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marquable peut être simplement le plus ancien ancêtre dont on ait gardé le souvenir, l’ancêtre à qui Ton attribue l’origine de la tribu, peut-être un chef fameux pour sa force et son courage, peut-être un sorcier d’une grande réputation, peut-être l’inventeur de quelque chose nouvelle ; au lieu d’un membre de la tribu, c’est peut-être un étranger supérieur, qui apporte les arts et la science, peut-être un homme d’une race supérieure qui gagne son autorité par la conquête. C’est d’abord l’un ou l’autre de ces personnages : on le traite avec un profond respect durant sa vie ; on lui accorde un respect plus grand encore après sa mort ; enfin le culte qu’on rend à son esprit, devenant plus important que celui des esprits moins redoutés, se transforme en culte officiel. Il n’y a donc pas d’exception. En donnant aux mots culte des ancêtres le sens le plus étendu, celui qui comprend tout culte rendu aux morts, qu’ils soient de même sang ou non, nous concluons que le culte des ancêtres est la racine de toute religion. •

Cette théorie de révolution religieuse a été adoptée en France par M. Durand de Gros, qui la présente à sa manière dans un chapitre intéressant de son livre : Ontologie et Psychologie physiologique. Il rappelle que la constitution de l’antique cité grecque et latine était, comme l’a montré M. Fustel de Coulanges, une expression politique de la religion des morts, et que, dans cette société, les ancêtres, révérés comme des puissances souveraines, étaient à tout instant consultés sur les affaires politiques par le moyen des augures et des voyants, et formaient en quelque sorte le sénat invisible et suprême de la République. Mais la religion des morts n’existait pas seulement chez les Latins et les Grecs primitifs ; elle est un fait commun à l’histoire de tous leurs frères de la famille aryaque, Celtes, Germains, Slaves, Hindous et Persans ; et le même fait se retrouve également dans celle des Sémites et des Égyptiens, dans celle des Chinois et de tous les peuples civilisés de l’extrême Orient. Et enfin, ce même fait est actuel et vivant dans les croyances et les pratiques religieuses qu’on peut observer encore à cette heure chez les peuplades sauvages ou à demi-sauvages répandues dans les deux hémisphères.

Ainsi, croire que les morts Burvivent sous une forme invisible et peuvent exercer une action puissante sur nos destinées, telle est, (selon M. Durand, la foi religieuse première, la vraie religion naturelle, c’est-à-dire celle qui se produit avec spontanéité et qui est commune à l’homme primitif de toutes les races, de tous les lieux et de tous les temps. Mais comment l’esprit humain a-t-il pu passer de la nécrolâtne, du culte des ancêtres, & la physiolâtrie ou adoration des forces de la nature ? M. Durand l’explique de la manière suivante :

La croyance à la vie des morts et à leur intervention souveraine dans les affaires des vivants étant générale et fortement enracinée chez l’homme primitif, celui-ci se laisse aller à la pente de rapporter à cette action occulte les divers effets naturels. Ce sont les dieux, c’est-à-dire les morts qui, pour lui, deviennent les auteurs de tout ce qui se voit. L’idée de dieu prend de la sorte une extension dans le sens de cause occulte, de cause mystérieuse et toute-puissante. Lorsque le sens critique commençant à poindre, les plus réfléchis eurent reconnu dans les agents de la nature la véritable et unique source prochaîne de tant d’effets attribués par le vulgaire à l’action des ■ dieux •, ils ne trouvèrent que ce même nom de dieu pour exprimer la notion nouvelle, cette notion des agents naturels en général qui venait pour la première fois d’éclore dans l’esprit humain. Cette physique vagissante adopta donc le mot dieu comme dénomination générique des forces cosmiques, en le prenant dans son sens dé tourné, le sens de cause : les poètes mythologiques ne l’ont entendu jamais autrement. Mais bien différemment eu fut-il de la masse : pour ces intelligences d’enfants, le même terme resta indissolublement lié à l’idée traditionnelle de fantôme, à l’idée de ces êtres humains que l’imagination se figurait rendus invisibles par la mort, mais en même temps plus puissants et présidant en arbitres à nos destinées. De la naquit la plus énorme, la plus gigantesque des équivoques. Les systèmes de cosmologie conçus par nos premiers savants se transformèrent dans l’imagination populaire en un véritable aréopage ultramondain dirigeant d’en haut les affaires de la terre et de l’univers. Le soleil et la lune, l’eau, le feu, le vent, le jour et la nuit, se revêtaient de la nature et de la personnalité humaine, et la foule nécrolâtre, déçue par l’illusion la plus prodigieuse, apportait à ces nouveaux dieux ses supplications et ses dons, le soma, le beurre, l’huile, le miel et les parfums, qu’elle versait jadis sur la même table de pierre en vue de délecter les sens des défuDts.

Ancêtre (l*), roman de M. Victor Fournel (1S81). Supposer un Epiménide qui, endormi sous un certain régime social, se réveille sous un autre, au bout d’un laps de temps plus ou moins long, n’est pas une manière absolument neuve d’écrire une satire de l’époque bu l’on vit) tM petit toutefois en tirer d amti ANGE

sants effets : cela dépend de l’esprit et de la verve de l’écrivain. M. Victor Fournel, qui n’est qu’un lettré délicat et qui manque de l’ironie mordante du pamphlétaire, n’en n fait sortir qu’une raillerie assez bénigne, et qui n’est cruelle que lorsqu’elle est injuste.

Le marquis Jean-René de Givray, qui vivait sous Louis XIII et Louis XIV, s’est fait embaumer à vif, en 1669, par le docteur Petit, inventeur de ce procédé nouveau. Enfermé dans une boite ad hoc, qui est restée depuis lors parmi les vieux meubles de famille, et que ses héritiers ne devaient ouvrir que deux cent dix ans plus tard, il s’est admirablement conservé. Le jour de sa résurrection arrivé, toute la famille de Givray, solennellement réunie, ouvre la boite où elle croit trouver un magot considérable : elle y trouve le cadavre du marquis, un magot, en effet, mais dans un autre 6ens, accompagné d’une pancarte où le docteur-embaumeur a prescrit les moyens à mettre en œuvre pour le rappeler a la vie. Tout réussit très bien, mais les Givray modernes ont le premier tort de laisser sortir leur ancêtre (qui, au reste, n’ayant que cinquante-quatre ans, est de trois ans plus jeune que son arrière-petit-fils) sous l’accoutrement qu’il portait dans sa tombe. Les passants crient au mardi-gras ; l’ancêtre lève sa canne, et il est emmené au violon pour tapage sur la voie publique. Cette première connaissance faite avec les mœurs nouvelles, qui ne permettent pas à un gentilhomme de rosser les faquins, est plaisante ; mais l’auteur ne l’obtient que par une sorte d’étourderie invraisemblable. On voit Comment vase dérouler tout le reste de la thèse. Qu’on le mène au bois, où l’ancien meilleur élève de l’académie de Menou, qui monte en pincettes, fera triste figure ; à 1 Opéra, où ses oreilles, habituées à Lulli, seront écorchées par Mey erbeer ; à la Bourse, dont il sera impuissant à saisir le mécanisme ; à la Chambre des députés, qui lui semblera une pétaudière ; a 1 Académie même, où.il ne comprendra pas un mot de ce qui se dit, partout ce revenant de l’ancien régime donnera les signes de l’ahurissement le plus complet. Une comprendra ni les chemins de fer, ni le télégraphe, ni le téléphone, ni la photographie ; est-ce à dire que tout cela soit si ridicule ?

Un critique comme M. V. Fournel ne pouvait négliger la partie littéraire. La littérature actuelle stupéfait l’ancêtre des Givray au moins autant que la Bourse, la Chambre et le téléphone. On lui fait lire le Ventre de Parti, de Zola, et ce mauvais plaisant, imbu de l’Astrée et de la délie, y trouve à redire : nul ne s’en étonnera, mais il réprouverait tout aussi bien les crudités d’Aristophane et de Pétrone, qui ne sont pourtant pas des modernes. Arrivé à la fameuse symphonie des fromages, morceau capital de la partition, il éprouve un sérieux commencement d’asphyxie. Puis vient le tour des poètes, V. Hugo, Baudelaire, Leconte de l’Isle, qu’il trouve parfaitement iroquois ; c’est son affaire. Si M. Victor Fournel, dans ce chapitre, avait tout bonnement cité quelques pièces de ces poètes et, en les faisant comparer par son revenant à des vers du xviie siècle, en avait montré le ridicule ou la pauvreté, ce serait de botine guerre ; malheureusement, pour être plus sûr de son effet, il a imaginé des parodies burlesques ; ce n’est plus de jeu. On peut lui répondre : V. Hugo, Leconte de l’Isle et Baudelaire ne sont donc pas si mauvais, puisque, pour les rendre grotesques, vous éprouvez le besoin de les défigurer ? S’ils l’étaient, vous vous contenteriez de citer leurs vers, tout simplement. Même observation pour tout ce qui regarde la politique ; c’est un dénigrement de parti pris contre les institutions républicaines, non parce qu’elles sont mauvaises, mais parce qu’elles sont républicaines. Les hommes ne sont pas plus ménagés que les choses. Ainsi Gambetta, présidant la Chambre, n’est pour l’ancien ami de Colbert que le fils d’un épicier, « un gros homme ventru et barbu, à tenue débraillée, malgré son habit noir et sa cravate blanche ». Quoil rien de plusî Ce Givray décidément manquait de flair et n’était qu’un bien médiocre observateur ; alors, que nous importent ses observations ? Ayant tout vu, et n’ayant rien compris, il finit par se réembaumer lui-même, à l’aide d’un restant de fiole qu’il tient du vieux docteur Petit ; il rentre dans son cercueil pour en sortir, cette fois, au bout de trente ans seulement, supposant qu’au train dont nous allons, trente ans sont un laps de temps suffisant pour que tout ait été de nouveau révolutionné. « Il a vu Thiers Ier ? dit en terminant l’auteur, peut-être verra-t-il Coupeau III. ■ Rien d impossible, en effet, & un homme qui a vu, en 1879, régner Thiers, mort depuis deux ans.

Ancêtres (lbs), roman allemand de M. Gustave Freytag (1872-1881, 7 vol. in-8o). Dans cette vaste composition, divisée en autant d’œuvres distinctes que de volumes, l’auteur a voulu retracer l’histoire a la fois imaginaire et historique d’une famille allemande à travers les âges. Eugène Sue avait déjà essayé cela chez nous, dans ses Mystères du peuple, où il fait l’histoire d’une famille de prolétaires français depuis l’époque gallo-romaine ; le romancier allemand s’est aussi beaucoup inspiré des procédés de Wulter

uiicuA suivie iu iraoe ne leurs pre< lions jusque dans un genre réputé Tout l’ouvrage est si rempli d inten d’abstractions qu’il ne reste rien po

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Scott. L’action du premier épisode, Ingo, se passe au ive siècle de notre ère ; le héros est un chef Vandale qui se signale par ses exploits contre les légions romaines, et tout le livre a pour but de faire ressortir l’antipathie de race qui dès le premier contact s’était révélée entre l’élément latin et l’élément germain. Le second récit, Ingraban, placé au temps de Grégoire II et de Charles Martel, nous montre le christianisme prenant possession de la Germanie. Dans le troisième, te Nid de roitelets, on assiste aux développements de la féodalité, et aux commencements de la lutte entre la papauté et l’empire. Les Ckeoaliers de l’ordre Teutonique sont un tableau de l’Allemagne au temps des croisades ; tout en cédant à l’entraînement général du monde chrétien, l’Allemagne résiste a subir la prépondérance du pape, et l’ordre Teutonique, rival alors des Templiers, jettera les fondements de la grande puissance protestante, la Prusse. Le personnage principal, Ivo, sorte d’Ivanhoé allemand, descend naturellement du vandale Ingo, car c’est de

cette famille princière que l’auteur suit les vicissitudes, et il est présenté comme l’idéal des chevaliers. Dépouillé de son héritage lorqu’il revient des croisades, il émigré et se transporte sur les bords de la Vistule, où trois siècles plus tard ses héritiers sont encore établis sous le nom de Kœnig, qui leur rappelle leur illustre origine. C’est d’eux qu’il est question dans le cinquième et dans le sixième épisode, Afareus Kœnig et Les Frères ; le premier nous montre l’ordre teutonique conquérant la Prusse sur les Polonais, le second nous transporte des bords de la Vistule aux bords du Rhin, un peu avant le traité de Westphalie. Le dernier récit enfin, Autour d’une petite ville, nous présente un tableau de l’Allemagne de 1805 à 1848, et passe pour être en partie une autobiographie du romancier.

« Le fond même et l’inspiration de l’œuvre de M. Freytag, a dit un critique, M. J. Bourdeau, c’est l’idée de patrie, en dehors et au-dessus de l’esprit de parti. Ce point de vue exclusivement national explique à. la fois le succès des Ancêtres en Allemagne et le peu d’intérêt qu’y trouve l’étranger. Si nous le3 lisons avec curiosité, c’est moins pour le mérite intrinsèque du livre qu’afin de mieux connaître le tour d’esprit des Allemands, de mieux suivre la trace de leurs préoccupafrivole.tentions et

qu’il ne reste rien pour l’art

désintéressé. Non seulement M. Freytag s’est peu préoccupé de ranimer les ancêtres dans la vérité et la rudesse des mœurs et des coutumes, mais il ne s’est pas même soucié de prendre des êtres vivants pour modèles, des êtres ondoyants et divers, agités par le conflit des désirs et des appétits qui se combinent, se contrarient à l’infini et varient d’un homme à l’autre autant que diffèrent les traits du visage. Ses personnages sont une incarnation de thèses préconç leset de passions abstraites ; des figures symboliques agissant toujours d’après certaines règles invariables, accessibles a certains mobiles historiques et dont la forme est toujours la même ; des mannequins qui ne se distinguent les uns des autres que par le costume, raidis dans la même attitude, mus par l’unique ressort du patriotisme, figés dans l’expression du caractère allemand idéal : sincérité, droiture, chasteté, courage, abnégation ; des êtres doués de toute perfection et qui n’ont qu’un défaut, celui de ne pas vivre, et de trop prouver la bonté, la justice et la noblesse de la cause nationale que soutient l’auteur. On se ferait toutefois une idée imparfaite du mérite de M. Freytag si on ne tenait compte que de l’intrigue romanesque, à la fois un peu fade, invraisemblable et compliquée. Ce qui relève la faiblesse de l’invention, ce sont les petits épisodes entrelacés en arabesques autour de l’action principale, les menus détails de mœurs ingénieusement tracés, et qui rappellent de loin la naïveté séduisante et apprêtée d’Erckmann- Chatrian. >

ANCBIC s. m. (an-chik). Bot. Syn. d’ARA CHIDE.

ANCHIÉTINE s. f. (an-ki-é-ti-ne — rad. anchiétèe). Chim. Principe purgatif extrait de l’écorce de la racine d’anehiétèe.

— Encycl. Pour la préparer, on réduit en bouillie l’écorce fraîche de i’anchieta salutaris ; on laisse fermentera l’air ; on épuise par l’acide chlorhydrique et on précipite par l’ammoniaque. L’anchiétine cristallise en aiguilles jaunes, inodores, d’un goût désagréable, insolubles dans l’eau et 1 éther, solubles dans l’alcool ; la solution alcoolique est alcafine et donne quelques sels cristallisés (selon Peckolt, chimiste allemand).

ANCHIPODUS s. m. (an-ki-po-duss — gr. agckipous, podos.• de agchi, près, et pous, podos, pied). Paléont. Genre de mammifères fossiles des terrains tertiaires de l’Amérique du Nord.

— Encycl. Le nom à’anchipodus a été donné en 1868 par M. Leidy à un animal fossile dont il ne possédait qu’une molaire inférieure provenant des terrains tertiaires du New-Jersey et semblant appartenir à un ongulé. Une mâchoire inférieure entière, trouvée dan» un terraiu éocène et décrite

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quelque temps après, par le même auteur, sous le nom de trogosus castoridens, fut bientôt reconnue par lui comme se rapportant au genre Anchipodus. En 1875, M. Marsh a décrit d’autres formes analogues et proposé le nom générique de< tillothérium >. Il fait du tillothérium le type d’un ordre nouveau, les « Tillodontides ■. M. Cape ne considère les tillodontides que comme un sous-ordre des Insectivores.

La place de l’anchipodus dans la classifl- ’ cation est, en effet, asse* difficile à déterminer, car il présente des caractères appartenant à plusieurs groupes distincts d’animaux vivants. Les incisives recouvertes d’émail croissaient pendant toute la vie comme chea les rongeurs ; la structure du crâne, l’articulation de la mâchoire inférieure, la forme bilobée des molaires rappelle les ongulés ; l’ensemble du squelette a de l’analogie aveu celui des carnassiers plantigrades et en particulier avec celui de l’ours, dont quelques espèces d’anchipodus atteignaient et dépassaient même la taille.

ANCHIPPOS s. m. (an-kip-puss — du gr. agchi, proche de ; hippos, cheval). Paléont. Genre de mammifères ongulés fossiles des. terrains pliocène et plétstocène de l’Amérique du Nord. Les anchippus, ongulés tridactyles à doigts médians très prédominants, ont. succédé aux anchithériums et sont très voisins des chevaux actuels.

ANCH1THÉR1UM s. m. (ati-ki-tê-ri-omm

— du gr. agchi, proche ; tkêrion, animal), Paléont. Genre de mammifères fossiles de la. famille des Equidés.

— Encycl. Ces mammifères sont caractérisés par leur pied tridactyle composé d’un grand doigt médian, d’orteils latéraux assez forts et d un rudiment du cinquième métatarsien au membre antérieur. Leur formula dentaire se rapproche beaucoup de celle des

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paléothériuras : i. — c. -, m. -(prém.-m.- I.

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La première prémolaire est très petite ; les molaires sont dépourvues de cément et intermédiaires, d’après Hœrnea, par la forme de la surface d’usure entre celles des hipparions et des paléothériuins, surtout de celles de ces derniers. On connaît diverses espèces d’anchithériums fossiles dans les terrains tertiaires : A. Aurelianense Cuv, miocène moyen-, A. Dumasii Gerv., êocène.

•ANCHYLOSTOME. — V. ANKYLOSTOME.

ÀNCHYLOSTOM1ASE. V. ànkïlostomiasb.

Ancien régime (r.’), par H. Taine. V. régime.

Ancien régime (la CHUTE DB L’), par Aima Chérest. V. régime.

Anciens (vis privée des), par René Ménard (18S1-1S86, 4 vol. in-8o). Cet ouvrage est un des pins remarquables qui aient été écrits sur l’antiquité. On avait déjà la Cité antique, de M. Fustel de Coulanges, vaste et judicieux travail dont nous avons rendu compte ; mais M. Fustel de Coulanges, outre qu’il ne s’occupe que de la Grèce et de Rome, s’est surtout attaché à exposer les institutions religieuses et politiques. Le plan de M. René Ménard est plus vaste ; il embrasse l’Égypte, l’Asie, la Grèce, l’Italie, et, sans se borner aux institutions, qui sont comme la vie générale des peuples, il nous fait pénétrer dans la vie intime des individus. Le premier volume a pour objet les Peuples ; le second, la Famille ; le troisième, le Traouit ; le quatrième, les Institutions. Pour le premier comme pour le dernier, l’auteur ne pouvait prétendre à des vues neuves, le sujet ayant été déjà maintes fois traité ; il a cependant réussi a donner un ensemble bien complet et bien attrayant qu’éclaircissent, comme pour les deux autres volumes, de beaux dessins d’après les monuments antiques, de M. Claude Sauvageot. Le second volume : la Famille dans l’antiquité, est le plus précieux par le nombre de renseignements pour ainsi dire inédits qu’il nous offre sur ce sujet intéressant ; jamais on n’avait pénétré si profondément dans la vie intime de ces anciens que les histoires ne nous montrent qu’au forum ou à l’agora, sur le champ de bataille ou dans les temples. Il a trois grandes divisions : la Constitution de la famille, ou l’auteur passe en revue la famille égyptienne et juive, la famille perse, lydienne, babylonienne, nous initiant a. leurs pratiques, il leurs jeux, à leurs dévotions, à leurs repas ; puis il pusse en Grèce et nous fuit voir combien peu le gynécée différait du harem, nous promène chez les hétaïres où le mari allait tranquillement se divertir pendant que la femme légitime était sous clef, nous fait assister aux soupers plantureux, assaisonnés d’entretiens philosophiques ; après la Grèce vient le tour de Rome. La deuxième partie est consacrée au Vêtement, que l’auteur suit de même chez tous les peuples, qu’il décrit surtout d’après les vases antiaues, et il nous en donne la raison : à Si l’on réunissait, dit-il, dans une vaste galerie toutes les statues qu’on a sculptées dans le siècle précédent, d’après des contemporains, nous y trouverions des hommes d’État, des savants, des jurisconsultes ; mais nous n’aurions aucun renseignement sur les costumes qui se portaient à la campagne et surtout dans les provinces éloignées des grands centres. Si vous voulel