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quoique prêtre, est plus galant, ce qui n’a rien n’étonnant dans un siècle où l’Art d’aimer étaitcomposè par André le Chapelain, qui, en certaines parties, renchérit encore sur Ovide. Le procédé du Bestiaire d’amour est le même à peu près que celui du Bestiaire divin. L’auteur fait dértler les uns après les autres tous les animaux, et, de l’énumération de leurs qualités, il conclut que sa maîtresse doit l’aimer et lui accorder le don d’amoureuse merci : Certaines comparaisons sont vraiment curieuses, eteussentrendu jalouses les habituées de l’hôtel de Rambouillet. Voici la description du loup, qui donnera une idée des autres : « Il v a trois propriétés du loup qui se retrouvent dans la nature de la femme : le loup a le col si roide qu’il ne le peut fléchir, et qu’il tourne son corps tout d’une pièce ; secondement, il iie prend jamais sa proie auprès de sa tanière ; troisièmement, il n’entre en une bergerie que le plus doucement qu’il peut ; et s’il lui arrive de briser sous son pied quelque branche d’arbre qui fasse du bruit, il s en punie lui-même en se mordant o moult angoisseuseinent le pié. » C’est ainsi que la femme ne peut se donner, tout entière, selon la première nature du loup ; selon la seconde, s’il lui arrive d’aimer un homme éloigné d’elle, son am«ur est extrême, et s’il est près" d’elle, elle n’aura pas l’air de prendre garde à lui ; enfin, selon la troisième nature, si elle laisse trop voir l’amour qu’elle éprouve, elle se punit d’être allée plus loin qu’elle ne voulait, en prenant un ton sévère. » Il continue ainsi, en comparant tour a tour la femme au corbeau, au merle, à l’aspic, au lion, à la tigresse, qui oublie de poursuivre le ravisseur de ses petits en se contemplant dans un miroir. Il lui^dit qu’elle a été prise par l’odorat, ainsi que la licorne, qui s’endort à la douce haleine d’une jeune fille vierge, et se laisse prendre par les chasseurs ; que, de même que le castor poursuivi par les chasseurs sauve ea vie en leur abandonnant sa petite poche remplie de parfum, elle ne peut faire cesser les poursuites qu’en abandonnant son cœur ; et enfin il lui fait honte, par l’exemple du crocodile qui pleure tous les jours ceux qu’il a • dévorés, tandis qu’elle ne ressent pas un remords d’avoir réduit l’homme au désespoir. La dame répond à son tour, et cette contrepartie est la plus fine, la plus ingénieuse, la plus heureusement tournée. « Le loup, ditesvous, aie corps si roide, qu’il ne peut le fléchir et qu’il se tourne tout d’une pièce ; il en est de môme de nous : si nous accordons un peu, il faudra accorder tout le reste. La femme, dites-vous, ne peut se donner que tout entière ; eh bien ! oui, elle doit se donner tout entière, à parfaite loyauté, à honnêteté et à courtoisie. » Elle ajoute qu’elle a besoin d’être sur ses gardes, comme la grue, qui, pour ne pas succomber au sommeil, met dans ses pattes de petites pierres ; suivant elle, c’est l’homme qui est le crocodile, et il ne pleure même pas les femmes qu’il délaisse, qui sont alors forcées de gémir comme des tourterelles. Elle termine en l’appelant renard, en lui disant que vainement i] fait le mort ; elle est sur ses gardes, et ne se laissera jamais prendre à ses finesses...

Si toutes ces applications sont un peu for • cées, si les faits sur lesquels elles s’appuient ne sont pas toujours d’une vérité bien irréprochable, en revanche, il y.a beaucoup d’ingéniosité dans la composition de l’ouvrage et de liaison entre ses diverses parties, ce qui suppose une culture littéraire assez avancée. M. Hippeau a donné dernièrement des éditions très-soignées du Bestiaire d’amour et du Bestiaire divin, qu’il a fait précéder d’une introduction très-intéressante. L’étude des Bestiaires n’est pas moins nécessaire que Celle ’ des Volucraires et des Lapidaires, à celui qui veut étudier le moyen âge : faute de connaître ces allégories symboliques et ce langage tout de convention, la sculpture, la peinture, la poésie même, resteront pour lui lettre morte, et le Roman’ du renard ne sera pas moins indéchiffrable pour lui que les vitraux . ou les sculptures des cathédrales.

— Hist. On comptait trois sortes de bestiaires. Les premiers étaient les criminels condamnés à mort, qu’on réservait expressément pour ce genre de spectacle. Les citoyens romains en étaient exempts ; les brigands, les prisonniers de guerre, les esclaves fugitifs, les chrétiens, tels étaient ceux que l’arrêt du nréteur destinait à cette mort horrible. Renfermés dans une prison, ils attendaient quelquefois un an ou deux le jour des jeux, qui devait être celui de leur mort, ou pour mieux dire de leur libération. La veille, on leur servait un repas splendide, appelé repas de la liberté. « Il y avait à Rome, dit Chateaubriand, un antique usage ; la veille de l’exécution des criminels condamnés aux bêtes, on leur donnait, à la. porte de la prison, un repas public appelé le repas libre. Dans ce repas, on leur prodiguait toutes les délicatesses d’un somptueux festin : raffinement barbare de la loi, ou brutale clémence de la religion : l’une, qui voulait faire regretter la vie à ceux qui l’alitaient perdre ; l’autre, qui, ne considérant l’homme que dans les plaisirs, voulait du moins en combler l’homme expirant. Ce dernier repas était servi sur une table immense, dans le vestibule de la prison. Le peuple curieux et cruel était répandu autour, et des soldats maintenaient l’ordre. » Le lendemain, des chariots emmenaient les victimes dans l’amphithéâtre, où les attendait nue foule im BEST

patiente ; on tes promenait autour des gradins, a la portée des spectateurs, qui les accablaient d’injures ou de vociférations, auxquelles les condamnés répondaient par d’insolentes bravades ou un morne abattement.

Venaient ensuite les préparatifs du supplice. Les uns étaient attachés a une croix, d autres enveloppés dans des filets ; puis on lâchait les bêtes, qui en avaient bientôt fait curée. Quelquefois on jetait une certaine variété dans cet affreux spectacle : un malfaiteur, connu sous le nom de Fils de l’Etna, parce qu’il avait commis ses brigandages dans les environs de cette montagne, tut placé au sommet d’une colline artificielle, qui, s’écroulant soudain, le laissa tomber au milieu de bêtes féroces, cachées à sa base, et qui l’eurent bientôt dévoré. À quelques-uns de ces malheureux on donnait parfois des armes, niais c’était prolonger leur agonie ; ils étaient condamnés sans retour, et, vainqueurs une fois, il leur fallait combattre jusqu à ce qu’ils se vissent enfin vaincus et dévorés. Un jour, un lion vint se coucher aux pieds d’un esclave dace, et, loin de le mettre en pièces, le protégea contre les autres animaux. Cet esclave était le fameux Androclès, dont tous les auteurs anciens ont conté la touchante histoire. Le peuple ne voulut pas se montrer plus cruel que l’animal, et fit grâce à l’esclave fugitif.

Les véritables bestiaires étaient ceux qui se louaient pour combattre les bêtes ; la misère forçait la plupart à embrasser cette profession, déclarée infâme et qui était bien au-dessous de celle des gladiateurs. Quand les sujets manquaient, on enlevait des hommes dans les provinces éloignées, et on les formait à des écoles spéciales, établies à Rome sur le mont Cœlius. Le serment qu’ils prêtaient à leurs maîtres était terrible. « Nous jurons, disaient-ils, d’obéir à notre maître, qu’il nous ordonne de nous laisser brûler, enchaîner, frapper, tuer par le fer ou autrement ; et comme vrais gladiateurs, nous lui dévouons nos corps et nos vies, » serment qu’on savait bien les forcer à tenir, car si, au milieu du combat, ils s’enfuyaient devant la poursuite d’une bête victorieuse, des hommes étaient là qui, à coups de fouet, les forçaient à retourner à une mort presque certaine. Les bestiaires combattaient soit a pied, soit à cheval, selon la nature des animaux qui leur étaient opposés. C’est à cheval qu’ils poursuivaient les daims et les cerfs, les criblant de traita du haut de leurs montures lancées au galop ; c’est à cheval également qu’ils combattaient les taureaux, lutte qui ressemblait à celles qui. se voient encore en Espagne, et dont ces dernières ne sont qu une faible imitation. Mais, la plupart du temps, c’est à pied que combattaient les bestiaires. Plusieurs peintures ou bas-reliefs, entre autres la fameuse mosaïque de la villa Borghèse, nous les représentent ainsi. Ils avaient la tête nue, et pour tout vêtement une légère tunique serrée sur les hanches ; pour chaussure, des bottines montant jusqu’au milieu du gras de la jambe. Les uns avaient des épées courtes et de petits boucliers ronds, les autres des faux, des épiêux, des javelots, des flèches, pour atteindre les animaux qui ne peuvent être frappés que de loin. La magnificence et le luxe s’introduisirent jusque dans ces armes, et, à la fin de l’empire, les bestiaires se servaient presque tous d’épieux d’argent. Il n’était pas d’animaux contre lesquels ne dût s’exercer l’habileté des bestiaires : les lions, les ours de Numidie, les tigres, les léopards se succédaient tour à tour, et la plupart du, temps il fallait engager avec eux un combat corps a corps, presque toujours mortel pour les deux adversaires. Les éléphants étaient les animaux préférés du peuple romain ; ils avaient une manière de combattre qui lui plaisait singulièrement, et on le vit un jour témoigner pour ces animaux vaincus une pitié qu’il n’avait jamais montrée pour des hommes.

il y avait enfin une dernière classe de bestiaires, c’était celle des grands et des patriciens qui, pour plaire aux empereurs, descendaient à ce degré d’abaissement. César avait été le premier à avilir les sénateurs, pour rendre leur opposition moins redoutable ; à force de caresses, il avait forcé le chevalier Labérius a monter lui-même sur le théâtre, et à jouer dans le3 farces qu’il composait. Labérius s’en vengea en mettant ce vers dans son rôle :

Necesse est multos timeat quem multi tlment.

César, pour le punir de cette menace prophétique, se contenta de favoriser son rival Pubhus. Les successeurs de Labérius ne furent pas si scrupuleux que lui, et c’est de gaieté de cœur qu’ils coururent à la honte et h l’ignominie. Sous Auguste, avait eu lieu une chasse où des patriciens figurèrent seuls comme bestiaires. Quand, plus tard, les empereurs descendirenteux-mêmes dans l’arène, quand Néron se fit cocher, quand Commode se fit appeler Y Hercule romain, pour avoir triomphé des bêtes dans l’amphithéâtre, il fallut bien que la.noblesse imitât ses chefs et prît sa part de cette dégradation. Aussi, un jour, le sénat fut-il obligé de révoquer la défensé faite aux chevaliers et aux sénateurs de paraître sur le théâtre ; et ce qui était infamant, même pour des esclaves, devint glorieux pour les noms les plus illustres, au point que lesfemmes elles-mêmes voulurent avoir leur

part de cette honteuse célébrité. Ces jeux,

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qu’on appelait des chasses, parce qu’ils commençaient ordinairement par un combat des

bêtes entre elles, avaient été introduits en Occident par les Romains, qui n’en avaient trouvé aucun vestige dans la civilisation grecque. Dans le principe, ce furent des exhibitions d’animaux étrangers, qu’on montrait aux Romains comme un trophée de plus des conquêtes lointaines ; ensuite, on eut l’idée de leur faire donner la chasse, et ce n’est que plus tard que ces combats finirent par être des repas d hommes servis à des bêtes féroces. Ces spectacles, qui, sous les empereurs, devaient faire le plaisir favori d’un peuple dégénéré, avaient déjà, dans les dernières années de-la république, un caractère d’atrocité qui révoltait l’âme de Cicéron. Certes, le grand orateur était de son siècle, l’iniquité de l’esclavage le laissait sans indignation, il approuvait même les combats de gladiateurs, comme une énergique discipline qui fortifiait contre la douleur et contre la mort ; mais il se demandait que) plaisir on pouvait éprouver à voir un homme faible déchiré par une bête féroce, ou un noble animal percé par un javelot. Le hasard seul amena la première

chasse ; cent quarante-deux éléphants pris sur les Carthaginois avaient été tués dans le cirque, plutôt par nécessité que pour le plaisir des spectateurs, la république ne voulant ni les nourrir, ni les donner à ses alliés. Depuis ce jour, le peuple s’habitua à de semblables exécutions, et ceux qui voulurent gagner sa faveur durent surpasser leurs prédécesseurs. Pompée, pour la dédicace du temple de Vénus Victorieuse, avait fait paraître six cents lions ; César n’en put trouver que quatre cents ; mais, ne voulant pas rester inférieur à son rival, le premier, il fit combattre dans son amphithéâtre les hommes et les animaux. Il donna cinq jours de combats dans le grand cirque, autour duquel il fit creuser l’Euripe, nom d’un canal qui mettait les spectateurs à l’abri de tout danger. Dès ce moment, la profusion dans les chasses ne connut plus de bornes ; les empereurs eurent à cœur de se surpasser mutuellement en magnificence. On rapporta un sénatus-consulte qui avait défendu d’amener des panthères en Italie, et l’édile Scaurus en fit égorger cent cinquante en un seul jour. Auguste a écrit, dans son testament politique, que, dans le cours de son règne, il avait fait tuer plus de quatre mille animaux. Ses successeurs ne furent pas plus modérés : un jour, Domitien transforma le cirque en une véritable forêt ; de gros arbres enlevés aux forêts voisines y avaient été transportés ; des daims, des Cerfs, des sangliers, couraient par milliers sous ces ombrages factices, pour échapper aux traits des nombreux chasseurs qui les poursuivaient. Ce ne fut que sous le règne de Constantin que cessèrent ces représentations barbares, pour lesquelles le peuple romain montra un goût très-vif tant que ses maîtres purent lui en donner, justifiant ainsi les prévisions du saga Caton, qui voulait que le peuple restât debout au théâtre, pour qu’il n y prît pas trop de plaisir et n’en fît pas s’a principale occupation. Chose singulière ! les historiens nous ont donné le chiffre des animaux qui paraissaient dans ces fêtes -, quant aux hommes, bien plus nombreux, qui en étaient également les victimes, aucun n’a eu seulement l’idée de les compter, tant on faisait peu de cas de la vie humaine à cette époque. Sous les derniers empereurs, les chrétiens furent souvent condamnés aux bêtes ; mais il ne faudrait pas croire, avec certains auteurs, que ce sont eux surtout qui ont alimenté les amphithéâtres ; ils ne comptent, au contraire, que pour une faible partie dans les nombreuses victimes sacrifiées aux plaisirs du peuple romain. Les esclaves, les transfuges des armées, les Barbares, les alliés même ont péri en bien plus grand nombre. Sans doute, rien ne peut justifier de semblables atrocités, mais peut-être n’avons-nous pas le droit de nous récrier trop fort contre cette barbarie des Romains ; car, en cherchant bien, nous trouverions en nous quelques germes mal étouffés de cette curiosité qui ensanglantait l’arène. Si les Romains prenaient plaisir à voir un homme sans détense déchiré par un animal furieux, nous montrons-nous moins avides d’assister à une exécution capitale ? Quand Cartouche était roué en place de Grève, tous les balcons étaient occupés par les seigneurs et les dames de la cour ; Henri III assistait avec ses courtisans au supplice des criminels, et, dans la catholique Espagne, pas un auto-da-fén’avait lieu sans que la cour y fût présente :’ces faits sont tous identiques ; ils ne diffèrent que par leurs proportions. L’Espagne b. ses courses de taureaux, comme Rome avait ses chasses ; toutes deux sont sanglantes, hommes et animaux y succombent également, et les civilisés du xixe siècle prennent plaisir à un spectacle qui, il y a deux mille ans, révoltait déjà l’âme, néanmoins peu sensible, du grand orateur romain.

bestial, ale adj. (bè-sti-al, a-le — lat. bestiolis, même sens ? de bestia, bote). Qui tient de la bête, qui fait ressembler à la bête. Une fureur bestiale. Des penchants bestiaux. La figure de cet homme offrait un type bestial et repoussant. (E. Sue.) L’homme accomplit le mal gratuitement et par l’essor bestial de ses passions. (Proudh.) Ho ! hé ! reprit l’homme, avec un rire plus bestial encore que celui du prévôt. (V. Hugo.) L’amour, qui est un senti-

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ment noble chez les personnes heureusement douées, devient une impulsion purement bestiale dans les cœurs pervertis. (Alex. Dum.) Je remarquai un jeune forçat de dix-sept ans, frais et joufflu, qui riait avec une naïveté bestiale. (Mme l. Collet.)

— s. m. Bétail : Le bestial de ce pays est peu considérable. Certain paysan, du temps de Charlemagne, confessait avoir semé des poudres par les campagnes, afin de faire mourir le bestial. (Naudet.) il Vieux mot. Le pi. bestiaux est resté ; le sing. a pris la forme bétail.

bestialement adv, (bè-sti-a-le-rîianrad. bestial). D’un façon bestiale, à la manière des bêtes, en vraie bote : Sa chevelure et sa barbe fauve, épaisse et drue comme du crin, donnaient à ses traits un caractère bestialement sauvage. (E. Sue.)

bestialisé, ée (bè-sti-a-li-zé). Part, pass. du v. Bestialiser ; Instincts bestialisés.

bestialiser v. a. ou tr. (bè-sti-a-li-zé

— rad. bestial). Rendre bestial, semblable à la bête : Le gothique, bestialise l’homme. (Michelet.) L’habitude de vivre avec les bêtes bestialisé l’homme. (L. J. Larcher.)

Se bestialiser. v. pr. Devenir moralement semblable à l’animal ; prendre des instincts bestiaux :

Alors qu’aux passions 6a nature est soumise, L’homme n’est plus un homme ; il se bestialisé.

AUG. HUMBERT.

bestialité s. f. {bè-sti-a-li-té — rad. bestial). État, caractère d’un homme abruti et qui se livre à tous les instincts de la brute : Cet homme est d’une bestialité repoussante {"*)• Je regarde, émerveillée, un buste de Messaline jeune, empreint d’un stigmateindélébilede bestialité. (M’»cl. Collet.)

— Absence des lois, des usages de la civilisation qui distinguent l’homme de la bête : Changexla nature du droit du père de fa-' mille, et vous rentrez dans la bestialité. (Franck.)

— Union charnelle de l’homme ou de la femme avec un animal : La bestialité est un crime contre nature. La bestialité était punie de mort chez les Hébreux. La bestialité était estimée 250 livres dans le livre des dis penses de la cour de Rome. (Volt.l L’onanisme a pour corollaire la bestialité. (Proudh.)

— Encycl. Les lois de Moïse condamnaient celui qui s’était rendu coupable de bestialité à mourir avec l’animal. Notre ancienne jurisprudence criminelle, qui dérivait en grande partie du droit canon, punissait du supplice du feu celui qui avait commis ce crime contre nature ; on brûlait en même temps l’animal et les pièces du procès. On a conservé plusieurs arrêts du parlement rendus dans ce sens. En 1523, à Toulouse, une femme était condamnée à être brûlée vive, ainsi qu’un chien avec lequel elle avait commis le crime de bestialité ; en 1565, on brûla un homme coupable d’un pareil crime avec une mule ; en 1575, un autre fut pendu pour bestialité avec une ânesse ; l’ânesse fut d’abord assommée devant lui,

Ïiuis tous deux furent mis sur un bûcher avec es pièces du procès. Sous Louis XIV, ce crime devint très - commun en France ; nos armées, qui avaient rapporté cette habitude d’Italie, traînaient après elles de nombreux troupeaux de chèvres. Au siècle dernier, on en trouve encore des traces, et le parlement de Paris confirme le jugement du sénéchal de Poitiers, qui avait condamné un jeune homme à être brûlé vif pour crime commis avec une vache. L’attentat était puni de la même peine, lors même que le crime n’avait pas été consommé, comme le prouve un arrêt du parlement de Bordeaux. Le code pénal de 1791 et celui de 1810 sont muets sur ce crime. À cette époque d’instruction et de civilisation plus avancées, le législateur a sagement imité Solon, qui, dans sa législation, n’avait édicté aucune pénalité contre le parricide, crime qu’il supposait impossible. Aujourd’hui, heureusement, cette monstrueuse dépravation des sens n’appartient plus qu’à l’histoire ou à l’aliénation.

bestiasse s. f. (bè-sti-a-se — augment. de teste, qui s’est dit pour bête). Pop..Grosse bête, personne stupide, sans aucun jugement : C’est une bestiasse. h Se dit aussi par plaisanterie : Tais-toi donc, petite bestiasse.

bestiaux s. m. pi. fbè-sti-ô — ni. do bestial s. m.). Animaux domestiques élevés en troupeaux et entretenus dans une exploitation rurale : Garder les bestiaux. Soigner les bestiaux’. La richesse des patriarches consistait surtout en bestiaux. (Fleury.) Bans la Finlande, les bestiaux sont plus petits que dans les pays méridionaux de l Europe. (Volt.) Les mérinos ont offert pendant longtemps des bénéfices bien supérieurs à ceux de toutes les autres espèces de bestiaux.- (Math, de Dombasle.) Franklin donna, dans son almanach, avec une clarté saisissante, toutes les indications propres à améliorer l’éducation des bestiaux. (Mignet.)

BESTIOLE s. f. (bè-sti-o-le-lat. bestiola, dimin. de bestia, bête). Petite bête : La gentille bestiole dormait au soleil, étendue sur une feuille de rose. (B. de St-P.) Elle aura vu une araignée ou une souris ; toutes les fois qu’elle voit une de ces bestioles, elle pousse des cris affreux. (G. Sand.) Elle entra dans l’étable, cou-