; s’il échouait, il était contraint de quitter sa position et d’évacuer le Tennessee oriental. La bataille dura trois jours, et se termina par l’entière victoire de Grant, qui s’empara de 42 canons et fit de 6,000 à 7,000 prisonniers. Le fait d’armes qui décida du succès de l’action fut la prise de la colline escarpée du Missionnaire, que défendaient 20 canons et dont le général allemand Auguste Willich s’empara au milieu du feu le plus vif, et sans en avoir reçu l’ordre, f Willich, dit Sherman après la bataille, a agi sans ordre, mais c’est h lui que nous devons tout, «

Par cotte défaite, les confédérés perdirent sans retour le Tennessee-, et Grant eut en mains la clef de la route par laquelle son successeur Sherman devait marcher sur Atlanta et s’avancer encore plus loin dans le Sud. Cette bataille eut encore pour conséquence du mettre Sherman à même de délivrer Burnside, assiégé dans Knoxvillépar le général des rebelles, Longstreet.

CHATTE s. f. (cha-te). Femelle du chat :

Un homme chérissait éperdument sa chatte ;

11 la trouvait mignonne, et belle et délicate,

Qui miaulait d’un ton fort doux.

La Fontaine.

— Fam. Terme d’amitié que l’on adresse a une femme et surtout à une jeune enfant : Penses-y bien, ma bonne petite chatte., dit-il un embrassant sa fille, (Balz.)

— Pop. La chatte.’ Se dit, par une abréviation et une modification familière, pour la locution : C’est le chat, lorsqu’on veut exprimer du doute : Il la voulait pour femme.Une fille sans le sou, lui ? la chatte ! (Balz.)

— Loc. fam. Être friande comme une chatte, Être très-friande. Il Être amoureuse comme une chatte, Être de complexion très-amoureuse.

Qu’est-ce qui est le plus semblable à un chat sur une fenêtre ?C’est une chatte. Sorte d’énigme déjà fort ancienne, mais que le peuple trouve toujours nouvelle et ne se lasso pas de proposer : Le quolibet nous apprend qu’il. N EST RIEN DB PLUS SKMnLABLK À UN CHAT SUR UNIS FENÊTRE QUONB CHATTE.

(Mlle de Gournay.)

— Argot. Pièce de cinq francs.

— Mar. Espèce d’allégé usitée dans les ports. Il Sorte de grappin avec lequel on saisit au fond de l’eau un cordage tendu par l’ancre ou tombé accidentellement à la mer. U Espèce de chasse-marée à fond un peu plat employé à la pêche,

— Entom. Chatte peleuse ou pelue, Nom vulgaire de la calandre du blé.

— Encycl. Mar. Les chattes sont des petits bàtiments qu’on emploie au cabotage ou au chargement et au déchargement des grands navires. Ce genre de bâtiments a une origine ancienne. Dans un manuscrit de la bibliothè

?ue du Vatican, il est question d’une chata

aisant partie de l’armée espagnole en 151S5, à l’expédition de Tercera. « Les vaisseaux soubtils, dit A. de Confîans (1512-1522), sont galleresbasturdes, esquilles, chûtes, pour descharger et charger caraques. »

Parmi les chattes en usage en France, le type le plus remarquable est une sorte de chasse-marée particulier aux côtes de Bretagne. C’est un petit navire pointu et relevé des deux bouts, souple et léger, médiocrement fin, avec trois mats grêles et mal faits, presque nus. Celui du milieu est le plus grand ; sa pose est verticale., Les deux autres, placés aux extrémités, penchent légèrement vers celui du milieu. Trois voiles en forme de carrés longs, et mal suspendues à leurs vergues, sont les seules qu’elle puisse déployer. Les extrémités de la chatte, semblables de formes, n’ont pas de désignation fixe ; elles peuvent tour à tour être l’avant ou l’arrière du bâtiment, et chacune porte un gouvernail qui peut être facilement c-tè et remis, selon qu’elle devient avant ou arrière. Cette particularité dispense la chatte de virer de bord ; pour changer sa route, son évolution consiste à retirer le gouvernail de sa poupe, qui devient sa proue, et vice versa, orienter ses voiles, et se ranger au veut, manœuvre prompte et facile, que les autres navires n’exécutent que

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lentement. La chatte, pour s’arrêter, ne fait pas usage d’ancres ; elles sont remplacées par deux grappins en fer, qui figurent sur chaque extrémité du bâtiment comme les griffes de l’animal dont il a pris le nom, et à l’aide desquels il se cramponne sur le fond des rades, et y résiste quand les autres navires chassent par la violence du vent. « Les marins de ces mystérieux petits vaisseaux, dit M. Jules Lecomte, comparés à ceux des autres bâtiments de la Bretagne, présentent aussi des différences tranchées : leurs habitudes, leur science et leur langage maritime ne sont pas les mêmes. Ils se mêlent rarement aux autres caboteurs ; ils se mettent en mer à des heures différentes, et, le plus souvent, la nuit. Telles circonstances atmosphériques redoutées dos autres marins sont mises h profit par eux. Enfin, dans ce qu’une chatte et son équipage présentent d’étrange et de sournois, 1 observateur cherche et veut trouver l’origine de son nom. Les autres marins côtiers du pays attachent à ce singulier navire un préjugé traditionnel, dans lequel la superstition entre pour quelque chose ; ils ne manquent pas de se demander avec certain émoi, en arrivant au port, s’ils ont rencontré ou aperçu une chatte dans leur navigation. » Dans ces derniers temps, on a beaucoup parlé des chattes employées par les Paraguayens contre les navires du Brésil. Ces nouvelles chattes sont des baleinières de 12 à 15 m. de longueur sur 4 à 5 m. de largeur, et armées d’un canon. Leurs extrémités sont verticales et a angle très-aigu. Elles sont construites avec des bordages de 0 m. 06 à 0 m. 08, d’un bois très-dur, connu dans l’Amérique du Sud sous la nom de quebracho Colorado. À la partie supérieure se trouve un bordage encore plus épais, formant saillie à la manière d’une préceinte. À l’intérieur, à quelques centimètres du plat-bord, est placé un.bordage épais et large, qui constitue un petit pont tout autour du Bateau, et, en s’élargissant aux deux extrémités, y forme une teugue. C’est sous ce pont que se placent les obus et les mitrailles, et c’est sous la teugue arrière que l’on renferme l’approvisionnement de poudre. La chatte est à fond plat ; elle porte un canon de 68, dont l’uffût, placé sur une plate-forme très-solide située a l’avant, fait partie même du bâtiment, ou y est solidement attaché. Le corps de l’affût ne dépasse le plat-bord que de la hauteur nécessaire pour obtenir un tir horizontal de la pièce. Le pointage en élévation se fait au moyen de vis et de coins de mire ; le pointage en direction s’obtient, au signal du chef de pièce, par la manœuvre d’amarres placées convenablement à terre ; les hommes les manœuvrent de l’intérieur et sans se montrer. Le recul île la pièce se fait sentir directement sur la chatte elle-même. Pour charger la pièce, deux canonniers sautent sur la teugue avant, introduisent la charge et disparaissent. Les chattes sont ordinairement montées par une quinzaine d’hommes. On les remorque et on les place a leur poste de combat pendant la nuit. Toutefois les Paraguayens, placés sur le pont et armés de pagaies, savent an besoin les manœuvrer avec adresse et célérité. D’après certains rapports, il paraît qu’elles n’ont pu être coulées que par des boulets les prenant par le travers. Ceux qui les frappaient par l’avant ricochaient, à cause de leur forme, sur le bois de fer dont elles sont faites. Les soldats paraguayens les construisent eux-mêmes et en peu de temps. Elles ne calent que 0 m. 30, et ne dépassent le niveau de l’eau que de 0 m. 50. Leur canon est monté sur affût k coulisse et à brague, et tourne en rasant le plat-bord.

Cliude uiétatuorpliosée ea femme (LA), folie-vaudeville en un acte, par MM, Scribe et Mélesvilte, représentée sur le théâtre de Madame, le 3 mars 1827. Voilà, certes, un des plus gracieux vaudevilles qui aient jamais été représentés. L’idée en est piquante, poétique, et la forme aussi gaie que spirituelle. Il s’agit d’un jeune Allemand à la tète exaltée, que la lecture de Faust a rendu fou, qui croit à la métempsycose, et qui s’est pris de passion pour sa chatte. Sa riche cousine, qui veut le corriger de ce ridicule amour, et le tirer de la misère en l’épousant, ne dédaigne point de se faire la rivale d’une bête, et elle s’adjoint, pour l’aider dans, ses projets, un faux jongleur indien, qui prépare de longue main le nouveau Werther a la métamorphose de Minette en femme. L’instant est venu : Minette dort dans une alcôve, sur un canapé ; les paroles magiques sont prononcées ; le rideau se tire... Est-ce une femme ? Est-ce Minette que l’on voit ? C’est à la fois l’une et l’autre, sous la figure d’une jolie personne, qui, au lieu de miauler, parle et chante ; mais la blancheur de son vêtement et l’hermine dont il est bordé rappellent fort bien Minette. D’ailleurs, on reconnaît ses gestes, ses poses, sa démarche, sa gaieté, sa vivacité, sa gentillesse. Minette n’était pas plus souple, plus adroite, plus propre, plus voluptueuse ; elle n’aimait pas p !us ses aises, et ne reposait pas plus délicieusement sur le velours des sièges. Ce sont bien la ses éb«ts légers et gracieux ; c’est ainsi qu’elle badinait avec ses pattes roses, et se caressait. Le naturel est également resté, comme les manières : Minette avait même égoïsme, même penchant a mal faire, même ruse, même amour de la rapine. Pour dérober ht crème, pour jouer avec des pelotes de fil, pour lancer le coup de grillV, >.hutte n’était

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pas plus habile. Enfin, c’est elle tout entière, sous une autre forme, et..... le jeune Allemand, au comble de la joie, demande et obtient la patte de Minette, ce dont se réjouit fort la malicieuse cousine. Hâtons-nous d’ajouter que le rôle de Minette était rempli par M11» Jenny Vertpré, et l’on compi-endra quel succès dut avoir ce charmant vaudeville, avec un interprète doué de tant de finesse, de malice et de grâce.

La pièce de Scribe a été, il y a peu d’années, transformée en opérette. Onenbach a écrit sur cette donnée une musique gaie et légère, qui a obtenu aux Bouffes un franc succès.

Choiio mevvelltcuto (La), opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Dumanoir et Dennery, musique de M. Albert Grisar, représenté au Théâtre-Lyrique le 18 mars 1862. Les autours du livret ont joint à la fable de La Fontaine le conte de Perrault : le Chat botté. L’intérêt ne fait pas moins défaut que la vraisemblance. La partition offre d’agréables morceaux : en première ligne, le chœur : Travaille, moissonneur, travaille, dont nous reproduisons ci-dessous la musique et les paroles ; la romance d’Urbain : Tout cet éclat qui m’environne , et la ronde à deux voix accompagnée par le chœur. Le rôle de la Chatte a été une des plus gracieuses créations de Mme Cabel.

aU° modérato

pi’tsU’ini champ, Aux moissonneurs disait : Cou

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. niajà ne rail-le. Cha-cLui soudain dit

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soi : — Tra - vaiJ-Ie, travail-le, tra SgSgSE^fliEEyfeSg

« vnil - le moisson- nei’.r, sans ces-se. tra « vail - le Pour ob -tc-uir le prix du

3^g=s=fâïm^É^

roi, l’our ob-te-nir le prix du roil

DEUXIÈME COUPLET.

Usant te fer de la faucille. Lie plus vaillant, ce lut Eloi ! Le roi lui dit ■. Voioi ma BUe, C’est lu le prix offert par moi ! Depuis ce jour tic fianç.iille. Tout moissonneur dit a part soi r Travaille, travaille, travaille, Moissonneur, sons cesse travaille. Pour épouser fille d’un roi ! (bti)

CHATTE, bourg et commune de France (Isère), arrond. et h 4 kilom. S.-O. de Saint-Marcelin ; pop. aggl. 099 hab, — pop. tôt. 2,116 hab. Moulinenes de soie.

CHATTÉE ou CHATÉE s. f. (cha-té). Portée d’une chatte : Une nombreuse chattice.

CHATTEMENT adv. (cha-te-man — rad. chatte). Néol. Avec une mignardise, une calinerie toute féline : Elle alla chattement à lui. (Balz.)

GHATTEMITE s. f. (cha-te-mi-te — de chatte, et du bit. mitis, doux). Fam. Personne qui affecte des manières humbles et doucereuses, pour mieux arriver à tromper, à séduire : Faire la chattbmite.

C’était un chat vivant comme un dévot ermite. Un chat faisant la chattemile.

La Fontaine. Que maudit soit l’amour et les flHes maudites, Qui veulent en tftter, puis font les chattemites !

Molière.

CHATTEMITERIE s. f. (cha-te-mi-te-rîrad. chaltemile). Calinerie de chattemite, douceur, caresses hypocrites : D’autres font les scrupuleux par une vraie ciiATTiiMiTEiuK, afin de sembler plus saints. (I.anoue.) H Vieux mot, que l’on pourrait heureusement remettre en vigueur.

CHATTER v. n. ou intr. (cha-té — rad.

citait :1). Eu parlant d’une chatte, Faire des

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petits ; Cette chatte est prête à chatter. Elle a chatte cette nuit, il On dit aussi cha-

TONNER.

CHATTERIE s. f. (cha-te-rt — rad. chatte, animal dont la gourmandise est proverbiale). Fam. Bonbon, friandise que l’on donne aux enfants : /l’est plus facile de saturer les enfants de chatteries que de les intéresser en les 17istiuisant et en les moralisant. (Mmo Monmarson.) il Goût pour 4es friandises : Mlle est d’une incroyable chatterie.

— Fig. Calinerie, petites caresses insinuantes : Déliant le monde, ce sont des caresses et des chatteries charmantes, ’^. Sand.) Il faut voir quelles chatteries de lioitne, quelles câHneries de statue elle emploie pour amadouer le colossal vieillard ! (Th. Gaut.)

CHATTERTON (Thomas), poète anglais, célèbre surtout par ses infortunes, né à Bristol en 1752, mort en 1770. Fils posthume d’un maître d’école, il fut élevé dans une école de charité, où il ne montra qu’une intelligence rétive et une mélancolie orgueilleuse et taciturne. Ses facultés étaient supérieures, cependant, et son ambition poétique s’éveilla dès l’enfance. Il se forma seul par la lecture, et de vieux manuscrits tombés entre ses mains, alors qu’il était clerc chez un procureur, lui donnèrent ce goût de l’archaïsme, qui, chez lui, devint une monomanie. Il étudia les vieux dialectes anglais, et composa, dans le style et la manière du moj’en âge, des poésies qu’il présenta comme tirées de vieux manuscrits, et qu’il attribuait plus particulièrement à un Thomas Rowley, moine et poste du xve siècle. Il se fit même une sorte d’industrie du talent singulier qu’il avait acquis dans ce genre d’imitation, fabriqua une généalogie à un bourgeois vaniteux de Bristol, envoya des morceaux étendus, poèmes et tragédies, a un journal de Londres, et vint lui-même dans la capitale, entraîné par le succès qu’il avait obtenu et l’esprit exalté par tes rêves chimériques de l’ambition. Il chercha des protecteurs dans les divers partis politiques, assez peu scrupuleux sur les moyens, vécut quelque temps de travaux de librairie et d’articles de journaux, mais finit par tomber dans une misère affreuse et s’empotsonnu, après être resté plusieurs jours sans manger. Il avait à peine dix-huit ans. Un enthousiasme tardif s’attacha à la mémoire de cet adolescent infortuné, qui peut-être était destiné à la plus haute célébrité poétique, si l’orgueil et une âpre soif de célébrité et de fortune ne l’eussent tué avant son développement. Son caractère ne paraît pas d’ailleurs avoir été digne d’intérêt. Ses imitations poétiques, entre autres la Bataille d’Hastings, sont remarquables par l’énergie et un sentiment vrai du moyen Age. Ses autres poésies ont moins de mérite, à l’exception de quelques satires empreintes d’une singulière verve d’amertume. Il existe une traduction française des œuvres de Chatterton, par M. Javelin-Pagnon (Paris, 1840). >

Chatterton, drame en trois actes et en prose, par Alfred de Vigny, représenté pour la première fois sur le fhôàtre-Frnnçais, le 12 février 1835, C’est l’histoire d’un poète méconnu, qui se réfugie dans le suicide pour échapper a la misère et se venger de l’ingratitude des hommes. Fils d’un balayeur d’école et élevé par la charité, Chatterton a passé ses dix premières années dans une existence paisible. Vers l’âge de quinze ans, quelques vieux manuscrits du XIIO Siècle lui tombent sous la main ; il se met H les étudier et songe à en faire un pastiche, auquel, selon lui, Horace Walpole lui-même devra se laisser prendre. "Walpole reconnaît la supercherie et ne daigne pas même répondre à l’auteur. La rage alors entre dans le cœur du jeune pofitc, et il jure de surmonter tous les obstacles et d’arriver à la fortune et a la gloire, Il quitte sa mère et vient à Londres, où il vend sa plume au plus offrant et même à plusieurs à la fois ; car il se fait, en même temps, écrivain politique pour les yhigset pour les tories. Il gagne à ce métier quelque argent, bientôt dépensé, et alors, sans ressources, dénué de tout et criblé de dettes, il se prend de nouveau a accuser la société d’ingratitude. L’idée lui vient de la punir en se suicidant.

Voilà ce Chatterton, ce grand homme méconnu qu’Alfred de Vigny a mis en scène, en le faisant, de plus, follement amoureux d’une femme mariée. Dès le début de la pièce. Chatterton annonce qu’il se tuera ; c’est chez lui une idée fixe. Il a dix-huit ans, mais il trouve que son œuvre est déjà, assez considérable pour que la fortune et la réputation rampent à ses pieds comme des esclaves ; il lui semble très-étonnant que la société ne s’empresse pas de venir payer ses dettes et de le porter en triomphe. Aussi, tant pis pour le genre humain I c est lui qui l’aura voulu ! Chatterton va se tuer ! Pauvre fou, qui accuse les autru au lieu de s’accuser lui-même, qui use toutes ses forces, toute son énergie en des plaintes ridicules et des récriminations stériles, au lieu de travailler pour s’acquitter envers ses créanciers, de travailler encore pour arriver h cette gloire qu’il ambitionne si ardemment ! Mais non, le dédain et la colère l’empêchaient de demander aide et secours ; cet ambitieux de petite taille ne voyait personne digne d’être son protecteur, et le suicide lui parut la seule vengeance d’gne de lui- fîitstavc Planche a écrit quelque part : * Toute la vie do