Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 1, B-Bd.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

BAU

mandant de la garde d’honneur de Vesoul ; mais bientôt se rendit à Naples, et, pendant les Cent Jours, apporta à Napoléon des dépêches confidentielles de Murât. À son retour en. Italie, il fut arrêté par la police autrichienne et envoyé à Paris. Mais le crédit de son père assoupit cette fâcheuse affaire. Depuis, il servit quelque temps en Russie. Napoléon III lui donna, en 1852, un siège au sénat. Le chef actuel de cette maison est Anne-Antoine Gontran, prince de Bauffremont-Courtenay, né en 1822.

BAUFFRER, BAUFFRERIE, BAUFFREUR,

Se disent pour Bâfrer, etc.

BAUGE s. t. {bô-je — bas lat. baugium, jnème sens). Véner. Lieu fangeux où le sanglier se retire : Un sanglier dans sa bauge. Ce sanglier était sale et couvert de la boue de sa bauge, où il s’était vautré. (Fén.) Les baudets, haletants comme prie même qui force un sanglier dans sa bauge, se pressaient en tumulte. (V. Hugo.) La comtesse gisait, le corps affaissé, les bras pendants, sur un fauteuil sale, dans cette chambre gui ressemblait à la BAUGE d’un sanglier. (Balz.) On lance le cerf de la reposée, le loup du liteau, le lièvre du gîte, les bêtes noires de la bauge. (E. Chapus.)

— Par ext. Loge de cochons domestiques :

Jamais de porc ft porc on ne vit d’injustice ; Notre bauge est pour nous le temple de la paix.

Voltaire.

— Par anal. Habitation sale et misérable : La vieille sorcière se montra hors de sa badge. Le propriétaire enfoncé dans sa badge campagnarde... (Balz.) il V. Hugo a désigné sous ce nom le château des comtes de Lamark, à cause du surnom do Sanglier des Ardennes, qui a été donné à l’un des membres de cette famille : Le déboisement, ce fils bâtard de la civilisation, a fort tristement dévasté la vieille bauge du Sanglier des Ardennes. (V. Hugo.)

— Nid de l’écureuil ; Pour peu qu’on touche au pied de l’arbre sur lequel il repose, l’animal sort de sa petite badge, fuit sur un autre arbre, ou se cache à l’abri d’une branche, (Buff.) La bauge est une cabane artistement couverte avec des branches d’arbres, et garnie à l’intérieur d’un moelleux tapis d’herbes sèches. (Toussenel.)

— Loc. fam. Avoir tout à bauge, Avoir tout à profusion, jouir d’une abondance excessive.

— Constr. Mortier de terre grasse mêlée de paille, qu’on emploie pour enduire les murs, il Mortier terreux, employé dans les constructions en pisé : Presque tous les villages et hameaux de la Beauce sont construits en baugb, couverts en chaume et en paille. (Guide pittoresque)

— Agrio. Tas d’échalas debout et inclinés.

— Comm. Sorte de droguet de gros fil et de laine grossière, qui-se fabriquait en Bourgogne.

— Econ. dom. Sac court et’ large, en toile grossière : Badge de sel, de farine.

— Enoycl. Constr. On se sert de la bauge pour lier les pierres d’un mur, pour enduire des constructions en menu bois, en paille, en roseaux, ou pour combler les intervalles entre les pièces de bois qui forment la carcasse des bâtiments. Toutes les terres grasses peuvent servir à faire de la bauge ; elles y sont d’autant plus propres qu’elles sont plus homogènes et qu’elles ont plus de ductilité et de Jant. Ce mortier a le grand avantage d’être économique ; malheureusement, l’humidité le détruit très-vite, et, même lorsqu’il est sec, il n’offre pas une grande résistance. Dans l’intérieur des maisons et des étables, on peut l’employer à construire des cloisons fort légères et d’une grande durée.

BAUGÉ, ÉE (bô-jé), part. pass. du v. Bauger : Un sanglier bauge dans un bois.

BAUGÉ (BalGiacum), ville de France (Maineet-Loire), ch.-l. d’arrond., à 40 kil. N.-E. d’Angers, 274 kil. S.-O. de Paris, sur la rive droite du Couesnon ; pop. aggl. 3,104 hab.pop. tôt. 3,546 hab. L’arrond. comprend 6 cantons, 66 communes ; 78,041 hab. Tribunal de ire instance et justice de paix ; collège libre, hôpital. Fabriques d’étoftes de laine et de toiles communes ; ouvrages en corne, huilerie, saboterie. Commerce de fruits cuits, porcs gras, huiles de noix et de chènevis, toiles, bois de charpente.

Cette petite ville, située dans une belle vallée arrosée par le Couesnon, que l’on y passe sur un beau pont, est construite très-irrégulièrement ; elle possède néanmoins plusieurs

belles habitations et un château, œuvre du xv« siècle, occupé par la mairie actuelle. Ce château, bâti par René d’Anjou, a perdu tout son caractère, sauf un admirable escalier en encorbellement, couronné par un palmier à nervures, aux écussons d’Anjou-Sicile. On voit aussi à Baugé le bel hospice de la Providence, dont 1 église prétend posséder un Van Dyck et un Philippe de Champaigne. Près de cette petite ville, au lieu nommé Champ de bataille, le maréchal de La Fayette vainquit les Anglais en 1421.

« BAUGÉ (Sires, comtes et marquis de). Ce fut vers 830 que Louis le Débonnaire donna la sirerie de Baugé à Hugues, qu’on croit être un fils cadet d’un comte de Bresse. Les successeurs de Hugues, parmi lesquels on remarque plusieurs évêques, acquirent la Bresse au commencement du xic siècle, et conser BAU

vèrent la souveraineté jusqu’à l’extinction de la famille dans les mâles, vers la seconde moitié du xine siècle. Sibylle, fille unique et héritière de Gui, dernier sire de Baugé et de Bresse, porta ces domaines dans la maison de Savoie, en épousant, en 1272, Amédée V, comte de Savoie. Louis, duc de Savoie, érigea le Baugé en comté, en faveur de Philippe, son cinquième fils, en 1460. Conquis par François 1er en 1535, il passa entre diverses mains, jusqu’en 1559, époque où le duc de Savoie rentra en possession de ses États. Dans la suite, le Baugé devint un des apanages de la maison d’Urfé, avec titre de marquisat, en échange de certaines autres terres, cédées à Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, par Renée de Savoie, comtesse de Tende, veuve de Jacques, marquis d’Urfé. 0

BAUGEAN (Jean-Jérôme), graveur français, né à Marseille en 1764, a travaillé en Italie, à Marseille et à Paris, où il a obtenu le titre de graveur du roi, sous la Restauration. On a de lui près de trois cents vues de différents ports et monuments de France, d’après Bourgeois, Michallon, Goblain, Rémond, Aug. Aubert, Guyot, Délavai, d’Orchwiller, Veyrenc, Chapuy, Leblanc, Bence, Fontaine, etc. ; un Recueil de petites marines, représentant des navires de diverses nations, intérieurs d’arsenaux, travaux des ports t costumes de pécheurs, barques de rivière, etc. (Paris, 1817, in-4o, contenant 120 pièces numérotées). Baugean a gravé aussi quelques

sujets historiques, entre autres le Combat de Navarin, l’Embarquement de Bonaparte à bord du Bellérophon, le Rétablissement de la statue de Henri IV sur le Pont-Neuf, etc. Ces divers ouvrages sont exécutés à l’eau-forte.

BAUGER v. n. ou intr. (bô-jé — rad. bauge). Véner. Gîter, en parlant du sanglier : Bernard savait, à cinquante pas près, où batjgkaient tous les sangliers de sa garderie. (Alex. Dum.)

BAUGES (les), contre-fort de la chaîne des Alpes, qui couvre de ses ramifications le pays compris entre l’Isère et le Rhône. On donne aussi le nom de Bauges au pays sur lequel s’étendent ces montagnes.

BAUGIN (Lubin), peintre français, fut admis dans la’corporation des maîtres peintres de Paris en 1645, reçu à l’Académie royale de peinture le 4 août 1651, nommé ancien le 24 août de la même année, à la place de van Opstal, et destitué le 2 janvier 1655. On n’a pas d’autres renseignements sur sa vie. Il avait fait une étude particulière xles maîtres italiens, principalement du Guide, dont il s’efforça de reproduire la manière, ce qui le fit surnommer par ses contemporains le Petit Guide. Il exécuta un grand nombre de dessins destinés à être reproduits en tapisserie. Ses peintures sont.d’un style plus bizarre qu’original ; les plus remarquables sont : une Sainte Famille, au Louvre ; la Vierge et l’Enfant, au musée de Rennes ; le même sujet, au musée de Nancy ; le Martyre de saint Barthélémy, au musée de Rouen ; une Sainte Famille, au musée de Dijon.

BAUGIN (J.), graveur français, travaillait vers 1660. M. Charles Blanc cite de lui la Vue des arènes d’Orange, la Vue du grand aqueduc romain, de la même ville, le portrait de Henri de la Mothe-Houdancourt, etc.

BAUGNIET (Charles), peintre belge contemporain, né à Bruxelles, a travaillé pendant quelque temps dans ceite ville où il a exposé, en 1860, une Jeune fille à sa toilette. Il s’est fixé à Paris depuis plusieurs années, et s’est fait remarquer aux dernières expositions par des tableaux de genre consciencieusement étudiés et soigneusement peints, parmi lesquels nous citerons : la Fille ainée (Salon de 18G3) ; le Retour de la fille ainée (1864) ; la Conscience troublée et Visite à la Veuve {1865) ; la Toilette de la Mariée et Visite de la Marraine (1866).

BAUGUE. V. BAUOUE.

BAUGV, bourg de France (Cher), ch.-l. de cant., arrond. et à 28 kil. E. de Bourges ; pop. aggl. 845 hab. — pop. tôt. 1,486 hab. Commerce de chevaux, poulains, bceufs, etc. Vestiges d’un ancien château fort, pris en 1412 par Charles VI. On a trouvé, aux environs, un grand nombre d’antiquités gallo-romaines. . BAUHIN s. m. (bo-ain — nom d’homme).-Anat. Usité seulement dans la locution valvule de Bauhin, Nom d’une valvule située entre l’iléon et le ccecum.

BAUHIN (Jean), médecin français, né à Amiens en 1511, mort en 1582. Il exerça son art avec distinction, se fit une grande réputation en France et à f’étranger, surtout dans les Pays-Bas, et devint premier médecin de Marguerite de Valois. S’étant converti au protestantisme en 1582, il se vit contraint, pour échapper aux persécutions, de se réfugier à Baie, où il mourut.

BAUHIN (Jean), médecin et naturaliste, né à Bàle en 1541, mort en 1613, fils aîné du précédent. Il fut initié par son père à la connaissance de l’art médical, et s adonna avec une ardeur passionnée & l’étude de la botanique, sous la direction de Fuchs, à. Tubingue. S’étant rendu à Zurich, où se trouvait l’illustre Conrad Gesner, celui-ci, frappé de sa science précoce, en fit le compagnon de ses excursions scientifiques à travers les Alpes et la Suisse. Bientôt après, Bauhin parcourut l’Ai BAU

sace, la Bourgogne, la Lombardie, en collectionnant des plantes ; suivit les cours d’Aldrovande à Bologne, de Rondelet à Montpellier, se lia.d’amitié avec Dalechamps à Lyon, et, après avoir parcouru, en herborisant, l.e Lyonnais et le Dauphiné, il alla s’établir dans sa ville natale, où, tout en exerçant la médecine, il professa la rhétorique (1566). Sa grande renommée, comme praticien et comme naturaliste, lui valut d’être appelé en 1570 à Montbéliard, par le duc Ulrich de Wurtemberg, qui en fit son médecin, et qui, grand amateur des sciences naturelles, avait rassemblé dans ses jardins les plantes les plus rares. Bauhin resta dans cette ville pendant quarante-trois ans, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie. Il composa plusieurs ouvrages qui l’ont placé au premier rang des naturalistes de son siècle. Les principaux sont les suivants : Memorabilis historia luporum aliquot rabidorum, etc. (1591), histoire de la rage, traduite en français en 1593 ; De plantis absinthii nomen habentibus (1593) ; Traité des animauls aians aisles, qui nuisent par leurs piqueures, etc. (1595) ; De aquis medicalis nova méthodus (1605) : Historim plantarum généralis novœ et absolutœ prodromus (1619, in-4o) ; enfin, le plus considérable de ses ouvrages, Historia universalis plantarum nova et aosolutissima (Yverdun, 1650-1651, 3 vol. in-fol.). Cette vaste compilation, publiée après la mort de Bauhin, contient la description d’environ 5,000 plantes, avec 3,577 figures, renferme tout ce qui avait été dit antérieurement sur la matière, et coûta, pour frais de publication, 40,000 florins à François-Louis Graffenried, patrice de Berne, qui avait entrepris de faire paraître l’ouvrage, avec Chabrée, de Genève. Ce dernier a publié, sous le titre de Sciagraphia (Genève, 1666), unabrégé de cette histoire des plantes, dans lequel il a réuni en un volume toutes les figures, et donné tout ce qu’il y a d’important sur la nomenclature et le nombre des espèces, dans le grand ouvrage de Bauhin.

BAUHIN (Gaspard), botaniste et anatomiste, frère du précédent, né à Bàle en 1560, mort en 1624. Doué, comme ce dernier, de remarquables aptitudes pour les sciences naturelles, il commença ses études sous la direction de son père, de Zwinger et de Félix Plater, fut envoyé à Padoue en 1577, où il reçut les loçons d’anatomie d’Aquapendeiite, et de botanique de Guilandini ; puis il parcourut l’Italie pour se former des herbiers, séjourna à Montpellier (1579), visita Paris, ainsi que les principales universités de l’Allemagne, et entra partout en relation avec les savants les plus distingués. De retour à Bâle en 1580, il se maria, se fit recevoir docteur (1585), professa tour à tour le grec, la botanique et l’anatomie (1588) ; fut nommé, en 1596, médecin du duc Frédéric de Wurtemberg, et enfin premier professeur de médecine et premier médecin de la ville de Bàle, en remplacement de Félix Plater, qui mourut en 1614. Anatomiste distingué et botaniste éminent, Gaspard Bauhin ne fut pas seulement un compilateur sagace, comme son frère Jean, son collaborateur dans plusieurs ouvrages. Il tenta d’apporter l’ordre dans ses deux sciences de prédilection, en introduisant de nouvelles nomenclatures, qui’ont fait longtemps autorité.

Comme son frère, il résolut de réunir en un seul ouvrage tout ce qui avait été écrit jusqu’alors sur les plantes, de faire concorder les noms donnés a la même plante par les divers auteurs, et il consacra à ce travail plus de quarante ans. Bauhin a joui longtemps d’une réputation considérable ; son nom a été fréquemment cité près de ceux de Tournefort et de Linné, et il a été rangé au premier rang des botanistes de son siècle. Cette réputation exagérée a beaucoup perdu aujourd’hui, et Bauhin est considéré surtout comme un érudit, dont le plus grand mérite est d’avoir su fondre ensemble toutes les connaissances acquises antérieurement en anatomie et en botanique. Bauhin a composé un nombre considérable d’ouvrages. Parmi ceux qui ont rapport à l’anatomie, nous citerons : Franc. Rousseti de partu cmsareo (Bàle, 1582) ; De humani corporis partibus externis (Bâle, 15S8) ; De corporis humani fabrica (Bâle, 1590) ; Institutiones anatomicœ (1592), et Theatrum anatomicum, infinitis locis auctum (Bâle, 1592). C’est dans cet ouvrage que Bauhin s’attribue la découverte de la valvule iléo-ccecale, qui porte son nom et qui avait été antérieurement signalée par Rondelet. Ses principaux ouvrages en botanique sont : Phytopinax, seu enumeratio plantarum, etc. (Bâle, 1596), ouvrage où l’on trouve la description de 2,700 plantes, notamment de la -pomme de terre, alors cultivée comme objet de curiosité par quelques amateurs, et qu’il rangea, avec une rare sagacité, parmi les solanées ; Pinax theatri botanici, etc. (Bâle, 1596, in-4o), son œuvre capitale, qui a été longtemps classique, et où l’on trouve les premières tentatives d’une classification naturelle des plantes ; Animadversiones in historiam généraleni plantarum (Francfort, 1601) ; De compositione medicamentorum (1610) ; De hermaphroditorum monstrosorumque partuum natura (1614) ; Prodromos theatri botanici, etc. (Francfort, 1620) ; Theatrum botanicum, sive historia plantarum (Bâle, 1658, in-fol.), etc. — Son fils, Jean-Gaspard, né à Bàle en 1606, mort en 1685, suivit la profession paternelle, enseigna la botanique à l’université de sa ville natale,

BAU

391

et fut nommé, en 1656, médecin de Louis XIV, qui lui donna une pension. Il publia divers ouvrages de son père, entre autres le dernier cité, et quelques-uns de lui, notamment une Dissertation de la peste (Bàle, 1628) ; Disscrtatio de morborum differentiis et causis (1670).

BAUHINIE s. f. (bo-i-nî — de Bauhin, nom de-deux botanistes). Genrede plantes, do la famille des légumineuses, tribu des césalpiniées, comprenant une soixantaine d’espèces, qui croissent dans les régions tropicales : Les bauhinies forment des arbrisseaux élégants. Il On dit aussi bauhine.

— Encycl. Le genre bauhinie, dédié aux frères Jean et Gaspard Bauhin, célèbres botanistes du xvie siècle, est l’un des glus remarquables de la famille des légumineuses,

tribu des césalpiniées. Il renferme une soixantaine d’espèces, répandues dans les régions tropicales des deux continents. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux, souvent grimpants, dont la tige présente, dans certaines espèces, une forme et une structure toutes particulières. Dans les lianes du genre bauhinie, la tige est, non plus cylindrique, mais comprimée de telle sorte, que sa coupe représente, ■non un cercle, mais un ovale plus ou moins allongé. Le corps ligneux Se développe seulement dans deux directions diamétralement opposées, où l’épaisseur est considérable, tandis qu’elle est très-faible ou presque nulle dans les autres directions. Cet aplatissement n’est pas dû, comme on l’a cru d’abord, à l’obstacle mécanique qu’oppose à l’accroissement de la tige, 1 arbre ou le corps étranger contre lequel elle grimpe ; il tient à la nature même du végétal, et persiste, soit dans les parties qui sont pressées contre un autre corps, soit dans celles qui végètent librement. Il est même des espèces chez lesquelles la structure de la tige devient des plus bizarres ; ainsi, dans celle qui porte plus spécialement le nom de bauhinie grimpante (bauhinia seaudens), la tige n’est pas seulement aplatie ; mais, par sa flexion alternative dans un sens, puis dans l’autre, elle présente une disposition en zigzag tout à fait étrange. On peut la comparer à une immense lanière, ou bien à deux engrenages accolés par le dos, de telle sorte que les dents de l’un sont placées en face des vides de l’autre. Les feuilles alternes sont plus ou moins profondément bilobées au sommet, ou, si l’on veut, elles se composent de deux folioles opposées et soudées dans leur partie inférieure. Plumier, qui a créé le genre bauhinie, a vu dans cette disposition des feuilles une touchante allusion à l’étroite et indissoluble amitié qui a uni les deux frères Bauhin. Les fleurs des bauhinies sont groupées en grappes terminales ; elles présentent un calice caduc, fendu latéralement, à cinq divisions ; une corolle à, cinq pétales oblongs, inégaux, onguiculés, étalés ; dix étamines libres ou diadelphes, inégales, inclinées, dont une beaucoup plus longue que les autres, et quelquefois seule fertile ; un ovaire stipité, à une seule loge pluriovulée. Le fruit est une gousse allongée, très - aplatie, à une seule loge, contenant plusieurs graines aplaties, ovalaires ou rénitormes. Toutes les bauhinies se font remarquer par l’élégance de leur port ou par la beauté de leurs fleurs, et quelques-unes par des propriétés médicales souvent réelles, souvent aussi fort exagérées. La bauhinie grimpante (bauhiniascandens) est un grand arbrisseau sarmenteux, à tige et à rameaux munis de vrilles préhensiles, portant de petites grappes de fleurs jaunes. Cette espèce croit aux Indes orientales et dans quelques parties de l’Amérique du Sud. D’après Rumphius, les habitants d’Amboine attribuent à ses feuilles la propriété d’accélérer, chez les enfants, l’usage de la parole, et, chose plus merveilleuse encore, de faire parler les muets. La bauhinie dioariquée (bauhinia divaricata) a des feuilles cordiformes, dont les deux folioles aiguës sont à peine soudées à la base ; ses grandes fleurs blanches se succèdent toute l’année, et ne se montrent guère dans " toute leur splendeur que par les temps de , pluie. La bauhinie cotonneuse (tomentosa) a des fleurs d’un blanc jaunâtre, dont les Indiens se servent pour parer leurs idoles ; toutes les parties de cette plante, et particulièrement ses racines, sont préconisées comme un excellent vermifuge. On distingue encore, parmi les espèces ornementales, les bauhinies pourprée (purpurea), épineuse {aculeata), acuminée (acuminata), panachée (variegata), à grappes {racemosa) et à petites fleurs (parvi/lora). Du reste, toutes les bauhinies sont très-remarquables sous ce rapport ; mais, sous nos climats, on ne peut les élever qu’en serre chaude. Elles exigent un sol substantiel, et se multiplient de boutures, mais avec assez de difficulté ; on a conseillé de marcotter les tiges. Quelques espèces se prêtent à la culture en pots.

BAUHC1S (Bernard), jésuite, né à Anvers en 1575, mort en 1629. Il professa les humanités au collège de Bruges, et quitta ensuite la carrière de l’enseignement pour se livrer à la prédication. Mais ce qui l’a surtout rendu célèbre c’est un recueil d épigrammes latines, ou plutôt un vers de l’une de ces épigrammes. Ce vers est adressé à la Vierge et il est ainsi conçu :

Tôt tibi sunt dotes, Virgo, quoi sidéra cœlo.

On calcula que les mots de cet hexamètre, un instant fameux, pouvaient être combinés