Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 2, Be-Bi.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

BERL

d’ailleurs traité avec les plus grands égards par le chevalier. Weisslingen est tombé amoureux de Marie, sœur de Goetz, et les fiançailles sont conclues. Goetz, après avoir demandé à son ami sa parole d’honneur de cesser tout rapport avec l’évêque de Bamberg, le laisse partir, mais Weisslingen, attiré de nouveau a la cour du prélat intrigant, se laisse séduire par les charmes d’une uoble veuve, Adélaïde de Walldorff. Oublieux de la parole donnée à Goetz et des serments faits à Marie, il épouse cette Adélaïde et ne cherche plus qu’à perdre le chevalier de Berlichingen. Dans ce but, il se rend à Augsbourg, où "empereur tient sa cour, et obtient de lui de mettre Goetz au ban de l’empire et d’envoyer des troupes pour le prendre. Goetz supporte dans son château un siège en règle ; il se défend avec tant de vigueur, qu’il obtient une capitulation honorable ; maisàpeine a-t-il ouvert ses portes qu’on l’entraîne prisonnier à Heilbronn, en dépit de la foi jurée. Son ami, Franz de Sickingen, qui est devenu son gendre, l’arrache à ce péril, mais à condition que Goetz ne quittera plus ses domaines. La guerre des paysans éclate. Goetz, * forcé de se mettre à leur tête, est fait prisonnier et condamné à mort. Un de ses juges a été Weisslingen ; mais Marie, qui se jette à ses genoux, obtient la grâce de son père. Weisslingen est d’ailleurs mourant, une main coupable lui a versé du poison:c’est son page, poussé par l’épouse même de Weisslingen, Adélaïde de Walldorff. Goetz est remis en liberté ; mais, brisé par tant de malheurs, épuisé par ses nombreuses blessures, il meurt à Jaxthausen.

Voilà l’action telle que Gœthe l’a présentée. À part quelques légères taches, la pièce est admirable. Nulle autre part on ne trouve ce dialogue coloré qui ne tombe jamais dans la banalité ; nulle autre part aussi, cet art profond de créer des situations émouvantes et do les rendre plus poignantes encore par l’habileté de la —facture, et, comme dans Shakspeare, cette science de faire sortir de détails insignifiants ou d’événements microscopiques, les meilleurs et les plus grands effets. Dans la pièce, l’intérêt est double ; mais nous n’avons appris par aucune expérience que, dans l’âme, il n’y ait pas de place pour plusieurs images et plusieurs impressions, que nous ne puissions aimer ou haïr en même temps plus d’une personne, et ne nous intéresser qu’au sort d un seul. Des exemples nombreux de l’antiquité nous prouvent que, dans un même drame, deux actions peuvent marcher’de front, sans nuire à l’illusion ou à la vraisemblance. La pièce de Gœthe en est un nouvel exemple. On s’intéresse tout autant au sort de Weisslingen qu’à celui de Goetz. Il est certain Cependantqu’en scindant son œuvre en deux parties, et en abandonnant un personnage pour se reporter à l’autre, l’auteur surcharge son action de manière à fatiguer certains lecteurs.

Plus d’un personnage secondaire aurait pu être supprimé, et s’il est certain que l’entrevue, dès le début de la pièce, entre Goetz et le moine Martin est fort caractéristique, on s’attendait, par contre, à voir revenir plus tard cette figure si énergiquement mise en relief dans sa profession de foi sur les misères de la vie monacale et la barbarie de ce triple vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté, u’on exigeait d’eux. Mais plus on approche u dénoûment, plus aussi 1 auteur, écartant tout épisode, se précipite vers la fin. Il tronque et raccourcit les scènes, et plus d’une situation, qui aurait gagné à être développée, est à peine esquissée ; il en est ainsi de la lutte qui a dû se.passer dans le cœur de Weisslingen, quand il oublie ses promesses et les serments faits à Goetz et à sa sœur; ainsi encore de la captivité de Berlichingen et de son entrevue avec Weisslingen, qui est devenu son juge. D’un autre côté, on a reproché à tort à Gœthe d’avoir négligé les caractères de ses femmes. Avec beaucoup de tact, au contraire, il n’a pas voulu que Marie fût une héroïne de fantaisie, une création empruntée au monde idéal, mais une jeune fille simple, aimante, douée de toutes les%charmantes faiblesses de son sexe et résumant toutes les nuances des mœurs et de la religion de ces temps de fer. Quant à Elisabeth, la femme de Goetz, il l’a dépeinte telle qu’étaient vraiment les châtelaines d’alors. Soumise avant tout à son mari, elle ne devait admirer que lui, et, tout en restant sur le second plan, lui être dévouée jusqu’à la mort. Il n’y a pas de tirade oui vaille les quelques mots énergiques qu’elle dit à Goetz, au moment du danger, pour l’assurer qu’elle ne le quittera pas. On remarque encore dans la.pièce quelques trivialités dans les expressions, et on ne "s’est pas fait faute d’en blâmer l’auteur ; mais il faut songer que, à l’exemple de Shakspeare, il a introduit dans son action des personnages tirés des plus basses classes, et qu’il fallait bien les laisser parler leur langage. Ce qui donne plus de prise a la critique, c’est que, dans le style, on trouve plus d’un anachronisme, et tandis que Goetz emploie en parlant des tournures et des expressions même que Gœthe a empruntées à son autobiographie, les personnages qui l’entourent appartiennent par leur langage au xvnie siècle. Quoi qu’il en soit, Gœthe a produit une pièce nationale, en popularisant d’une façon aussi vive l’existence d’un homme dévoué toute sa vie au bon droit et à la vérité, et tout patriote doit lui en savoir gré, alors

l

BERL

que l’homme lettré aura déjà payé h. l’auteur son tribut d’admiration.

BERLICHINGEN (Joseph-Frédéric-Antoine, comte de), littérateur et officier hongrois, né à Tyrnau en 1759, mort en 1832. Il embrassa, en 1778, la carrière des armes, prit part à la guerre de la succession de Bavière et accompagna dans divers voyages en Allemagne le prince George de Mecklembourg, qui l’avait nommé adjudant dans son régiment. Ayant pris, après la mort de ce prince, du service dans 1'armée autrichienne, Berlichingen se distingua dans les campagnes de 1788 et 1789, contre la Turquie. En 1790, il abandonna la carrière militaire, s’établit au milieu de vastes propriétés, qu’il sut préserver de l’invasion française, et, à l’époque de la médiatisation, il vit ses terres passer, pour la plupart, sous la souveraineté du Wurtemberg, dont le roi le nomma conseiller d’État, comte, etc. À partir de 1818, Berlichingen vécut complètement en dehors des affaires publiques et fit paraître une traduction en vers latins de Hermann et Dorothée, de Gœthe (Tubingue, 1825).

BEHLIER (Théophile, comte), jurisconsulte et homme politique français, né à Dijon en 1761, mort en 1840. Nommé membre de la Convention par le département de la Côted’Or, il vota la mort de Louis XVI, remplit une mission dans l’armée du Nord, devint membre du comité de Salut public, après la chute de Robespierre, et proposa la suppression du tribunal révolutionnaire. Réélu au conseil des Cinq-Cents, il devint conseiller d’État après le 18 brumaire, prit une part active à la rédaction du code civil et fut nommé président du conseil des prises et comte de l’Empire. Secrétaire du gouvernement provisoire en 1815, iffut banni bientôt après comme régicide, et sa retira à Bruxelles jusqu’à la révolution de 1830, époque où il revint en

France. Pendant son exil, il s’adonna aux études historiques et publia son Précis historique sur l’ancienne Gaule avant César (1822, in-8") et la Guerre des Gaules (1825, in-8°), ouvrages qui sont encore estimés.

BERLIN s. m’, (bèr-lain — de la ville de ce nom). Techn. Paquet de fil arrêté par un nœud, dont on se sert dans les fabriques de velours.

— Coram. Laine de Berlin, Laine de diverses couleurs, dont les dames se servent pour faire de la tapisserie,


BERLIN (Berolinum) cap. du roy. de Prusse, dans la prov. de Brandebourg et le gouvernement de Potsdam, sur la Sprée, par 52° 31' de lat. N. et 11° 3'. long. E., à 890 kil. N.-E. de Paris, au milieu d'une plaine sablonneuse, aride, triste, et si parfaitement plate que ses eaux n'ont presque pas d'écoulement. Elle a environ 2,400 mètres de long et 1,600 mètres de large. La population a suivi depuis le XVIIe siècle une rapide progression croissante : en 1688, Berlin comptait 18,000 hab. ; en 1770, 106,606 h. ; en 1817, 188,485 ; en 1855, 426,600 h.  ; en 1858, 455,000 hab. et enfin, aujourd'hui, la pop. berlinoise s'élève à 500,000 hab., dont environ 19,000 catholiques, 16,000 Israélites ; le reste appartient au culte réformé.

Résidence ordinaire du roi ; siège du gouvernement et des administrations centrales ; des états provinciaux de la prov. de Brandebourg ; d'un surintendant évangélique portant le titre d’évêque ; des cours suprêmes de justice du royaume ; d'une banque centrale et d'un grand nombre d'établissements d'instruction publique très-renommés : université comptant parmi ses professeurs anciens ou actuels plusieurs noms illustres dans les lettres et les sciences, tels que Fichte, Hegel, Schelling, Ranke, Ritter, Sthal, les deux Grimm, Al. de Humboldt, Müller, Dove, Link, etc. ; Académie des sciences et des beaux-arts fondée en 1700 par Leibnitz ; Académie des sciences mécaniques et d'architecture ; deux séminaires théologiques protestants ; haute école militaire ; école d'artillerie et du génie ; école des Cadets ; six gymnases ou lycées ; écoles élémentaires, nombreuses écoles primaires ; écoles industrielles, etc., 27 bibliothèques publiques (la bibliothèque royale compte 600,000 vol.), 90 sociétés savantes, artistiques, littéraires.

La prospérité industrielle et commerciale de Berlin est due aux sages mesures administratives de son gouvernement, au goût et à l’intelligence de ses habitants et surtout au vaste réseau de chemins de fer dont cette ville est le centre. Les principaux articles de l’industrie berlinoise sont:les draps, lainages, bonneterie, tapis, soieries, rubans, toiles imprimées et cotons ; les articles en fer, surtout les ustensiles en fer-blanc vernissé, l’un des articles de commerce les plus importants de Berlin ; bijouterie en.acier et en fer fondu ; machines à vapeur et autres ; passementerie d’or et d’argent ; bronzes, articles en laque, papiers, tabac, sucre raffiné, cuirs, maroquin, porcelaine, faïence, chapeaux, produits chimiques et couleurs renommées (bleu de Prusse, rouge de Berlin); voitures (les premières berlines y ont été construites en 1670). Parmi les grands établissements industriels, nous citerons : la fonderie royale de fer, l’un des établissements de ce genre les plus considérables de l’Europe et produisant depuis les pièces colossales de fonte jusqu’à la bijouterie fine ; la fonderie royale de canons ; la célèbre manufacture royale de porcelaine, établie en 1761, et la poudrerie royale.

BERL

Les nombreux produits de ces diverses branches de l’industrie sont l’objet d’importantes transactions commerciales avec les autres cités du royaume et avec l’étranger ; mais, au premier rang des articles du commerce de Berlin, se placent les productions du sol, les céréales, les huiles et les alcools ; les importations de bestiaux, les bois de construction, d’ébénisterie et à brûler ; les houilles donnent lieu aussi à un grand mouvement commercial. ’.

Malgré les désavantages de sa position, Berlin est une des plus belles villes de l’Europe • on y compte 40 places, 27 ponts, 500 rues, dont la plupart sont larges, tirées au cordeau et se coupent à angle droit. Malheureusement, ces" belles rues sont mal pavées, bordées de trottoirs trop étroits, le long desquels, faute d’écoulement, croupit une eau nauséabonde et insalubre. En outre, la plupart des maisons sont bâties en briques et en plâtre. Ce labyrinthe de rues est traversé par quelques voies d’une remarquable longueur, la Friedrichstrasse par "exemple, qui a 1 kil. de long, ou égayé par quelques belles promenades, comme celle qu on nomme Sous les Tilleuls, qui est ornée sur une longueur— de 1, 600 mètres de quatre rangs de tilleuls et forme cinq voies différentes, deux pour les —voitures, deux pour les cavaliers et au milieu une allée fort large pour les piétons. Du reste, la majeure partie des plus beaux édifices et des principales curiosités se trouve groupée dans un petit espace, entre le palais Royal et la porte de Brandebourg ; on embrasse, pour ainsi dire, d’un seul coup d’œil les différents monuments que nous décrivons plus loin.

On assigne généralement au nom de la capitale de la Prusse une origine slave ; ce fait s’explique par le rôle important que la race slave a joué, en effet, dans l’histoire primitive de la Prusse ou Bor’ussie. On a rapproché ingénieusement le mot Berlin du slave ber-llo, (sceptre) littéralement ce qu’on porte à la main. Le mot ber-llo nous oftre, en effet, sous une forme très-bien conservée, la racine indœuropéenne bhar, fer, bar, ber, qui a le sens de porter. Dans cette hypothèse, on aurait donné ce nom à la ville de Berlin pour la désigner comme le siège central du gouvernement. A-Berlin, M. Delâtre rattache le mot berline, sorte de voiture suspendue, inventée à Berlin ; berlingot, berline coupée.

L’histoire de Berlin se confond avec celle de la Prusse. Ce fut sous le margrave de Brandebourg Albert II, vers 1220, que s’éleva, dans une île formée par les deux bras de la Sprée, le (premier groupe de maisons qui reçut le nom de Berlin. Grossi peu à peu par le commerce et la navigation, devenu bourgade, puis petite ville, il ne comptait que 6, 000 hab. lorsqu’en 1651, Frédéric-Guillaume, appelé le Grand Electeur, y fixa sa résidence et jeta les fondements du Palais "Vieux. Frédéric-Guillaume 1er érigea ses États en royaume, en 1701 ; si son avarice ne fit rien pour l’embellissement de Berlin, elle entassa les trésors dont se servit Frédéric le Grand pour consolider et agrandir ses États, et pour se bâtir une capitale digne du puissant royaume qu’il avait fait sortir de l’obscurité. Malgré les désastres partiels que lesguerres ont attirés sur la Prusse, quoique pris et incendié en 1757 par les Croates, en 1760 par les Russes, et en 1806 par les Français qui l’occupèrent trois ans de suite, Berlin n’a pas cessé de se développer et de s’embellir dans des proportions gigantesques, comme le prouve l’accroissement de sa population. L’administration de la Ville est gérée par un bourgmestre, un adjoint et vingt-deux échevins, conjointement avec le conseil municipal composé de cent un membres élus pour six ans par tous les habitants ayant un domicile fixe. Le conseil municipal nomme le bourgmestre pour douze ans, l’adjoint et les échevins pour six ans.-Le budget de Berlin s’élève à 7, 500, 000 fr. Cette ville est la patrie de plusieurs hommes illustres : Frédéric le Grand, Baumgarten, Ancillon, Tieck, Alex, de Humboldt, Meyerbeer, etc.

— Aspect général. — Portes, rues, places, ponts, promenades publiques, etc. Un écrivain —allemand, J.-C. Weber a dit dédaigneusement en parlant de Berlin : • La capitale de la Prusse est, comme Palmyre, comme les Pyramides d’Égypte, située au milieu d’un désert de sable. Ce désert s’étend jusqu’à Mémel. La Sprée, qui traverse la ville, n’est qu’une petite rivière trouble et boueuse, souvent à demi desséchée. » Malgré les désavantages de sa position, Berlin est sans contredit une des plus belles cités de l’Europe.

Cette capitale d’un peuple essentiellement guerrier n’a ni remparts, ni forteresses ; elle est entourée d’un simple mur d’octroi. On y entre par dix-neuf portes, dont la plupart ne sont que de simples barrières. La plus remarquable est J— Porte de Brandebourg, qui a été construite, de 1789 à 1793, sur le modèle des Propylées d’Athènes et qui a coûté 50, 000 thalers. Elle a cinq ouvertures, dont deux sont destinées aux piétons, deux aux voitures des particuliers, et celle du milieu aux voitures royales. Sa largeur est de 65 m. et sa hauteur de 26 m. 66 cent, y compris le couronnement, qui se compose d’une Victoire debout sur un char à quatre chevaux. Ce groupe colossal, en cuivre laminé, a été exécuté par un chaudronnier de Berlin, nommé Jurg, d’après un modèle de Schadow. Emporté comme trophée par les Français, en

BERL

589

1806, il a été repris à Paris par les Prussiens, en 1814, et replacé sur la porte de Brandebourg à la grande satisfaction des patriotes de Berlin. Si l’on en croit M. X. Marmier, il y avait dans cette ville, en 1810, un professeur de gymnastique, nommé.Jahn, qui ne manquait jamais, lorsqu’il passait avec ses élèves près de la porte découronnée, de demander brusquement à ceux qu’il emmenait pour la première fois : a À quoi songez-vous ? » Ordinairement, les innocents élèves répondaient : « Nous ne songeons à rien. — Eh bien ! répliquait le fougueux. Teuton, en leur donnant un soufflet, pensez désormais que, lorsque vous serez hommes, vous devrez employer tous vos efforts à faire replacer au haut de cette porte le char de la Victoire que l’odieux Napoléon nous a enlevé. » Ajoutons que ce quadrige n’a aucune valeur artistique.

La ville de Berlin occupe une superficie d’environ 7, 000 hect. carrés, que partagent à peu près par moitié les méandres de la Sprée, qui coule de l’E. À l’O. Elle se compose de plusieurs quartiers divisés en trente-cinq arrondissements, et de quatre faubourgs. Les quartiers situés sur la rive gauche de la Sprée sont les mieux bâtis ; la plupart des rues sont droites et larges. Quelques-unes ont une grande longueur, comme la rue Frédéric (Friedrichstrasse), qui a près d’un demi-mille et qui va en droite ligne de la porte de Halle jusqu’à celle d’Oranienburg. Nous citerons encore la rue Guillaume (Wit/telmstrasse), dont la rue Louise (Luisenstrasse) est une continuation, la rue de Leipzig (Leipzigerstrasse), la rue Charlotte (Charlottenstrasse), etc. La belle promenade appelée Sous les Tilleuls (Unter den Linden) est la plus agréable et la plus fréquentée de Berlin. C’est un large boulevard de 1, 600 pas de long, qui commence à la place de l’Opéra et finit à celle de Paris, devant la porte de Brandebourg. Il est planté de quatre rangées d’arbres.vigoureux, dont la plupart sont des tilleuls, et il offre cinq voies différentes, deux pour les voitures, deux pour les cavaliers et une large allée au milieu pour les piétons. Cette magnifique voie est bordée de maisons aristocratiques, de riches magasins, d’hôtels et de restaurants de premier ordre, de cafés et de confiseries (conditoreien), établissements luxueux où les consommateurs trouvent des journaux de tous

les pays, mais où il n’est pas permis de fumer.

À l’extrémité orientale de la promenade des Tilleuls, entre l’Académie des beaux-arts et le palais du prince de Prusse, s’élève Je monument colossal exécuté par —Rauch, de ]84tf k 1851, en l’honneur de Frédéric le Grand. Ce monument se compose d’un piédestal de granit de 8 m. 33 de haut, et d’une statue équestre en bronze de 5 m. 70. Frédéric est représenté avec le costume militaire qu’il portait habituellement ; un manteau d’hermine est jeté sur ses épaules. Le piédestal se divise en trois parties distinctes : la partie inférieure est occupée par des inscriptions commémoratives ; la partie du milieu est ornée de reliefs en bronze représentant, de grandeur naturelle, les principales illustrations militaires, politiques et scientifiques du règne de Frédéric ; aux quatre angles de la partie supérieure sont placées les statues de la Tempérance, de la Justice, de la Force et de la Prudence, entre lesquelles sont huit basreliefs allégoriques, rappelant divers épisodes de l’histoire de Frédéric le Grand, depuis sa naissance jusqu’à son apothéose.

Après avoir passé devant ce monument, en tournant le dos aux Tilleuls, on arrive à la place de l’Opéra, que bordent les bâtiments de l’Université, la Bibliothèque royale et l’Opéra, derrière lequel se dresse l’église de Saulte-Hedwige, À la suite de cette place vient celle de l’Arsenal, au bord de laquelle s’élèvent l’édifice de ce nom, l’ancien Palais du roi et le Corps de garde du roi. En face de l’arsenal sont les statues de Bliïcher, du général York et’de Gneisenau, fondues toutes trois en bronze d’après les modèles de Rauch. D’autres places méritent encore l’attention : celle de la Belle-Alliance, à laquelle vient aboutir la grande rue de Frédéric, près de la porte de Halle, est ornée d’une colonne de 20 m. de haut surmontée d’une statue de la Victoire. Le sculpteur Fischer a exécuté quatre groupes allégoriques en marbre, destinés à compléter ce monument, auquel on donne le nom de Colonne de la Paix. La place Guillaume {Wilhelmplatz) est ornée des statues du prince Léopold de Dessau, général en chef de l’armée prussienne, et des principaux généraux de la guerre de Sept ans. La place des Gendarmes (Gens d’armenmarkt), sur laquelle s’élève le théâtre Royal, entre l’église Neuve et l’église des Français, a été décorée récemment des statues dé Schiller et de Gœthe. Sur la place triangulaire située derrière l’Académie d’architecture, on a érigé, en 1850, la statue de l’agronome Albert Tnaer, dernière production du ciseau de Rauch, et, en 1861, la statue du conseiller Beuth, modelée par Kiss. La statue de Schinkel doit compléter la décoration de cette place.

’Le Lustgarden (jardin de plaisance) est un vaste square, situé au centre de la ville, dans une île formée par la Sprée ; il est entouré de la cathédrale, du Château royal, de la Bourse et du Musée. Le Pont du Château (Schtossbrùcke), bâti de 1822 à 1824, relie ce jardin à la place de l’Arsenal ; il a 35 mètres de large et 52 mètres de long ; on l’a décoré, en 1853, de huit groupes allégoriques, en marbre, de Mi-