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tuivre, du quinquina et diverses drogues | médicales. L Amérique du Nord reçoit des produits manufacturés : tissus, machines, vêtements, vins et spiritueux ; elle exporte surtout du coton, du tabac, du blé et de la farine, des viandes sèches, du sucre, du café, de l’indigo, de l’or, de l’argent, du cuivre et du pétrole. L’Amérique du Nord expédie à l’Amérique du Sud des vins en échange de denrées coloniales.

La vapeur et l’électricité ont puissamment contribué à faciliter les communications de l’Amérique avec les autres parties du monde. Elle est reliée a l’Europe par 27 ligues de navigation à vapeur, dont 14 compagnies anglo-américaines, 4 françaises, 4 allemandes, 1 belge, 1 hollandaise, 1 portugaise, 1 espagnole et l italienne. D’autres compagnies américaines, anglaises et françaises ont établi, par le détroit de Magellan, des services entre la côte occidentale ei la côte orientale de l’Amérique. Les paquebots qui y sont affectés visitent la côte dans presque toute son étendue : les un» jusqu’à Panama, les autres jusqu’à la baie de Stka. Les relations entre l’Amérique, l’Asie et l’Océanie sont assurées par des lignes américaines et anglaises qui ont San-Francisco pour point de départ. Enfin g câbles sous-marins relient le nouveau continent à l’Europe : 5 partant de l’Angleterre et 2 de la France aboutissent a divers points de l’Amérique du Nord ; un huitième fait communiquer Lisbonne au Brésil par les lies de Mailère et de Saint-Vincent, Enfin, un câble est établi dans l’océan Pacifique, de l’Ile Vancouver (Colombie anglaise) à la baie de Pierre-le-Grand (Sibérie), et permet la circulation de dépêches autour du monde entier.

AMÉRIQUE CENTRALE, contrée bornée au N. par le Mexique, à l’E. par la mer des Antilles, au S. par la Colombie et à l’O. par l’océan Pacifique. Elle comprend les cinq republiques de Guatemala, Salvador, Nicaragua, Honduras et Costa-Rica, le Honduras anglais et les côtes des Mosquitos, Sa plus grande longueur du N. au S. est de 1.300 kilom ; sa plus grande largeur de l’E. À l’O. de 1.000 kilom. Sa superficie de 465.485 kilom. carrés et sa population de 2.763.022 bah. (1883), soit 6 hab. par kilom. carré.

Le système orographique particulier de l’Amérique centrale commence dans la province mexicaine limitrophe de Chiapas. La chaîne de montagnes la plus haute de cette contrée part de l’isthme de Tehuantepec, sous le nom de sierra Madré, longe le littoral de la mer du Sud, a peu de distance de lu mer des Antilles, dont elle n’approche que vers 1 embouchure du rio San-Juan-del-Norte. Cette chaîne ne renferme

pas moins de 75 volcans, dont 18 en activité. Ces volcans, qui, pour la plupart, se trouvent voisins du Pacifique, atteignent près de 5.000 mètres d’altitude. Les principaux sont : l’Amilpas, le Tajamulco, l’Atitlati, les volcans du Feu et de l’Eau, le Pacaya, l’Apeneca, le San-Salvador, le San-Miguel, le ViegO, le Taliea, l’Orosi, le Rincon, etc. Le reste de la superficie de l’Amérique centrale est occupé principalement par des plateaux et des terrasses accidentées. Leur altitude varie beaucoup ; de l.noo à 1.300 mètres sur les plateaux les plus élevés du Guatemala et du Honduras, unis par un col intermédiaire de 600 mètres d’altitude à peine. Dans le Costa-Rica, le plateau central de Cartago est hérissé de volcans, quelques-uns de forme conique, mais la plupart allongés, et dont les principaux sont : le Tenorio, le Poas, l’Irazu, le Chiriqui, etc.

Les cours d’eau de l’Amérique centrale sont nombreux, mais de peu d’étendue. Les plus importants sont : le Polochic, qui se jeita dans le golfe Dulce ; le Mot’gua, dans le golfe de Honduras (Guatemala) ; le rio Ulua, grossi de l’Huinuya, le Tmto, la Patuca (Honduras) ; le Segovia, le Tuma, le Rama, le rio Grande, le âan-Juan, déversoir des lacs Mangua et Nicaragua, réunis par leTipitapa(Nicaragua) ; leReveutazon, le Matina, le Tiliri (Costa-Rica). Dans le grand Océan, se jettent le rio Grande et le Tempisque. Sur le littoral de l’Atlantique se trouvent les baies d’Amatique, «e Honduras, le cap Gracias-a-Dios, les baies de Matina, d’Arnirante, de Chiriqui ; sur le Pacifique, les baies de Fonseca, de Papayo, de Nicoya, de Coronada, de Dulce et quelques îles sans importance vers l’E. L’Amérique centrale présente des plaines marécageuses remplies de lagunes ; ces plaines ne dépassent pas 40 kilom. en largeur. On donne souvent la dénomination collective de région des isthmes à l’Amérique centrale. Géographiquement, cette région commence à l’isthme de Tehuantepec et se termine à ceux de Panama et de Darien i mais le premier appartient au Mexique elles deux derniers h la Colombie.

Dans lu saison sèche, la température est rarement au-dessus de 26»,6, et dans la saison des pluies de 30°. Sur le bord de la mer, le climat, est très malsain, même dans la saison la plus favorable, parce que les pluies incessantes inondent la terre, interrompues à peine pendant un mois, à des époques incertarnes : mars, avril, mai et une partie de juin sont, en général, les mois les plus secs ; mais il n’y a aucune certitude qu’ils soient beaux. Les pluies continuelles n’existent cependant que

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dans le voisinage de la côte. Elles commencent en juin, parfois en mai et durent jusqu’en novembre. Dans cette période le vent souffle, en général, du N.-E. an S.-E., souvent avec de forts grains, comme des tornades, accompagnés de tonnerre et d’éclairs. Les navires qui visitent ces pays à cette époque de l’année voient fréquemment des feux Saint-Elme à l’extrém té de leurs vergues et de leurs mâts. Parfois les ouragans viennent du Pacifique et passent par l’Amérique centrale pour continuer leur route sur l’océan Atlantique : ainsi, en 1865, le coup de vent ressenti à la baie de Colon, qui venait du S.-O., après avoir traversé l’isthme de Panama, souffla en tempête sur une étendue considérable de l’Amérique centrale et se fit sentir jusques auprès du cap Hatteras. Décembre et avril sont les mois relativement secs ; à cette époque, l’air est plus pur, on éprouve moins de phénomènes électriques, sous l’influence des vents du N. et du N.-O. qui dominent alors.

L’Amérique centrale fut découverte par Colomb, dans son quatrième voyage, en 1502. Ponce de Léon visita pour la première fois les rives occidentales en 1516. Pedro Alvarado soumit, en 1524, les Indiens et fonda San-Iago-de-los-Caballeros de Guatemala, dont il devint le premier gouverneur. En 1527, l’Espagne institua une capitainerie de Guatemala, qui comprenait presque toute l’Amérique centrale avec l’État de Chiapas. Le 15 septembre 1821, l’Amérique centrale se déclara indépendante de l’Espagne. Après la Révolution, le gouvernement resta un instant dans l’incertitude pour savoir s’il devait s’annexer à la Colombie, au Mexique ou aux États-Unis de l’Amérique du N»rd. Il se décida à proclamer, le l«f juillet 1823, la confédération de /Amérique centrale, qui comprenait alors, outre les cinq États actuels, celui de Qut-zaltemango (la partie S.-O. de Guatemala) et Chiapas (l’État qui fut incorporé depuis au Mexique) ; mais, en 1840, le pacte fédéral fut rompu. À partir de ce moment, le territoire a été divisé en cinq républiques : Guatemala, San-Salvador, Honduras, Nicarag.a, Costa-Rica, et les tentatives faites en 1849, 1850 et 1885, pour reconstituer les États-Unis de l’Amérique centrale, sont restées sans résultat. Cette région a une importance considérable an point de vue du commerce du monde, en raison de sa situation entre les deux océans déjà reliés par un chemin de fer et que le percement de l’isthme de Panama va mettre prochainement en complète communication. V. Guatemala, SanSalvador, Honduras, Nicaragua, CostaRica, Mosquitos, Panama.

AMBHIQUB ESPAGNOLE, dénomination donnée aux colonies espagnoles de l’Amérique jusqu’au commencement de notre siècle, époque à laquelle les guerres de l’Indépendance détachèrent successivement cette vaste région de la mère patrie. Ces colonies formaient neuf grands gouvernements : les quatre vice-royautés du Mexique, de la Nouvelle-Grenade, du Pérou et de Buenos-Ayres,

et les cinq capitaineries générales du Guatemala, du Chili, de Caracas, de Porlo-Rico et de la Havane. De ces immeuses territoires, il ne reste aujourd’hui, comme colonie espagnole, que les deux lies de Cuba et de Porto-Rico, dans les grandes Antilles ; les autres se sont formées en républiques indépendantes : le Mexique, le Guatemala, le Honduras, le San-Salvador, le Nicaragua, le Costa-Rica, la Colombie ou la Nouvelle-Grenade, le Venezuela, l’Equateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili, la republique Argentine ou de la Plata, le Paraguay et l’Uruguay. D’après M. de Hunibolt, la population de l’Amérique espagnole, a la fin du xvu* siècle, était de 16-785.000 âmes ; aujourd’hui ces mêmes contrées représentent une population d’environ 35 millions d’habitants.

— Biblîogr. Antonio Garcia Cubas, Cuadro géografico, estadislico, descriptico e hislorico de los Estados uuidos mexicatws (Mexico, 1834) ; A. de Humboltlt, Examen critique de l’histoire et de la géographie du Nouveau continent (5 vol., Paris, 1835-1838) ; Long, Porter et Tucker, America and tàe West-Indies géographically described (Londres, 1843) ; RiveroetTschudi, .A.nriou£(lude3 Peruanas (Vienne, 1851) ; J.-G. Mmler, Gesckiclite der Anierikaniscken Urreligionen (Bile, 1855) ; Cortambart, Tableau général de l’Amérique (Paris, 1860) ; Kohi, Geschichte der Entdeckung von Amerika (Brème, 1861) ; Michel Chevalier, le Mexique ancien et moderne (1863, in-18) ; Piroentel, Cuadro descriptiuo y comparalivo de las lenyuas indigènes de Mexico (Mexico, 1863-1865, S vol.) ; Waitz, Die Indianer Nordamericas (Leipzig, 1805) ; publications de l'United States geologicat and géographical survey of territories (Washington, 1867 et suivantes) ; Gravier, Découverte de l’Amérique par les Normands au x* siècle (Paris, 1874) ; Frédéric Ratzel, Oie Vereinig. ten Staaten non Nord-Amerika (Munich, 1879-1880, 2 vol. in-8°), Ernest de HesseWartegg, Nord-Amerika, seine Stssdte und Naturwunder (Leipzig, 1879) ; les récits de voyages de A. de Humboldt. Stephens, Squier, Tschudi, Schombnngk, d’Orbigny, eti ; Emile Levasseur, la Terre moins l’Europe (Paris, in-is) ; W. Cullen Briant, l’Amérique du Nord pittoresque, traduit de l’anglais par B.-H. Révoil (1880, 1 volume in-fol.) ; Docteur Crevaux,

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Voyages dans l’Amérique du Sud (1882, 1 vol. in-so).

Amérique (HISTOIRE DE LA GUERRE CI ILE EN), parie comte de Paris (1874-1883, 6 vol. in-8»). Le comte de Paris fut un des aides de camp du général Mac Clellan, durant la guerre de sécession ; il a donc vu de ses yeux la plus grande partie des opérations militaires et s est trouvé admirablement placé pour en faire le récit. Son ouvrage est le plus important et le mieux renseigné que nous ayons sur cette période éminemment intéressante de l’histoire des États-Unis. Dès les premières patres on voit que l’auteur est un disciple de Tliiers, qu’il » fait pour la guerre d’Amérique ce que son maître avait fait pour les guerres de la Révolution, du Consulat et de l’Empire : c’est la même méthode d’exposition, la même clarté, le même art de présenter les faits et de les mettre en lumière. • Accueilli, dit-iJ, avec sympathie dans les armées de la jeune république, qui se rappelle l’appui donné pur la France aux premiers défenseurs de son indépendance et n’a pas manqué de placer le nom de Bourbon parmi ceux qui doivent en perpétuer le souvenir sur son sol, l’auteur a voulu offrir un témoignage de reconnaissance ’à ses anciens compagnons d’armes. En écrivant ses souvenirs personnels, il s’est laissé entraîner à raconter une guerre dont quelques incidents se sont passés sous ses

Î’eux. Malgré ses légitimes préférences pour a cause qu’il a servie, il s’est efforcé de conserver dans ce récit la plus stricte impartialité ; il a puisé avec un soin égal dans les documents émanés des deux partis, et si son œuvre se ressent des vicissitudes au milieu desquelles il l’a poursuivie, il croit qu’elle a du moins le mérite de l’exactitude et de la sincérité, i

L’historien reste en effet très impartial entre le Nord et le Sud, tout en étant profondément anti-esclavagiste, et peut-être un étranger pouvait-il seul s’abstraire si complètement des querelles de parti. Tout en déclarant que son but était surtout d’écrire une his oire militaire, il ne pouvait se dérober à l’étude des causes politiques et morales qui avaient provoqué la guerre civile et mis en péril la république ; il l’a fait avec une netteté d’appréciation remarquable, et l’on doit savoir gré à ce représentant des idées monarchiques de la bonne foi avec laquelle il a attribué le succès des États du Nord à la pratique constante des libertés républicaines. < Le jour, dit-il, où la loi commune, qui assure également à l’individu pauvre et isolé le respect de ses droits, et à la majorité la pleine jouissance du pouvoir politique, est violée par une fraction quelconque de la société, le despotisme est fondé si cet attentat n’est sévèrement réprimé. Battus dans les élections présidentielles de 1860, les États du Sud voulurent ressaisir, par l’intimidation ou la force, l’influence qu’ils avaient exercée jusque-là au profit de l’esclavage, et, tout en faisant sonner bien haut las mots d’indépendance et de liberté, ils foulèrent aux pieds un contrat sacré, dès que le scrutin national se prononça contre leur politique. Mais le succès, ce grand justificateur des hommes providentiels, leur fit défaut, et la victoire sanctionna la cause du droit et de la légalité. On vit alors quels trésors d’énergie la pratique large et constante da la liberté amasse chez les peuples assez heureux pour la posséder et asst-a sages pour la garder. »

Nous ne suivrons pas le comte de Paris dans le récit des opérations militaires, nous contentant d’en relever la parfaite clarté et la judicieuse étude faite par lui des régions où elles avaient lieu ; il rivalise avec Tniers dans l’art de mettre sous les yeux les champs de bataille. Nous nous attacherons spécialement aux considérations générales. Notons d’abord la situation des esprits ; chacun des deux partis croyait obtenir sur l’autre une victoire aussi facile que rapide ; le Nord se flattait de réduire en trois mois le Sud à l’obéissance, le Sud était persuadé qu’en trois mois il dicterait la loi à Washington : et la guerre a duré six longues années I Dès les premières rencontres de ces armées inexpérimentées, les vaincus s’enfuirent dans un

affreux désordre ; leur défaite qui, en somme, n’était que minime, se change en déroute et cette victoire aurait pu être décisive pour les confédérés : leur ignorance de l’art de la guerre les empêche dan profiter et tout est à refaire quelques semaines après. C’est que le métier des armes a besoin d’être appris, comme tous les autres, et que chefs et soldats font alors en quelque sorte leur apprentissage : heureusement il en est de même dans les deux camps, et lorsque après trois ou quatre batailles gagnées ou perdues, l’une des deux armées est en sensible progrès, l’autre a également profité de l’expérience acquise, et leurs forces continuent à s’équilibrer. L’auteur explique très bien pourquoi, dans la première période de la guerre, I avantage semblait devoir demeurer aux confédérés du Sud, tandis que finalement c’étaient les fédéraux qui devaient vaincre. • Par le fait même de l’esclavage, la population blanche du Sud différait profondément de celle du Nord. Dans le Sud, au-dessous de la classe riche, mais fort au-dessus des noirs esclaves ou affranchis, existait une classe spéciale, les i petits blancs > ou blancs pauvres, qui avaient bien des points de ressemblance avec la plebs

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de l’ancienne Rome. Cette classe fournit une grande quantité de volontaires qui se formèrent beaucoup plus vite que ceux du Nonl au métier des armes. Ils étaient plus habitués à suivre des chefs ; leur vie était plus rude que celle des fermiers de l’Est, plus aventureuse que celle du pionnier de l’Ouest. Habitués aux privations, ils se contentaient de rations que le soldat fédéral regardait comme insuffisantes : de là une mobilité qui fut une des principales causes de leur succès. Rarement payés par un gouvernement qui, ne pouvant résoudra les difficultés financières, les mit franchement de côté, ils ne réclamaient le papier déprécié qui leur était dû que s’ils croyaient leurs officiers mieux partagés qu’eux, et il suffisait à ceux-ci de les mener à l’ennemi pour les apaiser. Us avaient presque tous l’habitude des armes h feu et on les voyait entrer dans le bureau de recrutement portant sur l’épaule la carabine dont ils ne se séparaient jamais ou à la ceinture le pistolet sans lequel ils ne se seraient pas crus en sûreté. Mais les soldats du Nord, inférieurs par certains côtés à ceux du Sud, avaient sur eux, d’autre part, d’immenses avantages ? ils étaient plus instruits, plus intelligents et plus moraux. Dans le Sud, l’élite seule de la population était lettrée ; le reste n’avait aucune éducation. On trouvait dans le Sac des soldats confédérés plus de cartes à jouer que de livres et de papier à lettres, et l’usage des boissons fortes était bien plus répandu parmi eux que parmi les soldats du Nord. Au contraire, dans le sac de ceux-ci on trouvait d’ordinaire quelques livres, une bible, un encrier, un buvard ; un seul régiment expédiait en moyenne 4.5001ettres par semaine, c’est-à-dire cinq ou six lettres par homme. On put donc voir bientôt ce qua l’esclavage avait fait du Sud et ce qu’était devpnu dans le même temps la Nord, privé de l’institution particulière si chère à l’autre partie de la Confédération. »

La victoire devait donc logiquement revenir aux plus moraux et aux plus instruits. L’auteur montre, en outre, que si la lutte a été si longue, c’est grâce à l’ingérence continuelle du gouvernement central dans les opérations qu’il voulait diriger ; en imposant ses vues aux généraux, il les paralysait au lieu de les aider. Ainsi ta marche deMac-Clellan sur Petersburg, après le premier siège de Richmond, aurait très probablement terminé d’un coup la guerre, dès la seconde année de campagne, en 1862 : elle fut empêchée par le ministre Halleck, et cependant ce plan était si bon que c’est lui qui, quatre ans plus tard, donna la victoire au général Grant. Les contre-ordres, le manque de secours firent périr l’armée de MacClellan sur le champ de bataille de Manassar, entre les mains du général Pope, mieux vu du cabinet de Washington, parce qu’il était plus docile, mais qui manquait des qualités militaires de son rival. Lorsque au milieu de difficultés inouïes Mac-Clellan, à Somh-Montain et à l’Antictam, a ramené la victoire sous les drapeaux du Nord et qu’il va écraser Longstreet, il est subitement destitué et remplacé par Burnside, qui subit la terrible défaite de Fredenksburg. L’auteur a jugé toutes ces phases de la guerre de sécession avec autant de talent qu’il les a décrites au point de vue militaire.

Amérique préhistorique (L*), par le marquis

de Nadaillac (1882, iii-8°). L’homme préhistorique a été partout l’objet de travaux considérables, principalement dans ces derniers temps ; M. de Nadaillac nous fait connaître dans son ouvrage les résultats de ceux qui ont été entrepris aux États-Unis, dans l’Amérique centrale et au Pérou,

Quand les compagnons de Cortès et de Pizarre «bordèrent eu Amérique, ils no rencontrèrent tout d’abord que des peuples déjà anciens, ayant une hiérarchie, un système d’organisation civile, politique et religieuse ; puis des tribus errantes vivant dans un état de civilisation tout à fait ru di méritai ru et qu’ils durent se figurer comme les premiers habitants du pays. Us n’eurent pas longtemps cette illusion, car a chaque pas ils trouvaient, au milieu des solitudes du nouveau monde ou enfoncées sous la végétation da forêts si vieilles qu’elles étaient impénétrables et qu’il fallait s’y frayer passage la hache à la main, des ruines de villes entières abandonnées.de palais et de temples, des colonnes, des statues, vestiges souvent gigantesques et qui témoignaient de civilisations antérieures complètement disparues. Ce n’était cependant pas là encore l’œuvre de temps préhistoriques, car si l’histoire écrite du continent américain ne date que de la conquête, on peut en partie refaire celle des périodes précédentes à l’aide des monuments, comme on l’a fait dans l’ancien monde, pour l’Assyrie, la Cbaldée, l’Égypte. L’homme préhistorique remonte beaucoup plus haut et, en Amérique comme en Europe, il a laissé des traces en abondance.

Ce sont d’abord ce que l’on appelle des pueblos (villages), singulières agglomérations de constructions primitives, maçonnées ou creusées dans le roc, sur des falaises à pic, au bord des rivières. Maintenant que ces rivières sont desséchées, par suite d’un changement survenu dans le régime des eaux, ces pueblos se trouvent situés à une grande hauteur du lit du cours d’eau, devenu une vallée, à une hauteur souvent inaccessible ; mais quand la rivière coulait au bas, les peu-