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damentaux de la bibliothèque de tout étudiant. Citons encore, dans le mémo ordre d’idées, les Éléments de Zoologie du professeur français Sicard, moins volumineux et surtout moins indigestes pour les débutants.

II nous reste encore à parler des poissons

t pour épuiser la série des vertébrés. L’organisation si complète et si singulière de ces

! formes animales, merveilleusement appropriées

au milieu dans lequel ils vivent, a attiré l’attention d’un grand nombre de savants. En 1872 ont paru les recherches d’a ’ natomie comparée sur les craniotes par Gegenbaur, et le même savant publiait en 1879, de concert avec Davidoff, un autre mémoire sur l’anatomie comparée de la structure des membres. Dans ces deux études, les poissons tiennent une large place, car les modifications des os du crâne et des membres atteignent chez eux le plus haut degré de divergence avec ceux des autres vertébrés. Le système nerveux a été étudié par Stieda, Michlucho-Maclay, Baudelot, Fritsch, Rohon ; 2es organes des sens, par Leydig, Dssow, Basse, Retzius, Max Schultze, du Bois Reymond, Jobert, etc. Il convient de citer les travaux d’Hertwig sur les dents des sélaciens, 1874 ; de Legouis sur l’appareil digestif, 1873, et de Krukenberg, 1879 ; de Brock sur les organes génitaux, 1879, et de His sur le même sujet, 1873 ; de Mac-I.eod, 1879 ; de Ealfour, 1882 ; de Rohon, 1876, sur l’amphioxus ; de Fùhrbinger sur les cyclostomes, 1875, et de Schneider sur la structure du orâne, 1879. Le système nerveux des cyclostomes a été l’objet des travaux de Freund, 1878 ; de Gehirn, 1880. Le développement et les métamorphoses de ces singuliers poissons ont donné lieu à de nombreux mémoires de Calberla, 1877 ; de Scott, 1881 ; de Nuet, 1.881 ; etc. Le système nerveux des dipnoîques ti été étudié en 1881 par le docteur Beauregard.

Donner une liste de toutes les publications, même saillantes, parues en ces vingt dernières années sur l’anatomie des vertébrés est chose impossible. C’est dans les traités généraux de Claus, de Gegenbaur, dans 'Anatomie et physiologie comparées des Vertèbres, d’Owen, 1866-1868, leAfamtel d’anatomie comparée d’Oscar Schmidt, 1872, que l’on trouvera résumé l’état actuel de la science aux différentes époques où chacun d’eux, a paru.

Mais on peut dire, d’une manière générale, que c’est sur les animaux invertébrés que s’est exercée l’attention des naturalistes, et les connaissances anatomiques que nous possédons sur ces êtres ont fait en peu d’années les plus grands progrès. Les remarquables travaux de M. Lacaze-Duthiers sur les mollusques suffisent à la gloire de l’école française ; d’autres savants ont suivi le maître dans cette voie : M. Sahatier, de Montpellier, faisait paraître, en 1877, une remarquable étude sur l’anatomie de la moule commune, et, en 1882, M. Marion, de Marseille, publiait le résultat de ses recherches sur les prosobranches. Citons encore, parmi les savaDts français, MM. Sicard et Moquin-Tandon, qui produisaient l’un, en 1874, une étude sur les hétéropodes, l’autre, en 1870, un mémoire sur les opistobrauches. À l’école française appartiennent encore les travaux de M. Raphaël Blanchard sur les céphalopodes, et de Joyeux-LatFuie sur les oncidies, 1882. A l’étranger, surtout en Allemagne, l’anatomie des mollusques a été étudiée avec le plus

frand soin. Les hétéropodes ont été l’objet es travaux de Fol, 1876 ; Claus, Rancke, Gegenbaur, Edinger, 1877. Les pnlmonés ont attiré l’attention de Semper, 1868 ; de Ray Lankaster, 1874 ; de Rabl, de Fol, 1880. A l’unatomie des opistobranches se rapportent les mémoires de Langerhaus, 1873 ; Ray Lankaster, 1873 ; Meyer et Mœbius, 1872 ; et, à celle des gastéropodes, ceux de Von Jhering et de Sprengel sur le système nerveux, 1875 et 1877 ; de Hensen, 1866 ; Sinnoth, 1876 ; Semper, 1877 ; Leydig, 1871 ; Ranke, 1875 ; Claus, 1875 ; Jhering, Sinnoth, 1876 ; Fleraming, 1869 ; etc. L’organisation des prosobranches est connue, grâce aux recherches de Salenski, 1872, et de Selenka, 1871, qui ont étudié leur développement, ainsi que Kowalesky, en 1879. En 1882 a paru le mémoire de Haller sur l’organisation des oscabrions ; citons encore les travaux d’Hubrecht, 1831-1882. Par la perfection de leur structure, les céphalopodes devaient attirer l’attention ; aussi ont-ils été étudiés de très près, tant au point de vue philogénique par Brock, 1881-1882, qu’à celui des métamorphoses et du développement par Von Jhering et par Ussow, 1882. Les chromatophores, grâce auxquels ces animaux changent rapidement de couleur et peuvent présenter en quelques instants les nuances les plus variées, ont été l’objet des travaux de R. Blanchard, de Wagner, de Brucke, de Muller, de Klemensievk-z, 1873-1884. L’anatomie du système nerveux a été faite par Owsjannlko’W et Kovpalesky, Von Jhering, Stieda, 1874, Dietl ; 1878 ; celle des organes de la vue, par Sehœhl, 1878, Frédéricq, 1878, Girod, 1882. Owen, 1875, Brock, 1879, ont publié des mémoires sur l’aopareil digestif des céphalopodes.

De nombreux anatomistes ont étudié l’organisation des vers ; il suffira de citer les travaux publiés sur les cestodes pour montrer que l’étude de ces animaux singuliers a trouvé ses adeptes dans toute l’Europe. Mé xvu.

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gnin, Blanchard et Baillet pour la France ; Délia Chiaje pour l’Italie ; Sommer et Landoîs, Lang, Mosler pour l’Allemagne ; Metschikow pour la Russie, ont attaché leur nom à l’histoire de ces êtres. Les trématodes ou douves n’ont pas été négligés ; les travaux de Poirier, 1886, Sommer, 1880, Leuckart, 1882, Lang, 1880, Zeller, 1872, Blumberg, 1871, sont là pour le prouver. En 1868 ont paru les mémoires de Referstein sur les turbellariés ; en 1870, ceux d’Ulianin ; en 1873, ceux de Schneider, suivis par les études de Lang, 1879, Selenka, 1881, L’anatomie des némertiens a été faite par Hubrecht, Duek, 1874-1879 ; Moseley, 1875 ; Barrois, 1875, etc. ; celle des nématodes par Claus, 1868 ; Grenadier, 1876 ; Bùtschli, 1875 ; Villot, 1869-1874. A citer le mémoire de Fedschenko sur l’anatomie et le développement de la filaire de Médine, et ceux de Marion, 1870-1872, sur les formes marines. Pour les acanthocéphales, il faudra consulter les divers travaux de Baltzer, R. Leuckart, etc. Les rotateurs ont été étudiés par Moebius, 1875 (mémoire sur le brachionus plicatilis) ; Semper, 1869 ; Claparède, 1867 ; Claus, 1876 (organisation des échinodères) ; les géphyriens, par Brandt (étude du siponcle, 1870) ; Greef (organes des éehiurides, 1874) ; Théel, 1875 ; Selenka, 1875 ; Schneider, etc. Les grands travaux de Hatscheck sur le développement des annélides, 1878, sont plutôt du domaine de l’embryologie. Il faut surtout citer, dans cette classe de vers, les études de L. Vaillant, professeur au Muséum, sur l’anatomie de Pontobdelles, 1870 ; de Robin sur le développement des sangsues, 1875 ; et les travaux de Hoffmann, 1877 ; de Brandt, Leydig, etc. Les chétopodes ont été étudiés par Claparède, 1873 ; Greef, etc. ; à citer les mémoires d’Ehiers, 1869, sur les organes des sens. Les lombrics ont, dans ces dernières années particulièrement, exercé la patience et la sagacité de savants anatomistes, parmi lesquels Kleissenberg, E, Perrier, professeur au Muséum, Hatscheck, Mosisovics, etc. De nombreux travaux sur les annélides polychètes sont dus à Claparède, Grube, Marion, Ehlers, Greef. Citons encore les recherches de Perrier sur le dero oblusa, 1872 ; de Vejdovcky, 1878 ; Tauber, 1873. Pour les travaux sur les animaux articulés, v. entomologie.

L’anatomie des échinodermes a été très étudiée dans ces derniers temps, et l’importance qu’ont prise les laboratoires des stations maritimes scientifiques, établis en divers points de l’Europe, n’a pas peu contribué à développer l’étude des animaux marins. En 1870-1871, feu Baudelot étudiait le système nerveux de ces invertébrés ; à la même époque, Loven donnait les résultats de ses recherches sur la structure des échinides, 1872, étudiée aussi par Hoffmann, qui publiait en outre, en 1875, son mémoire sur les astéries ; se rapportent également aux oursins les travaux de Greef, 1871-1876 ; d’Hertwig, 1875 ; de Ludwig, 1876-1882 ; de Carpenter, 1879-1880 ; de Perrier, 1875 ; de Fol, 1879. Le type si singulier des comatules a été l’objet de nombreuses recherches depuis les travaux de Wywïlte Thompson, 1865 ; Gœtte 1876, Carpenter, Perrier ont attaché leurs noms à ces travaux. A citer encore les mémoires de Schneider, Ayres, Costa, Forbes, Grube, Verill, Agassiz, etc.

Depuis l’œuvre magistrale, restée classique, de M. Lacaze-Duthiers sur le corail, l’anatomie des divers types de coelentérés a été étudiée avec le plus grand soin ; et, pour parler des anthozoaires, il convient de citer : l’anatomie des pennatulides de Kolliker, 1812 ; les travaux de Semper, 1872 ; Moseley, 1876 ; Von Heider, 1877 et 1879, sur les actinies, et ceux de Hertwig, 1879, sur leur système nerveux ; d’autres mémoires de Schneider et Rœtteken ont paru en 1871.

Les éponges ont donné lieu aux recherches de Schultze, qui a étudié leur structure, 1877-1880 ; de Selenka, de Barrois, 1876, sur leur développement ; de Keller, 1879, et de Hoackel, 1877. C’est à ce dernier savant que la science doit le plus pour la connaissance de la structure de3 éponges ; dans une série de travaux remarquables se succédant depuis un quart de siècle, le grand naturaliste a exposé le résultat de ses recherches sur les spongiaires. Les méduses hydroïdes ont été étudiées au point de vue anatoniique par Moseley qui, de 1876 à 1878, a fait paraître des mémoires sur les stylastérides ; par Claus, dont le travail sur les tétraptéronsest de1878 ; par Kleinenberg, 1872 (structure et développement des craspédotes) ; par E. Schultze, 1871 (étude sur la cordylophona tacustris), et 1873 (sur la structure des syneorines). Van Beneden, en 1874, exposait le résultat de ses recherches sur les organes génitaux et leur différenciation. Citons encore les travaux de Metschnikoff, 1874 ; Alroann, 1874 (structure des stephauoscyphus) ; Hettwig, 1878 (système nerveux et organes des sens des méduses) ; Eimer, 1879 (recherches sur le système nerveux) ; Ciamician, 1879 (sur la structure des tubularia).

Le groupe des siphonophores a été l’objet des travaux de Claus, 1878 (structure des physophorides) ; un mémoire antérieur (1874) du même auteur se rapportait aux diplophysa. A citer les recherches de Mùller, 1871 ; Metschnikoff, 1874 ; Studer, 1879. Sur les méduses acalèphes, on consultera avec fruit Brandt, 1870 (recherches sur les rbizostoraes) rçimer,

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1874-1877 ; Claus, 1877-1878 ; O. et R. Heitwig, 1879, — Tasohenberg, 1877 ; Kerotneff, 1876, et les importants mémoires de Claus, 1878 (recherches sur la charybdcea marsupialis) ; de Grenacher etNoll (anatomie systématique des rhizostomes, 1876). La structure des cténophores a été étudiée par Hertwig, 1880 ; leur système musculaire et nerveux par Cari Chun, 1878.

Anatomie artistique (L*), par MatMaS Duvai (Paris, 1 vol. in-16, 1883). Cet ouvrage est le résumé du cours professé à l’École des beaux-arts par l’auteur. Il est destiné aux artistes qui, ayant commencé leurs études spéciales, reproduisent les formes d’après l’antique ou d’après le modèle vivant ; qui, en un mot, i ont déjà ce qu’on pourrait appeler la notion empirique des formes, des attitudes, des mouvements », mais ne possèdent pas encore < la notion scientifique de ces mouvements, de ces formes, de ces attitudes ■.

L’artiste ne doit pas seulement connaître exactement les parties constituantes du corps ; ce qu’il lui importe particulièrement de savoir, c’est le fonctionnement de ces parties dans sa plus complète variété. Il est donc indispensable qu’il étudie h la fois l’anatomie et la physiologie. Qu’il ne vienne pas alléguer l’ignorance des Grecs en ces matières, ignorance qui ne les a point empêchés de produire des chefs-d’œuvre auxquels le critique le plus sévère ne saurait rien reprocher : les Phidiaâ et les Agasius avaient sous les yeux le corps humain constamment nu, vivant, en activité ; ils pouvaient ainsi analyser les formes et acquérir sur le mécanisme de leurs changements des notions empiriques très précises. Mais la situation n’est plus la même aujourd’hui, et personne ne nie la nécessité de chercher dans la science anatomique les notions que les anciens trouvaient dans le spectacle continuel de la plastique du gymnase.

Ce livre est divisé en deux parties. Dans la première, l’auteur étudie le squelette, les proportions, les mouvements ; dans la seconde, il s’occupe des muscles, et, par suite, de l’expression des eiuotious et des passions.

AN A Y CAL s. m. (mot du langage des habitants de Pondichéry, signifiant proprement pied d’élèpkant). Méd, Nom que les habitants de Pondichéry donnent à une sorte d’éléphantiasis affectant le pied et appelée aussi PÉRtCAL. V. ce mot.

  • AiNAZEll ou ANÉZEH, grande tribu pastorale

de la partie centrale et septentrionale de l’Arabie. Les Anazeh comptent environ 30.000 tentes et 120.000 âmes, u On dit aussi

ANAZBS. ANCEL (Daniel-Édouard-Jutes), armateur et homme politique français, né au Havre le 16 octobre 1813. — Au Sénat, il vota la dissolution de la Chambre en 1877, et se montra constamment hostile aux projets de lois adoptés par la majorité républicaine. Lors des élections sénatoriales du 8 janvier 1882, M. Aneel fut réélu le second dans la Seine-Inférieure par 493 voix, et il reprit sa place dans les rangs de la minorité monarchique, avec laquelle il a constamment voté.

ANCELLE, commune de France (Hautes-Alpes), arrond. et à 15 kilom. de Gap, cant, et à 14 kilom. S.»E. de Saint-Bonnet, sur la rive droite de la rivière du même nom, qui se jette dans le Drac ; 1.193 hab. Truffes ; fossiles et gisements de métaux dans les montagnes environnantes.

  • ANCÊTRES s. m. pi. — Encycl. Rel.

Culte des ancêtres. M. Herbert Spencer voit dans le culte des ancêtres le point de départ de l’évolution religieuse. Cette conception de l’origine des religions est nouvelle et originale ; elle est contraire aux opinions jusqu’ici reçues ; elle est regardée, par nombre de critiques, comme aussi bizarre que curieuse. Nous allons l’exposer brièvement.

Selon M. Spencer, le culte des morts procède de. la croyance aux esprits des parents défunts, dont la superstition attend des influences bienfaisantes ou nuisibles. Les offrandes sur les tombeaux, les prières, les jeûnes, les pratiques propitiatoires de toute sorte, sont une conséquence de cette croyance, tout comme, d’autre part, les enchantements et la magie, quand il faut entrer en lutte avec uu esprit irréconciliable. Les lieux sacrés, les autels, les temples, servent à régulariser ce culte des ancêtres. Le fétichisme est une suite de ce spiritisme exclusivement provenu lui-même de l’hypothèse de la dualité humaine, laquelle doit Bon origine aux phénomènes physiques de Xombrt et de limage réfléchie d’une part, et, d’autre part, aux phénomènes psychologiques du rêve et de l’hallucination. M. Spencer pense que le culte des fétiches et des idoles a été engendré par les associations mentales qui s’établissent entre les idées des personnes et celles de leurs effigies, ou des objets quelconques en rapport avec elles ou leur ayant appartenu. Un esprit ne peut-il pas aussi bien entrer dans le nouveau corps qui lui plaît ? C’est un doute qui se présente dans cette direction de l’imagination. Une effigie surtout peut bien, ainsi qu’une momie, être à l’usage d’un esprit qui veut la prendre pour Siège. Ou peut, dès lors, consulter l’oracle d’une idole où il se tient caché. Plus tard, l’apparence et la réalité deviennent inséparables ; les

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sacrifices s’offrent a l’effigie elle-même, ainsi devenue l’idole d’un dieu. Mais on ne se borne pas là ; de l’effigie on passe à un objet ressemblant, quelque légère ou quelque éloignée que soit la ressemblance perçue, si seulement elle suffit pour qu’on suppose une âme aussi dans cet objet. Rien n’empêche d’adorer des pierres mêmes, qui ont été et qui pourront redevenir des hommes. Partout où il n’est pas impossible de loger un esprit on mettra un fétiche ; c’est une âme qui, dans le principe, est le double d’un mort, et qui n’est pas incapable de reprendre un jour son premier corps.

Ce n’est pas seulement au fétichisme et à l’idolâtrie que le culte des ancêtres a donné naissance, c’est encore au culte de la nature. Voici d’abord comment M. Spencer explique l’origine du culte des animaux. D’après l’antique supposition des métamorphoses, ou se représentait l’esprit ou double d’un mort comme susceptible d’entrer dans différents corps, dans des corps d’animaux par conséquent. Partant de là, on peut imaginer sans peine tels motifs qui auront porté les hommes à adorer les animaux. Mais ceci ne suffirait peut-être pas pour expliquer de3 religions aussi considérables, des systèmes aussi importants de divinisation animale que ceux de l’Égypte. Ici, l’hypothèse des métamorphoses ne paraît pas suffire. M. Spencer cherche un autre mode d’explication : il suppose que les hommes primitifs, n’ayant à leur disposition qu’un langage aux signes peu nombreux, imparfaits, très indéterminés, auront emprunté leurs noms propres à des noms communs d’animaux, à cause de certains rapports faciles à concevoir ; qu’eu suite de cet usage, ils en seront venus à croire telles ou telles familles humaines descendues d’un tigre, d’un loup, d’un chien, etc. En ce cas, le culte des ancêtres aurait conduit au culte des animaux, qui n’en serait qu’une forme déguisée. Toutes sortes de fables, comme- celle des hommes à demi-animaux, et la rêverie des métempsycoses, trouveraient également leur principe d’explication dans cette erreur des métaphores prises au sens propre.

Quant au culte des plantes, il se rattache à celui des esprits, en ce que les végétaux qui fournissent des agents enivrants ont dû passer pour contenir les doubles d’hommes capables des phénomènes suggestifs de l’ivresse. Cette explication du spiritisme s’appuie sur des exemples qui prouvent que les plantes sacrées ont été regardées comme renfermant des esprits, de3 agents divins ; d’où M. Spencer croit pouvoir conclure que l’idée de ces agents n’est originairement que celle de9 âmes des morts qui se seraient fixées dans ces plantes. Ici encore, d’ailleurs, il invoque l’explication tirée du langage. Des tribus, dit-il, qui étaient sorties des forêts, venues des arbres, ont changé, par suite de l’imperfection de leurs idiomes, la légende de leur origine en une autre qui leur donnait des arbres pour ancêtres.

M. Spencer est tellement satisfait de cette explication onomastique, qu’il l’étend du culte des animaux et de celui des plantes aux cultes du soleil, de la lune et des autres grands objets ou forces de la nature. D’après lui, l’origine de la personnification de tous ces objets ne doit pas être cherchée autré part que dans les personnes qui en ont anciennement reçu les noms. Les mythes sont simplement les aventures de ces personnes, qu’on a tant bien que mal ensuite mises d’accord avec les phénomènes. Par exemple, une demoiselle de l’humanité primitive ayant été nommée Aurore, parce qu’elle était née à la pointe du jour, on a cru plus tard, lorsqu’elle fut passée au rang des aïeux, qu’elle avait été l’aube elle-même, et on a ajouté la légende, qui avait son fondement réel dans la vie de cette personne, avec les circonstances du phénomène naturel. Même origine pour le culte des étoiles, pour celui de la lune et du soleil : ils ont été, eux aussi, personnifiés par identification avec des êtres humains traditionnels, avec des ancêtres. C’est définitivement dans le culte des ancêtres que rentre tout culte de la nature.

À cette genèse des divinités, il y a toutefois lieu d’en ajouter une autre, dans laquelle M- Spencer considère l’idéalisation directe de la personne humaine prise dans l’histoire. Quand des hommes portèrent des noms propres qui n’étaient pas des noms d’objets, et qu’ils prirent place ainsi comme hommes dans la tradition, ils purent devenir des dieux tout anthropomorphiques. Les causes de divinisation furent la puissance ou d’autres supériorités, la conquête, les services rendus, etc. Le panthéon grec est sorti de ce3 apothéoses, aussi bien que celui des Fidjiens ; et la conception hébraïque n’est pas non plus d’une autre catégorie. Elohim, Adonal, Shuddaï, quel que soit son nom, qui signifie toujours un homme puissant, celui qui traite avec Abraham, qui lui fait de grandes pi» messes, le soumet à la circoncision, celui-là est un grand chef, un monarque, un potentat de la terre.

La cause de l’anthropomorphisme est donc simplement que la conception de l’homme divin a eu partout pour antécédent la perception de l’homme puissant. < Le sauvage, dit M. Spencer, croit que tout ce qui dépasse l’ordinaire est surnaturel ou divin, l’homme remarquât !» comme le reste. Cet homme re 32