Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 2, Be-Bi.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

BERN

Que faut-il penser de cette anecdote ? On sait que la plupart des chefs-d’œuvre littéraires, suivant des historiettes analogues, ont toujours failli être livrés aux flammes. Quant à nous, nous n’en croyons rien, et tout ce que nous pouvons dire en faveur du panégyriste, c’est qu’il montre ici toutes les brillantes qualités d’un habile metteur en scène.

Quoi qu’il en soit, Paul et Virginie fut accueilli avec un tel enthousiasme, qu’on en fit plus de cinquante contrefaçons dans une année, et que, du produit des éditions légales, Bernardin put encore acheter une maison, avec jardin, à l’extrémité du faubourg Saint-Marceau. C’est du fond de cette retraite qu’il assista aux premiers mouvements de la Révolution et qu’il adressa à Louis XVI les Vœux d’un solitaire, factum que M. Durozoir, dans la Biographie Michaud, trouve empreint des « maximes révolutionnaires, et qui, au point de vue politique, n’çst, en réalité, qu’une éloquente banalité. Ce sont des souhaits de bonheur pour le roi, pour le clergé, pour la noblesse, pour le peuple, etc., avec quelques conseils et des retours à la pastorale : « O heureuses les sociétés des hommes, si elles avaient , autant de sagesse que celles des abeilles !... » Rien de plus innocent. Bernardin était poète ; ce n’était ni un philosophe ni uif politique ; sans doute, il avait reçu et gardé, en une certaine mesure, l’empreinte des idées de son siècle ; mais tout cela n’était point coordonné et restait chez lui à l’état spéculatif. Son vieux projet de fondation d’une république idéale n’avait jamais été qu’une fantaisie classique et une chimère d’ambitieux. Il demeura complètement étranger aux grands événements qui s’accomplissaient, et fut nommé, en 1792, intendant du Jardin des Çlantes. Le seul résultat de sa courte administration fut la création de la ménagerie, au moyen du transport de celle de Versailles à Pans. À la même époque, il épousa, âgé de cinquante-cinq ans, Mtlis Didot, qui en avait vingt-deux. Il en eut deux enfants, qui, naturellement, se nommèrent Paul et Virginie. En 1791, il avait publié la Chaumière indienne, conte moral d’une grâce exquise, empreint de cet amour de l’humanité et de cette sensibilité délicate qui, sous la plume de Bernardin, avaient un accent si touchant. Quelles que fussent, en effet, les infirmités morales de son caractère, trop souvent en désaccord avec les sentiments exprimés dans ses œuvres, si l’on en croit de nombreux témoignages, il se transformait au souffle de la muse. « Il tient la plume, dit M. Sainte-Beuve, la grâce céleste descend, la magie commence, la première beauté de cœur a brillé. Sitôt que ce talent se lève, c’est comme une lune qui idéalise tout... »

Bonaparte, qui, cependant, aimait- surtout dans les arts le genre pompeux, s’éprit d’enthousiasme pour les ravissantes églogues de Bernardin, à qui il écrivit du fond de "Italie : « Votre plume est un pinceau ; tout ce que vous peignez, on le voit : vos ouvrages nous charment et nous consolent. » Plus tard, il lui disait encore : « Quand donc nous donnerez-vous des Paul et Virginie et des Chaumière indienne, monsieur Bernardin ? Vous devriez nous en fournir tous les six mois. » L’impérieux capitaine s’imaginait que les chefs-d’œuvre s improvisent comme les victoires.

En l’an III, Bernardin avait été nommé professeur de morale à l’École normale ; il parut deux ou trois fois dans sa chaire, et y recueillit des applaudissements pour ses moindresmots. Admis àl’Institut lors de sa création, il eut des polémiques violentes contre Volney, Cabanis et autres philosophes qui gardaient la glorieuse tradition des encyclopédistes. La tolérance n’était point son faible, et sur la question de Dieu et de l’immortalité de l’âme, il était naïvement implacable. Avec la véhémence passionnée que les hommes de ce temps apportaient dans toutes les questions d’idées, il montrait une véritable fureur contre ceux qu’il nommait des athées ; dans sa douce république, on les eût étranglés comme ennemis publics, ni plus ni moins. Le paisible rêveur était loin, cependant, d’avoir le tempérament d’un sectaire ; il ne rêvaitque son ermitage à la campagne, la solitude et le bien-être domestique. Retiré dans une modeste et jolie propriété, dans une île d’Essonne (c’était le genre Ermenonville), il y vivait tranquille, lorsqu’il eut le malheur de" perdre sa femme. Il se remaria à soixante-trois ans avec Mlle de Pelleporc, qui lui survécut, et qui épousa en secondes noces Aimé Martin. Dès le consulat, il avait été pensionné par Bonaparte et plusieurs autres membres de sa famille, et avait reçu, en outre, un logement au Louvre. Il passa ses dernières années dans un autre ermitage, à Eragny, sur les bords de l’Oise. C’est là qu’il mourut, le 21 janvier 1814, après avoir été, quelques mois auparavant, frappé presque coup sur coup de plusieurs attaques d’apoplexie. Il venait de mettre la dernière main à ses Harmonies de la nature, qui furent publiées l’année suivante. Cet ouvrage est comme une continuation des Études ; il offre encore de beaux tableaux, mais avec une exagération de ses systèmes et de ses procédés litté, raires.

Outre les œuvres mentionnées ci-dessus, on a de Bernardin de Saint-Pierre : 'Arcadie, poëme en prose, qu’il n’a jamais achevé ; c’est une sorte de plan de république pastorale et mythologique ; le Café de Surate, satiré délicate et fine, un peu dans

BERN

I la manière de Voltaire ; Essai sur J.-J. Rousseau, qui contient des renseignements d’un haut intérêt ; la Mort de Sucrate, drame ; des récits de voyage et autres morceaux ou fragments qui ont été réunis dans l’édition d’Aimé Martin (Œuvres complètes de Bernardin de Saint-Pierre, 1818-1S20, 12 vol. in-8°). Cette édition a été plusieurs fois réimprimée. Il faut y joindre les Œuvres posthumes (1833-1836, 2 vol. in-8°) ; la Correspondance (1826, 4 vol. in-goj, et les Romans, contes et opuscules (1834, 2 vol. in-18).

En 1852, la ville du Havre a érigé une statue à son illustre enfant. L’inauguration se fit avec une grande solennité et eut tout l’éclat d’une fête nationale.

Bernardin de Snint - Pierre (statue en

bronze de), par David (d’Angers), inaugurée au Havre en 1852. Bernardin est assis, tenant une plume de la main droite, qui est appuyée sur le genou, et ayant dans 1 autre main un manuscrit, sur lequel on lit : Paul et Virginie. Son costume se compose d’un habit à la mode du Directoire, d’un pantalon collant, de bottes molles et d’un ample manteau qui descend derrière les épaules. Sa belle tête, fine et souriante, se penche légèrement en avant. À ses pieds, deux enfants entièrement nus, un petit garçon et une petite tille dorment en se serrant la main, à l’ombre d’une plante tropicale ; on a reconnu Paul et son amie. Cette belle statue a été lithographiée avec talent par M. E. Marc.

Bernardin, ine s. (bèr-nar-dain, i-ne

— du nom de saint Bernard). Hist. relig. Religieux, religieuse de l’ordre de Saint-Benoit, réformé par saint Bernard.

— Adjectiv. Qui appartient à cet ordre : II avait dansé une farandole, tenant d’une main une actrice de l’Opéra, et de l’autre une religieuse bernardine. (Alex. Dum.)

Encycl. C’est en Espagne que fut fondé le premier couvent de bernardines. On le dut à l’initiative de Philippe VIII, roi de Castille, lequel fit de grandes libéralités aux religieuses, qui appartenaient toutes à l’ordre de Cîteaux. Bientôt, à l’imitation de Philippe, plusieurs autres souverains d’Espagne établirent et multiplièrent dans leurs États des maisons de bernardines.

L’habillement de ces religieuses consistait en une robe blanche, un scapulaire noir et une ceinture de même couleur. Au chœur, elles portaient une sorte de tunique à larges manches, appelée coule, et d’autres seulement des manteaux. Les sœurs converses étaient habillées de couleur tannée. Les bernardines, à l’exemple des autres religieuses des différents ordres monastiques, ne restèrent pas confinées en Espagne ; au fur et à mesure que leur prospérité s’accrut, elles se répandirent chez les diverses nations, et on vit bientôt, en France, apparaître les bernardines réformées, qu’on désignait par le nom de leur congrégation, et, à Paris, sous celui de bernardines de la rue de Charonne. Ces dernières avaient été réunies, en 1644, par la duchesse d’Orléans, qui leur avait donné la terre de Charonne, près de Paris, dont elles prirent leur nom distinctif ; mais leur conduite laissait beaucoup à désirer, et, n’apportant aucun ordre dans leurs dépenses, elles en étaient arrivées à devoir plus de 100,000 livres. Bientôt, à l’irrégularité de leur façon de vivre, elles joignirent l’insubordination. L’archevêque de Paris avait confié l’administration du couvent à une supérieure ; les bernardines refusèrent de lui obéir, et, à force d’intrigues et de sollicitations, elles obtinrent du pape un bref qui les autorisait à nommer une supérieure de leur choix, ce qu’elles firent aussitôt. Mais, peu de temps après, un nouveau motif de discussion et de querelles s’éleva au milieu d’elles, et comme, d’un, autre côté leurs dettes allaient toujours croissant, l’autorité prononça la suppression du couvent, et les religieuses durent se répartir entre divers monastères.

Des religieuses bernardines sont, aujourd’hui, établies dans le département du Nord ; en 1798, trois d’entre elles ouvrirent un pensionnat, et, en 1827, la communauté était reformée ; on les désigne sous le nom de religieuses bernardines d’Esguermes ; elles observent la règle de Clteaux. Le personnel de la maison s’élève à une centaine de religieuses, qui ont pour costume l’habit bleu avec un long scapulaire, une ceinture et un voile noir ; c’est l’ancien costume de Cîteaux.

La communauté a été approuvée par le gouvernement, il y a une dizaine d’années ; il a été fondé une succursale à Cambrai.

BERNABDINO (le), montagne de Suisse, canton des Grisons, entre les vallées de Rheinwald et de Misocco, dans la chaîne centrale des Alpes Lépontiennes. Le col du Bernardino, d’une élévation de 2,063 m., occupé en partie par le lac Moësola, d’où sort la Moësa, offre un passage très-fréquenté des Aipes dans le canton des Grisons. Il réunit, par une route très-belle, construite de 1819 à 1823, et sur laquelle on compte 54 ponts dignes d’attirer l’attention, l’Italie à la Suisse et à l’Allemagne occidentale. Le Bernardino fut traversé par le corps d’armée du général Lecourbe, en mars 1799.

BERNARDINO (SAN-), détroit de l’Océanie, dans la Malaisie, archipel des Philippines, entre la côte S.-E. de l’Ile de Luçon et la côte N.-O. de l’île Samar. ; c’est un des passages

BERN

importants des possessions espagnoles pour pénétrer dans 1 océan Pacifique. Long. E., 122" l5f ; lat. N.,130 5’. Au milieu de ce détroit, on trouve un îlot qui porte le même nom.

BERNARDINO DE PÉROUSE (Perugino),

peintre de l’école ombrienne, travaillait de 1498 à 1524. Sa manière a beaucoup de rapport avec celle de son compatriote Bernardino Pinturicchio, auquel, pendant longtemps, ses ouvrages ont été attribués. Orsini, dans son Guide de Pérouse, cite comme étant l’œuvre de ce dernier un tableau qui figure actuellement au musée du Louvre, sous le nom de Bernardino Perugino. Ce tableau, le Christ en croix, est peint sur un panneau de forme cintrée. Bernardino Perugino a moins de finesse et d’élégance que le Pinturicchio.

bernard-l’ermite s. m. Crust. Espèce de crustacé maeroure, du genre pagure, reconnaissable à sa queue mince et nue, en

forme de sac vésiculeux, et à la pince droite plus grande que la gauche.

— Encycl. Connus depuis la plus haute antiquité, ces animaux portaient, chez les Grecs le nom de karkinos, et non celui de paguros, qui était un crabe vrai. Aujourd’hui leur nom est pagure-bernard. On en connaît une cinquantaine d’espèces, qui habitent les cinq parties du monde. Ces crustacés cachent toujours leur queue inerme dans une coquille univalve, qui remplace, pour eux, la carapace que la nature leur a refusée, ne laissant sortir que leur thorax cuirassé et leurs pieds en faisceau. La même espèce habite des coquilles très-différentes ; c’est une question de capacité qui guide seulement le choix de l’animal : quand la coquille qu’il habite, et qu’il traîne de tous côtés après lui, devient trop petite, il en cherche une plus grande, abandonne la première et’ se case dans la seconde, à moins qu’un compétiteur de son espèce ne se présente, ayant les mêmes prétentions, d’où suit un combat acharné, chacun des deux adversaires cherchant à saisir l’autre au défaut de la cuirasse, c’est-à-dire à l’abdomen.

Les pagures se nourrissent de petits mollusques et de crustacés, qu’ils saisissent fort adroitement avec leurs pinces. Ils font deux ou trois pontes par an, et les femelles portent quelque temps leurs œufs attachés a leurs fausses pattes, dans la coquille-maison, sur leur abdomen. Plusieurs espèces sont propres à la Méditerranée.

BERNARDO (SAN-), petit groupe d’îles de la mer des Antilles, sur la côte de la Nouvelle-Grenade, près d’un cap du même nom,

à 60 kil. S.-O. de Carthagène.

Bernardo, poëme épique de don Bernardo de Balbuena. Cette œuvre contient vingt-quatre chants, écrits en octaves, comme ia plupart des épopées italiennes et espagnoles. La bataille de Roncevaux en forme le sujet. Bernardo a été élevé par le mage Oreste ; les fées ennemies de Charlemagne le désifnent comme le héros qui, revêtu des armesAchille, doit détruire le pouvoir de cet orgueilleux empereur. Berçardo part pour aller chercher les armes qui lui sont promises, pénètre jusque dans 1 Orient, où il devient le héros d’un grand nombre d’aventures, et parvient enfin à arracher ces armes a Âjax Télamon, qui les gardait cachées depuis le siège de Troie. En possession de ce précieux talisman, il revient en Espagne et se réunit à l’armée de son oncle, le roi Alphonse le Chaste. Les troupes espagnoles se mettent alors en campagne contre Charlemagne, et livrent la célèbre bataille de Roncevaux, dans laquelle Bernardo tue Roland.

Ce poëme est l’œuvre des premières années de Balbuena ; on y sent trop l’imitation des poètes classiques latins, et aussi des italiens Boïardo et l’Arioste. On en trouve une assez longue analyse et quelques citations dans Tolède et les bords du Tage, par M. Antoine de Latour. Cette œuvre, qui n’a pas été traduite en français, jouit d’une grande réputation en Espagne. Elle est écrite de façon à caresser la fibre nationale, et, à ce titre, peut être mise en parallèle avec le poème épique d’Ercilla, XAraucana. Le célèbre critique Quintana, tout en blâmant vivement les défectuosités du poème de Bernardo, en fait un grand éloge et résume ainsi ses appréciations : « Peut-être aucun poëte espagnol n’a donné tant de prise à la réprobation et à la censure ; mais peut-être aussi aucun autre n’a donné tant a’occasions de louer et d’admirer. ■> Bernardo a été publié, pour la première fois, à Madrid, en 1624 (in-4°).

Bernardo del Carpio (LA. JEUNESSE nE, Las

Mocedades de Bernardo del Carpio), drame espagnol de Lope de Vega, dont voici le sujet : Alphonse le Chaste, qui règne en Espagne, se sent peu disposé à donner un héritier à sa couronne ; en revanche, s’a sœur Jimèna a une liaison secrète avec don Saneho Diaz, comte et seigneur de Saldana. Son ennemi Rubio découvre cette intrigue au roi, qu’il fait cacher sous le balcon de Jimena, au moment où Saneho Diaz sort, en emportant dans ses bras le fils né de ces amours illégitimes. Le roi se montre alors, feint de pardonner au comte et lui promet de le marier à sa sœur ; puis il s’empare de l’enfant, envoie le père dans un des châteaux forts de la frontière, et donne ordre au gouverneur de le jeter en prison, après lui avoir fait crever les yeux ; dona Jimena est enfermée dans un monastère ; quant à l’enfant, il est confié aux

BERN

601

soins de don Rubio. Devenu grand, Bernardo sent germer dans son cœur une haine instinctive contre Rubio. Caractère indomptable, Bernardo se révolte au seul nom de bâtard ; un jour même, il croise le fer contre don Rubio." Le roi arrive et les réconcilie ; puis, il amène Bernardo à la cour. À tout prix, celui-ci veut connaître le secret de sa naissance. Mais en vain il se livre à de glorieux exploits ; en vain, il prend la forteresse de Carpio, dont il ajoute le nom à celui de Bernardo ; le roi ne veut pas que le jeune homme sache qu’il est son neveu, parce qu’il serait forcé de lui laisser sa couronne, qu’il destine à don Ramirez, un autre de ses neveux. Un jour, invité à la table du roi, Bernardo veut s’asseoir aux côtés mêmes du souverain. On l’éloigné ; furieux, il fait rouler au loin la table et les mets. Le roi ordonne de s’emparer de lui. Pas un des courtisans n’ose porter la main sur Bernardo, qui se rend au pays des Maures. Ayant pris la forteresse de Luna, le héros entend des soupirs sortir du fond d’un cachot. C’est la voix de son père, don Saneho de Saldana. La reconnaissance se fait alors, et Bernardo, en apprenant enfin quel est le secret de sa naissance, se jette aux pieds du prisonnier. Vêtu de deuil, Bernardo se rend à la cour, et demande la liberté pour son père. Le roi lui promet que Saneho Diaz épousera dona Jimena, et Bernardo abandonne à Ramirez tous ses droits à la couronne.

Ici se termine le drame de la Jeunesse de Bernardo. Une suite en a été donnée par Lope de Vega, sous le titre de : le Mariage dans ta mort. Ce drame de Lope de Vega appartient à la classe des drames héroïques. Il contient des beautés de premier ordre et des scènes profondément dramatiques, telles que celles de la reconnaissance du père et du rîls et de l’entrevue du roi et de Bernardo, qui lui demande la grâce du vieillard, enfermé depuis tant d’années au fond d’un souterrain. La Jeunesse de Bernardo del Carpio n’a jamais été traduite en français. On en trouvera une analyse étendue et quelques citations dans le livre de M. Ernest Lafond : Étude sur la vie et les œuvres de Lope de Vega (Paris, 1857, in-8<>).

BERNABDONI (Pierre-Antoine), poète italien, né à Vignola, près de Modène, en 1672, mort en 1714. Membre de l’académie Arcadienne à dix-neuf ans, il fut nommé, en 1701, poëte impérial à la cour de Vienne. Bernardoni remplit cet emploi sous Léopold et Joseph Ier et mourut à Bologne, où s’était écoulée la plus grande partie de sa vie. On a de lui deux recueils de vers : I Fiori, primizie poetiche, etc. (Bologne, 1G94, in-12) ; Rime varie (Vienne, 1705) ; deux tragédies, Irène (16ÏÏ5) et Aspasia (1697) ; des drames en musique, Meleagro (1706) ; Tigrane, roi d’Arménie (l’lo), etc.

BERNARDY (Godefroy), humaniste allemand, né en 1800 à Landsberg. Après avoir reçu, à Berlin, les leçons de Wolf, il s’est adonné, d’une façon toute particulière, à l’étude de la linguistique et est devenu premier bibliothécaire de l’université. Collaborateur actif de plusieurs recueils scientifiques et littéraires, notamment des Annales de la critique scientifique, de la Bibliothèque critique, de VEncyclopédie d’Ersch, M. Bernardy a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Eratosthenica (1822) ; Géographi grœci minores (1829)- ; Principes de la littérature romaine (1830) ; Principes de la littérature grecque (1836) ; Jalons pour une encyclopédie de la philologie (1832) ; ces trois derniers, en allemand.

BERNARET (Nicaise). V. BerNaBRT.

BërNart s. m. (bèr-nar — rad. berné). Sot, niais, qui a été berné, ou qui est digne de l’être. Il Vieux.

BERNASCONI (André), compositeur italien, né à Marseille en 1712, mort en 1784.11 passa son enfance à Parme, où, poussé par sa vocation musicale, il s’adonna avec ardeur à l’étude de la composition. Après avoir fait jouer, à Venise, en 1741, son premier opéra, Alessandro Severo, il visita Rome et les principales villes d’Italie, puis Vienne et Munich, et mourut dans cette dernière ville, avec le titre de maître de chapelle de l’électeur do-Bavière, Maximilien III. Parmi ceux de ses opéras qui eurent le plus de succès, nous citerons : la Ninfa Apollo (1743) ; Temistocle (1744) ; Antigone, Bajazet (1754) ; YOzio fugato dalla gloria (1754), etc. Compositeur remarquable par la pureté de son style et par son habileté à disposer les voix, Bernasconi, d’un autre côté, manquait de chaleur et d’invention.

— Sa belle-fille, Antonia BernascOjsu, à qui il avait donné des leçons de chant ; débuta, à Vienne, dans le rôle d’Alceste, écrit pour elle par Gluck ; puis elle se fit entendre en Italie et à Londres, et obtint partout les plus grands succès.

BERNATOWICZ (Félix), romancier polonais, né vers 1785, mort en 1836. Il passa plusieurs années à Pulawy, chez le prince Adam Czartoryski, ami de l’empereur Alexandre Ier de Russie, et remplit près de lui les fonctions de lecteur et de secrétaire. Il fat frappé d’aliénation mentale vers la fin de sa vie. On a de lui quelques ouvrages, qui se distinguent par le respect pour la vérité historique et par la pureté du style. Ce sont : Mierozsadne sluby (les Vœux déraisonnables, Varsovie, • 1820) ; Poiaia (Varsovie, 1826), et Nalencz

76