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nage, et quelquefois aussi soutenue seulement sur les bords far le cerceau auquel l’anse est lixée. Pour faire descendre le vase dans l’eau, on doit tirer en bas la corde à laquelle ce vase est attacher, afin de vaincre la résistance du contre-poids placé à la partie opposée du levier ; mais on agit alors par le poids du corps, ce qui fatigue peu, et, dans le second temps de la manœuvre, c’est-à-dire quand on ramène en haut le vase plein, on est puissamment aidé par l’action du contre-poids ? |ui tend à descendre, et, par conséquent, à aire monter la branche antérieure du levier à laquelle la corde du seau est attachée. Avec le ehadouf, on fait monter l’eau à une hauteur de 8 m. 50 environ ; mais, comme souvent les berges sont beaucoup plus élevées au-dessus du niveau de la rivière, il faut que l’eau arrive par degrés jusqu’à la hauteur du canal d’irrigation, et, a cet effet, on établit des ehadoufs en échelons. L’eau prise par les ehadoufs qui occupent la station inférieure est versée dans une première tranchée, où la prennent, pour les verser dans une autre située un peu plus haut, les ehadoufs de la seconde ligne, et elle arrive ainsi successivement jusqu’au réservoir supérieur, d’où elle s’écoule par la rigole qui la conduit aux lieux où elle doit être utilisée. Le ehadouf simple et le ehadouf composé sont employés en Égypte depuis les temps les plus reculés, et on les trouve figurés "sur les monuments antiques. Le ehadouf simple est aussi quelquefois employé en Europe, notamment aux environs de Pise, exactement dans les mêmes conditions qu’en Égypte.

CHADR1NSK, ville de la Russie d’Asie, gouvernement et à 46s kilom. S.-E. de Perm, sur le versant oriental des monts Ourals, et sur la rive gauche de l’Iset ; 8,900 hab. Tanneries, fabriques de savon.

CHADUC (Louis), antiquaire français, né à Riom en 1564, mort en 1638. Il était conseiller au présidial de sa ville natale, et il avait formé un cabinet de médailles, ainsi qu’une bibliothèque choisie. Il avait amassé beaucoup de manuscrits, de livres rares, de marbres antiques, de médailles, et plus de 2,000 pierres gravées, qu’il s’était procurés dans un voyage en Italie. Pour faire connaître ces richesses au publie, Chaduc fit graver en taille-douce toutes les pierres, les divisa en quinze classes ou chapitres, et écrivit pour chaque chapitre une préface, suivie d’une légende explicative. On a de lui une Relation de son voyage en Italie ; une Description de son cabinet ; un traité De annulis, fort curieux ; des Tables, qui fournissent la matière d’un traité complet de tout ce qui concerne les pierres gravées. Son cabinet, après avoir passé par les mains de M. de Mesme et de Gaston, duc d’Orléans, fut acquis par Louis XIV, et fait partie aujourd’hui des musées français.

CHADUC (Biaise), théologien français, parent du précédent, né à Riom en 160S, mort en 1699. Il était prêtre de l’Oratoire, et fut un prédicateur distingué. Son principal ouvrage est un Traité de la nature de l’usure selon la loi de Dieu et ladoctrine des saints Pères. (Avignon, 1675).

CHADW1CK (Edwin), économiste anglais, né en 1801, reçu avocat en 1830. Un article traitant des assurances sur la vie, inséré dans la lievue de Westminster en 1823, attira sur lui l’attention de Jérémie Bentham, qui lui légua une partie de sa bibliothèque. Le ministère Grey ayant nommé une commission d’enquête sur l’administration de l’assistance publique, M. ChaJwiek en fit partie, et ses recherches dans les districts ruraux eurent d’heureux résultats. Membre de la commission d’enquête sur le travail des enfants dans les manufactures, il ne réussit pas à faire imposer un système d’instruction prenant la moitié du temps ; mais il obtint la surveillance du gouyernement dans les fabriquesde coton, et cette inspection fut ensuite étendue a d’autres branches de l’industrie. Une nouvelle commission fut instituée a l’effet de présenter un rapport sur l’administration de l’assistance publique. Entre autres mesures adoptées, il recommanda un système préventif, basé sur un enseignement professionnel à donner aux enfants, séparés des indigents adultes, dans les écoles de district, et l’entière abolition de la loi de dépôt. fin 1838, il obtint des commissaires de l’assistance publique l’autorisation de poursuivre une enquête sur les causes locales de maladie, et sur l’assainissement des habitations dans la capitale ; cette enquête s’étendit ensuite à toute l’Angleterre et au comté de Galles. Dans son premier rapport, il proposa l’établissement d’une distribution d’eau et d’égouts dont les résidus seraient utilisés par l’agriculture. En 1839, il fit partie d’une commission constabutaire pour l’organisation de la police. En 1843, il présenta un rapport sur les inhumationsintra muros, qui amena des mesures législatives. En 1848, il fut nommé membre de la commission administrative d’hygiène publique à l’intérieur des villes. Lors de la réorganisation de cette direction, qui passa en 1854 dans les attributions de chefs politiques, M. Chadwick prit sa retraite et reçut une pension pour la longue suite de laborieux services qu’il avait rendus, pour les mesures ou les réformes administratives qu’il avait étudiées ou recommandées. La même année, le gouvernement

réclama son aide pour l’étude des perfectionnements à introduire dans l’administration civile. Il publia un mémoire concluant à une

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réorganisation, et notamment à l’adoption des règles suivantes : examens et concours pour les nominations, les admissions et l’avancement, au lieu du faventisme et du népotisme. M- Chadwick a lu des mémoires de statistique ou d’économie sociale, devant plusieurs sociétés savantes ou philanthropiques ; l’un de ces écrits traite des Limites.physiologiques et psychologiques du travail intellectuel. L’auteur est membre de l’ordre du Bain depuis 1848.

CHAEL s, m. (cha-èl — lat. calellus, même sens). Petit d’un quadrupède. Il "Vieux mot.

CHAELER v. n. ou intr. (cha-e-lé — rad, chael). Faire ses petits, en parlant d’une femelle de quadrupède. Il Vieux mot.

CHjENACTIDE,

CiMENANTHE, CHflîNAN-THÈRE, etc., etc. V., pour ces mots et pour les autres mots d’histoire naturelle qui ne se

trouvent pas ici,

CHÉNACTIDE, CHÉNANTHB, CHÉ-NANTHkRE, etC.

CHAER v. n. ou intr. (cha-é). Forme ancienne du mot choir, n fin disait aussi chaoir.

CHJEROPOTAME s. m. (ché-ro-po-la-me).’Mamm. V. chœropotame.

CH^TURE s. f. Ornith. Gente d’hirondelles.

V.

CHBTURB.

CHAFALKANI ou CHAFALQUANI S. m.

(cha-fal-ka-ni). Comm. Toile peinte d’Alep.

CHAFAUD s. m. (cha-fo). Mar. Echafaud.

— Ane. art milit. Sorte de machine de guerre. |i fin écrivait aussi chapfaut.

CHAFAUDIER s. m. (cha-fô-dié— rad. chafaud). Pêch. Celui qui dresse leséchafauds sur lesquels on fait sécher la morue, il fin dit quelquefois

CHAFAUDEUR.

CHAFÉE ou GHAFFÉE s.f. (cha-fé). sécha, Son qui reste après que l’amidonnier a retiré toute la farine du froment.

CHAFÉI s. m. (cha-fé-i). Hist, relig. Nom du premier des rites orthodoxes de l’islamisme, fondé au vino siècle par le savant Chaféi.

CHAFÉI ou CHÂFÉY (Abou-abd-Allah-Mohammed-ben-Edris el), né à Gaza (Palestine) en 7G7, mort en 821.11 fut le fondateur de l’un des quatre rites orthodoxes de la religion musulmane. Il acquit une grande célébrité par l’étendue de son savoir, et fut appelé en Égypte, où il termina sa vie, par le sultan Salàh-ed-Dyn, qui voulait déraciner dans le pays la secte d’Ali. Chaféi est le premier musulman, dit-on, qui ait écrit sur la jurisprudence civile et canonique. Il a laissé sur ces matières trois traités, instrulés : Ossoul, Soman et Mesned. Après la mort de Chaféi, que ses disciples avaient surnommé ArefBillah (savant en Dieu), Salâh-ed-Dyn fit construire près de son tombeau, au Casse, un collège où l’on n’enseignait que la doctrine de Chaféi.

CHAFÉITE s. (cha-fé-i-te). Hist.relig. Musulman ou musulmane du rite chaféi.

CHAFEI, s. m. (cha-fer). Fortif. Ancienne espèce de fortification extérieure.

CHAFERCONNÉE s. f. (cha- fer-ko-né).

Comm. Sorte de toile peinte des Indes.

CHAFF s. m. (ehaff— mot angl.). Agric. Mélange, à parties égales, de paille et de foin coupés.

CHAFFAULT DE

BESNÉ (Louis-Charles, comte du), lieutenant général des armées navales françaises, néàMontaigu, dans la Vendée, en 1708, mort à Nantes en 1793. Issu d’une noble et antique famille du comté nantais, le jeune du Chassault de Besné entra dans la marine ; il se distingua de bonne heure, et parvent fort jeune encore au grade de capitaine de vaisseau. En 1747, lors du mémorable combat soutenu par le marquis de Létauduère, au cap Finistère, contre les quinze vaisseaux de l’amiral anglais Hawke, du Chassault de Besné était capitaine de pavillon du marquis de Létauduère, à bord du vaisseau amiral Je Tonnant. Il déploya, dans le courant de cette action, qui ne dura pas moins de huit heures, un courage remarquable, et reçut une blessure au visage. Dix ans plus tard, du Chassault de Besné, qui montait alors YAtalante, frégate de 30 canons, de la division d’Aubigny, ne craignit pas de s’attaquer, sur les atterrages de la Martinique, à un vaisseau anglais de 74 canons, riommé le Warwick, et, malgré l’énorme supériorité de ses forces, le Warwick, après avoir essayé de soutenir le feu de YAtalante, gagna au large avec de graves avaries ; puis, rejoint bientôt par la frégate, il amena son pavillon. l’Atalanie remporta cette belle victoire sous les yeux de la division d’Aubigny, qui demeura spectatrice de la lutte sans y prendre part.

En 1755, du Chassault de Besné fut nommé chef d’escadre et chargé de transporter des troupes au Canada. Il appareilla de Rochefort avec une division composée de cinq vaisseaux et d’une frégate. En arrivant à destination, il trouva le port de Louisbourg bloqué par dix vaisseaux, et alla débarquer les troupes dans la baie de Sainte-Anne. Bientôt après, ce tardif secours n’ayant pu empêcher la colonie de tomber au pouvoir des Anglais, du Chassault revint en France, Il rencontra en chemin, k 66 milles environ N.-N.-O. d’Ouessant, une escadre anglaise composée de sept ’vaisseaux et d’une frégate, qu’il réussit à évi

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ter, et arriva sans encombre à Rocherort. En 1765, il commanda l’expédition dirigée contre Larraehe, bombarda le port, en détruisit les batteries, et brûla quelques navires marocains.

En 1777, il fut nommé lieutenant général des armées navales, et commanda, en cette qualité, à la bataille d’Ouessant, l’arrièregarde de l’armée française, à qui le hasard du combat fit jouer le rôle et tenir la place de l’avant- garde. Il fut grièvement blessé à l’épaule dans cette affaire, et eut en outre la douleur de voir son fils tué à ses côtés. Ce fut, du reste, la dernière fois que du Chassault de Besné figura d’une façon active dans les guerres maritimes de la fin du dernier siècle, bien qu’il n’ait été, toutefois, mis à la retraite qu’en 1790. Il se retira en Vendée, dans le château qu’il possédait près de Montaigu, et consacra ses loisirs à l’agriculture et k la bienfaisance. En 1793, le vieux marin fut arrêté par ordre du comité révolutionnaire de Nantes, conduit au château de Luzançay, et bientôt après transféré dans tes prisons de Nantes. Il y mourut, après dix mois de capti « vite, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

CHAFFAUX (le), ancien petit pays de France, dans la province de Bourgogne ; le lieu principal était Changey-en-Chassaux, canton de Saint-Jean-de-Losne, dans le dépar—tement de la Côte-d’Or.

CHAFFRE s. f. (cha-fre). Agric. Nom vulgaire du brou dé noix, dans le Poitou.

CHAFOUIN s. f. (cha-fouain). Mamm. Ancien nom du furet et de la fouine.

CHAFOUIN, OUINE s. (cha-fouain, oui-ne

— rad. chafouin, fouine). Fam. Personne petite, grêle comme une fouine, et qui a lamine sournoise et rusée : Comme sa fille le gène, il va la marier à un petit chafobin d’avocat.

☞ h. Gaut.)

— Adjectiv. Se dit des personnes qui sont ainsi faites, et de ce qui se rapporte à leur manière d’être : Air chafouin. Mine chafooine. L’abbé Dubois était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d’espion. (StSim.)

CHAFOURÉ, ÉE (cha-fou-ré) part. pass. du v. Chafourer : Papier chafoure.

CHAFOURER v. a. ou tr. (cha-fou-ré). Fam. Barbouiller, griffonner : L’oncle Scipion écrivit comme il put avec ce poinçon, et ciiafoura tout son papier,-ce qu’il attribua au peu d’habitude. ’Ourliac.)

Se chafourer v. pron. Pop. S’égratigner.

CHAFOUREUR s. m. (cha-fou-reur — rad. chafourer). Fam. Barbouilleur : Chafoureur de papier.

CHAFRIOLANT (cha-fri-o-lan) part. prés. du v. Chafrioler : Lorsque la princesse de Saint-Dizier offrit au. cardinal un rafraîchissement, il répondit qu’il en avait pris suffisamment, chose qu’il dit en chafriolant de l’air d’un gourmet.(E. Sue.)

CHAFRIOLER v. n. ou intr. (cha-fri-o-lé — mot inventé par Balzac, et qui, malgré cette origine récente, a exercé déjà les commentateurs ; on a eu recours sans preuve au rad. affrioler ; sa véritable origine paraît être la fantaisie de l’auteur). Néol. Se montrer tout réjoui, frétiller de plaisir ; L’évêque Cantin, cédant à son penchant pour la buvaille et la ripaille, voyant par avance Ronan le Vagre, l’ermite laboureur et la belle évêchesse suppliciés le lendemain, le bon Cautin ne se sentait point d’aise : il buvait et rebuvait, chafriolait et discourait, agressif, moqueur, insolent comme un compère qui, avant le repas du matin, avait déjà opéré son petit miracle. (E. Sue.)

Se chafrioler v. pr. Même sens : L’idée du suicide lui passa par la tête, non pas à cause du déficit qu’on allait reconnaître à sa caisse, mais à cause de l’impossibilité de vivre dans l’atmosphère de plaisir où il se chafriolait depuis un an. (Balz.)

CHAGAN. s. m. (cha-gan). Hist. Titre du roi des Avares.

CHAGE s. m. (cha-je). Hist. Nom que l’on donnait à des sectaires mahométans qui suivaient l’armée des mameluks pendant les croisades.

CHAGNELAIE s. f. (cha-gne-lè ; 311 mai.). Mart. Veine de houille fort tendre.

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CHAGNOTs.m.(cha-gno ; 0Jimll.). Ichthyol, Nom vulgaire d’un squale.

CHAfiNY, ville de France (Saône-et-Loire), ch.-l. de cant., arrond. etkl7 kilom. N.-O. de Chalon-sur-Saône ; pep. aggl. 3,681 hab.pop. tôt. 3,876 hab. Située entre la Dheune et le canal du Centre, sur le chemin de fer de Paris k Lyon, cette petite ville a une industrie assez active et fait un commerce assez important en bétail, vins et grains. Restes d’un ancien château fort. Aux environs, on a récemment découvert des fossiles antédiluviens.

CHAGOS, groupe d’îles de l’océan Indien, au S. des Maldives, par 4 » 30’et 70 27’de lat. S. et 68 » 55’à 70 » 20’de long. E. L’île principale de cet archipel, qui ne renferme que des Ilots et des rochers madréporiques, porte le nom de Diego-Garcia ou Chagos ; elle a donné son nom à tout le groupe. Cette île,

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S3S

a’un périmètre de 60 kilom., jouit d’un climat très-salubre, possède une belle rade pour les bâtiments de guerre, et abonde en poissons et en tortues de la plus grosse espèce, que l’on pêche sur les côtes. Cet archipel a été découvert par les Portugais ; il forme aujourd’hui une dépendance du gouvernement anglais de Maurice.

CHAGRES, petit fleuve de l’Amérique du Sud, dans la république de la Nouvelle-Grenade, gouvernement de Panama. Il ’prend sa source dans les montagues peu élevées do l’isthme de Panama, k une petite distance de l’océan Pacifique, forme la vote de communication la plus importante entre Porto-Bello, sur la mer des Antilles, et Panama sur le Pacifique, et se jette dans la mer des Antilles, près de la ville de son nom, après un cours de 130 kilom. La navigation du Chagres est protégée par des forts établis de distance eu distance sur ses bords, qui sont fertiles et pittoresques.

CHAGRES, ville de l’Amérique méridionale, dans la république de la Nouvelle-Grenade, à 75 kilom. N.-O. de Panama, à 55 kilom. O. de Porto-Bello, sur la mer des Antilles et à l’embouchure du petit fleuve de son nom ; 9,000 h. Place de guerre défendue par un château fort ; petit port de commerce ; climat très-chaud, humide et insalubre. Chagres fut pris en 1740 par l’amiral anglais Vernon.

CHAGRIN s. m. (cha-giain- ital. zigrino, formé du turc sagri, même sens). Comm. Cuit grenu que l’on prépare ordinairement avec des peaux d’âne ou de mulet : Coffre en chagrin. Deliure en chagrin. C’est avec le cuir de l’âne que les Orientaux font le sagri, que nous appelons chagrin. (Buff.) H l’eau grenue de certains poissons du genre squale, particulièrement du chat de mer. Il fin dit aussi Peau de chagrin, expression qu’on no peut logiquement expliquer, le chagrin étant une peau et non un animal, mais qui a en français une foule d’analogues : hloffe de velours, goût d’amertume, etc.

— Par plaisant. Avoir une peau de chagrin, Avoir la peau très-rude.

— Comm. Etoffe légère de taffetas moucheté, dont les mouches présentent quelque ressemblance avec les grains du chagrin.

— Ichthyol. Un des noms du chat de mer, poisson dont la peau grenue, sert k faire une sorte de chagrin.

CHAGRIN s. m. (cha-grain, — Ce mot est nouveau dans la langue ; on ne peut donc le faire venir que de chagrin, peau rude et grenue, qui, employée pour frotter, polir, lisser, est devenue par métaphore, l’expression d’une peine qui ronge. Le patois génois a sagrinâ, ronger, et sayrinâse, se ronger de colère, ce qui fait voir le procédé mental qui, de chagrin, peau rude, a fait chagrin, peino morale). Inquiétude d’esprit, tourment causé par la douleur ou par le caractère : AuojV bien du chagrin. Se faire du chagrin. Noyer son chagrin dans le vin. Si la vie est voluptueuse, le chagrin l’accompagne ; est-elle glorieuse, il la suit encore ; est-elle pauvre et souffreteuse, il vieillit avec elle. (Ménandre.) Le simple sommeil nous aie nos chagrins plus doucement et plus sûrement qu’un livre de morale. (St-Evrem.) Le chagrin est comme une fièvre qui a ses redoublements, ses suspensions. (Boileau.) Nous nous vengeons sur tout ce qui nous environne des chagrins secrets qui nous déchirent. (Mass.) Les chagrins secrets sont encore plus cruels que les misères publiques. (Voit.) Nos chagrins, nos soucis, nos peines, nous viennent souvent de nous.

☞-J. Rouss.) Les chagrins et tes peines peuvent être comptés pour des avantages, en ce qu’ils empêchent le cœur de s’endurcir aux malheurs d’autrui.

☞-J. Rouss.) N’est-ce pas aggraver ses chagrins que de s’ôter la douceur de les partager avec un ami ?

☞-J. Rouss.) Le chagrin est toujours inutile, parce qu’il ne remédie à rien. (Mariv.) // est des chagrins qui n’ont ni plaintesni larmes, (M" »" Cottin.) Le bonheur lué, et le chagrin laisse vivre. (La Rochef.-Doud.) Sur trois personnes à qui nous contons nos chagrins, nous en ennuyons deux et nous faisons plaisir à la troisième. (M"1. Bachi.) Le chagrin’ rend sublime le visage d’une jeune fille très-belle. (Balz.) Il est des chagrins dont la religion seule saurait être la consolatrice. (Descartes.) Tous les chagrins peuvent être un motif de folie et de suicide. (Brierre de Boismont.) Chagrin d’enfant et rosée du matin n’ont pas de durée. (G. Sand.) On doit semercier le ciel des chagrins qu’on n’a pas. (A. d’Houdetot.) Il y a telle vieille femme qui exhale pour la mort d’un perroquet tout le chacrin qu’il semble qu’elle aurait pu réserver pour la perte d’un parent ou d’un ami. (A. Kart.) Lorsque Louis XIV apprit sa mort de la reine, son épouse, il dit.-•Voilà le seul chagrin qu’elle m’ait jamais causé.  »

Ainsi que ses chagritis, l’hymen a ses plaisirs.

Boileau.

Le chagrin me paraît une incommode chose.

Molière.

Les chagrins laissent donc quelque trêve aux tyrans !

N. Lemebcier.

Bien souvent nos chagrins naissent de nos plaisirs.

Clément.

Les noirs chagrins, enfants de la vieillesse. N’habitent pas sous un rustique toit.

Voi.

TilEE.

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