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dés mois avec le nombre de leurs jours, et l’intercalation bissextile. Toutefois, en fixant l’année solaire à 365 jours 6 heures, César îui avait donné une longueur trop grande de lt minutes 10 secondes 4/10, ce qui donne une différence d’un jour entier en 130 ans. Avec le temps, cette erreur produisit une perturbation entre l’ordre des fêtes et celui des saisons, par suite de laquelle, au xvie siècle, les jours et les mois se trouvèrent en retard de 10 jours entiers sur l’époque des mouvements du soleil et de la lune. Une nouvelle réforme était donc nécessaire. Elle fut accomplie en 15S1 par le pape Grégoire XIII, d’açrès les avis de l’astronome italien Louis Lilio. Afin de regagner les jours en retard, il fut ordonné que le lendemain du 4 novembre 1582 serait le 15, et ainsi de suite ; et, pour empêcher le retour du même fait, on convint de retrancher à l’avenir trois bissextiles dans l’espace de 400 ans. Dans le but de donner ïïe la régularité à cette diminution dans le nombre des intercalations, il fut décidé que l’on supprimerait les bissextiles dans toutes les années séculaires dont le nombre dénominateur ne serait-pas divisible par 400. D’après cela, l’an •1600 fut bissextil, tandis que les années 1700 et 1800 ne le furent point. L’an 1900 ne sera pas non plus bissextil, mais l’an 2000 le sera. Le nouveau calendrier reçut le nom de calendrier grégorien. Il fut adopté par tous les peuples catholiques, mais les nations protestantes le rejetèrent pendant longtemps, probablement a cause de son origine pontificale. Les Anglais ne s’y conformèrent qu’en 1752, époque a laquelle ils comptèrent le 14 septembre le lendemain du 2. Aujourd’hui, il n’y a plus que les Russes et les chrétiens du’rit grec qui persistent à se servir du calendrier julien. Il en résulte qu’ils se mettent do plus en plus en arrière sur les autres peuples, en continuant de compter les bissextiles supprimées par ces-derniers. Actuellement, leurs dates retardent de 12 jours sur les nôtres, en sorte que lorsque nous sommes au 1er janvier, -, }s ne SOT, t encore qu’au 20 décembre, et, pour s’entendra avec nous, ils sont obligés d’inscrire concurremment les dates selon les deux calendriers, le calendrier grégorien ou nouveau style, et le calendrier julien ou vieux style.

Un calendrier grégorien se compose ainsi qu’il suit : 10 quantième ou ordre des jours, pour chaque mois dans l’ordre déterminé, commençant par le mois de janvier ; 2° noms des jours de ia semaine ; 3" éponymie des saints et fêtes pour chacun de ces jours. A ces éléments d’un usage universel se joignent quelques indications : les unes purement as’ tronomiques, les autres destinées à faire connaître le jour de la fête de Pâques et des autres fêtes mobiles. V. comptjt.

L’importance du calendrier grégorien nous fait un devoir d’exposer son mécanisme avec . quelques détails. L’année commence au ver janvier, et le 1er janvier commence lui-même à l’heure de minuit qui précède le lever du soleil, 79 ou 80 jours avant l’équinoxe du printemps. Quelques peuples font commencer le jour, non à. minuit, mais à l’heure du coucher du soleil. L’année s’ouvre donc chez eux à l’instant qui pour nous est le 31 décembre, vers quatre heures un quart du soir. Pourquoi ce jour du ter janvier, que ne signale aucun événement astronomique, a-t-il été adopté pour le premier de l’an ? Parce que cela a plu à Numa Ponipilius, qui lui-même voulait plaire au dieu Janus, dieu éminemment propre, par le

Frivilége de son double visage, à surveiller écoulement du temps. On a divisé l’année de trois manières distinctes, qui ne concordent pas entre elles : la division en 365 jours, la division en 52 semaines, la division en 12 mois. Nous avons suffisamment expliqué, au mot année, et dans le présent article, le long enfantement de la division en 365 jours. Une série de 7 jours compose le groupe divisionnaire suivant, appelé semaine. Pourquoi la semaine est-elle de 7 jours ? C’est, répond l’Église, en mémoire des 6 jours que Dieu consacra à l’édification de l’univers, et du septième qu’il prit pour son repos. C’est, ajoute la science moderne, parce que la période hebdomadaire représente le quart d’une lunaison, à peu près la durée d une phase lunaire. Ainsi, pendant que le soleil crée l’année, c’est la lune qui crée la semaine, cinquante-deuxième partie de l’année. Quand on

dit cinquante-deuxième partie de l’année, c’est une façon de parier que l’esprit, pressé par le besoin de logique, a imposée au langage, car si l’année se composait de 52 semaines juste, elle ne dépasserait pas 364 jours, tandis qu’elle en compte 365 ou 366. C’est pour cela qu’elle ne débute jamais deux fois de suite par des jours de même nom. Le jour oui commence une année quelconque est, — dans l’ordre hebdomadaire, le lendemain ou le sur lendemain de celui qui a ouvert l’année précédente, selon que cette année a été commune ou bissextile. Exemples ; i° Le premier jour de l’année bissextile (de 366 jours) 1864 était un vendredi. Si, à partir de cette date, on compte 52 semaines, chaque semaine doit toujours commencer car un vendredi et finir par un jeudi. Le deraier jour de la cinquantedeuxième semaine, qui est en même temps le 364e de l’année, sera donc un jeudi ; par suite le 365» sera un vendredi, le 366e un samedi, $i le 1er janvier 1865 vin dimanche. Par un raisonnement identique, on voit que, l’année 1866 commençant un dimanche, son 364e jour

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sera un samedi, son 365" un dimanche, et ’le 1er de l’an 1866 un lundi, etc. On sait que le premier jour de la semaine est désigné parle nom du Seigneur (dies dominica, dimanche), et que les six autres jours portent les noms dé six planètes. Les mois de notre calendrier sont distribués comme il suit :

Jour». Jours.

Janvier 31 Juillet..... 31

Février.... 28 ou 29 Août....... 31

Mars 31 Septembre.. 30

Avril 30 Octobre.... 31

Mai. 31 Novembre.. 30

Juin 30 Décembre.. 31

Pour aider a retenir le nombre de jours affecté à chaque mois^ on donne la règle suivante : Fermez la main, et, sans tenir compte du pouce, comptez les mois par les racines des quatre doigts et par les trois creux qui les séparent, en comptant l’index pour janvier, le creux suivant pour février, le médius pour mars, etc., et en recommençant la série à l’index lorsqu’elle est épuisée. Tous les mois qui tomberont sur les doigts auront 31 jours, et ceux qui tomberont dans les intervalles n’en auront que 3.0. Il faut toutefois excepter le mois de février, qui n’a que 28 jours dans les années communes, et 29 dans les années bissextiles. Le moyen âge nous a laissé des calendriers dont la forme matérielle mériterait l’attention des curieux. Dans l’un d’eux, on remarque, au milieu de chaque colonne, une petite miniature qui rappelle une circonstance de cette partie de l’année. Ainsi, un jeune homme portant un flambeau signale la Chandeleur. En mars, on voit un jardinier ; en avril, un jeune homme tenant une fleur ; en mai, un chevalier le faucon au poing ; en juin, deséchalas pour la vigne ; en juillet, la fenaison ; en août, les moissons ; en septembre, les semailles ; en octobre, les vendanges ; en novembre, la vente des porcs, et en décembre, un cheval qu’on ferre. Au siècle dernier, on trouva un singulier calendrier en démolissant un pignon du château de Couedic, en Bretagne. C’était un morceau de bois de cinq pouces et demi de long, sur trois de large et six lignes d’épaisseur. Ce calendrier avait deux faces, dont chacune était divisée en six parties, correspondant aux douze mois de l’année. Sur chacune de ces parties se trouvaient autant de points que le mois qu’elle renfermait contient de jours, et ces points étaient accompagnés de caractères ou de marques servant à indiquer les principales fêtes de l’année. Comme les fêtes ainsi désignées étaient toutes fixes, on n’avait pas besoin de le renouveler chaque année, et il pouvait servir indéfiniment. L’absence complète de noms et de figures donnait à ce ca- , lendrier une grande ressemblance avec ceux I de Norvège appelés primstafs, qui, servaient

! de fastes aux peuples de ces pays-là, et où

les fêtes principales n’étaient désignées que par des traits et des points, souvent très-dissemblables entre eux. Le moine qui avait

imaginé le calendrier dont nous parlons s’était avisé d’un expédient assez ingénieux pour distinguer les fêtes entre elles—Celles de Jésus-Christ étalent marquées d’une croix ;

celles de la Vierge d’une fleur de lis ; comme saint Jean est toujours représenté avec un calice, l’auteur lui avait conservé cet attribut ; saint Pierre avait sa clef, saint Eloi son marteau, saint Laurent- son gril, et ainsi de suite pour les autres. C’était la symbolique du moyen âge, telle qu’on la voit dans la sculpture des cathédrales.

Aujourd’hui, nos calendriers illustrés sont ornés de mauvaises gravures qui n’ont aucun cachet artistique ; il n’en était pas ainsi durant les deux derniers siècles. On peut en trouver de magnifiques dans la collection Gaignières. « S ils sont gravés quelquefois d’une façon un peu sauvaga, dit M. Feuillet de Couches, il en est aussi beaucoup d’excellents, de très-curieux. C’étaient de grandes pancartes où le calendrier occupait un très-petit espacéet laissait le reste de la feuille a une vaste composition représentant un ou plusieurs sujets de l’histoire de l’année précédente. Quatre ou cinq artistes différente exécutaient tous les ans de ces sortes d’almanacbs, dont il paraissait une vingtaine par année. Une collection un peu complète de calendriers historiés constituerait un recueil des plus pré| cieux documents en portraits et en scènes historiques. >

— Calendrier de l’ordre du Temple. Les templiers avaient adopté un calendrier qui avait beaucoup d’analogie avec celui des Juifs. Ils faisaient commencer leur ère à la fondation de l’ordre ; leur année lunaire commençait à la lune de Pâques et se composait de 12 mois dans les années ordinaires et de 13 avec le mois intercalaire. C’étaient nisan, tab, sivan, tammuz, aab, elul, tischri, marschevan, cisleu, tébeth, sehebet, andar et veadar, mois intercafaire. Lorsque, en 1810, l’ordre du Temple tint une assemblée, il remit en vigueur ce calendrier, et le procès-verbal qui fut-dressé le 18 mai à cette occasion est daté de cette manière.


— Calendrier musulman. Les musulmans

se servent d’une année rigoureusement lunaire, qui se divise en 12 mois, et se compose, dans chaque période de 30 ans, dix-neui fois de 354 jours et onze fois de 355 jours. Les années de 355 jours, ou années extraordinaires, sont les 2C, 5", 7.e, 10e, 13», 16e, îge, 2ie, 24e, 26e et 290 de la période. Voici les noms et l’ordre de succession des 12 mois : premier

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moharrem, deuxième sapkar, troisième rébi/r el-ewwel, quatrième réby-el-sàny, cinquième djoumadi-et-ewwel, sixième djoumadi-et-sany, septième redjeb, huitième schaban ? neuvième ramadkan, dixième schewal, onzième doulkaadah, douzième doulhedjak. En raison même de la nature de l’année, les mois parcourent toutes les saisons, en rétrogradant, dans l’espace de trente - trois ans. De plus, comme l’année et les mois doivent commencer avec une nouvelle lune, et aussitôt après la premier» apparition de cet astre, il en résulte de grandes variations dans la longueur respective des mois, et même des erreurs sur la véritable époque de leur commencement,

Suisque la justesse.des observations dépend e ta disposition des localités ou de circonstances accidentelles, comme ur. nuage, une montagne, qui peuvent empêcher d’apercevoir le phénomène. Aussi n’est-il pas rare que le mois commence dans une ville plus tard ou plus tôt que dans une autré : il y a souvent une différence d’un jour ou deux, quelquefoismême de trois. Par suite de cet usage, si, dans une date musulmane, on n’indique pas le jour de la semaine, il est impossible d en donner avec précision le correspondant julien ou grégorien.


— Calendrier républicain. Les motifs de

son établissement furent non-seulement de corriger les erreurs du calendrier grégorien, mais encore de marquer l’ère nouvelle dans laquelle entrait la France, et de créer un c«lendrier purement civil, et qui, n’étant subordonné aux pratiques d’aucun culte, convint également à tous.

La Convention chargea son comité d’instruction publique de cette réforme, à laquelle coopérèrent Homme, le principal auteur de cette nouvelle division du temps, Lagrange, Monge, Dupuis", Guyton de Morveau, enfin Lalande et les géomètres et astronomes de l’Académie des sciences, qui furent consultés.

Homme présenta le projet à la Convention le 20 septembre 1793. Il fut adopté le 5 octobre suivant, sauf la nomenclature des n^ois et des jours, qui auraient porté des noms particuliers, comme régénération, jeu de paume, bastille, niveau, bonnet, pique, etc. L’Assemblée préféra la dénomination ordinale, premier, deuxième, troisième, etc. L’année était divisée en 12 mois de 30 jours chacun, et complétée par 5 jours épagoménes ou surajoutés (6 dans les années sextiles). La semaine, qui ne mesure exactement ni les lunaisons, ni les mois, ni les saisons, ni l’année, et qui ne rappelle que les superstitions astrologiques de la haute antiquité, fut supprimée, et le mois divisé en trois décades ou fractions de 10 jours ; enfin, le jour fut divisé en dix parties, et chaque partie en dix autres, pour compléter le système de numération décimale. Mais cette dernière disposition, ajournée à cause des changements qu’elle nécessitait dans l’horlogerie, ne fut jamais appliquée. Le commencement de la nouvelle ère lut fixé au 22 septembre de l’année précédente (1792), jour de la proclamation de la république, et par un accord singulier, jour ou le soleil arrivait à l’équinoxe vrai d automne. Ce jour fut donc le premier de la première année républicaine (les années suivantes, le premier tombait tantôt au 22, tantôt au 23 ou au 24 septembre). Avant la confection du calendrier, l’Assemblée avait fixé par décret le commencement de la seconde année républicaine au 1*» janvier 1793, réduisant ainsi la première année à 3 mois et quelques jours, afin de pouvoir reprendre l’ordre du calendrier ancien. Elle annula nécessairement cette disposition en adoptant le projet de Romme, et décida que les actes déjà datés de l’an II et passés de janvier au 22 septembre 17S3 seraient regardes jomme appartenant à la première année de la République. Il est donc nécessaire de ne pas oublier cette circonstance quand on rencontre des dates historiques se rapportant à cette période.

Bientôt on sentit ce qu’avait de confus et de.vicieux l’emploi exclusif de la dénomination ordinale. C’est ainsi, par exemple, qu’on était obligé de dire : le premier jour de ta première décade du premier mois de la première année... On sentit qu’il fallait donner quelque chose de moins abstrait à l’âme populaire, qui se nourrit surtout d’images et de symboles ; et, tout en conservant la base scientifique de Romme et des mathématiciens, on chargea cette fois un poëte, l’ingénieux Fabre d Eglantine, de trouver une dénomination caractéristique pour les mois et les jours. Fabre présenta son rapport le 25 octobre. Sa nomenclature est basée sur la nature elle-même, qui raconte eu quelque sorte, dans la langue charmante de ses fruits et de ses fleurs, toutes les phases de l’année. L’ensemble formait comme une sorte de manuel de travail pour l’homme des champs, un code d’instruction rurale. Les noms des mois, très-expressifs et très-harmonieux, étaient tirés de la température ou de ta récolte de l’époque correspondante : vendémiaire (de vindemiat, vendanges) ; brumaire, temps des brouillards et des brumes basses dans les régions moyennes de la France ; frimaire, des froids ou frimas ; nivôse (de nix, niais, neige) ; pluviôse, temps où la pluie tombe généralement avec le plus d’abondance ; ventôse, époque des giboulées et des vents ; germinal, moment de la fermentation de la sève et de la germination des semences ; floréal, appellation charmante du temps où les fleurs commencent à s’épanouir ; prairial, où

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les prairies, dans toute leur beauté, sont abattues par la faux ; messidor {messis, moisson), où les épis dorés couvrent les ’champs ; thermidor, temps de la chaleur et des bains ; fructidor (fruclus, fruit), .de la maturité des fruits. Outre leur signification, ces roots avaient aussi, une harmonie imitative dans leurs désinences : pour l’automne (vendémiaire, etc.), un son grave et une mesure moyenne ; pour l’hiver (nivôse, etc.), un son lourd et une mesure longue ; pour le printemps (germinal, etc.), un son gai et une mesure brève ; pour l’été (messidor, etc.), un son sonore et une mesure large. Les jours de la décade s’exprimaient ainsi : primidi ou premier jour, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi. Ces dénominations offraient l’avantage de faire trouver sons effort le quantième. En effet, du moment, par-’exemple, qu’on savait être au tridi, on. n’avait qu’a choisir entre le 3, le 13 ou le 23, et comme on’ sait toujours k peu près si le mois est au commencement, au milieu, ou à la, fin, il était facile de se déterminer. Tous les jours de l’année recevaient, a la place des saints du calendrier romain, les noms des productions de la terre, des instruments aratoires et des animaux domestiques, placés a peu près au temps où les premières se recueillent et où les autres sont employés par l’agriculture. À chaque quintidi ou demi-décade était inscrit un animal domestique, a chaque décadi un instrument. Le mois de nivôse, où la végétation est nulle, était rempli par les substances du règne minéral et par les animaux’utiles a l’agriculture. Les jours complémentaires étaient nommés sans-mlottides, afin d’honorer un nom dont l’aristocratie avait prétendu faire une injure. Ils formaient une demi-décade et étaient consacrés comme fêtes nationales à la Vertu, au Génie, au Travail, à ('Opinion, aux Bécompenses. La fête de l’Opinion était une sorte do carnaval politique pendant lequel il serait permis de dire et d’écrire, sur les hommes publics, tout ce qu’il plairait au peuple et aux écrivains d’imaginer ; c’était une sorte de frein moral contre les abus de pouvoir, qui rappelle l’esclave qui suivait le triomphateur ronfain. La période de quatre ans qui ramène une année sextile était une franciade, et le jour complémentaire, qu’il était nécessaire d’ajouter aux cinq autres, était la sans-culottide par excellence. Il devait alors se célébrer des jeux en l’honneur de la Révolution. Plus tard on ajouta des fêtes décadaires.

Le calendrier républicain fut en vigueur jusqu’au 1er janvier 1806, c’est-a-dire pendant

12 ans 2 mois 27 jours, à dater du jour où il fut adopté (5 octobre 1793), et sans compter l’année qui s’était écoulée depuis l’établissement de la République et qui fut désignée, à posteriori, comme la première do l’ère nouvelle. C’est ce qui fait qu’on était entré dans l’an XIV lors de la suppression.

Avant même d’être empereur, Napoléon était bien résolu à sacrifier a la cour de Rome le calendrier national, dont il avait lui-même illustré tant de dates. En avril 1802, la loi relative à la réorganisation des cultes détermina dans un de ses articles que le repos des fonctionnaires publics serait fixé au dimanche. Le

13 floréal suivant (3 mai), un simple arrêté des consuls prescrivit que les publications de mariages ne pourraient avoir lieu que le dimanche. Cette substitution de la semaine à la décade était un pas considérable vers la restauration intégrale du calendrier grégorien. Enfin, le 15 fructidor an XIII (2 septembre 1805), Regnaud de Saint-Jean d’Angely et Mounier, orateurs du gouvernement, présentèrent aux délibérations du sénat un projet de Sénatus-consulte qui replaçait purement et simplement les choses en l’état où elles étaient avant la loi du 5 octobre 1793. Les orateurs officiels ne dissimulaient point d’ailleurs les imperfections de l’ancien calendrier, que personne, disaient-ils, n’oserait aujourd’hui proposer, s’il était nouveau, mais qui a pour lui la puissance de l’habitude et l’avantage d’être commun à presque toutes les nations de l’Europe. Le sénat nomma pour la forme une commission, qui choisit pour rapporteur l’illustre Laplace : et le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), le projet du gouvernement impérial fut ratifié sans discussion. Le calendrier romain fut officiellement rétabli le i«r janvier suivant (1806), qui correspondait au il nivôso de l’an XIV. Cet an XIV n’avait eu qu’une durée de 100 jours.

Nous allons maintenant donner les’tables de concordance des deux calendriers, afin qu’on puisse retrouver sur-le-champ les dates vulgaires des nombreux événements, tragiques ou glorieux, U^ui ont-marqué cette période de notre histoire nationale. Ces tables commencent naturellement à l’an II, puisque dans la première année républicaine le calendrier n’était pas constitue, et on y comptait encore d’après l’ancien calendrier, en ajoutant simplement première aimée républicaine. Nous mettrons, comme simple objet de curiosité, les noms de fruits, de fleurs, etc., qui avaient remplacé les saints, il est inutile de faire observer que ces noms sont les mêmes pour toutes les années et que, conséquemment, il n’est pas nécessaire de les faire figurer plus d’une fois. Pendant la réaction anticatholique, sous la l’erreur, un certain nombre de révolutionnaires substituèrent à leur nom de baptême le nom de légume, de fleur ou de

fruit, etc., qui.correspondait à la date delà fête de leur patron ; ainsi, le général Doppet