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BAL

casseries qu’on suscita au compositeur, et qui passent toute imagination, firent que, chaque jour, Verdi, ramassant les feuillets de sa partition, disait, comme Lepeintre jeune, dans un vaudeville connu : « Je voudrais bien m’en aller. » Et comme, chaque jour aussi, l’imprésario, rendu circonspect par les sottes et ridicules avanies de la censure, lui criait : « Je me métie de tout ce qui me vient de France, Timeo Danaos, » il prit résolument le bateau à vapeur et porta son ouvrage à Rome, où il fut joué avec un grand succès. On n’avait rien changé au libretto traduit pour San-Carlo. La scène était toujours à Boston, comme l’avait exigé la censure napolitaine, avec une foule de jolis détails qui défiguraient singulièrement la pièce de Scribe. Mais le public italien, comme l’a fort bien fait remarquer Stendhal, ne fait pas la moindre attention aux paroles plus ou moins ridicules d’un livret d opéra. Son imagination supplée aux. pauvretés de l’ouvrage, et, pourvu que la situation musicale soit belle et entraînante, chacun met les vers qu’il rêve sous les notes du compositeur. 11 faut suivre l’exemple des Italiens et le conseil de Stendhal, si l’on veut bien juger la partition d’un Ballo in maschera. La pièce ne soutient pas l’analyse, bien que sur notre théâtre Ventadour 1 action se passe à, Naples, et non plus à Boston. Cette modification, qui a nécessité divers changements dans les noms des personnages, est due aux exigences d’un chanteur alors fort à la mode. M. Mario n’aurait jamais voulu chanter sa ballade du second acte en culotte courte, bas de soie, habit rouge et larges épaulettes en filigrane d’or ; jamais il n’eut accepté le titre de comte de Warwick et les fonctions de gouverneur (le comte de Warwick remplaçait Gustave III dans la pièce originale). Il a préféré être grand d’Espagne, s’appeler le duc d’Olivarès et se déguiser en pêcheur napolitain, s’occupant d’ailleurs assez peu de l’exactitude du rôle qui lui devenait ainsi plus avantageux.

L’entreprise de mettre en musique un sujet déjà si heureusement abordé par M. Auber était audacieuse ; car, outre le larcin trop commode du livret de Scribe, elle ne supposait rien moins, de la part de Verdi, que l’intention de contre-balancer, peut-être même de détrôner une partition que la France compte encore aujourd’hui dans son répertoire musical. « Sans vouloir entamer entre les deux Gustave un parallèle qui n’aboutirait pas, puisqu’il s’agit de deux compositeurs animés de tendances diamétralement opposées, écrivait M. Fr. Schwab à propos d’une représentation du Ballo in maschera à Bade, il est permis néanmoins de reconnaître que Verdi a singulièrement réalisé dans cette circonstance l’adage Audaces fortuna juvat, et que sa témérité a été justifiée par un chef-d’œuvre. » Ecoutons à présent parler M. de Rovray : « Quant à la* musique d’un Ballo in maschera, . dit-il, elle est, certes, une des meilleures que Verdi ait écrites, et si elle n’a pas eu d’emblée le même succès que liigoletto et le Trovalore, c’est que l’exécution a péché surtout par la faute du ténor, qui a la plus grande responsabilité de l’ouvrage. » M. de Rovray faisait ici allusion k Mario, qui avait eu de beaux moments dans la soirée, mais que ses forces trahirent au dernier acte. Verdi avait écrit ce rôle pour Fraschini.

Après l’introduction et un petit chœur de courtisans, on a surtout applaudi la suave romancé de Richard :

La rivedra nelV estasi,

écrite dans la pénétrante tonalité de fa dièse majeur ; le cantabile de baryton qui suit :

Alla viia che tarridê, avec cor, solo ; la ballata du page : Ynltv. la lerrea fronie aile iteile. (Terrea est ici pour ierrena.)

La musique de cette ballade est pleine d’audace et de brio. Le second tableau du premier acte (car on fait baisser la toile avant l’invocation de la sorcière) contient d’abord une scène et un air de contralto : l’entrée du comte de Warwick ou du duc d’Olivarès ; un fort beau trio où Amélie vient révéler à la magicienne qu’elle aime Richard, tandis que celui-ci entend l’aveu, caché dans un angle de la grotte ; fiuis la chanson du ténor, une ravissante tnéodie napolitaine, et un fort joli quintetto, où les voix du soprano et du ténor, se détachant sur les basses, produisent un effet délicieux. L’acte se termine par une sorte de God save qui pouvait avoir sa raison d’être quand il s’adressait à un gouverneur anglais, mais qui, chanté par des pêcheurs du Pausilippe en l’honneur d’un duc espagnol, n’a plus aucun sens. Parmi les plus beaux morceaux du second acte (ou du troisième, selon la nouvelle distribution), il faut citer l’air du soprano ; Ma dalV aride itelo,

le duo, le trio et surtout le quatuor final, qui rendent d’une façon très-saisissante une des plus belles situations de l’ouvrage. Ce quatuor est une de ces pages émouvantes où 1 auteur de liigoletto excelle, et où, par la vigueur du coloris, la variété du rhythme et la science des oppositions, l’effet, déjà si puissant du drame et de la mise en scène, s’élève à des hauteurs extraordinaires. Au dernier acte, à l’approche de la catastrophe, rien de plus beau que la touchante supplication d’Adelia ou d’Amélie aux genoux de son mari prêt à l’immoler pour venger son honneur outragé :

n.

BAL

lès pleurs du violoncelle, la tonalité voilée de mi bémol mineur, poussent aux dernières limites de la douleur cette imploration de l’épouse et de la mère :

Morro, ma prima in grazia ; puis l’air du baryton :

« Eri tu che macchtam queW anima,

avec son lugubre début en ré mineur, suivi du sublime cantabile qu’annoncent la harpe et la flûte :

0 dolcezze perdule ! Cette inspiration merveilleuse rend lasalle palpitante et est toujours redemandée au théâtre. Le trio et le quatuor de la conjuration et son vigoureux unisson, un beau quintetto où se détache le papillonnant allégro du page :

Ah ! di che fulgor, et plus loin la canzone :

Saper vorreste, du même, sans omettre la romance du ténor, sont les morceaux saillants du dernier acte. Toutefois, il est.bon d’ajouter que le trio et le quatuor de la conspiration qui, en Italie, font crouler le théâtre, ont eu à Paris un succès d’hilarité auquel on ne s’était pas attendu. Le public, à certains moments, est sans pitié. Il s’est diverti, à la première représentation aux Italiens, de deux conspirateurs dont l’un, étant louche, roulait des yeux terribles, bien qu’il soit le meilleur garçon du monde à la ville, et l’autre avait un grand nez dont il paraissait fort en peine. « Otez-le, » lui a soufflé tout bas un mauvais plaisant. Qu’on juge si la remarque était faite pour ramener le sérieux parmi les spectateurs. On riait plus fort, et plus on riait, plus les pauvres conjurés s’embarrassaient dans leurs répliques. Quoi qu’il en soit, cet acte est d’une incontestable valeur musicale ; les morceaux en sont excellents ; ils ont eu depuis un immense succès, non-seulement à Paris, mais sur toutes les scènes de l’Europe et de l’Amérique, où le Ballo in maschera a rapidement conquis sa place à côté des chefs-d’œuvre lyriques. Encore un mot : la scène du bal, qui, avec l’assassinat, termine l’ouvrage, est relativement là plus faible de la partition de Verdi, tandis qu’elle a immortalisé celle d’Auber.,

Acteurs qui ont créé un Ballo in maschera au Théâtre-Italien de Paris : MM. Mario, le comte de Warwick ou duc d’Olivarès ; Graziani, Renato ; Mme» Alboni, la devineresse Ulrica ; Penco, Amélie ou Adélia ; Battu, le page Oscar ou Edgard. Chef d’orchestre : M. Bonetti.

BALLOIS (Louis-Joseph-Philippe), publiciste, né à Périgueux en 1778, mort en 1803. Il publia, sous le Directoire, un journal républicain très-énergique, l’Observateur de la Dordogne, dont la polémique passionnée déplut au gouvernement. Aussi, en 1798, Lamarque ayant été nommé ambassadeur en Suède, et ayant choisi pour secrétaire Ballois, dont il appréciait les capacités, le Directoire refusa son assentiment. Ballois en conçut un tel chagrin, qu’il tenta de se suicider ; mais il ne parvint qu’à se blesser assez grièvement. Il reprit son journal, qui fut supprimé par le gouvernement consulaire. Il fonda alors les Annales de statistique, dont il parut g vol. in-8°. C’était un excellent recueil, qui contribua aux progrès de la statistique et de l’économie politique. Le jeune, et savant publiciste venait d’être élu secrétaire de la Société de statistique, récemment formée, lorsqu’il mourut des suites de sa blessure.

BALLON s. m. (ba-lon —rad. balle). Poche sphérique remplie d’air, dont on se sert pour jouer, en se la lançant l’un à l’autre : Jouer au ballon. Gonflé comme un ballon. Au ballon le mieux soufflé, il ne faut qu’un coup d’épingle, (Beaumarch.) Notre souffleur à gage

Se gorge de vapeurs, s’enfle comme un ballon. La Fontaine.

— Aérostat, enveloppe sphérique remplie d’un gaz plus léger que l’air ambiant, et dont on se sert pour s’élever dans l’atmosphère : Monter en ballon. Ballon captif. Un ballon est le jouet d’une seule force, le point d’appui lui manque, le vent l’emporte et la direction est impossible. (Napol. 1er.) £a Révolution française a entrepris un problème aussi insoluble que la direction des ballons, (Napol. 1er.) Les ballons à gaz hydrogène s’appellent des aérostats, et les ballons à air chaud ont conservé le nom de montgolfières. (A. Rion.) La’ fièvre des ballons continue toujours. Chaque dimanche, l’air est étoile d’aérostats, et toute la population a te nés en l’air, de cinq à six heures du soir. (Th. Gaut.) Aussitôt que le ballon quitte la terre, il est sujet à l’influence de mille circonstances qui, tendant à créer une différence dans son poids, augmentent ou diminuent sa force ascensionnelle. (Baudelaire.)

Demain le poète Raton Devant nombreuse compagnie Doit partir avec le ballon ; Pourquoi ? pour s’élever une fois dans sa vie."

— Fig. Chose futile et en quelque sorte gonflée de vent : La conscience démocratique est vide : c’est un ballon dégonflé. (Proudh.)

... Quand ils sont tout près de saisir leur idole, C’est un ballon qui crève et du vent qui s’envole.

Lamartine.

Il Ce qui est prêt à éclater : L’amour-propro

BAL

est un ballon gonflé de vent ; qu’on y fasse une piqûre, il en sort des tempêtes. (Volt,)

Ballon perdu, Ballon qu’on lance sans aêronaute et qu’on laisse emporter au gré du vent. Il Ballon d’essai, Ballon perdu qu’on lance avant l’ascension d’un aérostat, pour connaître la direction du vent dans les régions supérieures de l’atmosphère ; au fig. Expérience qu’on fait sans se compromettre, pour sonder le terrain : Le nouveau ministre vient de lancer son ballon d’essai, sous forme de circulaire aux préfets. L’opposition prétendait voir dans la brochure un ballon d’essai. (Ste-Beuve.) Les ballons d’essai sont des nouvelles répandues pour tâter l’opinion. (L.-J. Larcher.) Les journaux officiels ont souvent pour mission de lancer des ballons d’essai. (L.-J. Larcher.)

— Chor. anc. Sorte de pas dans lequel le danseur touchait à peine la terre, et semblait rebondir comme un ballon.

— Pyrotcchn. Grosse bombe en carton.

— Art milit. Poudre et projectiles enfermés dans un sac qu’on lance avec un mortier. Ballon à grenades. Ballon à balles. Ballon à bombes.

— Mar. Embarcation longue, étroite, surmontée, en son milieu, d’une sorte de dôme arrondi et souvent couvert de riches étoffes. Elle est particulièrement usitée sur les rivières, a Surate et à Siam, et dans le Pérou.

— Chim. Sphère de verre munie d’un col, et qui sert à diverses expériences et opérations : La forme du ballon est sphéroïde, parce que c’est cette forme qui résiste le mieux à la pression du fluide reçu da ?is les vases. {Fourcroy.)

— Min. Nom que, dans les mines de houille, les ouvriers donnent à une masse de gaz inflammable qui flotte dans l’air sous la forme d’une poche arrondie, et qui asphyxie subitement, avant de crever, ceux qu’elle rencontre : On pense que le ballon est constitué par le gaz hydrogène.

— Techn. Nom des blocs de terre que l’ouvrier façonne à la main, sous forme de gros cylindres ou de carrés longs, quand il a suffisamment travaillé la pâte : Les ballons pèsent ordinairement de douze à quinze kilogrammes, un peu plus, un peu moins, et c’est en les divisant qu on obtient les petites masses sphériques appelées balles, qui servent à l’ébauchage des pièces. H Nom donné, dans les fabriques de papier à la main, à la quantité de papier que les étendeuses transportent à la fois de la chambre à colle à l’étendoir, et qui se compose ordinairement d’une porse ou bien d’une rame de fabrication, n Espèce de grande caisse qui sert, dans plusieurs pays, à recevoir Je chanvre ou le lin que l’on soumet à l’opération du rouissage en eau courante.

— Géogr. Sommet arrondi d’une montagne. Ce mot, usité d’abord en Lorraine, est devenu général : Le grand ballon des Vosges.

— Argot. Derrière d’une personne : Quel ballon ! Il Enlever le ballon, appliquer un coup de pied en cet endroit : Papa, je vous ai enlevé le ballon, mais le cœur n’y était pour rien. (Varin.)

— Argot do théàtr. Légèreté dans la danse : Cette danseuse a du ballon.

— Encycl. Jeu de ballon. Deux jeux portent ce nom. L’un, qui est à l’usage des jeunes enfants, consiste à lancer au hasard et à faire rebondir sur la terre un ballon de caoutchouc gros comme la tête et aussi léger qu’une plume. C’est un simple exercice qui développe les forces et donne de la souplesse. L autre est un jeu d’adresse- réservé aux hommes faits. Il est surtout usité en Italie et dans les villages des Pyrénées, où il passe pour une institution véritablement nationale. On le joue dans un emplacement particulier, consistant ordinairement en un vaste terrain clos de murs et à ciel ouvert. Le ballon qu’on y emploie est une vessie gonflée d’air, enduite d’huile à l’extérieur et recouverte d’un cuir très-épais. Pour lancer et repousser ce ballon, les joueurs arment la main et le poignet d’un gros gantelet de cuir ou de bois, ou d’un instrument appelé brassart (v. ce mot). Quelquefois les combattants se rangent en cercle et chassent le ballon au hasard, de manière que chacun le reçoive et le renvoie à son tour. Le plus souvent, ils’ se divisent en deux camps opposés, et jouent une partie suivie et régulière, en observant des règles qui sont à peu près les mêmes que celles de la longue paume. V. paume.

— Phys. V. AÉROSTAT.

BALLON (Louise-Blanche-Thérèse Perrucard de), fondatrice des Bernardines réformées, née au château de Vanchi (Savoie) en 1591, morte en 1668. Sa famille la plaça à six ans au monastère de Ste-Catherine-sur-Arinecy, où elle fit profession à seize ans. En 1622, elle entreprit la réforme à Rumilly, sous la direction de saint François de Sales, et l’appliqua successivement aux. monastères de Grenoble, de Saint-Jean-de-Maurienne, de Seyssel, etc. Ses constitutions furent approuvées à Rome en 1631. Toutefois, des divisions ne tardèrent pas à éclater, et tandis que le monastère de Rumilly déposait la mère de Ballon de sa dignité de supérieure, elle était appelée en cette qualité par la maison de Marseille. Le Père Grossi a publié ses Œuvres de piété (1700).

BAL.

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BALLON, petite ville de France, ch.-l. do cant. (Sarthe), arrond. et k 23 kil. N. du Mans, sur l’Orne, pop. aggl. 879 hab. — pop. tôt. 1939 hab. Fabriques de toiles, blanchis* séries de fil. Restes d’un vieux château fort, il Ballon d’Alsace, nom d’une des plus hautes montagnes de la chaîne des Vosges, située sur les limites des départements des Vosges et du Haut-Rhin, non loin de la frontière du dép, de la Haute-Saône. 1,403 met. d’élévation. La forme arrondie de plusieurs sommets des Vosges a valu à ces montagnes le. nom de Ballon ; ainsi : Ballon de Guebuiiller, Ballon d’Alsace, etc.

. ballonné, ÉE (ba-lo-néj, part. pas. du v. Ballonner. Enflé, gonflé : Ventre ballonné. Durant les premières années de leur vie, ces êtres chétifs ont le ventre ballonné et une apparence rachitique. (J.-J. Marcel.)

— Fig. Boursouflé : Son style est d’une originalité cherchée ; sa phrase ballonnée tomberait, si la critique lui donnait un coup d’épingle. (Balz.) il Peu. usité.

ballonnement s. m, (ba-lo-ne-manrad. ballonner). Pathol. Gonflement et tension de l’abdomen, résultant de l’accumulation des gaz dans les intestins ou dans la cavité péritonéale : Le ballonnement est très-fâcheux dans les maladies aiguës proprement dites. (Chomel.)

’ BALLONNER v. a. ou tr. (ba-lo-né — rad. ballon.) Pathol. Enfler, distendre par l’accumulation de gaz intérieurs. : Les causes qui peuvent ballonner l’abdomen sont très-nombreuses.

se ballonner v. pr. Devenir ballonné : Son ventre sis ballonne.

— Fam. S’arrondir, se gonfler en forme de ballon : Sa robe de soie blanche se ballonnait d la jupe. (L. Gozlan.)

— Fig. Prendre de grandes et vaines proportions : Il faut laisser tomber ces querelles de la vie intime, ces riens qui sa ballonnent au souffle obligeant du commérage. (G. Sand.)

BALLONN1ER s. m. (ba-lo-nié — rad. ballon). Fabricant ou marchand de ballons à jouer.

BALLOT s. m. (ba-lo — rad. balle). Petite balle de marchandises ou d’effets : Vous avez bien fait de laisser vos ballots à Grignan. (Mme de Sév.) À Lyon même, le ballot de soie ne va pas directement de chez le marchand à la manufacture ; il passe d’abord dans un établissement public pour y être essayé et classé. (L. Reybaud.) L’Angleterre, malgré ses flottes, fut au moment de n’avoir plus un seul port pour y décharger un ballot de marchandises, ou pour y mettre une lettre à la poste. (Chateaub.) Le commissionnaire déchargea les ballots, longs et épais rouleaux enveloppés de grosse étoffe grise. (E. Sue.)

Il triompha des vents, pendant plus d’un voyage ; Gouffre, banc, ni rocher n’exigea le péage D’aucun de ses ballois...

La Fontaine.

— Fig. Le point, l’objet convenable ou désiré, l’occasion favorable : Voilà votre vrai ballot ; cela vous convient tout à fait. (Mme de Sév.) Madame se trouva si enrhumée qu’elle ne put y aller ; le roi jugea que c’était là son vrai ballot qu’il ne trouverait de longtemps, et le saisit : il nomma Mm<> de la Chaise pour Marly. (St-Sim.)

Cette femme, prends-la : c’est là ton vrai ballot,

Pirom.

— Comm. À Marseille, Paquet de vingt-quatre rames de papier à la croiselle ou de quatorze à la couronne. 1) À Saint-Domingue, Lot de viandes botfcanées pesant net trente-six kilos.

—Un des noms que les négriers donnaient aux esclaves : À la bourse, dans les cercles, on entend publiquement parler de la traite ; et ceux qui trempent les mains dans ce commerce de sang ne prennent pas même la peine de désigner leurs victimes sous les noms, consacrés dans leur arqot, de mulets, de ballots ou de bûches de bois d’ébène. (Aug. do Staël.)

BALLOT s. m. (ba-lott — mot angl.) Polit. Se dit, en Angleterre, du vote au scrutin secret, forme de vote réclamée par certains hommes politiques de ce pays : Par l’adoption du ballot, adoption qui ne saurait être éloignée, la liberi-tè du peuple anglais cessera d’être illusoire et menteuse. Bans le système actuel, les dix-neuf vingtièmes des votes sont achetés à une population dans la détresse ou arrachés par l’intimidation à des tenanciers et autres électeurs qui sont, eux et leurs familles, dans la dépendance absolue des lords et de la haute bourgeoisie. (’*')

BALLOTE OU BALLOTTE S. f, (ba-lo-tegr. ballâté, même sens). Bot. Genre de plantes de la famille des labiées, voisin des marrubes, renfermant un assez grand nombre d’espèces, dont la plus intéressante est la ballote noire ou fétide, vulgairement appelée marrube noir, qui croît en abondance dans les lieux incultes et stériles, et se reconnaît à ses fleurs d’un brun rougeatre et à son odeur désagréable : La ballote est rangée dans la section des chênes verts qui ne perdent pat leurs feuilles, (De Jussieu.)

— Encycl. Les caractères de la ballote sont : calice hypocratériforme, imberbe, k cinq dents égales. Corolle à tube inclus ; lèvre supérieure en forme de casque ; lèvre inférieure à lobe moyen obeordiforme, et il lobes

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