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Rodosto ; la littoral entre ces deux points est k pic et forme de hautes montagnes rocheuses. On y voit le village de Ganos, pittoresquement bâti sur un pic très éleva ; ceux de Vlémakdéré, Combaos et Bernadaa, etentin la ville de Rodosto, chef-lieu d’un sandjak que les Turcs nomment Tekir-Dagh. Après Rodosto, la côte court pendant 31 kilom. vers l’E., en s’urquant légèrement vers le N. jusqu’au cap Karga-Bouroum. Elle forme une large baie peu profonde. Le cap Karga-Bouroum est un massif couvert d’arbres qui a près de 8 kilom. de largeur de l’E.àl’O. Sur sa pointe orientale sont situés la ville et le port d’Héraciée, aujourd’hui Krekli. La côte tourne ensuite au N.-K. Îiour former une vaste baie sur les bords de aquelle se trouvent de nombreux villages ; c’est près de Papasti, entre Eski-Erekli et Silivri, que se termine la côte de la province pour recommencer de nouveau, près de la ville de Tehechmédjik, sur la mer Noire. La côte depuis Tehechmédjik prend la direction du N.-O. ; elle est généralement basse avec des montagnes qui s’élèvent à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur ; de distance en distance des caps rocheux, souvent a pic, forment des bnies plus ou moins profondes. La côté où se trouvent les villes de Midia, Iniada, Agathopolis, Vasiliko se confond avec celle de Bulgarie, près de Sounarita. Le développement total de la côte d’Andrinople est de 650 kilom. environ, dont 150 pour la, mer Noire.

La province d’Audrinople est extrêmement fertile. Ses principaux produits sont le riz, le coton, le tabac, la soie et les céréales. Les rosiers y sont cultivés sur une grande échelle pour la fabrication de l’essence de rose. On trouve non seulement de vastes jardins de roses, mais des contrées entières où les champs en sont exclusivement couverts. On la cultive plus spécialement à Kesanlik, Karlowo, Kalofer, Eski-Saara, Ini-Saara et Filibé.

La population actuelle se compose principalement de Bulgares au Nord, de Grecs dans toutes les parties maritimes, et de Turcs, pour la plupart établis dans les villes dominâmes ou sur les hauteurs de l’ouest. Ces derniers s’occupent plus particulièrement d’agriculture ; les Arméniens, les Grecs et les Juifs, de commerce et d’industrie. La province est parcourue par deux voies ferrées ; celle de Constantinople k la frontière de la Bulgarie et celle de Dédé-Aghateh {mer Egée), qui rejoint la première ligne à Bergas. Les villes principales sont : Andrinople, qui compte environ 62.000 hab., Chaskoï, Tenirmen, Kyrk-Kilisse, Visa, Media, Tohortou, Rodosto, Demotica, Enos et Gallipoii.

ANDROGYNÉITÉ s. f. (an-dro-ji-né-i-térad. androgyne). État d’un être qui réunit les deux sexes : Les ecclésiastiques seuls jouissent, par une faveur spéciale des circonttances, du privilège d’ANDROOïNÉiTB (Ein. Montégut). Syn. d’ANDROGWUB et d’ANDao GYNISMB.

ANDBOMAQUE s. f. (an-dro-ma-ke — nom mythologique). Astr. Planète télescopique découverte par Watson. V. planète.

Andronmque, tableau de M. Rochegrosse, qui a figuré a l’Exposition de 1883 et au Salon triennal. Cette grande toile, d’un sentiment un peu mélodramatique, mais en somme d’une grande vigueur d’expression, a causé une assez vive sensation. La scène se déroule au pied d’un large escalier montant le long du rempart. An centre du tableau des guerriers de toutes armes cherchent à entraîner Andromaque, tandis qu’un Thrace arrache de ses bras le petit Astyauax qu’attend Ulysse les bras croisés, tout en haut des degrés. En bas, des morts, des femmes nues et égorgées, des tètes coupées et des objets brisés ; en haut des jambes de pendus. On voit du sang partout, et l’archaïsme brutal avec lequel est traité le costume des guerriers ajoute encore k la sauvagerie de ia scène. Cette œuvre, d’une bizarrerie peut-être un peu cherchée, mais pleine de fougue et de jeunesse, a valu à l’auteur le prix du Saion. Le tableau de M. Rochegrosse, ’ qui révèle un vrai tempérament de peintre, a été l’objet de critiques assez vives, mais il » aussi trouvé des enthousiastes et a semblé le début d’un talent destiné à accumuler des orages. Ce n’est pas le conflit des opinions qui est dangereux pour un artiste, c’est l’indifférence du public. Avec son exubérance et ses inégalités, M. Rochegrosse n’a rien à craindre de ce côté.

Andromède, tableau de M. Henner, qui a figuré au Salon triennal de 1883. La jeune fille, debout et attachée au rocher, est entièrement nue ; sa longue chevelure rousse retombe sur ses épaules. Elle attend, anxieuse, l’implacable arrêt des dieux qui l’ont condamnée k être dévorée par un monstre. Son beau corps d’une éblouissante blancheur forme au milieu des teintes sombres qui l’entourent une lumière éclatante. C’est une des meilleures toiles de ce maître, à qui on a quelquefois reproché de se répéter un peu, mais qui nous cause toujours le même plaisir.

Andromède, tableau de M. Carolus Duran (Salon de 1887). L’artiste, dans les dernières productions duquel on avait relevé quelques inégalités, a retrouvé «on pinceau des bons

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jours en peignant une femme nue ; Andromède, debout contre une roche, vient évidemment d’y être attachée, ou peut-être a-t-elle en son irrésistible beauté une confiance invincible, car aucune angoisse n’altère ses traits délicats et charmants, aucune terreur ne dérange l’harmonie de ce corps jeune et bien vivant. L’« académie» est remarquable à la fois par son exactitude et sa souplesse, et la couleur ne le cède en rien au dessin.

ANDROSPORE s. f. (an-dro-spo-re — du grec anèr, mâle ; sporos, spore). Bot. Zoospore devant donner naissance aux corps reproducteurs mâles, anthéridies, puis anthérozoïdes, dans les algues confervacées, section des Œdogoniées.

— Encycl. L’androspore est un corps cilié mobile, intermédiaire par ses dimensions et sa coloration entre la zoospore et l’anthérozoïde ; sa formation a lieu aux dépens du protoplasma d’une des cellules d’un filament du thalle, qui, se contractant et acquérant des cils vibratiles, ne tarde pas k quitter son enveloppe cellulaire et à devenir mobile r c’est alors une véritable androspore qui après avoir circulé quelque temps dans le liquide ambiant vient se rixer sur la membrane de l’organe femelle, l’oogone, ou sporange, ou dans son voisinage-, elle perd alors ses cils vibratiles et s’entoure d’une membrane d’enveloppe propre qu’elle secrète et s’allonge par segmentation en un petit nombre de cellules dont les deux extrêmes ou parfois seulement la terminale, comme le dit M. de Lanessan, deviennent des anthéridies. Les algues présentant ces phénomènes sont appelées gynandro-sporigues (Van Tieghem).

Âne (l’J, poème philosophique, par Victor Hugo (1880, in-8"). Est-ce bien l’âne, le vulgaire baudet, dont le poète aurait entrepris la réhabilitation ? Celle-ci avait avant lui déjà tentée deux savants, Daniel Heinsiuset Gaspar Btirth. qui, avec tout l’esprit et tout l’enjouement dont de graves savants sont capables, s’étaient amusés à mettre l’âne bien au-dessus de l’homme, en opposant sa patience, sa docilité, sa tranquillité à nos inquiétudes et à. nos stériles agitations. En reprenant ce sujet à sa manière, Victor Hugo t’a naturellement agrandi, car toute idée, en traversant ce cerveau puissant, prend aussitôt des proportions énormes. Lui seul était capable de transformer une boutade en épopée, de consacrer plusieurs milliers de Vers a un simple caprice d’imagination. Son but est surtout de montrer la supériorité de la nature, de l’instinct, sur la science, et à plus forte raison sur la fausse science, la science des Vadius et des Trissotins. Déjà, dans une très belle pièce de la Légende des siècles, le Crapaud, Victor Hugo s’était plu à opposer la bonté de l’âne k la rudesse de l’homme et à la méchanceté de l’enfant. Un crapaud, martyrisé k coups de pierres par des gamins, se réfugie dans une ornière ; passe une charrette traînée par un âne : il va infailliblement être écrasé sous les roues ; l’ânier n’y prend garde naturellement ; mais l’âne !...

L’âne vit le crapaud, et, triste, hélas t penché Sur un plus triste, lourd, rompu, morne, écorché, Il sembla le flairer avec sa tète basse 1... Ce forçat, ce damna, ce patient fit grâce.

Par un effort suprême, il détourne la roue de l’ornière, et le crapaud n’est pas atteint. Bonté de l’idiot ! s’écrie alors le poète, ému de ce trait qu’il a rêvé comme s’il l’avait observé réellement, et il continue en ces termes :

La bonté, pur rayon qui chauffe l’inconnu, Instinct qui dans la nuit et dans la souffrance aime, Est le trait d’union ineffable et suprême Qui joint dans l’ombre, hélas 1 si lugubre souvent. Le grand ignorant, l’âne, à Dieu, le grand savant !

L’Ane procède de la même inspiration. Patience, c’est le nom que le poète donne à son baudet, s’adressant au philosophe Kant, lui demande ce qu’il fait de la nature, de l’enfance, du sourire, de la bonté, de tout ce qui est la véritable science. N’ayant que son instinct de bête, il se devine supérieur aux plus grands génies. Mais, en somme, il est lui-même un âne savant, et il l’avoue ; il a compulsé tous les textes ; il a remué, suivant le précepte d’Horace, Les exemplaires grecs d’une patte nocturne.

Ayant épuisé la science, il se demande à quoi elle sert, et ne le trouve pas. L’amoncellement des livres entassés par les siècles, ces montagnes d’in-folio et d’in-quarto créés pour servir de pâture aux mites et aux ruts, ne valent pas la droiture du simple bon sens. 11 regrette qu’on lui en ait tant appris :

Oh ! ma jeunesse en fleur qui courait dans les prés Et les bois, par l’aurore et la jaie empourprés ! L’herbe verte, l’étable ou l’on fait un doux somme 1 Oh ! les coups de bâton de mon anier bonhomme ! Je ne pourrai jamais dire, ô splendeur des cieux ! Avec des mots assez crachés et furieux, Comment ils ont changé la pensée en lanière Et l’idée en férule, et de quelle manière Ces malheureux m’ont fait, soub un monstrueux tas D’EusèbeS, de Sophrons, de Blasius, d’Architas, D’Ossa plUB Pélion, d’Anthyme plus Orose, De petit ànon le3te immense âne morose.

Qu’a-t-il gagné h tout cela ?

Un peu d’allongement à ses oreilles tristes.

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Plus loin, ce n’est plus à l’instruction elle-même, c’est aux procédés d’instruction qu’il s’en prend :

Et l’âne (’écria : Pauvres fous, Dieu vous livre L’enfant, du paradis des anges encore ivre ; Vite, vous m’empoignez ce marmot radieux Ayant trop de clartés, trop d’oreilles, trop d’yeux, Et vous me le fourrez dans un ténébreux cloître ; On lui colle un gros livre au menton, comme un goitre, Et vingt noirs grimauds font dégringoler des cieuxi O douleur ! ce charmant petit esprit joyeux ! On le tire, on le tord, on l’allonge, on le tanne, Tantôt en uniforme, et tantôt en soutane ; Un beau jour, Trissotin l’examine, un préfet Le couronne, et c’est dit : un imbécile est fait !

L’esprit du livre tout entier est admirablement résumé dans cette magnifique tirade :

... Quoique le lecteur, à Sainte-Geneviève,

Trouve peu d’os à moelle et peu d’auteurs à sève ;

Quoiqu’il l’Ëscurial, où Philippe pria,

Le plafond sépulcral de la Libraria

Couvrant dossiers, cahiers, brochures, fascicules,

Ressemble a de la nuit noyant des crépuscules ;

Quoiqu’Oxford la savante ait, sous ses hauts châssis,

Moins de textes vivants que de sentons moisis ;

Quoique le maréchal vicomte de Turenna,

Caboche de soldat brutalement sereine,

Ait jugé, pataugeant dans les in-octavos,

La Rupertine bonne à loger ses chevaux ;

Quoique l’Arsenal fasse, alors qu’on le secoue,

Tourner tant de néant sur son pupitre à roue ;

Quoique, poussant des cris de triomphe, un essaim

De corbeaux, contemplant l’Institut, son voisin,

Perche a la Maznrine, et que la Vaticane

Ait des angles si noirs que le Diable y ricane-,

Hommes, vous êtes fiers, quand vous considérez

Vos bouquins reliés, catalogués, vitrés,

Avec vos rhéteurs dieux et vos pédants principes,

Taillés en marbre jaune et juchés sur des cippes ;

Et, j’en conviens, on a le vertige en voyant

Ce «.ombre alignement de livres, effrayant,

Inouï, se perdant bous les bahuts qui tremblent,

Ces vastes rendex-vous de volumes, qui semblent

Les légions du faux et du vrai «’avançant

En bon ordre, sous l’œil trouble du temps présent,

Pour se livrer combat au fond des hypogées,

Et de l’esprit humain les batailles rangées ;

Certes, j’admets que vous, les hommes, soyez vains

De cet entassement épique d’écrivains.

De tous ces papyrus et de toutes ces bibles ;

C’est beau de voir Saumaise, agitant ses vieux cribles,

Tamiser ces monceaux d’esprit sur les pavés ;

C’est beau d’avoir l’Exode avec des bois gravés

Par Aide de Venise ou Windelin de Spire ;

Je conviens qu’on retient son soufrïe, et qu’on respire

À peine, quand on voit, dans vos doctes hangars,

Les tome» frissonner sous les piocheurs hagards ;

C’est beau de pouvoir dire : Admirez les estampes ;

Ici Virgile, avec un laurier sur les tempes,

Là Chapelain, avec plus de laurier encor ;

Voici des manuscrits étalant sur fond d’or

Mainte arabesque pure, inextricable et nette,

A rendre Goujon pâle et jaloux Biscornette ;

Ça, c’est Newton ; voyez quel beau Félibien !

Voici le grand, voici le vrai, voici le bien. [Somme,

Barmne est là pour ses Lois, saint Thomas pour sa

Platon pour son Timée, et Ton comprend que l’homme

Fasse la roue, avec tous ces livres au dos ;

Mais, ô dignes humains pris sous tant de bandeaux,

Ce profond répertoire où la doctrine abonde,

Ce sombre cabinet de lecture du monde,

Tous ces textes qui font le silence autour d’eux,

Depuis l’infortiat jusqu’à l’in-trente-deux,

Et d’où l’odeur des ans et des peuples s’exhale,

Cette bibliopole auguste et colossale

Qu’on voit, jetant au loin sa lueur aux cerveaux.

Flamboyer au-dessus de tous vos noirs travaux,

Comme la cheminée énorme de l’usine ;

Toute cette raison que l’homme emmagasine

Etageant Grecs sur Juifs, Juifs sur Égyptiens,

Ces volumes nouveaux ajoutés aux anciens,

Que la temps sur le tas vient vider par hottées,

Ces Pascals, ces Longins, ces Jobs, ces Timothées,

Doux, sévères, touchants, mystérieux, railleurs,

Qu’est-ce, si tout cela ne vous rend pas meilleurs ?

Par mon échine illustre et semblable aux coulées

Des laves du Gibel, âpres et dentelées,

Par les traductions du vieux Père Brumoy,

Par l’honneur que m’a fait Christ.ea montant sur moi,

Comme si l’âne était un degré du Calvaire,

Je le jure devant l’aube et la primevère.

Devant la fleur, devant la source et le ravin,

Digne Kant, je suis prêt à proclamer divin,

Vénérable, excellent, et j’admire et j’accepte

L’enseignement duquel on sortirait inepte.

Ignare, aveugle, sourd, buse, idiot, mais bon i

Tout est là, en effet, et si l’instruction ne rendait pas meilleur, si la science, abstraction faite des pédants qui l’encombrent, ne contribuait pas à améliorer le sort de l’homme, elle serait inutile et vaine ; mais Victor Hugo a cent fois plaidé la thèse contraire, et avec tout autant de verve, quand il ne se laissait pas aller si docilement à sa fantaisie.

Faisant son procès à l’érudition, ou pour mieux dire au pédantisme, le poète ne pouvait manquer de citer une foule de noms de savants, connus ou inconnus ; on en trouvera dans l’Ane une grande quantité, et particulièrement de si inconnus, de si obscurs, qu’aucun dictionnaire ne vous renseignerait sur eux. Un curieux a relevé dans son William Shakspeare dix-huit cents noms historiques, dont un bon nombre tout à fait ignorés ; la moisson serait plus abondante encore dans YAne. Serait-ce, comme on l’a dit, pour faire parade d’une érudition inattendue et paraître savoir ce que nul ne sait que Victor Hugo se serait livré k un si ingrat travail ? En tout cas, il ne faudrait pas faire comme

ANEM

M. Zola, qui prenant au hasard parmi tout ces noms, aussi inconnus pour lui les uns que les autres, est tombé précisément sur Niebuhr, le rénovateur de la critique historique, un des plus illustres, et s’est demandé qui était ce personnage dont nul, à son souvenir, n’avait encore parlé. Il aurait pu tomber plus heureusement. Un critique a donné de ce luxe de noms propres, dans Y Ane, une raison qui est peut-être la bonne. «J’y vois surtout, dit-il, une fantaisie de vieux rimeur,

?ui est heureux d’accoupler pour la première

ois ou d’une manière nouvelle des syllabes toujours condamnées aux mêmes unions. Songez donc que V.Hugo a depuis longtemps tourné et retourné toutes les rimes de la langue. Quel plaisir n’est-ce pas d’en piquer une nouvelle au bout d’un vers ? tous ceux qui ont jonglé avec ces difficultés me comprendront. Et ce n’est pas rabaisser le poète, qu’on le sache bien, que de lui supposer ce désir et cette joie d’enfant. Le Titien aussi, à quatre-vingt-dix ans, eut un accès de folle gaieté en trouvant sur sa palette un ton nouveau. Cela ne l’empêcha pas de faire ce jour-là, en sa servant de ce ton piqué dans un coin, un immortel chef-d’œuvre. La supposition est d’ailleurs d’autant plus naturelle que précisément Victor Hugo n’a jamais rimé plus richement que dans l’Ane ; on dirait qu’il y a mis une coquetterie particulière. La veine bouffonne y prévaut, il a même poussé jusqu’à la rime funambulesque, à en faire pâlir d envie Théodore de Banville. >

ANÉLECTROTONIQUB adj. Physiol. Se dit de la région des nerfs où se développe le fluide positif dans la théorie de VElectrotonus. V. ce mot.

ANÉLECTROTONUS s. m. (a-né-lek-tro-tonus — de a priv. et électrotonus). Physiol. Nom sous lequel on désignait autrefois l’état d’insensibilité’ aux effets d’un courant d’induction, dans lequel se trouva un nerf ou un muscle qui a été soumis pendant un certain temps à l’action d’un courant continu. On a reconnu que cet état est dû à une sorte de polarisation semblable k celle des accumulateurs soumis k l’action d’un courant de charge, et non à. une propriété particulière du nerf ou du muscle.

ANELLI (Louis), historien italien, né à Lodi le 7 janvier 1813. Il fit ses études dans sa ville natale, où il professa la philosophie et entra dans les ordres. Ses idées très avancées valurent à l’abbé Anelli d’être nommé, en 1848, membre du gouvernement provisoire de Milun. Lorsque la l.ombardie fut retombée sous le joug de l’Autriche, il se retira k Nice, où, pendant plusieurs années, il donna, pour vivre, des leçons particulières. Depuis que la Lombardie est redevenue italienne, il s’est fixé à Milan. En 1860, il applaudit avec chaleur au mouvement qui eut pour résultat d’amener l’indépendance de son pays ; mais, toujours fidèle à ses idées républicaines, il est resté un adversaire constant de la monarchie qui a fait l’unité de l’Italie, On lui doit une traduction remarquable des Harangues politiques de Démostliène et du Discours sur la couronne (1846, % vol.) -, l’Histoire d’Italie de 1815 à 1867 (6 vol. ;, ouvrage dédié à J. Ferrari, très instructif et écrit au point de vue républicain. Le dernier volume se termine par une étude sur le Mouvement intellectuel en Italie de 18U à 1867, dans laquelle il insiste avec force sur la décadence des lettres, qui manquent do virilité. On lui doit encore : une Histoire de l’Église, écrite avec une grande largeur de vues, ce qui la fit mettre à l’index ; la Morale pour les jeunes gens, traité dans lequel il insiste sur la nécessité de la foi religieuse et du sentiment du devoir, et Vérité et Amour, considérations philosophiques et morales (1883). L’abbé Anelli est un écrivain au style plein de vigueur.

  • ANÉMIE s. f. — Path. État morbide dans

lequel le liquide sanguin est insuffisant sous le rapport de la quantité ou de la qualité.

— Encycl. Quelques nouveaux détails importants touchant Vanèmie ont été acquis k la science depuis une dizaine d’années ; grâce surtout aux travaux du professeur Hayem, l’étude des anémies locales et professionnelles a fait de sérieux progrès.

Caractères de l’anémie. Le sang des anémiques peut être difficilement évalué en quantité absolue ; mais ce que l’on peut apprécier, c’est le nombre, la forme, le volume et la valeur qualitative de l’élément capital du sang, le globule rouge ; le mot anémie comprend aujourd’hui toutes ces considérations. Le nombre est susceptible de varier dans des limites étendues, sans sortir de l’état physiologique. On compte les globules au moyen des hématimètres (v. ce mot) de Hayera ou de Malassez. Chez les adultes très vigoureux, il peut s’élever k six millions dans un millimètre cube. Hayem établit aussi que chez les faibles, diathèsi- i ques, dyspeptiques, il peut descendre à qua- • tre millions, et pourvu que la qualité du globule suit bonne, il n’en résuite pas d’état morbide bien caractérisé. La diminution du nombre peut provenir de la dilution du sang, par exemple, dans les cas d’anémie aigua d’origine hémorragique (blessés, opérés), elle tient k ce que l’eau du sang se répare plus vite que les globules ; eu toute autre cir-