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taches solaires à laquelle est liée la distribution de la chaleur sur la Terre. Pour donner une preuve de plus à l’appui de sa théorie, M. de La Rive a réalisé la reproduction en petit du phénomène : un barrreau de fer doux était recouvert, sauf aux extrémités, d’une épaisse couche isolante, ceinte elle-même en son milieu d’un anneau de cuivre ; le tout se trouvait engagé par une tubulure dans un ballon où l’on faisait le vide par une seconde tubulure. Le cuivre étant mis en communication avec le pôle positif d’une pile et te fer avec le sol, celui-ci se chargeait négativement par influence et une gerbe lumineuse se produisait par la décharge à travers l’air raréfié entre l’anneau de cuivre et l’extrémité du barreau de fer situé a l’intérieur du ballon-, en outre, quand on aimantait le fer doux en approchant un électro-aimant, il se produisait, h quelque distance ds son extrémité et dans un plan perpendiculaire à sa direction, une zone où le phénomène avait plus d’éclat et figurait très bien par son aspect les aurores véritables.

En 1878, les idées de M. de La Rive reçurent une importante confirmation, du fait de l’observation suivante due à Nordenskjœld qui hivernait au voisinage du détroit de Bering. Toutes les nuits, un arc lumineux assez pâle, embrassant le quart de l’horizon, se montrait

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du côté N. et présentait son sommet au N.-E. À une hauteur de 10°. Son bord inférieur était assez net, mais «on bord extérieur, beaucoup plus diffus, ne permettait qu’une évaluation grossière de son épaisseur qui fut estimée a 5°.

Une série d’observations faites avec soin conduisit le savant explorateur à admettra qu’une zone lumineuse permanente environne, non le pôle géographique, mais le pôle magnétique, et que le plan de cette zone, sorte d’anneau polaire, rappelant vaguement l’anneau équatorial de Saturne, est perpendicufaire au diamètre terrestre passant par le pôle magnétique. Souvent un second arc concentrique au premier prend naissance, des arcs supplémentaires s’y ajoutent quelquefois et des jets de lumière jaillissent entre ces arcs ; ce sont les aurores boréales proprement dites, sortes d’accidents d’un phénomène beaucoup plus général. Comme 1 arc est peu éloigné du sol, il ne peut être visible que pour un observateur assez voisin de sa latitude ; pour un observateur placé an pôle magnétique, il est invisible, parce qu’il sa trouve au-dessous de l’horizon sensible (d’après Hayes, la zone polaire privée d’aurore est d’environ 8") ; la même chose arrive pour un observateur trop éloigné vers le S. Il est clair que le météore est concave ^fig. 2) vers un observateur placé

Fig. t.

dans la zone intérieure à l’arc, et convexe (fig. 3) vers un observateur placé extérieurement à l’arc ; le premier le voit au S., le second au N. Un observateur placé dans le

plan même de l’anneau ne voit rien, parce que le météore, ayant une faible épaisseur, est entièrement transparent sous une incidence normale. L’arc lumineux permanent a

Fig. 3.

une intensité très faible ; si cette intensité était réduite à la moitié seulement de sa valeur, l’arc cesserait d’être visible. Il est, du reste, masqué par les brouillards et n’est visible que par un temps froid et sec. En Norvège, les émanations chaudes et humides du Gulf-Stream le rendent presque inobservable ; il disparaît devant la clair de lune et même les phénomènes au ruraux un peu intenses. Nordenskioald doit l’avantage d’avoir pu l’observer, d’une manière suivie, à la coïncidence de son exploration avec la période des roinima. M. Tromholt a fait pendant quinze ans, de 1865 à 1880, des observations suivies sur les aurores boréales à Goodtaab, par 640 n’ de lat. N. et 540 6’de long. O. (Groenland méridional). Les conclusions qui ressortent de son mémoire, sinon celles qu’il formule, sont conformes à la théorie de M. de La Rive et aussi parfaitement d’accord avec l’hypothèse de Nordenskioeld.

Par exemple, il dit que les aurores se produisent très rarement dans la partie septentrionale du ciel et que la milieu de l’arc lumineux se trouve entre le S. et le S.-E. C’est précisément ce qui doit arriver pour un observateur placé à une assez petite distance du pôle magnétique pour être à l’intérieur de 1 anneau entra le pôle magnétique et la partie de cet anneau située au S.-E. En effet, cette partie se trouve, dans ce cas, la plus rapprochée et en même temps la plus élevée au-dessus de l’horizon, tandis que 1 arc N.-O. est plus éloigné et passe même au-dessous de l’horizon. D’autre part, il résulte des mêmes observations que les aurores te produisent surtout pendant la période des cirrus, ce qui s’accorde très bien avec l’idée théorique de M. da La Rive. La relation déjà annoncée entre les taches solaires et les aurores est aussi confirmée par ces observations, le nombre des aurores s’étant toujours montré proportionnel à celui des taches.

Dans le courant d’une année, l’intensité des aurores varie et passe par un maximum pour le Groenland, vers le solstice d’hiverce maximum a lieu, au contraire, vers les équinoxes dans les régions tempérées ; cette divergence s’explique bien en admettant une oscillation périodique de l’anneau de Nordenskjœld qui se rapprocherait du pôle aux solstices pour s’en éloigner à l’époque des équinoxes.

La zone aurorale, toujours d’après le même mémoire, a en outre un mouvement périodique undécennal coïncidant avec la période des taches solaires ; le mouvement s’effectue vers le S. pendant que les taches vont en croissant, et vers le N. quand vient la décroissance. Enfin la zone a un mouvement diurne dirigé vers le S. pendant la nuit. A ces résultats fort instructifs, M. Tromholt en a ajouté d’autres en organisant, un service d observation régulière dans toute la Norvège. Le plus intéressant, qui s’accorde bien avec la notion de l’anneau de Nordenskjœld, cest qu’il y a toujours des aurores boréales TisiWes en quelque point du territoire. Le

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savant observateur part de là pour affirmer qu’il n’y a aucune relation nécessaire entre les aurores boréales et les perturbations de l’aiguille aimantée, sans quoi celle-ci devrait être perpétuellement troublée ; nous ne partageons pas cette opinion et nous croyons devoir rester fidèle à celle d’Arago. En effet, lorsque les aurores ont leur intensité moyenne, lorsque l’anneau de Nordenskjœld a une distribution uniforme et ne présente pas d’irrégularités, il n’y a pas se raison pour que l’aiguille soit troublée ; elle conserve son équilibre comme l’anneau lui-même ; mais si, dans une région, il vient à se produire un redoublement de l’intensité du phénomène auroral, si l’anneau, par conséquent, présente en un point une irrégularité subite, s’il y a, comme on dit, un orage magnétique, l’équilibre de l’aiguille devra être momentanément troublé, et c’est en effet ce qui a lieu. Les perturbations de l’aiguille sont, il est vrai, beaucoup plus faibles à l’intérieur de l’anneau qu à l’extérieur ; mais ne sait-on pas qu’à l’intérieur d’un corps conducteur entièrement fermé il ne se manifeste aucun phénomène électrique, quelles que soient les actions qui se produisent sur sa surface ou extérieurement. Les observations de Tromholt ne prouvent donc point que l’illustre Arago s’est trompé, bien au contraire. Autre preuve : on a constaté aux États-Unis, pendant une aurore, que le télégraphe marchait sans fils. De plus, des expériences plus récentes ne laissent aucun doute sur la nature électromagnétique des aurores. Non content de faire, comme M. de La Rive, un simulacre du phénomène, M. Lemstrœm entreprit de provoquer l’apparition du phénomène lui-même, de susciter dans le ciel de véritables aurores boréales ; il y a réussi, en s’inspiraot évidemment de 1 idée mère des expériences de Franklin et de Dalibard forçant la foudre à descendre des nuages et à éclater sous leurs yeux, comme à leur commandement.

D’ailleurs, l’expédition suédoise de 1868 avait observé des lueurs qui semblaient se dégager des cimes élevées. Informé de Ce fait en 1871, Lemstrœm tenta aussitôt une première série d’expériences en Laponie où il installait sur des points culminants des réseaux conducteurs armés de pointes : il vit apparaître au-dessus les lueurs phosphorescentes. En 1888, il renouvela sa tentative avec un plein succès, successivement sur deux sommets, l’Oratunturi et le Pietarintuaturi. Sur le plateau il établit un réseau de fils de cuivre qui, dans l’expérience faite sur l’Oratunturi, par 67° 21’ de lat., s’étendait sur une surface de près de 1.000 mètres carrés, soutenu par des perches munies d’isolateurs. Sur cette sorte de filet métallique se dressaient verticalement des pointes de laiton espacées de 0"»,50. Le réseau métallique était en communication avec l’une des extrémités du fil d’un galvanomètre dont l’autre extrémité était reliée au sol. Une lueur d’un blanc jaunâtre se montra presque constamment la nuit au-dessus des pointes et elle fut accompagnée d’une déviation de l’aiguille du galvanomètre, preuve de l’existence d’un courant dans le conducteur et, par conséquent, de la nature électrique du phénomène. D’autre part, en analj’sant la lueur au spectroscorpe, on observa la raie jaune verdâtre caractéristique des aurores boréales.

Dans l’expérience faite sur le Pietarintunturi, par 78» de lat., Lemstrœm employa un réseau de surface moitié moindre, mais la proximité de la zone aurorale lui semblait devoir compenser cette réduction ; et, en effet, le !» décembre 1882, il vit une aurore luire à 120 mètres environ au-dessus du réseau.

En dépouillant le catalogue de M. Rubenson, où sont consignées tes observations d’aurores boréales de 1800 à 1877, M. Ch.-V. Zenger a remarqué que les aurores boréales ont un redoublement de fréquence du 9 au 14 août et du 13 au U novembre, surtout le 10 août et le 14 novembre, et que souvent les aurores persistent pendant plusieurs jours au voisinage de ces dates, qui sont précisément celles da l’apparition des essaims d’étoiles filantes. Une coïncidence si constante ne peut être mise sur le compte du hasard et doit être attribuée à une corrélation réelle entre les deux phénomènes. On peut l’expliquer en admettant que la différence énorme entre le potentiel électrique de la matière cosmique et celui de la terre provoque des déchargea en aigrettes. La couleur variable de ces décharges serait caractéristique de la matière constituant les essaims.

Ajoutons à ces indications celle d’une remarque curieuse dont l’explication est encore à trouver. En 1833, M. Moniigny a communiqué à l’Académie des Sciences le résultat de ses observations sur la scintillation des étoiles pendant les aurores boréales. Il affirme que la scintillation est notablement accrue pendant la durée du météore pour les étoiles sur lesquelles il se projette ; cet accroissement est plus sensible en hiver qu’en été.

— Bibliogr. Lemstrœm, l’Aurore boréale (Paris, 1887).

Aoror* (l’J, par Maurice Bouchor (1883, in-18). Dans ce recueil de vers, l’auteur des Chansons joyeuses, laissant de côté les cymbales retentissantes et le fifre au rire aigu, fait vibrer d’une main vigoureuse la lyre aux cordes graves et sonores. Voici une invocation superbe qui montrera à quelles

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, sources vivifiantes le poète a puisé son inspiration :

Bois, qui retentissez d’éternelles chansons, O terre, qui, muette et paisible, travailles, Et qui sens remuer dans tes vastes entrailles Tous ces germes obscurs de fruits et de moissons ;

O soleil fier et beau, vainqueur des trahisons De la nuit, 6 guerrier, qui dans maintes batailles As ensanglanté l’or de ta cotte de maillus, Et qui parais, debout, sur les grands horizons ;

O poulains emportés dans les prés, jeunes bêtes, Folles d’air libre et frais, qui sentei à vos têtes Monter l’enivrement du lait trop fort : venez,

Soleil, terre, animaux, nature universelle ; Fructifiez, vivez, bondissez, rayonnez. Et que votre torrent inonde ma cervelle !

La pièce suivante achèvera de donner la note du volume :

Le bon soleil, père des choses. Quand il fait refleurir les roses, Dore les beaux sillons de blé ; Ainsi, la jeunesse passée, Fuisse ta virile pensée Être l’épi dur et gonflé 1

Puis, le ciel calme de septembre Voit les raisins de pourpre et d’ambre Mûrir sur leur coteau pierreux ; Ainsi, je voudrais que ton âme En elle renfermât la flamme D’un vin splendide et chaleureux.

Lasse, l’humanité se traîne ; Que ta raison, forte et sereins, Lui soit un pain substantiel, El, sentant le bonheur de vivre, Qu’éperdûment elle s’enivre De ta chanson, fille du ciel.

Sans défaillance ni blasphème, Marche devant toi ; fais toi-même Une large entaille à ton flanc. Pour que chacun s’y désaltère ; Et réjouis-toi, si ton frère Mange ton cosur et boit ton sang.

Le volamedeM. Bouchor est divisé en trois parties : la Chair, ta Lutte, l’Idéal, qui contiennent surtout des sonnets. Le troisième chant est moins intéressant que les deux autres, parce que, si nous sommes tous de chair et si tous nous luttons, chacun de nous se forge un idéal différent ; mais, à la fin comme au début, on trouve presque toujours une pensée virile cachée sous la riche parure du vers.

Auror» (i/), tableau de M. Ranvîer, qui a figuré au Salon de 1878. Ce tableau était destiné à servir de plafond dans un des salons du palais de la Légion d’honneur. La composition est allégorique. Dans le haut, la figure principale, n ayant d’autre vêtement qu’une légère draperie flottante, forme le centre lumineux de la composition. Au-dessous, enveloppée dans une ample draperie sombre, la Nuit, les bras repliés, s’endort ; un petit Amour vient curieusement la regarder, une lampe à la main. Cette composition, conçue comme un rêva, est d’une tonalité très douce, et l’ensemble présente un aspect aimable et souriant.

Aurore (l’), statue de M. Delaplanche (Salon de 1882). Au lieu de personnifier cette figure sous les traits de l’adolescence, M. Delaplanche montre une femme nue arrivée à toute la plénitude de sa beauté. Debout, un pied posé sur un rocher, elle semble vouloir s’élever dans le ciel, se dégageant de la draperie qui la couvrait de son obscurité. C’est une ceuvre élégante et forte à la fois, d’un mouvement souple et charmant. L’harmonie des formes soutenues et pleines est parfaite.

Aurore (l/), tableau de M. Jules Lefèrre, qui figurait au Salon de 18S4. C’est une délicate peinture décorative, dont la saveur poétique charme particulièrement les esprits enclins h la rêverie. Naturellement, l’Aurore est une femme nue qui i’élève dans l’air brumeux en agitant au-dessus de sa tête un voile de gaze. Comme l’Aurore représente la transition entre l’obscurité de la nuit et la lumière du jour qui commence à luire, l’effet du tableau ne pouvait être ni décidément sombre, ni absolument clair, et c’est précisément cette indécision qui en fait le charme. La figure, d’une tonalité très douce, d’une carnation presque inconsistante, s’élève mollement et dans un mouvement infiniment gracieux, au-dessus des eaux d’un lac où la lumière n’a pas encore pénétré, vers la région où elle rayonne déjà.

AÛS s. m. (a-uss). Dans l’argot du commerce, article vieilli, démodé. Syn. de rossignol ; mais rossignol se dit surtout des articles de librairie.

« AUSTEN (sir François-William), amiral

anglais, né à Steventon la 16 mars 1774.

Il est mort le 10 août 1865.

•AUSTEN (Jane), célèbre romancière anglaise, née à Steventou (Hampshirel en 1778, morte en 1817. — Son père, un clergyman, était pasteur de deux petits villages, Deana et Steventon. Très lettré, ancien fellow d’Oxford, il dirigea lui-même l’éducation de sa fille et de ses fils, dont deux se distinguèrent dans la marine anglaise et parvinrent à djss grades élevés.