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alors président du conseil, déposait sur le bureau de la Chambre un projet de loi ainsi conçu :

Article unique. Amnistie est accordée à tous les condamnés pour crimes et délits se rattachant aux insurrections de 1870 et de 1811, ainsi qu’à tous les condamnés pour crimes et délits politiques ou pour crimes et délits de presse commis jusqu’à la date du 19 juin 1880.

Ce projet était précédé d’un exposé des motifs qui, après avoir constaté le mouvement considérable, né depuis quelques mois danî tous les esprits, en faveur de l’amnistie, déclarait que, le devoir d’un gouvernement sage n’étant pas de résister systématiquement aux manifestations de l’opinion, le cabinet croyait devoir proposer au Parlement un projet dont l’udoption ne présentait aucun danger pour la sécurité publique et constituait la clôture définitive de la question. L’urgence ayant été votée sur la demande de M. de Freycinet, la proposition fut renvoyée aux bureaux et, dans la séance du 21 juin, M. Jozon donnait lecture de son rapport, qui tendait à l’adoption pure et simple du projet ministériel. La discussion commença immédiatement par un discours de M. Casimir Périer, hostile au projet, M. de Freycinet répondit qu’il ne s’attendait pas, en février, à être contraint par l’opinion publique à présenter, quelques mois plus tard, un projet d’amnistie plénière. Il reconnut nettement que, comme tant d’autres, il était entraîné par le courant et que la bonne politique conseillait de ne point tenter de le remonter. L’événement de la séance fut l’intervention de Gambetta dans le débat» Abandonnant le fauteuil de la présidence, il alla prendre place au milieu de ses collègues, puis demanda la parole. Abordant ce qui lui semblait, ce qui était en réalité, l’argument décisif en faveur de l’amnistie totale, Gambetta disait : « Oui, il y a un intérêt supérieur qui s’impose ; oui, il

Î’ a une raison d’État qui ouvre et dessille es yeux les plus obstinément fermés 1 C’est que dans un pays de démocratie, dans un pays de suffrage universel, de disputes ardentes dans les comices électoraux, il y a un moment où, coûte que coûte, il faut jeter le voile sur les crimes, les défaillances, les lâchetés et les excès commis... » Et plus loin, s’adressant aux hésitants, il ajoutait ; ■ Est-ce que vous ne verriez pas que cette mesure, il fallait la prendre avant les élections, et que, du moment qu’il fallait la Îirendre avant les élections, il faut la prendre e plus tôt et le plus loin possible des élections ? »

Ce discours, fréquemment interrompu par les applaudissements de la majorité, se terminait par une péroraison qui souleva les acclamations de la Chambre. La cause était gagnée. Le projet du gouvernement était voté par 312 voix contre 136. L’intervention du grand orateur avait levé les derniers scrupules des timides et ceux qui, quelques mois plus tard, devaient entreprendre contre Gambetta une campagne où la haine le disputait à la mauvaise foi, allaient, grâce à lui, rentrer dans leur patrie 1

Le 22 juin, M. Cazot, ministre de la Justice, déposait le projet de loi au Sénat. La discussion s’ouvrit dans la séance du 4 juillet. La commission sénatoriale était hostile au projet et elle repoussait également les amendements de MM. Bozérian et Labiche, en un mot, elle affirmait que, depuis le vote de la loi de 1879, il ne s’était produit aucun événement qui justifiât la proposition présentée parle cabinet. Après un long discours de M. Jules Simon, discours dirigé beaucoup plus contre le cabinet que contre le projet de loi, leSénat passait à la discussion de l’article et rejetait tout d’abord par 133 voix contre 145 le contreprojet Labiche, lequel n’était en somme que la reproduction de la loi de 1579 et accordait 1 amnistie aux individus libérés ou graciés depuis cette loi, ou qui seraient libérés ou graciés dans les trois mois qui suivraient la promulgation de la nouvelle disposition législative. Un amendement présenté par M. Bozérian et portant amnistie pour tous les individus, condamnés pour crimes autres que ceux d’assassinat et d’incendie et pour délits se rattachant à l’insurrection de 1871, fut adopté par 143 contre 138 voix, bien que la commission sénatoriale eût déclaré repousser cette disposition. Le projet du gouvernement était purement et simplement écarté. L’amendement Bozérian, devenu le projet sénatorial, ne trouva pas grâce devant la Chambrédes députés, qui, par 308 voix contre 136, adopta dans la séance du 7 juillet la rédaction suivante :

Article uniques. Tous les individus condamnés pour avoir pris part aux événements insurrectionnels de 1870 et de 1871 et aux événements insurrectionnels postérieurs, qui ont été ou qui seront, avant le 14 juillet 1880, l’objet d’un décret de grâce, seront considérés comme amnistiés.

Amnistie est accordée à tous les condamnés pour crimes ou délits politiques ou pour crimes et délits de presse jusqu’à la dute du 6 juillet 1880.

Les frais de justice applicables aux condamnations ci-dessus spécifiées, et qui ne seront pas encore payés, ne seront pas réclamés. Ceux qui auront été payés ne seront pas restitués. Ce texte fut déposé au Sénat le 8 juillet.

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M. Jules Simon, président de la commission sénatoriale, fit connaître, dans la séance du 9, que la commission ne pouvait accepter le projet sorti des délibérations de la Chambre ; mais que, pour témoigner de ses dispositions conciliatrices, elle consentait à aborder de nouveau la question et présentait un projet. Cette rédaction, qui devait constituer le texte définitif de la loi, s’écartait sensiblement du projet adopté par la Chambre des députés. L’amendement Bozérian avait été repris en partie parle Sénat, et les individus condamnés pour incendie ou assassinat à la peine de mort ou aux travaux forcés ne pouvaient bénéficier de l’amnistie, s’ils n’avaient été, à la date du 9 juillet, jour de la délibération au Sénat, l’objet d’une commutation de leur peine en une peine de déportation, de détention ou de bannissement. 176 voix contre 98 adoptèrent cette rédaction ; le centre gauche sénatorial, groupe où M. Jules Simon jouait un à Ole prépondérant, avait voté pour la proposition de la commission.

La Chambre, adoptant la rédaction du Sénat, votait le io juillet, sans débat, le nouveau texte. Le il juillet « l’Officiel « publiait un décret daté de la veille et par lequel le président de la République faisait remise entière de leur peine a tous les individus condamnés pour avoir pris part aux événements insurrectionnels de 1870-1871 et aux mouvements insurrectionnels postérieurs. Le 12, la loi était promulguée. La question de la grande amnistie était close.

Londres, Bruxelles et Genève furent aussitôt abandonnés par les amnistiés. Les comités qui avaient fonctionné en 1879 et au commencement de 1880 et qui avaient pourvu aux premiers besoins des rapatriés, étaient mieux organisés et purent rendre de réels services. Les derniers amnistiés, encore détenus au moment du vote de la loi, revinrent par le transport t la Loire » et débarquèrent à Brest dans les premiers jours de juin 1881.

Les chefs du mouvement insurrectionnel reprirent, à quelques exceptions près, la situation sociale qu’ils avaient occupée sous l’empire, ceux-ci dans la presse, ceux-là dans l’industrie. Plusieurs d’entre eux ne songèrent qu’à se faire oublier ; quelques-uns tentèrent avec des succès divers de rentrer dans l’arène politique ; ils y furent tout d’abord assez médiocrement accueillis. C’est tout ce que nous en pouvons dire ici.

La campagne entreprise depuis juillet 1871, en faveur de la grande amnistie, campagne qui dura près de dix ans et prit, à partir de 1876, lesproportionsd’un événement politique de premier ordre, cette campagne devait avoir une conséquence assez singulière. On avait tant de fois répété que l’amnistie des condamnés de 1871 était un devoir pour le gouvernement républicain qu’on en vint à considérer la République comme nécessairement obligée d’amnistier périodiquement. Se produisait-il à Paris, k Montceau-Ies-Mines, ou à Lyon, un événement ayant un rapport plus ou moins lointain avec la politique et qui appelât sur les auteurs l’attention de la justice, les condamnations étaient à peine prononcées que le Parlement se voyait saisi d’une proposition d’amnistie. Au nom de l’humanité on venait réclamer le pardon, sans se préoccuper de savoir si l’amnistie, trop souvent accordée, ne devait pas avoir pour résultat de réduire à rien l’action de la justice et de compromettre sérieusement la sécurité sociale.

Les propositions auxquelles nous nous contentons de faire allusion ici, et dont quelquesunes ont été déjà plusieurs fois reprises par leurs auteurs, ont été constamment écartées par la Chambre en 1883 et 1884. Au lendemain de sa réélection comme président de la République, M. Grévy a consenti, au grand scandale de quelques-uns des détenus, à gracier la plus grand nombre des individus pour lesquels MM. Maret, Clovis Hugues et plusieurs de leurs amis avaient réclamé l’amnistie. On peut considérer tout débat relatif aux amnistiés comme chose peu sérieuse désormais, d’autant plus que 1 opinion publique, qui s’était réellement émue, vers 1879, de la durée des peines infligées aux déportés de 1871, s’est jusqu’à présent complètement désintéressée du sort des quelques énergumènes qui étaient en cause.

AMŒBE s. f. (du gr. ameibcin, changer). Petit organisme de forme indéfinie et variable. || On dit aussi amibe.

AMŒBIEN, ENNE adj. Y. amibien.

AMOÏ, HIAMEN ou HIAMOUN (c’est-àdire chambre de ta soie), ville de Chine, province de Fô-Kien, à 475 kilom. N.-E. de Hong-Kong et à 285 kilom. S.-El. de Fou-Tchéou, par 24» 30’ de lat. N. et 116° 45’ de long. K. ; 95.600 habit. Amoï est située dans la partie S.-O. de l’Ile du même nom, vis-àvis de la petite lie de Koulang Sen, qui abrite le port extérieur. L’Ile d’Amoï a 407 kilom. de circonférence ; elle occupe la

fiurtie ouest du grand golfe compris entre es pointes Chin-Ha et Hu-i-Tan ; l’île Quemoï et la baie de Hu-i-Tan occupent la partie est ; sa pointe méridionale est couverte de batteries. L’île de Koulang, qui a près de 6 kilom. de tour, est séparée de l’Ile d’Amoï par un chenal de 652 mètres de largeur et de 6kilom. de longueur qui forme le port d’Amoï. Il existe à Amoï trois bassins dont le plus

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grand a 92 mètres de longueur et 6 mètres de profondeur ; sa largeur est à l’entrée de 18 mètres. La ville, entourée de hauteurs ne dépassant pas 180 mètres, est peu élevée au-dessus du niveau de ta mer ; les maisons arrivent jusqu’à la plage. C’est dans l’Ile de Koulang que sont établis les Européens. Amoï occupe le quatrième rang sur le littoral de la Chine pour l’importance de son commerce. On y importe surtout de l’opium et l’on en exporte du sucre et du thé. Le mouvement commercial était en 1884 de 101.414.257 francs, dont 50.229,675 francs pour l’importation et 17.636.209 francs pour l’exportation, soit 33.548.373 francs applicables aux importations et réexportations de produits indigènes. Le mouvement du port, cette même année, était de 1.673 navires, jaugeant 1.245.675 tonnes ; en 1884, 52.216 émigrants ont quitté Amoï. Les typhons y sont rares, mais lorsqu’ils passent sur la côte on en ressent le contre-coup dans le port. L’Ile d’Amoï renferme 130 villages et hameauxavec 120.000 h. ; elle faisait déjà un commerce très important lorsque les Portugais y abordèrent au commencement du xvie siècle.

AMOÏBITE s. f. (a-mo-i-bite — du gr. amoibé, échange). Chim. Arséniosulfure de nickel, variété de disomose.

  • AMOMOCARPE s. m. (a-mo-mo-kar-pedu

gr. amômon, amome ; karpos, fruit). Bot. Nom donné par Brongniart à un fruit fossile qu’il rapportait à une plante de la famille des Amomacées. Sowerbank pensait qu’il appartenait à une sapindacée. L’amomocarpe provient du terrain éocène, argile de Londres, de l’étage suessonien, sous-étage yprésien.

AMOMOPHYL1.E s. m. (a-mo-mo-fi-ledu gr. amômon, amome ; phullon, feuille). Bot. Genre de plantes fossiles créé par Watelet qui lui assigne pour caractères : feuilles allongées, droites, entières, lancéolées, à nervures secondaires parallèles formant angle aigu avec la médiane. La seule espèce encore connue, l’amowophylle grêle (amofnophyllum tenuâVfal.), provient des grès situés sous les lignites de Vervins,

  • AMOÛRA s. f. (a-mou-ra). Bot. Genre de

plantes, famille des Méliacées, tribu des Nichiliées, caractérisé par des fleurs polygames et dioïques à calice formé de 3 à 5 sépales, la corolle ayant le même nombre de pétales, ceux-ci épais et imbriqués. Les filets de3 étamines forment à son sommet un tube dentelé sur les parois internes duquel BOnt situés les anthères. Roxburgh donne encore comme caractères à ce genre un ovaire non entouré d’un disque, possédant de trois à cinq loges, dans chacune un ou deux ovules, et un fruit en grosse baie loculicide, dans chaque loge une seule graine volumineuse arillée, à embryon plissé. Les amooras sont de grands arbres des régions tropicales de l’Asie ; leurs feuilles sont imparipennées ; les inflorescences sont axillaires, les fleurs mâles en panicule, les femelles en grappes ou en épis. Sur les huit ou dix espèces connues on peut prendre comme type l’amoora Rohituka Roxb., de l’Inde, dont les graines fournissent une matière oléagineuse employée en savonnerie. AMORCE s. f. — Techn. Petit engin destiné à provoquer l’explosion d’une masse de matière détonante dans une cartouche d’arme à feu, un trou de mine, un projectile explosible, etc.-, jouet d’enfant, simulacre de l’amorce proprement dite, consistant en une parcelle de matière fulminants enfermée entre deux papiers collés l’un sur l’autre et pouvant détoner sous le choc, sans trop de danger.

— Encycl. Les amorces peuvent se partager en deux catégories, suivant que leur explosion est provoquée avec ou sans le concours de l’électricité. Nous allons décrire quelques types de chaque catégorie.

Amorces non électriques. Les amorces employées pour les cartouches de chasse ou de guerre sont de petits cylindres de cuivre, dont une extrémité est fermée par l’emboutissage. L’élément détonant est généralement constitué par du fulminate de mercure, broyé à l’aide d’une molette en bois, avec du salpêtre et du sulfure d’antimoine, mélange qui en augmente ta sensibilité, tout en atténuant la violence de l’explosion. On laisse une certaine quantité d’eau, de 10 à 15 pour 100, pendant la trituration de la pâte, pour éviter tout risque d’explosion ; le fulminate pur en exigerait 30 pour 100 environ. La pâte est ensuite séchée sur du papier buvard et granulée au tamis. Le corps détonant est versé et comprimé mécaniquement dans les alvéoles de cuivre. Les amorces destinées aux armes de guerre reçoivent ensuite chacune une goutte de vernis, pour empêcher la décomposition du fulminate. Un kilogramme de mercure suffit pour le chargement de 40.000 à 60.000 alvéoles. L’amorce des cartouches du fusil cbussepot avait exactement la même forme, avec des dimensions moindres, que les anciennes capsules des fusils à piston : c’était une sorte de petit chapeau, à rebord entaillé ; elle était chargée de 0 gr. 15 d’une composition de deux parties de fulminate de mercure ; une de salpêtre et une de sulfure d’antimoine Les

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amorces de guerre actuelles sont de petits cylindres, sans fentes ni rebords ; leur hauteur est moindre que leur diamètre. Avant de les charger, on les vernit intérieurement, conformément aux indications du général Berge, pour empêcher le fulminate de se décomposer au contact du cuivre. Le vernis employé est composé de gomme laque dissoute dans de l’alcool à 950. La composition de la charge est la même que celle des amorces chassepot : chaque capsule en contient 0 gr. 20. Ces capsules sont fabriquées à l’école de pyrotechnie de Bourges ; on les expédie dans des boîtes de laiton qui en contiennent chacune 900, et qui sont réunies par 300 dans des caisses en bois ; ces caisses renferment ainsi 270.000 capsules. L’amorce du revolver de guerre est une petite alvéole à double enveloppe ; l’enveloppe intérieure est en cuivre, l’autre en laiton. Les amorces pour les cartouches à broche ou à percussion centrale des fusils de chasse sont fabriquées de la mente façon, mais ne sont pas vernies ; celles des fusils à percussion centrale, qui obturent une partie du culot, sont plus fortes comme diamètre et épaisseur, mais moins hautes.

Pour faire détoner les cartouches ou pétards de dynamite, la détonation d’un fulminate quelconque est nécessaire : la dynamite allumée par un corps en ignition s’enflamme, niais ne fait pas explosion. L’amorce qui sert pour les cartouches de dynamite est une forte capsule en cuivre, appelée quelquefois détonateur ; elle renferme du fulminate de mercure. Au-dessus du fulminate est un petit chapeau en laiton, percé au centre d’un trou, bouché par une goutte de vernis.

On introduit dans cette capsule un bout de cordeau Sigford, et on ferme en serrant à l’aide d’une pince ou avec les dents. Cette amorce ainsi préparée est enfoncée aussi profondément que possible dans la cartouche, on y met le feu avec un morceau d’amadou ou une allumette. Les amorces employées par l’industrie privée, renferment Ogr. 250 de fulminate de mercure pour l’amorce simple, 0 gr. 300 pour l’amorce double, 0 gr. 350 pour l’amorce moyenne, Ogr.560 pour 1 amorce triple, La plus forte de ces charges ne suffirait pas pour faire détoner la dynamite gelée, aussi l’artillerie et le génie n’ont que des amorces dites renforcées, renfermant lgr. 5 de fulminate, quantité largement suffisante dans tous les cas ; l’extérieur de cette amorce est peint en noir sur toute la hauteur occupée par l’explosif. Pour produire l’inflammation des différentes poudres de mine, les quantités d’explosif nécessaire sont : pour la nitroglycérine et la dynamite sèche, 0 gr. 10 de fulminate ; pour la dynamite ordinaire, 0 gr. 20 ; pour le fulmicoton très sec, 0 gr. 35 ; pour le fulmicoton tassé à la main et pour les picrates, Ogr. 40 ; pour le fulmicoton comprimé, 0 gr. 60.

Pour l’inflammation des torpilles, plusieurs marines militaires emploient des amorces agissant par le choc ou par la réaction de deux corps s’opèrant avec dégagement de chaleur et de flamme. Les Russes avaient placé dans la Baltique, pendant la guerre de 1855, des torpilles Jacobi, amorcées par un tube de plomb renfermant du chlorate de potasse mélangé à un corps carburé, habituellement du sucre, pour faciliter la mise de feu. Une fiole de verre mince, placée à l’intérieur de ce tube de plomb, renfermait de l’acide sulfurique concentré. La déflagration du chlorate de potasse sous l’action de l’acide sulfurique faisait détoner la charge de poudre ou de fulmicoton quand le tube de verre était brisé, sous son enveloppe de plomb, par le choc d’un navire. Avec ce mode d’amorçage, l’inflammation de la charge demande un temps assez appréciable ; aussi les torpilles russes n’ont-elles guère produit d’effet que sur la vaisselle des navires français. La marine anglaise a cependant adopté ce système d’umorçage. Le Danemark et la Suède ont mis en service des amorces basées sur le même principe. Un fragment de potassium ou de sodium est conservé dans un •tube fragile renfermant du pétrole ; quand le tube est brisé pur le choc d’un navire, l’inflammation du potassium au contact de l’eau s’opère instantanément et produit la détonation de la charge.

20 Amorces électriques. Les amorces électriques sont surtout employées pour l’inflammation des cartouches de mine renfermant une certaine quantité de dynamite ou de poudre ordinaire. Elles sont de deux sortes : dans les unes, le courant fait rougir un petit fil de platine par lequel il passe ; dans les autres, il fait jaillir une étincelle entre deux conducteurs, séparés par un faible intervalle. Dans le premier cas, on emploie des piles ou des machines magnétoélectriques à basse tension ; dans le second cas, l’électricité doit avoir une haute tension, et la bobine de Ruhmkorlf, les pyrothèques, le coup de poing Bréguet, ou du moins les piles des télégraphes ou les appareils dits électro-médicaux sont nécessaires. L’amorce à incandescence, généralement employée dans l’armée française, est celle dite des parcs du génie ; elle se compose de deux fils de cuivre, ayant entre eux un écar- ’ tement de om,003. Dans cet intervalle est soudée à chaque extrémité une spirale de platine de — de millimètre de diamètre ; ce fil