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La loi du 23 ventôse an XII, qui prescrivit la formation d’un tableau d’avocats, ne rétablit pas l’institution du bâtonnat, mais le décret du 14 décembre 1810 combla cette lacune, en donnant pour chef à chaque barreau un bâtonnier nommé par le procureur général. Plus tard (1822), cette nomination fut attribuée au conseil de discipline de l’ordre, ou au tribunal de l ""» instance dans le cas où le nombre des avocats inscrits serait inférieur à vingt. En 1830, le gouvernement donna aux avocats le droit, dont ils jouissaient, sans conteste, avant 1789, d’élire directement le bâtonnier, droit dont ils ont été privés de nouveau en 1852 : aujourd’hui, le bâtonnier est nommé par le conseil de discipline, et doit être choisi parmi les membres de ce conseil. Lorsque le nombre des avocats est inférieur à six, le tribunal remplit les fonctions de conseil de discipline, et désigne comme bâtonnier un des avocats. 11 est d’usage, dans un grand nombre de barreaux, d’élire le même Bâtonnier deux années de suite. V. Avocat.

Le bâtonnier est chef de l’ordre, dépositaire du tableau, président du conseil de discipline, qu’il est chargé de convoquer, et il est tenu de faire exécuter ses décisions : "il représente l’ordre vis-à-vis de ses confrères, sur lesquels il a un droit de surveillance, et vis-à-vis des corps judiciaires. C’est à lui que sont notifiées les décisions prises par ces derniers à l’égard de l’ordre. Il est le défenseur naturel de ses confrères : dans les conflits qui naissent quelquefois entre un avocat et la cour (ou le tribunal) devant laquelle il plaide, le bâtonnier n’hésite jamais à venir, seul ou assisté de membres du conseil, prendre la parole en faveur de l’avocat menacé. Dans les barreaux où sont établies des conférences de stagiaires, Se bâtonnier en est le président-né : il les dirige, s’associe à leurs travaux, et apporte à ces réunions le concours de son expérience. À Paris, la conférence est solennellement ouverte, chaque année, par un discours du bâtonnier, qui est moins une œuvre oratoire qu’une allocution familière, pleine de bons conseils et de sages réflexions sur l’exercice de la profession. Quelques-uns sont restés comme des modèles du genre. nous citerons ceux que M. Liouville a prononcés pendant les deux années de son bâtonnat, et dans lesquels il a envisagé le barreau sous toutes ses faces ; histoire, législation, tradition, coutumes, droits, devoirs ; ils ont été publiés, avec notes, documents et commentaires, sous ce titre : Devoirs, honneurs, avantages, jouissances de la profession d’avocat (1857, in-12).

Le bâtonnat est un honneur très-envié et très-désiré : il est une attestation de talent, d’indépendance et de probité. À Paris, surtout, où le nombre des avocats est considérable, où l’ordre renferme des mérites si éclatants, il est honorable d’être appelé à porter ce beau titre, d’autant plus qu’il est déféré à l’avocat par ses pairs. Nous donnons ici la liste, depuis 1810, des bâtonniers qui se sont succédé à la tête de ce grand barreau :

Delamalle 1811

Delacroix-Frainville... 1812-1815

Fournel ’ 1816

Bonnet. 1817

Archambault 1818-1819

Delahaye 1820

Bille.coq 1821-1823

Garral 1824-1825

Pantin. 1826-1827

Thévenin 1827-1828

Louis IS29

Dupin aîné 1830

Mauguin 1830-1832

Parquin 1833

Phil. Dupin 1834-1835

Delangle 1836-1837

Teste 1838

Paillet.... 1839

Marie 1840-1841

Chaix-d’Est-Ange.... 1842-1S43

Duvergier 1844-1845

Baroche 1846-1847

Boiiivilliers 1848-1849

Gaudry 1850-1851

Berryer 1852-1853

Bethmont ■.. 1854-1855

Liouville 185S-1857

Plocque 1858-1859

Jules Favre. 1860-1861

Dufaure 1862-1863

Desmarets 1864-1865

La date qui accompagne chaque nom est selle de l’élection. Chaque exercice comprend, en général, une ou deux années judiciaires, c’est-à-dire du mois d’août au mois d’août.

Presque tous les noms que nous venons de citer sont célèbres : de tous ces bâtonniers, quelques-uns ont pris place au Sénat, au Conseil d’État et dans l’administration : M. Dupin aîné, procureur général à la cour de cassation, président de l’Assemblée législative et sénateur ; M. Delangle, procureur général, sénateur, garde des sceaux ; M. Chaix-d’Est-Ange, procureur général, sénateur, viceprésident du Conseil d’État ; M. Baroche, président du Conseil d’État, ministre de la justice ; MM. Boinvilliers et Duvergier, conseillers

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d’État, sont des preuves éclatantes du discernement avec lequel les avocats choisissent leurs bâtonniers. D’autres, plus amoureux de leur profession, plus soucieux de leur indépendance, méritent également les sympathies publiques, bien qu’ils aient pris moins de part au gâteau officiel des rois. Les Mauguin, les Marie, les Liouville, les J. Favre, les Berryer, ont trouvé leur récompense dans la profession qu’ils aiment et dans l’estime de leurs confrères, estime à laquelle toute la France s’associe ; et ici le Grand Dictionnaire regrette un nom, Me Lachaud, l’orateur le plus profondément sympathique du barreau français.

r- Bibliog. Consulter les divers ouvrages que nous avons indiqués, sous les rubriques avocat et Barreau, et notamment le Barreau au xix<= siècle, par M. O. Pinard.

BATONNISTE s. m. (bâ-to-ni-stc — rad. bâton). Personne qui sait manier le bâton et s’en servir comme d’une arme : Max essaya d’un moulinet, en manœuvrant son sabre avec une dextérité de bâtonniste. (Balz.)

BÀTON-ROCGE, ville des États-Unis d’Amérique, capitale politique et siège de la législature de l’État de la Louisiane, depuis 1848. C’est une jolie petite ville franco-espagnole, construite sur le dernier morne qu’on rencontre en descendant le Mississipi, à 81 k. en avant de la Nouvelle-Orléans, par conséquent à près de 250 Tùl. des bouches du fleuve. 5,625 hab. Collège, arsenal, pénitencier de la Louisiane.

Des Français qui, dans la première moitié du xviirc siècle, remontaient le cours du Mississipi, à la recherche d’un emplacement convenable, s’arrêtèrent en un lieu où se dressait, tout à fait isolé, un énorme cyprès complètement décortiqué et garni, à son sommet seulement, d’un bouquet de feuilles. On sait que, sous leur écorce, les arbres résineux ont une apparence rougeâtre. De là le nom de Bâton-Rouge jbnné à la nouvelle ville.

Pendant la guerre de la sécession, cette ville fut prise, le 25 avril 1862, par Farragut, commandant les troupes fédérales, reprise peu après par les sudistes, et soumise de nouveau par les soldats du Nord, sous les ordres du général Banks.

batoqub s. f. (ba-to-ke). Syn. de botoque.

batoscèle s. m. (ba-to-sè-le — du gr. batos, buisson ; skélis, cuisse). Entotn. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, ctont l’espèce type vit au Bengale.

BATOOM, ville de la Turquie d’Asie, pachalik et à 130 kil. N.-E. de Trébizonde, port sur la mer Noire ; 8,000 hab. Sol extrêmement fertile, et produisant en abondance des grenades, des oranges et des figues.

BATODBINE. V. Bathdrin.

BATOURNER v. a. ou tr. (ba-tour-né). Techn. En parlant des douves d’un tonneau, Les mesurer pour les égaliser aiTljesoin.

BATRACHIDÉE s. f. (ba-tra-ki-dé — du gr. batrachos, grenouille ; idea, forme). Enton ! . Genre d^insectes orthoptères, de la famille des sauterelles, démembré du genre te tri x.

BATRACHION s. m. (ba-tra-ki-on— du gr. batrachos, grenouille). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, voisin des harpales, et comprenant trois espèces, qui vivent au Mexique.

— Bot. Ancien nom de la renoncule bulbeuse, vulgairement appelée grenouillette.

BATRACHITE s. f. (ba-tra-ki-te — du gr. batrachos, grenouille). Miner. Corps gris verdâtre que l’on rencontre dans leTyrol, et qui est une variété de péridot.

— Antiq. Pierre verdâtre, qui passait pour provenir de la tête du crapaud, et qu’on disait efficace contre toutes sortes de venins.

BATRACHOCÉphale adj. (ba-tra-ko-séfa-le —du gr. batrachos, grenouille-, kephalé, tête). Zool. Dont la tête ressemble à celle de la grenouille.

BATRACHOGRAPHE s. m. fba-tra-ko-gra-fe — du gr. batrachos^ grenouille ; graphe, j’écris). Celui qui a écrit des traités spéciaux sur les batraciens.

BATRACHOGRAPHIE s. f. (ba-tra-ko-grafî — rad. batrachographe). Description des grenouilles et des batraciens.

batrachoïde adj. (ba-tra-ko-i-de — du gr. batrachos, grenouille ; eidos, aspect). Zool. Qui ressemble à la grenouille.

— s. m. Ichthyol. Genre de poissons acanthoptérygiens, voisin des baudroies, à tête large et plate, qui rappellent la forme des têtards de grenouilles : L’espèce de batrachoïde vulyairement appelée tau habite les mers" de l’Europe. L’appareil branchial des batrachoïdes n’a que trois lames déchaque côté. (G. Bibron.)

Bntracboiïiyomaciito (la), c’est-k-dire le Combat des rats et des grenouilles, petit poème burlesque, en un seul chant de deux cent quatre-vingt-quatorze vers, communément attribué à Homère, mais qui n’appartient évidemment pas à l’immortel auteur ds l’Iliade

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et de l’Odyssée. Cette parodie de la poésie dénote un état plus avancé de la civilisation.

Le sujet de la Batrachomyomachie est extrêmement simple..Psicarpax (Pille-Miettes), fils de Eodilard, roi des rats, après avoir échappé aux poursuites d’un chat, vient rafraîchir sa barbe et se désaltérer dans les eaux limpides d’un lac. Pltysigitatlie (Joues-liouftiea), reine des grenouilles, l’aperçoit et lui tient des discours flatteurs, pour l’attirer dans son empire. L’imprudent Psicarpax s’élance sur le dos de Physignate. Mais bientôt un serpent se montre, et Physignate, plongeant dans les eaux pour lui échapper, laisse le malheureux Psicarpax se débattre sur l’onde : il meurt en invoquant le courroux des dieux et la vengeance des rats. Rodilard, instruit de la mort de son fils, et après avoir gémi et pleuré sur le corps de Psicarpax, comme Priain sur celui d’Hector, appelle au combat tous les rats contre les grenouilles.

Voilà les deux armées en présence. Jupiter convoque les dieux dans le ciel étoile, et, leur montrant cette multitude guerrière, demande en souriant quels sont, parmi les immortels, les protecteurs des grenouilles et ceux des rats. «.Ma fille, dit-il à Minerve, iras-tu au secours des rats ? Car ils ne cessent de former dos chœurs de danse au milieu de ton temple, réjouis par l’odeur des sacrifices. » Le fils de Saturne parla ainsi, et Pallas répondit : « O mon père, je n’irai jamais au secours des rats dans leurs plus grands désastres ; ils m’ont trop outragée en brisant mes couronnes, en cassant mes lampes pour en avoir l’huile. Il vit dans mon cœur le souvenir de leurs sacrilèges. Ce voile même que j’avais filé de mes mains et tissé moi-même avec tant de com■plaisance, ce voile dont la trame déliée était ouvragée avec tant d’art, ils l’ont rongé, ils y ont fait mille trous. Celui gui l’a racommodé me -poursuit et exige de gros intérêts ; je n’ai pu même encore payer la laine que j’avais prise à crédit. » On remarquera que ce langage de Minerve rappelle bien plutôt la licence d’Aristophane que la simplicité d’Homère. Evidemment, il y a ici intention flagrante de tourner en dérision les interventions des dieux dans les combats des hommes.

Minerve poursuit : « Je n’irai pas non plus au secours des grenouilles, car elles n’ont aucune vénération pour moi. Tout récemment, je revenais de la guerre, accablée de fatigue et’ de sommeil : leurs criailleries ne me permirent pas de fermer l’œil ; je restai sur mon lit sans dormir jusqu’au chant du coq. Dieux et déesses, je vous en prie, qu’aucun de nous n’aille secourir les combattants, de peur que leurs traits aigus ne nous déchirent. Ils sont si hardis, ces héros, qu’ils attaqueraient même un dieu, s’ils ie rencontraient dans la mêlée. Restons tous ici, et, du haut du ciel, soyons tous spectateurs de cette bataille. »

Minerve, on le voit, n’a pas oublié la blessure que Vénus a reçue de Diomède ; elle redoute quelque Diomède rat ou grenouille. Persuadé par la déesse de la sagesse, l’Olympe observe la neutralité. Cependant, deux hérauts, s’avançant entre les deux camps, donnent le signal de l’attaque. Armées de longues trompettes, des mouches sonnent avec ardeur de l’instrument belliqueux, et Jupiter fait rouler son tonnerre pour annoncer le moment solennel. Le combat commence ; l’auteur nous en fait une description tout à fait homérique -, il nous dit les noms des héros, les coups terribles qu’ils portent, les blessures qu’ils reçoivent, le sang qui coule et dont la terre s’abreuve, les yeux qui se voilent d’éternelles ténèbres, les âmes qui s’envolent. Pendant quelque temps, la victoire paraît indécise. Mais voici qu’un jeune rat, le brave Méridarpax (ravisseur de morceaux), s’empare d’une éminence voisine de l’étang au bord duquel le combat est engagé, et là, aux acclamations de ses compagnons, jure d’exterminer la race entière des grenouilles. Il l’eût fait, tant était grande Sa force, si le père des dieux et des hommes n’eût regardé d un œil de miséricorde les grenouilles si près de leur lin. Le fils de Saturne veut envoyer Mars et Pallas pour éloigner du combat ce rat invincible, l’Achille des rats. Mars répond que ni lui ni Pallas ne pourront rien contre un bras si formidable ; il faut ou que tous les dieux ensemble se réunissent pour exterminer le héros, ou que Jupiter, secourant les grenouilles, -lance enfin contre leurs ennemis ce redoutable tonnerre dont il frappa la race sauvage des géants et des Titans formidables. Mars parla ainsi, et le fils de Saturne lança la foudre vengeresse. Au bruit du céleste courroux, le vaste Olymrfe s’ébranle, et le trait enflammé, terrible, s’échappe en tournoyant de la main toute-puissante du roi des dieux. Rats et grenouilles tremblent de terreur-, mais les rats se raniment, redoublent d’acharnement, frappent, renversent, et font un carnage affreux. Jupiter voit sa foudre impuissante ; pour sauver l’espèce vaincue d’une entière destruction, il est forcé de recourir à un autre expédient. Il lui envoie des défenseurs au dos armé d’enclumes, aux pinces recourbées, à la démarche oblique, dont la gueule est armée de ciseaux, le corps couvert d’écaillés, les jambes tortues, qui ont huit pieds, etc., en un mot, des crabes. Ces nouveaux combattants répandent une terreur panique parmi les rats, qui prennent tous la fuite. Mais déjà le soleil descendait au couchant ; de sorte que la bataille finit avec le jour.

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Nous possédons dans notre langue, sous le nom de Guerre comique, une imitation, en trois chants, de la Batrachomyomachie. L’auteur en est inconnu ; son œuvre parut en 1768, .une deuxième édition en 1SOS et une troisième en 1837, donnée par M. Berger de Xivrey, à la suite de sa traduction de la Batrachopiyomachie. Nous en citerons le fragment suivant, qui comprend le récit de la rencontre du rat et de la grenouille, sous d’autres noms que ceux des héros du poëme grec.

Un rat venant de la campagne, Altéré, pour un chat d’Espagne Qui l’avait talonné de près, Passait un jour dans un marais Où, par hasard, une grenouille, Qui faisait faire la patrouille. Le vit comme il buvait un doigt. Et, s’arrêtant au même endroit, Lui dit : « Que lais-tu là, compère ?

Compère ! dit-il en colère ; Peut-être bien Monsieur pour toi.

— Aussi, le cro’S-je en bonne foi, Répartit l’autre ; et, par la barbe ! On vous prendrait, a votre garbe, Pour quelque rat de qualité,

Si vous n’étiez pas si crotté.

C’est pourquoi, Monsieur, si vous Têtes,

Sans vous fâcher comme vous faites,

Dites-nous un peu votre nom.

Avez-vous quelque affaire ou non

Qui vous retienne en cette terre ?

Que nous buvions dans votre verre. •

Le rat regarda fièrement

La grenouille, à ce compliment,

Et, recoquiliant sa moustache :

« Je suis, dît-il d’un ton bravache, Puisque tu veux savoir mon nom, Le valeureux Croquelardon, Dont l’immortelle renommée

"Par toute la terre est semée ; Il n’est pays si reculé Où ce grand nom ne soit allé, Province ni terre habitable Où ma présence redoutable Ne fasse pâlir l’usurier Et trembler le lard au charnier. ■

La grenouille se fait connaître à son tour et dit au rat :

. C’est moi qui commande à baguette Sur le peuple à verte jaquette Dans tout le pays du cresson. Boursouflé, premier de ce nom. M’a laissé, pour mon apanage, Héritier de ce marécage. «

Elle invite ensuite le rat à visiter son palais, et lui offre de le prendre sur son dos pour faire la traversée.

Croquelardon, dont l’humeur flère Rebutait tant les gens naguère, Oyant ce discours obligeant. Devint aussi souple qu’un gant. Qu’en advint-il ? Au bout du compte, Le rat sur la grenouille monte, À l’aide d’un rat «stafier Qui lui vint tenir l’étrier ; Et, sans connaître la monture, Il met son corps à l’aventure. Ce ne fut, au commencement. Que ria et divertissement. Tant qu’il vogua près du rivage, 11 discoursit du paysage. En passant dessous les arceaux Des grands cabinets de roseaux, Il raisonnait sur les cascades, Les nappes d’eau, les balconnades, Prisait la grandeur des palais, Parlait d’y danser des ballets, Et cent autres contes pour rire . Que l’enjouement lui faisait dire. Mais quand ce vint en pleine mer. Que le cœur lui devint amer ! Lorsqu’il vit derrière sa queue La terre loin d’un quart de lieue, Trois fois sa poitrine il frappa D’un furieux mea culpa ; Et, se tirant par les moustaches *

« Il n’est que le plancher des vaches. S’écria-t-il, pour voyager !

Sur mer, on court toujours danger ; Et, par ma foi, si j’en réchappe, De ma vie on ne m’y rattrape. La peste ! il faut être bien fou D’aller courir le guilledou. Au hasard de faire naufrage. S’il fallait qu’il vint un orage, Où diantre en serais-je réduit Pour m’être embarqué sans biscuit ?. Comme i ! disait ces belles choses, Qu’on lit dans les Métamorphoses, La grenouille vit un serpent. Long de six pieds et d’un empan, Qui s’en venait, la gueule ouverte, La gober, comme une huître verte. Aussitôt, baissant le menton, Elle fit un saut de mouton, Moyennant quoi la maie bête Jeta le rat le cul sur tête. Et puis, en criant au renard. Fit le plongeon comme un canard. Ainsi, le rat, faute d’adresse, Fut contraint, en cette détresse, Pour n’avoir appris à nager. De boire beaucoup sans manger. U plonge, il barbote, il patrouille, Dit rage contre la grenouille, Prend le ciel contre elle à témoin ; Mais le ciel en était bien loin.