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Saint-Martin-d’Ablais et Chouilly ; dans la côte d’Avize : Cramant, Avîze, Oger, le Mesnil, Vertus, Cuis et Grauves ; dans la région mixte : Bouzy et Ambonnay ; dans la haute montagne de Reims : Sillery, Romont, Verzenay, Verzy, Mailly, Ludes, Chigny et Rilly ; dans la basse montagne : le clos Saint-Thierry, Marsilly et Hermonvillé. Après le sillery sec, tout à fait hors ligne quand il est authentique et de première qualité, les meilleurs vins blancs de Champagne proviennent d’AT, de Cramant, de Verzenay et de Bouzy ; ils valent au moins 300 fr. la pièce, et s’élèvent parfois à 500 et 600 fr. On distingue les vins mousseux de la Champagne en grand mousseux, mousseux ordinaire, demi-mousseux ou crémant et tisane de Champagne. Le grand mousseux est léger, fait du bruit et mousse énergiquement ; le mousseux ordinaire mousse moins et a plus de corps ; les vins demi-mousseux ou crêmants sont les plus vineux et les plus chers.

Indépendamment des vins blancs mousseux ou non mousseux, on fabrique encore en Champagne des vins gris ou rosés ; leur confection ne diffère pas de celle des précédents. On leur donne la teinte qui les distingue au moyen d’une liqueur préparée avec des baies de sureau, qu'on fait bouillir avec de la crème de tartre ; cette liqueur est appelée vin de Fismes, du nom de la ville où elle se fabrique.

Chevaux de la Champagne. La Champagne jouit, en général, d’une grande fertilité, l’exception de la petite contrée comprise entre Vitry et Sézanne, appelée Champagne pouilleuse. C’est dans les vallées de la haute Meuse, de la Marne et de l’Aube qu’on fait naître le plus de poulains. Ces poulains sont ensuite conduits dans les plaines de l’Aube, de Seine-et-Marne, de l’Yonne, où on les élève en les faisant travailler. Les plus fins sont achetés par la Beauce, et vendus, après leur développement, comme chevaux percherons, M. Didieu, cultivateur habile de la Haute-Marne, a démontré les avantages que l’on peut retirer du croisement pour améliorer les formes défectueuses des chevaux dans son département. Aussi les anciens types de la Champagne disparaissent et sont remplacés par des chevaux plus forts et mieux conformés, bien qu’ils aient encore quelques caractères des races communes. On a aussi démontré la possibilité d’introduire dans quelques parties de la Champagne des étalons propres à la selle et au carrosse ; mais la rareté des fourrages dans ces contrées s’oppose à l’élevage du cheval fin sur une grande échelle.


CHAMPAGNE (la), ancien petit pays de France, dans le Berry, dont les lieux principaux étaient : Lugny-Champagne et Jussy-Champagne, actuellement dans le département du Cher ; la Champenoise et Ménétréol-en-Champagne, aujourd’hui dans le département de l’Indre. || Ancien petit pays de France, dans la Normandie, dont les lieux principaux étaient Bailly-en-Champagne et Saint-Martin-en-Champagne, compris de nos jours dans la Seine-Inférieure. || Ancien petit pays de France renommé pour ses eaux-de-vie dites de Cognac. Il est aujourd’hui partagé entre les départements de la Charente et de la Charente-Inférieure.

CHAMPAGNE, bourg de France (Ain), ch.-l. de canton, arrond. et à 18 kilom. N. de Belîey ; pop. aggl. 551 hab. — pop. tôt. 558 hab. Nombreux vestiges d’antiquités, comme fûts de colonnes, inscriptions, etc. ; restes de bains romains dans une maison particulière. Ancienne capitale du Valromey.

CHAMPAGNE-MANCELLE, ancien petit pays de France, dans le Maine, dont les lieux principaux étaient : Loué-en-Champagne, Cranneen-Champagne, Montreuil-en-Champagne,

Domfront-en-Champagne, Neuvy-en-Cham» pagne, Ruillé-en-Champagne, compris aujourd’hui dans le département de la Sarthe, et Cossé-en-Champagne, dans le département de la Mayenne.

CHAMPAGNE-MOUTON, bourg de France (Charente), en.-l. de canton, arrond. et a 23 kilom. O. de Confolens ; pop. aggl. 547 hab.

— pop. tôt. 1,224 hab. Commerce de bestiaux et de légumes secs. Château du xve siècle, encore remarquable malgré ses mutilations.

CHAMPAGNE, fameux coiffeur du règne de Louis XIII, célèbre par ses bonnes fortunes non moins que par ses talents. Il mourut assassiné dans le Midi assez à temps pour ne pas venir périr à Paris sous le bâton, prix de son effronterie. En dépit des coiffeuses en vogua :

La Baransay, la Jeanneton,

La Poulet et la Bariton,

il brilla a la cour de France, où les plus grandes dames se le disputèrent. En lui commença cette dynastie de perruquiers galants qui finit avec Marie-Antoinette en la personne du grand Léonard, académicien de coëffures et de modes. Faquin de rare insolence, Champagne laissait telles femmes à demi coiffées, et disait à d’autres, après leur avoir fait un côté : « Je n’achèverai pas que vous ne me baisiez. » C’est Tallemant des Réaux qui l’affirme, dans ses Historiettes, et il ajoute que le personnage, empressé à célébrer effrontément ses bonnes fortunes, vraies ou fausses, n’en était pas moins couru des femmes, lesquelles tenaient & honneur d’être coiffées par lui et le

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payaient follement de cadeaux, car il se donnait les airs de ne point recevoir d’argent. Mme de Motteville, dans ses Mémoires, nous apprend que la reine de Pologne, Marie de Gonzague, ne se tenait pour bien coiffée que de sa main. Elle l’emmena à Varsovie, et ce fut lui qui eut l’honneur, avec Mme de Senecé, de poser, devant l’ambassadrice extraordinaire de France, Renée du Bec, maréchale de Guébriant, la couronne royale sur la tête de cette princesse, pour la cérémonie de son mariage, en 1645. Dans un voyage que maître Adam, le fameux menuisier poète, avait fait à Paris en 1638, étant allé rendre ses hommages à la princesse Marie, il avait été surpris de voir la belle chevelure d’ébène de la princesse aux mains de cet homme de mauvaise renommée ; il adressa les vers suivants à la future reine :

La beauté qui vous accompagne

Étant digne de tous les -vœux,

J’enrage quand je voy Champagne

Porter la main a vos cheveux.

Vous ternissez votre louange

Souffrant que cet homme de fange Maistrise des liens qui font tout nouspirer.

Et vous faites un sacrilège

De luy donner un privilège

—De prophaner ainsy ce qu’on doit adorer.

Ce personnage passa en Pologne, en Suède, et revint, avec la reine Christine, briller de nouveau à Paris. À cette occasion, Loret a dit de lui :

Enfin, le renommé Champagne,

Ayant fait quatre ans de campagne En un pays assei lointain,

Est de retour entier et sain.

Déjà, dans Paris il exerce ;

Son talent, science, ou commerce ; Quoiqu’il soit sec, maigre ou menu. Il est partout le bien venu ;

Et quantité de belles fées,

En ont été déjà coiffées.

Les bonnes fortunes du beau Champagne firent tant de bruit que Louis XIV voulut le voir de près, et, afin que rien ne manquât à la gloire de ce laquais, on joua ses galantes aventures sur le théâtre du Marais : Champagne le coiffeur, comédie en un acte, en vers de huit syllables, par Boucher, 1662 (Paris, 1663, in-lS.) Champagne était pourvu de la charge de secrétaire du roi lorsqu’il tomba, dans le Midi, assassiné sur la grande route par des brigands. Il a été mis en vers par Loret (Muse historique, 21 octobre 1650 et 2 novembre 1658), et cité par l’abbé de Laffémas dans l’Enfer burlesque, ou Sixième livre de l’Enéide (1649). Voir aussi les Historiettes de Tallemant des Réaux, et les Mémoires de Mme de Motteville. N’oublions pas l’Histoire du temps, ou Relation du royaume de coquetterie, de l’abbé d’Aubignac (1659, in-12), ni les Causeries d’un curieua, ; variétés d’histoire et d’art, tirées d’un cabinet d’autographes et de dessins, par F. Feuillet de Conches (1862, 2<s vol., p. 236 et suiv.).

CHAMPAGNE ou CHAMPAIGNE (Philippe dis), un des plus grands peintres de l’école française, né à Bruxelles le 26 mai 1602, mort à Paris le 12 août 1674. Quelques biographes ont cru devoir en faire un peintre flamand, et sa naissance à Bruxelles semblerait d’abord leur donner raison ; mais, pour nous, le berceau ne peut constituer seul une nationalité artistique. Outre que la famille de Philippe était originaire de Reims, il vint lui-même à Paris à l’âge de dix-neuf ans, et il ne quitta plus cette ville que pour faire à Bruxelles deux voyages fort courts. Il se maria en France, et c’est pour la cour de Louis XIII et celle de Louis XIV qu’il a.travaillé toute sa vie. Il fut membre, recteur et professeur de l’Académie française de peinture, et enfin, ce qui est décisif, le genre de son talent est essentiellement français.

Philippe de Champagne, ou de Champaigne, comme il écrivait lui-même, mérite une place hors ligne dans l’histoire de l’art français. Dès son jeune âge, il montra pour la peinture ce goût vif qui révèle souvent les grands artistes, et ce goût inné fut encore développé par une circonstance toute particulière. Bernard van Orley, allié par les femmes a la famille de Champagne, avait une fille dont Philippe était ainsi petit-cousin. Les deux enfants se voyaient tous les jours ; la gentille cousine, en son joyeux babil, contait les belles histoires des tableaux que faisait son père ; Philippe écoutait avidement ces récits merveilleux ; il y songeait le jour et tentait même de copier des gravures et des tableaux. Son père, qui 1 aimait, n’osait pas trop l’encourager dans cette voie ; il se rendit pourtant, et d’assez bonne grâce, quand les dispositions de son fils se furent nettement accusées. Il le confia donc, à peine âgé de douze ans, à un peintre de Bruxelles nommé Jean Bouillon. Après quatre ans d’études, Philippe quitta ce «naître pour un certain Michel de Bourdeaux, miniaturiste, puis se lia avec Fouquière, célèbre paysagiste, qui se prit d’amitié pour lui, et le lui prouva par d’excellents conseils, dont le jeune peintre sut habilement profiter. Après avoir passé deux ans à Mons chez un artiste dont le nom n’est pas venu jusqu’à nous, il rentra à Bruxelles, où il retrouva Fouquière, et se mit à travailler sérieusement avec lui. Mais il fallait au tempérament d’un pareil artiste autre chose que des ciels, des arbres et des terrains. Lui-même, d’ailleurs,

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le sentait bien, et il songea a l’école d’Anvers, h l’atelier de Rubens ; mais il recula devant les sacrifices qu’il aurait fallu imposer à des parents dont la fortune était modeste, et, à défaut des leçons trop coûteuses du grand coloriste, il sa décida a aller étudier la nature et les œuvres des maîtres illustres. Il partit pour l’Italie. Mais comme il traversait Paris pour aller a Rome, il ne voulut pas quitter cette ville sans y avoir séjourné quelque temps. C’était en 1621. Après avoir pris Successivement les leçons de deux peintres médiocres, Champagne se mit a travailler seul ; il fit plusieurs portraits, entre autres celui du générai Ernest de Mansfeld, un des héros de la guerre de Trente ans. Poussin revint à Paris vers la même époque, et alla habiter le collège de Laon, où Philippe logeait déjà. Admirable hasard, auquel nous devons peut-être ""un des plus grands peintres de notre école. Poussin, en effet, plus âgé que Philippe de sept ou huit ans seulement, était bien autrement avancé dans la Eratique de son art. Il devina le jeune artiste ruxellois, se lia avec lui d’une étroite amitié et lui prodigua ses conseils. Il fit plus encore : le grand Poussin (nous disons grand par le caractère aussi bien que par le talent) connut, devina son jeune ami, et, avec un admirable esprit se confraternité, il te signala à Duchesne, directeur des travaux qui s’exécutaient au Luxembourg par oTdre de Marie de Médicis. Duchesne n hésita point, sur cette recommandation, à confier à Philippe une partie des peintures. Le talent dont Champagne fit preuve dans l’exécution des travaux dont il était chargé attira l’attention de l’abbé Maugis, intendant des bâtiments de la reine-mère. Celui-ci en témoigna hautement une satisfaction si grande, que Duchesne la.trouva désobligeante pour lui-même. Or le jeune peintre aimait la fille de Duchesne, et il en était payé de retour ; voyant le père de sabien-aimée si mal dispose par ce malencontreux éloge, Philippe se hâta de s’éloigner, dans l’espoir d’effacer par une courte absence cette impression fâcheuse. Ce fut le motif de son premier voyage à Bruxelles.

Mais des circonstances tout & fait imprévues vinrent abréger son séjour. À peine arrivé dans sa ville natale, il reçut une étrange nouvelle : Duchesne était mort, et c’était lui, Philippe, que la reine-mère nommait à sa place, avec une pension de 1,200 livres et un logement au palais du Luxembourg. Courir a Paris, reprendre avec ardeur le travail abandonné, épouser enfin celle qu’il aimait, ce fut l’affaire de quelques mois. C’était en 1628. Philippe avait à peine vingt-six ans. Et dès lors sa fortune et sa gloire étaient également assurées.

Le premier grand travail qui date de cette époque comprend six toiles destinées aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques : la Nativité, la Circoncision, l’Adoration des rois, la Présentation au temple, une Résurrection de Lazare et une Assomption. Deux ans plus tard, Louis XIII lui commanda un

frand tableau où il serait représenté à genoux evant le Christ, en souvenir du vœu qu’il avait fait à Lyon, en 1630, dans une grave maladie. Il peignit aussi, presque en même temps, Louis XIII con/érant au duc de Longuevitle l’ordre du Saint-Esprit.

Le cardinal de Richelieu faisait bâtir à cette époque le Palais-Cardinal, qui fut depuis le Palais-Royal. Enthousiasmé du talent de Philippe de Champagne, qu’il avait choisi plusieurs fois pour faire son portrait, il voulut avoir de lui, en cette circonstance, des compositions décoratives. L’artiste peignit donc un grand plafond et tout un côté d’une longue galerie, dont le côté opposé fut confié à Vouet. Enchanté de ces nouvelles productions, le cardinal lui confia encore la décoration intérieure du dôme de la Sorhonne. Enfin, pour le même personnage, Philippe exécuta quelques autres tableaux à. Bois-leComte.

Mais, tont en travaillant pour les églises, pour le roi, pour le cardinal et les grands seigneurs, il n’en était pas moins le peintre ordinaire de la reine-mère, et partant ne pouvant rien faire sans son ordre ou sa permission. Ce vasselage d’un grand artiste, qui nous paraît étrange aujourd’hui, était alors parfaitement accepté. Richelieu, qui tenait a se montrer désagréable envers la reinemère, fit de magnifiques offres à Philippe de Champagne pour le décider k quitter le service de la reine. L’artiste refusa. Est-ce pour se venger de ce refus que le cardinal fit nommer Poussin premier peintre du roi, et que Louis XIII lui-même le manda à Paris ? Ce n’est pas impossible. Il y avait alors seize ans que l’illustre maître avait quitté Paris. Il y revint vers 1641. Mais, après avoir pris possession de sa charge et commencé la décoration de la galerie du Louvre, de viles intrigues, de basses calomnies vinrent l’assaillir. Trop fier pour répondre à de pareilles attaques, il reprit en silence le chemin de l’Italie, où du moins il pouvait travailler en paix. Nous ignorons les relations qui durent se renouer alors entre les deux anciens amis du collège de Laon, et ce que le peintre ordinaire de la reine-mère tenta pour encourager et retenir1 à Paris le peintre ordinaire du roi.

En 1649 et en 1652, Philippe de Champagneiît pour l’Hôtel de ville les deux fameux tableaux où l’on voit les portraits des magistrats élus sous la prévôté de M. Leféron et sous celle de M. LeféDure. Ces deux pages splendides sont

maintenant, croyons-nous, dans la galerie de M. L. Lacaze, un des amateurs les plus distingués de notre temps.

La mort’de sa femme, en 1638, avait été la première douleur de Philippe de Champagne ; seize ans plus tard, en 1654. une chute de cheval lui enleva son fils, qu’il adorait. Les deux filles qui lui restaient ne purent le consoler. On lui conseilla de voyager, et il partit pour Bruxelles. L’archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas, lui fit un accueil magnifique et lui demanda un tableau. L’artiste, inspiré par sa douleur, peignit Adam et Eue pleurant la mort d’Abel, un de ses chefsd’œuvre, une de ses pages les plus émues.

L’Académie de peinture venait d’être créée (1648) ; Philippe de Champagne fut un des premiers membres. Depuis ce moment jusqu’en 1662, il vit s’écouler douze années glorieuses et fécondes, mais que vinrent attrister de nouveaux malheurs domestiques : la mort de sa fille aînée et l’absence de la seconde, qui prit le voile. Resté seul, il se sentit envahi, absorbé, par une profonde mélancolie. Peutêtre aussi que l’habitude des faveurs le rendit trop sensible à l’élévation de Lebrun, qui venait d’être nommé premier peintre du roi, charge que Philippe espérait obtenir. Ces malheurs et cette déception l’éloignèrent du monde et le poussèrent vers Port-Royal, dont la règle convenait à son caractère sérieux et h. ses mœurs austères. Il y passait de longues heures chaque jour, et le dimanche tout entier, avec les chefs de ces fameux solitaires.

II habitait encore cependant le palais du Luxembourg, où le duc Gaston d’Orléans lui avait gardé son appartement ; mais il dut le quitter quand le prince, après mille vicissitudes, y amena sa femme Marguerite de Lorraine. Le peintre, exilé du palais, se retira dans l’île Saint-Louis, où il avait une maison. Importuné par l’affluence des commandes, qu’il ne voulait plus accepter, il alla s’établir au faubourg Saint-Marcel, sur la montagne ; mais les troubles de la Fronde le forcèrent de nouveau à abandonner la retraite qu’il s’était choisie. Il trouva son dernier refuge derrière le Petit Saint-Antoine, dans une maison qu’il ne quitta plus. Il y mourut, après quelques jours de maladie, à 1 âge de soixante-doujse ans,

Champagne a multiplié ses œuvres avec une abondance extraordinaire : les maisons royales, les monuments publics et les églises de Paris et de plusieurs villes de France possèdent un nombre considérable de toiles signées de ce laborieux artiste. Outre ses tableaux d’histoire, il a fait beaucoup de portraits qui sont cités après ceux de "Van Dyck. Sa manière se ressentait de l’école flamande et de l’école française. Il n’a ni la richesse exubérante de Rubens, ni la science et la grandeur de Poussin ; mais il dessinait très-purement et imitait la nature avec une exactitude souvent minutieuse ; sa touche est naturelle et faciles, son coloris frais et moelleux, mais un peu monotone. Il pèche en général par le défaut d’invention, de poésie et d’originalité. Son extrême facilité était le produit d un travail opiniâtre et assidu. Ses travaux les plus importants sont : les peintures du dôme de la Sorhonne ; le Vœu de Louis XIII, à Notre-Dame ; l’Assomption, Saint Germain et Saint Vincent, h Saint-Germain-l’Auxerrois ; la Samaritaine, a l’Hôtel de ville ; la Madeleine aux pieds du Sauveur, et diverses autres peintures, auValde-Grâca ; la Paix des Pyrénées et le Mariage du roi, à Vincetmes ; la Guérison du paralytique, à l’hôpital de Pontoise ; Saint Joseph et Sainte Geneviève, à Saint-Séverin ; la Cène, les Religieuses et son propre portrait, au musée du Louvre ; une Nativité pour la cathédrale de Rouen ; les portraits de Lamoignon, d’Arnaud d’Audilly, de Louis XIII, d’Anne d’Autriche, de Richelieu, etc. Plusieurs de ces toiles ont été souvent déplacées.

CHAMPAGNE (Jean-Baptiste de), né à Bruxelles en 1648, mort à Paris en 1683. Il était neveu du maître dont nous venons de parler. Son oncle dirigea ses études et le mit à même de faire, d’après ses cartons, des ébauches suffisantes, et de préparer ainsi les grandes compositions que son oncle exécutait ensuite. Jean-Baptiste fit à Bruxelles plusieurs voyages pour aller peindre quelques tableaux religieux dans différentes églises de la ville ; dans la plupart de ses travaux, l’imitation de Philippe de Champagne est flagrante, et l’on pourrait même croire que ces.sujets ont été pris dans tes esquisses du maître, et peints peut-être d’après ses dessins.

En 1663, Jean-Baptiste, à grand renfort de protections, entra à l’Académie. Son tableau de réception, la. Valeur sous la figure d’Hercule, couronnée par la Vertu et surmontant les Vices et les Passions, était une grande machine rappelant une allégorie d’Otto vénius, peintre flamand.

Comme on n’ignorait pas que Philippe da Champagne surveillait de très-près les peintures de son neveu, on osait confiera ce dernier des travaux assez importants. C’est ainsi qu’il eut à décorer la demi-coupole delà chapelle du Saint-Sacrement au Val-de-Grâce. Un peu plus tard, en 1667, on lui donna aussi à exécuter le tableau du Mai de Notre-Dame. Il fit, dit-on, quelques bons portraits.

Ses compositions les plus considérables furent commandées par Louis XIV. D fut chargé de travaux décoratifs dans l’appartement du dauphin et aussi dans les Tuileries.