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rédigés par lui, ainsi que les premiers volumes des Mémoires d’un homme d’État.


BEAUCHAMPS (Pierre-François Godard de), littérateur et auteur dramatique, né à Paris en 1689, mort dans la même ville en 1761. Il débuta dans la carrière du théâtre, en 1718, par le Ballet de la Jeunesse, et donna successivement plusieurs pièces, dont une seule, le Portrait, comédie en un acte, représentée en 1717, fut bien accueillie du public. « Cette pièce, dit le Mercure de France, a eu un des plus brillants succès qu’on ait encore vus sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. Les traits dont elle est remplie et la manière dont elle est écrite font croire à tous ceux qui en ont vu les représentations qu’ils trouveront encore de nouveaux plaisirs à la lecture. Nous ne doutons point que l’impression ne justifie ce que nous avançons, d’après le jugement du public. » Mlle Sylvia y obtint un véritable triomphe dans un rôle écrit, eût-on dit, avec la plume et dans le style de Marivaux. Parmi les autres pièces de l’auteur, nous nous bornerons à mentionner : le Parvenu (1721) ; la Soubrette (1722) ; Arlequin amoureux par enchantement (1723) ; le Jaloux (1723) ; les Effets du dépit (1727) ; les Amants réunis (1727) ; le Bracelet (1727) ; la Mère rivale (1729) ; la Fausse inconstance (1731). Toutes ces comédies, écrites en prose, et pour la plupart en trois actes, sont tombées dans le plus profond et le plus juste oubli. Comme littérateur, Beauchamps a publié plusieurs ouvrages, dont le plus important a pour titre : Recherches sur les théâtres de France (1735, 3 vol. in-4o). Dans ce travail, qui contient des documents précieux, Beauchamps divise en quatre âges l’art dramatique français. Le premier s’étend de Jodelle, vers le milieu du XVIe siècle, jusqu’à Garnier, en 1573 ; le second, depuis Garnier jusqu’à Hardy, en 1622 ; le troisième, depuis Hardy jusqu’à Pierre Corneille, en 1637 ; le quatrième, depuis Pierre Corneille jusqu’à nos jours. Beauchamps remonte jusqu’aux mystères et aux moralités, et même jusqu’aux poètes provençaux, connus sous le nom de troubadours. Son dernier âge est ensuite subdivisé en théâtre français, théâtre de l’opéra et théâtre italien. Chaque partie est précédée d’un discours sur l’origine du genre qu’il y traite ; et tout l’ouvrage contient des précis historiques et chronologiques sur les auteurs, l’époque de la première représentation de chacune de leurs pièces, la date de leurs éditions, et quelques notices sur les principaux acteurs des différents théâtres. Beauchamps a publié, en outre, une Bibliothèque des théâtres, contenant le catalogue alphabétique des pièces dramatiques, opéras, parodies, etc. (1746) ; une traduction française des Amours d’Ismène et d’Isménias (1743), roman grec attribué à Eustathius, évêque de Thessalonique, qui vivait dans le XIIe siècle, et qui a laissé d’excellents commentaires grecs sur Homère et sur Denis le géographe. « Les Amours d’Ismène et d’Isménias, dit un biographe, sont une espèce de poëme épique en prose, rempli d’aventures très-intéressantes, partie tragiques et partie plaisantes ; cette traduction française eut beaucoup de succès, et a été réimprimée plusieurs fois. Citons encore une assez mauvaise traduction en vers des Lettres d’Héloïse et d’Abailard (1737) ; le Roman de Funestine (1737) ; une traduction libre de Rhadante et Dosiclès, roman grec de Cyrus-Théodore Prodome (1746), etc.

Beauchamps avait encore composé les pièces suivantes, qui n’ont jamais été représentées ni imprimées, et dont il nous fait connaître seulement les titres dans ses recherches sur le théâtre : Arlequin bel esprit, comédie en un acte et en prose, avec divertissements ; les Exilés, comédie en trois actes et en prose, avec divertissements ; Arlequin, Gusman d’Alfarache, comédie en cinq actes et en prose ; l’Heureuse surprise, comédie en trois actes et en prose ; Arlequin qui ne veut rien être, comédie en un acte et en prose, avec divertissements ; Il n’y a qu’un ménage de gâté, proverbe en un acte et en prose ; Œdipe sixième du nom, parodie d’Œdipe, tragédie de La Motte, en un acte et en vers ; Elvire et don Pèdre ou la Force des premières inclinations, comédie en trois actes et en prose ; le Dissimulé, comédie en trois actes et en prose ; Prométhée, comédie, en un acte et en vers libres, avec divertissements ; l’Empereur du Japon, comédie en un acte et en prose, avec divertissements. On ne sait rien de plus sur toutes ces pièces.


BEAU-CHASSEUR s. m. Chien qui crie bien dans la voie, et qui marche toujours en redressant la queue sur les reins. || PL Beaux-chasseurs.


BEAUCHÂTEAU (François Chastelet de), acteur de la Comédie-Française, dont les débuts eurent lieu à l’Hôtel de Bourgogne en 1633. Il a joué le Cid, probablement comme doublure de Floridor, car il n’avait été reçu que pour tenir les seconds rôles. Dans l’Impromptu de Versailles, Molière parle de lui et de la façon ambitieuse et ridicule dont il débitait les fameuses stances. Cet acteur paraît avoir créé le rôle d’Alcippe du Menteur.


BEAUCHÂTEAU (François-Mathieu Chastelet de), fils du précédent, né à Paris en 1645, fait partie de la galerie des enfants célèbres. À douze ans, il publia un recueil de poésies sous ce titre : la Lyre du Jeune Apollon ou la Muse naissante du petit Beauchâteau. Sa conversation était pétillante d’esprit ; il parlait plusieurs langues, et la reine, mère de Louis XIV, le cardinal Mazarin, ainsi que les premiers personnages de la cour, se faisaient un plaisir de l’admettre à leurs réunions. Un ecclésiastique apostat le conduisit en Angleterre, le présenta à Cromwell, puis le mena en Perse, et, depuis lors, on n’entendit plus parler de lui. — Son frère, Hippolyte, mort vers 1680, eut aussi une existence des plus singulières. Né comme lui avec beaucoup de talents naturels, il fut tour à tour frère de la doctrine chrétienne, trappiste et ministre protestant en Angleterre. Extrêmement vain, et de l’humeur la plus mobile, il s’était acquis de la réputation comme prédicateur dès ses débuts, lorsque, ayant pris le nom de Lusancy, il essaya de se faire passer pour un parent du comte de Pomponne et pour un collaborateur du grand Arnaud. Ce double mensonge ayant été découvert, Hippolyte Beauchâteau passa en Angleterre, et mourut à Londres après avoir embrassé le socinianisme. On lui attribue l’Abrégé de la vie du maréchal de Schomberg (Amsterdam, 1690, in-12), sous le nom de Lusancy.


BEAUCHÊNE, petit pays de France dans l’ancien Dauphiné, arrond. de Gap (Hautes-Alpes), sur le territoire du canton de La Faurie.


BEAUCHÊNE (Edme-Pierre Chansot de), médecin et moraliste français, né près de Joigny en 1748, mort à Paris en 1824. Il suivit pendant quelques années la carrière des armes, puis il se fit recevoir docteur à Montpellier. Il vint ensuite à Paris, où il fut nommé médecin des écuries de Monsieur. Au commencement de la Révolution, il en goûta d’abord les principes et il fut élu membre de la commune de Paris. Mais bientôt, effrayé de la violence du mouvement, il se retira dans une terre qu’il avait près de Sens. Il ne revint à Paris qu’après le 9 thermidor, et il ne tarda pas à s y faire une belle clientèle. Sous l’Empire, il fut nommé médecin en chef du Gros-Caillou, médecin du Corps législatif, de l’École normale, etc. Louis XVIII le choisit pour un de ses médecins consultants, et il fut admis à la Société royale de médecine. Il écrivit de savants articles pour divers journaux, et entre autres pour la Quotidienne. Parmi ses ouvrages, nous citerons surtout : un Traité de l’influence des affections de l’âme sur les maladies nerveuses des femmes, et son livre intitulé Maximes, réflexions et pensées diverses.


BEAUCHESNE (Alcide-Hyacinthe Du Bois de), littérateur, né à Lorient en 1804. Ancien gentilhomme de la chambre du roi sous la Restauration, il fut, de 1825 à 1830, chef de cabinet au département des beaux-arts, et il est aujourd’hui chef de section aux Archives. Son principal ouvrage a pour sujet : Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort (1852 et 1854). C’est un livre fortement empreint de l’esprit royaliste ; mais c’est le fruit de longues études et de patientes recherches. Toutefois, il a une couleur un peu romanesque et il contient beaucoup de détails dont la réalité n’est pas toujours suffisamment démontrée. M. de Beauchesne, qui compte au nombre des plus chauds partisans du mouvement romantique, ainsi qu’on en peut juger par son style, a publié des recueils de vers : Souvenirs poétiques (1830) et le Livre des jeunes mères (1858), couronné par l’Académie française, de même que son Louis XVII.


BEAUCHESNE-GOUIN (de), navigateur français, mort dans la première moitié du XVIIIe siècle. Ayant quitté La Rochelle en 1698, à la tête d’une expédition, il entreprit un long voyage d’exploration dans les mers du Sud, prit possession, au détroit de Magellan, d’une île à laquelle il donna le nom d’île Louis-le-Grand, remonta les côtes du Chili et tomba dans une embuscade de flibustiers français, qui s’étaient établis à Arica et à qui il fut forcé de donner 50,000 couronnes. Revenant alors vers le cap Horn, il le doubla, découvrit, à 240 kil. E. de la Terre de Feu, l’île Beauchêne (52° 51’ lat. S.), et regagna la France.


BEAUCLAS (G.-H. de), lexicographe français du XVIIIe siècle. Lieutenant général de la connétablie et de la maréchaussée de France, il avait des connaissances spéciales, qui lui ont permis de publier : Dictionnaire universel, historique, chronologique, géographique et de jurisprudence civile, criminelle et de police des maréchaussées de France (Paris, 1748, 2 vol. in-4o).


BEAUCOURT, bourg et commune de France (Haut-Rhin), cant. de Delle, arrond. et à 25 k. S.-E. de Belfort ; 2,966 hab. Importantes manufactures d’horlogerie, mouvements de lampes, métronomes, serrurerie, quincaillerie.


BEAUCOUP adv. (bô-kou et koup devant une voyelle ou un h muet — de beau et coup). Plusieurs ; un nombre, une quantité considérable : Beaucoup de personnes n’ont pu pénétrer dans la salle. Beaucoup d’oiseaux ont été tués par la grêle. Beaucoup d’arbres ont été déracinés. Les lectures doivent être réglées avec beaucoup de soin. (Pasc.) J’ai passé beaucoup de temps dans l’étude des sciences abstraites. (Pasc.) Ils imitèrent l’Église en beaucoup de choses. (Boss.) Pour l’ordinaire, il n’y a pas beaucoup d’argent chez les gens de lettres. (Vauven.) Les hommes font beaucoup d’injustices sans méchanceté. (Duclos.) Il y a deux choses que les hommes estiment beaucoup : la vie et l’argent. (La Bruy.) Jeanne était moins que jamais d’humeur à oublier qu’elle devait montrer beaucoup de respect, afin d’en inspirer beaucoup. (G. Sand.) Beaucoup de femmes aiment mieux leurs maris après leur mort que pendant leur vie. (De Ségur.) Les esprits exclusifs causent beaucoup de mal, empêchent beaucoup de bien. (Droz.) Avec beaucoup d’art, on peut en imposer longtemps ; mais les succès de l’art ne sont jamais aussi longs que ceux de la nature. (Lévis.) Où il y a beaucoup de médecins, il y a beaucoup de malades ; où il y a beaucoup de lois, il y a beaucoup de délits. (Sallentin.)

Le régal fut petit et sans beaucoup d’apprêts.
                     La Fontaine.

                        Vous leur fîtes, seigneur,
       En les croquant, beaucoup d’honneur.
                     La Fontaine.

— Absol. Nombre considérable de personnes :

Beaucoup en ont parlé, mais peu l’ont bien connue.
                     Voltaire.

|| Quelque chose d’important, de considérable ou de nombreux, façon importante : Par un de ces coups de hasard qui entrent toujours pour beaucoup dans la fortune des armes., (Mass.) Ceux qui ont beaucoup sont obligés de donner beaucoup. (Fléch.) Il demande peu quand il ne veut pas donner beaucoup ; il demande beaucoup pour avoir peu. (La Bruy.) Faites beaucoup pour les vertus du peuple, assez pour ses besoins, peu pour ses plaisirs. (De Bonald.) L’étude des langues n’appartient pas uniquement à la mémoire ; le jugement peut et doit y intervenir pour beaucoup. (Boissonade.) L’art d’écrire est moins l’art de beaucoup dire que de laisser beaucoup à penser. (Bougeart.j Le bonheur n’est pas de posséder beaucoup, mais d’espérer et d’aimer beaucoup. (Lamenn.) Il y a des hommes qui parlent peu et qui mentent beaucoup. (L.-J. Larcher.) Il nous a été beaucoup donné ; il nous sera beaucoup demandé. (Guizot.)

Je promettais beaucoup et j’exécutais peu.
                Corneille.

On lui promit beaucoup : c’est tout ce que j’ai su.
                Racine.

         Quiconque a beaucoup vu
         Doit avoir beaucoup retenu.
                La Fontaine.

|| Chose importante à un point de vue absolu ou relatif : Cet enfant sait déjà le latin ; c’est beaucoup pour son âge. (Acad.) Les hommes superbes croient faire beaucoup d’éviter les autres. (Boss.)

C’était beaucoup pour moi ; ce n’était rien pour vous.
                 Racine.

Loin de blâmer les pleurs que je vous vois répandre,
Je crois faire beaucoup de m’en pouvoir défendre.
                Corneille.

|| À un haut degré, en grande quantité, souvent, longtemps de suite : Je l’aime beaucoup. Il pleut beaucoup. J’ai travaillé beaucoup. Il lui sera beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé. (Evang.) Ce qui pense en moi doit durer beaucoup. (Pasc.) Les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu. (J.-J. Rouss.) Lorsqu’on a beaucoup vécu, beaucoup souffert, on a beaucoup appris. (Chateaub.) En se trompant beaucoup, la philosophie a beaucoup fait. (Guizot.)

Si j’espère beaucoup, je crains beaucoup aussi.
                Corneille.

— Joint à un adverbe de comparaison, il marque une différence considérable : Les étoiles sont beaucoup plus éloignées que la lune du soleil et de la terre. (Rev. scientif.) Un roi connaît beaucoup moins que les particuliers les hommes qui l’environnent. (Fén.) Les hommes, en Italie, valent beaucoup moins que les femmes. (Mme de Staël.)

Il ressent mes douleurs beaucoup moins que moi-même.
               Racine.

— S’emploie pour exprimer l’excès, en le faisant précéder de un peu, qui lui fait antithèse et qui sert alors à adoucir ce que la pensée, exprimée autrement, aurait de trop dur : Mais, mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu beaucoup de mon père. (Mol.)

Il s’en faut beaucoup. Se dit pour Il y a une grande différence, au point de vue de l’intensité ou de la qualité : Le cadet n’est pas aussi sage que l’aîné, il s’en faut beaucoup. (Acad.) Il s’en faut beaucoup que nos commerçants nous donnent l’idée de cette vertu dont parlent nos missionnaires. (Montesq.)

Il s’en faut de beaucoup, Il y a une grande différence de quantité : Vous croyez m’avoir tout rendu, il s’en faut de beaucoup. (Acad.) Le pays n’est pas peuplé en proportion de son étendue, il s’en faut de beaucoup. (Volt.) || À beaucoup près, Il s’en faut beaucoup ou de beaucoup ; Il n’est pas, à beaucoup près, aussi savant que son frère. Nous n’avons pas, à beaucoup près, autant de fruits cette année que l’année dernière.

— Substantiv. Séparer le peu d’avec le beaucoup, l’assez d’avec le trop. (Bayle.) Plusieurs peu font un beaucoup. (Florian.) || C’est beaucoup si, c’est beaucoup de ou que, C’est à peine si, c’est tout au plus ; il est fort heureux que : C’est beaucoup s’il vous regarde. (***) C’est beaucoup si vos déboursés vous rentrent. (***) C’est beaucoup qu’il sorte quelquefois de ses méditations et de sa taciturnité, pour vous contredire. (La Bruy.) C’est assez pour soi d’un fidèle ami ; c’est même beaucoup de l’avoir rencontré. (La Bruy.)

— Quand beaucoup accompagne un comparatif ou un superlatif relatif, il doit être précédé de la préposition de s’il vient après le comparatif ou le superlatif : Vous êtes plus savant de beaucoup.

Quiconque est loup agisse en loup,
C’est le plus certain de beaucoup.
        La Fontaine.

|| Lorsqu’il est mis avant le comparatif, on peut le faire ou non précéder de la préposition de : Vous êtes beaucoup ou de beaucoup plus savant. || II est toujours précédé de la préposition de quand il modifie un superlatif relatif : Le christianisme, la dernière religion qui ait paru sur la terre, est aussi de beaucoup la plus parfaite. (V. Cous.) [|| Après certains verbes ou adjectifs exprimant une idée de comparaison, il doit être précédé de la préposition de : La milice romaine a surpassé de beaucoup tout ce qui avait paru dans les siècles précédents. (Boss.) La science qui éclaire et la foi qui console, en prolongeant indéfiniment l’espérance, limitent de beaucoup l’impression du malheur. (Ch. Nod.) Le despotisme est préférable de beaucoup à l’anarchie. (Lamenn.)

— Gramm. Beaucoup ne se met jamais devant un adjectif, ni devant un adverbe pour les modifier ; mais il s’emploie pour modifier l’adjectif quand celui-ci est représenté par le pronom le : On ne dit pas Il est beaucoup sage, mais on dit bien il le devient, il l’est beaucoup, lorsque sage a déjà été exprimé auparavant ; on ne dit pas non plus Je l’ai fréquenté beaucoup longtemps, mais bien longtemps.|| n’y a d’exception que pour les adjectifs meilleur, moindre, et surtout pour les adverbes plus, moins, mieux : Il se porte beaucoup mieux. Ce devoir n’est pas sans fautes, mais il y en a beaucoup moins que dans les précédents.

De beaucoup s’emploie après une comparaison quand on veut insister sur la différence qui a été remarquée : Vous êtes plus savant que lui de beaucoup ; vous l’emportez de beaucoup sur lui. Il s’en faut beaucoup marque une différence dans la qualité ; il s’en faut de beaucoup, une différence dans la quantité.

Employé dans le sens de grand nombre, c’est-à-dire comme adverbe de quantité, l’usage veut qu’il soit suivi d’un substantif, à moins que ce dernier ne se trouve représenté dans la phrase par le pronom en ; le verbe qui suit se met alors au pluriel : Beaucoup de gens ne pouvaient goûter cet avis. (Fén.) Eh mon Dieu ! il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumière, et même qui seraient bien fâchés d’être de l’avis des autres. (Mol.)

... Beaucoup d’ennemis prouvent beaucoup de gloire.

C. Delavione.

Bien des écrivains, principalement parmi les poëtes, se sont abstenus de faire suivre ce mot d’un substantif, tout en maintenant le verbe au pluriel : Beaucoup font l’aumAne, peu font la charité. (D. Sterne.) Beaucoup agissent mieux qu’ils ne pensent ou qu’ils ne parlent. (St-Murc Gir.)

Beaucoup en ont parlé, mais peu l’ont bien connue.

Voltaire.

Beaucoup me l’avaient dit, aucun ne l’a su faire. C. Delavione.

Voir, pour plus de détails, les règles générales que nous donnerons au mot Collectif.

— Syil. Beaucoup, abondamment, en abondance, amplement, bien, considérablement, copîeuioment, a foison, fort, largement..

V. Abondamment.

— Antonymes. Peu, tant soit peu, un peu.


Beaucoup de bruit pour rien, comédie en cinq actes et en vers, de W. Shakspeare. Le sujet de cette pièce, qui a quelques rapports avec l’épisode de Ginevra dans le cinquième chant d’Orlando furioso, a été emprunté par Shakspeare au Recueil d’histoires tragiques de Belleforest ; mais les circonstances accessoires et le dénoûment en sont très-différents :

Léonato, gouverneur de Messine, reçoit chez lui don Pèdre, prince d’Aragon, qui vient de triompher de la révolte de son frère naturel don Juan. Parmi les jeunes seigneurs qui se sont distingués, au premier rang est Claudio, le favori du prince. Claudio est amoureux de Héro, fille unique de Léonato ; le prince promet, pour favoriser son amour, de sonder lui-même Héro et de demander ensuite à Léonato la main de sa fille. Don Juan apprenant cela forme aussitôt le projet de contrarier les desseins de son frère et l’amour de Claudio. Ainsi finit le premier acte.

Au second acte, don Pèdre, ainsi qu’il l’a promis, obtient pour Claudio la main de Héro, non sans que don Juan ait donné une preuve de sa haine pour Claudio. Afin de lui inspirer de la jalousie, il lui a raconté que don Pèdre aime Héro et qu’il veut l’épouser. Les déclarations du prince viennent, un moment après,