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d’anthropologie criminelle de Rome, tenu en novembre 1885, répondait par la bouche du professeur Ferri h ceux qui voulaient accuser la science de faire en sorte d’empêcher un jour la société de se défendre contre les criminels : • Dans l’état actuel de la législation pénale, les doctrines positivistes, portées d’une manière erronée devant les tribunaux par des avocats et devant des juges imbus de tous autres principes juridiques, peuvent avoir et ont deux effets principaux : 1<> La symptomatologie anatomique, physiologique et psychologique des différents types criminels peut bien être utile à l’agent de police, au juge d’instruction et au juge définitif dans tous les cas assez fréquents d’accusation fondée seulement sur des indices. On ne tend qu’à rendre scientifique ce qui jusqu’à présent n’est qu’une intuition empirique sur la physionomie, le mode d’agir du criminel, etc. S« Le développement scientifique donne a l’étude des causes individuelles et sociales du crime peut aboutir réellement, dans cette époque de transition, a un affaiblissement de la répression par un plus grand abus de la force irrésistible et des circonstances atténuantes. Car, dans les procès, on accepte les prémisses des doctrines positivistes sur les causes qui ont déterminé l’individu au crime ; mais on piend des législations actuelles la conséquence que, plus la volonté du criminel a été forcée et moins il doit être puni. Tandis que la conséquence vraie, selon les doctrines positivistes, est simplement celle-ci : que le criminel doit être puni (c’est-àdire que la société doit se défendre) en raison de sa perversité, qu’on établit justement selon la nature des causes naturelles du crime, et non pas en raison toujours inverse de ces causes elles-mêmes.

De sorte que l’application complète des doctrines positivistes dans la législation et dans les procès aura l’utilité d’accroître le premier de ces effets et d’éliminer complètement le second.

Ainsi donc nou9 voyons cette science, à peine soupçonnée il y a vingt ans, apporter maintenant une voix autorisée, basée sur la connaissance positive de l’homme, aux grandes délibérations des intérêts communs. Elle est venue, dans son positivisme rationnel, nous rappeler à la modestie en nous montrant notre humble origine ; sans cesse elle continue k nous avertir tle notre faiblesse, sans cesse encore elle nous protège contre nous-mêmes, c’est-adire contre l’injustice, contre les précipitations de la haine ou de l’égoïsme, nous montrant que le plus léger manque d’équilibre dans un organe suffit pour faire de nous un criminel, un assassin, moralement responsable dans l’état social actuel.

— IV. Enseignement db l’anthropologie. Cet enseignement, pour être complet et acquérir l’immense utilité dont il est susceptible, devrait porter sur toutes les parties de l’anthropologie sans exception et devrait être fait à tous ceux qui veulent avoir pour profession d’agir sur leurs semblables. De même 3ue l’étude de la zoologie doit précéder celle e la zootechnie, ainsi l’étude de l’anthropologie doit précéder celle de l’anthropotechnie. C’est grâce à la connaissance plus complète de l’homme et de ses rapports avec son milieu, elest-à-dire de l’anthropologie, que la médecine est entrée dans la voie scientifique.

Actuellement, l’enseignement de l’école d’anthropologie de Paris ne s’adresse guère qu’à un public d’amateurs (ce mot étant pris dans son sens le plus élevé), dont le nombre va toujours grossissant. Ce sont des médecins, des publicistes, d’anciens professeurs, des étudiants assez studieux et intelligents pour élever leur esprit au-dessus des programmes officiels.

Toutes les branches de l’anthropologie ne sont pas enseignées à l’école d’anthropologie. L’enseignement de l’anatomie descriptive, de la physiologie, de la psychologie, de la pathologie humaine n’y peuvent encore trouver place, faute de locaux et de ressources suffisants. Les auditeurs sont censés connaître les éléments de ces sciences, qui ne sont enseignés cependant qu’à, la faculté de médecine, et d’une façon trop spéciale pour être à la portée du public non médical. L’anatomie et la pathologie comparées de l’espèce humaine sont spécialement professées a l’école d’anthropologie. Celle-ci s’applique, avant tout, à combler des lacunes absolues qui, sans elle, existeraient dans l’enseignement supérieur. Elle joue ainsi un rôle éminemment utile ; mais les services qu’elle rend pourraient être centuplés si elle pouvait enseigner intégralement la science de l’homme à tous ceux qui en ont besoin.

Fondée par la Société d’anthropologie, l’école d’anthropologie de Paris a été inaugurée à l’école pratique de la faculté de médecine le 15 décembre 1876. Elle comprenait à l’origine six chaires : anthropologie anatomique, anthropologie ethnologique, anthropologie préhistorique, anthropologie linguistique, anthropologie biologique et démographie, ayant Ëour titulaires : MM. Paul Broca, Eugène lally, Gabriel de MortiUet, Abel Hovelacque, Paul Topinard et Adolphe Bertillon. Depuis lors oa a créé deux nouvelles chaires, celle de géographie médicale ou de pathologie comparée des races humaines, et celle de l’histoire des civilisations. La première avait,

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en 1877, pour professeur titulaire le docteur Bordier, et la seconde le docteur Letourneau.

Le docteur Adolphe Bertillon fut suppléé, en 1881-1882, par son fils Jacques Bertillon ; mais sa chaire a été supprimée après sa mort. Depuis la mort de Broca, la chaire d’anthropologie zoologique est occupée par M. Mathias Duval. Le professeur Daily est suppléé, depuis 1883, par M. Manouvrier, professeur adjoint. Un cours complémentaire d’anthropologie zoologique a été fait depuis la même époque par M. Hervé, professeur adjoint. Enfin, un cours libre d’anthropologie anatomique a été fait, en 1884 et 1885, par M. R. Blanchard.

Il existe, au muséum d’histoire naturelle de Paris, une chaire, un laboratoire et un grand musée d’anthropologie. La chaire a été occupée successivement par Flourens, Serres et de Quatrefuges. Le cours a lieu pendant le semestre d’été.

Un musée d’ethnographie a été fondé au palais du Trocadéro. Le directeur est M. Hamy.

Depuis plusieurs années, des cours libres d’anthropologie sont faits à la faculté des sciences de Lyon par M. Chantre, et à la faculté des sciences de Toulouse par M. Cartailhac. M. Chantre fait en outre, chaque année, à Lyon, un cours populaire d’anthropologie très fréquenté.

Il existe, en Italie, deux chaires officielles d’anthropologie : l’une à l’université de Florence, professeur M. Mantegazza ; l’autre à l’université de Rome, professeur M. Sergi. Des cours libres ont été faits à Bologne par M. Riccardi, et à Naples par M. Nicolucci.

Il existe des chaires d’anthropologie en Allemagne et en Hongrie. M. Torœk est professeur d’anthropologie à l’université de Budapest.

Laboratoire d’anthropologie. Ce laboratoire a été fondé par Broca au siège de la Société d’anthropologie, à l’école pratique de la faculté de médecine. Il relève directement du ministère de l’Instruction publique et fait partie de l’école pratique des hautes études. Le personnel en est nommé par le ministre. Les préparateurs ont été successivement MM. Hamy, Topinard, Chudzinski, Rhuff et Manouvrier. Depuis la mort de Broca, le directeur est M. Mathias Duval, Ce laboratoire admet les savants français et étrangers qui veulent y faire des recherches sous la direction du personnel. Il est divisé en quatre salles : une pour la craniologie, l’anthropométrie et l’étude du squelette ; une pour les dissections et la conservation des cerveaux et autres pièces anatomiques, une

E ourles études micrographiques, et une pour îs moulages et la photographie. La liste des travaux faits au laboratoire d’anthropologie est publiée chaque année dans le rapport officiel sur l’école pratique des hautes études. On peut trouver dans ce rapport annuel l’indication bibliographique d un très grand nombre de mémoires anthropologiques, dont la plupart peuvent être lus ou consultés soit à. la bibliothèque particulière du laboratoire, soit à la bibliothèque de la Société d’anthropologie.

Sociétés et congrès. Depuis la fondation de la Société d’anthropologie de Paris (v. anthropologie [société d’]) un grand nombre de sociétés semblables se sont formées dans le même but. Telles sont, en France : la Société d’anthropologie de Lyon et la Société d’anthropologie de Bordeaux et du Sud-Ouest. Parmi les membres de la première, nous citerons MM. Chantre, Lortet, Arloing, Chanveau, Cornevin, Contagne, Guimet, Sieard, Laoassagne, Faure, Charvet, Lesbre, Rochas, Perroud, Teissier, Charpy, Didelot, de Milloué, Ollier, Pierret, Rebatel, Gayet et Dinard. Cette société, fondée en 1881, publie un bulletin qui formait 5 volumes en 1886. La Société d’anthropologie de Bordeaux, fondée vei’S la même époque par MM. Azam et Testut, professeurs à la Faculté de médecine, tient ses séances le deuxième jeudi de chaque mois. Les principaux membres sont : MM. Azam, Bayssellance, Berchon, Bouchard, Cabannes, Coutreau, Daleau, Espinas, Faure, Huriot, Kunstler, Lasserre, Lalanne, Martin, Maufras, Picot, Planteau, Princeteau, Souche, Testut, Tissier, etc. Le local des séances est situé allées de Tourny. Cette société publie également un bulletin, par fascicules.

La plus ancienne des sociétés d’anthropologie à l’étranger est l’Antbropological Institute of Great Britain and lreland, fondée peu après celle de Paris et dont le siège est à Londres. Elle compte parmi ses membres un grand nombre de savants illustres, tels que W.-H. Flovrer, Hyde-Clarke, John Evans, Francis Galton, Pitt, Rivers, Allen Thomson, Tylor, Huxley, Beddoe, Keane, Lewis, John Lubbock, Priée, Garson, Camphell, Crochley, Clapham, Busk, Owen, Roberts, etc. La collection de ses bulletins comprenait 16 volumes en 1886. L’Allemagne possède deux sociétés d’anthropologie : la Société d’anthropologie de Berlin, dont les bulletins et mémoires forment 17 volumes, sous le titre : • Zeitschrift fur Ethnologie i, et la Société allemande d’anthropologie, dont les bulletins et mémoires forment 17 volumes, sous le titre : « Archiv fur Anthropologie », publiés à Brunswick. Parmi les principaux membres de ces deux sociétés

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nous citerons : Virchow, Hartmann, A. Bastian, A. Voss, Ihering, "Wagner, Albreoht, Bischoff, Bœhm, du Bois-Reymond, Krause, Lucas, Reichert, His, Hœlder, Rùtimeyer, Schaaffhausen, Welcker, Kollmann, Ecker, Ranke, Sehmidt, etc. La Société italienne d’anthropologie a son siège k Florence. Son bulletin est l’« Archivio per l’antropologia e la etnologia », qui comptait 16 volumes en 1886. Ses principaux membres sont Paolo Mantegazza, E. Régalia, Morselli, Amadei, Danielli, Bellucci, Giglioli, Herzen, Moleschott, Nicolucci, Pagliani, Pigarini, Riccardi, Schiff, Sergi, Sommier, Tamburini, Zannetti, Zoia, Livi, etc. La Société d’anthropologie de Vienne a pour organe le « Mittheilungen der AnthropologischenGesellschaftin Wien», qui en est à son 15" volume. La Société d’anthropologie de Bruxelles à publié 4 volumes de bulletins. Ses principaux membres sont : MM.Héger, Houzé, Vander Kindere, Janssens, Jacques, Dupont, van Overloop, Cumont, de Pauw, etc. La Société impériale des Amis des sciences naturelles de Moscou possède une section d’anthropologie. Les principaux anthropologistes russes sont : MM. Bogdanow,

Dawidoff, Maïnoff, Ikoff, Malief, Stieda, Ano<itchine, Smirnow, Tirominoff, Merejkowski, Bajénoff, Betz, Mierzejewski. Citons encore : les Sociétés d’anthropologie de Madrid, de Stockholm, de Budapest, de Washington, de La Havane,

Un certain nombre de congrès scientifiques ont pour objet total ou partiel l’anthropologie. L’Association française pour l’avancement des sciences possède une section d’anthropologie (XIe section), dont elle publie les travaux dans son bulletin annuel. Il en est de même de l’Association britannique et de l’Association américaine. Chaque année se tient dans une ville d’Allemagne le congrès des anthropologistes allemands. Les anthropologistes autrichiens se sont réunis en congrès à Klagenfut t en 1885. Le congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistorique a tenu sa neuvième session en 1880 à Lisbonne. Un congrès international d’anthropologie criminelle et des sciences pénales a été tenu à Rome en 1885. Les travaux de ces différents congrès sont publiés dans des volumes spéciaux.

Outre les publications officielles de chaque société, l’anthropologie possède un certain nombre de publications périodiques. Noua parlerons seulement de celles qui paraissent en France. Ce sont : 1<> La Bévue d’anthropologie, fondée en 1872 par Paul Broca, paraissant tous les trois mois, les 15 janvier, avril, juillet et octobre, et formant chaque année un volume in-8° de 800 pages. Le directeur actuel est M, Topinard. Cette revue contient des mémoires originaux et de nombreuses analyses d’ouvrages français et étrangers. 2° Les Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme, revue mensuelle illustrée, fondée en 1865 par M. G. de MortiUet, illustrée par E. Cartailhac et E. Chantre. 3° La Reoue d’ethnographie, publiée sous les auspices du ministère de 1 Instruction publique et des Beaux-Arts, par M. Hamy, et paraissant tous les deux mois. 4° L’Homme, journal illustré des sciences anthropologiques, fondé en 1884 par M. G. de MortiUet. Il est bimensuel. 5» Les Archives de l’anthropologie criminelle et des sciences pénates, ayant pour directeurs MM. Lacassagne, Garraud, Coutagne et Bournet, et paraissant tous les deux mois, par fascicules de 96 pages.

— Bibliogr. De Quatrefages, l’Espèce humaine (1877, in-8°), Crania ethnica (1878-1882, in-4<>), Sommes fossiles et hommes sauvages (1883, in-8°), Histoire générale des races humaines (1887, in-8") ; A. Hovelacque, la Linguistique (1875, in-8°), Notre Ancêtre : recherches sur le précurseur de l’homme (1878, in-18), Précis d’anthropologie (1887, in-8»), avec Hervé ; P, Topinard, Anthropologie (1876, in-8o), Éléments d’anthropologie générale (1885, in-8°) ; Letourneau, la Sociologie d’après l’ethnographie (1880, in-18), Évolution de la morale (1887, in-12) ; G. de MortiUet, le Préhistorique, antiquité de l’homme (1882, in-18) ; A. Bordier, la Géographie médicale (1883, in-18) ; Mathias Duval, le Darwinisme (1885, in-8°) ; Dr A. Thulié, la Femme, essai de sociologie physiologique (1885, in-8°), Dictionnaire des sciences anthropologiques (i vol. in-4°). Ce dernier ouvrage est le plus propre à renseigner d’une façon générale sur toutes les parties de l’anthropologie. Il est dû à la collaboration d’un certain nombre d’auteurs ; les articles en sont signés.

, Anthropologie (société »’), fondée à Paris en 1859.—Depuis 1876 jusqu’en 1887, les présidents ont été successivement : MM.deRanse, Henri Martin, Sanson, Ploix, Parrot, Thulié, Proust, Hamy, Dureau, Letourneau et Magitot,

Le comité central, en 1886, était ainsi composé, sans compter les anciens présidents : d’Abbadie, Aubertin, Bataillard, Bordier, Chervin, Chudzinski, Clémence Royer, Collineau, Dareste, Delasiauve, Fauvelle, Mathias Duval, Gillebert d’Hercourt père, Girard de Rialle, Hervé, Hovelacque, Issaurat, Laborde, Letourneau, Magitot, Manouvrier, Mondières, Piètrement, Pozzi, Prat, Rous.selet, Salinon, Sébilldt, Topinard, Vinson, Zaborowski.

Le bureau, pour l’année 1887, était ainsi composé : président, Magitot ; vice-présidents,

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Pozzi et Mathias Duval ; secrétaire général, Letourneau ; adjoint, Hervé ; secrétaires des séances, Manouvrier et Fauvelle ; conservateur des collections, Chudzinski ; archivistebibliothécaire, Daily ; trésorier, de Ranse.

La société décerne deux nouveaux prix : 1« le prix Broca, fondé par Mme Broca en 1881, et destiné à récompenser le meilleur mémoire sur une question d’anatomie humaine, d’anatomie comparée ou de physiologie se rattachant a l’anthropologie (ce prix, de la valeur de 1.500 francs, est décerné tous les deux ans) ; 2° le prix Bertillon, fondé par le savant anthropologiste démographe Adolphe Bertillon, est décerné également tous les deux ans ; sa valeur est de 500 francs. Les membres du comité central sont exclus des concours. Les personnes étrangères à la société peuvent concourir. Les mémoires ou livres imprimés ou manuscrits doivent être remis à la société avant le 31 décembre.

Deux séances solennelles, instituées depuis 1880, ont lieu chaque année. A chacune de ces séances est faite une conférence. L’une est nommée « conférence transformiste >, et l’Kutre «conférence Broca». Elles sont publiées dans le bulletin de la société.

Ce butletin a paru régulièrement depuis 1860, formant chaque année un volume in-8° de 800 à 1.000 pages. La collection comprenait 26 volumes en 1886. La collection des Mémoires comprenait 6 volumes.

La Société d’anthropologie de Paris possède, outre son riche musée, qui a reçu le nom de « Musée Broca », une bibliothèque considérable mise à la disposition du public les lundis, les mercredis et les vendredis, de une heure k cinq heures. Le musée Broca, également ouvert au public deux fois par semaine, renferme notamment : l° une collection d’environ 8.000 crânes humains provenant de différentes races, de criminels décapités, d’individus anormaux, etc. ; 2° environ 200 squelettes humains complets de toute provenance et un grand nombre de squelettes ou de crânes de singes anthropoïdes et autres animaux ; 3° une magnifique collection de moulages de cerveaux faits de la main de Broca, et surtout de celle de M. Chudzinski, son collaborateur ; 4° un grand nombre de moulages reproduisant des monstruosités, des anomalies, différentes parties du corps d’individus de diverses races ; 5° une importante collection d’objets préhistoriques (ossements, silex, etc.) ; 6° une collection d’armes et d’instruments divers en usage chez différents peuples sauvages.

Anthropologie générale (ÉLÉMENTS T>), par

Paul Topinard (Paris, 1885, gr. in-8<>, avec 2S9 figures et 5 planches). Ce volume est le premier d’une série devant embrasser toutes les parties de l’anthropologie proprement dite, c’est-à-dire l’anthropologie générale, spéciale et zoologique. Il comprend trente-deux chapitres : les six premiers sont consacrés k l’historique, d’Aristote k Broca-, les trois suivants, aux généralités et questions de principes et de méthodes ; les quatre qui viennent ensuite, aux caractères les plus appropriés pour mettre en relief ces méthodes, ceux qui en même temps servent

de base aux classifications de races. Puis viennent trois chapitres sur la caractéristique de l’homme, le cerveau, sa croissance, son volume dans toutes les conditions, ses relations avec le crâne ; onze chapitres sur la craniologie, dont les caractères sont partagés en quatre groupes : îo caractères plus ou moins directement subordonnés au volume du cerveau et h l’attitude bipède, ï° sériaires ou caractères d’évolution autres que les précédents et se déduisant de la série ascendante des formes dans la suite des vertébrés, 3» corrélatifs ou caractères esthétiques, 4° empiriques ; cinq chapitres, enfin, sur les formes extérieures et Jes proportions du corps sur le vivant. Signalons ici l’histoire et le parallèle des canons usités dans les arts et des canons déterminés par l’anthropométrie, ainsi que les instructions k suivre par les voyageurs.

M. Topinard, dans son Anthropologie, plusieurs fois rééditée et qui a été traduite en allemand, en anglais, en russe, en hongrois, avait exposé les idées de Broca avant 1870. Dans ses Éléments d’anthropologie générale, il résume les dix premières années de son cours à l’École d’anthropologie, condense tous les matériaux récents publiés en France et à l’étranger, ceux que Broca a consignés dans ses registres inédits et les siens propres, et touche à toutes les questions : celles de l’espèce et de la race eu général, des races préhistoriques et des races françaises en particulier, des milieux, des croisements, du monogénisme et du polygénisroe, de la distance de l’homme aux animaux, etc. Pour lui, l’homme actuel est séparé, anatomiquement, de l’animal le plus proche comme par un abîme profond qui a été creusé par le temps et qui chaque jour se creuse encore par la disparition des intermédiaires.

Anthropologie (PRÉCIS d’), par Abel Hovelacque et Georges Hervé (Paris, 1887, 1 vol. in-so). professeurs k l’École d’anthropologie de Paris, MM. Hovelacque et Hervé ont pris une part des plus actives au développement de la science anthropologique et k la propagation des nouvelles doctrines. Ce sont ces doctrines et les principes fondamentaux de la science de l’homme, telle qu’elle est au-