Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 1, B-Bd.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée

taille de Lépante. Il eut une fin de soldat. « Comme il commandait, dit De Thou, une cornette de cavalerie, sous les ordres du maréchal de Matignon, gouverneur de la province, les chaleurs, les fatigues de la guerre et quelques blessures mal fermées l’emportèrent au mois de juillet (1590), à la fleur de son âge, à quarante-six ans. » Il eut l’honneur d’être traduit en plusieurs langues, voire même en danois, et de donner au Tasse l’idée de son poème des Sept Journées.


BARTAVELLE s. f. (bar-ta-vè-lc). Ornith. Un des noms vulgaires de la perdrix grecque ou de roche : La bartavelle niche sur la terre, dans les feuilles. (Buff.) Il existe une variété blanche de la bartavelle. (P. Gervais.) La bartavelle est excessivement rare. (Chapus.) On servit des ailes de bartavelle à la purée de champignons. (Bril.-Sav.) || V. Perdrix.

BARTELS (Ernest-Daniel-Auguste), médecin allemand, né èi Brunswick en 1778, mort à Berlin en J838. Après s’être fait recevoir docteur en médecine à l’université d’Iéna, il fut successivement appelé a professer l’anatomie et la physiologie à Helmstœdt (1803), à Marbourg (1810) et à Breslau. La réputation qu’il s’acquit comme savant et comme praticien le fit nommer par le gouvernement prussien professeur de clinique médicale à l’université de Berlin, en 1827 ; il reçut, en outre, le titre de conseiller du roi de Prusse. On lui doit un grand nombre d’ouvrages écrits en allemand. Les principaux sont : Fondements d’une nouvelle théorie de la chimie et de la physique (1804) ; Remarques anthropologiques sur le crâne et le cerveau chez l’homme (Berlin, 1806) ; Plan systématique d’une biologie générale (Francfort, ISOS) ; Physiologie de la force vitale chez l’homme (1810) i Euchariston ou Rapports du monde avec la divinité (1819) ; Principes des sciences naturelles (1821) ; Considérations sur ta philosophie de la religion et ses principaux problèmes (1828) ; Physiologie pathogénique, etc. (1829) ; Traité théorique et pratique sur les fièvres nerveuses, etc. (1837-1838, 2 vol.), etc.

BARTENSTEIN, ville de Prusse, prov. de la Prusse orientale, régence et à 45 kil. S. de Kœnigsberg, 24 kil. S.-O. de Friedland ; 4,111 hab. Il Ville du Wurtemberg, cercle du Jaxt, à 12 kil. N.-O. de Gerabronn, près de l’Ette ; 1,100 hab. Beau château, résidence des princes Hohenlohe-Bartenstein.

BARTENSTEIN (Jean-Christophe de), célèbre jurisconsulte allemand, né en Bohême vers 1690, mort à Vienne en 1766. Il fut vicechancelier d’Autriche et de Bohême, et, en cette qualité, rédigea plusieurs manifestes, dont le plus remarquable est la déclaration de guerre contre la France en 1741. Ce jurisconsulte écrivit, pour l’instruction de celui qui fut plus tard l’empereur Joseph II, un ouvrage intitulé : Droit de la nature et des gens (Vienne, 1790, in-8°).

BARTENSTEIN (Laurent-Adam), savant et poète allemand, né à Heldbourg en 1717, mort en 1796. Il se livra, à Cobourg, aux plus sérieuses études, fut chargé de diriger l’éducation de deux comtes d Auersberg, et, après avoir été nommé recteur de l’école de Cobourg en 1743, il devint successivement professeur d’éloquence et de poésie en 1757, et de mathématiques en 1765. On a de lui plusieurs

ouvrages écrits soit en latin, soit en ailemand, dont les principaux sont : Religionis christianœ excellentia, etc. (Cobourg, 1757) ; Rudiments simplifiés de la langue grecque (en allem. (Cobourg ; 1768) ; Cur Virgtlius moriens AZneida comburi jusserit (Cobourg, 1772).

BARTFELD, ville de l’empire autrichien, Hongrie, cercle de Kaschau, comitat de Saros, à 30 kil. N. d’Eperies, sur la Tépla ; 5,000 h. Sources ferrugineuses acidulées renommées ; bains les plus fréquentés de la Hongrie ; papeteries et forges.

BARTH, ville de Prusse, prov. de Poméranie, régence et à 26 kil. N.-O. de Stralsund ; 4,000 hab. Située sur la lagune de Binnen-See, dans la Baltique, elle a un port pour petits bâtiments et fait le commerce de graines et lainages.

BARTH (Gaspard de). V. Barthids.

BABTR (Jean-Charles), dessinateur et graveur allemand contemporain, né à Ilildburghausen, en 1792, élève de J.-G. Muller. Il travaillait à Francfort dès 1810, et grava, à cette époque, une vingtaine de pièces, d’après Cimabue, Giotto et autres peintres anciens, pour un recueil (Ceschichte der Mahlerei in italien, tin.) publié par F. et J. Riepenhausen (Tùbinge, in-fol.). Il prit ensuite des leçons de Cornélius et rejoignit ce maître à Rome, en 1817. Il grava d’après lui, avec Samuel Amsler, le frontispice des Niebelungen, planche remarquable qui figura à l’exposition de Paris, en 1824. Devenu l’ami d’Overbeck, il grava la fresque du palais Bartholdi dans laquelle ce grand peintre avait représenté les Années maigres dont parle la Bible. On doit encore à Charles Barth : une planche pour YOndine de Fouqué, d’après Kolbe ; la Charité, d’après C. Vogel ; une Tête de Christ, et une Madone d’après Holbein ; unç Vierge (Mater amabilis), d’après Andréa del Sarto ; le portrait de Raphaël, d’après la peinture de ce maître qui est au musée de Munich ; les portraits de Pie IX, du peintre C. Fohr, du poëte Ruckert, de Frédéric Schlégel, etc.

BAR

BARTH (Joseph), chanteur allemand, mort à Vienne en 1865. C’est à cet artiste distingué, ténor longtemps applaudi sur les scènes lyriques d’Allemagne, qu’on doit la conservation du manuscrit d’Adélaïde, que Beethoven, difficile à l’excès pour ses compositions, voulait brûler. « Barth, dit l’Echo de Berlin, ayant demandé à chanter une dernière fois, devant Beethoven, l’ouvrage que celui-ci voulait détruire, le compositeur aurait renoncé à son projet, et voilà comment aurait été conservée a l’art une des plus nobles inspirations de l’illustre maestro.

BARTH (Jean-Baptiste-Philippe), médecin français, né à Sarrègnemines vers 1812. Envoyé à Paris pour y étudier la médecine, il obtint en 1834 la médaille d’or au concours des internes, et passa sa thèse de docteur en 1837. Devenu presque aussitôt chef de clinique à l’Hôtel-Dieu, il fut successivement nommé agrégé de la faculté en 1839, médecin du bureau central en 1840, et enfin médecin de l’Hôtel-Dieu. En 1854, il a été élu membre de l’Académie de médecine. Outre des mémoires importants, publiés dans les Archives générales de médecine de 1839 à 1849, on lui doit, en collaboration avec M. H. Roger, un excellent Traité pratique d’auscultation (1844, in-18), lequel a eu plusieurs éditions.

BARTH (Henri), célèbre voyageur et géographe allemand, né à Hambourg le 8 avril 1824, mort à Berlin en 1865. U préluda à ses explorations par des études d’archéologie, de philologie, d’histoire et de géographie ; il s’appliqua surtout à bien connaître la langue arabe. Après avoir fait une excursion de curiosité en Sicile, et présenté à l’université de Berlin une thèse très-remarquée sur le Commerce de l’ancienne Corinthe, il parcourut la régence de Tripoli et la province de Marmarique, s’avançant au delà des limites atteintes par les voyageurs européens. En 1845, il explora de nouveau la régence de Tunis et celle de Tripoli, parvint jusqu’à Bengazi, l’ancienne Bérénice, et pénétra en Égypte après avoir été dépouillé et laissé pour mort par des Arabes pillards. Il remonta ensuite le cours du Nil jusqu’à la seconde cataracte, pénétra par le désert jusqu’à la ville d’Assouan, passa en Asie en 1846, traversa l’Arabie Pétrée et la Palestine, visita les îles et les côtes de Syrie, et parcourut toutes les anciennes provinces grecques de l’Asie Mineure, dont il restitua les noms originaux. Il employa l’année 1847 à un séjour a ’Constantinople, suivi d’un voyage de six mois en Grèce. En 1849, il publia à Berlin sa première relation de voyages : Exploration des côtes de la Méditerranée dans les années 1845, etc. Mais ce qui valut surtout à l’intrépide voyageur une célébrité européenne, ce furent les excursions qu’il fit en Afrique, au milieu des plus grands périls, de 1S50 à 1854, et la relation en cinq gros volumes qu’il en a publiée sous le titre de Voj/ajcs et découvertes dans le nord et le centre de l’Afrique, et Journal de l’expédition entreprise dans ces contrées sous les auspices du gouvernement de Sa Majesté Britannique. Nous allons donner quelques détails sur cette expédition qui restera à jamais célèbre dans les annales de la géographie. « L’expédition, dit M. Vivien de Saint-Martin, se préparait à Londres ; James Richardson en avait tracé le plan, et elle devait avoir, comme celle d’Oudney et Clapperton en 1821, ou pour mieux dire comme toutes les expéditions anglaises, un caractère à la fois commercial et scientifique. James Richardson n’était pas un homme de science ; il fallait lui adjoindre de bons observateurs. À la suggestion du chevalier Bunsen, alors ambassadeur de Prusse à Londres, ce fut à l’Allemagne que l’Angleterre les demanda. Sur les indications de la Société de géographie de Berlin, on jeta les yeux sur le docteur Overweg, naturaliste et

féologue ; celui-ci, qui était de Hambourg, étermina à son tour son compatriote Henri Barth à se joindre à l’expédition.

La position des deux jeunes Allemands était, à l’origine, tout à fait subordonnée, et cependant l’extension imprévue que l’expédition a prise, les découvertes mémorables qui l’ont signalée, le vif et constant intérêt qui s’y est attaché, son retentissement en Europe, et l’éclat qui l’a couronnée, tout cela est du à l’impulsion que les deux jeunes savants lut imprimèrent dès le début, à la direction qu’ils lui donnèrent, à l’activité surhumaine qu’ils y ont déployée, et peut-être plus encore a la froide.et persévérante énergie qui n’a pas faibli un instant chez Barth, au milieu des rudes épreuves que pendant cinq ans il eut à traverser.

Ses compagnons tombent, l’un après l’autre, épuisés par la fatigue et minés par le climat ; il se voit seul, et un moment presque sans ressources au fond de ces contrées dévorantes ; il est entouré de peuplades inconnues, dans des pays où chaque pas est un danger, chaque regard un soupçon ou une menace, et sans aucun moyen de communiquer avec l’Europe ;

§ endant d’es mois entiers, sa vie est à la merciun mot, d’un hasard, d’une imprudence ou d’un caprice : n’importe, rien ne le détourne de son but ! Il observe, il étudie ; et, depuis la région du lac Tchad jusqu’à la mystérieuse Tombouctou, où il a réussi à pénétrer, il recueille de toutes parts une ma*se incroyable d’informations, au milieu des dangers comme dans les moments les plus calmes. Il a foi en Dieu et en lui-même, et sa confiance ne sera pas trompée. Seul de tous ceux qui ont eu part à l’expédition, il a. revu sa patrie après cinq

BAR

années de travaux, de fatigues et de dangers inouïs, et les acclamations qui ont salué son retour inespéré le payèrent en un jour de cinq années de souffrances, p

Aujourd’hui, Barth est considéré par les autorités les plus compétentes en géographie comme le plus méritant et le plus utile de ces hardis explorateurs qui, de nos jours, ont cherché à pénétrer dans les profondeurs inconnues de l’Afrique. Grâce à ses explorations, on a maintenant des données exactes et certaines sur toute la partie de l’Afrique centrale qui s’étend deBaghcnni à l’est, jusqu’à Tombouctou à l’ouest. On sait que ces contrées, au lieu de n’être, ainsi qu’on 1 avait présumé jusqu’alors, qu’une longue suite de déserts parsemés de quelques oasis, sont habitées par de nombreuses populations vivant encore, il est vrai, à l’état barbare. Barth y a constaté l’existence de nombreuses terres fertiles, produisant en abondance les grains de toute sorte, le coton, le sucre et l’indigo. Il y a déterminé la position de belles et vastes forêts de haute futaie ; il en a parcouru les lacs et les principaux cours d’eau, et il a reconnu que le Niger est navigable à l’est sur une étendue de plus de 600 milles anglais, et à l’ouest sur une étendue de 350 milles. A M. Barth revient aussi le mérite d’avoir découvert le grand fleuve de Bemrwé, sur lequel il n’existait depuis des siècles que des données très-obscures. Cette expédition, commencée le 2 avril 1850, à Tripoli, s’est prolongée jusqu’au 12 août 1854. Six mois furent employés à traverser le territoire de la Régence et le Sahara, non sans avoir à courir de grands dangers, tant de la part des hommes que des éléments. C’est d’Agades, capitale de la Nigritie orientale, que datent les véritables découvertes de l’intrépide voyageur. Il parcourut successivement le Damergu, le Tessawa, le Kassena, le Borna, le Ngorna, fit un long séjour dans les capitales de ces trois États, Kano, Kuka-wa et Adamawa, et recueillit des renseignements précieux, tant sur leur organisation politique que sur leur situation économique. Lorsque 1 esprit d’entreprise des Européens se sera mis en rapport avec ces

contrées, en remontant les grands cours d’eau explorés par l’intrépide voyageur, c’est encore dans son livre qu’il faudra chercher des indications sur les besoins matériels à satisfaire. Dans son désir de tout connaître, le docteur Barth, surmontant ses répugnances, fit partie de deux grandes chasses aux esclaves. Dans le cours de ses pérégrinations, l’illustre voyafeur, qui était, en général, assez bien muniargent et à qui le mandat qu’il tenait du gouvernement anglais donnait un certain prestige, fut la plupart du temps assez bien accueilli par les divers souverains et chefs africains. Les plus exigeants ne firent guère que l’importuner de leurs plaintes de pauvreté. Un de ces chefs, El Bakay, fut son protecteur à Tombouctou, où il séjourna depuis le 27 août 1853 jusqu’à la fin de mars 1854. La populace, ayant fini pardécouvrir qu’il n’était pas musulman, demandait chaque jour sa mort ou son expulsion. Barth, malgré les désagréments que lui causaient ces clameurs, put encore recueillir, pendant ces sept mois, assez de renseignements historiques, politiques et commerciaux sur Tombouctou, pour remplir son quatrième et son cinquième volume. U fut notamment assez heureux pour découvrir l’histoire de l’empire de Songhag d’Ahmed Baba. En mars 1854, le séjour de Tombouctou étant devenu très-dangereux, Barth partit escorté par son protecteur El Bakay, qui l’accompagna jusqu’à Say, où il reprit, par le Sahara et la régence de Tripoli, la route qu’il avait déjà parcourue. On se fera une idée des fatigues de ces longs voyages par l’étendue des pays traversés, qui est de 25° entre Tripoli et Yola, et de 190 entre Baghermi et Tombouctou. En mourant, Barth a laissé des manuscrits précieux qui devaient faire suite à son grand ouvrage et qui sont, dit-on, de nature à jeter une vive lumière sur l’ethnographie, encore si peu connue, du nord de l’Afrique. La mort l’a frappé au moment où il se disposait à livrer à l’impression cette conclusion de son beau travail. U est à désirer que la science n’ait pas à déplorer cette lacune dans les travaux du savant et courageux voyageur, et, en cela, l’ethnographie peut s’en rapporter à la studieuse Allemagne.

BARTHE (Nicolas-Thomas), poëte et auteur dramatique, né à Marseille en 1734, mort à Paris en 1785, était fils d’un riche négociant de Marseille, qui le destinait au barreau. Il lit donc de sérieuses études chez les pères de l’Oratoire, mais une impérieuse vocation littéraire déjoua, comme cela arrive souvent, l’orgueil de ce père qui, sans tenir compte des aptitudes réelles, prétendait engager, suivant son bon plaisir, l’avenir de son fils. Barthe se révolta contre cette décision despotique, et vint très-jeune à Paris, où il débuta dans la carrière littéraire par quelques pièces de poésie. Son Épître à Thomas sur le génie, considéré par rapport aux beaux-arts, fut remarquée et avec raison.

Doué d’un esprit plein de finesse et fécond en reparties heureuses, aimable, enjoué, aimant la dissipation et les plaisirs, Barthe se vit bientôt fort recherché par les grands seigneurs et les hommes de lettres de son temps. En 1764, il débuta au théâtre par une pièce en vers, intitulée Y Amateur, et fit jouer successivement : les. Fausses Infidélités ; la Mère jalouse et Yllomme personnel. Toutes ces

BAR

pièces sont écrites avec verve et esprit ; la versification en est facile et élégante ; mais, à l’exception des Fausses Infidélités, dont le succès fut très-vif et qui est restée au répertoire, ses comédies manquent d’action et d’intrigue, et présentent un plan mal conçu. Comprenant, après l’échec de 1 Homme personnel, qu’il manquait des qualités nécessaires à l’auteur comique, Barthe renonça au théâtre et composa un A rt d’aimer, en quatre chants, dont quelques fragments seuls ont été publiés. Qui n eût cru, dit un biographe, d’après la lecture des épîtres de Barthe, que c’était à la fois un « homme d’esprit et un homme aimable, c’est-à-dire un homme de bonne compagnie ? Puisqu’il faut le dire, il manquait absolument de cette politesse, qui est la superficie agréable de la bonté. Comme il avait un caractère impétueux et irascible, son commerce n’était pas sans épines. Son amour-propre était sans cesse agresseur de l’amour-propre d’autrui. Il abusait du moi. On a dit que, dans sa comédie de YEgoïste, il était, du moins, plein de son sujet. Poursefaire une idée juste de Barthe, il faut lui appliquer le caractère de la coquette, qui ne veut plaire qu’environnée de ses adorateurs, et qui tourmente chacun en particulier. Voila pourquoi cet homme, qu’on fuyait dans le tête-a-tête, était recherché dans les sociétés les plus brillantes, dont il faisait les délices par son esprit et son amabilité. Parmi les gens de lettres, il comptait plusieurs amis, surtout l’orateur Thomas, qui 1 avait choisi pour le confident de ses pensées et de ses affections. Barthe mérita l’amitié de celui dont, suivant Saint-Lambert « tes actions vertueuses n’étaient pas des saillies, parce que ses vertus étaient des habitudes. » Barthe pouvait se promettre une longue carrière, avec du régime ; mais U se livrait à des excès qui rendent la santé malade, comme dit Montaigne... Il dînait et soupait trop : le lendemain d un jour où il avait soupe en ville, il se réveille avec une indigestion, il est attaqué de coliques violentes et d’un vomissement qui, par les efforts qu’il occasionne, cause un étranglement dans une hernie qu’il portait depuis quelques années. On court chercher des chirurgiens, il en arrive quatre à la fois. Barthe appelle en souriant un de ses amis et lui dit à 1 oreille : « Ce n’est pas moi, c’est vous qui payerez ces gens là. » Les praticiens examinent l’état du malade, et décident qu’il faut faire l’opération. Barthe leur dit : « Messieurs, j’y consens ; mais je n’en attends aucun succès ; rien ne peut me rendre à la vie. Laissezmoi seulement faire mon testament avant de faire votre opération. » On le met dans un bain pour calmer ses douleurs, qui étaient horribles. Là, il dicte son testament avec la voix ta plus ferme, l’air le plus assuré ; il se rappelle, avec une présence d esprit incroyable, les moindres détails de ses affaires. Un de ses amis venait lui apporter un billet de loge pour la première représentation de Ylphigénie en Tauride, de Piccini. « Mon cher ami, lui dit Barthe, on va me porter à l’église, je ne puis aller à l’opéra ; n et il ne parle plus que de musique et d’opéra, plaisantant sur ce fauteuil académique qui avait été le rêve de son ambition. « Il serait plus doux que ma baignoire, ajoutait-il. » Telle fut la fin d’un homme qui avait vécu comme Ovide, et qui vit la mort de près, du même œil que Montaigne l’avait vue de loin. René Perrin a publié un choix des poésies de Barthe (1810, in-18), et M. Fayole, ses Œuvres choisies (igi, in-12). Voici la liste des œuvres de Barthe, qu’on a voulu comparer à Gresset, mais qui se rapproche beaucoup plus do Desmahis. Littérature : Le Temple de l’hymen, poëme (1755) ; seize épîtres, savoir : A M. Thomas ; A M. le baron d’Aiguines ; A Thémire ; Conseils à une jeune personne qui entre dans le monde ; À un Amant trahi ; le Déclin de la jeunesse ; A Mme Du Bocage ; Sur l’Amitié des femmes ; A j/inos Seymandi ; À Afr»e P... ; Sur le Cou, A M'me' la marquise de... ; A M. Dulard ; A mon Médecin ; À un Ami ; A M'mc' de... Poésies diverses : Lettres de l’abbé de Bancé à un ami ; Fragments du poëme inédit de Y Art d’aimer ; Fragments du Livre XI de YEnéide ; Statuts pour l’Académie royale de musique ; Impromptu à une jeune mariée ; Inscription pour une petite maison de campagne, etc. L’Épîtreà Thomas fut le nœud de la liaison constante do ces deux hommes, qui ne paraissaient guère devoir sympathiser ensemble. Aussi Thomas disait-il de Barthe : « Il m’a fait trouver dans l’amitié tous les orages de l’amour. » L’épître sur Y Amitié des femmes valut à l’auteur une charmante réponse en vers, de M»’o Fanny de Beauharnais. Théâtre : Y Amateur, comédie en un acte et en vers (Comédie-Française, 5 mars 1764). Le héros de la pièce est un nouveau Pygmalion qui s’éprend d’un buste en marbre, représentant une charmante jeune fille. Après quelques péripéties, l’amateur épouse Y original de son marbre adoré. Quoique l’ouvrage eut réussi, Barthe le retira pour y faire des corrections ; les Fausses Infidélités, comédie en un acte et envers (Comédie-Française, 25 janvier 1168), dix.-huit représentations à l’origine ; la Mère jalouse, comédie en trois actes et en vers (23 décembre 1771) ; elle n’obtint d’abord que cinq représentations, mais l’auteur l’ayant retouchée, elle a été reprise avec succès et s’est maintenue longtemps au répertoire ; YHonane personnel ou YEgoïste, comédie en cinq actes et en vers (Comédie-Française, 21 février 1778), huit représentations peu suivies.

« Colardeau, dit-on, étant au lit de la mort,