Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

ALLO

pour ainsi dire, issue de 'Iphigénieà grand poète. UElectra d’Allmers, jouée pour la première fois au théâtre de la cour d’Oldenbourg, a été, depuis, représentée sur la plupart des grandes scènes de l’Allemagne. Allmers vit aujourd’hui dans les terres qu’il possède non loin de l’embouchure du Weser ; il y vit isolé, sans femme ni enfants. Adonné surtout à l’étude de l’histoire des arts et de la civilisation, il publie de loin en loin le résultat de ses recherches et de ses méditations.

ALLÔ interj. (a-16 — de l’anglais kalloo, holà, oh I). Appel téléphonique par lequel s’avertissent les interlocuteurs après que la communication entre les deux postes a été établie et que la sonnerie électrique a. donné le premier éveil : Allô I auu) 1 j’y suis, j’écoute, vous pouvez parler.

ALLOBOPHORA s. f. (all-lo-bo-fo-ra-dugr. allas, autre ; lubos, lobe ; pherein, porter). Zool. Genre d’annelides oligochètes terricoles voisin du genre Lombric, dont il se distingue en ce que le lobe céphalique ne divise pas le segment buccal en arrière. On en connaît plusieurs espèces habitant toutes les parties Su globe. Leur longueur varie de om,05 à om,10. Le genre Allobophora a été créé en 1874 par Eisen.

ALLOCHIRIE S. f. Y. ALLESTHÉSIE.

ALLODON s. m. (all-lo-don —du gr. allas, antre ; odous, dent). Paléont. Genre de mammifères fossiles vraisemblablement didelphes créé par Marsh en issi. L’espèce qui a servi de type, et qui est de petite dimension, a été trouvée dans les terrains jurassiques de Wyoming.

ALLOGÈNE adj. (all-lo-gè-ne — du gr. allas, autre, et genos, race). D’une autre race : Les Slaves paraissent viore en bonne intelligence avec les populations allogènes.

— Encycl. Ce mot, de création récente, est la traduction exacte du mot russe inorodets, signifiant « qui est d’une autre race », et s’applique spécialement à certains peuples de Russie. Cet immense empire a été nommé avec raison « le colosse du Nord », et les membres de ce corps énorme ne sont point de nature homogène : ici ce sont des Mongols, là des Turcs, plus loin des Finnois, ailleurs des Samoièdes, etc. Ces populations, auxquelles il faut ajouter les Juifs, les Kirghiz, les Kalmouks, les Bouriates, les Iakoutes, etc., forment, soit par rapport aux Slaves, soit entre elles-mêmes, des peuples allogènes.

ALLOM (Thomas), dessinateur et architecte anglais, né à Londres le 13 mars 1804, mort à Barnes le 21 octobre 1S72. Il suivit les cours de l’académie royale, et fut en même temps élève de Francis Goodwin. Ses études terminées, il voyagea en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en France, en Belgique et jusqu’en Chine, rapportant de ses pérégrinations un grand nombre de vues pittoresques que divers éditeurs lui achetèrent pour des publications illustrées. En 1846, un projet de lui, pour la construction d’un conservatoire, fut primé dans un concours ouvert à Oxford ; le dessinateur, on le voit, ne faisait pas tort à l’architecte. En cette dernière qualité il construisit les Workhouses (maisons de travail) de Calne et deKensington, l’église de Highburg (1850), l’asile militaire de Kingston (1852), l’église de Saint-Pierre à Nolting-Hill (1856), etc. Il fut un des fondateurs se l’institut royal des architectes britanniques.

ALLOMORPHINE s. f. (all-lo-mor-fi-nedu gr. allos, autre ; morphe, forme). Paléont. Genre de protozoaires forarainifères, famille des Chilostomélides, fossiles dans les terrains crétacé et tertiaire. Les allomorphines sont caractérisés par une coquille déprimée et triangulaire, triloculaire ; les loges, disposées sur trois rangs, se voient extérieurement, excepté la première ; la dernière porte à son bord interne une bouche étroite et allongée.

ALLOMYS s. m. (all-lo-miss— du gr. allos, autre ; mus, rat). Paléont. Genre de mammifères fossiles de l’ordre des Rongeurs, créé par Marsh en 1877. L’espèce qui a servi de type est de la taille du rat ; elle a été trouvée dans les couches supérieures du miocène de l’Orégon ; elle présente trois grosses molaires à couronne très compliquée et faisant suite à une très petite prémolaire.

ALLONG ou HA-LONG, grande baie située sur la côte N.-E. de l’Annam (Indo-Chine), dans la province d’Haî-phong. Elle mesure 9 kilom. del’E. àl’0., et il kilom.du N.auS. Cette baie, qui constitue un excellent refuge, a souvent servi de lieu de réunion a la flotte française pendant la dernière guerre du Tonkin. Elle offre, dans sa partie septentrionale, un petit port qui, depuis le mois de février 1885, s’appelle port Courbet. La beauté de la baie d’Allong passe toute description ; le voisinage des mines de charbon de Hone-Gaî peut lui donner, dans l’avenir, une grande importance. Les huîtres y abondent.

ALLONGÉ (Auguste), peintre et dessinateur, né à Paris le 19 mars 1833. Il prit successivement des leçons de Ducornet, Forestier, Léon Cogniet et autres, et entra, en 1852, à l’École des beaux-arts, où il concourut sans succès pour le prix de Rome. M. Allongé s’est adonné au paysage, et, depuis 1855, il a exposé à chaque Salon des tableaux et

ALLO

des dessins. Comme peintre, il est correct, élégant, mais médiocre coloriste ; comme dessinateur, il a acquis une grande réputation par ses beaux fusains. Il est devenu un maître en ce genre, où il fait preuve d’un talent tout à fait supérieur. Parmi ses nombreux tableaux, nous citerons : le Matin au bord de l’eau (1857) ; Etang de la forêt du Mans (1859) ; Un jardin à Hyères (1861) ; Fin d’une journée de septembre (1863) ; Une marnière (1864) ; le Bourg de Crach (1865) ; le Matin (1865) ; le Bras du chapitre (1867) ; la Vallée de Gouët (1868) ; Une mare à Villers-surMer (1869) ; Octobre en forêt (1870) ; la Ville du Puy (1872), au musée du Puy ; Matinée d’automne (1873) ; la Mer (1874), au musée du Havre ; la Sologne (1875) ; Lockmariaker (1876) ; Une soirée d’automne (1877) ; Bords du Cousin (1878) ; la Pèche aux éerevisses {n^) ; Marine (1881) ; le Champ Bimbert (1882) ; le Buisseau du Frout (1883) ; Plougastel (1884) ; Etang de Huelgoat (1885) ; Un coin du plateau de la mare aux Fées (1886), etc. Parmi ses fusains, aujourd’hui innombrables, nous mentionnerons : la Gorge aux Loups (1855) ; l’Hiver au bord de la Marne (1857) ; Chemin creux du Grand-Val, à Nanteuil (1859) ; la Vallée de la Dardenne (1861) ; Vallée de Forges-lesBains (1863) ; Etang à la lisière d’une forêt (1864) ; Etangs de Saint-Hubert (1865) ; le Pont de Claxx (1866) ; Bochers de Penmarck (1867) ; la Fontaine de Sainte-Barbe (1868) ; les Bords du Scorf (1869) ; Bords de l’Terres (1870) ; Solitude (1872) ; la Mare (1873) ; Souvenirs de VilterS’Sur-Mev (1874) ; Dans le parc, à Plombières (1875) ; le Torrent du Cousin (1876) ; le Moulin de Soncy (1877) ; le Gour du moulin de Givry (1878) ; Etang de Givry (1879) ; Un étang en Sologne (1880) ; te Soir (1881) ; le Matin sur la Marne (1882) ; Lavoir de la maison du Cap, l’Automne en forêt (1883) ; l’Etang de Huelgoat (1S84) ; En forêt (1885) ; Souvenir de Hilliyersberge (1886). M. Allongé a obtenu, en 1866, une médaille de 1" classe à l’Exposition des beaux-arts appliqués à l’industrie. Il a publié un Grand cours de fusain en 54 planches et un Cours de fusain gradué.

ALLONNE, bourg de France (Deux-Sèvres), arrond. et à 13 kilom, de Parthenay, cant. et à 5 kilom. S.-E. de Secondigny ; 2,002 hab.

ALLONNE, village de France (Oise), arrond., cant. et à 4 kilom. de Beauvais ; 1.899 hab. Tanneries, lainages, fabriques de chaussures et de vernis. Foire mensuelle.

ALLOPALLADIOM s. m. (all-lo-pal-la-diomm

— du gr. allos, autre, et de palladium). Miner. Palladium natif contenant de l’or et cristallisé en petites tables hexagonales. Ce minéral, trouva au Hartz, est différent du palladium en grains cubiques trouvé avec le platine dans les sables aurifères du Brésil.

  • ALLOPHANIQUE adj. — Encycl. Chim.

Acide allophanique. Quand on fait passer de l’acide cyanique en vapeur dans un alcool, une molécule de celui-ci fixe deux molécules d’acide cyanique (quelle que soit l’atomicité de l’alcool employé). Les corps ainsi formés sont de véritables éthers saponifiables par les bases, qui régénèrent l’alcool en donnant des sels bien définis et cristallisables.

Les éthers (allophanates alcooliques) et les sels (allophanates métalliques) ont pour formule générale CSH3Az*0*.R’, si R’ est un radical ou un métal monovalent, et

(C2H3Az*03)8.R",

si R" est un radical divalent. L’acide allophanique dont ils dérivent n’en différerait que par la substitution de l’hydrogène au radical ou m»-tal monovalent ; il aurait pour formule CsH*Az*OSH ; mais il n’a pas encore été isolé. Quand on cherche à le déplacer d’un de ses sels par un autre acide, il se décompose en urée et gaz carbonique, Selon la formule

C2H*Azî03 = CH*Az*0 + COî.

Acide Urée. Gai

allophanique. carboniqu*.

Ethers allophaniques. Les éthers allophaniques peuvent se préparer, ainsi qu’on l’a vu, par l’action directe sur l’alcool correspondant des vapeurs d’acide cyanique obtenues en distillant l’acide cyanurique. On remplace avantageusement les vapeurs d’acide cyanique par le cyanate de potassium en présence d’un acide fort, comme l’acide chlorhydrique. Ces éthers se forment en même temps que les carbonates du même radical, avec dégagement de gaz ammoniac, quand on chauffe un alcool avec l’urée. Ainsi l’allophanate d’amyle se produit en même temps que l’amyl-uréthane (carbonate d’amyle) et du gaz ammoniac quand on chauffe au réfrigérant ascendant 1 alcool amylique avec l’urée.

Ils sont neutres au tournesol. Traités à froid par les alcalis, ils se saponifient ; à chaud, ils se dédoublent en alcool et eyanurata, et même, à température plus élevée, en alcool, carbonate et gaz ammoniac.

Sous l’action de la chaleur seule, ils se volatilisent ; mais, a température plus ou moins élevée, ils se dédoublent en alcool et acide cyanurique.

On connaît les allophanates de méthyle, d’éthyle, de propyle, d’amyle, d’oxyéthyl-glycolyle, de phényle ; l’allophanate d’éthylène CSHSAz*08.CîH*OH, dérivé du glycolj l’al ALLO

lophanate de glycéryle CSHUz203.C*H5(0H)* (ces deux derniers ne se saponifient pas) ; l’allophanate d’eugényle CîH»Az*0».Cl»H«0, correspondant à 1 acide eugénique qui paraît être un phénol diatomique C«<>1110(OH)*.

Allophanates métalliques. On connaît ceux de baryum, de calcium, de potassium et de sodium. On les obtient tous par la saponification à froid de l’allophanate d’éthyle. On peut aussi préparer celui de sodium en broyant, à la température ordinaire, le sulfate de sodium avec l’allophanate de baryum.

Ces allophanates sont a réaction alcaline ; soumis à 1 action de la chaleur, ils se dédoublent en carbonate d’ammoniaque et cyanate du inétal ; leurs solutions se dédoublent par la chaleur en urée, carbonate et acide carbonique.

Constitution des allophanates. Selon Gerhardt, l’acide des allophanates métalliques et alcooliques serait l’amide ou plutôt 1 uréide du bicarbonate d’urée (acide carburéique), comme l’acide carbonique est l’amide du bicarbonate d’ammonium, et la formule des

allophanates développée serait

ALLO

491

co<

AzH—CO—AzH*

O.R

La transformation des éthers allophaniques en biuret par l’ammoniaque montre que l’amide de l’acide allophanique est précisément le biuret

««^.AzH.CO.AzH*

CO<AzH*

ce qui justifie la formule de l’acide allophanique.

ALLOPHITE s. m. (all-lo-fl-te —du gr. allos, autre ; ophitês, ophite, serpentine). Miner. Silicate d’alumine et de magnésie hydraté et contenant un peu de sesquioxyde de fer et de sesquioxyde de chrome. Ce minéral est d’un vert pâle, translucide, de structure microcristalline ; sa densité est 2,64 ; il appartient au groupe des chlorites et est considéré comme une variété de pennine.

  • ALLOPORE s. f. (all-lo-po-re — du gr.

allos, différent ; poros, pore). Zool. Genre de cœlentérés, ordre des Hydroïdes, famille des Stylastérides. Les allopores (allopora) sont des polypes hydroïdes rangés longtemps parmi les madrépores. Leurs polypiers rameux, pierreux, à cœnenchyme en réseau calcaire parcouru par des canaux, à gastérozoïdes portant douze courts tentacules capités, habitent en diverses mers k de grandes profondeurs. On peut prendre comme type du genre l’allopora oculina.

ALLOPTE s. m. (all-lo-pte). Zool. Genre d’acariens de la famille des Sarcoptes (sarcoptidesplumicoles), créé par Canestrini (1879), et sur la définition duquel les naturalistes ne se sont pas encore mis d’accord. Il comprend des espèces vivant sur divers oiseaux, les échassiers de rivage, les oiseaux aquatiques et un certain nombre de passereaux.

ALLOSAURUS s. m. (all-lo-sô-russ — du gr. al/omai, je saute  ; sauros, lézard). Paléont. Genre de reptiles sauriens fossiles.

— Encycl. Le genre A llosaurus a été établi par M. Marsh en 1877. Les débris sur lesquels il a été créé appartiennent aux terrains jurassiques de l’Amérique du Nord. Ils comprennent des dents, des membres postérieurs de grandes dimensions (plus de 2 mètres, dont om,70 pour le fémur) et des membres antérieurs trois fois plus petits. Le prolongement de la région pelvienne, qui se termine en pointe, semble indiquer que la station assise était familière à l’animal ; on trouve, du reste, des empreintes du trépied formé par ce prolongement et les pattes postérieures. La force des membres postérieurs, relativement aux membres antérieurs, fait deviner un animal sauteur ; les dents aiguës, les ongles forts et recourbés des pattes de devant trahissent un carnassier. L’ailosaurus appartient à la famille des Mégalosauridés de Marsh.

ALLOTHERIA s. m. pi. (all-lo-té-ri-adu gr. allomai, je saute ; thérion, animal). Mamra. Ordre de mammifères fossiles créé par M. Marsh. Les mammifères fossiles d’un type peu élevé que l’on rencontre à la fin de la période secondaire sont classés par les paléontologistes parmi les didelphes. M. Marsh,

remarquant que le caractère marsupial de ces animaux n’est pas établi d’une façon certaine, propose d’en former deux ordres nouveaux : les Allotheria et les Pantotheria. Les allotheria seraient caractérisés de ia fa« çon suivante ; dents peu nombreuses, canines transformées en incisives, molaires et prémolaires à couronne comprimée latéralement et armées de tubercules dentés ; mâchoire inférieure infléchie en dedans. Bien qu’ils se rapprochent un peu des marsupiaux, ils ne sont représentés d’une manière satisfaisante par aucun animal vivant. Dans cet ordre rentrent les ctenacodons et les plagiaulax.

  • ALLOTROPIE s. f. (all-lo-tro-pl — du gr.

allos, autre ; tropein, tourner). — Phys. Existence de plusieurs modifications d’un corps physiquement différentes, bien que chimiquement identiques, et appelées états allotropiques ou modifications allotropiques ; Le phosphore présente un intéressant exempte (^’allotropie, g Quelquefois pris dans 1» sens

d’état allotropique : Le soufre possède de nombreuses ALLOTROPIES.

— Encycl. On sait que plusieurs corps, tels que le soufre, le phosphore, le sélénium, le carbone, le silicium, l’oxygène, etc., peuvent affecter, sans subir aucune altération chimique, des espèces très différentes. Le phosphore rouge, insoluble dans le sulfure de carbone, non vénéneux, difficilement inflammable, est certainement très différent du phosphore blanc, soluble dans le sulfure de carbone, très toxique, très aisément inflammable ; et cependant on peut passer de l’un à l’autre sans y rien ajouter ni en rien retrancher : il suffit de chauffer du phosphore blanc en vase clos pour en faire du phosphore rouge, et de distiller le phosphore rouge pour en faire du phosphnre blanc. Poids égaux de l’un et de l’autre donnent en brûlant un même poids d’acide phosphorique. Ces deux corps physiquement dissemblables sont chimiquement identiques. On dit que ce sont deux états allotropiques du phosphore. Le mot allotropie a été introduit dans la science par Berzélius. Cette dénomination se rattache à la conception des molécules dont on suppose les corps formés ; la différence entre les divers élats allotropiques proviendrait de l’arrangement, de 1 orientation des molécules. Les corps simples ne sont pas les seuls qui présentent cette remarquable propriété : elle appartient à un grand nombre de corps composés tels que le cyanogène, qui ne diffère pas chimiquement du paracyanogène ; l’aldéhyde de la paraldéhyde ; la cyamélide de l’acide cyanique ; l’acide arsénieux vitreux de l’acide arsénieux porcelanique, etc. On réserve souvent le nom d’allotropie au cas des corps simples en appliquant celui d’i’somérie au cas des corps composés. Maisiciil importe de faire une remarque. L’isomérie dans les corps composés n’exclut pas les différences de propriétés et de fonctions chimiques. Ainsi les réactions de l’oxyde d’éthylène ne sont pas celles de son isomère l’aldéhyde ou oxyde d’éthylidène ; les éthers cyaniques véritables se comportent dans leurs réactions tout autrement que les éthers isocyaniques leurs isomères et les éthers cyanhydriques tout autrement que les carbylamines qui ont la même composition. Il y a donc lieu de distinguer l’isomérie physique, en tout comparable à l’allotropie des corps simples, et l’isomérie chimique qui n’a pas d’analogue dans les corps simples et peut elle-même se subdiviser en plusieurs espèces. V. isomérib.

Nous appliquerons les mots allotropie, états allotropiques, non seulement aux corps simples, mais aux corps composés, dans tous les cas où l’isomérie est d’ordre physique et où les phénomènes de transformation sont de même nature que pour les corps simples. Si l’on tient absolument à fixer les idées par une conception relative à la constitution des corps, on pourra considérer l’isomérie comme résultant des groupements divers de mêmes atomes, d’où résultent de» molécules réellement différentes, et l’allotropie comme résultant de divers arrangements de molécules d’ailleurs identiques. Il est bon, toutefois, de faire remarquer que si, dans certains cas, la différence est très nette entre l’allotropie et l’isomérie chimique, comme cela a lieu pour l’aldéhyde dont la paraldéhyde ne diffère que physiquement, tandis que 1 oxyde d’éthylène s’en éloigne par sa fonction chimique, la démarcation n’est pas toujours aisée à établir. Très souvent les divers états allotropiques résultent d’une condensation moléculaire, d’une polymérisation. Ainsi l’ozone est de l’oxygène ayant subi une condensation d’un

tiers, c’est-à-dire que sa densité est -, cello

de l’oxygène étant 1 ; la vapeur de soufre, telle qu’elle se forme à la température de l’ébullition, est une modification allotropique de la vapeur surchauffée, une molécule de ia première résultant de la polymérisation de trois molécules de la seconde, puisque sa densité de vapeur est trois fois plus grande (6,6 au lieu de 2, ï) ; la paraldéhyde est aussi de l’aldéhyde polymérisée, l’acide cyanurique de l’acide cyanique polymérisê ; on pourrait multiplier les exemples.

Les corps sont susceptibles d’allotropie sous leurs trois états physiques : solide, liquide et gazeux. Le soufre en donne un très remarquable exemple : & l’état gazeux, deux états allotropiques, dont l’un a une densité triple de l’autre ; à l’état liquide, au moins deux états allotropiques et probablement un plus grand nombre, puisque, à partir de la fusion, le soufre, d’abord fluide, devient visqueux quand la température s’élève, pour redevenir fluide quand la température dépasse 250», et qu’en même temps la couleur, d’abord jaune clair, passe successivement à l’orangé, au rouge et au brun presque noir ; à l’état solide, les allotropies sont multiples : soufre octaédrique, soufre prismatique, soufre nacré, soufre amorphe, pour ne citer que lea mieux connus.

— Lois dbs transformations allotropiques.Mécanisme de la transformation. Tension de transformation. Le mécanisme des transformations allotropiques est loin d’être connu dans tous les cas ; mais il y a une catégorie de phénomènes qui a été complètement élucidée par MM. Troost et Hautefenille, c’est celle des transformations qui s’opèrent