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années, de provoquer des conventions entre les nations civilisées pour rendre uniformes et obligatoires, dans l’intérêt des divers peuples, les règles essentielles du droit international privé. »

Aux États-Unis, une résolution relative à l’arbitrage, proposée par M. Boardman Smith, de New-York, le 19 juin 1874, fut votée par la Chambre des représentants peu de temps après dans la forme suivante : « L’assemblée décide : que le peuple des États-Unis, dévoué à la politique de la paix avec tout le genre humain, jouissant des bienfaits de cette paix et espérant son maintien et son adoption universelle, recommande par la présente résolution, votée par ses représentants assemblés en congrès, que l’arbitrage soit désormais substitué à la guerre par cette nation, et il recommande en outre au pouvoir chargé par le gouvernement de faire des traités de pourvoir à ce que dorénavant, chaque fois que celu sera praticable, dans les traités qui seront conclus entre les États-Unis et les puissances étrangères, la guerre ne puisse être déclarée par l’une des parties contractantes à l’autre que quand des efforts sérieux auront été faits pour ajuster toutes les difficultés au moyen d’un-arbitrage impartial. • Une autre motion fut également adoptée, qui décidait que ■ le président des États-Unis était autorisé et invité k négocier avec toutes les puissances civilisées qui désireraient entrer en pareille négociation, en vue de l’établissèment d’un système international, par le moyen duquel tous les litiges entre différents gouvernements, pussent être arrangés par voie d’arbitrage et, si possible, sans recours à la guerre ■.

Nous terminerons cet article par la liste des principaux arbitrages internationaux depuis un siècle :

1783. Question de la rivière Sainte-Croix entre les États-Unis et l’Angleterre. La question est soumise a trois arbitres, deux nommés par chaque État et le troisième par les deux premiers. Leur décision est adoptée.

1803. Cession par la France de la Louisiane aux États-Unis a la suite des travaux d’une commission arbitrale.

1818. Un différend entre l’Espagne et les États-Unis est aplani par un arbitrage.

1819. La cession de la Floride aux États-Unis par l’Espagne est amenée par un arbitrage.

1831. Conflit entre les États-Unis et le Chili au sujet de lingots d’or capturés par un amiral chilien sur un bâtiment américain : la sentence de Léopold Ier est ratifiée par les parties.

1838. L’empereur de Russie, pris comme arbitre, met d’accord les États-Unis et l’Angleterre & la suite d’une capture d’esclaves faite sur des vaisseaux anglais qui naviguaient eu temps de paix dans les eaux américaines.

1832. Conflit entre les mêmes puissances a propos des limites de l’État du Maine : la décision de Léopold I«r, d’abord rejetée, est admise définitivement six années plus tard.

1834. Un arbitrage de l’Angleterre, de la France, de la Russie et de l’Autriche rend aux Belges et aux Hollandais leur indépendance respective.

1835, Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV règle par sentence arbitrale un différend survenu, à la suite d’une prise maritime, entre la France et l’Angleterre.

1853. L’affaire des obligations de la Floride est réglée par arbitrage. La même année, les rois de Hollande et de Prusse, arbitres, font agréer leur décisions aux États-Unis et au Mexique, alors divisés.

1855. La question des Bouches-du-Danube est réglée par un arbitrage des puissances européennes.

1857. L’arbitrage de la France rétablit la paix entre la Prusse et la Suisse, alors que des coups de fusil avaient été échangés déjà k cause de l’affaire de Neuchâtel.

1858. Arbitrage du roi des Belges entre les États-Unis et le Chili.

1863. Le roi des Belges arrange deux différends survenus, l’un entre les États-Unis et le Pérou, l’autre entre l’Angleterre et le Brésil.

1864. L’arbitrage termine des difficultés entre les États-Unis et la République de l’Equateur.

1867. La conférence de Londres, en neutralisant le duché de Luxembourg, rend une véritable sentence arbitrale qui évite un conflit imminent entre la France et la Prusse.

1867. Accord par arbitrage entre la Turquie et la Grèce.

1874. Menace de conflit entre l’Italie et la Suisse pour une question de frontières : l’ambassadeur des États-Unis à Rome juge la question en faveur de l’Italie, et la Suisse accepte sa décision.

1875. Le maréchal de Mac-Mahon rend une sentence favorable au Portugal à propos d’un territoire de la côte d’Afrique, et l’Angleterre, partie adverse, accepte la décision du président de la République française.

1876. Le représentant de l’Angleterre k Pékin apaise une querelle survenue entre la Chine et le Japon à la suite d’excès commis à Formose par des Chinois contre des Japonais.

« R77. Deux généraux anglais résolvent a

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l’amiable une question de frontières entre le schah de Perse et l’émir de Caboul.

1879. L’ambassadeur d’Italie à Washington rend une sentence arbitrale sur une question d’indemnité réclamée par des citoyens américains résidant à Cuba, pour dommages soufferts pendant une récente guerre civile.

1879. Arbitrage de l’empereur d’Autriche entre la Grande-Bretagne et le Nicaragua.

1880. La cour de cassation française, choisie comme arbitre entre le Nicaragua et la France k la suite de la capture d’un vaisseau français, donne gain de cause à la France, et sa décision est acceptée par la partie adverse.

1881. Le président des États-Unis donne tort k la Colombie contre le Chili au sujet de munitions de guerre apportées par les Colombiens au Pérou.

1886. Le différend survenu entre l’Espagne et l’Allemagne au sujet des Carolines est tranché par sentence arbitrale du pape Léon XIII.

— Bibliogr. E. de Laveleye, des causes actuelles de la guerre en Europe et de l’arbitrage international (1873, in-8o) ; Beelaerts van Blokland, l’Arbitrage international (1875, in-8o) ; J. Clère, Étude historique sur l’Arbitrage international, dans la« Revue Universelle »{1874) ; Funck-Brentano et Sorel, Précis de Droit des gens (1877, in-8») ; Rouard de Gard, l’Arbitrage international dans le passé, le présent et l’avenir (1877, in-8") ; Lucas, Observations sur les lois de la guerre et l’arbitrage international (1881, in-8") ; J.Levallois, La vérité sur l’arbitrage (1885, in-16) ; comte Kamarowsky, te Tribunal international, traduit en français par C. de Westman (1887, iu-80).

Conseils d’arbitrage. Econ. soc. En Angleterre, on appelle conseils d’arbitrage des comités chargés de régler k l’amiable les différends qui peuvent s élever entre ouvriers et patrons. Ces conseils de conciliation, qu’il ne faut pas confondre avec notre organisation de3 prud’hommes, sont, en général, composés de deux ouvriers et de deux patrons, auxquels est adjoint un cinquième membre, arbitre désigné d’un commun accord par les deux parties en présence.

Les conseils d’arbitrage fonctionnent en Angleterre depuis 1860. Ce rouage économique a été employé pour la première fois & Nottingham, sur la proposition d’un bonnetier nommé Mundella, dont les ouvriers s’étaient mis en grève au mois de juin iseo. Le conseil d’arbitrage réuni k cette occasion trancha la difficulté en deux séances, et le travail ne fut pas interrompu. Depuis, dans des circonstances semblables, les conseils d’arbitrage ont obtenu les mêmes résultats heureux.

Si cette institution ne fonctionne pas en France, il faut en faire remonter la responsabilité aux grandes sociétés industrielles, qui, comptant sur un appui que le gouvernement leur a trop souvent accordé, refusent même d’entrer en pourparlers avec les représentants des ouvriers. À Paris, de nombreux essais d’application des conseils d’arbitrage, tentés par les ouvriers, ont avorté par suite de la résistance de certains patrons oui, k l’exemple des grandes sociétés industrielles, croient trop à la seule puissance de l’argent. Employer loyalement les moyens de conciliation nous semblerait préférable. Les grèves sérieuses qui ont eu lieu récemment dans le nouveau et dans l’ancien continent, les troubles et les désordres qui les ont accompagnées, sont cependant de nature à faire réfléchir.

Tous les gouvernements sont préoccupés d’opérer des réformes sérieuses dans les conditions du travail. Les conseils d’arbitrage sont à l’ordre du jour. À Washington, on a discuté, au mois de juin 1886, un bill d’après lequel un comité d’arbitrage, formé de fonctionnaires du gouvernement, se tiendra à la disposition des ouvriers et des patrons pour régler leurs différends. En Belgique, et k la même date, M.Frère-Orban proposait de constituer des conseils d’arbitrage, composés mi-partie de patrons et mi-partie d’ouvriers. Au mois d août 1886, M. Lockroy, alors ministre du Commerce, se rendait en Angleterre pour étudier sur place le fonctionnement des conseils d’arbitrage que le gouvernement veut introduire en France ; redevenu simple député, il a déposé une proposition de loi pour la création de conseils analogues. Il se produit de tous côtés un mouvement d’idées favorables à l’arbitrage.

Les conseils d’arbitrage seront-ils un remède radical ? Nous n’osons pas l’espérer. Le plus souvent, dans les conflits sérieux entre le patron et l’ouvrier, se place une question bien difficile à résoudre : l’antagonisme de situation entre l’employeur et l’employé, entre le capital et le travail. Il peut arriver, en certains cas, une douloureuse alternative : si le patron cède, il se réduit à la faillite ; si l’ouvrier fait bon marché de ses revendications, il n’a plus de quoi manger. La cause de beaucoup de conflits, et des plus graves, est dans la mauvaise organisation de la production, dans les traités de commerce, dans les impôts, etc. Mais, dans les circonstances ordinaires, le désaccord entre le patron et l’ouvrier pourra être réglé par le conseil d’arbitrage. La conciliation sera d’autant plus complète que la décision se fera moins

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attendre. Le plus souvent, en effet, les situations ne deviennent aiguës que parce qu’elles se prolongent. Nous estimons, en conséquence, qu’il y a intérêt pour les ouvriers comme pour les patrons a introduire en France les conseils d’arbitrage. Joint aux conseils des prud’hommes, ce nouvel organe économique permettra aux patrons de mieux apprécier les ouvriers, aux ouvriers d’avoir moins de défiance à l’égard des patrons.

  • " ARBITRE s. m. — Encycl. Art milit. Cn

donne le nom d’arbitres aux officiers supérieurs chargés, pendant les grandes manœuvres, de contrôler les dispositions prises par chacun des partis opposés, de relever les erreurs commises, d’éclairer, en un mot, et d’aider l’officier qui dirige la manœuvre et remplit les fonctions de juge du camp entre les deux troupes. Les arbitres peuvent neutraliser tout détachement qui se serait mis dans une situation incompatible avec les vraisemblances ; ils se reconnaissent à un brassard blanc autour du bras et a un fanion blanc bordé de rouge, qu’un cavalier porte k côté d’eux.

    • ARBOIS DE JUBAINV1LLE (Marie-Henri

i>'), érudit et paléographe français, né k Nancy le 5 décembre 1827. — M. de Jubainville est professeur au Collège de France depuis 1881 ; il a été nommé membre de l’Académie des inscriptions en 1884.

Outre les ouvrages déjà cités, il a publié : un Inventaire sommaire des archives départementales de l’Aube (1864-1873, 2 vol. in-4o) ; un Inventaire sommaire des archives de la ville de Bar-sur-Seine (1864, in-4o)j les Premiers habitants de l’Europe (1877, in-8<>) ; un Inventaire ou Catalogue sommaire de la bibliothèque, des archives départementales et de la préfecture de l’Aube (1877, in-S°) ; l’Administration des intendants d’après tes archives de l’Aube (1880, in-8o) ; Études grammaticales sur les langues celtiques (1881, in-8o) ; Études sur le droit celtique (1881, in-8o) ; Essai d’un catalogue de la littérature épique de l’Irlande (1883, in-8») ; Cour* de littérature celtique (1883-1884, 2 vol, in-8<>) ; le Cycle mythologique irlandais et la mythologie grecque(l&S4, in-8o), ainsi que divers articles dans la « Revue des questions historiques •, la « Revue historique ■, les « Comptes rendus de l’Académie des inscriptions », la «Revue du Lyonnais », la « Nouvelle Revue historique de droit», les « Mémoires de la Société de linguistique de Paris •, enfin la • Revue celtique », dont il a pris la direction en 1886.

ARBORETUM s. m. (ar-bo-ré-tomm — mot lat. qui signifie verger). Bot. Jardin spécial, consacré k la culture de certains arbres ou arbrisseaux dans un but expérimental. Il PI.

ABBORETCMS.

— Encycl. On pourrait définir Varboretum : un laboratoire d’arboriculture installé en pleine terre, afin de poursuivre l’étude d’espèces inconnues ou insuffisamment approfondies par la science. Un arboretum renferme, en général, des arbres indigènes et exotiques de toutes sortes ; cependant, quelques-uns sont spécialisés, en ce sens qu’ils ne servent qu’à l’étude, soit de certaines familles, soit de certaines espèces, soit de quelques particularités de I organisme végétal. Les arboretums ont une grande utilité pratique ; ils aident puissamment k l’acclimatation et à la connaissance des produits qu’ils renferment dans un but d’observation. M. A. La Vallée a établi à Segrez (Seine-et-Oise) un arboretum renommé.

AU DOUX (Jules-David-Louis-Isaac), écrivain français, né k Montauban le 20 novembre 1847. Il étudia la théologie protestante, devint suffragant du pasteur Martin Paschoud et fut nommé, en 1873, aumônier des prisons civiles de la Seine. En 1878, M. Arboux fut reçu licencié en droit. Il s’est occupé d’une façon particulière des questions pénitentiaires et relatives k l’assistance. Outre des articles publiés dans l’« Encyclopédie des sciences religieuses », dans le • Bulletin de la Société générale des prisons ■, on lui doit : les Prisons de Paris (1881, in-18) et Manuel de l’assistance à Paris (1883, in-18).

    • ARBRE s. m. — Bot. Ce mot est souvent

suivi d’un substantif ou d’un adjectif qui en détermine la nature et donne lieu à une dénomination vulgaire, rarement acceptée par les savants. Nous compléterons la liste de ces sortes d’arbres, que nous avons donnée aux tomes Ier et XVI du Grand Dictionnaire.

Arbre d’Angolan, h’alangium hexapetalum ou alangier, grand arbre africain k feuillage toujours vert et à bois blanc très dur.

Arbre à café, Le chicot du Canada (gymnocladus dioica).

Arbre à cannelle, Le laurus quixos du Pérou ou mespilodaphne pretiosa.

Arbre à chou, Une espèce d’andria ougeoffroya, des Antilles.

Arbre au chou, Le chou palmiste.

Arbre à couis, Diverses espèces de calebassiers, genre Crescentia.

Arbre de Cypre, Nom donné en Orient k diverses conifères, en Amérique k des cypéracées du genre Taxodium (T. distichum), aux Antilles au gordia gerascanthus.

Arbre à la flèche, L’aioe dichotoma.

Arbre d galles de l’Inde, L’acacia bambolah.

Arbre à l’huile, Divers arbres : Valeucites cordata, les dipterocarpus et eireococca.

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Arbre immortel, Uerythuria corallodendron, Yendrachium madagascariense.

Arbre à la laque du Malabar, le butea frondosa.

Arbre d Marie, Pourrait bien être le toluifera balsamum, du Darien, produisant le baume de tolu.

Arore au mastic, L’amyris elemifera.

Arbre de matachan, Une espèce de melanorrhoea.

Arbre de mort, Le mancenillier.

Arbre de mouche, Le weinmannia macro*» tachia, Arbre des Museareignes.

Arbre à l’oseille, L’andromeda arborea.

Arbre de paradis, Le thuya occidentalis.

Arbre à pauvre homme, L’orme (ulmus campestris).

Arbre à pipa. Le sumac.

Arbre qui pleure ou Arbre pluvieux, Le cœsalpinia pluviosa.

Arbre aux pois, Le caragna arborescens.

Arbre à pois cafres, herythuria corallodendron.

Arbre à poison, Divers arbres vénéneux : le mancenillier, l’upas aiuiar, le sumac vénéneux, etc.

Arbre à la puce, Le rhus ioxicodendron.

Arbre aux quatre épiées, Le ravensara aromatica.

Arbre au raisin, Les raisiniers et les staphylea.

Arbre rouge, L’arbre d’épreuve ou ordéal (geme Erythrophlœum).

Arbre de la sagesse, Le bouleau blanc.

Arbre au sogou. Les sagus et les arhenga.

Arbre à salade, Les olax.

Arbre à sang, Vismia qui a le latex rouge (V. cayenaensts).

Arbre d savon, Les sapindus et les quillaja.

Arire à sel, Une espèce d’aréquier, l’areck singe (areka madagascariensis).

Arbre au serpent, Certains ophioxylones et aristoloches.

Arbre à tan, Le même que l’arbre à mouche.

Arbre de Théophraste, Les coquemolliers.

Arbre à toucas, Arbre indéterminé de l’Amérique du Sud, à fruit riche en huile, et dont les fibres corticales servent k faire de l’étoupe ; le tronc, droit et élevé, est employé k faire des mâts.

Arbre à vache, Nom vulgaire du brosimum galaclodendron. Ce végétal, de grande taille, doit son nom k sa propriété de produire du lait dont la richesse surpasse en beurre et en caséine la crème du lait de vache. Boussingault en a fait l’analyse, et voici les résultats obtenus par le savant chimiste :

Crème de lait Lait de l’arbre de vache. ù. vache.

Beurre 34 35

Sucre 4 3

Phosphate, caséine,

albumine 3,5 4

Eau. 58 58

99,5 100

Ce lait végétal, dont la couleur, le parfum et In saveur sont les mêmes que ceux du lait de vache, n’est pas moins nourrissant que ce dernier.

Arbres verts, Toutes les conifères et autres arbres k feuilles persistantes.

Arbre à vessie, Le baguenaudier.

Arbre-poison ([, ’), scfnes de la vie indoue au Bengale, roman de BankimChandraChatterjee, avec une préface de M’8 Knight (Londres, 1882). Il y a des pages très délicates dans ce roman, le premier qui ait été écrit en anglais par un Bengali, et M" Knight rapproche le nom de l’auteur de celui de M. Octave Feuillet. Nagendra et sa femme, Suria Mukhi, ont recueilli une petite orphefine, Kunda Nandini, si charmante et si gracieuse que bientôt Nagendra se prend d’amour pour elle ; l’orpheline, elle aussi, aime, sans oser l’avouer, son père adoptif. Pleine de chagrin, Suria Mukhi s’éloigne, avec la résignation des femmes indoues, et disparaît pour rendra la liberté k son mari. On la croit morte, et Nagendra épouse Kunda ; mais ils ne sont pas plutôt unis que le bonheur rêvé par la petite orpheline s’effondre. Ses remords d’avoir cause perte de sa bienfaitrice s’augmentent de l’indifférence de Nagendra, qui, son caprice satisfait, la méprise et la hait. Suria Mukhi revient et Kunda s’empoisonne pour les rendre l’un k l’autre. Quelques autres personnages se mêlent à cette action d’une grande simplicité, entre autres une servante, figure d’une beauté sombre et fatale, jalouse des deux femmes de Nagendra et s’ingèniant a semer la discorde. Un type bien indou est celui du maître et seigneur, pour qui l’héroïsme de Suria Mukhi, abandonnant la couche conjugale, et la mort de Kunda sont choses si naturelles qu’il n’en éprouve pas le moindre étonnement, la femme ne faisant que son devoir si elle se sacrifie k l’égoïsme masculin. Des paysages d’un charme et d’une fraîcheur poétiques encadrent les scènes de ce roman, auquel on a reproché une certaine prolixité dans les descriptions, principalement celles du début. Mais l’auteur a répondu d’avance aux critiques par le gracieux apologue de Kalidâsa et la bouquetière. « Kalidasa se fournissait de fleurs près d’une Malini. Pauvre brahmane, il ne pouvait payer les fleurs, et, en échange, il lisait des vers k la bouquetière. Un jour, dans l’étang de la Malini, poussa un fis d’une beauté sans pareille. Elle