Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

318

ARCH

quante, grand, droit, vigoureux, du type anglo-saxon le plus pur. Le front est noble, l’allure générale calme, paisible et gaie. Chez lui, la phrase coule de source, avec ces formes spéciales qui indiquent un vocabulaire tout prêt et qu’on trouve habituellement chez le professeur et chez l’avocat. Toute sa vie, en effet, il a parlé en public, d’abord commeconférencier, comme prédicant méthodiste, puis comme tribun du mouvement agraire. C’est, avec sa connaissance approfondie des sujets qu’il traite, avec l’expérience personnelle de toute une vie de travail, avec sa profonde sincérité, sa foi ardente dans la justice de sa cause, ce qui le rend admirablement propre bu râle qui s’ouvre désormais pour lui. ■

ARCHJEDISCOS s. m. (ar-ké-dîss-kussdu gr. archaios, ancien ; diskos, disque,) Paléont. Genre de foraminifères (Brady, 1881), de la famille des Nummulinides.

ARCHAiLURUS s. m. (ar-ké-lu-russ — du gr. archaios, ancien ; ailouros, chat). Paléont. Genre de mammifères fossiles des terrains tertiaires de l’Europe et de l’Amérique du Nord, assez semblables aux chats, surtout par leur dentition. M. Cope les range dans sa famille des Nimravidse, qui n’est qu’une sousfamille des Félidés ou Félins.

ARCHASTÉRIAS s. f.(ar-kas-té-ri-ass— du grée arche, commencement ; astérie.)’Paléont. Genre d’échinodermes astéroïdes (étoiles de mer) fossiles des terrains primitifs. Les archastérias étaient des étoiles de mer du sousordre des Encrinastériées ; leurs principaux caractères sont : cinq rayons ; forme générale discoïde et aplatie ; bras longs formés de sept rangées de plaques ; plaques ventrales disposées de chaque côté sur trois rangs alternant avec des rangées d’ambiitacres, etc. On peut considérer comme type de ce genre l’archasterias rkenana Miill. du dévonien inférieur.

  • ARCHÉOONE s. m.—Bot. Organe femelle

de certains végétaux cryptogames, mousses, hépatiques et cryptogames vasculaires.

— Encycl. On donne le nom à’archégones à des proéminences apparaissant sur la face inférieure du prothalle, disposées en petit nombre sur le coussinet voisin de l’échancrure antérieure ; leur formation étant toujours localisée à sa surface. L’archégone est, d’une façon générale, toujours formé par un sac unicelliilaire, cellule primordiale se divisant en deux cellules pour produire l’oosphère, une rangée de cellules supérieures et leur enveloppe. Cette cellule femelle oosphère produit, après sa fusion avec un élément mâle (anthérozoïde), un nouvel individu sans sexe d’où procédera plus tard un individu sexué. L’archégone adulte est conformé en pistil (Duchartre) ; affectant dans les mousses et les hépatiques la forme d’une petite bouteille, il s’insère sur un pied ou pédicule court et étroit. La panse de la bouteille est renflée et elle s’ouvre supérieurement par un goulot long et mince. La paroi est peu épaisse et se compose d’une ou deux couches de cellules. Certaines différences existent entre l’archégone des mousses et celui des hépatiques ; dans ces dernières le pédoncule est réduit et l’archégone est presque sessile, mais la différence la plus considérable vient de son développement en segments tangentiels (Hy).

L’archégone des cryptogames vasculaires se distingue également par la formation de ses parois a laquelle concourt uniquement le tissu même du prothalle au-dessus duquel s’élève le col seul. M. Hy compare les archégones des cryptogames vasculaires aux stomates de certaines hépatiques du genre Anthocéros, en s’appuyant sur ce que ces organes, peu nombreux, ne se trouvent qu’au voisinage du point végétatif, ne paraissent guère avoir de fonction respiratoire et ne se montrent qu’à l’âge adulte, sans être en relation aucune avec les cavités aérifères du thalle, et encore sur ce que leur développement est semblable.

D’une manière générale, l’archégone procède donc d’une cellule de la face inférieure du prothalle, proéminent au dehors et se divisant en trois par deux cloisons transversales ; la cellule inférieure, d’après Van Tieghem, demeure stérile et correspond à la cellule basilaire de l’anthéridie, la moyenne est la cellule centrale de l’archégone ; deux cloisons divisent la supérieure par une disposition longitudinale en croix, puis des partitions et cloisonnements transversaux produisent le col en goulot de bouteille, consistant en quatre séries de cellules se touchant suivant t’axe. Ensuite la cellule centrale se cloisonne également et sa première bipartition différencie une portion inférieure qui constituera l’oosphère ; la supérieure, plus petite, croit en hauteur dans le col, dont elle dissocie les quatre rangées de cellules, en même temps que son noyau se divise en deux ou quatre portions formant autant de noyaux superposés ; elle finit cependant par se détruire, se résolvant en une gelée qui se gonfle et s’échappe de l’archégone après avoir écarté les cellules terminales du col. À sa sortie, ’elle prend la forme d’une gouttelette et reste unie par un long filet gélatineux prolongé à travers le col jusqu’à 1 oosphère. « Bu même coup, dit Van Tieghem, le corps protoplasmique de l’oosphère se trouve dénudé par en haut où il présente une tache

ARCH

claire et devient en ce point accessible an dehors. • C’est par là que, lors de la fécondation, l’anthérozotde s jr joindra après avoir passé à travers le mucilage, produit de la résolution des cellules du col.

L’oosphère est donc fécondée par les anthérozoïdes arrivant à elle par le col par

l’intermédiaire d’une goutte d’eau, et lui imprimant un mouvement de balancement

(Arnell) ; l’oosphère fécondée s’enveloppe d’une membrane cellulosique et devient une oospore ou cellule germinative dont le développement est rapide : < elle se subdivise et passe à l’état de masse cellulaire ; sa base se développe en un filet qui peu à peu s’allonge pour former le peat’cufe du fruit ou la soie ; les parois de l’archégone, ne croissant plus que faiblement elles-mêmes en longueur, ne peuvent bientôt plus résister à la pression de la soie, qui, au contraire, s’accroît beaucoup : elles se rompent donc transversalement au bas du rendement ovarien ; emportées par le jeune fruit, dont l’accroissement est d’abord faible, elles lui forment une sorte de capuchon destiné à tomber plus lot ou plus tard, excepté chez les sphagnum : ce capuchon est appelé la coiffe ; autour de la base de la soie un développement spécial du réceptacle donne, selon Schimper, une petite gaine qui l’embrasse et qui est la vaginule ou gainule ■ (Duchartre.)

Dans les fougères c’est une cellule superficielle du prothalle qui représente le point de départ de l’archégone. Elle se divise pour cela transversalement endeuxcellulessuperposées, l’une supérieure devant produire le col en se segmentant ultérieurement, l’autre inférieure se divisant horizontalement en deux nouvelles cellules superposées dont l’inférieure devientVoospbèreetlasupérieure produit les cellules du canal (Bâillon). Les prêles ont des archégones portés sur le bord antérieur du prothalle, et produits par division d’une cellule de cette région.

ARCHÉ13ITE s. f. (ar-ché-i-zi-te). Miner. Nom donné par Nordenskiœld à un silicotontobate et triobate d’yttrium et d’erbium trouvé à Ytterby en masses rouges ressemblant au feldspath.

ARCHELMINTHES a. m. pi. (ar-chel-minte —. du gr. archaios, ancien ; helmins, ver). Zool. Nom donné par Hœckel aux vers primitifs, et dont il considérait les infusoires comme les représentants phylogénétiques.

ARCHENCÉPHALE s. m. (ar-kan-sé-fa-la

— du gr. arche, primauté ; enkephalon, encéphale). Physiol. Encéphale par excellence. Ce mot est la traduction en français de archencephalon, créé par le savant naturaliste

anglais R. Owen pour désigner l’encéphale de l’homme, qui est supérieur par son organisation, et notamment par sa richesse en circonvolutions, à ceux des autres animaux.

ARCHENTÈRE s. m. (ar-chan-terr — du gr. arche, commencement ; enteron, entrailles). Zool. Appareil alimentaire primitif de l’embryon des articulés. C’est une poche formée d’une involution d’une partie du blastoderme, et dont les cellules des parois tendent à se différencier nettement : Si le vitellus nutritif disparaissait et que î’archentère s’élargit, jusqu’à ce que l hypoblasle vint s’appliquer contre l’épiblaste, le corps tout entier formerait un sac à double paroi contenant une cavité' alimentaire avec une ouverture extérieure unique. (Huxley.) Dès le début de sa formalion, l’intestin ne communique pas encore avec î’ahchentbre ; mais au bout d’un certain temps son extrémité aveugle se combine avec la partie antèro-inférieure de l’hypoblaste, et il se forme une ouverture par laquelle la cavité de l’intestin antérieur communique avec celle de l’intestinmoyen (Huxley). V.EMBRiioti.

ARCHÉOCIDARIDES s. m. pi. (ar-ké-o-cida-ri-de

— du gr. arche, commencement ; cidaris, nom du genre). Paléont. Famille d’oursins fossiles caractérisée par les plaques interradiales munies d’un tubercule primaire. Dans le genre Archéocidaris, les aires interambulacraires sont formées de trois à huit rangées de plaques hexagonales, ornées d’un puissant tubercule, imbriquées latéralement et par le bord supérieur ; les plaques adambulacraires sont pentagonales, etc. La bouche possède un appareil masticateur. Nombreuses formes fossiles dans le calcaire carbonifère : archeeocidaris triserialisii. C ; A. rosoica, Eich ; A. Wortheni. Hall. Le genre voisin Eocidaris se distingue en ce que les mamelons des plaques interambulacraires ne sont pas entourés d’une éminence annulaire, etc. Eocidaris Keyserlingki Gein., dévonien de l’Amérique du Nord. Autres genres : Lepidechinus, Xenocidaris, etc

"ARCHÉOLOGIE s. f.—Encycl. Nous avons indiqué, au tome I*r du Grand Dictionnaire, par quelles phases a passé l’archéologie avant de devenir vraiment une science, comment Winckelmann posa le premier ce principe que l’art naît, grandit et s’abaisse avec la société où il fleurit ; en un mot, qu’il y a une histoire de l’art. Mats, de nos jours, et surtout en ces dernières années, l’archéologie ne s’est plus contentée d’être l’histoire, de l’art antique et de ses chefs-d’œuvre : elle a voulu étudier les formes diverses que l’homme a su donner à la matière pour ses, besoins comme pour ses plaisirs : dans ces ] monuments de pierre jadis méconnus, dans

ARCH

ces menus ouvrages, vases, bijoux, verres, terres cuites que l’on recherche avec tant d’ardeur, l’archéologue voit des témoins du passé intéressants et véridiques, sans l’aide desquels on ne saurait explorer la haute antiquité, si avare de témoignages écrits, aller au fond des civilisations disparues, expliquer les symboles, cette langue rie la jeune humanité. Tout d’abord, pour justifier son sens étymologique de science des origines, l’archéologie contemporaine a cherché à jeter quelque lumière sur l’un des plus grands problèmes qui puissent attirer l’esprit humain, c’est-à-dire 1 apparition de l’homme sur la terre ; elle a pu reconstituer, grâce à des débris informes, l’histoire de l’homme depuis des temps que jusqu’ici l’on considérait comme légendaires, dont la mémoire de l’humanité n’avait même pas conservé le vague souvenir. Déjà, par exemple, grâce à la découverte d’objets de fabrication analogue dans les pays les plus divers, en Asie Mineure, en Grèce, en Italie, dans la vallée du Danube, en Gaule et jusque dans les régions Scandinaves, on espère tracer bientôt avec quelque certitude l’itinéraire des migrations de notre race à travers l’Europe. Nous nous bornerons, dans cet article, à tracer un tableau d’ensemble des découvertes archéologiques faites depuis une quinzaine d’années, en exposant brièvement les résultats généraux obtenus grâce aux recherches et aux fouilles qui ne cessent de se multiplier dans ces régions si diverses qui formaient le monde connu des anciens.

C’est Franz Kugler qui, le premier, dans son Manuel de l’Histoire de l’art (Handbuch der Eunstgeschichte), a assigné aux civilisations de l’Égypte et de l’Asie occidentale leur vraie place dans l’histoire. Aujourd’hui, l’Égypte se montre à nous déjà vieille de plus de vingt siècles à l’heure où Abraham parait dans l’histoire, où l’on voit poindre confusément les empires de Chaldée et d’Assyrie ; chaque jour elle nous livre de nouvelles statues remarquablement conservées, d’innombrables monuments couverts de légendes hiéroglyphiques, et nous connaissons aujourd’hui les moindres phases de cette antique civilisation, depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse, avec ses arrêts, ses décadences et ses renaissances. Mariette, le grand explorateur, comme l’appellent les orientalistes, ne cessa, jusqu’à, sa mort, d’enrichir le musée de Boulaq des monuments figures et des textes que lui fournissaient ses fouilles ininterrompues à Assonan, à Eléphantine, à Edfou, à Thèbes, à Denderah, à Abydos, dans le Fayoum, où il chercha vainement le célèbre labyrinthe, à Saqqarah, où il tâcha de dérober à la fameuse pyramide à degrés les trésors cachés d’Ouénéphrès et de la première dynastie ; enfin à San, où il parvint à retrouver les monuments des Hycsos. En dehors des fouilles, Mariette trouvait encore le loisir de publier ses travaux si admirés sur les tombes de Saqqarah, sur Denderah et sur Karnak. Il meurt en 1880, laissant à l’égyptologueBrugsch-Bey le soin de déblayer

les pyramides recouvertes par le sable à l’O. de Saqqarah ; en décembre 1880, on en avait découvert deux appartenant à la sixième dynastie. Brugsch-Bey cède alors la place au successeur de Mariette, le Français Maspero, qui, durant six années, multiplie les découvertes : il déblaye Louqsor, réussit à ouvrir seize pyramides qui, comme celles de Meydoum, passaient pour inattaquables ; découvre en février 1883, près de Thèbes, le tombeau d’un nommé Horhoptu, de la onzième dynastie, et comble ainsi le vide qui existait entre les tombes de Mastabah des anciennes dynasties et celles de la période de la renaissance thébaine ; puis en 1884, à Ekhmeen, dans la haute Égypte, k mi-chemin entre Assiout et Thèbes, il ouvre plus de cent tombes absolument intactes renfermant cent vingt momies de l’époque des Ptolémées. Ses fouilles à Deir-el-Bahari furent encore plus fructueuses : les momies de Thoutmès lit, Séti 1er et trente autres rois, reines, princes ou princesses de Thèbes sont découvertes, et, peu après, ce sont les momies du grand Sésostris et de son fils que M. Maspero a l’heureuse fortune de retrouver dans une cachette. En 1886, grâce à une souscription ouverte en France, il avait entrepris de déblayer le grand sphinx de Gizeh, mais des raisons privées le forcèrent de quitter l’Égypte (juin 1886) en désignant pour son successeur M. Grébault, son élève, qui a été agréé par le gouvernement égyptien. Nous devons signaler encore des fouilles fuites en 1882, aux frais d’une société anglaise, the Égypt exploration Fund, sous la direction de M. Naville, à Tell-el-Maskuta, ville de Li-Tum, le Succoth de la Genèse, et, en 1885-1886, sous la direction de M. Flinders Pétrie, à En-Nabireh, l’ancienne Naucratis.

Jusqu’en 1876 la Chaldée ne nous était connue que par quelques rares explorations : W. Kenneth, puis W. Loftus, J.-E. Ttiylor, vice-consul de la Grande-Bretagne à Bussorah, avaient parcouru le pays et fait quelques fouilles, principalement W. Loftus, qui avait retiré des monticules de Warka, l’antique Uruk-Erech, des cylindres, des briques, des statuettes de pierre ou de bronze. En 1876, un Français, M. Ernest de Sarzec, notre consul à Bassorah, commença ses pre* mières fouilles aTello ou Tell-Loh, la Sirtella

ARCH

ou Sirburla des archéologues ; de 1876 à 1880, il y a mis au jour des constructions funéraires civiles et religieuses, des basreliefs, des statues grandes comme nature, et qui portent le nom de Goudéa, patési (gouverneur) de Tello, des cachets, des vases de pierre, etc., qu’on peut aujourd’hui admirer au musée du Louvre, et qui remontent au i" siècle de ce qu’on nomme le premier empire chaldéen. Ces découvertes nous ont fourni la preuve que la Chaldée a été pour l’Assyrie ce que plus tard la Grèce fut pour Rome, à savoir l’initiatrice non seulement pour les arts que la civilisation comporte, mais encore pour les mœurs, le langage, l’écriture, le costume et les croyances religieuses, et M. Perrot a pu dire de ce peuple dans son Histoire de l’art .• • Parmi les lointains ancêtres de qui nous avons recueilli l’héritage de cette civilisation qui, de siècle en siècle, développe avec tant d’ampleur ses ressources et sa puissance, ce sont peut-être les Chaldéens qui ont le plus de droit à notre respectueuse et filiale reconnaissance. •

Quarante ans se sont écoulés depuis que Botta et Layard ont exhumé VAssyrie ; depuis lors, on a pu, chaque année, retoucher et compléter l’histoire de ces anciens empires, grâce aux monuments nouveaux sans cesse mis au jour dans ces vallées du Khabour, du grnnd Zab et de leurs affluents, où il n’est pas une cité qui n’ait eu son palais et son temple. Ici, la France ne peut revendiquer que les explorations du consul général de Bagdad, M. Pacifique Delaporte, qui h fait don au Louvre des objets découverts à Hillak, c’est-à-dire dans la région que couVrent les ruines de Babylone. Les explorateurs anglais, au contraire, ont été fort nombreux : nous citerons surtout William Loftus, qui est mort à la peine ; G. Smith, qui, dans un premier voyage entrepris, en 1873, aux frais d’un journal anglais, le à Daily Telegraph », a fouillé Kouioundjik ; Henri Rawlinson, qui, chargé d’une mission pour le Musée britannique, a creusé, k 15 kilom. N.-E. de Calach, la butte de Balawat et nous a fait connaître les exploits de cet Assoud-Nnzirpal, qui régnait il y a vingt-sept siècles et demi ; enfin, en 1879, le Chaldéen Hormuzd-Rassam, qui, en face de Mossoul, au tertre de Jonas, a découvert le palais de Sennachérib.

Les dernières traditions de l’art assyrien, c’est en Perse qu’on les a retrouvées, à Pussargade, qu’embellirent Cyrus et Cambyse, à Persépolis, dont les monuments appartiennent aux règnes de Darius et de Xerxès.

De récentes |fouilles ont accru d’une façon inespérée dos connaissances sur la cour du Grand-Roi, sur le costume et les mœurs des Perses et des nations vaincues. M. Marcel Dieulafoy, accompagné de sa femme, Mm» Jane Dieulafoy, envoyé en mission par le gouvernement français, a fouillé, en 1884 et 1885, le tumulus de Suse, mont artificiel de 25 à 38 mètres de hauteur et de 100 hectares de superficie ; il y a retrouvé le palais de Darius et d’Artaxercès, dont on peut admirer au Louvre de magnifiques débris et des frises admirables.

En Arabie, M. Joseph Halévy, envoyé par la France, a découvert dans l’Yémen six cent quatre-vingts inscriptions himyaritiques et parcouru un pays que nul Européen n’avait visité depuis le consul ^Elius Gullus, sous le règne d’Auguste. En 1884, M.Charles Huber, assassiné peu après (29 juillet) par les Arabes, a découvert un précieux monument de l’épigraphie araméenne, la stèle de Téima, comparable, comme valeur épigraphique, à la stèle du roi moabite Mésa. Cette stèle est aujourd’hui en France, grâce au zèle de M. F. de Lostalot, vice-consul de France à Djeddah.

L’archéologie, dans ces dernières années, a su pénétrer le mystère qui entourait les Hittites, peuple sorti des pays d’Alep et d’Hometh, et qui, vers le xvia ou le xvc siècle avant notre ère, tenait tête, dans le nord de la Syrie, aux puissants rois d’Égypte ; c’est k ce peuple qu’on doit les nombreuses sculptures rupestres de l’Asie Mineure, les salles et les remparts de Djerabluk-Biredjik, fouillés en 1874 et 1876 par Skene et Henderson, consuls de la Grande-Bretagne k Alep ; les escaliers, les portes découpées dans les monts de calcaire à Pichmich-Kalesi, avec des sculptures et des inscriptions étudiées en 1870 par deux Américains, J. Augustin Johnson, consul général à Damas, et S. Jessup, missionnaire protestant ; en 1872, par Orake et Smith, délégués de la société anglaise Palestine exploration Fund, et enfin par A. H. Sayce, le Champollion de l’archéologie des Hittites.

En Palestine, en dehors de cette même société anglaise, qui ne cesse d’explorer le pays, nous avons à citer M. Victor Guérin, envoyé par le gouvernement fiançais en 1S70, et qui découvrit le mausolée de la famille dos Macchabées, et M. Clerniont-Gnnneau, qui, à l’E. de la mer Morte, dans le pays de Moab, au lieu appelé Dhibiin, trouva la célèbre stèla de Mésa, roi de Moab, portant une inscription en caractères phéniciens archaïques.

L’Asie Mineure, cette contrée si célèbre dans l’antiquité, et dont aucun monument écrit de quelque importance, aucune épopée, Aucun livre d’histoire n’est parvenu jusqu’à nous, a été explorée depuis quelques années par un grand nombre d archéologues ; et des fouilles importantes y ont été faites à Éphèse,