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h Paris en 1863. Son père était simple compositeur d’imprimerie, et ne put lui donner qu’une instruction très-bornée. À dix ans, il entra dans la marine et servit comme mousse. Il travailla ensuite comme charpentier dans le port de Toulon ; mais il employait k lire toutes les heures de liberté que lui laissait son pénible travail, et il eut le oonheur de rencontrer un homme généreux qui lui fournit les moyens de compléter son instruction au collège de Toulon. Ses progrès furent rapides ; il put ensuite faire son droit à Paris, et, en 1829, il se fit inscrire au tableau des avocats de cette ville. Après la révolution, il retourna à Toulon, où il fonda un journal d’opinions très-avancées : l’Aviso de la Méditerranée, journal des patriotes de Toulon et du Var. Pendant quatre ans, la vivacité de ses attaques contre le gouvernement lui valut un grand nombre de procès, et bientôt les lois de septembre l’obligèrent à cesser d’écrire. Il vint alors reprendre son rang parmi les avocats de la capitale ; son talent, son zèle à défendre les intérêts de ses clients, ne tardèrent pas à lui assurer une position très-honorable. À la chute de Louis-Philippe et lorsque la France se fut donné la forme de gouvernement qui avait toujours été le rêve favori de Baume, il se* présenta devant los électeurs de Toulon et sollicita l’honneur de les représenter à la Constituante. On n’avait pas oublié les luttes qu’avait soutenues le jeune rédacteur du Journal des patriotes : il en recueillit la récompense et fut élu. Il alla prendre place sur les bancs ds l’extrême gauche, soutint de sa parole et de ses votes toutes les mesures libérales, et vota notamment pour le droit au travail et pour l’amendement Grévy. Pendant les néfastes journées de juin, il paya de sa personne et s’exposa aux plus grands dangers, pour montrer à tous que les vrais républicains réprouvaient une insurrection qui portait un coup funeste à la république. Non réélu à la Législative, il reprit sa profession, d’avocat jusqu’au jour de sa mort^qui fut un jour de deuil pour tous les amis de fa liberté. Mc Moulin prononça sur sa tombe, en présence du nombreux cortège d’hommes éminents qui avait suivi Sa dépouille mortelle, un discours que tous les journaux démocratiques s’empressèrent de reproduire.

BAUME-DESDOSSÀT (Jacques-François de La), littérateur français, né à Carpentras en nos, mort à Paris en 1750. Il fut chanoine de la collégiale de Saint-Agricol d’Avignon, et composa plusieurs ouvrages, notamment : Éloge de la paix (Paris, 1736) ; la Christiade ou le Paradis reconquis (Paris, 1753, 6 vol. in-12), ouvrage curieux, mais mal écrit, où l’on voit la Madeleine essayant de séduire le Christ, et qui valut à son auteur une amende infligée par le parlement de Paris ; les Saturnales françaises (Paris, 1736, 2 vol, in-12), publiées sous le nom de M. Croquet, et où se trouvent quatre comédies en prose : le Médisant, Iqs Effets de la prévention, le Triomphe de l’amitié et V Inégal.

BAUME-MONTREVEL (Claude de La), prélat français, né en 1521, mort en 1584. Choisi, à l’Age de douze ans, comme coadjuteurpar son oncle, Pierre de La Baume, nommé par Paul III cardinal-archevêque de Besançon, Claude lui succéda sur ce siège en 1545, et se signala par son ardeur intolérante contre les protestants. Il fit nommer des commissions chargées d’examiner la conduite de quiconque paraîtrait plus ou moins entaché d’hérésie, expulsa de Besançon un certain nombre de citoyens, et prit contre les familles des banais des mesures rigoureuses. Trois cents de ces derniers résolurent de revenir dans Besançon et d’en chasser l’archevêque ; mais leur tentative échoua (1575), et quarante jeunes gens de la ville, accusés de complicité dans le mouvement, furent condamnés à périr dans les supplices. En souvenir de son triomphe, l’archevêque institua une fête commémorative qu’on eéièbre encore à Besançon, le 21 juin, et reçut, peu de temps après, le chapeau de cardinal. Claude de La Baume avait pris pour vicaire général un parent du célèbre Raymond Lulle, Antoine Lulle, professeur à Dôle, qui réunit et publia les statuts synodaux du diocèse, sous le titre de Slatuta synodalîa Bisunt., etc. (Lyon, 1560, in-4o).

BAUME (la), petite rivière de France (Ardèche), prend sa source près de Loubarès, cant. de Valgorge, arrond. de Largentière, passe à Valgorge, Joyeuse, La Baume, et tombe dans l’Ardèche, au-dessous de ce dernier village, après un cours de 40 k. du N.-O. au N.-E.

BAUME (LA SAINTE-), montagne de France (Var), dans l’arrond. et à 24 kil. S.-D. de Brignolles, cant. de Saint-Maximin, à 35 kil. E. de Marseille ; altitude 870 m. Près du sommet, grotte de Sainte-Madeleine, dans laquelle cette sainte passa, dit-on, les trente dernières années de sa vie dans la pénitence et la prière ; but d’un pèlerinage célèbre dans le pays.

BAUME-LES-’DAMES, ville de France (Doubs), ch.-l. d’arrond., à 29 kil. N.-E. de Besançon, 435 kil. S.-E. de Paris, sur le Doubs et le canal du Rhône au Rhin : pop. aggl. 2,174 hab. — pop. tôt. 2,577 hab. L arrond. comprend 7 cant., 187 comm. ; 64,834 hab. Tribunal de ire instance et justice de paix ; coliége communal, bibliothèque. Carrières de gypse et de marbre rouge ; moulins, tanneries ; commerce de bestiaux. Baume-les

Dames, dont on admire la belle église paroissiale, possédait autrefois une abbaye de chanoinesses, dont l’église sert actuellement de halle ; c’est à cette abbaye, enrichie par Charlemagne et Louis le Débonnaire, que fait allusion la dénomination de Baume-les-Dames ’ou les Nonnes. On y voit encore les ruines d’un château fort, détruit par les Suisses en 1476, à la suite des défaites qu’éprouva Charles le Téméraire à Granson et à Morat.

BAUME-LES-MESSIEURS, petite ville de France (Jura), arrond. et à 11 kil. N.-E. de Lons-le-Sauoier ; 950 hab. Doit son nom à une ancienne abbaye de bénédictins de la congrégation de Cluny ; elle est bâtie au fond d^ine tosse étroite, entre des montagnes immenses et des rochers arides, qui s’élèvent à plus de 200 m. au-dessus des habitations, ne laissant voir que le ciel. On arrivédans ce lieu curieux et sauvage, par la charmante vallée de la Seille.

BAUME (Antoine), chimiste français, né en 1728, mort en 1804. Fils d’un aubergiste de Senlis, il n’eut d’autre instruction, pendant les quinze premières années de sa vie, que celle qu’il put puiser dans sa ville natale, au sein de sa famille. Après deux ans d’apprentissage chez un apothicaire de Compiègne, il vint à Paris à l’âge de dix-sept ans, et entra dans la pharmacie du célèbre Geoffroy. A vingt-quatre ans (1752), il fut reçu maître apothicaire, avec une grande distinction. • Peu de ses contemporains, dit M. Chevreul, ont autant écrit que lui ; peu ont autant travaillé dans le laboratoire, et c’est grâce à ces travaux que plusieurs de ses écrits ont une valeur réelle. ■ De nombreux et intéressants mémoires sur la cristallisation des sels, sur les phénomènes de la congélation et de la fermentation, sur les combinaisons et les préparations des corpsgras, du soufre, de l’opium, du mercure, de l’acide borique, du platine, du quinquina, etc., lui ouvrirent les portes de 1 Académie des sciences en 1773 ; et, lorsque le succès de l’Encyclopédie fit concevoir le plan du Dictionnaire des arts et métiers, Baume se chargea d’écrire plus de cent articles, qui font partie de cette collection. Les divers mémoires qu’il avait déjà fait paraître, avant de publier ces articles technologiques, prouvent que les procédés des manufactures lui étaient familiers. On lui devait une méthode pour teindre les draps, un procédé pour dorer les pièces d’horlogerie, des moyens pour éteindre les incendies, d’autres pour conserver le blé. Il avait aussi fait de bonnes observations sur les constructions en plâtre ou en ciment, sur les argiles et sur la nature des terres arables. Avec Macquer, il fit de nombreuses expériences pour élever la fabrication de notre porcelaine au niveau de celle de la Chine. Le premier, il établit en France une fabrique de sel ammoniac, et parvint à blanchir les soies jaunes par un procédé chimique. Il perfectionna la teinture écarlate des Gobelins, et indiqua un procédé économique pour purifier le salpêtre. Il se livra à un long travail pour rendre les thermomètres comparables et perfectionner l’aréomètre qui porte son nom. Enfin, il enseigna les moyens de fabriquer avec le marron d’Inde une fécule

douce et propre à faire du pain.

Ruiné par la Révolution, il rentra dans la carrière commerciale, qu’il avait abandonnée en 1780 pour donner tout son temps aux recherches de chimie appliquée. Il avait été pensionnaire de l’Académie des sciences en 1785 ; il fut élu associé à l’Institut en 1796.

Voici la liste des principaux ouvrages de Baume : Dissertation sur l’éther, dans laquelle on examine les différents produits du mélange de l’esprit-de-vin avec les acides minéraux (1 vol. in-12, 1787) ; Éléments de pharmacie théorique et pratique (1 vol. iu-8°, 1762 ; 2e édit., 1769 ; 3« édit., 1773, etc.) ; Manuel de chimie ou Exposé des opérations et des produits d’un cours de chimie (1 vol. in-12,1765) ; Mémoire sur les argiles ou Recherches et expériences chimiques et physiques sur la valeur des terres les plus propres à l’agriculture, et sur les moyens de fertiliser celles qui sont stériles (1 vol. in-12, 1770) ; Chimie expérimentale et raisonnée (3 vol. în-8°, 1773) ; Mémoire sur la meilleure manière de construire les alambics et fourneaux propres à la distillation des vins (1778) ; Mémoire sur les marrons d’Inde (nsi).

Des ouvrages que nous venons de citer, les plus importants sont : les Éléments de pharmacie et la Chimie expérimentale et raisonnée. Baume s’y montre attaché au phlogistique, et repousse la nouvelle nomenclature chimique et la théorie de la combustion de Lavoisier. Les opinions qu’il émet s’éloignent notablement de celles de Stahl. Il adopte la théorie des quatre éléments : « Le feu, dit-il, est une matière essentiellement fluide, principe de la fluidité des autres corps, et toujours en mouvement... Le phlogistique est ts principe des odeurs, des couleurs et de l’opacité des corps... Le phlogistique est de la plus grande fixité au feu, tant qu’il n’a pas de contact avec l’air ;... lorsqu’il se combine avec les chaux métalliques, il les ressuscite en métal ;...il augmente même leur pesanteur spécifique... Tout ceci prouve, ajoute-t-il, que le phlogistique est fixe quand il entre beaucoup de terre dans sa composition, et qu’il est au contraire très-volatil quand c est le feu élémentaire qui prédomine sur le principe terrestre. » Comme le fait remarquer M. Chevreul, Stahl admettait la fixité absolue du phlogistique, et ne concevait la manifestation du feu que là où il y avait mouvement. Dans la théorie du chimiste allemand, la combustion consistait en un mouvement de verticille communiqué par l’air aux particules très-divisées du phlogistique, mouvement qui séparait ce dernier du combustible, sous la forme lumineuse.

BAUMÉE s. f. (bo-mé — de Baume, chimiste français). Bot. Genre de plantes monocotylédones, de la famille des cypéracéos,

comprenant deux espèces herbacées, qui croissent l’une aux Moluques, l’autre aux îles Mariannes.

BAUMEISTER. (Frédéric-Chrétien), philosophe allemand, l’un des disciples les plus distingués de Wolf, né à Grossenkœrner (Saxe-Gotha) en 1709, mort en 1785. Il devint en 1736 recteur du gymnase de Goerlitz, et il a laissé des ouvrages importants, dont les principaux sont : Philosopnia définitiva (Wittemberg, 1735, in-4o) ; Institutiones philosophiœ rationalis, méthodo Wolfiana conscriptœ (Wittemberg, 1736) ; Institutiones metaphysicœ (Wittemberg, 1738) ; Elementa philosophiœ recentioris (Leipzig, 1747), etc.

BAUMEISTER (Jean-Guillaume), vétérinaire allemand, né en 1804, mort en 1846. Après avoir étudié quelque temps lapeinture, et s être essayé surtout avec succès dans la représentation des animaux, il s’adonna à l’étude de l’art vétérinaire, qu’il apprit à Stuttgard vers 1825, et qu’il enseigna successivement à Hohenheim et à Stuttgard. On a de lui quelques ouvrages estimés, parmi lesquels nous citerons : Guide abrégé de l’élève du cheval (1843) ; Manuel général de l’art vétérinaire, en collaboration avec Duttenhoser (1843-1844) ; Manuel de l’élève et de la connaissance des animaux (1843-1847). Tous en allemand.

BAUMEH (Jean-Guillaume), médecin allemand, né à Rehweiler en 1719, mort en 1788. D’abord pastenr protestant ; à Krautheim, il abandonna, au bout de quatre ans, en 1746, ses fonctions ainsi que la théologie, se livra à l’étude de la médecine h Huile et professa cette science successivement à Erfurt et à Giessen, où il futappelé en 1764. Ses principaux ouvrages sont : Imité des minéraux (Gotha 1763-1764) ; Historia nnliiralis lapidwn pretiosorum omnium (Francfort. 17711 ; Fundamenta géographie et hydmqraphix subterranex (1779) ; Ilislnria naturalis regni mineralis (1780) ; Anthropologia anatonomicophysica (1784), etc.

BAUMES, bourgde France (Vnuclu^e), ch.-l. de canton, arrond. et à 20 kil. E. d’Orange ; pnp. aggl., 1,089 hab. —pop. lot., 1,774 hab. Fabriques de plâtre. On y voit les ruines d’un vieux château, dont quelques pans sont encore debout. Près do ce bourg, à l’O-, s’élève la jolie chapelle romane déNotre-Dame d’Aubnùne.

BAUMES (Jean-Baptiste-Timothêe), médecin français, né àLunel en 1777, mort en 1828. Il était médecin à Nîmes, lorsque sa réputation lui valut d’être appelé à une chaire de la faculté de Montpellier. Doué d’une imagination vive et mobile, il se signala par son antipathie contre la plupart des hommes et des livres qui appartenaient à la faculté de Paris, et par ses incessantes querelles doctrinales, même avec ses collègues. Il est l’auteur d’une théorie médicale qui fit du bruit, mais qui n’eut à peu près que lui seul pour partisan. Dans son système, il subordonne toule la médecine à la chimie, et il y a tout lieu de s’étonner que cettejdoctrinesoit sortie de l’école de Montpellier, après les écrits de Bordeu et de Burinez, qui avaient si vivement combattu les idées empruntées parla médecine a la mécanique et à la chimie, et qui a vident fuit revivre la doctrine primitivement établie par Hippocrate, renouvelée depuis par Stahl. Praticien distingué et observateur exact, Baumes a laissé un grand nombre d’ouvrages, dont les principaux sont : De l’usage du quinquina dans les fièvres rémittentes (Paris, 1787) ; Traité des convulsions des enfants (1789) ; Mémoire sur les maladies qui résultent des émanations des eaux stagnantes (1789) ; Traité de la phthisie pulmonaire (1789, 2 vol.) ; Fondement de la science méthodique des maladies (1802, 4 vol.) ; Essai d’un système chimique de la science de l’homme (17B8) ; Traité élémentaire de nosologie (1801, 4 vol.) ; De l’instruction publique dans ses rapports avec l’enseignement des sciences et arts, etc. (1814). Ajoutons qu’aux yeux de Baumes les chirurgiens ne devaient être que de simples manœuvres, et qu’il ne cessait de déclamer contre la place importante que les chirurgiens avuient prise dans l’art de guérir.

BAUMflARTEN (Sigismond-Jacques), théologien protestant, né à Wolmirstaedt en 1706, mort en 1755, enseigna la théologie à Halle. Ce fut lui qui commença, en 1744, la publication en langue allemande de la grande Histoire universelle dite de Halle, d’abord traduite do l’anglais, et à laquelle Semler, Schoelzer, Engel, etc., imprimèrent une direction nouvelle. Entre autres ouvrages, on lui doit : Notices sur la bibliothèque de Halle (1748-1751) ; Renseignements sur des livres curieux ; Histoire d’Espagne, de Ferreras, avec les additions de la traduction française (1753-1757) ; des traités de morale religieuse, etc. Il excella surtout dans la dogmatique et dans la morale religieuse.

BAUMGAHTE1V (Alexandre-Gottlieb), philosophe allemand, né en 17U k Berlin, mort à Franafort-sur-1’Oder en 1762. Après avoir étudié la théologie et la philosophie à Halle, il obtint, en 1740. une chaire de philosophie à Francfort-sur-l’Oder. l’artisan de la monadelogieetde l’harmonie préétablie, il appartient à l’école philosophique de Leibniz, et de Wolf. Son principal titre est d’avoir, le premier, séparé, sous le nom à’esthé : ique, lu science du beau des sciences philosophiques, avec lesquelles elle avait été confondue jusqu’alors, et d’avoir tenté de la consti tuer à l’état de science distincte. On peut dire, toutefois, qu’il a posé le problème esthétique plutôt qu’il ne l’a résolu. Baumgarten définit l’esthétique la science de la connaissance sensible ou gnoséologie inférieure. Qu’est-ce que c’est que cette connaissance sensible, cette connaissance inférieure ? Il faut se rappeler que, d’après Wolf, nous avons deux espèces de facultés de connaître, les facultés supérieures, coin prises sous le nom d’entendement, et les facultés inférieures, qui ne dépassent pa3 la sphère des sens. Les idées claires, les idées logiques appartiennent aux premières ; les perceptions confuses, les représentations qui n’arrivent jamais jusqu’il la clarté distincte relèvent des secondes. Selon Baumgarten, l’idée du beau doit être placée dans cette seconde catégorie ; ce sont les facultés inférieures qu’elle met en jeu.. Comme il y a deux connaissances, une connaissance sensible, obscure, confuse, inférieure ; une connaissance rationnelle.claire et supérieure, il y a aussi deux perfections, la perfection rationnelle, qui constitue le bien et qui est l’objet de la morale, et la perfection sensible, qui constitue le beau et qui est l’objet de l’esthétique, L’esihétique, on le voit, repose, comme la morale, sur 1 idée de perfection ; toute la différence entre l’une et l’autre est dans l’ordre de représentations auxquelles cette idée de perfection est appliquée. En quoi consiste la perfection sensible ? Elle consiste en un triple accord : 1» accord entre les pensées et les choses ; 2° accord entre les pensées et les pensées ; 3» accord entre les pensées et leurs signes extérieurs. Cet ordre triple constitue la perfection de la connaissance sensible, c’est-à-dire la beauté ; le contraire de cet ordre est l’imperfection, la laideur.

On doit remarquer les limites peu tranchées qui séparent, dans la conception de Baumgarten, l’esthétique des sciences philosophiques voisines. Le beau, tel que Baumgarten 1 entend, se rapproche singulièrement du bien et du vrai, tellement cpa’il paraît les confundro l’un avec l’autre. Où estla li^ne de démarcation précise entre les facultés supérieures et les facultés inférieures, entre la connaissance rationnelle et la connaissance sensible, entre la perfection saisie par l’entendement et celle que perçoivent les sens ? N’y a-t-il d’autre beauté que celle qui est l’objet de la connaissance sensible ? Le mot bien ne peut-il, no doit-il s’entendre que de la perfection rationnelle ? En réalité, dans la théorie de Baumgarten, le beau ne forme pus une catégorie spéciale, distincte par sa nature de celle du bien ; le bien est le genre, le beau est l’espèce, et une espèce inférieure. D’autre part, les conditions de la perfection sensible, telles que nous les présente l’analyse de Baumgarten, ne sontôvideinnient, comme l’u fait remarquer M. Làvéquo, que les conditions logiques de la perception pur les sens. Que je perçoive exactement un tas de boue, il y aura accord entre ma connaissance et son objet ; mais où sera la beauté de nia connaissance ? En second lieu, que les perceptionsdiverses que me fournit le spectacle d’un tas de boue soient entre elles dans un parfait accord, la perception totale de cet objet deviendra-t-elle, grâce à cet accord, digne d’être nommée belle ? Eu troisième lieu, que je sache exprimer fidèlement la perception exacte que j’ai acquise du même tas de boue, cet accord partait entre ma connaissance et son signe i’era-l-il que ma pensée soit belle ? De ce triple accord, l’unique conséquence sera la vérité, c’est-à-dire le mérite logique, et nullement la valeur esthétique de ma connaissance.

Baumgarten est conduit par sa théorie du beau a définir le génie : l’élan de nos facultés inférieures. L’inspirution, ou impetus xstheticus, lui paraît être la concentration et la surexcitation de ces mêmes facultés, qu’il nomme quelquefois d’un seul mot significatif, caro (la chair).

« Au total, dit M. Lévêque, quoique Baumgarten ait eu l’intention louable de donner à la science du beau une existence distincte ; quoiqu’il l’ait baptisée du nom d’esthétique, qu’elle a gardé ; quoique, enfin, il ait vaguement compris que l’ordre entre comme élément dans ia nature essentielle du beau, c’est à tort qu’on le regarderait comme le fondateur de la science du beau. Le vrai père de cette science, c’est Platon. Baumgarten n’en a été que le parrain médiocrement inspiré, D

Outre l’ouvrage intitulé JEsthetica (1750), où se trouvent ses vues sur la science du beau, Baumgarten a laissé : Philosophia yeueralis cum dissertatione proxmiali de dubitatione et certitudine(1730) ; Miilapliijsica(lTi<}) ;Ethica philosophica (1740) ; Jus nutwm (1705) ; De nonnulin ad Poemu pertineitiibus (1735).

BAUMGARTÉNIE s. f. (boinm-gar-té-nîde Baumgarten, bot. allem.). Bot. Syn. de borye.

BAUMGARTIE s. f. (bomm-gar-tî—du nom