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sèment continuée et que nous continuons plus. niaisement encore, n a pas été interrompue, même lorsque les chevaux des cosaques rongeaient les arbres des Champs-Élysées et que les dames du grand monde s égaraient au bois de Boulogne avec nos amis les ennemis.

Toutefois, les splendeurs de la semaine sainte ont pâli. Grâce aux embellissements du bois de Boulogne et à la multiplication des voitures, les Champs-Élysées et le bois sont devenus, dans ces dernières années, une sorte de Longchamps perpétuel. La promenade brillante qui durait trois jours dure maintenant toute l’année ; aussi, quand revient la date tant célébrée autrefois, la promenade do Longchamps, du mercredi saint au vendredi saint, ressemble, à peu de chose près, à celle des autres jours de l’année. Quelques fiacres de plus, voilà tout ; ajoutez quelques industriels qui affichent leurs noms et leurs adresses sur des véhicules bariolés, quelques esclaves de la routine grelottant de froid et d’ennui sous leurs grotesques costumes de carnaval. Longchamps passe maintenant sans produire de variations appréciables dans les modes, et ce n’est plus là que les tailleurs, les couturières et les modistes viennent s’inspirer des goûts nouveaux. Il y a peut-être bien encore des provinciaux qui attendent la mode de Longchamps pour se commander un pantalon ; mais leur déception est énorme lorsqu’un chroniqueur bien informé leur apprend, par la voie du journaL que le chapeau se met toujours sur la tète et l’habit par-dessus le gilet, que les pantalons d’aujourd hui ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’an dernier, avec cette seule différence qu’ils sont plus neufs. Nous qui n’habitons point Carpentras ni la Cannebière, nous n’avons plus d’illusions à nous faire : Longchamps se meurt, Longchamps est mort, Longchamps n’est plus qu’un souvenir et qu’un fantôme ! La signification spéciale de l’institution est perdue. D’ailleurs, trois jours, pour le Paris nouveau, ne suffisaient plus à la glorification des parvenus et des courtisanes ; les plates vanités et le vice triomphant ont voulu que la fête durât du 1er janvier au 31 décembre. Aller au bois est aussi indispensable au dandysme parisien, que la promenade à Longchamps au beau monde d’autrefois. Dès les premières invitations du printemps, le gala des voitures et des cavaliers commence donc son défilé dans l’avenue des Champs-Élysées jusqu’au bois de Boulogne. Quel empressement I quelle foule, à pied, à cheval, en voiture ! Certains jours, le spectacle est féerique ! tous les heureux, tous les comblés, tous les repus de la veille, dénient là en quelques heures ; la cour y montre aussi ses splendeurs, mais en tenue simple et digne, comme pour donner une leçon aux Phrynés de chrysocale.

Aux puissances du jour fait cortège tout ce que Paris a de riche, de jeune, d’amoureux, de beau, toutes les parures et toutes les souillures, toutes les hontes qui s’étalent, tous les fronts qui se vendent, toutes les turpitudes qui s’achètent. Laitière Laïs, toute couverte de diamants, vole dans un brillant équipage, écrasant de son faste la grande dame dont elle dévore la dot, couchant en joue les hommes en place et les financiers. Les filles d’Opéra, les danseuses, les actrices, les biches en activité et les cocottes en demi-solde, s’élancent Ïiimpantes, rayonnantes, le bouquet au sein, a jupe étalée, le sourire aux lèvres, faisant envie à la bourgeoise demi-décente qui pare l’adultère de couleurs trompeuses, et qui usurpe l’estime dont elle est indigne ; faisant envia à la fillette éblouie, suspendue au bras du piéton et qu’une nuance sépare encore de la courtisane ; faisant envie à la modiste éprise du luxe et du plaisir, et qui n’attend qu’une occasion de quitter Arthur pour un prince on o/f et pour devenir une dame du lac accomplie. Il est des métamorphoses surprenantes parmi ces femmes emportées par le tourbillon mondain et qui, comme des nuées de sauterelles, vont s’abattre sur le bois de Boulogne ; elles montent et descendent, selon que le hasard leur amène des imbéciles plus ou moins riches. Le caprice, l’engouement, des rapports inconnus, hideux le plus souvent, font que la petite fille dédaignée la veille, et qu’on ne regardait pas, est préférée h toutes ses compagnes. Elle roule tout à coup en voiture à la Daumont dans cette même avenue où ses regards sollicitaient vainement, hier encore, des adorateurs de passage. Le commis, l’étudiant, qui lui donnait pour régal une côtelette dans sa mansarde, la voit passer triomphante et n’en peut croire ses yeux. L’autre, qui hier menait elle-même, aux applaudissements de ses adorateurs, sa Victoria ou son panier, retombe aujourd’hui dans la misère ; après avoir mené un train de duchesse, elle devient, dans son abjection, le lot du laquais qui la servait naguère. Autour de ces créatures qui apparaissent, brillent et s’éclipsent dans une atmosphère de poudre de riz, de truffes et d’absinthe, autour de ces échappées de caboulot devenues beautés à la mode, autour de ces héroïnes de petits théâtres qui font prime sur’la place et de ces bayadères du Château des Fleurs qui plument fa poule aux œufs d’or en levant la jambe à hauteur de l’œil, autour de toutes ces drôlesses et de toutes ces princesses, filles de portiers et danseuses légères, dames aux camellias et pinceuses de cancan, femmes à barbe et filles de marbre, ou de plâtre, ou de boue, vertus à vingt francs et vertus à cent mille frani’R, autour de ces phalènes maquillées et

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musquées, autour de ces papillons de jonr et de nuit que le Champagne enivre, que les chiffons affolent, que l’or attire, que le gaz brûle, que l’hôpital réclame, que le ruisseau attend, bourdonne tout un essaim de jeunes hommes dont la destinée ressemble beaucoup à la leur. Les voyez-vous parader à cheval, prêtant l’oreille à l’argot de ces tapageuses et de ces noceuses ? Certains les envient ; ne sont-ils pas brillants, jeunes, fêtés ? D’autres les méprisent, ces gandins et ces cocodès, stupides rejetons des muscadins et des merveilleux, millionnaires éphémères qui croquent en six mois la fortune paternelle. Biches et gandins, cocottes et cocodès sont bien faits pour s’entr’aider à culbuter dans l’égout que cache la splendide végétation du bois. La hnance et la Bourse envoient aussi d’assez gros contingents a la promenade du Paris moderne. Mondor y vient toujours montrer son ventre et son ennui, et plus d’une Mme Angot y fait ruisseler ses diamants et piaffer ses quatre chevaux. La foule est d’ailleurs mêlée, depuis le sénateur dont la calèche miroite au soleil, jusqu’au petit rentier qui se pavane avec sa maisonnée dans un cabriolet de remise ; depuis le poète qui, à l’écart, cherche une rime rebelle, jusqu’au brillant sportman qui passe comme un trait dans un nuage de poussière ; depuis le jockey qui tient fièrement en laisse quelque cheval de race jusqu’au valet emmitouflé dans sa lévite à fourrures et qui promène gravement sous son bras quelque chien de bonne maison. Bien des caricatures seraient à esquisser çà et là, de nombreux ridicules seraient à peindre ; mais qui de vous nèfles a vus ? qui de vous ne les a devinés ? Il y a, par exemple, dans cette foule qui passe bruyamment, certaine classe de cavaliers intermittents qui, voués à l’omnibus toute la semaine, montent à cheval le dimanche ; ceux-là veulent aussi aller au bois. Les cavaliers dominicaux veulent a tout prix éblouir les actrices des Délassements-Comiques ; à cet effet, ils ne manquent point, en arrivant près de ces dames, de donner à leur monture de louage un petit nom de familiarité : « Allons, Castagnette... ; allons, Ténébreux... » 11 y a encore le petit monsieur qui tripote tous les jours à la Bourse sur la mort, la fuite ou l’abdication des monarques étrangers. Le dimanche venu, il loue un coupé, homme et bêtes, à trois francs l’heure ; le cocher endosse pour la circonstance une redingote à rotonde et met à son chapeau un galon de trois doigts surmonté d’une cocarde jaune, et en cet équipage on roule vers la porte Maillot. Le cocher est baptisé John et reçoit une haute paye de dix francs pour appeler son maître monsieur le comte devant les cocottes de haut style ; en doublant la somme, monsieur le comte devient monsieur le duc. Cette innocente supercherie est assez fréquente pour faire supposer qu’elle engendre des félicités inouïes. Le sexe faible a d’ailleurs à sa disposition les mêmes ressources, et il en use. Promenez-vous au bois de Boulogne, écoutez les conversations au café, au restaurant, au spectacle, et vous reviendrez à Paris surpris, étonné qu’il y ait encore au soleil tant de barons et de baronnes, de comtes et de comtesses après une révolution qui, dit-on, a supprimé tous les titres. À vrai dire, le bois de Boulogne est l’endroit par excellence où la vie ennuyée, fiévreuse, incertaine, se montre fardée, insolente et radieuse. Tout y est factice, disposé en trompe-l’œil, tout y est éphémère, tout y est peint, et il semble que les arbres mêmes aient reçu une couche de vernis ; l’illusion et le mensonge y régnent. Salon champêtre où l’on se rend sans se connaître, où l’on se connaît sans se parler, et où l’on se parle Sans se rien dire, le bois de Boulogne est le passe-temps obligé des désœuvrés et des inutiles. Ceux dont les facultés intellectuelles sont entièrement dans les jambes de leur cheval y réussissent à merveille, et impressionnent notamment les vicomtesses de

ruolz errantes aux alentours de la Cascade et les dames du lac en quête d’un Roméo fidèle et surtout généreux. C’est là que la haute prostitution vient narguer le siècle et s’afficher ; c’est là que se cotent les denrées de la galanterie.

Il est encore un autre bois, le bo’13 de Vincennes, que fréquente, aux jours de courses, la bicherie dorée et nauséabonde ; nous en dirons sans doute quelques mots à 1 ordre alphabétique. Mais là, ces petites dames se trouvent moins dans leur élément ; pour arriver à Cythère, il leur faut traverser le faubourg Antoine, où l’on rencontre ces braves et vigoureux ouvriers-se promenant en menuisiers, leur scie sous le bras — qui, d’une voix de Stentor, crient à ces dames du lac ; «Et du painl — As-tu fini ?

— La Morgue n’a pas faim. — Et ta sœur ? » Ces rudes paroles sonnent moins agréablement à leurs oreilles que les cliàâmante, adoûble, paole tFhonneu, que leur susurrent les incoyablés dégénérés du bois de Boulogne. Et puis, en traversant le dur faubourg, elles sont quelquefois exposées, elles le savent bien, à frôler de la roue de leur rapide voiture les haillons des vieux parents qu elles ont abandonnés, ou ceux d’une jeune sœur restée sage et pauvre. À quoi bon courir la chance de rencontres si peu agréables ? Aussi, on le comprend, la cocotte déserte bravement cette promenade, et nous l’en félicitons (le bois de Vincennes).

Boulogne (le dois ne), comédie en un acte, de Legrand et Dominique, suivie d’un divertissement, représentée à la foire Saint- ~ BOUL

Laurent, le Î4 juillet 1723. Cette pièce, qui n’est quune fantaisie, atteste que nos aïeux recherchaient volontiers le bois de Boulogne lorsqu’ils voulaient prendre leurs ébats loin des regards indiscrets, À défaut de cascades, de lacs, de champ de course et de restaurants renommés, ils y trouvaient tout l’assaisonnement des plaisirs champêtres. Le fond de la pièce n’a rien de particulier. Pantalon et le docteur, par l’entremise d’une vieille tante qu’ils ont gagnée, engagent les deux nièces de cette charitable personne à se trouver au bois de Boulogne, ou une collation sur l’herbe les attend. Arlequin et Trivelin, valets de Lélio et de Mario, amants privilégiés de ces demoiselles, concertent avec ces dernières et leurs ma1tre3 un bon tour pour désabuser la vieille tante, trop entichée des deux vieux céladons. Ce bon tour n’est autre que celui qui se retrouve dans une foule de farces de cette époque, notamment dans les Vendanges de Suresnes et Monsieur de Pourceaugnac. Quant au dénoùment, il est aisé à prévoir : les vieillards sont trompés comme toujours, et à leur nez et à leur barbe, leurs jeunes rivaux sont heureux et vainqueurs. Nous ne rappelons cette bluetts que comme un renseignement ajouté à l’article qui précède.

BOULOGNE (Étienne-Antoine de), prélat français né à Avignon en 1747, mort à Paris en 1825. Ordonné prêtre en 1771, il acquit quelque réputation par ses succès dans la prédication et dans les concours académiques, vint à Paris en 1774, encourut l’inimitié de Christophe de Beaumont, l’irascible archevêque de Paris, qui le frappa d’interdiction. Quelque temps après, il remporta le prix pour Y Éloge du Dauphin (1778), prononça devant les académiciens le panégyrique de saint Louis, prêcha à la cour en 1783, fut attaché successivement à divers évêchés-, pourvu d’une abbaye, et nommé, en 1789, député ecclésiastique de la paroisse Saint-Sulpice à

l’assemblée du bailliage de Paris. Il refusa le serment à la constitution civile du clergé, se cacha pendant la l’erreur, et devint, sous l’Empire, chapelain de Napoléon, puis évêque de Troyes ; mais l’opposition qu’il fit à quelques volontés de l’Empereur lui attira des persécutions, et il fut deux fois enfermé dans le donjon de Vincennes. Louis XVIII le nomma archevêque de Vienne et pair de France. On le compte parmi les bons prédicateurs modernes, malgré les adulations dont ses sermons et ses discours sont parsemés. Ses œuvres ont été publiées en 1827. Il a aussi prêté sa plume aux journaux royalistes et à un grand nombre de recueils religieux.

BOULOGNE (Bon). V. bouixongne.

BOULOIR s. m. (bou-loir). Constr. Instrument dont les maçons se servent pour remuer la chaux qu’ils éteignent, et pour pétrir le mortier.

— Tecbn. Instrument de tanneur pour remuer les peaux, il Vase en cuivre dans lequel l’orfèvre déroche, c’est-à-dire nettoie son ouvrage.

— Pêch. Syn. de bouille.

BOULOIKE, petite ville de France (Sarthe),

ch.-l. de canton, arrond. et à 18 kilotn. N.-O. de Saint-Calais ; pop. aggl. 887 hab.— pop. tôt. 2,215 hab. Récolte de céréales, chutaignes, fruits, chanvre, etc. Fabriques de toiles, extraction de grès, élève de quelques poulains. Antique château, jadis considérable, ruiné en grande partie par un incendie en 1681.

BOULOIS s. m. (bou-loi). Art milit. Morceau d’amadou qui communique lo feu au saucisson d’une mine.

boulon s. m. (bou-lon). Techn. Pièce de fer terminée par une tête à l’un de ses bouts, et serrée à 1 autre par une clavette ou un écrou, servant généralement à maintenir deux pièces au contact, il Ornement en saillie et de forme semi-globulaire que l’on place, soit isolément, soit par groupes, sur les meubles, vases et ustensiles, il Vieux et inus. Il Ancien nom des boutons ou clous saillants que l’on fixe sur le plat des riches reliures, pour les préserver, tout en les ornant, des détériorations dues au frottement : Autrefois, chez les princes, les boulons des manuscrits précieux portaient ordinairement les armes du propriétaire gravées, niellées ou émaillées. Il Cylindre qui sert de noyau pour la confection des tuyaux de plomb, il Axe d’une poulie, il Outil de cordonnier, pour rabattre les chevilles de fer. il Pièce d’un métier detissorand.

— Typogr. Nom donné à deux chevilles de fer, qui traversent le sommier et le chapiteau de la presse, et servent à faire monter et descendre le sommier.

— Constr. Chacune des verges de fer qui maintiennent les marches d’un escalier et les préservent de l’écartement.

— Chem. de fer. Boulons d’attelage, Ceux I qui passent dans les barres d’attelage, il

| Boulons de rails. Ceux qui passent dans les coins qui servent à maintenir les rails en place, il Boulons d’éclisses, Ceux qui ont pour objet de fixer les éclisses. il Boulons de suspension, Ceux au moyen desquels on attache les ressorts des véhicules.

— Artill. Pièce de fer qui réunit et maintient les flasques d’un affût de ca.non. il Boulon tourillon, Boulon passé dans le support d’une caronade.

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— Argot. Vol au boulon, Vol qui se pratique en introduisant par les trous de boulons des devantures des lingeries un fil do fer courbé en crochet, pour saisir et amener des pièces de dentelle.

BOULONAIS, AISE s. et adi. (bou-lo-nè, èze). Géogr. Habitant de BouIogne-sur-Mer ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : Les Boulonais. La population doulo* aise : Le cheval boulonais est tout à fait l’opposé du cheval anglais : c’est l’ouvrier robuste à côté de l’élégant dandy. (F. Pillon.) Il On dit

aussi BOULENOIS, OISE.

— Encycl. Art vétér. Cheval boulonais. Parmi les races de chevaux de gros trait, la plus importante est sans contredit la race boulonaise. Non-seulement elle occupe la Somme, le Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure et le Nord, mais on la trouve encore répandue dans la plupart des départements voisins, et partout où il y a de rudes travaux, exigeant chez les moteurs animés une grande puissance. Le foyer le plus pur de cette race est aux environs de Boulogne, de Montreuil, de Béthune, de Saint-Côme et dans la partie occidentale du département du Nord. D ordinaire, les pouliches seules sont conservées dans le pays ; vers l’âge de six à huit mois, les poulains sont vendus aux éleveurs des arrondissements de Saint-Pol, d’Arras, de Péronne, d’Amiens et d’Abbeville. Quelquesuns traversent la Somme et sont élevés dans le Vimeux, le pays de Caux, près du Havre et de Montdidier. Les poulains élevés dans lo Vimeux et le pays de Caux sont connus dans le commerce sous le nom de chevaux du bon pays, parce qu’ils ont été nourris avec les grains et les bons fourrages que produisent la partie septentrionale de la Seine-Inférieure, la partie occidentale de la Somme et le département de l’Eure. Ceux qui vont dans les vallées de l’Aisne et de l’Oise, moins bien alimentés, presque exclusivement nourris de foin, sont appelés chevaux du mauvais pays. Toutefois cette distinction, déjà ancienne, est à peu près inusitée aujourd’hui, parce que les progrès de l’agriculture ont fait disparaître les différences, pour ainsi dire accidentelles, qui l’avaient rendue nécessaire.

Le cheval boulonais nous offre l’un des types les mieux caractérisés de nos races chevalines françaises. La tête est forte, un peu épaisse ; le chanfrein droit ; les yeux petits ; l’encolure très-fournie, élégamment contournée, garnie d’une crinière double, touffue et assez courte ; le poitrail musculeux et très-large ; le garrot épais, quoique élevé ; le dos un peu ensellé, mais avec des lombes larges et courts ; la croupe avalée, double et fortement charnue. Les membres sont généralement très-amples et très-musculeux dans les fiarties supérieures ; il y a de la force dans es articulations du genou et dans les rayons inférieurs garnis de cordes tendineuses très-prononcées ; la tailleatteintfacilementl m. 68 ; le manteau est gris, gris-pommelé, rouan vineux ou bai.

Les chevaux boulonais sont d’un naturel très-docile. Leur croissance est extrêmement rapide : à dix-huit mois, on peut déjà les utiliser aux travaux de l’agriculture ; à cinq ans, ils atteignent tout leur développement. Bien soignés, ils sont d’une force prodigieuse, et, malgré leur poids énorme, ils ont de la légèreté dans les allures. La race boulonaise n’a pas toujours été une race de gros trait ; au moyen âge, elle fournissait des chevaux du guerre très-estimés. Telle qu’elle est de nos jours, ce n’est pas encore une race parfaite ; mais il serait facile de lui donner ce qui lui manque, à savoir, plus de régularité dans les formes et plus de résistance à la fatigue avec moins de besoins. D’après M. Eug. Gayot, pour arriver à ce résultat, il suffirait de verser quelques gouttes de sang pur dans les veines de la race ; mais il faudrait qu’elles fussent versées directement, sans l’intermédiaire d’une troisième race. « Nous ne voulons pas ici, dit-il, de l’anglo-normand, par exemple, qui a une structure trop éloignée 3u cheval de gros trait ; nous ne voulons d’aucun demi-sang quelconque ; nous employons le cheval pur lui-même. Marié à la boulonaise, il donne un produit de demi-sang qui n’est pas le résultat cherché ; l’opération n’est pas complète à la première génération, mais elle offre un point de départ extrêmement précieux, et qu’il faut conserver à l’œuvre entreprise. Le premier mâle issu de cet accouplement (nous supposons qu’en dehors de la question do sang il réunisse toutes les conditions voulues pour faire un bon père), le premier mâle, disons-nous, accouplera d’une manière utile des poulinières boulonaises, dont les filles recevront plus tard avec avantage, soit un premier métis bien réussi, soit un produit ayant encore moins de sang que le fils d’un pur sang. La pouliche née d’un premier mariage, devenant mère à son tour, ne sera pas livréo à un étalon pur, mais à un métis plus ou moins éloigné du demi-sang, ou même à un pur boulonais, si l’influence paternelle a été trop active et extérieurement par trop dominante. Le point où il conviendra de s arrêter est d’autant plus facile à déterminer qu’il ne faut rien perdre, du côté do l’étoffe, de la corpulence de la race. On peut remettre l’étoffe en s’éloignant du sang, sauf à revenir à celui-ci, tant qu’il n’afrir.e pjis les produits au delà de ce que l’expérience dit être utile. ■

Le métissage ainsi entendu peut rendre as-