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ment, où tout indiquait la touche d’un maître consommé, et il regrettait de ne pas lire le nom de l’artiste au bas du tableau. • Mais voyez donc, s’écria quelqu’un ; ce chef-d’œuvre est signé, et très-lisiblement ; il est de

fnri. »

Un médecin de Montargis, ayant été requis par autorité de justice pour assister à l’exhumation d’un, enfant nouveau-né qu’on avait enterré sans déclaration préalable, et pour émettre son avis sur les causes probables de la mort, terminait ainsi son rapport : « Mon opinion est que cet enfant est mort avant d’avoir vécu.»

»

Dans un atelier d’imprimerie, un compositeur avait été installé a une casse assez rapprochée du mur pour qu’il fût difficile de passer derrière lui sans le déranger. • Quand tu passes, dit-il un jour à l’un de ses camarades, tu me marches toujours sur les pieds. — Dame, le passage est si étroit. — Mais j’y passe bien, moi ! t La chronique n’ajoute pas, et c’est vraiment dommage, si le typographe interpellé a répondu a son camarade : • Ah I oui, et tu ne te marches pas sur les pieds. »

» Une personne prit à son service un paysan nouvellement débarqué à Paris, en lui disant : « Je te donnerai 100 fr. de gages, et, si je suis content, tu auras tous les ans une récompense et je t’habillerai. > Le lendemain matin le domestique ne parait pas ; il se fait tard ; le maître sonne, même silence. Enfin le maître monte, le trouve dans son lit, se fâche ; le valet lui dit : « Monsieur, ne sommes-nous pas convenus que vous m’habilleriez ? je vous attendais. •

Un caporal instructeur prodiguait ses leçons, parfois embrouillées, à deux conscrits nouvellement débarqués. Il les tenait tous deux devant lui, fixes et l’oreille ouverte. Il venait de leur expliquer, tant bien que ma], la théorie de la marche, et en particulier ce premier de tous les principes qui ordonne au troupier français de partir du pied gauche. Il s’agissait de passer à l’application. Le caporal, de sa voix la plus militaire, fait résonner le commandement de « archet « Le conscrit no l lève incontinent le pied gauche, mais le conscrit n« 2 juge à propos de lever le pied droit. A l’aspect de ces deux pieds qui se touchent inconsidérément, au lieu d’être séparés par la distance réglementaire, le caporal s’écrie : « Quel est donc l’imbécile qui a l’incohérence de partir péremptoirement des deux pieds à la fois ? ■

BALSAMACÉES s. f. pi. (bal-za-ma-sédu gr. Italsamos, baume. Bot. Syn. de balsamifiuées.

balsamadine s. f. (bal-za-ma-di-nedu gr. balsamos, baume ; adinos, abondant). Bot. Glande sous-cutanée qui, chez plusieurs végétaux, sécrète une oléo-résine odorante.

Balsamarie s. f. (ba)-za-ma-rî — contr. du lat. balsamum Mariœ, baume de Marie). Bot. Genre de plantes de la famille des guttifères ou clusiacées, dont l’espèce type croît aux Indes orientales, et fournit la substance qui lui a valu son nom.

BALSAMÉE s. f. (bal-za-mé — du gr. balsamos, baume). Bot. Syn. de balsamodendron.

BALSAMÉLÉON s. m. (bal-za-mé-lé-ondu gr. balsamos, baume ; elaion, huile), Pharm. Huile’aromatique imprégnée de principes balsamiques.

BALSAMIE s. f. (bal-za-mî — du gr. bal' ïamos, baume). Bot. Syn. de arisaron.

Balsamier s. m, (bal-2a-mié). Syn. de baumier. V. ce mot.

BALSAMIFÈRE adj. (bal-za-mi-fè-re — du lat. balsamum, baume, et fero, je porte). Bot. Qui porte du baume.

BALSAMIFLUÉES s. f. pi. (bal-za-mi-flu-é — du lat. balsamum, baume ; fluo, je coule). Bot. Famille de plantes dicotylédones, voisine des amentacées, et particulièrement des platanées, renfermant de grands arbres à suc résineux et balsamique, et q ; ui se réduit au seul genre liquidambar.

— Encycl. La famille des balsamifiuées appartient à la classe des amentacées, division établie parmi les dicotylédones apétales diclines. Elle offre les caractères suivants : anthères nombreuses dans les fleurs mâles, presque sessiles, sans calice, réceptacle commun, portant quelques petites écailles ; ovaire accompagné d écailles dans les fleurs femelles ; deux styles oblongs, hérissés de papilles stigmatiques ; deux loges contenant chacune six à huit ovules peltés ; fleurs de l’un et l’autre sexe réunies sur le même arbre, mais disposées sur des chatons différents. Fruit formant une sorte de cône. Le seul genre connu jusqu’ici est l’arbre nommé liquidambar, dont 1 écorce produit un suc résineux de la nature des baumes, et c’est à cette circonstance qu’est dû le nom de balsamifiuées.

BALSAMINA s. m. (bal-za-mi-na). Agne. Variété de raisin.

BALSAMINA (Camille), célèbre cantatrice italienne, née & Milan en 1776. Douée d’une magnifique -voix de contralto ? elle obtint des succès retentissants sur les scènes d’Italie par

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la pureté de sa vocalisation et l’expression tendre et passionnée de son chant. Appelée à Paris pour les fêtes du mariage de l’empereur avec Marie-Louise d’Autriche, elle fut saisie d’un refroidissement sur les cimes glacées du niont Cents. Sa santé ne put se rétablir en France, et elle revint mourir à Milan le 9 août 1810,

BalSaminacées s. f. pi. (bal-za-mi-na-sé — rad. balsamine). Bot. Syn. de balsaminées.

BALSAMINE s. f. (bal-za-mi-ne — du gr. balsamos, baume. Cette étymologie, évidente par la forme, est absurde par le sens, la balsamine étant complètement inodore. Il serait difficile d’indiquer l’allusion ou l’analogie qui a donné lieu a ce nom bizarre). Bot, Genre de plantes dicotylédones, type de la petite famille des balsaminées, et appelé aussi impatiente, à cause de l’irritabilité du fruit, qui, a sa maturité, éclate dès qu’on le touche : Dans la balsamine, la capsule qui contient les graines s’ouvre, à l’époque de la maturité, en cinq valves qui se contractent et se roulent en dedans. Ce petit phénomène s’opère souvent au moindre contact, (Duméril.) La balsamine lance ses graines au loin. (A. Karr.)

Reine de ces bosquets, la tendre balsamine Sur l’humble marguerite Tivec grâce domine.

Roucher.

— Encycl. Les caractères de la balsamine sont : calice a deux divisions ; corolle à quatre pétales, irrégulière ; le pétale supérieur en capuchon, l’inférieur éperonné, et les deux latéraux biappendiculésoubilobés ; cinqétamines ; capsule supère à cinq valves longitudinales très-élastiques. À l’époque de la maturité, ces valves s’enroulent subitement sur elles-mêmes et lancent leurs graines au loin, au moindre attouchement. Cette particularité a fait donner au genre le nom d’impatiens. L’espèce qui se distingue le plus par cette singulière propriété est la balsamine des bois (noli-tangere). Elle est vivace ; ses feuilles se mangent en guise d’épinards, et servent à teindre la laine en jaune.

Parmi les autres espèces, la plus remarquable est la balsamine des jardins (impatiens balsamina). C’est une plante annuelle, originaire, de l’Inde, mais cultivée en Europe depuis plus de trois siècles. Sa tige est rameuse, grosse, herbacée, très-tendre, haute de o m. 60 ; ses feuilles sont sessiles, alternes, glabres, lancéolées, un peu charnues ; ses fleurs sont réunies en bouquets surdespédoncules simples et axillaires. Peu de plantes varient autant que la balsamine des jardins ; il est extrêmement rare d’en trouver deux pieds exactement semblables dans le même semis. Le type primitif, a fleurs rouges, simples, de grandeur moyenne, a produit des variétés innombrables, parmi lesquelles on remarque la balsamine à rameaux et la balsamine camélia. On cultive, en général, cette plante comme fleur d’automne dans les massifs et les plates-bandes, dont elle est un des principaux ornements depuis la fin du mois de juillet jusqu’aux premières gelées.

La balsamine se multiplie de ses graines. Celles-ci doivent être récoltées quelque temps avant la maturité, sur des individus à fleurs doubles et choisies. On sème sur couche au mois d’avril. Le plant est ensuite repiqué en plate-bande bien terreautée, et, quand il est assez fort, levé en motte et mis en place par un temps humide et couvert. Une terre tr.èslégère, extrêmement fumée, est celle qui convient le mieux pour cette culture.

BALSAMINE, ÉE adj. (bal-za-mi-né — rad. balsamine). Bot. Qui ressemble à une balsamine.

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, ayant pour type le genre balsamine, et confondue autrefois, comme simple tribu, avec les géraniacêes.

— Encycl. La famille des balsaminées, comprise autrefois dans celle des géraniacêes, appartient aux plantes dicotylédones, à corolles polypétales et étamines hypogynes. D’après les travaux de Rœper, elle offre les caractères suivants : calice à cinq folioles, dont deux sont quelquefois très-petites ou même disparaissent complètement ; cinq pétales alternant avec les folioles du calice, mais dont quatre se soudent souvent entre eux deux à deux ; cinq étamines alternes avec les

Ïlétales, soudées entre elles par les bords de eurs anthères et le sommet de leurs filets ; ovaire à cinq loges renfermant chacune un ou plusieurs ovules, et qui devient un drupe . a noyau quinquéloculaire ou une capsule dont, à la maturité, la portion extérieure est douée d’une force élastique qui la fait se séparer en cinq valves ; graine de forme ovoïde, a radicule supère et très-courte. Les feuilles sont simples, opposées ou alternes, et n’ont pas de stipules. Les fleurs sont tantôt solitaires, tantôt réunies deux à deux ou trois à trois, aux aisselles des feuilles, et lorsque celles-ci avortent, elles forment une grappe terminale ; elles ont généralement beaucoup de tendance à se panacher et à doubler par la culture.

Les balsaminées ont pour type le genre balsamine (impatiens de Linné). On connaît environ douze espèces de balsamines, parmi lesquelles on compte : la balsamine des jardins, dont les fleurs, réunies en bouquets, produisent un effet fort agréable dans nos parterres, et la balsamine des bois (impatiens noli-tangere de Linné), plante vivace qui

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croit spontanément dans les bois et qui lance ses graines au dehors dès qu’on touche à sa tige.

BALSAMIQUE adj. (bal-za-mi-ke — du gr. balsamos, baume). Qui a la nature ou l’odeur du baume ; parfumé, embaumé : Parfum, propriétés balsamiques. À un endroit où la route est ombragée, où le vent apportait des odeurs balsamiques, Camille fit remarquer ce lieu plein d’harmonie. (Balz.) L’urine, au premier contact de l’air, doit avoir une odeur balsamique. (Raspail.) Nul ombrage fertile

N’y donne au rossignol un balsamique asile.’ A. Cuénier.

J’ai vu des prés couverts de leurs manteaux de fleura, Balsamiques tapis aux suaves couleurs, Trésors où butinaient les abeilles sauvages.

LÀCIIAMDAUDIE.

— Fig. Qui calme, qui apaise l’âme, qui produit un doux sentiment de quiétude : La consolation

D’avoir fait de ses biens la distribution Répand au fond du cœur un repos sympathique, Certaine quiétude et douce et balsamique.

Reonard,

— Pharm. Qui contient quelque baume :

Pilules BALSAMIQUES. Sirop BALSAMIQUE.

— s. m. Médicament balsamique : Les balsamiques. L’emploi des balsamiques est de rigueur en certains cas.

BALSAMITE s. f. (bal-za-mi-te — du gr. balsamos, baume). Bot. Genre de plantes de la famille des composées, tribu des sénécionidées, formé aux dépens des tanaîsies.

— Encycl. Ce genre, formé par Desfontaines aux dépens du genre tanacetum, a pour caractères : involucre imbriqué ; fleurons tubuleux et graines membraneuses. On en connaît environ douze espèces particulières à l’ancien continent. Parmi ces espèces, la plus commune est la balsamita suaveolens, appelée vulgairement menthe-coq, baume des jardins. C’est une plante vivace, très-aromatique, qui croit naturellement dans tout le midi de la France. Ailleurs, on la cultive dans les jardins. Sa tige blanchâtre a de 0 m. 60 à l m. de haut ; ses feuilles sont ovales, dentées, grisâtres ; ses fleurs, d’un jaune d’or, sont réunies en capitules petits, nombreux, qui forment un large corymbe. La balsamite se multiplie de drageons, de graines et de boutures.

BALSAMO. Nom de divers écrivains italiens,

Îiarmi lesquels : Laurent Balsamo, né à Paerme, vivaitau commencementduxvne siècle. Il a composé, en dialecte sicilien, des Canzoni sacre, et. autres poésies insérées dans les Muse siciliane (Palerme, 1653) ; —Ignace Balsamo, jésuite, né à Messine, mort en 1659, a composé quelques poésies religieuses, notamment un recueil Sur le martyre de saint Placide, imprimé à Messine en 1653 ; — Ignace Balsamo, ou Balsamone, jésuite, né dans la Fouille en 1545, mort à Limoges en 1618. Il remplit pendant plus de trente-cinq ans, en France, les premiers emplois de son ordre. Il a publie, en français : Instruction sur la perfection religieuse et sur la vraie méthode de prier et de méditer (l6ll) ; cet ouvrage a été traduit en latin.

BALSAMO (Joseph), véritable nom de Cagliostro. V. ce dernier nom, .

BALSAMO (l’abbé Paul), agronome italien, né à Termini (Sicile) en 1763, mort en 1818 a Palerme, où il professait l’agriculture, Il s’était lié, pendant un séjour en Angleterre, avec le célèbre Arthur Young, dont il adopta en partie les idées sur l’agriculture. Dans son enseignement et dans ses ouvrages, il émit un grand nombre de vues utiles, proposa d’importantes réformes, et fut nommé bibliothécaire du roi. Ses écrits sont encore fort estimés en Italie. Ils sont tous relatifs à l’agriculture et à l’économie politique.

Baïaamo, roman de M. Alexandre Dumas, d’abord publié en feuilletons, puis réuni en 6 vol. in-8°, et plusieurs fois réédité sous différents formats. Le titre véritable est : Mémoires d’un médecin Joseph Balsamo. On a trouvé plus simple de dire Balsamo tout court, et c’est sous ce dernier nom que l’ouvrage est le plus généralement connu. D’ailleurs, pourquoi ces trois mots : Mémoires d’un médecin ? Us ne sont pas justifiés par le récit, et ne figurent, au-dessus du nom suffisamment alléchant du héros dont on prétend donner les Mémoires, que pour piquer davantage encore la curiosité. Rien ne ressemble moins à des mémoires que la fable invraisemblable, mais fort attachante, déroulée par M. Alexandre Dumas, de cette Slume alerte et audacieuse qui ne connaît pasobstacles et s’amuse de ses propres forfanteries. Cette plume, qui s’abandonne au gré de la fantaisie, on la connaît ; elle coud et découd la narration à plaisir ; elle va, vient, passe et repasse avec cette absence d’apprêt qui en fait tout le charme ; elle dit à l’impossible : Soyons inséparables ; et, enfourchant l’histoire qu’elle dompte à sa guise, elle dévore le papier sans se lasser jamais, et sans que jamais non plus le public se lasse de la suivre dans ses excursions vertigineuses. Tout le monde connaSt ce Joseph Balsamo, qui, sous le nom de comte de Cagliostro, tient une si large place dans la chronique secrète du dernier siècle. Héros mystérieux d’histoires romanesques, il suffirait de raconter sa vie pour avoir le plus surprenant des récits. M. Alex an BAL

dre Dumas en a fait un franc-maçon de contes de. fées et un magnétiseur de mélodrame. L’action repose presque entièrement sur l’art diabolique d’endormir les jeunes filles et de leur arracher des secrets importants, qui deviennent une arme entre les mains de cet homme extraordinaire. Comme dans le Magnétiseur de Frédéric Soulié, une demoiselle de grande famille est violée pendant le sommeil magnétique. Mais, dans Joseph Balsamo, ce n’est pas l’endormeur qui commet cette scélératesse ; l’endormeur ici fait de l’art pour l’art, et ne songe nullement a pincer le menton aux fillettes qui ont les paupières closes sous son regard fascinateur. Il a même, sans y prendre garde, dans un coin isolé de ses appartements, bien et dûment enfermée et cadenassée, une épouse légitime dont il resfiecte la virginité avec un soin tout particuier. Savez-vous pourquoi ? C’est que, selon lui, une vierge seule peut offrir à sa science un sujet irréprochable. La pauvre femme se désole ; elle se morfond dans sa robe immaculée comme une colombe dans la neige ; elle fait tout pour passer de l’état de fille à un état moins ingrat ; son mari s’obstine, à garder de Conrart le silence prudent, sur les joies du mariage ; il s’obstine à laisser son manteau entre les mains suppliantes de cette pauvre éplorée, Italienne au sang bouillant, qui a des nerfs comme une Française et de la passion comme une Andalouse. Ce n’est qu’à l’avant-dernier volume que Balsamo succombe, et le magnétisme n’y perd aucun de ses droits : on peut se donner à son mari et au fluide, sans que l’un nuise à l’autre, voilà ce qui est constaté, hélas 1 bien tardivement pour la malheureuse femme dont les jours étaient comptés. Elle ne tarde pas, en effet, à être assassinée par un alchimiste égaré à la poursuite de la pierre philosophale, bonhomme dont les alambics léclament absolument du sang de vierge, et qui jette des cris de paon lorsqu’il apprend que la pauvrette avait quitté le matin même sa tunique d’innocence. Ainsi placée entre le magnétisme et l’alchimie, M"1» Balsamo devait nécessairement périr un jour ou l’autre de mort violente. Pendant ce temps, Mlle Andrée dé Taverney, abandonnée en plein sommeil magnétique dans un massif d’arbres par Balsamo, devient la proie d’un certain Gilbert, jeune paysan venu de Taverney à Paris dans la voiture de la Dubarry, et qui depuis longtemps poursuit de ses vœux intempestifs la fière et hautaine Andrée. Ce drôle, qui s’est abreuvé d’axiomes philosophiques et de lectures dont il n’a pas saisi le véritable sens, montre durant tout le roman un assez vilain caractère, et la rencontre de Jean-Jacques Rousseau qu’il a faite un jour, de Jean-Jacques Rousseau qui l’a hébergé, ne l’a nullement -corrigé dé certains défauts assez méprisables. Deux fois déjà. Gilbert a tenu à sa disposition Andrée endormie ; il l’a respectée ; mais à la suite d’une conversation où la noble fille a écrasé de toute sa fierté le paysan philosophe, celui-ci a. juré qu’elle serait & lui. Ce soir-là donc, il l’emporte à demi morte dans sa chambre, et la bougie qui roule sur le parquet s’éteint, à propos pour nous empêcher de constater tous les risques que court une jolie fille magnétisée. Or, il se trouve que M’e Andrée de Taverney, une des personnes attachées à la dauphine, a été remarquée par ce libertin couronné qu’on appelait Louis XV. Richelieu, faisant l’office d’entremetteur, a juré à Sa Majesté qu’elle n’avait qu’à se présenter pour être agréée. Sa Majesté s’introduit la nuit chez Andrée ; mais le sommeil étrange qui donne à celle-ci l’apparence d’un cadavre cause au roi une frayeur si grande qu’il s’enfuit, tandis que Gilbert, qui est un esprit fort, reste maître du terrain. Quelques mois se passent, et, sous les yeux mêmes de Marie-Antoinette, Andrée a des défaillances. Ces défaillances n’annoncent rien de bon au docteur Louis, au praticien de premier ordre qui, d’un coup d’teil, voit que Mlle de Taverney en a pour six mois encore de maladie. Richelieu compte sur ses doigts : six et trois font neuf. — C’est bien cela, se dit de son côté le père d’Andrée, qui a trempé dans le complot royal avec ce laisseraller des ducs, comtes et marquis d’alors. On s’attend donc de toutes parts à la prochaine venue d’un bâtard qui vaudra son pesant d’or, et l’on sourit à Andrée, qui ne comprend rien aux clins d’yeux, aux demi-mots et aux insinuations dont on l’accable. Andrée a un frère, plus honnête heureusement que tous ces drôles à dentelles qui papillonnent autour du trône. Il apprend l’état de sa sœur et la questionne. Andrée se révolte, et ce n’est que plus tard et par la grande vertu du magnétisme que la vérité éclate, Louis XV n’a pas le moindre reproche à se faire touchant M"» de Taverney ; c’est Gilbert qui a cueilli le bouquet d’oranger préparé pour Sa Majesté. Balsamo, qu’on avait fini par accuser, le prouve, et Gilbert, d’ailleurs, ne demande pas mieux que de feconnaître devant notaire le fruit de son nocturne attentat. Balsamo, qui tranche du grand seigneur, veut aider Gilbert à réparer un méfait dont il a été lui, Balsamo, la cause involontaire ; car s’il navait pas oublié de réveiller Andrée, mons Gilbert se serait borné ce soir-là à regarder les étoiles. Il est vrai qu’alors le roi Louis XV... décidément Andrée ne pouvait manquer de devenir la cliente du docteur Louis. Balsamo, disonsnous, veut aider Gilbert à épouser M11* Andrée de Taverney, ce qui, par les idées philosophi-