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donné son nom, est appelée à bon droit par les gens du pays Moudjêlibèh (la bouleversée). On y a découvert une maçonnerie rectangulaire de 476 m. de tour, que l’on croit avoir appartenu k l’une des citadelles de la ville ; elle renferme des souterrains et des corridors croisés, de dimensions gigantesques. Sur la rive droite de l’Euphrate, non loin du village d’Anana, en face du kasr, le savant voyageur anglais Ker Potter a reconnu les débris du palais occidental. Mais les ruines les plus intéressantes, celles qui ont le plus exercé la sagacité des explorateurs, s’élèvent au S.-O. des précédentes, à environ9kil. de l’Euphrate, et sont désignées sous le nom de Birs-Nimroud (tour de Nemrod). On a été longtemps sans pouvoir assigner d’origine k ces ruines : l’éloignement où elles sont des autres ruines de Babylone faisait penser qu’elles n’avaient pas pu faire partie (le cette ville. Les découvertes qu’on y a faites, dans ces dernières années, ne permettent plus de douter que ce ne soient là les restes de la célèbre tour de Babel ou de Bélus. Le Birs-Nimroud est une masse de décombres, de 19-1 m. de long, de l’E. a l’O., sur 150 m. de large, du N. au S. ; son élévation est de 60 m. Tout au sommet, est un pilier en briques cuites de terre jaune, ayant encore 10 m. 50 de hauteur, et que Ton suppose avoir appartenu à l’édicule qui couronnait le tep.p.e de Bélus. Des canaux, de 0 ni. 12 de largeur sur 0 m. 216 millim. d’élévation sont pratiqués, a une distance de 1 m. 20 les uns des autres, dans le massif de la construction. M. Ramée pense que c’étaient des ventilateurs destinés d’abord à sécher la maçonnerie, ensuite a rendre la construction plus légère. Le noyau de l’édifice était construit en Briques séchées au soleil et cimentées avec du mortier ; la base était revêtue de briques cuites au feu et posées avec de l’asphalte, afin de garantir de l’humidité. Rich a observé le premier, et beaucoup d’archéologues ont remarqué après lui, que les briques trouvées au Birs-Nimroud sont toutes timbrées en dessous, tandis que, dans les monuments plus récents, les caractères cunéiformes sont imprimés sur les faces extérieures et même en tous sens. Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que, dans toutes les inscriptions lues sur les briques du Birs-Nimroud, on n’a pas rencontré d’autres noms que celui de Ncookhadrésar (Nabuchodonosor). « Ce fait, dit M. Layard, ne prouve cependant pas que ce prince ait fondé effectivement l’édifice : il a peut-être reconstruit un édifice plus ancien, où il y a fait seulement des additions. Il n’est pas impossible que, dans un temps k venir, des restes de la construction primitive ne soient découverts au Birs. »

Ce qui resta des édifices de Babyione no suffit pas pour nous donner une idée précise du caractère de leur architecture et des détails de leur décoration. Les déblais et les fouilles que l’on poursuit avec zèle amèneront peut-être des découvertes qui, avec ce que nous ont déjà appris les bas-reliefs trouvés à Ninive, permettront de faire une restitution plus ou moins exacte de ces monuments, à On conçoit d’ailleurs, dit M. Batissier, que des constructions faites en briques ne pouvaient se prêter qu’à des combinaisons architectoniques très-rétrécies et très-uniformes. » Peut-être y voyait-on quelques colonnes, mais nous ne saurions dire quelle en était l’ornementation. Strabon nous apprend qu’à cause de la rareté du bois de charpente, on employait dans les maisons des piliers de bois de palmier, autour desquels on enroulait des cordes de jonc ou de paille, qui formaient ainsi le remplissage que, dans d’autres contrées, on faisait avec du pisé. Ces cordes étaient ensuite revêtues extérieurement d’un enduit et peintes de diverses couleurs. Les portes étaient également formées d’un entrelacement de jonc ou de paille enduit d’asphalte, et les toits étaient totis en terre. La plupart des archéologues prétendent que les Babyloniens n’ont jamais connu l’art de construire des voûtes ; cependant M. Raymond assure avoir observé, dans un par de mur du kasr, les débris du cintre d’une porte. Rien ne fait connaître d’ailleurs à quelle époque cette porte a été construite. Les murailles en briques des grandes constructions devaient présenter de larges surfaces lisses, dont on rompait la monotonie, dans les édifices construits avec luxe, au moyen de figures d’animaux moulées en relief k la surface des briques, et peintes de vives couleurs. Parmi les nombreux débris de décorations de ce genre qu’on a exhumés, nous citerons la collection de briques découvertes dans les ruines du kasr par 1 expédition scientifique envoyée de France en Babylonie : cette collection offre les restes d’une vaste composition représentant une chasse royale ; les personnages mêlés aux animaux ont des yeux bleus ou fauves, des boucles de cheveux et de barbe correctement frisées et peintes en bleu, le visage, les mains et toutes les parties nues en émail blanc. On croit que cette composition faisait partie des décorations du palais oriental décrites par Diodore. Il est probable qu’à Babylone, comme k Ninive, des figures colossales de dieux et d’animaux étaient placées à Ventrée et dans l’intérieur des palais et des temples. L’expédition française a trouvé, parmi les débris du Moudjêlibèh, un lion gigantesque qu’elle a eu beaucoup de peine k remettre debout sur sa plinthe. Nous savons, d’ailleurs, par les écrivains de l’antiquité, que les temples de Babylone étaient garnis d’énormes statues d’or, d’argent, de fer et de bois. Les auteurs grecs ont représenté ceux de ces colosses qui étaient en métal comme des ouvra- i ges massifs ; mais on est fondé à penser que ] ces statues avaient une âme de bois, que Ion recouvrait de lames de métal travaillées au marteau. Si l’on en croit Baruch, on adaptait dans la bouche de ces idoles une langue mobile que les prêtres chaldéens faisaient sans doute mouvoir k l’aide de ressorts cachés ; on mettait à ces monstrueux simulacres une couronne sur la tète et un sceptre k la main ; on les habillait de vêtements précieux et on les parait de bijoux que la superstition populaire se chargeait de renouveler. Pour ce qui est du style de ces sculptures, tout porte k croire qu’il ne différait pas sensiblement de celui des ouvrages ninivites. On peut en juger par le caractère des peintures sur briques dont nous avons parlé, et par les figures gravées en creux sur les petits cylindres de pierre dure trouvés en grand nombre dans les ruines de Babylone, et qui servaient sans doute de cachets ou d’amulettes. Quant aux statuettes de marbre, d’albâtre ou de métal découvertes dans les tombeaux par les membres de l’expédition française et par d’autres voyageurs, elles sont, pour la plupart, des productions do l’art gréco-romain : il en est cependant qui, par la roideur des attitudes, la symétrie des poses et des ajustements et la grossièreté de l’exécution, ont paru se rattacher à un art plus ancien et k une inspiration nationale : telle serait, par exemple, une statuette de Venus Mammifera, décrite par M. Fresnel, figure bizarre qui soutient symétriquement ses deux seins de ses deux mains..

Bibliographie. Les ouvrages les plus intéressants a consulter sur les antiquités babyloniennes sont les suivants : Mémoire sur les ruines fie Babylone, par J. Beauchamp (Journal des savants, décembre 1790) ; Dissertation sur tesruinesde Babylone, par de Sainte-Croix (Mém.acad. des inscr., tome LXVIII, 180s) ; Mémoire sur les ruines de Babylone (Memoir on the Ruins of Babylon), par C.-J. Rich (Londres, 1816), in-4" ; Voyage en Géorgie, enPerse, en Arménie, dans l’ancienne Babylonie, etc., de 1818 à 1820 (Travels in Georgia, Persia, Armenia, ancient Babylonia, etc.), par R. Ker Potter (Londres, 1821 et 1822), 2 vol. in-4<> ; Lettre sur les ruines de Babylone, par Honoré "Vidal (Paris, 1822) ; Voyage en Mésopotamie (Travels in Mesopotamia), par J.-S. Buckingham (Londres, 1827), 2 vol. in-8o ; Récit d’un voyage en Babylonie, en Arménie, etc. (Personal narrative of travels in Babylonia, Armenia, etc.), par G. Keppel (Londres, 1827), in-8o, 3e édition ; Recherches dans l’Assyrie, la Vabylonie et la Chaldée (Researches in Assyria, Babylonia and Chaldea), par W.-F. Ainsworth (Londres, 1838) ; Inscriptions de l’Assyrie et de la Babylonie (On the inscriptions of Assyria and Babylonia !, par H.-C. Rawlinson (Journal of the royal Asiatic Society, XXIIe vol., 1850) ; Oéeouuerfes faites dans les ruines de Ninive et de Babylone (Discoveries in the ruins of Nineveh and Babylon), par A.-H. Layard (Londres, 1853), l vol. in-S" ; Antiquités babyloniennes, par F. Fresnel (Journal asiatique, 1853) ; Expédition scientifique en Mésopotamie, exécutée par ordre du gouvernement, de 1851 à 1854, par MM. F. Fresnel, Félix Thomas et Jules Oppert (Paris, 1856), 2 vol. in-4o, avec atlas.

— Littér. Babylone a joué un grand rôle dans l’antiquité ; rivale de Jérusalem, elle fut souvent en guerre avec le peuple juif, qui y passa les soixante-dix ans de captivité. Les Écritures en parlent comme d’un foyer de corruption et d’idolâtrie, et en ont fait la personnification du monde profane, le réceptacle de tous les vices et de toutes les impuretés. Exaspérés par la politique barbare des Babyloniens, les Israélites leur vouèrent une haine profonde, et la dissolution de mœurs dont ils lurent témoins dans la captivité ajouta k ce sentiment celui de l’horreur et du dégoût. De là le nom de grande prostituée, qu’ils donnèrent à cette ville.

Les protestants, qui se prétendent seuls observateurs de la lettre et de l’esprit évangéliques, appellent la ville éternelle la grande Babylone.

Aujourd’hui que Babylone n’est plus, le nom seul a survécu et s’applique aux grands centres de population, comme Londres et surtout Paris, ou l’agglomération des masses, les richesses, les raffinements de l’industrie et de la civilisation engendrent fatalement la corruption des mœurs : t>

« La Babylone moderne sera dépeuplée et détruite par les rats de Montfaucon. Des légions innombrables de rats vont descendre en noires colonnes sur Paris. Cette terrible invasion arrivera le jour où l’on transportera la voirie dans son palais de la plaine des Vertus. Tous ces rats, qui font k Montfaucon des déjeuners de Balthazar, manquant soudain de pâture, viendront k Paris manger de l’homme à défaut de cheval. >

Théophile Gautier.

« Et ou irez-vous ? — À Paris. — Comment ! k Paris 1 Mais irons aviez secoué sur la grande Babylone la poudre de vos sandales 1 La décadence du goût, l’essor de plus en plus marqué de la cuisine romantique I Ce sont vos propres paroles. > Octave Feuillet.

« Je ne vois que bergers et troupeaux ; je n’entends que les chalumeaux et le murmure des fontaines, et, dans l’innocence de ma vie, je ne regrette rien de cette Babylone impure que vous habitez ; s’entend, je n’en regrette que vous. » P.-L. Courier.

a La foule, le mouvement prodigieux d’Amsterdam favorisaient sa solitude ; ces Babylones du commerce sont pour le penseur de profonds déserts. » Michelet.

« Lui seul a conservé le costume des démagogues et les façons de parler qui en font partie ; il vante encore Arminius le Chérusqtie et Mme Thusnelda, son épouse, comme s’il était leur blond descendant. Il nourrit toujours une haine patriotique contre la Babylone française, contre l’invention du savon, contre la grammaire grecque païenne de Thiersch, contre Quintilius Varus, contre les gants et contre tous les hommes qui ont un nez décent. » Henri Heine.

« Supposez que Pétrarque soit un des familiers de la papauté, qu’il la voie à toute heure : nul n’en connaîtra mieux que lui la faiblesse ; il mêlera sa voix k celle des précurseurs de la Réforme, qui dénoncent la grande Babylone, l’enfer des vivants, la courtisane effrontée. » Edgar Quinet.

BABYLONE, ville de l’ancienne basse Égypte, au N. et à 16 kil. de Memphis, immédiatement au-dessus de l’endroit d’où partait le canal du Nil à la mer Rûuge. Quelques auteurs ont prétendu qu’elle avait été fondée par une colonie de Babyloniens, après la prise de leur ville par Cyrus ; rien ne prouve cette assertion, combattue du reste par quelques historiens, qui en ont attribué la fondation à une colonie de Perses venus à la suite de Cambyse. Quoi qu’il en soit, cette ville devint, dans les premiers siècles du christianisme, le siège d’un évêché catholique, et les écrivains coptes prétendent que Le Caire occupe l’emplacement de la Babylone égyptienne.

BABYLONE (François de), graveur français du xvie siècle, désigné quelquefois sous le nom de Maître au caducée, du monogramme dont il a marqué ses estampes. IV exerçait son art à Rome. Ses productions sont rares et recherchées. Les plus connues sont : Apollon et Diane ; deux Sainte-Famille ; YAdoration des rois ; un Batelier qui traverse une rivière.

BABYLONICO-CHALDÉEN, ENNE adj.

Géogr. anc. Qui appartient aux Babyloniens et aux Chaldéens. Il Empire babylonico-chaldéen, Empire qui fut fondé à Babylone par le roi chaldeen Nabuchodonosor, et que Cyrus renversa un demi-siècle après.

BABYLONIEN, IENNE adj. et s. (ba-bi-loni-ain, i-è-ne — rad. Babylone). Géogr. anc. Né à Babylone on dans la Babylonie ; qui appartient à Babylone ou k la Babylonie : Un Babylonien. Peuple babylonien. Femme babylonienne. En parlant ainsi, le Babylonien pleurait comme un homme lâche qui a été amolli par les prospérités. (Fén.)

— Par anal. Immense, gigantesque, comme les anciennes constructions de Babylone : On en chasserait les promeneurs au profit de la spéculation, qui serait chargée de couvrir l’emplacement d’hôtels babyloniens et de jardins princiers. (Ph. Busoni.) Ce filet d’eau azurée rase des quais babyloniens. (Ph. Busoni.) Et cette ville, à mesure que je la regardais, affectait des airs babyloniens. (Gêr. de Nerv.) Les magasins de tissus sont des édifices babyloniens, larges et longs de ceni vingt pas, à six étages. (H. Taine.)

— Fig. Très-considérable, immense : Bans ta petite ville, le plaisir a su prendre des proportions babyloniennes ; nous avons dansé des quadrilles gigantesques. (*")

— Philol. Lettres babyloniennes, Caractères cunéiformes. V. Cunéiforme.

— Chronol. Tables babyloniennes, Tables astronomiques qui auraient été trouvées à Babylone pendant l’expédition d’Alexandre, ot qui feraient remonter les observations à plus de vingt et un siècles avant Jésus-Christ. Leur authenticité et même leur existence sont assez généralement révoquées en doute.

— Gnomon. Heures babyloniennes ou babyloniqu.es, Heures égales à la vingt-quatrième partie du jour, selon l’usage babylonien qui s’est transmis jusqu’à nous.

— Musiq. Mode babylonien, Un des modes de l’ancienne musique arabe, n Substantiv.

Le BABYLONIEN.

— s. m. Linguist. Le babylonien, Idiome parlé à Babylone, et qui différait peu du vrai syriaque.

BABYLONIENNEMENT. adv. (ba-bi-lo-niè-ne-man — rad, Babylone). Néol. À la manière de Babylone, célèbre par ses jardins suspendus : Le principal corps de logis est situé au fond d’un jardinet, lequel est babyloniennement suspendu et forme terrasse.

BABYLONIQUE. adj. (ba-bi-lo-ni-ke —rad. Babylone). Qui concerne Babylone, qui a rapport à Babylone : Ce Nemrod, ce fort chasseur devant le Seigneur, avait laissé un arc de sept pieds babyloniques de haut, d’un bois d’ébène plus dur que le fer du mont Caucase. (Volt.) La Phénicie, la Cilicie durent leur population au rameau babylonique établi en Arabie. (Val. Parisot.)

— s. m. Antiq. rom. Sorte de châle fabriqué à Babylone, et tort estimé des dames romaines.

BABYLONIQUES (LES) OU les AmourS de Rhodanès et de Sinonis, roman grec de Jamblique, qui n’existe plus et qui avait trente-neuf livres d’après Suidas, seize suivant Photius, qui en a fait un résumé. Rhodanès et Sinonis, unis par le double lien de l’amour et de l’hymen, sont persécutés par Garmos, roi de Babylone, qui S’est épris de Sinonis. Ils lui échappent et sont poursuivis par Damas é Sacas, eunuques du roi, qui ne leur laissent pas un moment de repos. Les deux amants courent un nombre infini de dangers. Au milieu de toutes les péripéties du roman, le noeud de l’intrigue est dans la ressemblance étonnante du couple fugitif avec deux autres personnages, Euphrates et Mesopotamia, ressemblance qui donne lieu k une foule de complications et d’incidents inattendus. Après mille aventures bizarres et un peu confuses, Rhqdanès est réuni k Sinonis, renverse Garmos et règne k sa place. Le fond de ce roman est complètement asiatique ; l’expression seule est grecque. Aucun passage qui trahisse des réminiscences du théâtre grec ; mais des histoires de magie, des superstitions et des légendes chaldéennes, des mœurs complètement différentes de celles de la Grèce. C’est l’imagination orientale qui a mis dans cette fiction des oreilles coupées, un homme élevé en croix, une femme chargée de fers, une longuo série de meurtres, d’enchantements et de supplices. Le savant Huet juge assez favorablement ce récit de Jamblique : à Son dessein ne renferme qu’une action revêtue d’ornements convenables, et accompagnée d’épisodes pris dans la matière même. La vraisemblance y est observée avec assez d’exactitude, et les aventures y sont mêlées avec beaucoup de variété et sans confusion. Toutefois, l’ordonnance manque d’art. » Photius trouve que Jamblique n brille par la beauté du style, la régularité du plan et l’ordonnance des récits. ■ La perte de l’ouvrage ne nous permet pas de juger du style, mais la plupart de ces appréciations semblent empreintes de trop d’indulgence. Le plan devait être moins régulier qu’il ne le paraît d’après l’analyse de Photius ; une foule d’incidents devaient ralentir la marche de l’action. Quant k la vraisemblance, il faut la révoquer en doute ; Jamblique abuse de la magie et des enchantements ; ses morts ressuscitent, ses poisons n’endorment qu’aussi longtemps qu’il le veut ; il sort volontiers des situations difficiles par la violence, ressource si chère a nos modernes romanciers. Ses récits ont de la variété, mais une variété qui n’est pas exempte de confusion. Si l’on passe à l’étude des caractères, on ne trouve pas un seul type fortement tracé ; aucune des figures que l’auteur nous présente n’a une individualité marquée ; toutes se laissent aller aux événements, sans chercher h les modifier. Rhodanès, le héros, montre très-peu de cœur et encore moins de tète ; il n’a que des jambes ; son seul exploit, au dénoûment, est une trahison. Le rôle de Sinonis est moins efi*acé ; une jalousie vindicative et sauvage anime constamment cette femme jeune et belle, qui gagnerait k éprouver une passion douce et touchante.

L’auteur des Babyloniques ne manque ni d’imagination ni de talent dans le choix do certains épisodes : il entend la mise en scène et sait imprimer du mouvement k l’action. Il a du savoir. C’était beaucoup pour l’époque où il écrivit ; mais son ouvrage n’a plus pour nous qu’un intérêt de curiosité littéraire. Si l’on en croit Colomiès, le roman des Babyloniques s’était conservé en entier dans la bibliothèque de l’Escurial jusqu’en 1670, époque où il fut détruit par un incendie.

Babylonisme s. m. (ba-bi-lo-ni-smerad.Babylone). Néol. Ce qui est grandiose, gigantesque ; se dit surtout en parlant des édifices, des monuments : L’architecte de la chose est M. Charles Duval, qui fuit du babylonisme au rabais, pour le compte des fondateurs de cafés-concerts. ("')

BABYRUSSA. s. m. Mamm. Syn. de babiroussa.

BABYS. frère de Marsyas, dont il fut sur le point de partager le sort. Apollon lui fit grâce, à la prière de Minerve.

BABYS, nom donné aux partisans du babysme.

BABYSME s. m. (ba-bi-sme — rad. Bab). Secte religieuse, née en Perse vers l’année 1843, ainsi nommée du nom qu’a pris son fondateur, Bab, c’est-à-dire la porte, et dont les adhérents portent celui de babys.

— Encycl. Jusqu’ici, l’existence du babysme n’avait été signalée que par quelques voyageurs, qui n’ont donné au sujet de cette nouvelle doctrine que des détails très peu explicites. Les premiers renseignements positifs qui nous soient parvenus jusqu’ici sur le babysme sont ceux que contient l’excellent livre récemment publié par M. le comte de Gobineau : les Religions et les philosophies dans l’Asie centrale (Paris, Didier, 1866). C’est à cet ouvrage consciencieux et d’un intérêt considérable que nous allons recourir pour tracer une esquisse rapide et exacte du mouvement religieux, et politique si peu connu, que l’on désigne sous le nom de babysme. Nous commencerons par faire l’histoire de la secte, et