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« Autrefois, une grand’mëre, c’était la reine de la maison ; reine un peu despote peut-être les jours de rhumatisme, mais dont le sceptre ressemblait au bâton pastoral, qui frappe quelquefois, mais protège toujours.

Aujourd’hui… nous avons changé tout cela, comme dit Sganarelle en plaçant le cœur à droite ; et nous avons retranché le cœur tout à fait, trouvant que c’était une chose inutile et souvent gênante. »

Clémence Bailleul, Revue de Paris.

« Nous ne sommes que l’abbé et moi dans ce joli carrosse, sur de bons coussins, bien à l’air, bien à notre aise. Nous avons mangé du potage et du bouilli tout chauds ; on a un petit fourneau, on mange sur des ais dans le carrosse, comme le roi et la reine ; voyez, je vous prie, comme tout s’est raffiné sur notre Loire, et comme nous étions grossiers autrefois que le cœur était à gauche ; en vérité, le mien, ou à droite, ou à gauche, est tout plein de vous. »

Mme de Sévigné à sa fille.

« Autrefois, dans les temps de barbarie, pendant l’enfance de l’art, l’essentiel eût été d’abord de voir si une pièce nouvelle est bonne 7 et bien jouée, puis de tâcher de s’en rendre un compte exact, ensuite de l’analyser fidèlement pour les lecteurs, et ensuite de revêtir cette analyse de toutes les élégances d’une forme spirituel le et piquante. Aujourd’hui, nous avons changé tout cela •■ la.forme, k quoi bon ? le style, fi donc ! le style, dans la chronique, ne serait qu’un excédant de bagages. »

A. bk Pontmartin, les Jeudis de jl/mc Charbonneau.

« J’avais cru que c’était à l’organisation des forces économiques, la division du travail, la concurrence, le crédit, la réciprocité, à l’éducation surtout, de faire naître l’égalité. Louis Blanc a changé tout cela. Nouveau Sganarelle, il place l’égalité à gauche, la liberté à droite, la fraternité entre deux, comme le Christ entre le bon et le mauvais larron. »

Proudhon, Idée générale de la Révolution.

CHANGEUR s. (chan-jeur — rad. change). Celui qui fait commerce de troquer les billets de banque et les différentes sortes de monnaies d’or et d’argent : Porter des monnaies étrangères au changeur, (Acad.) Il y avait des changeurs à Athènes et à Rome. (Levasseur.)

— Fam. Payer comme un changeur, Payer comptant, comme on fait dans les boutiques de changeurs.

— Argot. Complice chez lequel les voleurs vont prendre leurs déguisements.

— Hist. Changeur du trésor, Ancien trésorier du domaine, dont la charge fut supprimée en 1543.

— Encycl. Hist. La grande quantité de monnaies différentes établies dans le royaume, à l’époque où nombre de seigneurs avaient droit de battre monnaie, obligeait à des échanges fréquents, pour peu qu’on passât d’un lieu à un autre. Il y avait plus de monnaies différentes dans la France seule, qu’il ne s’en trouve aujourd’hui dans l’Europe entière Aussi, dans plusieurs villes, des particuliers entreprirent défaire le commerce de l’échange des monnaies, ce qui les fit nommer changeurs. Ils suivaient les foires, les tournois et toutes les grandes assemblées créées par le plaisir ou par la dévotion. À Paris, Louis VIII les établit sur le Grand-Pont, qui dès lors s’appela le pont aux Changeurs, puis le pont au Change. Us formai en t un des sis corps de marchands, et n’étaient pas parmi les moins considérables. À mesure que les rois retirèrent aux seigneurs le droit de battre monnaie, et gardèrent ce privilège pour eux seuls, les changeurs devinrent moins nécessaires, et par conséquent moins nombreux. Le parlement, dans les remontrances qu’il fit au roi en 1641, prétendit que c’était la cour de Rome qui les avait ruinés, parce qu’elle tirait du royaume tant d’or et d argent, qu’ils n’avaient plus rien k faire. En 1514, ils cessèrent de faire partie des six corps de marchands, et furent remplacés par les bonnetiers. Cependant, cent quatre ans après, ils occupaient encore, au nombre de cinquante-quatre, un des côtés du pont au Change, dont les orfèvres occupaient l’autre côté. Ils n’étaient plus toutefois que des officiers nommés par le roi pour recevoir, dans les différentes villes du royaume, les monnaies anciennes, défectueuses, étrangères ou n’ayant plus cours, en payer le prix suivant la valeur déterminée, envoyer aux hôtels des monnaies les matières par eux reçues, surveiller l’état des monnaies en circulation dans les lieux où ils étaient établis, et s’assurer que nul particulier ne se livrait aux changes des monnaies d’or ou d’argent.

Les changeurs étaient soumis k la juridiction des conseillers généraux des monnaies, qui connaissaient pnvativement de tous méfaits relatifs aux malversations et contraventions aux ordonnances concernant les monnaies, et prononçaient en dernier ressort dans les questions intéressant leurs apprentissages, maîtrises, réceptions, baillies, confréries, l< : s débats et contestations qu’ils pouvaient avoir avec les maîtres orfèvres. En 1439, Char OHaM

les VII, par une ordonnance datée du Puy, le 14 mai, soumit les changeurs k la juridiction des gardes des monnaies en première instance, et des généraux-maîtres des monnaies en dernier ressort. En 1443, l’évêque de Paris ayant fait citer devant lui les changeurs de cette ville, pour avoir tenu leurs offices ouverts et s’être livrés aux opérations de leur charge aux jours fériés, le roi Charles VII, pnr lettres patentes du 9 mars de la même année, fit défense k l’évêque et k tous autres « de prendre aucune cour, jurisdiction ni connoissance sur les changeurs, » ce droit étant exclusivement attribué k la chambre des monnaies. Après l’érection de la chambre des monnaies en cour souveraine, la juridiction privative sur les changeurs lui fut confirmée par l’édit de Fontainebleau du mois de janvier 1551, et par celui du 3 mars 1554.

Les changeurs furent créés en litre d’office par l’édit du mois d’août 1555, qui ne reçut son exécution qu’en 1571. Henri III, en 1580, dé’ termina le nombre des changeurs qui seraient pourvus d’offices dans chaque ville de son royaume, et la quotité k laquelle ils seraient soumis pour leurs versements k la Monnaie la plus voisine du lieu de leur résidence. Les offices furent déclarés héréditaires ; les enfants en descendance en droite ligne et, k défaut d’enfants légitimes, les veuves, devaient en jouir, à la charge de se conformer aux obligations imposées au titulaire. Ces officiers, qui étaient les auxiliaires les plus utiles des officiers des monnaies, furent unis et incorporés aux fermes et maîtrises particulières des mon-naies, par édit du mois de décembre 1601 ; les offices de changeurs furent supprimés partout où il y avait un atelier monétaire, et leurs fonctions furent confiées aux maîtres et fermiers des monnaies, chargés de s’approvisionner de matières pour la fabrication des espèces, et d’établir un bureau pour le change dans le lieu le plus apparent et le plus commode de la ville, outre celui qui existait dans chaque hôtel des monnaies, à la charge, par les fermiers, de rembourser comptant les changeurs • de la finance par eux payée actuellement et sans fraude m déguisement, pour la composition de ces offices. • Mais bientôt, ayant reconnu le dommage causé par la suppression des changeurs, qui avait amené le chômage de plusieurs ateliers monétaires, Henri IV révoqua l’édit de 1601, rétablit les offices de changeurs héréditaires, mais en restreignant de moitié leur nombre primitif dans chaque ville.

En 1698, Louis XIV, par édit du mois de juin, révoqua toutes les commissions de changeurs, et créa trois cents changeurs en titre, pour être répartis sur toute l’étehdue de la France. Cent vingt-quatre de ces changeurs furent supprimés parédit du mois de septembre 1705 ; les cent soixante-seize autres restèrent en exercice, et leur nombre ne fut plus augmenté jusqu’au décret de l’Assemblée nationale du 21 mai 1791, qui supprima toutes les charges et laissa la liberté d’exercer le commerce des matières et espèces dans toute l’étendue de la France, sauf les déclarations auxquelles sont assujettis les orfèvres. Le libre exercice des fonctions de changeur a donné lieu k des inconvénients assez graves : la facilité de changer les monnaies a favorisé la remise en circulation des mauvaises espèces, et le public s’est quelquefois trouvé exposé k être trompé sur la valeur réelle des matières. Les ateliers monétaires ont perdu, par ce fait, « ne assez grande quantité de matières ou d’espèces, détournées par les changeurs et fondues pour l’affinage ou pour les travaux d’orfèvrerie. On a vu, dans ces dernières années, la spéculation se porter sur les espèces et matières d’argent, et les changeurs détourner de la circulation les monnaies d’argent, au point de les faire presque entièrement disparaître, au grand dommage du commerce. On sait que le gouvernement n’a pu obvier k cet inconvénient qu’en abaissant le titre des espèces divisionnaires d’argent, mesure grave dont les

causes auraient pu être, sinon empêchées, du moins fortement atténuées, si les changeurs n’avaient eu la facilité de se livrer k des opérations qui leur ont permis de spéculer sur les matières fabriquées, et de produire la rareté du numéraire, ou tout au moins d’y concourir dans une large mesure. Si les espèces démonétisées et autres qu’on porte chez les orfèvres étaient versées au change dos hôtels des monnaies, elles rentreraient dans la circulation, et bien que d’un faible secours pour les finances, elles faciliteraient les payements. Cette mesure conserverait ainsi aux ateliers monétaires une ressource qui, leur ayant toujours appartenu, semble ne laisser aucun doute sur sa nécessité. Est-ce k dire qu’on doive supprimer aujourd’hui la liberté que l’Assemblée de 1791 avait accordée au commerce du change ? Nous ne le pensons pas, et pour nous les suites malheureuses de cette mesure commandée par la justice doit être attribuée moins k la liberté elle-même qu’k l’absence des précautions qui auraient empêché les changeurs de trouver un bénéfice dans la démonétisation des espèces, précautions qu’on a commencé à prendre aujourd’hui, et qu’on ne tardera pas sans doute a généraliser. V. changement,

Changeurs (LES BEUX), fabliau dll X1110 Siècle. Comme il peint assez bien les mœurs grossières de l’époque, et qu’il a été souvent imité par les conteurs des siècles suivants, nous croyons devoir l’analyser ici. Deux chan CKaN

geurs, Martin et Bôranger, s’étaient associés, pour leur commerce, sans occuper la même j maison. Après quelques années, Martin se i maria ; son associé, trouvant la jeune femme’ à son goût, et pensant peut-être qu’elle devait appartenir au londs social, lui fit la cour, et : arriva bientôt k jouir de ses bonnes grâces. Leurs amours furent longtemps heureuses. Mais un matin) que l’époux était allé k ses affaires, Béranger, mollement étendu dans son lit, s’avise d’envoyer chercher la dame et lui propose de se placer k ses côtés. Vainement elle résiste, lui représentant les conséquences d’une pareille imprudence si son mari venait à rentrer et la trouvait sortie ; Béranger insiste si fortement, que la belle se prête k son caprice, en dépit de ce qui pourrait arriver. À peine est-elle couchée, que Béranger se lève, va prendre tous les vêtements de sa maîtresse et les enferme sous clef. Puis il s’habille et envoie prier Martin de venir déjeuner avec lui. Martin accourt, et trouvant la joie peinte sur la figure de son ami, il lui en demande la cause. Celui-ci répond, non sans fatuité, qu’il possède lk, dans son lit, la femme la plus charmante du monde ; et comme son ami lui demande si on ne pourrait pas la voir, il le conduit dans sa chambre, livre la belle k ses regards, en ayant soin toutefois de lui cacher le visage, pour qu’elle ne soit pas reconnue. Martin, ne se doutant pas que c’est sa femme qu’il a sous les yeux, félicite son ami de la meilleure foi du monde sur sa bonne fortune. Béranger le fait ensuite passer dans une autre chambre pour déjeuner, et, pendant ce temps, rend les vêtements k la clame, qui s’habille k la hâte et rentre chez elle.

Quoique résolue k se venger, elle n’en laisse rien paraître, et pendant quelque temps fait le même accueil k son amant. Un soir, elle l’envoie chercher, et lui propose de se baigner avec elle, sous le prétexte que son mari est k la campagne. Il n’est pas plus tôt dans le bain, que la dame, k son tour, enlève les habits de son amant, et les cache dans une pièce voisine. Après quoi, elle se déshabille et se plonge aussi daDS l’eau. Au même moment, on entend frapper ; c’est Martin, que sa femme avait envoyé chercher. Béranger se croit perdu, et prie sa maîtresse de le cacher quelque part. « Comment, lâche, lui dit-elle, grand et fort comme tu es, un homme te fait peur ? Voilk donc quelle ressource il y a avec toi dans un danger ? Eh bien ! si tu n’as pas le cœur de me défendre, tu n’as qu’k te cacher derrière moi. » C’est le parti que prend le pauvre amoureux, qui se tapit dans un coin de la baignoire et étend un drap sur sa têta pour ne pas être reconnu. Dès que le mari est entré, la femme lui fait signe de s’approcher, et lui dit tout bas k l’oreille : « Sire, je me baigne ici avec une de mes voisines, qui se cache parce qu’elle a la peau un peu noire. Amusons-nous-en un moment, je vous prie —, dites que vous voulez vous baigner avec moi et faites-lui peur. > Martin ne demande pas j mieux ; il appelle la ehambrière, et dit tout I haut qu’il va se déshabiller pour se mettre au I bain. Béranger, mourant de frayeur, pousse du pied sa maitresse, et la prie a mains jointes d’imaginer quelque ruse pour renvoyer son époux ; mais celle-cj lui tourne le dos sans daigner lui répondre. Quand Martin est déshabillé, il vient mettre un pied dans la baignoire, agace de mille façons la prétendue voisine, qui, courbée en deux, et la figure presque dans 1 eau pour ne pas être reconnue, retient le drap k deux mains. Enfin, après s’être bien amusée k ses dépens, la femme fait signe k son mari de ne pas pousser la plaisanterie plus loin et de se retirer. « Vous m’avez joué un tour, ditelle alors k son amant, j’ai voulu vous le rendre ; mais je viens de voir que vous êtes un lâche et un poltron ; adieu, ne comptez plus sur mon amitié ; en voilà pour la vie. « À ces mots, elle lui rend ses habits et le renvoie HontêUï comme un renard qu’une poule aurait pris.

L’auteur conclut qu’il ne faut jamais se moquer des femmes.

Ce fabliau était de l’histoire par anticipation ; car, au siècle suivant, Louis d’Orléans, frère de Charles VI, étant couché avec l’une de ses maîtresses, Mariette d’Enghien, celle dont il eut le fameux bâtard comte du Dunois, reçut le matin dans sa chambre Aubert de Cani, époux de la dame ; et, comme dans le fabliau, il lui fit admirer sa femme sans que le pauvre mari la reconnût. Pecorone, Straparole, Bandello, les Cent nouvelles nouvelles, ont imité ce conte, dont on a fait un opéra-comique.

Changeur (DEVANT LA BOUTIQUE D’UN), tableau de M. Glaize ; Salon de 1857. Le soir, k la clarté du gaz, des misérables, hâves et affamés, sont groupés devant la vitrine d’un changeur, et regardent d’un œil de convoitise et d’envie les sébiles regorgeant d’or et les liasses de billets de banque qui s’étalent derrière les vitres de la boutique où un Anglais échange des bank-notes contre des piles de louis et d’écus. Parmi les curieux condamnés k contempler ces richesses sans pouvoir y toucher (supplice aussi cruel que celui de Tantale), on remarque une pauvre femme amaigrie qui porte dans ses bras un enfant cbètif ; une autre qui vend, au choix, des allumettes ou des violettes, et un voyou k face sinistre. Celte composition est des plus intéressantes. « M. Glaize a bien fait, dit M. Du Camp, de montrer le danger qui existe k tous les coins

CHàN

de Paris et qu’un arrêté de police aurait dû faire disparaître depuis longtemps : laisser voir, défendu par une simple glace, k ceux qui souffrent, qui ont froid, qui ont faim, plus de richesses qu’ils n’ont jamais osé en rêver, c’est non-seulement périlleux, c’est coupable. Il est juste d’avoir des lois très-sévères qui punissent le vol, mais il me semble qu’il devrait en exister aussi pour protéger contre la tentation ; or, c’en est une permanente et la pire de toutes que cette exhibition des monnaies chez les changeurs ; elle sollicite les misérables. Qui de nous n’a remarqué souvent de maigres visages stupidement éblouis par les rouleaux d’or et les portefeuilles gonflés ? Un vieux proverbe dit qu’il ne faut pas tenter le diable ; soit ; mais le diable, c’est bien souvent la misère, et on ne doit pas la tenter non plus. Le remède k cet ordre de choses est facile : pourquoi ne pas l’appliquer ? Une enseigne aussi développée qu’on voudra, mais le métal et le papier dans des coffres, au nom de la moralo et des pauvres ! ■ Le tableau de M. Glaizo* porte donc en soi un enseignement utile ; la scène est bien comprise ; malheureusement, l’exécution est médiocre.

Changeur po » nul do l’or, tableau de QuCtttin Massys, au Louvre. V. Avares (les).

CHANGEUSE s. f. {chan-jeu-Ze-rad. changer). Femme qui fait le commerce du change des monnaies. Il Femme d’un changeur.

CHANCEUX (Pierre-Jacques), écrivain et physicien français, né k Orléans en 1740, mort en 1800. On a de lui : Traité des extrêmes ou Éléments de la science de la réalité (1767, 2 v,), ouvrage où l’on trouve des pensées ingénieuses etdes vues philosophiques ; Bibliothèquegrammaticale (1773) ; Météorographie ou l’Art d’observer d’une manière commode et utile les phénomènes de l’atmosphère (1781). On lui doit l’invention du éaroméiragrap/ie, ainsi que de quelques autres ingénieux instruments de physique. Savant aussi modeste que distingué, Changeux refusa de se présenter aux suffrages de l’Académie des sciences, parce que, disait-il, ■ mieux vaut savoir que paraître. •

Cl) AN G — HAÏ, ville de l’empire chinois. V. Shang-Haï.

CHANG-K1A-KHEOU, ville de l’empire chinois, dans la province de Pé-Tché-li, a 213 kilom. N.-O. de Pékin. Cette ville est Surtout importante comme position militaire ; contiguô k la grande muraille, elle est, pour ainsi dire, la clef de la Tartarie chinoise.

CHANGOUIN s. m. (chan-gouain). Ornith. Espèce de vautour d’Afrique. Il On l’appelle aussi changoun, et l’une des deux formes n’est probablement qu’une corruption de l’autre.

CHANG-TCHÉOD, ville de l’empire chinois, dans la province de Fou-Kian, à 226 kilom. S.-O. de Fou-Tchéou-Fou, sur le détroit do Formose : grand port de commerce ; industrie active. Il Autre ville de la Chine, dans la province de Kiang-Sou, k 124 kilom, S.-E. de Nankin ; 200, 000 hab.

CHANG-TC1IONG-H1ÈN, auteur dramatique chinois du siècle des "Youên (1260-1368). Il a composé notamment : Tan-pien-tho-so ou lo Combat de Yu-tchi-king-te, drame historique qui offre l’histoire de Li-chi-min etdesderniers temps de la dynastie des Souî (617 k 627 après J.-C). Le ton en est grave et pathétique, le style concis et plein de mouvement. On a encore de lui un drame mythologique : Liëouy-t’chouûn-chu, ou le Roi des dragons, qui, comme le précédent, a été analysé par M. Bu, zin, dans le Journal asiatique de l’année 1851, avec d’autres monuments littéraires du siècle des Youên.

CIIANGOION (Pierre), écrivain protestant français, né kVassy en 1653, mortk Leyde en 1729. Chassé de France par la révocation da l’édit de Nantes, il a laissé un récit de sa fuite à travers les Ardennes, qui est du plus touchant intérêt, et que l’on peut, sans exagération, appliquer k presque tous les protestants ; car, expulsés et jetés dans les aventures d’une fuite désespérée, ils passèrent presque tous par les mêmes émotions, par les mêmes dangers. Quelques fragments du journal de Changuion nous font assister à ce drame émouvant. Il partit en 1685, et, grâce k un passeport qui spécifiait qu’il voyageait pour ses affaires, il arriva k Maastricht ; mais son vieux père était resté en France. Désirant l’avoir’auprès de lui, il lui fit dire de se rendre k Torcy, près de Sedan, où il le rejoignit lui-même. Ils se mirent ensemble en chemin, pour passer la frontière. Des paysans, payés pour taire ce métier, flairèrent en eux des huguenots et les firent prisonniers. En attendant l’arrivée du maire chargé de vérifier les passe-ports, ■ mon père me dit, raconte Changnion, que si je pouvais me sauver, il fallait le faire absolument ; … que pour lui il n’aurait pas tant a craindre, k cause qu’il était déjà vieux, et que l’on ne pourrait rien lui faire. Il une fit changer mes souliers contre les siens, dans lesquels il avait fait mettre entre les semelles autant d’or qu’il y en avait pu entrer, et il me donna aussi une bourse où tl y avait de l’or,.. Quand je fus environ k cinquante pas de lk, je me détournai dans le taillis et je me couchai sur le ventre, étant dans une très-grande amertume d’avoir été obligé de quitter de cettô manière mon père, qui n’était pas moins inquiet de son côté, ne sachant point ce que je pourrais être devenu, t