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liers aux révolutionnaires cosmopolites, une agitation sensible dans la population ouvrière de la capitale autrichienne, engagèrent le gouvernement à couper le mal dans sa racine, en recourant aux moyens extraordinaires mis à sa disposition par la Constitution. La • Gazette officielle • publia donc deux ordonnances instituant un régime exceptionnel à Vienne et dans son rayon : l’une suspendit les articles de la loi du îl décembre 1867, garantissant la liberté individuelle, l’inviolabilité du domicile, le secret des lettres, le droit de réunion, le droit d’association et la liberté de la presse ; l’autre retira au jury, pour la transférer aux tribunaux ordinaires, pendant l’année 1884, la connaissance de certaines catégories de crimes et de délits. L’objet de ces mesures était de réprimer principalement les menées subversives des socialistes étrangers et de prévenir les procédés d’intimidation auxquels pourraient être exposés les jurés appelés à se prononcer dans les causes politiques. En Croatie, l’année 1884 fut également signalée par des scènes de violence, mais toutes parlementaires, celles-là ; elles furent provoquées par le parti radical de M. Slarcevics et amenèrent la dissolution de la Diète. Seulement, cette dissolution eut à son tour pour conséquence de renforcer de 7 voix le groupe qu’on espérait réduire.

Les élections de 1885 à la Chambre cisleithane eurent une certaine importance. Jusque-là, ceux qui payaient 10 florins d’impôt avaient seuls l’exercice des droits politiques ; une loi, récemment votée sur l’initiative du comteTaaffe, avait étendu le droit de suffrage à tout contribuable payant 5 florins. Les Allemands se remuaient beaucoup, a l’approche de cette consultation plus complète du corps électoral, bien qu’une scission se fût produite entre eux quelques mois plus tôt. Les députés de nationalité slave, qui formaient la droite de l’Assemblée sans distinction d’opinions politiques, donnaient la majorité au gouvernement et réduisaient à l’impuissance le côté gauche, composé d’Allemands. Parmi ces derniers, les uns (les ultra-allemands) déclaraient qu’ils s’abstiendraient de siéger, leur chef, M. Piener, en tête ; les autres, dirigés par M. Chlumecky, refusèrent de suivre leurs collègues, préférant continuer la lutte sur le terrain constitutionnel. Le manifeste électoral des gauches retraça l’histoire parlementaire de l’Autriche au point de vue de l’opposition ; il reprocha au cabinet d’avoir, par ses concessions aux populations slaves, compromis l’unité de l’empire et foulé aux pieds les glorieuses traditions de ce germanisme qui avait fondé l’État autrichien. II était incontestable, en effet, que, dans le moment même où la politique extérieure de l’Autriche s’identifiait avec celle de l’Allemagne, sa politique extérieure échappait de plus en plus au aeutschtum* 193 députés de la majorité gouvernementale, 132 libéraux allemands, 38 députés de nuances diverses, tel fut le résultat des élections, qui assurèrent au comte Taaffe un appui suffisant. Au mois d’octobre, lors de la réunion des Délégations, les Transleithans, en choisissant pour président M. Louis Tisza, frère du premier ministre madgyar, voulurent remercier le chef du gouvernement en Hongrie d’avoir su réformer la Table des magnats dans un sens national et plus égalitaire.

La lutte des nationalités prit, depuis le renouvellement de la Chambre, une vivacité nouvelle notamment en Cisleithanie. Les deux groupes qui s’étaient substitués à l’ancienne gauche libérale allemande se montrèrent plus que jamais d’accord, non sur les moyens à employer pour la défense du germanisme, mais sur la conception fondamentale de la suprématie de la race allemande dans l’État autrichien. En Bohême, le parti national tchèque, ayant de plus en plus conscience de sa force, multiplia les entreprises contre la race rivale, et résolut de la frapper en plein cœur sur la question des langues. Les Tchèques demandèrent donc que les fonctionnaires de la Bohême fussent tenus de parler à la fois l’un et l’autre idiome dans tous les districts slaves ou germaniques. Au cours de ia discussion qui eut lieu a la Diète, le débat dévia sur le terrain des considérations historiques et des anciennes controverses : M. Rieger, chef des vieux Tchèques, ayant prétendu que la monarchie devait, pour vivre, devenir slave, M. de Piener, de la gauche allemande, répondit avec véhémence qu’il acceptait la déclaration de guerre. Peu après, le baron Seharschmid, député allemand de Bohême, présenta au Reichsrath une motion tendant à faire conférer à l’allemand, par voie législative, la qualité de langue officielle de l’État. 209 voix contre 109 votèrent le renvoi à la commission, après que le comte Taaffe, tout en faisant des réserves nombreuses, se fût déclaré prêt à chercher les bases d’une entente. Les Tchèques blâmèrent vivement le cabinet de son altitude (1886).

Au mois de janvier, les représentants du ministère commun de la Guerre et du ministère hongrois de la Défense du pays préparèrent un projet de loi sur le landsturm. Aux termes de ce projet, qui fut adopté, le landsturm fut considéré comme une véritable armée régulière, composée de ceux qui n’appartenaient ni à l’armée active ni à la landwehr (de 19 à 42 ans) et des officiers en retraite ou en disponibilité, âgés de moins de soixante ans ; parmi les citoyens visés par la loi, les uns seraient aptes à compléter les cadres de l’armée active en temps de guerre, les autres plus âgés rempliraient un service de garnison. On ne put s’empêcher de remarquer, dans les cercles politiques, que cet accroissement de forces défensives coïncidait avec les complications nées de la révolution rouméliote. Si les deux moitiés de la monarchie s’étaient mises d’accord sur ce point, il en fut tout différemment sur la question de la revision des tarifs douaniers. On ne put s’entendre et les négociations menaçaient d’être rompues, lorsqu’un incident vint faire éclater la mauvaise humeur des Cisleithans et des Transleithans. Le 21 mai, le général Janzky, en garnison à Budapest, était allé en compagnie de quelques officiers déposer une couronne sur la tombe du général Hentzi, mort en 1849 en défendant, a la tête de 5,000 hommes, la ville de Bude contre les forces supérieures du général Gyœrgei. Cette démonstration irrita au plus haut point la jeunesse des écoles, qui huèrent la statue de HenUi et brisèrent les fenêtres de Janzky. Les organes officieux des comtes Taaffe et Kalnoky blâmèrent aussitôt M. Tisza d’avoir, à la Chambre hongroise, taxé d’incorrecte et de maladroite la démarche du 21 mai ; toutefois Janzky reçut un congé de trois mois sous le prétexte plausible de prendre les eaux dans la basse Autriche (juin 1886). Le général, froissé sans doute, revint de son propre mouvement inspecter à Funfkirchen un régiment de sa brigade, mais les troubles reprirent de plus belle à cette nouvelle. Pendant que la troupe les réprimait, le commandant supérieur des forces militaires de Budapest (le baron Gyufal) était mis à la retraite et Janzky élevé au grade de divisionnaire. La presse madgyare fut.unanime à représenter cette double mesure comme un

échec pour M. Tisza et comme une humiliation pour la Hongrie : une brochure, qui lit grand bruit, demanda la démission au ministre, signataire de l’avancement du général Janzky ; enfin, dans une grande démonstration populaire, les Hongrois se prononcèrent catégoriquement contre le système de l’armée commune. L’empereur-roi se décida alors à adresser publiquement à M. Tisza une lettre autographe dans laquelle il exprimait le regret que les récents changements survenus dans le haut personnel militaire eussent causé des malentendus de nature à inquiéter l’opinion publique ; • ces changements, ajoutait-il, étaient en entière conformité avec les lois constitutionnelles, et n’avaient eu pour cause que des considérations de service ; il n’était donc pas juste d’accuser l’armée, dont le devoir est d’obéir ■, Le ton de la missive royale, les quelques paroles éloquentes et conciliantes qu’elle renfermait dissipèrent tous les nuages, mais il est permis de se demander si le cabinet de Vienne n’avait pas trouvé d’abord un malin plaisir à humilier les Madgyars qui, unis et homogènes, exercent de plus en plus, sur les destinées de l’Autriche divisée, une hégémonie lourde aux Slaves comme aux Allemands,

D’ailleurs, l’agitation causée par l’affaire Janzky s’apaisa d’autant plus promptement que, le £ septembre 1886, la capitale de la Hongrie avait à fêter l’anniversaire de sa reprise sur les Turcs, deux siècles auparavant. Les organisateurs de la cérémonie savaient que la délivrance de Bude avait été l’oeuvre de l’Europe entière, et non pas seulement de la Hongrie, et que l’armée assiégeante comptait dans ses rangs l’électeur de Bavière, le margrave de Bude, des soldats de l’électeur de Brandebourg, en un mot, que les troupes allemandes avaient contribué pour beaucoup à la victoire. Ils adressèrent en conséquence des invitations aux bourgmestres des principales villes de l’Allemagne, mais le3 magistrats municipaux de Munich et de Berlin s’excusèrent, celui-ci par des motifs sans portée politique, celui-là en raison du système de • madgyarisation • à outrance que le gouvernement de Pesth applique aux populations germaniques de Hongrie, notamment aux Transylvaniens de race saxonne. L’empereur d’Allemagne, désireux d’effacer la mauvaise impression produite par ces refus, désigna une députation militaire pour assister aux fêtes de Bude, et le pape prit occasion du bicentenaire pour adresser à l’épiscopat madgyar une longue encyclique pouvant en réalité s’appliquer à tous les pays, puisqu’elle constituait une protestation contre les lois civiles modernes. Les fêtes furent très brillantes et, durant leur célébration, la politique chôma ; mais dès la reprise de la session du Parlement hongrois, le ministère fut interpellé par les députés Horvath et Iranyi sur la nature des négociations poursuivies entre les cabinets de Saint-Pétersbourg, Vienne et Berlin au moment

du coup d’État de Sofia (v. Bulgarie) sur les motifs de la politique d’effacement pratiquée dans cette affaire par l’Autriche, sur le rôle de l’Allemagne, sur les modifications que pouvait avoir subies l’alliance austro-allemande. M. Tisza, après avoir nié qu’il existât un accord entre la Russie et 1 Autriche pour la délimitation de la sphère d’influence de ces deux puissances dans les Balkans, indiqua comme le but des efforts du cabinet de Vienne la création dans cette région d’États indépendants soustraits à. toute influence extérieure, et repoussa la supposition d’après laquelle le ministre des Affaires étrangères aurait prévu l’abdication du prince de Bulgarie ou approuvé, sous condition, l’attentat commis contre Alexandre de Battenberg. « Nous estimons, dit-il, que l’acte de paix de Berlin, bien que violé en plusieurs circonstances dont la plus grave a été l’incident de l’année dernière en Roumélie (révolution du 18 septembre 1885), doit être aujourd’hui encore considéré comme ayant force de loi et comme devant, à ce tiire, être maintenu. ■ Arrivant ensuite à l’éventualité d’une occupation russe en Bulgarie : « Si la Turquie ne revendique pas les droits qui lui ont été maintenus, aucune autre puissance n’est autorisée & prendre dans la péninsule des Balkans l’initiative d’une action armée isolée, non plus qu’à placer cette région sous son protectorat, car en général toute modification dans la situation politique ou dans les conditions d’équilibre des pays balkaniques ne peut avoir lieu qu’en vertu d’un accord des puissances signataires du traité de Berlin. » Quant aux rapports avec l’Allemagne, ils continuaient d’avoir la même base. À vrai dire, ces déclarations ministérielles n’apprenaient rien ni au Parlement hongrois ni à l’Europe : les principes généraux et ostensibles de la politique austrohongroise étaient connus, mais sur leur application dans la crise bulgare, qu’il eût été intéressant de connaître, le premier ministre restait muet. À la Chambre des députés autrichienne, le comte Taaffe eut à répondre

& une interpellation analogue émanant de l’extrême gauche allemande ; il se borna â constater 1 état satisfaisant des relations de l’Autriche avec sa puissante voisine. Mais le goutemement n’en avait pas fini avec la politique étrangère. Dès la réunion des Délégations, à Pesth, la commission des affaires étrangères de la délégation hongroise demanda à M. Kalnoky un exposé général

de la situation extérieure. Le comte s’y prêta de bonne grâce. Il représenta comme un incident éphémère et sans portée la mission du général Kaulbars en Bulgarie, et exprima 1 espoir qu’une solution pacifique interviendrait prochainement sur les bases du

traité de 1878. Le gouvernement allemand, intéressé aux événements bulgares dans la mesure où la paix en Orient et en Europe dépend de ce pays, était toujours intervenu en ce sens, non en faveur des désirs de telle ou telle puissance particulière, et il n’y avait point lieu de croire à un refroidissement des rapports entre Vienne et Berlin. Mais quelque désir qu’elle eût d’éviter des complications, l’Autriche ne saurait tolérer l’administration permanente de la Bulgarie par un commissaire russe, ni l’occupation des places fortes de la principauté par les troupes du tsar. Le comte Andrassy, qui avait joué de 1875 à 18*8 un rôle considérable dans les affaires d’Orient en sa qualilé de ministre des Relations étrangères, tout en approuvant la politique générale du cabinet, critiqua l’alliance austro-allemande, qui obligeait l’Autriche à ne défendre que mollement ses intérêts dans les Balkans, l’Allemagne s’efforçant de concilier les tendances contraires de l’Autriche et de la Russie.

En somme, la monarchie austro-hongroise se trouvait, en regard des affaires d’Orient, dans une situation précaire. Convaincus que, dans le cas d’une guerre, les troupes allemandes ne combattraient point les Russes pour soutenir les revendications de l’Autriche, les ministres communs sentaient la nécessité d’éviter un conflit dont ils ne pouvaient prévoir les conséquences. Dans le même temps, la politique intérieure fut singulièrement embrouillée par la sécession,

qui se produisit à la fin de l’année 1886, des Allemands de Bohème. Le 22 décembre, M. de Piener, l’un des chefs de la minorité allemande, présenta à la Diète de Prague une proposition tendant à abolir une récente ordonnance sur l’emploi de la langue tchèque dans les pièces judiciaires, et demandant la séparation administrative, en Bohême, des districts habités par les Allemands de ceux où les Slaves sont en majorité. Le prince Charles Schwarzenberg, sans prendre la peine de réfuter le discours de son adversaire, demanda à la Diète de passer à l’ordre du jour, ce qui eut lieu à la majorité de 172 députés slaves et mandataires de la grande propriété contre les 70 voix du puni allemand. Le chef de ce dernier, M. Sohmeykal, déclara ne plus pouvoir siéger dans une Assemblée qui ne daignait pas examiner les propositions d’une partie de ses membres ; il quitta la salle des séances, et les Allemands de Bohême, ayant ainsi épuisé les moyens de protestation, commencèrent leur rupture avec les Tchèques. Un incident analogue se produisit en Transleithanie, où les négociations entamées à Pesth par les délégués croates et madgyars pour le règlement de divers points en litige échouèrent dès que la question de la correspondance officielle fut abordée. Les Hongrois consentaient à recevoir leurs lettres en croate, mais à la condition qu’ils écriraient les leurs en hongrois, ce qui était équitable, mais les Croates repoussant la réciprocité, voulaient exclure complètement le nuidgyar des correipondances entre Agram et Pesth (mars 1887). Enfin, la diète provinciale d’Iilyrie prit une résolution demandant la création à Trieste d’une université dont les cours seraient faits en langue italienne. Cela se passait en avril, et le mois suivant, ce fut le tour de Vienne. Les étudiants de l’université de cette ville, en majorité de langue allemande, huèrent le recteur Maaseu qui, à la Chambre des seigneurs, n’avait pas appuyé une motion de M. Schmerling, demandant le maintien exclusif de l’allemand comme langue administrative. On voit combien ces haines de race rendent difficile la tâche du gouvernement qui, alors qu’il venait de renouveler l’alliance austro-germanique [fin mars 1887), était obligé pour vivre de sacrifier à l’intérieur l’hégémonie allemande à la majorité fédéraliste de la Cisleithanie.

Les élections parlementaires qui eurent lieu en Hongrie au mois de juin augmentèrent la majorité de M. Tisza de 25 voix et diminuèrent d’autant les sièges de l’opposition modelée, qui reconnaît pour chef le comte Apponyi ; l’extrême gauche maintint presque toutes ses positions, tandis que les antisémites ne parvinrent qu’à faire passer 18 de leurs candidats, malgré le concours violent du clergé catholique.

Littérature..L’Autriche-Hongrie, composée d’éléments divers, n’a pas de littérature nationale ; les principaux peuples qui forment la monarchie ont chacun leur langue et leur littérature. Les écrivains tchèques, hongrois et polonais sont étudiés séparément ; nous ne parlerons ici que des

écrivains autrichiens de langue allemande. L’esprit viennois a une certaine originalité ; il ne ressemble en rien à l’esprit allemand proprement dit ; il a de la légèreté et de la grâce, qualités essentielles de l’esprit français. Les représentants les plus distingués de la littérature allemande contemporaine sont presque tous de nationalité autrichienne ou suisse. L’Allemagne, mettant en pratique la parole du poète patriote Arndt :« La patrie de l’Allemand s’étend partout où se parle l’idiome germanique, • revendique comme sienne toute la littérature de langue allemande, et si la prépondérance politique, malgré les efforts des pouvoirs publics, des sociétés savantes, etc., n’a pu doter l’empire d’une littérature nationale, elle a eu pour résultat de faire affluer dans ce pays l’élite des écrivains allemands nés en Autriche et en Suisse. Beaucoup d’écrivains autrichiens, en effet, habitent l’Allemagne ; presque tous y font éditer leurs œuvres. Berliu et les autres grandes villes de l’Allemagne sont devenus les véritables centres intellectuels de la littérature de langue allemande. Les hommes de lettres, un Autriche, sout en général peu fortunés et peu honorés ; si on lit leurs œuvres, on dédaigne leurs personnes. La plupart, ne se sentant pas chez eux à Vienne, habitent la province, quand ils ne sont pas fixés en Allemagne. C’est ainsi que le grand poète Hamerling, l’auteur à’Ahasvérus à Rûme (v. Ahasvérus), et Rosegger résident à Gratz ; Rodolphe Baumbacb, à Trieste, etc. Parmi les poètes de talent, relevons les noms de Ad. Pichler, Friedrich Kaiser, Anton Langer, A. Weisner, de la comtesse de Wickenburg-Atmasv, Anastase Gruen, Alfred Friedmann, enfin Ludovic-Auguste Frankl, l’un des premiers poètes lyriques de l’Autriche. Le théâtre national est peu brillant ; pour qu’un auteur dramatique autrichien arrive à être joué sur une scène de sa patrie, il faut qu’il ait été acclamé à l’étranger. Anzengruber, romancier et auteur dramatique, habite Vienne. Doué d’un grand talent d’observation, il excelle dans la peinture de mœurs des paysans et l’action de Ses pièces se passe toujours dans les Alpes autrichiennes ; le style en est simple et naturel. Mais ce sont souvent des œuvres de tendance, affectant des sentiments hostiles envers l’Église. Dans ces dernières années, malgré la taveur dont M. Anzengruber jouit à Don droit auprès de ses compatriotes, il n’a pu arriver à faire jouer ses pièces ; car les théâtres de Vienne, en particulier le Burgtheater, se sont interdit de jouer des pièces en dialecte. Ed. de Bauernfeld est le dnyen des auteurs dramatiques viennois, et ses pièces, où les mœurs de la haute société sont peintes avec esprit et bonne humeur, font partie du répertoire du Burgtheater, dont le direcieur est Ad. Wilbrandt, écrivain bien connu en Allemagne. Les autres auteurs dramatiques sont : Sigismond Schlesinger, J.-V. Widmann, Schoenthan, Joseph de Weilen, paète tragique, O.-F. Ebersberg, le vaudevilliste par excellence, le Labiche de Vienne, qui a produit un nombre considérable de pièces très amusantes et qui dirige à présent le ■ Kikerikii, Cari Costa, etc. K.-E. Franzos a écrit des romans et des nouvelle» en prose, où sont décrites fidèlement les mœurs des Juifs polonais ; L. Kompert s’occupe des Juifs au village ; Fr. Uni est connu à la fois comme critique dramatique et comme nouvelliste. Enfin nous relèverons le nom du romancier galicien L. Sacher-Masoch, bien connu k Paris, et dont la biographie a été faite au toute XVI du Grand Dictionnaire. Nous avons mentionné déjà la plupart des compositeurs de musique autrichiens ; leurs œuvres sont en effet le plus souvent jouées en Allemagne tv. ce mut), et beaucoup d’entre eux s’y