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testants. À Rouen, elle dut faire son entrée par la brèche.

La bataille de Dreux fut livrée peu de temps après. On prétend que, sur la nouvelle que les catholiques étaient battus, elle s’écria : « Eh bien ! désormais nous entendrons la messe en français. » Cette bataille, du reste, la délivra d’une partie de ses ennemis ; le maréchal de Saint-André fut tué, Condé fut pris par les catholiques, Montmorency par les protestants, et bientôt après le duc de Guise fut assassiné. La reine, craignant les soupçons qu’on aurait pu faire planer sur elle à propos de ce crime, se transporta dans le camp des catholiques et assista elle-même à l’interrogatoire qu’on fit subir au meurtrier.

Enfin, la paix fut signée à Amboise le 12 mars 1563. Catherine triomphait et redevenait reine. Elle donna de grandes fêtes. Les cent cinquante nobles demoiselles connues sous le nom de filles de la reine en faisaient les honneurs. Cet escadron avait été, durant la crise qui venait de se terminer, le moyen d’attaque et de défense dont elle usait le plus volontiers. Elle menait avec elle et étalait partout ces singuliers gardes du corps, et l’on a vu que le roi de Navarre lui-même y fut pris et déserta le parti des princes du sang. Dans une expédition faite en vue de reprendre le Havre aux Anglais, la reine mère emmena force protestants ; Condé n’en revint que pris dans les filets de Mlle de Limeul. « Le son des violons, dit Montluc, n’était point étouffé par celui des trompettes. Le même équipage traînait les machines des ballets et les machines de guerre. Dans un même lieu, on voyait les combats où les Français s’égorgeaient et les carrousels où les dames se divertissaient. »

La reine, pendant le cours de l’année 1564, fit raser le palais des Tournelles, qui lui rappelait la mort de Henri II, et fit construire les Tuileries, puis accompagna son fils dans un long voyage à travers le royaume et alla avec lui jusqu’à Bayonne, où elle eut une entrevue avec la reine d’Espagne, sa fille. Malheureusement, la paix devait être de courte durée. La seconde guerre civile éclata, et les protestants voulurent la commencer par un coup hardi, en enlevant le roi. L’entreprise échoua, et Catherine eut recours aux négociations, pendant que les révoltés livraient bataille aux portes de Paris.

Vers cette époque se place une conversation entre la reine et le nonce du pape, rapportée par Capilupi. « Elle et le roi, y est-il dit, n’avaient rien plus à cœur que d’attraper un jour l’amiral et ses adhérents, et d’en faire une boucherie mémorable à jamais. »  »

Catherine avait un fils qu’elle chérissait entre tous, c’était le duc d’Anjou, depuis Henri III. Les fureurs de Charles IX l’inquiétaient, tandis qu’elle reconnaissait dans le plus aimé de ses fils le pur sang italien. Elle rêva d’en faire un héros. N’ayant pu obtenir que le roi le créât connétable, elle sollicita pour lui la lieutenance du royaume, l’obtint et plaça près de lui deux hommes d’énergie et de talent, Tavannes et Strozzi, chargés de lui préparer des victoires ; mais ces combinaisons déplurent au roi et furent le commencement d’une véritable haine entre le fils et la mère. Le duc d’Anjou eut les succès que désirait sa mère ; il battit les protestants à Jarnac, mais souilla sa victoire par le meurtre de Condé. Plus tard, la reine, effrayée du succès de Coligny, se rendit en Limousin auprès du duc d’Anjou, puis elle fit de grands efforts pour obtenir la paix. Elle fut conclue à Saint-Germain, le 8 août 1570.

Les écrivains du temps, surtout les auteurs calvinistes, font remonter jusqu’à Catherine la responsabilité de toutes choses et donnent à cette princesse une valeur exagérée. On reconnaît cependant que ses lettres avaient une grâce remarquable ; elle était laborieuse, écrivant sans cesse, aussi bien pour les affaires politiques que pour tout ce qui était relatif aux palais qu’elle faisait bâtir. Philibert Delorme la félicite du « grandissime plaisir qu’elle prend à esquicher les Tuileries. » Elle siégeait aux fêtes de la cour, et avec beaucoup de dignité. Elle prisait fort les plaisanteries, même hardies. Un jour qu’elle entendait chanter des chansons outrageantes contre elle, elle en rit beaucoup et empêcha le roi de Navarre de faire pendre les coupables, en lui disant : « Mon cousin, ce n’est pas notre gibier. » Malgré ces qualités, elle n’en était pas moins prête à tous les crimes, et tous les conseillers de Philippe II, Granvelle comme le duc d’Albe, ne la nommaient qu’avec mépris.

Nous touchons à la fatale année 1572, à la Saint-Barthélemy ; nous passerons rapidement sur certains détails relatifs à cet événement lamentable que nous racontons ailleurs. Il convient cependant de bien fixer quel fut le rôle de la reine mère. Tous les historiens français ou étrangers qui ont écrit sur ce sujet, avant l’école moderne, sont d’accord sur un point : c’est que la Saint-Barthélemy fut l’œuvre personnelle de Catherine, œuvre longuement méditée, froidement exécutée, avec une sorte de grandeur, s’il peut y avoir de la grandeur dans le crime. Il n’en est rien cependant. Chacun eut sa part, son rôle, dans cet affreux drame. La haine du roi contre le duc d’Anjou contribua à faire éclater la catastrophe. Pendant que la reine mère formait le projet étrange de marier le duc d’Anjou avec Marie Stuart et le duc d’Alençon avec la protestante Élisabeth, le roi prenait en amitié Coligny et préparait une expédition en Flandre. Il entendait bien n’en pas donner le commandement à son frère, qu’il avait hâte de mettre hors de France. Catherine, suivant sa tactique habituelle, rusait et suivait ce nouveau mouvement d’opinion. Puis, tout à coup, elle pleura auprès du roi, fit semblant de partir pour Florence ; le roi courut après elle et la ramena. Alors elle se rallia à la maison de Guise et complota la mort de l’amiral de Coligny. L’assassinat ayant échoué, la situation de la reine mère à l’égard du roi son fils et celle du duc d’Anjou devenaient graves ; cette circonstance précipita les événements. On assure qu’après avoir obtenu l’ordre du massacre, elle eut horreur des crimes qui allaient se commettre : « elle se seroit désistée, dit Tavannes, si elle avoit pu. »

Charles IX mourut jeune encore et à moitié fou. Son frère, le roi de Pologne, dut rentrer en France pour lui succéder. Vers ce temps, la reine mère mit la main sur Montgomméry, l’auteur involontaire de la mort de Henri II, et qui s’était fait huguenot ; elle le fit décapiter. Catherine, maîtresse de l’esprit de son fils, continua son existence agitée au milieu des deux anciens partis que ni les guerres ni les massacres n’avaient pu anéantir. Elle vit naître la Ligue, qui s’attaquait franchement à la royauté et avait pour chef le duc Henri de Guise. La paix fut de nouveau conclue cependant. Alors Catherine porta à l’étranger le théâtre de son activité : on la vit réclamer les droits de sa famille à la couronne de Portugal et envoyer aux îles Tercères, sous la conduite de Strozzi, une flotte qui fut détruite.

Après la journée des Barricades, elle suivit à Blois Henri III, qui venait d’ouvrir les états.

Un matin de décembre, la vieille reine, alitée et atteinte de la maladie qui devait l’emporter, entendit au-dessus de sa tête un bruit violent, des cris et des chocs d’épées. Peu d’instants après, Henri III entra dans sa chambre, et, s’étant approché de son lit, lui dit : « Madame, je suis roi d’aujourd’hui ; je viens de me débarrasser de M. le duc de Guise. » Le roi des Barricades venait, en effet, d’être tué par les quarante-cinq. « C’est bien taillé, mon fils, répondit la reine mère, à ce qu’on assure ; maintenant, il faut coudre. » Peu de jours après, elle mourait. Si elle eût vécu quelque temps encore, elle aurait vu disparaître le dernier des Valois et monter sur le trône le premier des Bourbons.

Catherine de Médicis, roman par H. de Balzac. V. Études philosophiques.


CATHERINE MANSDOTTER, reine de Suède, née en 1549, morte en 1612.Elle était fille d’un caporal de la garde et d’une fruitière. Un jour qu’il passait sur la place du marché où elle tenait la boutique de sa mère, le roi Erik XIV fut frappé de sa beauté et en devint éperdûment amoureux. Il la fit venir au château et l’attacha à la cour de la princesse Élisabeth, sa sœur. Sa passion pour elle augmenta de jour en jour ; il la prit pour maîtresse, et quand elle lui eut donné un premier enfant, il l’épousa et la fit couronner. À cette occasion, tous les membres de la famille de Catherine, qui n’étaient que de simples paysans, furent anoblis. Lors de la cérémonie du couronnement, le conseiller Nils Gyllenstjerna, qui tenait la couronne royale, s’évanouit et la laissa tomber. Cet incident fut regardé comme un mauvais présage. Trois mois après, Erik fut violemment détrôné par ses frères, et jeté en prison. Catherine, à laquelle il ne fut point permis de partager sa captivité, réussit cependant à se rapprocher de lui et vécut dans un état voisin de la misère. À la mort d’Erik, on lui concéda un fief en Finlande, où elle se retira, et consacra le reste de sa vie à des œuvres de piété et de bienfaisance. Des quatre enfants qu’elle avait eus du roi, trois la précédèrent au tombeau. Sa fille Sigrid, mariée en secondes noces à Nils Nilsson Natt och Dag, maréchal et maître de la cour de la reine Christine, alla s’établir auprès d’elle et ne la quitta qu’après lui avoir fermé les yeux. Catherine Mansdotter était, sauf la naissance, digne sous tous les rapporta de sa haute position: sa beauté, ses grâces, l’excellence de son cœur, son dévouement envers son mari, son empressement à faire le bien, lui concilièrent le respect et l’estime même de ses ennemis.


CATHERINE DE BOURBON, princesse de Navarre. V. Bourbon.


CATHERINE DE LORRAINE, née à Nancy en 1573, morte à Paris en 1648. Fille du duc Charles III de Lorraine, elle embrassa la vie religieuse et devint abbesse de Remiremont. Lorsque Turenne assiégea Remiremont, en 1638, la princesse Catherine, à la tête de ses religieuses, travailla elle-même aux fortifications de la place,


CATHERINE DE BRAGANCE, reine d’Angleterre, née en 1638, morte en 1705. Elle était fille de Jean IV, roi de Portugal. En 1661, elle épousa Charles II, roi d’Angleterre, qui l’abreuva d’amertumes par son inconstance et par la dureté de sa conduite à son égard. À la mort de ce prince, elle retrouva, sous Jacques II, son successeur, la considération à laquelle elle avait droit, et resta en Angleterre jusqu’en 1693. À cette époque, elle retourna en Portugal, où elle devint régente sous son frère dom Pedro, que son imbécillité rendait incapable d’administrer le royaume.


CATHERINE Ire, impératrice de Russie, femme de Pierre le Grand, née en 1682 ou en 1686, morte en 1727. Il règne quelque obscurité sur l’origine de cette femme célèbre. D’après le témoignage de Villebois, qui fut aide de camp de Pierre le Grand, elle serait fille d’un serf fugitif nommé Shawrousky, établi à Derpt (Livonîe) et vivant en cette petite ville de la profession de journalier. Mais la plupart des historiens s’accordent à dire que le vrai nom de cette femme était Marthe Rabe, qu’elle était fille d’un officier suédois, un quartier-maître, et d’une femme livonienne nommée Élisabeth Moritz. Catherine Ire serait donc née en Suède, à Germundéryd. Sa mère devint bientôt veuve; elle était infirme déjà. La misère arriva. Alors, ayant pris dans ses bras son enfant, qui n’avait que deux ans, elle se dirigea vers la Livonie et arriva à Marienbourg, où elle s’arrêta pour frapper à la porte du sacristain, un parent sans doute de la malheureuse. Mais celui-ci n’était point assez riche pour supporter ce surcroît de famille… L’orpheline fut alors recueillie par Gluck, l’archiprêtre de la province, qui en fit la compagne de ses enfants.

Catherine mit à profit ce qu’elle entendait des leçons données aux filles de Gluck et fit de cette façon son éducation, éducation incomplète à coup sûr (Catherine ne sut jamais écrire), mais suffisante pour étonner, pour éblouir la société demi-barbare au sein de laquelle elle devait vivre bientôt. En 1701, elle épousa un dragon de l’armée de Charles XII, qui la laissa bientôt pour entrer en campagne et fut tué quelques mois après. Marienbourg était assiégé par les Russes. La jeune veuve suivit Gluck, son protecteur et son maître, lorsqu’il alla implorer le feld-maréchal Chiremetief. Elle fut faite prisonnière lors de la prise de la ville et échut au général russe Bauer, dont elle devint la maîtresse. Catherine passa ensuite au mains de Menschikoff, qui l’attacha à sa maison.

Un jour que le czar Pierre le Grand dînait chez son ministre, Catherine, qui servait à table, fut remarquée par lui, Ce barbare de génie fut frappé de l’esprit charmant, plein de reparties fines et vives, d’une fille de condition si basse. Il fut ébloui et devint amoureux. Un mariage eut bientôt lieu, secret d’abord, puis rendu public cinq ans après, en 1712. Catherine, la mendiante recueillie par un pauvre sacristain, élevée par charité, fut solennellement proclamée impératrice de toutes les Russies. La nouvelle czarine, en embrassant la religion grecque, prit les noms de Jekaterina Alexeïewna.

Le secret de l’amour constant de Pierre Ier pour l’impératrice Catherine ne tient pas seulement à sa beauté et à son esprit. Le comte Bassewitz dit, dans son Histoire de l’empire de Russie : « Le czar Pierre était sujet à des convulsions douloureuses qu’on croyait être l’effet d’un poison qui lui avait été donné dans sa jeunesse. Catherine avait trouvé le secret d’apaiser ses douleurs par des soins pénibles et par des attentions recherchées, dont elle seule était capable, et se donnait tout entière à la conservation d’une santé aussi précieuse à l’État qu’à elle-même. Aussi le czar, ne pouvant vivre sans elle, la fit compagne de son lit et de son trône. »

La czarine était douée d’une fermeté toute virile, et on la sentait nécessaire au milieu des armées autant que dans l’intimité du czar et dans le conseil, où toujours étaient écoutés ses avis pleins de sens à la fois et d’énergie. Dans la malheureuse affaire des bords du Pruth, lorsque, cerné par des forces supérieures, le czar était à la merci du grand vizir, ce fut Catherine qui proposa de tenter le vainqueur par des présents, et réussit à obtenir des conditions honorables pour le vaincu en sacrifiant ses pierreries et ses fourrures.

Cette figure aux traits fermes et nets a cependant ses imperfections ; cette médaille frappée à l’antique a son revers. Ôtons à la czarine son manteau impérial, et nous verrons la femme tour à tour adultère, livrée à la boisson comme le dernier de ses soudards, meurtrière enfin à deux reprises, par ambition d’abord, par un amour aveugle ensuite. Pierre le Grand vivait encore lorsque Catherine éprouva une passion coupable et violente pour un gentilhomme de la chambre impériale. Ce jeune homme était d’origine française et se nommait Moens de la Croix. Pierre eut vent de l’intrigue ; il fit décapiter l’amant de sa femme et planter sa tête sur un pieu au milieu d’une place publique. Il poussa plus loin encore sa vengeance, et obligea la czarine à aller jusqu’au pied de l’échafaud voir l’horrible exhibition. On a soupçonné cette princesse d’avoir poussé le czar à faire mourir son fils Alexis, qui, né d’un premier mariage, fermait aux enfants de Catherine le chemin du trône. Enfin on l’accuse d’avoir, avec Menschikoff, comploté la mort même de Pierre le Grand. Rien, heureusement, ne prouve ce dernier meurtre, si ce n’est la faveur toute particulière dont jouit, dès ce jour, celui qu’on accuse d’avoir été le complice de Catherine. Quoi qu’il en soit, Pierre le Grand étant mort, l’archevêque Théophane déclara que le testament du czar défunt appelait sa veuve à lui succéder, et, sans opposition, Catherine fut reconnue et acclamée impératrice régnante de toutes les Russies. C’était en 1725.

Jusqu’à cette époque de sa vie, Catherine avait montré pour les affaires de l’État un intérêt plein de zèle. Au conseil, au camp, nous l’avons vue pleine d’activité ; tout à coup, à la mort de Pierre le Grand, elle devient indolente, insouciante et se plonge dans la débauche, abandonnant à son amant Menschikoff le soin du gouvernement Le règne du favori, loin d’être fatal à la Russie, lui fut favorable. Menschikoff, à son avènement, abat les potences, brise les roues, adoucit cette justice rendue si terrible par Pierre le Grand et ne suit la politique du dernier czar que pour soutenir les établissements utiles qu’il avait formés, pour mener à fin ceux qu’il avait commencés. Il créa un nouvel ordre de chevalerie, celui de Saint-Alexandre-Newski.

Pendant ce temps, la santé de Catherine allait s’altérant tous les jours davantage par sa vie déréglée. Une hydropisie enfin, attribuée à ses fréquents excès de vin de Tokai, se déclara, et le 17 mai 1727, elle mourut après seize mois de règne.

Catherine de Russie (ORDRE DE SAINTE-), institué par Pierre le Grand, en 1714, en souvenir de la conduite héroïque et de la présence d’esprit de l’impératrice Catherine dans la bataille du Pruth contre les Turcs. À son origine, cet ordre était accordé aux hommes ; mais, en 1797, l’empereur Paul Ier décida qu’il serait exclusivement destiné aux dames du plus haut rang. Il le divisa en deux classes, la grande et la petite croix. La grande croix est tout en brillants; le cordon auquel elle est attachée se porte de droite à gauche, il est de couleur ponceau, liséré d’argent, avec les mots suivants en langue russe : Pour l’amour et la patrie. La décoration porte au milieu un écusson ovale fond blanc, avec l’image de sainte Catherine, vêtue d’une robe blanche et d’un manteau bleu, appuyée sur sa roue, qui est émaillée de rouge et posée sur un tertre vert. Elle a devant elle une croix d’argent. Au revers, on voit un nid de jeunes aiglons au sommet d’une tour élevée, au pied de laquelle sont deux grands aigles qui viennent de saisir des serpents avec leur bec et qui s’envolent vers leurs petits. La plaque de l’ordre, qui a la même décoration, est à huit pans; elle est enrichie de diamants. Sur un écu rond de couleur rouge, qui forme le centre, se trouve le diadème impérial. Les dames grands-croix portent ces insignes sur le côté gauche de la poitrine. La décoration de deuxième classe est de même forme, mais plus petite et moins richement garnie de diamants. L’impératrice est grande maîtresse de l’ordre. La fête a lieu le 25 novembre.


CATHERINE II, surnommée la Grande, impératrice de Russie, née le 2 mai 1729, à Stettin (Poméranie), dont son père était gouverneur au service de la Prusse, morte en 1796. Elle était fille de Chrétien-Auguste, souverain du petit État d’Anhalt-Zerbst, et de Jeanne-Élisabeth, princesse de Holstein-Gottorp. Ses véritables noms étaient Sophie-Auguste-Frédérique d’Anhalt-Zerbst. Fiancée en 1744 (l’union ne fut célébrée que l’année suivante) à son cousin le duc Charles-Pierre-Ulric de Holstein-Gottorp (que sa tante la czarine Élisabeth avait adopté comme héritier), elle embrassa la religion grecque et prit le nom de Catherine Alexeïewna. Il fut stipulé dans le contrat qu’elle succéderait au trône, si son époux mourait sans héritier. Rien n’annonçait encore dans cette jeune princesse vive, enjouée et légère, la femme extraordinaire qui devait étonner le monde par l’énergie de son caractère, la grandeur de ses entreprises et le scandale prodigieux de ses galanteries.

Toutefois, au milieu des fêtes et des frivoles divertissements de la cour, cette enfant de race étrangère, par une prévision qui peut sembler extraordinaire, nourrissait déjà l’espérance de régner un jour sur la Russie. Elle écrit dans ses curieux mémoires : « À mesure que ce jour s’approchait (son mariage), je devenais plus mélancolique. Le cœur ne me prédisait pas grand bonheur : l’ambition seule me soutenait, j’avais au fond de mon cœur un je ne sais quoi qui ne m’a jamais laissé douter un seul moment que tôt ou tard je parviendrais à devenir impératrice souveraine de Russie, de mon chef. »

Et ailleurs : « En entrant en Russie, je m’étais dit : Je régnerai seule ici. » Aussi, à peine arrivée, elle se mit activement à étudier la religion grecque et la langue russe, les deux instruments essentiels pour réussir auprès de cette nation sur laquelle elle aspirait à régner. Elle s’attacha aussi, malgré les inimitiés dont elle était entourée, à plaire à l’impératrice et à toutes les personnes influentes. Comme tous les grands ambitieux, elle savait se plier à tout, assouplir son orgueil et ramper en quelque sorte pour préparer plus sûrement son élévation. En même temps, elle formait son esprit et trempait son caractère viril par les lectures les plus sérieuses, l’Esprit des lois, Bayle, Plutarque, Voltaire, Tacite, etc. La femme cependant ne cessait d’être séduisante et de garder les dehors de la plus aimable frivolité. Éloignée par une antipathie profonde du grand-duc son époux, dont l’humeur était fantasque et grossière, vivant dans une cour que l’exemple de la souveraine entraînait dans la corruption, elle ne tarda pas à s’abandonner à des dérèglements qui plus tard devinrent pour elle un moyen de se former un parti. On peut, si l’on n’est pas d’une extrême sévérité sur ce chapitre délicat des mœurs, lui trouver une excuse dans cette circonstance que son époux, à demi fou, presque toujours ivre, non-seulement n’avait jamais montré pour elle qu’un bru-