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en 1863 ; aussi le consldère-t-on comme le chef de cette école bordelaise de paysage qui compte plusieurs artistes de valeur. Paysagiste emu et sincère, M. Âuguin est porté par la nature de son talent vers la peinture des effets du soir, des couchants d’automne, des grands horizons de la Saintonge, du Poitou, du Limousin et de la Guyenne, que n’anime aucun personnage ; il évoque l’image de la solitude avec puissance en des peintures délicates. Aux Salons où M. Auguin a exposé d’une façon presque ininterrompue depuis 1846, on a surtout remarqué ■ en 18S9, les Rives de la Charente ; en 1867, le Soir dans les pins ; en 1872, te Soir dans le vallon {musée d’Aix) ; en 1873, Sous les chênes en automne ; en 1874, les Grands bois de Femoux.eo 1875, Bagnolet vu de Chatenay, en 1876, Par monts et par vaux ; en 1877, le Bocher et les Ombrages de juillet ; en 1878, l’Eté ; en 1879, Dans le vallon ; en 1880, A travers champs et la Solitude ; en 1881, Vallée de Clain ; en 1882, Soirée d’octobre ; on

1883, les Dunes de Afontalivet (musée de Libourne) ; en 1884, Un jour d’été à la grande côte ; en 1885, Belle journée d’automne ; en 1886, le Calme ; en 1887, Lande de Cap-Breton. Les musées de Bordeaux, Saintes, Rochefort, La Rochelle, Reims et Rouen possèdent des œuvres de M. Auguin. Le peintre a obtenu une médaille à l’Exposition internationale de Vienne, la grande médaille

d’honneur à l’Exposition de La Rochelle, des médailles d’or aux Expositions d’Angoulême et de Rouen. À Paris, il a été mentionné en 1877, médaillé en 1880, mis hors concours en

1884. Ajoutons que M. Auguin a été nommé, en 1878, membre "de l’Académie des belles’ lettres, sciences et arts de Bordeaux.

AUGUSTA (Marie-Louise-Catherine), impératrice d’Allemagne, reine de Prusse, née le 30 septembre 1811. Fille de Charles-Frédéric, grand-duc de Saxe-Weimar, elle épousa, le il juin 1829, le prince Frédéric-Guillaume de Prusse, qui devint roi de Prusse le 2 janvier 1861 et empereur d’Allemagne le il janvier 1871. Le nom de l’impératrice d’Allemagne est bien connu en France depuis l’année terrible, où le chef suprême des armées allemandes expédiait ses bulletins de victoire à son épouse > Augusta ». Personnalité en somme assez effacée dans un empire militaire, elle s’est beaucoup occupée du développement des sociétés de secours aux blessés. Elle est chef du 4e régiment des grenadiers de la garde Die hcenigin. De son mariage avec l’empereur Guillaume elle a eu deux enfants : FrÉdéric-Gcillàums, prince impérial (Kronprins) de l’empire allemand, né la 18 octobre 1831, que le peuple allemand appelle familièrement Onser Frite (notre Fritz), et la princesse Louise-MariE-Èi-isabetb, née le 3 décembre 1838, mariée le 30 septembre 1856 au grand-duc régnant, Frédéric-Guillaume-Louis de Bade.

AUGUSTA, grande rivière de la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée (Océanie). Cette rivière, qui arrose la colonie allemande de la Terre de l’Empereur-Guillaume, a été explorée en partie, du 28 juillet au 10 août 1886, pur le navire allemand « Ottilie >. L’embouchure se trouve immédiatement au S. du cap Délia Torre et à 52 kilom. au N.-O. de l’Ile Volcan. La rivière se dirige, en faisant de grandes sinuosités, de l’E. a l’O. ; elle traverse une contrée couverte tantôt de grandes forêts vierges, tantôt de vastes prairies, où l’on trouve la canne à sucre sauvage, atteignant une hauteur de 5 a 7 mètres. La rivière a une largeur moyenne de 300 à 400 mètres. L’expédition S’est arrêtée, par 4° 16’ de lat. S. et 1440 13" de long. E., à 400 kilom. environ de son embouchure ; mais la largeur de la rivière et le volume de ses eaux font supposer qu’elle est navigable encore pendant 100 à 200 kilom. La distance de l’endroit où s’est arrêtée l’expédition à la frontière de la colonie hollandaise et anglaise n’est que de 112 kilom. environ ; dans tout le parcours, on n’a pas rencontré d’affluents. Les rives portaient la trace des eaux à 6 mètres au-dessus du niveau ordinaire de la rivière, ce qui fuit supposer qu’elle inonde de vastes étendues de terrain dans la saison des pluies. Sur les bords de l’Augusta se trouvent de grandsvillages, ayant parfois plus de 100 cabanes, et entourés de plantations de sagou, d’ignames et de cocotiers. Les animaux domesti-ques sont représentés par de la volaille, dea porcs et des chiens. Les pirogues sont grandes et peuvent contenir parfois plus de quinze personnes. Les indigènes échangent leurs produits contre des étoffes, des bouteilles vides et autres objets.

AUGUSTA-NEMETUM, nom latin de Spire.

AULACANTHE s. f. (ô-la-can-te — du gr. aulax, sillon ; akantha, épine). Zool. Genre de radiolaires (Hœckel) unicellulaires vivant isolés, dont le squelette consiste en spicules, partie tangentielles, partie radiales.

AULARD (François-Victor-Alphonse), littérateur et professeur français, né à Monthron (Charente) le 19 juillet 1849. Élève de l’École normale supérieure (1867), il fit, en qualité d’engagé volontaire, la campagne de 1870-1871. Professeur de seconde au lycée de Nimes (1871-1873) et de rhétorique au lycée de Nice (1873-1876) ; il fut reçu docteur es lettres à la Sorbonne, en 1877, avec une thèse latine sur Pollion, et une thèse fraa AUMA

çaise sur les idées philosophiques et l’inspiration poétique de Giacomo Leopardi. Successivement maître de conférences, suppléant, chargé de cours, titulaire aux facultés des lettres d’Aix, de Montpellier, de Dijon et de Poitiers (1878-1884), il renonça aux études italiennes pour s’occuper de l’histoire de la littérature française à la fin du xviir» siècle. Bientôt l’histoire de la Révolution française l’attira et l’occupa tout entier. Il publia, a la suite de cours professés à Poitiers, les Orateurs de l’Assemblée constituante (Paris, 1882, in-8"), où il tentait d’écrire un chapitre nouveau de notre histoire littéraire. Afin de se rapprocher des sources et des documents, il demanda et obtint, en 1884, le poste de professeur de rhétorique au lyoêo Janson de Sailly, et put ainsi achever les Orateurs de la Législative et de la Convention nationale (Paris, 1878-1886, 2 vol, in-S°). Cependant une occasion inattendue s’offrit à M. Aulard de professer l’objet même de ses études d’écrivain. Un décret rendu en 1885, sur l’initiative de M. Goblet, ministre de l’Instruction publique, autorisait les facultés à recevoir des dons et legs des particuliers et des communes, et engageait indirectement celles-ci à faire des créations scientifiques dans les établissements d’enseignement supérieur. Par délibération du 22 décembre 1885, le conseil municipal de Paris mit & la disposition du gouvernement les ressources nécessaires pour la création à la Sorbonne d’un cours d’histoire de la Révolution française, et un arrêté du 9 février 1886 chargea M. Aulard de ce cours. La presse de droite affecta de voir dans la chaire nouvelle une tribune publique et ne ménagea pas ses attaques au nouveau professeur, dont la leçon d’ouverture (12 mars 1886) ne fut cependant inspirée que par un esprit purement scientifique. M. Aulard a publié en outre une traduction des Œuvres de Leopardi (Paris, 1880, 3 vol. in-8") et il a collaboré à la « Revue politique et littéraire », k la • Nouvelle revue », a la « Révolution française » de M. Dide, et à divers recueils universitaires, et à « la Justice • sous le pseudonyme de Sn«»n«i.

AULOSPHJERA s. f. (ô-lo-sfé-ra — du gr. aulos, flûte, tube ; sphoira, sphère). Zool. Genre de radiolaires (Hseckel) dont le squelette est formé d’une sphère treillagée, constituée par des tubes tangentiels et des tubes rayonnants, au centre de laquelle est une capsule unique sphérique.

  • AULOSTOMÉS s. m. pi. (ô-los-to-mé — du

gr. aulvs, flûte ; ttoma, bouche). Zool. Famille de poissons acanthoptères, appelés aussi fislularides ou bouche - en - flûte. Ces poissons ont le corps allongé, le museau très long et en forme de tube, la nageoire dorsale placée très en arrière, les nageoires ventrales abdominales, les rayons épineux peu développés, la peau nue ou couverte de petites écailles. En outre, on remarque quatre branchies et des pseudobranchies, et un mode particulier d’articulation du crâne avec la colonne vertébrale. Les poissons de cette famille habitent en diverses mers et sont répartis dans les genres Fistulaire, Aulostome, Centrisque, Amphisile. Les aulostomes (aulostoma) sont cylindriques, longs, couverts de petites écailles ; la nageoire anale est attachée juste sous la dorsale (A. chineuse Linn., océan Indien). Il en existe des formes fossiles dans le tertiaire, ainsi que des genres voisins : A. solenorynchus Heck ; A. rkamphoscus Ag. ; A. urosphen Ag.

    • AUMALE (Henri-Eugène-Philippe-Louis

d’ORLÉANS, duc d’), quatrième fils de Louis-Philippe Ier, né à Paris le 16 janvier 1822.-Il était depuis 1873 à la tête du 7" corps d’armée (Besançon), lorsqu’au mois de février 1879, après la retraite du maréchal de Mac-Mahon, parurent deux décrets présidentiels, le premier le relevant de son commandement, le second le nommant inspecteur général des corps d’année. En 1880, également au mois de février, il fut élu membre libre de l’Académie des Beaux-Arts en remplacement du comte de Cardaillac. Au mois de janvier 1883, l’attention publique fut assez vivement surexcitée par 1’atutude du duc d’Aumale, qui semblait se départir de sa réserve habituelle, et que l’on accusait de tramer un complot, d’accord avec les autres membres de sa famille, pour renverser le gouvernement de la République. C’était le moment où l’on parlait beaucoup de l’Alliance catholique, société légitimiste qui embrigadait et organisait des combattants • pour la bonne cause ». La rumeur publique accusait le duc d’Aumale d’avoir des intelligences avec les conspirateurs, des entrevues avec M. de Charrette, d’attirer chez lui et d’essayer de gagner a sa cause un grand nombre d’officiers, notamment un fameux général de cavalerie, etc. ; des invitations à certaines fêtes, des envois de bourriches de gibier, jouèrent un certain rôle dans cette affaire. Le gouvernement acquit la preuve que le dicton populaire « Il n’y a pas de fumée sans feu » était justifié cette fois ; le duc d’Aumale fut mis en retrait d’emploi par décret du 23 février 1883. Trois ans plus tard, une mesure sévère, nécessitée par les circonstances, frappait tous les princes de la famille d’Orléans : au mois de juillet 1886, ils étaient rayés des cadres des armées françaises de terre et de mer. Le duc d’Aumale, en même temps qu’il introduisait

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devant le conseil d’État un pourvoi qui fut rejeté, écrivit, le il juillet, au président delà République une lettre qui se terminait ainsi :

■ Quant à moi, doyen de l’état-major général, ayant rempli, en paix comme en

guerre, les plus hautes fonctions qu’un soldat puisse exercer, il m’appartient de vous rappeler que tes grades militaires sont au-dessus de votre atteinte,

« Et je reste

■ Le général Henri d’Orléans, duc d’Aumale. >

Le 13 juillet, parut le décret suivant :

« Le président de la République française, « Vu l’article 2 de la loi du 23 juin 1886 ;

« Vu la lettre de M. Henri d’Orléans, duc d’Aumale, en date du il juillet 1836 ;

« Vu la délibération du conseil des ministres, en date de ce jour ;

« Sur la proposition du ministre de l’Intérieur,

« Décrète :

« Article l»r. Le territoire de la République est et demeuréinterdit à M. Henri d’Orléans, duc d’Aumale.

« Art. 2. Le ministre de l’Intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.

« Fait à Paris le 13 juillet 1886.

Signe. Jules Grévy.

< Par le président de la République, « Le ministre de l’Intérieur,

I « ■ Sarrien. »

’ Le duc d’Aumale partit aussitôt pour I Bruxelles, sans protestation ai incident, ac-I compagne de son neveu le duc de Chartres,

des princes, et suivi deMM. de Chazelles, Lim-I

bourg et du colonel Mottet II semble avoir ’ choisi la capitale de la Belgique comme résidence, et s’est installé à l’hôtel Prévinaire,

?u’il a loué h la chaussée de Charleroi ; il y a

ait transporter toutes ses collections d’oeuvres d’art, ainsi qu’une grande partie de l’ameublement de Chantilly. On sait que ce

magnifique domaine fut donné par lui, au mois d’octobre suivant, à l’Institut de France. V. Chantilly.

Le bagage littéraire du prince académicien s’est augmenté, depuis notre premier Sup-

Îtlément, d’abord du discours prononcé par ui, lors de la réception de M. Rousse à l’Académie française, au mois d’avril 1881, séance où le hasard chargea ces deux hommes de faire l’éloge de Jules Favre ; ensuite et surtout de YEistoire des princes de Condé, V. Condé.

AatuGn» de sainte Elisabeth de Hongrie,

tableau de M. Ronot, qui a figuré au Salon de 1878. Cette toile roule sur une antithèse que l’artiste s’est efforcé d’établir entre la réalité saisissante des malheureux que la reine vient secourir et le type idéalisé qu’il a voulu donner à la sainte. Le vieux mendiant qui vient Bi humblement tendre son écuelle pour recevoir sa soupe est une figure vraiment touchante et vraie. La sainte se fait remarquer, au contraire, par une grande élévation de caractère. En donnant a la saintereine l’expression céleste qui lui convient, l’artiste s’est conformé aux traditions de la peinture religieuse ; mais il se rattache à l’école contemporaine par le caractère voulu de vérité qu’il a su imprimer à l’ensemble. Cette œuvre a valu à l’artiste une 1" médaille. " AUMÔNIER s. m. — Encycl. Aumôniers militaires. Lorsque, le 14 octobre 1878, les électeurs eurent hautement condamné l’Ordre moral et le cléricalisme, la majorité républicaine de la nouvelle Chambre s’occupa tout d’abord de détruire l’œuvre néfaste de ce gouvernement. Une proposition de loi, demandant la suppression des aumôniers militaires, entre autres, fut déposée au mois de juin 1879. Une commission fut nommée, qui désigna M. Duvaux comme rapporteur. La discussion publique s’ouvrir en juin 1880. M. Duvaux, qui avait recueilli des preuves incontestables des agissements funestes des aumôniers militaires, montra, pièces en mains, de quels opuscules le prêtre, investi d’un caractère officiel dans les garnisons, essayait de nourrir l’esprit des soldats. M. Qu’Uot, député de l’Isère, raconta les diverses transformations de la « légion de Saint-Maurice», fondée à Grenoble par les jésuites, qui avaient trouvé le moyen de fournir en grande partie la personnel des aumôniers militaires. Il expliqua à la Chambre le fonctionnement de la bibliothèque militaire dirigée par l’aumônerie, la composition de son catalogue, l’esprit dans lequel étaient conçus les ouvrages mis dans les mains des soldats. Il prouva le danger que l’institution des aumôniers militaires faisait courir à la discipline et même au sentiment patriotique. Le général Furre, ministre de la Guerre, parla en homme qui connaissait les graves inconvénients de cette institution au point de vue de la tranquillité des soldats et de la dignité des chefs. Il se rallia au projet demandant la suppression des aumôniers.

La Chambre des députés vota cette suppression par 357 voix contre 110. Mais, pour lie pas être accusée de parti pris contre la religion, elle déclara qu’il pourrait être attaché des ministres des différents cultes aux garnisons, camps et forts détachés, contenant un rassemblement de 2.000 hommes au moins, mais éloignés des églises paroissiales et des temples de plus de s kilomètres. EUo.

AUxMO

décida, en outre, qu’en cas de mobilisation, des ministres des différents cultes seraient attachés aux armées, corps d’armée et divisions en campagne, mais sans aucune distinction hiérarchique. La loi fut promulguée le 8 juillet 1880.

Un décret du 27 août 1881 a réglementé, ainsi qu’il suit, l’organisation nouvelle. En temps ordinaire, le soldat est libre d’aller au service paroissial de la ville où il est en garnison. Des prêtres de ce même service paroissial ont en poche un brevet d’aumônier, qui ne prend de valeur qu’en cas de mobilisation et qui leur indique le corps auquel ils sont attachés. C’est à peu près l’organisation des médecins de réserve. En cas de mobilisation, il est attaché, sans aucun rang ni grade dans la hiérarchie militaire, ni entre eux : un aumônier catholique, un pasteur protestant et un rabbin, a. chaque quartier général d’armée*, un aumônier catholique à chaque ambulance de corps d’armée ; un auinonier catholique à chaque division de cavalerie ; un aumônier catholique à chaque division active de l’armé© territoriale ; en temps de paix : un aumônier catholique pour toute ville fortifiée possédant une garnison de 10.000 hommes ; un aumônier catholique pour tout fort détaché ayant une garnison de 2.000 hommes ; un aumônier protestant et un aumônier israélite pour toute ville fortifiée possédant une garnison de 30.000 hommes. Dans les villes fortes d’une garnison inférieure à 10.000 hommes, des prêtres du clergé paroissial sont requis pour remplir, & titre momentané, les fonctions d’aumônier. Ils doivent se conformer aux instructions des gouverneurs dans leurs rapports avec les troupes. Ils ont droit & une indemnité journalière de 5 francs. Les aumôniers commissionnés ont la solde et les prestations afférentes au grade de capitaine de première classe monté. Ils sont nommés par le ministre delà Guerre, sur la présentation des diocèses et des consistoires.

Quant aux aumôniers des hôpitaux militaires, la loi des finances du 21 mars 1885 ayant réduit le crédit affecté aux aumôniers titulaires, le ministre de la Guerre a décidé que des memhres du clergé paroissial, présentés par les autorités diocésaines, seraient désignés pour chaque hôpital militaire avec le titre d’aumôniers succursalistes. Les aumôniers ainsi nommés touchent une indemnité annuelle variant entre 600 et 1.200 francs. La liberté de conscience est ainsi assurée dans l’armée.

Aumôniers des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices. Ce fut seulement la suppression du crédit a ce affecté qui amena, lors de la discussion du budget de 1883, la suppression des aumôniers dans les écoles normales d’instituteurs et d’institutrices, suppression consacrée par le décret du 9 janvier 1S83. Ce décret, d’ailleurs, ne porte aucune atteinte & la liberté de conscience ni au libre exercice du culte ; il ne blesse en rien le sentiment religieux. En effet, « les élèves, dit l’article 31 de ce décret, auront toute facilité pour suivre les pratiques de leur culte. Dans les écoles normales d’institutrices, les élèves-roaltresses seront, sur leur demande, conduites aux offices ».

On pourrait se demander pourquoi la mesure appliquée aux écoles normales d’instituteurs et d’institutrices n’a pas été étendue aux lycées et collèges. Sous ce rapport, rien n’a été changé.

Depuis 1884, la Chambre des députés, lors de la discussion annuelle du budget, appelle l’attention du gouvernement sur l’économie considérable qui résulterait, pour l’État et pour les communes, de la suppression des aumôniers dans les lycées et dans les collèges. Jusqu’à présent, les divers ministres qui se sont succédé à l’Instruction publique n’ont pas cru pouvoir se rendre aux désirs de la Chambre des députés. Ils expliquent la nécessité du maintien des aumôniers dans les lycées et dans les collèges par cette considération que ces établissements sont des internats et que l’enfant, qui ne peut recevoir l’instruction religieuse dans sa famille, ainsi que cela se pratique dans les écoles primaires, a droit d’avoir auprès de lui un aumônier qui lui assure cette instruction ; qu’il est difficile, sinon impossible, de conduire à la fois, à la paroisse voisine, la quantité aussi considérable d’enfants que renferme un lycée, et enfin que, dans l’état de nos mœurs, incontestablement un grand nombre de familles enlèveraient leurs enfants aux établissements de l’État si ces établissements n’avaient plus d’aumôniers. Cependant, partout où il est organisé des lycées et des collèges de filles, il a soin de stipuler que l’aumônier ne sera pas logé dans l’établissement.

Aumôniers des prisons. Les établissements pénitentiaires ont des aumôniers spéciaux chargés de dire les offices dans l’intérieur des prisons et de visiter les détenus la plus souvent possible, afin de les ramener au bien. Les colonies pénitentiaires, les maisons centrales, dont la population est considérable, ont un ecclésiastique attaché à l’établissement. Dans les maisons d’arrêt, les fonctions d’aumônier sont remplies par un des vicaires de la paroisse ou par un prêtre en retraite désigné par J’évêque et nommé par le ministre de l’Intérieur,