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besoins : les uns sont une suite de notre con* formation, les autres une suite de notre habitude. (Condill.) Plus les besoins sont’éloignés ou difficiles à satisfaire, plus les connaissances destinées à cette fin sont lentes à paraître. (D’Alemb.) Le désordre et les fantaisies font plus de pauvres que les vrais besoins. (J.-J. Rouss.) On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me parait Insoutenable. (J.-J. Rouss.) Les vrais besoins de l’homme ne sont autre chose que les nécessités de la nature. (J.-J. Rouss.) L’insensé prend sur ses besoins réels pour ses besoins imaginaires. (J.rJ. Rouss.) L’homme le plus heureux est celui qui a le moins de besoins. (Dumarsais.) L’homme a des besoins et des facultés pour y pourvoir. (Condorcet.) La guerre nait, entre les hommes, de l’égalité des besoins et de l’inégalité des forces. (De Bonald.), Partout et dans tous les temps, ce sont les besoins qui ont fait les conventions appelées principes. (A. Carrel.) Le premier usage d’un art est pour les besoins de la vie. (P.-L. Cour.) L’ouvrier anglais est celui qui a le plus de besoins et qui peut le moins les satisfaire. (L. Faucher.) Toujours les principes se sont tus devant les besoins. (Ste-Beuve.) un. besoin est l’expression d’un manque ou" d’un vide. (Bautain.) L’objet du premier besoin de l’homme, c’est la lumière. (Bautain.) Le désir est le fils du besoin. (V. Cous.) Celuilà s’enrichit qui acquiert le moyen de satisfaire mieux ses besoins. (Mich. Chev.) Les besoins de l’homme constituent les droits. (Thiers.) Indépendamment de toute croyance dogmatique, il y a dans l’homme des besoins religieux auxquels l’incrédulité même ne saurait se soustraire. (Renan.) // est des gens qui veulent à tout prix grossir leur opulence des sueurs du peuple et de l’impôt levé sur ses besoins. (Ancelot.) Obéir à sa conscience, c’est satisfaire un besoin. (Vinet.) Il n’est pas dans l’Évangile un dogme qui ne corresponde à un de nos besoins, ni dans notre nature un besoin, qui ne corresponde à une doctrine de l’Évangile. (Vinet.) L’homme ne se civilise que parce qu’il multiplie ses besoins. (E. de Gir.) Les besoins sont de deux sortes : besoins de première nécessité et besoins de luxe. (Proudh.) Dans l’isolement, ’ nos besoins dépassent nos facultés ; dans l’état social, nos facultés surpassent nos besoins. (Bastiat.) Dieu est un bon père, et chacun de nos besoins renferme une promesse de le satisfaire. (A. Karr.)

Le besoin est docteur en stratagème.

La Fontaine.

Par le nœud des besoins les hommes sont unis.

MlLI.EVOTB.

Qui prévient les besoins prévient aussi les crimes.

Delii.le.

... Sans cesse ignorants de nos propreB besoins. Nous demandons au ciel ce qu’il nous faut le moins.

Boileau.

Le besoin, l’industrie et le temps

Polissent par degrés tous les arts différents.

L. Racine.

Qu’un ami véritable est une douce chose !

J ! cherche vos besoins au fond de votre cœur ; Il vous épargna la pudeur

De les lui découvrir vous-même.

La Fontaine.

— Dans le même sens, mais d’une manière déterminée : Un grand besoin d’argent. Sentir le besoin d’être utile aux hommes. Toutes les femmes éprouvent le besoin d’aimer et de plairéLe besoin d’argent a réconcilié la noblesse avec la roture. (La Bruy.) Le premier besoin de l’âme est celui d’aimer et d’être aimé. (Alibert.) Si l’homme désire la vérité, c’est qu’il en sent le besoin. (Bautain.) Le premier besoin que l’homme manifeste est le besoin de Dieu. {Chateaub.) C’est un noble lien social que le besoin mutuel de l’approbation. (Mme Guizot.) Le besoin de commander est nul chez la femme ; il n’y a que le besoin d’admirer et d’aimer. (Proudkrj/i y a en nous un besoin infini de science, de sympathie et de puissance. (H. Taine.)

— Dans un sens plus déterminé encore, Olojot dont on sent la privation, dont on éprouve le désir : Pour le fumeur, le tabae devient un besoin. (***) Tout ce qui flatte, tout ce qui nourrit la vie des sens devient un besoin dont nous ne pouvons plus nous passer. (Mass.) La curiosité est un besoin pour qui sait penser. (D’Alemb.) La vérité sera toujours le plus pressant des besoins pour les êtres destinés à vivre en société. (Dumarsais.) La variété est un besoin de nos sens. (Alibert.) La liberté dé nos journaux est un de nos besoins. (RoyerCollard.)

La Joie est de votre âge un innocent besoin.

Ponsard.

— Nécessité, raison d’agir : Ils ne se sont jamais exposés qu’avec précaution, et lorsqu’un grand besoin le demandait. (Boss.)

La mouche, en ce commun besoin. Se plaint qu’elle agit seule.

La Fontaine.

Quel important besoin

Vous a fait devancer l’auroro de si loin ?

Racine.

— Indigence, .dénûment : Être dans le besoin. Être au-dessus du besoin. Le cœur se resserre dans l’inquiétude du besoin. (Boss.) Je vous assure que vous ne sauriez me soulager dans un plus grand besoin. (Mol.) L’orgueil est un mendiant qui crie aussi haut que le besoin. (Franklin.) Toute espèce de luxe est un trime contre la société, tant qu’il existe un

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seul homme dans le besoin. (D’Alemb.) Si l’é- vêque avait des parents dans le besoin, il lui était permis de les préférer à des étrangers. (Chateaub.) Hien ne peut justifier le déshonneur, ni l’excuse du besoin, ni la tentation de l’exemple. (L. Reybaud.)

Dieu laisaa-t-il jamais ses enfants au besoin ? Aux petits des oiseaux il donne leur pâture, Et sa bonté s’étend sur toute la nature.

Racine.

Il Se dit particulièrem. étabsol. de la faim et de la soif : Le peuple ne mangeait pas la moitié de son besoin durant les guerres d’invasion, au moyen âge. (Volt.) Nous étions épuisés de fatigue et de besoin. (B. de St-P.)

— Sensation qui porte les êtres vivants à certains actes indispensables à l’entretien de la vie : Les besoins de la nature. Les besoins naturels. Le besoin de manger. Le besoin de respirer. Chaque faculté, par son développement même, satisfait à queloue besoin. (Cabanis.) Le premier mal de l’homme, le mal instant, le mal constant, c’est le besoin de manger. (E. Pelletan.) Le bonheur des sens est le signe d’une santé florissante et d’un besoin naturel satisfait. (E. About.) il Se dit du désir d’évacuer les matières excrémentielles, et do l’acte par lequel on satisfait ce désir : Satisfaire un besoin pressant. Faire son besoin ou ses besoins. Leseigneur Torton, votre époux, dans sob iuresse ayant été sur le tillac pour .quelque besoin, est tombé dans la mer et s’est "noyé. (Le Sage.)

Certain besoin pressant m’appelle en certain lieu.

Regnard.

Dans un besoin extrême,

Je défie au plus amoureux

De ne pas préférer ces lieux

À la beauté qu’il aime.

PlftON.

Avoir besoin de, Être dans la nécessité de se servir de l’aide de : N’appréhendez pas de perdre la faveur des grands tant qu’ils auront besoin de vous. (La Bruy.) Dieu n’A eu besoin, pour faire tout ce qu’il voulait, que de lui-même. (Boss.) .T’aurais besoin î>un homme qui s’enquit des mœurs de ce jeune cavalier, et m’en rendit un compte fidèle. (Le Sage.) Celui qui peut dire : vous avez eu besoin de moi, je «’ai pas besoin de vous, est aujourd’hui le véritable supérieur. (Chateaub.) L’homme a plus besoin de la femme que la femme de l homme. (Bautain.) La vérité n’A jamais besoin de l’erreur, et les ombres n’ajoutent rien à la lumière..(L&maxt.)

On a souvent besoin d’un plus petit que sol.

La Fontaine.

l’ai besoin d’un vengeur, et non d’une maîtresse.

Racine.

Les gens d’esprit n’ont pas besoin de précepteur.

REaNAan.

Un valet fainéant va vous faire connaître

Par un seul trait le bon cœur de son maître. « Va-t’en, dit celui-ci, tu me mets en courroux, Je ne puis rien gagner sur ton âme indocile.

— Monsieur, je le sais bien, je vous suis inutile, Mais vous me garderez, car yal besoin de vous. »

H Manquer de sentir la nécessité de : J’ai besoin de secours. Il a besoin D’une culotte. L’espèce humaine ne se défait jamais de ce dont elle a besoin. (B. Const.)

Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ?

Racine.

De mouvement et d’air mes sens avaient besoin.

Lamartine.

Merci, je n’ai besoin de rien pour le moment.

V. Huoo.

Il Être dans la nécessité de être obligé de : J’ai besoin n’être au Havre à la fin du mois. (Acad.) Vous avez besoin de savoir la doctrine de vos pères. (Pasc.) Le pouvoir absolu n’A pas besoin de mentir, il se tait. (Napol. 1er.) Elle se laissait aller à la marée sans avoir besoin db recourir au jeu fatigant des rames. (Ch. Nod.) Pour avoir besoin de s’unir, il faut avoir besoin de s’aider. (De Gérando.) il Ne pouvoir se passer de : L’homme vit souvent avec lui-même, et il a besoin de vertu ; il vit avec les autres, et il a besoin D’honneur. (Chamf.) La liberté a besoin de vertu. (Guizot.) L’homme, pour vivre, a besoin D’avenir', sinon il se désespère et meurt. (St^Marc-Gir.) Ce n’est pas seulement le corps de l’homme qui 'a besoin de la société, c’est l’homme tout entier. (J.Simon.)

Qu’un père qui punit a besoin de vertu !

ÇOLARDEAD.

Prends soin d’elle, ma haine a besoin de "sa vie.

Racine.

Il Avoir une extrême envie : Cet homme a besoin de parler ; il parlerait plutôt tout seul que de se taire. Il N agir qu’en raison ou en vertu : Je n’avais pas besoin de tous ces raisonnements pour croire à ce que vous dites. L’homme de mérite 'a besoin de toutes les raisons tirées de l’usage et de son devoir, pour se résoudre à se montrer. (La Bruy.) Malheur à qui a besoin de lire des livres pour être honnête homme. (D’Alemb.) I ! Être convenable, utile, nécessaire que : Le chevreuil a besoin D’être faisandé. Cette maison 'a besoin d être réparée. Les pierres précieuses ont besoin n’être enchâssées. (Vauven.) Tous ces faits ont Besoin D’être vérifiés. (Buff.) Pour être moralement utile, le bonheur a besoin D’être un peu acheté. (Mme Guizot.) Le riche, pour être heureux, u’a besoin que de vouloir le devenir. (J. Droz.)

Devant le Saint des saints, avant que de paraître. J’ai besoin de laver mon âme aux eaux du prêtre.

Lamartine.

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|l Absol. Sentir la nécessité de prendre de la nourriture ou d’évacuer un excrément : Donnez^noi une croûte de pain, car j’ai besoin. Emmenez cet enfant, il a besoin, il Ironiq. N’être pas opportun, pas nécessaire de : Vous aviez bien besoin de lut raconter cela ?

N’avoir besoin que de Être suffisant que : Les plus grandes choses n’ont besoin que p’être dites simplement ; elles se gâtent par l’emphase. (La Bruy.) Fontenelle avait des vertus molles et peu actives qui, pour s’exercer, avaient besoin D’être avertiesi mais qui n’avaient besoin que D’être averties. (D’Alemb.)

Avoir besoin que, Être nécessaire que, attendre que ; Je sais combien cet âge a besoin qu’o» lui pardonne. (Fén.) Nous m’avons vas besoin qu’où nous apprenne à nous aimer ; eest un sentiment que nous apportons en naissant. (J. Simon.)

J’ai besoin çu’un ami me conseille et me guide. C. Délavions.

... C’est à ce coup que mon esprit timide Dans sa course élevée a besoin qu’on le guide.

Boileau.

Avoir de besoin de ou que, S’est dit autref. quand besoin était précédé d’un adverbe de quantité ; auj. on retranche la prép. de : Hélas ! j’en ai assez de besoin. (Mme de Sév.) Cet homme, qui avait tant de besoin de tolérance pour lui... (Volt.) II. s’était mis audessus des cabales, de sorte qu’il négligea ceux dont il avait le plus de besoin. (La Rochef.)

Faire besoin, Manquer, être nécessaire, indispensable où très-utile : Aussi bien, nous FERA-MZ ici besoin pour apprêter le souper. (Mol.)

S’il vous faisait besoin, mon bras est tout à vous.

Molière.

Soixante mille écus nous feraient grand besoin.

IÎECiXARD.

Quand nous faisons besoin, nous autres misérables, Nous sommes les chéris et les incomparables.

Molière.

— Prov. On connaît le véritable ami dam le besoin, C’est dans les situations difficiles que se montre la véritable amitié.

— Impers. Il est besoin ou de besoin, Il est utile, nécessaire : Il «’est vas besoin de me r.épéter cela. Un peu plus plate ou plus voûtée selon qu’il, est de besoin. (Descartes.) Est-il besoin de pacte ou de serments pour former cette conclusion ? (La Bruy.) Peut-être que vous avez jugé qu’il, était besoin que toute la rhétorique fût employée pour me persuader que vous ne m’aviez pas oublié. (Volf)

Mais qu’cjM’I de besoin de les aller choquer.

Régnier.

Eh bien, s’il est besoin de répondre autre chose...

Corneille.

Aimez-les et mourez, s’il est besoin, pour eux.

Corneille.

Qu’esl-tl besoin de prêtre à qui n’a plus d’autel ?

Lamartine.

. Qu’est-il besoin, Narbal, qu’à tes yeux Je rappelle De Joad et de moi la fameuse querelle ?

Racine,

J’aurai soin

. De vous encourager s’il en est de besoin.

Molière.

<— Pratiq. Le besoin de la cause, Ce qu’il convient de dire ou de faire à l’appui de ses prétentions en justice : Inventer des faits pour le besoin de sa cause, n Se dit dans le langage commun, dans un sens tout à fait analogue.

— Loc. adv. Au besoin, en un besoin, Si cela est nécessaire, s’il le faut : Je puis trouver ici de l’argent au besoin. (Pasc.) J’établis encore une distinction entre le mauvais et le faux, et je n’hésite pas, au besoin, à préférer l’un à l’autre. (Ste-Beuve.)

Dieu fait part, au besoin, de sa force infinie.

Corneille.

Prenez ces cent écus, gardez-les avec soin, Pour vous en servir au besoin.

La Fontaine.

Comment voulez-vous que je croie

Qu’un hibou put jamais emporter cette proie ?

Mon Sis, en un besoin, eût pris le chat-huant.

La Fontaine.

— Comm. Au besoin chez M. N., Avertissement qui se met au bas d’un effet de commerce, pour indiquer que le tireur ou l’endosseur, dans la crainte que la traite ou le billet ne soit pas accepté ou payé à l’échéance, et pour éviter les protêts, désigne une tierce personne qui se charge, dans ce cas, d’en faire les fonds, il Indication portée sur une lettre de change, de la personne qui doit payer, en cas de besoin, c’est-à-dire en cas d’absence du tiré ou de non-payemc-nt par le tiré. Selon la jurisprudence delà cour de cassation, le protêt doit être signifié uniquement aux besoins du tiré, et non à ceux des endosseurs ; et, selon Pardessus (Droit commercial), le protêt doit être signifié a tous les besoins du tiré, et dans l’ordre de leur indication.

Sans besoin, Sans nécessité :

Mais porter dès l’abord les choses à l’extrême. Madame, et sans besoin taire des mécontents...

Corneille.

— Syil. Besoin, dénûmeut, disette, indigence, misère, nécessité, pauvreté. Be&Oin

et nécessité appellent directement l’attention sur les choses qui manquent et dont on ne peut être privé sans souffrir, mais il y h moins

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d’urgence dans le besoin ;.& nécessité est plus pressante, plus pénible. Dénûment semble indiquer un état antérieur où l’on possédait ce qu on a perdu depuis. La disette est un manque des choses nécessaires pour la nourriture, et presque toujours il s’agit d’un mal général, s’étendant à tous les habitants d’un pays. L’indigence est une pauvreté qui se fuit sentir, qui engendre des besoins. La misère est une indigence extrême, qui rend malheureux, qui excite la pitié. Enfin, la pauvreté consiste à posséder peu ; elle est relative à la condition des personnes : celui-ci peut être pauvre tout en possédant ce qui mettrait celui-là fort à l’aise ; co dernier mot est donc le plus faible de tous et en même temps le plus général, puisqu’il peut s’appliquer a tous les états désignés par les autres.’

— Eplthètes. Vrai, légitime, naturel, faux, factice, feint, chimérique, importun, renaissant, urgent, pressant, absolu, accablant, impérieux, irrêsistible, .effrèné, inexplicable, inconcevable, mystérieux, éloigné, timide, honteux, caché, secret, douloureux, pénible.

— Encycl. Physiol. et Psychol. Le mot besoin a deux acceptions très-distinctes : il peut simplement marquer un rapport, le rapport d’un être avec les choses qui lui sont nécessaires ; il peut exprimer la perception, le sentiment de ce rapport. C’est ce dernier sens, la sens subjectif, qu on applique généralement, en physiologie et en psychologie, au mot besoin, lorsque, dans ces sciences, on parle de besoins, il s’agit presque toujours de besoins sentis, de sensations de besoins. Ainsi entendu, le besoin peut être défini, d’une manière générale, une sensation interne qui pousse l’homme ou l’animal a exécuter certains actes nécessaires a sa conservation ou à son développement, en un mot, à réaliser les fins de.tel ou tel appareil organique. Comme il y a dans l’économie trois rspèces d’appareilsoi-ganiques : appareils de lu vie de nutrition, appareils de la vie de l’esjjèce, appareils de la vie de relation, on distingue naturellement trois espèces de besoins : besoins relatifs aux appareils de nutrition, oesoins relatifs aux appareils de reproduction, besoins relatifsaux appareils de luVie animale. Les besoins relatifs aux appareils de nutrition-ont le besoin du respirer, lu faim, la’soif, le* besoin de défécation et le besoin d’uriner ; les besoins relatifs aux appareils de reproduction sont l’appétit qui pousse le mâle vers la femelle et celui qui décide la femelle à recevoir le mâle ; les besoins relatifs aux appareils de la vie animale peuvent, en raison de l’intermittence d’action de ces appareils, se diviser en besoins positifs ou besoins d’actioité, et besoins négatifs ou besoins de repos. Les premiers comprennent : 1° les divers besoins de sentir (besoin devoir, d’entendre, etc.) j 2» les divers besoins d’activité des facultés intellectuelles et passionnelles ; 3° les divers besoins de mouvement ou d’exercice des muscles, comprenant le besoin d’exprimer, de parler. À tous ces besoins d’activités diverses, correspondent autant de besoins de repos ; et enfin, vient en dernier lieu le besoin de repos complet ou de la suspension de la vie animale, le besoin de sommeil. Les besoins de repos naissent d’un excès d’action ou de l’impuissance des organes ; ils avertissent l’homme ou l’animal de la limite que la nature a imposée à son activité. «En nous fatiguant, dit très-bien Gerdy, par le repos pour nous obliger à agir, et par 1 exercice, pour nous forcer au repos, la nature nous fait passer alternativement par des besoins différents et contraires ; en sorte que nous oscillons incessamment entre deux états opposés, la veille et le sommeil, à Si nous rapportons les besoins de repos aux appareils de la vie animale, bien que ces besoins naissent aussi des actes de nutrition et surtout de reproduction, c’est que le système par excellence de la vie animale, le système nerveux gouverne et dirigé tous ces actes ; o’est qu’aux besoins qui les provoquent, faim, soif, appétit sexuel, se mêlent toujours, dans une certaine mesure, des besoins relatifs à la vie animale, des besoins de sentir.

Les besoins dont nous venons de parler sont dits naturels, parce qu’ils se développent spontanément chez tous’ les hommes. On nomme

artificiels ou factices les besoins que l’homme développe librement en lui-même, en contractant l’habitude de certaines sensations : tels sont ceux de fumer, de priser, de prendre des liqueurs fortes, etc. Une fois développés, les besoins artificiels sont aussi impérieux, aussi tyranniques que les besoins naturels ; ils nous tourmentent, nous jettent dans une sorte d’inquiétude, d’ennui, de mélancolie insupportable et finiraient par troubler la santé, s’ils n’étaient satisfaits. Sont-ils satisfaits, ils procurent de vifs plaisirs, réveillent l’intelligence, l’innervation, et, par l’intermédiaire de celle-ci, une foule de fonctions languissantes. Les besoins naturels peuvent devenir en partie artificiels, par l’influence de l’habitude ; ainsi une vie active et laborieuse, dans laquelle on exerce beaucoup l’esprit ou le corps, rend l’oisiveté pénible et incompatible avec la santé ; l’habitude de la gourmandise augmente le besoin de prendre des aliments, et l’habitude-du libertinage le besoin du rapprochement sexuel. Tous les besoins artificiels appartiennent à la troisième catégorie do besoins, c’est-à-dire à celle des besoins relatifs à la vie animale.

Les divers auteurs qui ont traité des besoins considérés au point de vue physiologique et psychologique, c’est-à-dire des sensations ou