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« Un avenir sera, un avenir puissant, libre dans toute la plénitude de l’égalité évangélique ; mais il est loin encore, loin au delà de tout horizon visible… Avant de toucher au but, avant d’atteindre l’unité des peuples, la démocratie naturelle, il faudra traverser la décomposition sociale, temps d’anarchie, de sang peut-être, d’infirmités certainement ; cette décomposition est commencée ; elle n’est pas prête à reproduire, de ses germes non encore assez fermentés, le monde nouveau. »

Ces extraits, qui présentent Chateaubriand sous un nouveau jour et en font un aristocrate républicain, ne seront sans doute pas du goût de tous nos lecteurs ; nous le regrettons sincèrement, mais cela ne prouvera que ceci : l’idée démocratique a ses nuances. Le Grand Dictionnaire n’est pas un rouge à tous crins. Quand il sent, en quelque endroit que ce soit, le souffle démocratique, il tend fraternellement la main. Son école est un forum ; ce n’est ni un club ni une sacristie. Démocrate et modéré sont deux mots entre lesquels il ne saurait, selon nous, y avoir antinomie.

Chateaubriand (STATUE DE), par M. Duret ; musée de Versailles. L’auteur du Génie du christianisme est représenté assis, appuyé contre un fût de colonne, près d’un rivage que viennent battre les vagues de l’océan. Il est vêtu du costume moderne, drapé dans son manteau, tenant d’une main un stylet pour écrire et de l’autre un feuillet déroulé sur ses genoux. La pose est pleine de noblesse, d’aisance et de simplicité ; « le visage, très-ressemblant, dit M. Th. Gautier, porte bien ce cachet de mélancolie profonde et d’incurable ennui qui caractérisait l’auteur de René. Cette tristesse n’empêche cependant pas l’éclair du génie de percer le nuage. » Ce marbre, digne du grand écrivain qu’il glorifie, a figuré à l’Exposition universelle de 1855.


CHATEAUBRIAND (Mme  DE), femme du grand écrivain de ce nom, qui n’a pas de biographie, mais qui mérite assurément qu’on lui consacre un mot de souvenir dans ces archives universelles du XIXe siècle. Figure presque entièrement effacée, comme un rayon perdu dans l’éclat de la gloire de son mari, profondément estimée et vénérée, mais un peu délaissée par lui, que ses passions portaient et jetaient un peu de tous côtés, cette modeste figure est encore intéressante et mérite d’être marquée de ses véritables traits.

Mlle  de Lavigne, que François-René de Chateaubriand épousa en 1792, était née à Saint-Malo comme l’illustre écrivain ; son père était un ancien officier de marine, et dès son enfance elle s’était liée avec les sœurs de Chateaubriand, et particulièrement avec celle qui portait le nom de Lucile.

À peine de retour de son voyage en Amérique, au commencement de l’année 1792, Chateaubriand connut, à Saint-Malo, Mlle  de Lavigne, l’amie de ses sœurs ; celles-ci l’engagèrent à épouser leur amie. Il venait d’entrer dans sa vingt-quatrième année. Voici comment lui-même raconte ce mariage:« Mes sœurs, dit-il, se mirent en tête de me faire épouser Mlle  de Lavigne. Je ne me sentais aucune qualité de mari… Lucile aimait Mlle  de Lavigne et voyait dans ce mariage l’indépendance de ma fortune. Faites donc, dis-je. Chez moi l’homme public est inébranlable, l’homme privé est à la merci de quiconque veut s’emparer de lui ; et, pour éviter une tracasserie d’une heure, je me rendrais esclave pendant un siècle. » On a dit que Mme  de Chateaubriand n’occupa jamais qu’une place médiocre dans la vie de son mari, et on le sent trop à ces paroles. Il l’aima toujours sans doute, mais seulement comme on aime un ami. La nature humaine a de ces bizarreries.

Mme  de Chateaubriand cependant n’était pas une femme vulgaire. C’était une parfaite honnête femme, qui, comme la majorité des honnêtes femmes, faisait peu parler d’elle ; mais elle était loin d’être sans esprit; elle avait, au contraire, un esprit très-vif, d’un tour original. On lui doit une singulière variante du vers célèbre de La Motte :

L’ennui naquit un jour de l’uniformité.

Ennuyée d’entendre Fontanes et Joubert, l’un grand maître, l’autre inspecteur général, parler toute une soirée d’enseignement, de professeurs, de lycées, etc., elle parodia le vers comme il suit :

L’ennui naquit un jour de l’université.

C’est Joubert lui-même qui nous l’apprend (Pensées de Joubert, t. I, p. 67). Joubert cite d’elle encore deux fragments de lettres, que Mme  Coulanges eût signés ; les voici :

« Venise, juillet 1806.

« Je vous écris à bord du Lion-d’Or, car les maisons ici sont des vaisseaux toujours à l’ancre. On voit de tout à Venise, excepté de la terre. Il y en a cependant un petit coin, qu’on appelle la place Saint-Marc, et c’est là que les habitants vont se sécher le soir. »

Le siroco est le sujet de l’autre fragment.

« C’est un vent qui me coupe bras et jambes. Quand vous rencontrez un Vénitien, il vous dit : Siroco, siroco ! Vous lui répondez : Siroco, siroco ! Avec ce seul mot italien on en sait autant qu’il en faut pour faire la conversation pendant tout un été. »

Tel est le portrait de la femme simple, spirituelle et modeste, qui avait l’honneur de porter un des plus beaux noms du siècle. Elle pouvait briller, elle ne l’a pas voulu. Aujourd’hui, nous avons changé tout cela : on veut faire parler de soi quoi qu’il en coûte, et, s’il le faut, l’excentricité tiendra lieu de distinction et d’esprit. Ah ! comme Aspasie et Ninon de Lenclos riraient de ces fantaisies échevelées ! ah ! comme elles riraient de ces nobles grandes dames qui n’arrivent à faire un peu de bruit autour d’elles qu’en se métamorphosant en tableaux vivants ! Celles-là mettaient leur esprit à nu, et Socrate et Voltaire eux-mêmes admiraient ; celles-ci mettent à nu la seule chose dont elles aient lieu d’être fières, leur corps, et tous les inutiles désœuvrés se pâment d’aise en s’écriant : Châmante, adoâble, etc.


CHÂTEAUBRIANT s. m. (châ-tô-bri-an). Art culin. Morceau épais de filet de bœuf grillé entre deux autres morceaux de bœuf, servi au beurre et garni de pommes de terre frites coupées en morceaux ; et, le plus souvent, entières : Servir, manger un châteaubriant.

— Adjectiv. : Bifteck châteaubriant.


CHÂTEAUBRIANT (Castrum Brientii), ville de France (Loire-Inférieure), ch.-l. d’arrond. et de cant., à 64 kilom. N.-O. de Nantes, à 350 kilom. S.-O. de Paris, sur la Chère ; pop. aggl. 3, 724 hab. — pop. tot. 4, 834 hab. L’arrond. comprend 7 cant., 37 comm. et 77 005 h. Tribunal de 1re instance. Fabriques d’étoffes, confiserie d’angélique, poteries, tuileries, tanneries. Commerce de céréales, bestiaux, engrais, bois, cuirs. L’origine de cette petite ville paraît remonter à l’époque de la domination romaine. On remarque à Châteaubriant l’église paroissiale de Saint-Jean-de-Béré, construction romane du commencement du XIe siècle. À 1 kilom. de la ville, sur le vaste étang de Choiseul, se trouve une île flottante. Mais ce qu’on y remarque surtout, c’est le château. Briant Ier, comte de Penthièvre, bâtit au commencement du xie siècle, en 1015, un château qui prit son nom (Château-Briant). Il ne reste de cet antique manoir qu’un donjon découronné, de forme rectangulaire, et deux tours rondes, encore garnies de leurs créneaux ; ces tours, fort élevées, se joignent et font corps au-dessus d’un passage voûté, autrefois muni d’une herse, et qui donne, accès dans la cour intérieure du nouveau château construit en 1524, par Jean Laval, baron de Châteaubriant. À droite, dans cette cour, est un pavillon élégant et relié au principal corps de logis par une galerie de vingt-deux arcades, soutenue par des colonnes de pierre bleue. Une seconde galerie, semblable à la première, part du pavillon et se continue parallèlement à la façade du château, dont l’entrée principale s’ouvre au-dessous d’un balcon soutenu par trois colonnes. Un grand escalier voûté, de pierre, mène à la salle des gardes et aux appartements. Un autre escalier en spirale, chef-d’œuvre de construction dont on fait honneur à Philibert Delorme, conduit à l’appartement particulier de Françoise de Foix, que François Ier, son royal amant, avait créée comtesse de Châteaubriant. « C’était, disent les auteurs de l’Atlas de la Loire-Inférieure, un appartement de reine, lambrissé, doré de toutes parts, avec de gracieuses arabesques. La cheminée, soutenue par des cariatides, offrait les plus merveilleux dessins ; les vitraux, chargés de peintures, ne laissaient pénétrer qu’un demi-jour voluptueux. Au fond s’élevait un lit magnifique, entouré par une balustrade de bois de chêne artistement sculpté, par des glaces, des tentures de velours nacarat et des sièges de bois d’ébène. Un étroit couloir conduisait à un petit réduit pratiqué dans une des tourelles. Là tout était séductions et merveilles : l’intérieur de la tourelle était doré en entier, et le plafond rayonnait d’étoiles éclatantes sur un fond d’azur ; des fleurs vermeilles, des têtes de chérubins apparaissaient aux vitraux qui reflétaient une lumière rose ; puis, on apercevait un lit de repos d’une forme élégante, un prie-Dieu en bois d’ébène, de belles glaces de Venise. » La plupart de ces merveilles du luxe ont disparu ; mais les principales dispositions de la chambre à coucher de Françoise de Foix ont été conservées : la balustrade qui divise cette pièce en deux, le chambranle de bois sculpté de la cheminée et les boiseries du plafond sont à peu près intacts. La chapelle, dédiée à saint Côme et à Saint Damien, avait deux autels, de beaux vitraux, un élégant jubé, un orgue, un clocher ; elle devait dater de l’époque de la fondation du vieux château ; actuellement, elle sert de remise. La construction du nouveau château dura neuf ans ; elle fut terminée par Jean de Lavai en 1533.AU pied des tours qui restent de l’ancien château se groupent quelques centaines de maisons, dont les toits avancés, l’irrégularité des ouvertures et les façades bizarres dénotent une très-ancienne construction, aussi bien que le mauvais goût de l’époque. — De nos jours, la sous-préfecture et le tribunal de 1re instance de la ville de Châteaubriant sont installés dans la demeure de Françoise de Foix.


CHÂTEAUBRIANT (Françoise DE FOIX, comtesse DE), fille de Jean de Foix, vicomte de Lautrec, sœur du fameux comte de Lautrec et du maréchal de Foix, née vers l’an 1495, morte en 1537. La tragique histoire que rappelle le nom de le comtesse de Châteaubriant doit, quoique toute légendaire d’après quelques auteurs, avoir sa place ici, et nous allons la conter brièvement. Issue d’une noble famille (car la maison de Foix avait possédé la couronne de Navarre), la jeune Françoise pouvait prétendre à une riche alliance. Ses parents se hâtèrent pourtant de la marier, à peine âgée de douze ans, au comte de Châteaubriant, de la maison de Laval. Le comte, fier et heureux de son trésor, alla s’enfermer avec lui dans sa terre, résolu à ne jamais exposer aux séductions du monde le cœur naïf et vertueux de cette jeune épouse enfant. Cependant quelque précaution qu’il prît pour cacher son bonheur, il fut bientôt ébruité à la cour dé François Ier, et ce prince galant voulut voir celle dont il entendait vanter les charmes. Le comte essaya de combattre le désir du roi ; il disait que sa femme n’était qu’une belle figure sans esprit, une vraie statue de marbre, il assurait qu’elle n’aimait que la solitude et qu’elle fuyait le monde ; mais le roi, devinant que la jalousie seule le faisait parler ainsi, n’en désira que plus vivement voir la belle comtesse. « Je consens à ce que la comtesse vienne à la cour, répondit le pauvre mari poussé à bout et cachant de son mieux le dépit qu’il ressentait ; j’y consens, si je peux l’y déterminer. » Et, se rendant en toute hâte auprès de sa femme, il lui recommanda de ne point aller le rejoindre, quelque prière qu’il lui adressât, et de ne s’en rapporter qu’à un certain signe dont ils convinrent. Mais le secret fut découvert par le valet de chambre du comte qui le vendit à quelques courtisans, et ceux-ci s’en servirent.

La comtesse, recevant le signe convenu et croyant obéir à un ordre de son mari, arrive toute joyeuse à la cour et reste comme éblouie, fascinée de tant d’éclat et de magnificence. Elle qui avait toujours vécu dans la retraite et l’isolement, sans avoir conscience de sa beauté, qu’un air de candeur et de naïveté rendait en ce moment plus attrayante encore et plus charmante, ne put sans émotion entendre les éloges qui, de toutes parts, retentissaient autour d’elle. Troublée, inquiète, elle voulut chercher un appui en son mari ; mais le comte, à la vue de sa femme, s’était enfui, éperdu, fou de rage. La jeune femme se trouva donc seule, sans défense. Enivrée de son triomphe, surtout lorsqu’elle se vit l’objet de l’admiration du roi, elle oublia ses devoirs d’épouse et devint la maîtresse du roi.

En 1525, François Ier est fait prisonnier à la bataille de Pavie, et, dit Châlons dans son Histoire de France, « la prison du roi fut funeste à la comtesse de Châteaubriant. Son mari prit ce temps-là pour lui faire sentir les effets de sa jalousie et de sa vengeance. » Le comte fit enfermer sa femme dans une chambre toute tendue de noir, ne lui laissant pour compagnie que sa fille âgée de sept à huit ans. La mère coupable se résignait, sans murmurer, à vivre dans ce tombeau où l’air et le jour pénétraient à peine ; mais elle eut bientôt la douleur de voir son enfant s’étioler, puis mourir, au bout de six mois, comme une fleur à laquelle manquent le soleil et la rosée. Le comte alors résolut de pousser jusqu’au bout sa vengeance. Il entra un jour dans la chambre de la comtesse, accompagné de six hommes, parmi lesquels se trouvaient deux chirurgiens, auxquels il ordonna de saigner sa victime aux quatre membres.

Le meurtrier quitta la France pour échapper à la vengeance du roi ; mais bientôt il y revint, et on le vit même à la cour ; c’est que la duchesse d’Étampes avait su effacer dans le cœur de François Ier le souvenir de la comtesse de Châteaubriant.

Telle est la tragique histoire racontée par Sauval, par Châlons, et, avant eux, par Varillas, qui assure n’avoir donné cette relation que sur la foi d’un mémoire tiré des archives de Châteaubriant par le président Ferrand. Bayle et Moreri ont révoqué en doute l’authenticité de ce drame et Heven, avocat au parlement de Rennes, s’est attaché de toutes ses forces à le réfuter dans son Histoire de François Ier. Une des preuves données par lui à l’appui de sa thèse est l’épitaphe élogieuse gravée par ordre du comte sur le tombeau de sa femme, dans l’église des Mathurins de Châteaubriant, épitaphe qui se trouve dans le recueil des poésies de Marot. Cette preuve serait bien discutable.

Le P. Daniel, à son tour, prétend que les circonstances de la mort que nous venons de raconter sont complètement fausses, et que la comtesse mourut tranquillement dans son château, en 1537. Ce qui montre, mieux que ne pourraient le faire les discussions du P. Daniel, d’Heven et des autres commentateurs, le peu de foi qu’on doit ajouter à l’histoire rapportée par Varillas, c’est une anecdote racontée par Brantôme, et qui nous montre la comtesse de Châteaubriant vivant encore lors de la faveur de la duchesse d’Étampes, c’est-à-dire bien longtemps après l’époque où elle aurait été assassinée par son mari. « J’ai ouï conter, dit l’historien des Dames galantes, et le tiens de bon lieu, que lorsque le roi François Ier eut laissé Mme  de Châteaubriant, sa maîtresse favorite, pour prendre Mme  d’Estampes, que Mme  la régente avoit prise avec elle pour une de ses filles, Mme  d’Estampes pria le roi de retirer de ladite dame de Châteaubriant tous les plus beaux joyaux qu’il lui avoit donnés, non pour le prix et la valeur, car pour lors les pierreries n’avoient pas la vogue qu’elles ont eue depuis, mais pour l'amour des belles devises qui y étoient mises, engravées et empreintes, lesquelles la reine de Navarre, sa sœur, avoit faites et composées ; car elle y étoit très-bonne maîtresse. » Le roi François envoya un gentilhomme auprès de la comtesse, qui demanda trois jours de répit. « Cependant, poursuit Brantôme, dans le dépit, elle envoya quérir un orfèvre, et fit fondre tous les joyaux, sans avoir respect ni acception des belles devises qui y étoient engravées ; et après le gentilhomme retourné, elle lui donna tous ses joyaux convertis en lingots. « Allez, dit-elle, porter cela au roi, et dites-lui que, puisqu’il lui a plu de me révoquer ce qu’il m’avoit donné si libéralement, je le lui rends et lui renvoie en lingots d’or. Quant aux devises, je les ai si bien empreintes et colloquées en ma pensée, et les y tiens si chères, que je n’ai pu permettre que personne en disposât et jouit, et en eût de plaisir que moi-même. » Quand le roi eut reçu le tout en lingots, et les propos de cette dame, il ne dit autre chose, sinon : « Retournez, et rendez-lui le tout. Ce que j’en faisois n’étoit pas pour la valeur, car je lui eusse rendu deux fois plus ; mais pour l’amour des devises ; et puisqu’elle les a ainsi fait perdre, je ne veux pas de l’or, et le lui renvoie. Elle a montré en cela plus de courage et de générosité que je n’eusse pensé provenir d’une femme. »

De la légende de Varillas, Mme  de Murat a tiré un roman : les Effets de la jalousie, et Lescouvel un autre roman : Histoire amoureuse de François Ier ou histoire tragique de la comtesse de Châteaubriant (Amsterdam, 1695, in-12).


CHÂTEAU-CHÂLON, bourg et commune de France (Jura), arrond. et à 15 kilom. N.-O. de Lons-le-Saunier, sur la rive droite de la Seille ; 597 hab. On y voit les bâtiments d’une ancienne abbaye de bénédictins et les ruines d’un château fort appelé la Tour de Charlemagne. Les environs du village sont couverts de vignes produisant des vins blancs très-estimés. — Le nom de ce bourg a passé dans la langue pour désigner le vin blanc que produit son territoire : Voulez-vous un verre de vin de garde ? — Non, petite, merci ! Il faut être sobre ; le château-châlon est une chose que j’estime à sa valeur. (F, Guillermet.)


CHÂTEAU-CHINON (Castrum Canicum), ville de France (Nièvre), ch.-l. d’arrond. et de cant., à 66 kilom. N.-E. de Nevers, à 374 kilom. S. de Paris, près des sources de l’Yonne ; pop. aggl. 2,642 hab. — pop. tot. 2,713 hab. L’arrond. comprend 5 cant., 61 comm. et 67,741 hab. Tribunaux de 1re instance et de justice de paix. Fabriques d’étoffes, quincaillerie, tanneries importantes. Commerce du bois, vins, bestiaux et céréales. Château-Chinon, bâti en amphithéâtre au sommet d’une colline, ne possède que quelques édifices de construction récente : le palais de justice, la halle et l’église ; l’hôpital, de construction très-ancienne, a été restauré au XVIIe siècle et enrichi, dans ces dernières années, par la munificence du marquis d’Aligre, auquel on a érigé dans la chapelle un monument de bronze. Ruines de l’ancien château, d’où l’on jouit d’une vue magnifique sur le Morvan.


CHÂTEAU-DAUPHIN. V. Castel-Delphinum


CHÂTEAU-GAILLARD (LE), célèbre forteresse féodale, près des Andelys (Eure), Ce château, bâti dans l’espace d’une année (1198-1199) par Richard Cœur de Lion, pour couvrir Rouen contre les attaques venues de Paris, conserve encore, malgré son état de ruine, l’empreinte du génie militaire du roi anglo-normand. Il s’élève sur un promontoire qui domine de plus de 100 mètres le niveau de la Seine et qui ne se relie aux hauteurs voisines que par une mince langue de terre. En avant du château, Richard fit creuser un fossé profond dans le roc vif et bâtit une forte et haute tour dont les parapets atteignaient le niveau du plateau dominant. Cette tour était la tête d’un ouvrage avancé, de forme à peu près triangulaire, flanqué de quatre autres tours et séparé de l’enceinte du château par un second fossé également creusé dans le roc. La première enceinte du château, défendue du côté de l’ouvrage avancé par deux tours, renfermait les écuries, des communs, une chapelle et un puits : c’était la basse-cour. Une porte, fermée par une herse, des vantaux, et protégée par deux réduits ou postes, donnait accès dans la seconde enceinte, qui était de forme elliptique et qu'entourait un fossé taillé à pic dans le roc vif. Le donjon était bâti en face de cette porte et l’enfilait ; il s’élevait au bord de l'escarpement qui dominait le fleuve. De ce même côté s’étageaient, sur les flancs du rocher, des tours et des redoutes munies de parapets ; une de ces tours se reliait à une muraille qui barrait le passage entre le pied de la falaise et le fleuve, et que continuait une estacade destinée à intercepter la navigation. Un large fossé, creusé dans le prolongement de celui qui protégeait l’ouvrage avancé, descend jusqu’au bas de l’escarpement ; il était destiné à empêcher l’ennemi de filer le long de la rivière pour venir rompre la muraille et brûler l’estacade ; il communiquait avec la première enceinte au moyen de souterrains et pouvait ainsi couvrir une sortie de la garnison vers le fleuve. — Ces formidables défenses si judicieusement combinées, témoignent