Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 1, B-Bd.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

130

BAL

latéraux échancrés. L’espèce principale de ce genre, la baUota fœtida, connue sous les noms vulgaires de marrube noir, marrube puant, marrubin, a une tige de deux pieds de haut ; elle est légèrement velue, souvent branchue et un peu rougeâtre. Ses fleurs sont rouges ou blanches. La ballote est commune dans les décombres, le long des haies et des chemins. Elle est de quelque emploi en médecine et dans l’art vétérinaire, mais aucun animal ne la mange.

BALLOTÉES s. f. pi. (ba-lo-té — rad. ballote). Bot. Groupe de plantes de la famille des labiées, ayant pour type le genre ballote.

ballottade s. f. (ba-lo-ta-de — rad. ballotter). Manég. Saut par lequel le cheval s’enlève, sans ruade, en montrant les fers des pieds de derrière, et élevant les quatre pieds a la même hauteur.

ballottage s. m. (ba-lo-ta-je — rad. ballotter). Action de ballotter : Il faut, dans le transport de ce liquide, éviter soigneusement le ballottage. Il En ce sens, on dit mieux

BALLOTTEMENT.

— Polit. Vote au scrutin, au moyen de ballottes ou boules : Le jour du ballottage approchait ; on était presque à la veille de l’élection. (L. Gozlan.) il Vote qui a lieu après un ou plusieurs scrutins, pour choisir entre les candidats qui avaient réuni le plus de" suffrages, sans atteindre toutefois la majorité absolue : Scrutin de ballottage. Enfin, après un ballottage, le notaire sortit triomphant. (Ars. Houss.)

— Jeu. Gain suivi d’une perte qui, elle-même, est suivie d’un gain. S emploie surtout à la roulette.

— Encycl. Polit. La langue politique désigne sous le nom de ballottage le tour de scrutin qui doit décider lequel l’emportera des deux candidats qui ont obtenu le plus de voix dans un scrutin précédent. Le scrutin de ballottage a lieu lorsque, dans une élection où l’élu doit obtenir la majorité absolue, aucun des candidats n’a atteint cette majorité. On passe alors à. un nouveau tour de scrutin, qui ne peut porter que sur les deux candidats qui ont eu le plus de voix dans le scrutin précédent. C’est ainsi que, jusqu’au décret organique du 21 février 1852, l’on avait procédé lors des élections législatives. Ce décret ne fait aucune mention du ballottage ; faute d’une majorité absolue au premier tour de scrutin, on procède, quinze jours après, à un nouveau tour de scrutin. Alors l’élection a lieu a la majorité relative. En matière d’élection au conseil général ou au conseil municipal, la loi du 7 juillet 1852 déclare qu’au second tour de scrutin, si plusieurs candidats obtiennent le même nombre de suffrages, l’élection-doit être acquise au plus âgé.

BALLOTTANT (ba-lo-tan), part. prés, du v. Ballotter : // portait une veste bleue en toile de fil, à petites poches, ballottant sur ses hanches. (Balz.)

BALLOTTE s. f. (ba-lc-te —dim. de balle). Petite balle ou boule pour exprimer un suffrage.

— Famil. Ballotte de papier, Petite boule de papier que les écoliers emploient en guise de projectile. Cette expression est surtout usitée dans le midi de la France.

— Econ. rur. Vase en bois dont on se sert pour porter la vendange à la cuve.

— Bot. V. Ballote.

BALLOTTÉ ÉE (ba-lo-té), part. pas. du v. Ballotter. Cahoté, remué, agité.

— Soumis à un scrutin de ballottage : Candidats ballottés. Thucydide et Périclès étant ballottés au suffrage du peuple pour le ban de l’ostracisme, ce fui Thucydide qui succomba. (P.-L. Courier.) il A été employé au fig. dans le même sens : Tu vas être ballotte longtemps au scrutin de l’opinion publique. (Beaumarchais.)

— Fig. Tenu dans l’incertitude ou soumis à des alternatives en sens contraire : Une classe encore si faible et si rudement ballottée entre des forces supérieures a dû subir de grandes agitations, de fréquentes vicissitudes. (Guizot.) Esquif ballotté sur toutes les mers du doute, échoué sur toutes les grèves du désespoir, oseriez-vous tenter un nouveau voyage ? (G. Sand.) Mien n’est plus désagréable pour le lecteur que d’être ballotté sans cesse par des nouvelles contradictoires. (L.-J. Larcher.) Ton nom, jouet d’un éternel orage,

Sera par l’avenir ballotté d’âge en âge, Entre Marius et César.

Lamartine. Entre l’Amour et la Polie Ce pauvre globe est ballotté : Sentir L’un est ma volupté ; Rire de l’autre est mon génie. Dorât. D’où me vient cette foi dont mon cœur surabonde, A moi qui tout a l’heure incertain, agité. Et sur les nota du doute a. tout vent ballotté. Cherchais le vrai, le bien dans les rêves des sages, Et la paix dons les cœurs retentissants d’orages ?

Lamartine.

— s. m. Danse. Pas qui s’exécute soit en restant en place, soit en marchant ou en tournant.

BALLOTTÉES OU BALLOTÉES S. f. pi. V. BALLOTÉES.

BALLOTTEMENT s. m. (ba-lo-te-manrad. ballotter).Action de ballotter ; mouvement qui résulte de cette action : Le ballottëuknt d’un navirt.

BAL

— Obstétr. Mouvement, balancement sensible à la main, que l’on communique au fœtus dans le sein de la mère, pour constater l’état de grossesse.

BALLOTTER v. a. ou tr. (ba-lo-té — rad. baller, danser, ou ballotte, çetite boule). Agiter, secouer en sens contraire ; La mer nous A ballottés durant toute la traversée. Nous étions secoués comme ces souris qu’on ballotte, pour les étourdir et les tuer contre tes parois de la souricière. (Th. Gaut.)

J’erre moi-même au gré du vent qui me ballotte. C. u’Harluvillê.

— En parlant de plusieurs candidats, décider qui remportera : Après plusieurs tours de scrutin, l’assemblée a.ballotté MM. X. et Z., qui avaient réuni le plus grand nombre de voix.

— Par comp. Discuter : Ballotter une affaire.

— Fig. Faire passer par des alternatives en sens contraire : La fortune est un enfant peu difficile en jouets ; elle ballotte aussi bien un pauvre hère qu’un potentat. (Mme de Puisieux.) Me laisserai-je éternellement ballotter par les sophismes des mieux disants, dont je ne suis pas bien sur que les opinions

 ?~~ m’ils prêchent soient les leurs à eux-mêmes ? J.-J. Rouss.) Depuis un demi-siècle, nous nous laissons ballotter sans relâche par le vent des idées. (Am. Thierry.) Vous me ballottez sur une mer d’inquiétudes et de doutes. (G. Sand.) Il Jouer, railler, peloter : Ne vous laissez pas ballotter ainsi.

Paris enclin au trait malin, Grâce à nous, les ballotte.

BÉRAHQER.

— v, n. ou intr. Remuer, être agité, secoué : Cette fenêtre ne fait que ballotter. Ces bouteilles sont mal emballées ; elles ballottent. Ce violon ballotte dons son étui.

— Voter au moyen de boules.

— Errer, aller ça et là : Je ne fais que ballotter, en attendant que la poste parte. (Mme deSév.)

— Jeu. À la paume, Peloter, se renvoyer la balle, sans faire de partie réglée.

— Chor. Exécuter un ballotté. BALLOTTER, v. a. ou tr. (ba-lo-té — de

ballot). Mettre en ballot : Ballotter des marchandises. 11 Peu usité.

— Techn. Ballotter la verge fondue, La mettre en paquet.

BALLOTTIS OU BALLOTIN S. m. (ba-lotain — de ballotte, boulette). Hist. Entant qui recueillait les suffrages a l’élection des doges de Venise.

BALLOTTIN s. m. (ba-lo-tain — dim. de ballot). Petit ballot.

BALLOTTINE s. f. (ba-lo-ti-ne — rad. ballotte, plante). Chim. Principe amer de la ballote.

— Art. culin. Nom donné à de petits morceaux de viande farcis et ficelés dans du papier : Veau en ballottines.

BALLOU, connu sous le nom de Père Balloti, fondateur de l’universalisme en Amérique, né à Richmond", dans le New-Hampshire, en 1771. Son père, ministre baptiste, n’eut pas les moyens de lui faire donner Beaucoup d’éducation, et l’on prétend même qu’il lui apprit à écrire avec des morceaux de charbon. Ayant embrassé la doctrine de l’universalisme, il fut chassé de l’Église de son père et devint bientôt prédicateur. Il finit par présider la seconde société universaliste établie à Boston, où il mourut en 1852. Son neveu a réédité la plupart de ses œuvres, et publié à Boston YUniversalist Quarterly Revient, depuis la mort de son oncle.

BALL’S BLUFF (combat be), livré le 21 octobre 1861, sur la rive virginienne du Potomac (États-Unis d’Amérique), près de l’île Harrison, entre les forces unionistes du colonel Baker et un corps confédéré, commandé par le général Evans. Les fédéraux furent battus ; ils perdirent, outre un grand nombre de prisonniers, quatre cents tués et blessés, et une quantité considérable d’armes et de munitions. Le colonel Baker resta parmi les morts.

BALLU (Théodore), architecte français contemporain, né à Paris en 1817, entra, en 1835, à l’École des beaux- arts, où il eut pour maître H. Le Bas, et remporta, en 1840, le grand prix de Rome dans la section d’architecture. Au retour d’un voyage qu’il fit en Grèce aux frais du gouvernement, il exposa, en 1856, des aquarelles représentant les divers monuments de l’Acropole d’Athènes, et une vue du temple de Jupiter Olympien ; ces dessins lui valurent une médaille de 3° classe. Attaché d’abord comme inspecteur aux travaux de l’église Sainte-Clotilde, à Paris, sous la direction de M. Gau, il remplaça ce dernier en 1854. Jamais succession plus ingrate ne pouvait échoir à un architecte. Le gros œuvre de l’édifice était terminé. Les plans adoptés pour la décoration de la façade étaient d’une sécheresse extrême. Les tours se terminaient en terrasse bordée d’une balustrade • M. Ballu proposa et obtint de les surmonter de flèches ajourées et sculptées en pierre. Il augmenta la saillie des grandes portes, afin de donner plus de profondeur aux voussures, couronna l’extrados des archivoltes, et orna de statues avec baldaquins la face des contre-forts, jusque-la nue ou décorée de petits frontons in BAL

signifiants. Il fit preuve également d’un goût délicat et d’une grande richesse d’invention dans l’ameublement et l’ornementation polychrome de l’intérieur de l’église. Chargé en 1852 des travaux de restauration de la tour Saint-Jacques-la-Boucherie, M. Ballu s’est acquitté avec une science incontestable de cette tâche difficile. Les défauts que l’on pourrait reprocher a cette restauration ne sauraient être imputés à l’architecte, qui a du subir des plans tracés d’avance. Il en a été de même pour la mairie destinée à faire pendant à Saint- Germain-l’Auxerrois, due à Hittorff. Les deux édifices, d’une architecture un peu écrasée, sont reliés par une tour et ressemblent assez bien de loin à un huilier, suivant la remarque d’un gamin de Paris. Mais les détails de la tour, traités avec beaucoup de goût, n’en font pas moins honneur au talent de l’artiste. M. Ballu a été nommé chevalier de la Légion d’honneur, en 1857.

BALLUCHON s. m. (ba-lu-chon — dimin. de ballot). Pop. Paquet, petit ballot : Faire son balluchon. Emporter son balluchon.

BALLUE, député de la Somme a l’Assemblée législative (1791). Il ne prit qu’une seule fois la parole, le 16 août 1792, pour annoncer à l’Assemblée qu’il avait dénoncé à la Commune plusieurs de ses collègues, attachés au parti royaliste, qui devaient demander des passeports pour aller exciter les départements contre la Révolution. Après cet acte, où la peur avait peut-être plus de part que le patriotisme, Ballue rentra dans 1 obscurité.

BALLUE (Hippolyte-Omer), peintre français contemporain, né à Paris en 1820, débuta au Salon de 1842 par une Vue de Paris, prise du pont d’Austerhtz. Devenu l’élève de Diaz, l’année suivante, il réussit a imiter le coloris chatoyant de ce maître, et exposa avec succès des aquarelles, des pastels et quelques tableaux à l’huile, représentant des vues de Paris, d’Espagne, d’Italie, d’Orient, d’Algérie, etc. Il a cessé de prendre part aux expositions depuis une quinzaine d’années. Il a été souvent chargé de dessiner* des costumes pour les grands théâtres de Paris et de l’étranger.

B’ALLY (Victor), médecin et membre de l’Académie de médecine, né àBeaurepaire (Isère) en 1775. Il prit part, comme médecin en chef, à l’expédition de Saint-Domingue, fut attaché à divers corps d’armée sous l’Empire ; et, lorsqu’en 1821 la fièvre jaune vint décimer si cruellement Barcelone, il fut un des médecins français qui se dévouèrent courageusement pour aller combattre le fléau. À une époque où la fièvre jaune passait généralement pour contagieuse, on regarda avec raison ce dévouement comme héroïque ; et la mort de l’un des membres de la commission, Mazet, atteint par le fléau, vint ajouter à. cette courageuse expédition un caractère de grandeur qui augmenta l’enthousiasme public. M. Bally rédigea avec ses collègues, MM. François et Parizet, l’Histoire de la fièvre jaune observée en Espagne, et particulièrement en Catalogne (in-8», 1823). Les épidémies, dont cet éminent praticien a fait une étude spéciale, lui ont encore

  • fourni le sujet de nombreux mémoires et d’ouvrages

du plus haut intérêt : Du Typhus d’Amérique (1814) ; Rapport au Conseil supérieur sur la fièvre jaune (1824) ; Observations sur le scorbut ; Documents et mélanges (1855) ; Études sur la cholorrhée lymphatique ou choléra indien (1833-1835) ; Recherches sur les épidémies des bords de la Méditerranée (1849), etc. On lui doit aussi : Coup d’œil sur l’histoire de la gymnastique (1817) ; enfin, une édition du Formulaire magistral pharmaceutique de Cadet-Gassicourt, augmentée de 300 formules (6« édition, 1826).

BALLYCASTLE, ville maritime d’Irlande, dans le comté d’Antrim, à 57 kil. N.-O. de Belfast ; 1,683 hab. Port peu sûr, fréquenté seulement par des pécheurs ; mines de houille abandonnées.

BALLYET (Emmanuel), antiquaire, né à Marnay (Franche-Comté) en 1700, mort en 1773, à Bagdad, où il était consul de France. Il était en outre évêque in partibus. Il avait parcouru une partie de l’Asie, et il a rendu compte de ses observations dans une lettre à Benoît XIV sur sa mission à Babylone, lettre qui fut imprimée en français et en latin à Rome, en 1754. Le Journal de ses voyages se trouvait dans la bibliothèque du duc d Orléans. D’Anville en a extrait la Description d’un monument de sculpture, découvert dans une montagne.

BALLYMENA, ville d’Irlande, comté d’Antrim, à 45 kil. N.-O. de Belfast, sur la Braid, affluent de la Maine ; 4,063 hab. Blanchisseries de toiles.

BALLYMONEY, ville d’Irlande, comté d’Antrim, à 45 kil. N.-O. d’Antrim ; 2,000 hab. Commerce important de toiles fines, de grains et de salaisons.

BALLYSHANNON, ville d’Irlande, comté et à 23 kil. S.-O. de Donégal, sur l’Atlantique, à l’embouchure de l’Erne, qui est très-poissonneuse et forme une belle cascade ; 3,831 hab. La plus importante pêcherie de saumons et d’anguilles de toute 1 Irlande.

BALME (la), village de France (Isère), arrond. et a. 33 kil. N.-O. de La Tour-du-Pin, près du Rhône ; 850 hab. On y trouve une grotte (balme, en vieux français) très-curieuse, qui passe à bon droit pour une des

BAL

merveilles du Dauphiné. Elle renferme une chapelle de la Vierge de construction bizarre, un petit lac que ion parcourt en bateau et une galerie dite du Capucin, dont la voûte présente des stalactites qui ressemblent de la manière la plus frappante & des pièces’ de charcuterie, il Balme (col de), gorge de la chaîne des Alpes, entre la vallée de Chamounix et celle de Trient, à la source de l’Arve ; 2,304 m. d’élévation ; passage très-fréquenté.

BALME (Henri de), théologien franciscain, né à Balme (Isère), mort en 1439. On possède sous son nom le manuscrit de divers traités de théologie mystique : De imitatione Christi ; De compunctione ; De interna consola' tione ; enfin, De triplici via ad sapientiam, qu’on a quelquefois attribué à saint Bonaventure.

BALME (Claude-Denis), médecin, né anPuy en Velày en 1742, mort en 1805. Il étudia k Paris et à Montpellier, et revint ensuite exercer dans sa ville natale. Outre une collaboration assidue au Journal de médecine de Paris (de 1768 à 1790), on lui doit de nombreux ouvrages, dont plusieurs sont encore estimés. Nous citerons seulement : Dissertation sur le suicide (1789) ; Mémoires de médecine pratique sur les efforts (1791) ; Considérations cliniques sur les rechutes (1797) ; Observations et réflexions sur une hémorragie utérine avant l’accouchement (1797), etc.

BALMÈS (François-Xavier), chirurgien espagnol, partit en 1803 pour répandre les bienfaits de la vaccine dans l’Amérique méridionale, les lies Philippines, la Chine, etc. Au milieu de son pèlerinage philanthropique, il trouva le temps de dessiner et d’étudier les plantes de la Chine et d’en former un album colorié, qu’il déposa à la bibliothèque de Madrid en 1816. Il a écrit un mémoire Sur les propriétés antisyphilitiques de l’agava et du bégonia.

BALMÈS (Jacques-Lucien), célèbre publias to et philosophe catholique, né à Vich en Catalogne, en 1810, mort en 1848. Il fit ses études au séminaire de Vich, puis au collège de San-Carlos de l’université de Cervera. 11 passa, dit-on, quatre années entières à Cervera sans lire autre chose que la Somme de saint Thomas. Bachelier, puis licencié en théologie, il quitta l’université à la fin de l’année 1833, fut ordonné prêtre en 1834, et conquit le titre de docteur au commencement de 1835. En 1837, une chaire de mathématiques ayant été fondée à Vich, il sollicita et obtint de la remplir. En 1840 commence sa vie de publiciste. Il fit à cette époque paraître une Drochure qui fixa sur lui l’attention des hommes politiques de l’Espagne. Dans cette brochure intitulée : Observations sociales, politiques et économiques sur les biens du clergé, il s’attachait à. montrer le rôle bienfaisant qu’avait joué dans le passé la propriété ecclésiastique, et le danger qu’il y, avait pour la société à, dépouiller l’Église dans’ les temps modernes. La propriété ecclésiastique, disait-il, institution aussi ancienne que le christianisme, est le salaire en même temps qu’un des instruments de ses bienfaits ; dans le moyen âge, lorsque tout s’attache fortement à la terre, la féodalité de la violence se trouve combattue et vaincue par une sorte de féodalité de la charité. L’Église s’approprie successivement toutes les armes, elle les consacre toutes à son œuvre de miséricorde. Propriétaire pour être libre, riche pour être bienfaisante, elle reçoit tour à tour des mains de Dieu et des mains des hommes tous les éléments de la puissance, et les applique à réaliser de plus en plus ici-bas l’idéal d’une divine justice. Les temps modernes doivent-ils ? en dépouillant l’Église, changer cette distribution des ressources sociales ? Non, répond Balmès ; car si lès grandes propriétés sont enlevées aux corporations ecclésiastiques, elles tombent aux mains des banquiers avares, des spéculateurs immoraux, ou d une aristocratie sans entrailles, comme en Angleterre. Ne voyons-nous pas le paupérisme dévorer les plus riches sociétés du globe, tandis que l’Espagne ne connaît du pauvre que sa gratitude et ses bénédictions ? Balmès ajoutait, en terminant, que le moment était mal choisi pour porter une première atteinte a la légitimité de la propriété ecclésiastique, lorsque l’Europe entend déjà les cris impatients d’une multitude prête a s’armer contre les droits de la propriété privée, moins sacrés cependant et moins bienfaisants que les droits de l’Église. La brochure sur les biens du clergé fut suivie d’une autre brochure intitulée : Considérations politiques sur la situation de l’Espagne^ dans laquelle l’auteur exposait ses vues politiques sur son pays. En 1841, Balmès fut nommé membre de racadémie des bonnes lettres de Barcelone ; il paya son tribut à cette société par un discours purement littéraire sur l’Originalité. Au commencement de 1844, il fonda un journal hebdomadaire : El pensamiento de la nacion (La pensée de la nation), organe du parti conservateur et religieux. Ce journal était destiné à combattre les efforts opposés de la diplomatie française et de la diplomatie anglaise, dans l’affaire des mariages espagnols, a soustraire cette question aux influences étrangères, à lui donner une solution nationale et purement intérieure. Rétablir l’union entre les deux branches de la famille royale par le mariage de la fille de Ferdinand VII, Isabelle, avec le fils de don Carlos, anéantir ainsi l’antinomie survenue